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Citations de François Mauriac (1314)


"Les cœurs sur la main" n'ont pas d'histoire ; mais je connais celle des cœurs enfouis et tout mêlés à un corps de boue.
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N'importe qui sait proférer des paroles menteuses; les mensonges du corps exigent une autre science.
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Je ne suis pas un garçon comme les autres. Si j'étais un garçon comme les autres, à dix-sept ans je chasserais avec Laurent, mon frère aîné, et Duberc, notre régisseur, et Simon Duberc son fils cadet qui est abbé et qui devrait, à cette heure-ci, assister aux vêpres, et Prudent Duberc, son frère, qui pousse Simon à tirer sa révérence au curé. Je pourrais me servir du calibre, au lieu de battre les buissons et de faire comme si j'étais chien, - au lieu de jouer à être chien.
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Le dernier soir de mes vacances, j'ouvris, je livrai à Radio-Moscou la vieille maison déjà abandonnée, à demi engloutie déjà dans l'hiver : " Vive le maréchal Staline ! Amour au camarade Staline, notre père et notre maître ! Vive le chef génial et le maître de tous les ouvriers du monde entier !" On croyait que c'était fini, et tout à coup le speaker ajoutait deux ou trois rallonges à la litanie. Non je me trompe : cela n'était pas crié, plutôt récité recto tono (il s'agissait d'un reportage sur le Congrès de Moscou). Ce camarade semblait partagé entre le souci de n'en pas mettre assez, de ne pas donner à l'idole sa provende d'encens, et la peur, s'il enflait la voix, d'avoir l'air de se moquer, de tourner la chose en farce et de faire pouffer les Français nés malins.
Pour lui, il y allait évidemment de la vie : l'important était de ne pas prêter à rire en répétant : Vive notre Staline bien-aimé ! " Sa voix prudente demeurait blanche et glacée. Ah ! nous y allions de meilleur cœur, au collège, lorsque le cardinal-archevêque, primat d'Aquitaine, venait nous confirmer et que nous le régalions de cette aubade :

Vive Monseigneur ! (bis)
C'est le cri d'allégresse,
C'est le cri de bonheur
Que tous avec ivresse
Chantent sans cesse.
Vive, vive Monseigneur ! (bis).

Il faut se rendre à l'évidence : au point où nous voilà parvenus de la lutte communiste pour la libération de l'homme, ce qui s'accomplit sous nos yeux, et dans les formes les plus viles, c'est la déification, l'adoration d'un seul homme. Oui, un homme, et non pas deux ou trois. Ils étaient pourtant nombreux, les premiers compagnons de Lénine. L' U.R.S.S., aujourd'hui, ressemble au plus dévasté des viviers. Les premiers Bolcheviks ont mangé tous les autres poissons, puis les petits brochets ont été dévorés par les gros, et il ne reste plus finalement que ce gros brochet, génial et sublime, chéri et adoré.

(L'Homme adoré - Octobre 1952.)
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La Presse a quelque ressemblance avec ce coq qui croyait que sans son cocorico le soleil ne se lèverait pas.

