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Critiques de François Rachline (22)
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Gérard Garouste : Peindre, à présent, édition bilin..

« Si, chez les plus grands, chacune des oeuvres paraît immédiatement soeur de toutes les autres, c'est à la manière de la femme rêvée par Verlaine, qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même ni tout à fait une autre. »



Ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre, ainsi m'apparait chacune des toiles de Gérard Garouste, l'un des plus grands peintres contemporains français à mes yeux, avec Zao Wou-Ki, Pierre Soulages et Eugène Leroy. Je l'ai découvert pour la première fois en 2004, lors d'une exposition organisée à la galerie Templon à Paris, et, bien que je n'aie pas compris grand-chose à l'époque à ce que j'avais sous les yeux, ma fascination fut immédiate. Cette fascination, je l'ai de nouveau éprouvée, intacte, à l'occasion de la formidable rétrospective que vient de lui consacrer le Centre Georges Pompidou (https://www.youtube.com/watch?v=IE_ep1ztiqw).

Et si sa peinture demeure profondément mystérieuse et énigmatique, je n'en savoure pas moins avec délectation la truculence, la paillardise rabelaisienne, la folie, l'étrangeté, je dévore des yeux ses aplats colorés qui me font penser à Bonnard, ses silhouettes et ses mains étirées qui me font penser au Greco, et je me dis que le type qui peint ça est un génie ou un fou, ou les deux à la fois.



Du reste, fou, il l'est, de son propre aveu, ainsi que nous l'apprenons dans L'intranquille, le livre d'entretien sous-titré Autoportrait d'un fils, d'un peintre, d'un fou dans lequel il confie ses angoisses, ses bouffées délirantes, ses séjours en hôpital psychiatrique, ses rapports avec un père violent, collabo et antisémite : « Il n'avait pas pu faire héros, alors il a fait salaud. »

Et fou, il fallait certainement qu'il le soit, et follement libre aussi, pour choisir, au cours des années 70, en opposition complète avec l'art conceptuel alors en vogue, la peinture figurative au moment où celle-ci était frappée du sceau infamant de l'obsolescence. Il a d'ailleurs dû apprendre tout seul les techniques de la peinture à l'huile héritées du dix-huitième siècle — empâtements, profondeurs, passages, embus — n'ayant pas trouvé de maître à l'École des Beaux-Arts pour lui apprendre à peindre :

« Tout a été fait : on a brûlé des toiles, fait des monochromes et toutes sortes d'expériences plastiques. La boucle est bouclée. Et c'est maintenant que la peinture peut commencer car on va pouvoir s'intéresser à autre chose qu'à des questions formelles. »



Et en effet, Gérard Garouste s'intéresse à autre chose qu'au formalisme, lui qui peint sans relâche depuis cinquante ans, lui qui place le sujet au coeur de ses toiles, lui qui, tout en inscrivant ses pas dans ceux des grands maîtres du passé, tord et distord son style, créant une peinture « qui ne craint ni les aberrations, ni les déformations, mutilations et recompositions de la figure » (Sophie Duplaix).

« Ni nostalgique, ni amnésique », Gérard Garouste puise dans les mythes et légendes, de la Bible à Dante et Cervantès en passant par Rabelais, les sujets de ses oeuvres. Ses longues discussions avec le rabbin et philosophe Marc-Alain Ouaknin avec lequel il étudie l'hébreu, les textes talmudiques et l'oeuvre de Kafka, lui ont permis de préciser et d'approfondir ce qu'il faisait intuitivement sans l'avoir clairement formalisé : puiser à la source du concept de « l'ancien-nouveau ». Adoptant, sous l'égide de son maître et ami, l'attitude talmudique du questionnement, il compose des séries dont chaque toile éclaire d'une lumière différente l'épisode central dont elle renouvelle l'interprétation tout en suscitant de nouvelles questions.



« C'est le sujet, le questionnement qui comptent. Si mes tableaux permettent que l'on se pose des questions, alors la partie est gagnée. »



Dans "Gérard Garouste : Peindre, à présent", François Rachline a choisi de ne pas commenter la très belle sélection de toiles reproduites dans ce livre, mais de nous livrer une stimulante réflexion sur le temps, en particulier sur le rapport qu'entretient l'oeuvre du peintre avec celui-ci.

