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Citations de François Mauriac (1314)


Dans les familles, pour sauver le patrimoine, on est souvent obligé de conclure les unions les plus étranges...
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N’éprouves-tu jamais, comme moi, le sentiment profond de ton inutilité ? Non ? Ne penses-tu pas que la vie des gens de notre espèce ressemble déjà terriblement à la mort ?
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Jean Péloueyre, étendu sur son lit, ouvrit les yeux. Les cigales autour de la maison crépitaient. Comme un liquide métal la lumière coulait à travers les persiennes. Jean Péloueyre, la bouche amère, se leva. Il était si petit que la basse glace du trumeau refléta sa pauvre mine, ses joues creuses, son nez long, au bout pointu, rouge et comme usé, pareil à ces sucres d'orge qu'amincissent en les suçant de patients garçons. Les cheveux ras s'avançaient en angle aigu sur son front déjà ridé : une grimace découvrit ses gencives, des dents mauvaises. Bien que jamais il ne se fût tant haï, il s'adressa à lui-même de pitoyables paroles : "Sors, promène-toi, pauvre Jean Pélouyere!" et il caressait de la main une pauvre mâchoire ral rasée.
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Il est d'ailleurs toujours avantageux pour le gouvernement d'avoir en face de soi une opposition composée d'hommes d'ordre, parce qu'au nom de la patrie, on a vite fait d'inquiéter leur conscience.

(Anniversaire du 6 février 1934 - Février 1935).
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Le tramway, feu de bengale mouvant, éclairait une seconde les ifs et les charmilles nues d'une propriété, puis l'enfant écoutait décroître le vacarme des roues du trolley, sur la route pleine de flaques, qui sentait le bois pourri, les feuilles.