(Janvier 1947)
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Et c'était le silence : le silence d'Argelouse ! Les gens qui ne connaissent pas cette lande perdue ne savent pas ce qu'est le silence : il cerne la maison, comme solidifié dans cette masse épaisse de forêt où rien ne vit, hors parfois une chouette ululante (nous croyons entendre, dans la nuit, le sanglot que nous retenions).
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Au vrai, elle ne souhaitait pas de mourir ; un travail urgent l'appelait, non de vengeance, ni de haine : mais cette petite idiote , là-bas, à Saint-Clair, qui croyait le bonheur possible, il fallait qu'elle sût, comme Thérèse, que le bonheur n'existe pas. Si elles ne possèdent rien d'autre en commun, qu'elles aient au moins cela : l'ennui, l’absence, de toute tâche haute, de tout devoir supérieur, l'impossibilité de rien attendre que les basses habitudes quotidiennes - un isolement sans consolations.
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La vierge mesure de l'oeil cette larve qui est son destin. Le beau jeune homme aux interchangeables visages, le compagnon du rêve de toutes les jeunes filles, - celui qui offfre à leurs insomnies sa dure poitrine et la courroie serrée de deux bras, - il se dilue dans le crepuscule de cette cure, il se fond jusqu'à ne plus être, au coin le plus obscur du parloir, que ce grillon éperdu. Elle regarde son destin, le sachant inéluctable : on ne refuse pas le fils Péloueyre. Les parents de Noémi, s'ils vivent dans l'angoisse que le jeune homme se dérobe, n'imaginent même pas qu'aucune objection vienne de leur fille ; elle n'y songe pas non plus. Depuis un quart d'heure, tout ce que doit lui donner la vie est là, se rongeant les ongles, se tortillant sur une chaise.
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Peut-être mourrait-elle de honte, d'angoisse, de remords, de fatigue - mais elle ne mourrait pas d'ennui.
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Une lettre exprime bien moins nos sentiments réels que ceux qu'il faut que nous éprouvions pour qu'elle soit lue avec joie.
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Mais Thérèse avait obéi peut-être à un sentiment plus obscur qu'elle s'efforce de mettre au jour : peut-être cherchait-elle moins dans le mariage une domination, une possession, qu'un refuge. Ce qui l'y avait précipitée, n'était-ce pas une panique ? Petite fille pratique, enfant ménagère, elle avait hâte d'avoir pris son rang, trouvé sa place définitive ; elle voulait être rassurée contre elle ne savait quel péril. Jamais elle ne parut si raisonnable qu'à l'époque de ses fiançailles : elle s'incrustait dans un bloc familial, "elle se casait" ; elle entrait dans un ordre. Elle se sauvait.
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François Mauriac
Après avoir aperçu Gide à une réception: « Il n’a pas l’air heureux; comme s’il pressentait déjà le caleçon du jeune Américain qui l’étranglera. » (in Roger Stéphane, « Tout est bien », 1989)
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Jamais l'aspect des autres ne s'offrit à moi comme ce qu'il faut crever, comme ce qu'il faut traverser pour les atteindre. C'était à trente ans, à quarante ans, que j'eusse dû faire cette découverte. Mais aujourd'hui, je suis un vieillard au cœur trop lent, et je regarde le dernier automne de ma vie endormir la vigne, l'engourdir de fumée et de rayons. Ceux que je devais aimer sont morts; morts ceux qui auraient dû m'aimer. Et les survivants, je n'ai plus le temps, ni la force de tenter vers eux le voyage, de les redécouvrir. Il n'est rien en moi, jusqu'à ma voix, à mes gestes, à mon rire, qui n'appartienne au monstre que j'ai dressé contre le monde et à qui j'ai donné mon nom.
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- Comment le savez-vous?
Comment le savais-je? J'avais mis dans le mille, non pas tout à fait au hasard : ce Doumergue était venu inaugurer notre Comice Agricole l'année dernière et M. Duport lui avait présenté Simon.
- Je sais ce que le Seigneur veut que je sache. Mais écoute-moi bien : Dans le civil, vous aurez beau faire, vous serez plus ou moins utilisé par le parti, mais sauf un don de parole éclatant que vous n'avez pas, vous resterez un subalterne, vous ne déboucherez sur rien d'important, il vous manquera toujours...
J'hésitai : j'avais peur de le froisser. Les seuls mots qui me venaient, c'était l'expression dont maman usait toujours : "l'éducation première". Simon me devina.
- Eh! Bé! Oui! Je serai toujours un paysan, un cul-terreux, et en plus un ancien apprenti-curé.
- Ce n'est pas cela que je voulais dire, mais songe-y : la soutane change un homme, à la fois spirituellement et socialement. La soutane, c'est un changement de peau. Le bâton de maréchal dans la giberne du simple troufion, quelle blague! En revanche, le chapeau de cardinal suspendu dans le dos d'un petit séminariste intelligent, il existe, croyez-moi, et il dépend de vous de le décrocher. Oui, tout dépend de votre volonté et de votre intelligence. Ce qui ne vous empêcherait pas d'être un bon prêtre, fidèle à son devoir d'état, et même un saint prêtre. Les saints évêques ne manquent pas, ni même les saints cardinaux.
Quel trait de génie! Je sanctifiais la première place à laquelle Simon aspirait. (...)
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Les étés d’autrefois brûlent dans les bouteilles d’Yquem et les couchants des années finies rougissent le Gruau-Larose.
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Assumer la vie telle qu'elle est, c'est devant ce premier de tous les devoirs que le romantique se dérobe. Au fond, sa folie, il la choisit parce qu'il la préfère. Il préfère ce qui n'est pas à ce qui est : voilà le péché mortel du romantisme.
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Les êtres que nous connaissons le mieux, comme nous les déformons des qu'ils ne sont plus là !
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N'importe qui sait proférer des paroles menteuses; les mensonges du corps exigent une autre science.
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Avant la mort, aucune solitude n'est définitive.
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L'amour que j'éprouvais se confondait avec celui que j'inspirais.
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François Mauriac

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