Le passé, nous dit-il , n'est pas une masse compacte et figée, il est au contraire mouvant, et s'actualise sans cesse à la faveur de nouvelles découvertes ou de nouvelles théories. Ainsi quand Cézanne refuse la profondeur de champ dans ses tableaux, il actualise une approche en cours avant le Tintoret. de même, les portraits de Manet actualisent ceux de Goya.



« En ce sens, le passé reste un gigantesque réservoir d'avenirs. Gérard Garouste ne pratique pas autrement quand il interprète Dante, Rabelais, Cervantès ou la Bible. »



Dans ses portraits, Garouste affronte le temps dans ce qu'il a de plus éphémère et de plus variable. C'est notre moi, insaisissable et changeant, se reflétant sur notre visage, qu'il tente de saisir sur la toile.

Car, comme le dit la pétulante Penny dans le coeur ne cède pas de Grégoire Bouillier, « nous sommes tous des portraits de Dorian Gray, sauf que nous ne le cachons pas au grenier car nous le portons sur notre figure. »

Ou, comme s'en explique Marcel Proust dans son Contre Sainte-Beuve, lui qui, plus que tout autre écrivain, a placé le temps au coeur de son oeuvre :



« Comme une ville qui, pendant que le train suit sa voie contournée, nous apparaît tantôt à notre droite, tantôt à notre gauche, les divers aspects qu'un même personnage aura pris aux yeux d'un autre, au point qu'il aura été comme des personnages successifs et différents, donneront — mais par cela seulement — la sensation du temps écoulé. »
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Le châtiment des dieux, Tome 2 : Le cavalier ..

Ah, je crains bien que ce billet ne soit un copié-collé de celui qui concerne le Sisyphe de Rachline.



François Rachline poursuit son aventure littéraire de relecture de mythes grecs replacé dans une Grèce antique réaliste. Il ne dévie pas d’un iota dans la méthode.

Avantage : cela nous permet de découvrir un personnage mythologique peu connu – Bellérophon – ses aventures et celles de son entourage. Petit-fils de Sisyphe, exilé par ce dernier à cause d’un homicide involontaire, le jeune homme essaie de faire son trou à la cour de Prœtos, roi de Tirynthe. Il a l’art et la manière avec les chevaux. Malheureusement, son trop beau visage attire le désir de la reine Sthénébée qui va le harceler sexuellement, en vain. Furieuse de ce rejet, Sthénébée va l’accuser de viol sur sa personne. Prœtos, ne pouvant porter atteinte à un hôte qu’il a lui-même invité, l’envoie en Lycie, en Asie Mineure, à la cour du roi Iobatès, père de Sthénébée, muni d’un message scellé à l’adresse exclusive de Iobatès. Le message déclare que Bellérophon a violé sa fille et doit mourir. Iobatès l’enverra accomplir des missions dangereuses dont, à se grande surprise, Bellérophon sortira vainqueur : lutte contre la Chimère, les Solymes, les Amazones.

Bellérophon est un homme au destin plutôt tragique. Quelles que soient ses actions – la plus grande étant d’apporter l’art de l’équitation aux hommes –, quelques bénéfices qu’elles apportent à la société, les hommes ne le jugent que par ses forfaits réels (le meurtre involontaire) ou supposés (le viol de Sthénébée). Il y aura toujours quelqu’un qui cherchera à l’assassiner après qu’il en aura acquis l’amitié. Devenu maître de la Lycie, probablement dégouté des hommes, grisé par ses propres exploits, il se prendra pour un dieu, un dieu implacable et cruel en l’occurrence ; une sorte de Caligula.



Inconvénient : la volonté de François Rachline d’inscrire le récit dans une Grèce réaliste lui fait supprimer les atours de merveilleux qui couvrent les mythes grecs. Les dieux n’apparaissent qu’en songe, les légendes fabuleuses naissent du bouche à oreille des hommes qui aiment à déformer les faits. Qui peut croire par exemple que Pégase, le premier cheval à porter un être humain sur son dos, avait réellement des ailes ?