[François MAURIAC, "Le Désert de l'amour", 1925, chapitre II - page 20 de l'édition "Le Livre de Poche"]
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François Mauriac
Non, l'esprit humain ne s'abuse pas sur sa destinée. Non, il ne se trompe pas en protestant que la condition des termites et des fourmis ne l'éclaire en rien sur la sienne.
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Comme on dit «faire l'amour», il faudrait pouvoir dire «faire la haine». C'est bon de faire la haine, ça repose, ça détend.
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Tout homme a dans sa vie un Dieu à l'affût.
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Elle ne comprendrait pas que je suis remplie de moi-même, que je m'occupe toute entière. Anne, elle, n'attend que d'avoir des enfants pour s'anéantir en eux, comme à fait sa mère, comme font toutes les femmes de la famille. Moi, il faut toujours que je me retrouve; je m'efforce de me rejoindre...
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Je n' en étais pas plus touchée qu' une nourrice étrangère que l' on étrille pour
la qualité de son lait.
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A l'heure où j'écris (novembre 1941), tant d'autres Français sont mus par une passion élémentaire : la peur ! Ils ne l'avouent pas, rendent au Maréchal un culte d'hyperdulie, invoquent Jeanne d'Arc, mais dans le secret tout pour eux se ramène à l'unique nécessaire : sauver leurs privilèges, éviter le règlement de comptes, "tant que les Allemands seront là..."
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Une heure sonnait - une heure de moins à trembler de dégoût dans la ténèbre de la chambre nuptiale, à épier les mouvements de l'affreux corps étendu contre le sien et qui, par pitié pour elle, feindrait de dormir. Parfois le contact d'une jambe la réveillait ; alors elle se coulait tout entière entre le mur et le lit ; ou un léger attouchement la faisait tressaillir : l'autre, la croyant endormie, osait une caresse furtive.
C'était au tour de Noémi de prendre l'aspect du sommeil, de peur que Jean Péloueyre fût tenté d'aller plus avant.
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Comme on dit "faire l'amour ", il faudrait pouvoir dire "faire la haine"
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Demain, il se peut que je renie ce que je te confie ici, comme j'ai renié, cette nuit, mes dernières volontés d'il y a trente ans. J'ai paru haïr d'une inexplicable haine tout ce que tu professais, et je n'en continue pas moins de haïr ceux qui se réclament du nom chrétien; mais n'est-ce pas que beaucoup rapetissent une espérance, qu'ils défigurent un visage, ce Visage, cette trace? De quel droit les juger, me diras-tu, moi qui suis abominable? Isa, n'y-a-t-il pas dans ma turpitude je ne sais quoi qui ressemble, plus que ne fait leur vertu, au Signe que tu adores? Ce que j'écris est sans doute, à tes yeux, un absurde blasphème. Il faudrait me le prouver. Pourquoi ne me parles-tu pas? Pourquoi ne m'as tu jamais parlé? Peut-être existe-t-il une parole de toi qui me fendrait le cœur? Cette nuit, il me semble que ce ne serait pas trop tard pour recommencer notre vie. Si je n'attendais pas ma mort, pour te livrer ces pages? Si je t'adjurais, au nom de ton Dieu, de les lire jusqu'au bout? Si je guettais le moment où tu aurais achevé la lecture? Si je te voyais rentrer dans ma chambre, le visage baigné de larmes? Si tu m'ouvrais les bras? Si je te demandais pardon? Si nous tombions aux genoux l'un de l'autre?
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Ici, vous êtes condamnée au mensonge jusqu'à la mort.
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François Mauriac
La peur est le commencement de la sagesse.
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Goulûment Jean Péloueyre regardait cette Noémi qui avait dix-sept ans. Sa tête brune et bouclée d'ange espagnol n'était point faite pour un corps si ramassé; mais Jean adorait le contraste d'un jeune corps dru, mal équarri et d'un séraphique visage qui faisait dire aux dames que Noémi d'Artiailh était jolie comme un tableau. Vierge de Raphaël qui eût été ragote, elle émouvait chez Jean le meilleur et le pire, l'incitait aux hautes pensées comme aux basses délectations. Déjà son cou, sa douce gorge luisaient de moiteur. Des cils indéfinis ajoutaient à la chasteté des longues paupières sombres : visage encore baigné de vague enfance, virginité des lèvres puériles - et soudain ces fortes mains de garçon, ces mollets qu'au ras du talon, comprimés de lacets, il fallait bien appeler chevilles! Jean Péloueyre regardait sournoisement cet ange; le petit-fils de Cadette, lui, la pouvait regarder en face : les beaux garçons, même du peuple, ont le droit de regard sur toutes les filles.
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Plusieurs fois elle appela Jean Péloueyre la nuit afin qu'il vînt près d'elle , et comme il faisait semblant de dormir ,elle se levait , lui donnait des baisers -ces baisers qu' autrefois des lèvres de saints imposaient aux lépreux .
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Un sifflement de bête, puis un fracas immense en même temps qu'un éclair ont rempli le ciel. Dans le silence de panique qui a suivi, des bombes, sur les coteaux, ont éclaté, que les vignerons lancent pour que les nuages de grêle s'écartent ou qu'ils se résolvent en eau. Des fusées ont jailli de ce coin de ténèbres ou Barsac et Sauternes tremblent dans l'attente du fléau. La cloche de Saint-Vincent, qui éloigne la grêle, sonnait à toute volée, comme quelqu'un qui chante, la nuit, parce qu'il a peur. Et soudain, sur les tuiles, ce bruit, comme d'une poignée de cailloux...Des grêlons!
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Comme la Hure, les quelques chênes énormes et bas qui abritent notre cabane m'ont toujours rendu l'éternité sensible, m'ont toujours pénétré de cette condition d'éphémère qui est la nôtre. Ce ne serait rien que d'être un roseau pensant - mais un moucheron pensant - et qui, si peu d'instants qu'il ait à vivre, trouve tout de même le temps de s'accoupler, voilà l'horrible.
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François Mauriac

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