D’autre part ce besoin de réalisme prime sur la fluidité du récit et sur la caractérisation des personnages. Les descriptions ennuyeuses des fresques des palais ou de la conception des navires m’ont fait bailler plus d’une fois. Quant aux personnages, ils n’offrent aucune épaisseur. Ils sont le plus souvent peu crédibles dans leurs dialogues et leurs réactions. Souvent, Rachline s’essaie à ajouter une explication d’un comportement, mais cela tombe à plat, ne convainc ni le lecteur ni d’ailleurs l’interlocuteur du roman qui se montre sceptique.



Le style de François Rachline nuit assurément au plaisir de lecture. C’est grandement dommage quand on joue avec un matériau noble tel que la mythologie grecque. Reste que l’auteur met en lumière des héros méconnus (merci Oliv pour cette phrase). Cela suffit à justifier l’existence de la trilogie du Châtiment des Dieux.

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Le mendiant de Vélasquez

Faisons court: c’est un livre prétentieux et inutile.

Le pitch était sympa: un mendiant assiste à la création des « Menines » où il apparaîtra même - puisque nul ne sait qui accompagne la duègne, alors même que tous les autres personnages du tableau ont été nommés.

Sauf qu’écrire un roman à partir de là suppose deux ambitions: livrer quelque analyse nouvelle du tableau, où tout au moins être capable de romanesque, pour simplifier être crédible.

Pour ce qui est de ma première attente, elle m’a conduite à relire la notice de Wikipedia qui en dit plus en beaucoup moins de pages.

Quant à la seconde... Ben oui, comme d’habitude quand on n’est pas fichu de créer des situations, on campe des bavards. Ça cause, ça cause, inutilement et pompeusement. Et pour que les personnages prennent vie, on les leste de réactions outrancières genre film muet, ils roulent des yeux, s’excitent pour des vétilles, comme si la vraisemblance était sœur de l’hystérie.

Et avec tout ça, le mendiant sait lire et écrire, l’infante se déplace elle-même dans l’atelier de Velasquez pour lui dire qu’elle n’aime pas ses tableaux, et quand la conversation roule sur un écrivain, c’est le moment qu’il choisit pour entrer en coup de vent et taper dans le dos de toute l’assemblée.

Cela dit, ça ouvre des perspectives (ah ah). Avec une documentation minimale, on doit pouvoir écrire « La grisette de Manet » ou « La Mona de Léo ». Un genre est né.

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Le mendiant de Vélasquez

Si d'emblée vous aimez les peintres, cette lecture vous enchantera. On y parle beaucoup de technique, de perceptions, de démonstration mais c'est en même temps, de grandes réflexions sur l'Espagne sous Philippe IV. On y apprend aussi à mieux connaître cet immense peintre, ce gigantesque génie : Velasquez .Ce roman de François Rachline saisit avec beaucoup de justesse et aussi de délicatesse le travail de ce peintre. Vélasquez ne peint pas, il met en scène et Rachline fait de même. Et c'est l'histoire d'un tableau Les Ménines que l'on suit, que l'on voit naître. Vélasquez maîtrise tellement cet art qu'il en bouleversera les tenants et aboutissants. Et l'auteur nous mène doucement aux côtés de ce grand peintre pour que nous soyons les témoins privilégiés d'une grande oeuvre, d'une grande époque. Toute une fresque, toute une lecture, tout un roman.

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Le Châtiment des dieux, Tome 1 : Sisyphe, roi..

Bon, je donne une moyenne de 3 étoiles mais l'écart-type est important: je trouve certaines choses très bonnes et d'autres mauvaises.



François Rachline s'est lancé dans la difficile tâche de conter certains mythes grecs dans un format de roman. J'applaudis! J'adore la Grèce antique et sa mythologie. Il consacre son premier tome à Sisyphe. Formidable! Je ne connais de lui que son terrible sort aux Enfers: faire rouler éternellement un rocher vers un sommet et le voir retomber juste avant d'atteindre l'objectif.

Le livre retrace donc quelques années de sa vie (les dernières?). Il est roi de Corinthe (qui s'appelle encore Ephyra), sa femme Méropé est enceinte de son quatrième fils Halmos, il cherche à accroître l'importance de sa ville qui n'est encore qu'une bourgade en faisant bâtir une citadelle de marbre blanc au sommet de l'Acrocorinthe, le sommet qui défend l'isthme de Corinthe. Durant plus de 400 pages Sisyphe est l'objet de diverses tribulations qui sont autant de légendes qui prennent naturellement leur place dans sa vie: il confond par ruse Autolycos qui lui avait volé une partie de son troupeau et se venge en engrossant sa fille Anticleia (le fruit ne sera autre qu'Ulysse). Il assiste aux ébats de Zeus métamorphosé en taureau avec Egine, fille du fleuve Asopos Plus tard il dévoilera ces faits à Asopos qui partout recherche sa fille, ce qui lui vaudra la haine du roi des Dieux. Il trompe Thanatos, la mort qui est venue le chercher, et Hadès lui-même. J'en oublie. Nombreux sont les mythes qui s'incruste parfaitement dans ce roman.

J'ai aimé l'époque de Bronze où évolue Sisyphe, peu éloignée du Néolithique où le bétail est une richesse, les armes rudimentaires et les faiseurs de feux respectés. J'ai aimé la vision profondément humaniste de l'auteur qui s'éloigne volontairement de l'image de l'humain tragiquement soumis aux caprices des dieux pour proposer au contraire que la gloire de l'homme réside dans cette mystérieuse énergie inconnue des dieux qui lui permet de lutter et de se redresser sans cesse, quelque-soit l'obstacle.

Mais je n'ai pas aimé les longueurs, le souci pointilleux et générateur d'ennui du détail historique ou archéologique qui nuit profondément à la fluidité du récit, le stéréotype des personnages qui ne sont pour l'essentiel que des réceptacles de chair pour leur légende, sans véritable psychologie personnelle. Et il m'a manqué la présence des Dieux qui, hormis Thanatos, n'interviennent pas directement, ne dialoguent pas et, finalement, à qui l'auteur ne donne pas de droit de réponse.
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Moïse et l'humanisme

Tout part de l’interrogation de Moïse sur le nom de Dieu : la Bible hébraïque, texte sacré, lui donne en effet une réponse porteuse de questionnement : « je serai ce que je serai ». Moïse y voit Dieu et assoit ainsi le monothéisme.

Cela signifie-t-il que le terme « Dieu » peut alors être remplacé par la seule assertion « je serai »? ou une interprétation non religieuse du verset 14 du chapitre 3 de l’Exode est-t-elle possible ?



En effet nous pourrions-nous pas voir à travers la phrase suivante un message d’humanisme athée? « si vous entendez avec votre cœur et votre intelligence ce « je serai » alors vous saisiriez que le devenir est votre certificat de vie. »,



Ainsi la libération des Hébreux par Moïse serait à associer à la volonté humaine, le peuple considérant qu’il possédait un avenir en dehors de l’esclavage.

C’est donc dans une ambivalence du texte que François Bachline nous propose de nous plonger.

Tout au long de cet essai, aucune réponse ne sera donnée au lecteur. C’est bien à ce dernier de se faire une idée, son avis. Le cheminement n’est pas toujours simple. Les références théologiques sont nombreuses. Il faut parfois poser ce « petit » texte et le reprendre avec courage, quelques jours après. Mais plus qu’une réponse à une simple curiosité, une réflexion de fond sera le résultat des efforts du lecteur.

Alors… tentez l’exercice même si la complexité n'est jamais loin voire toujours présente (reproche principal) !

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Coupures

Coupures raconte la vie d’Else Blakenhorn, une jeune Allemande promise à un brillant avenir, subitement internée, en 1899, pour cause de démence précoce.

Sombrant peu à peu dans les affres de sa maladie malgré les efforts de celui qui l’aime, elle débute une œuvre graphique incroyable. Ces dessins sont-ils le résultat de sa folie ou de ses rares moments de lucidité ? C’est ce que cherche à savoir, des années après, une jeune chercheuse, qui tente de faire revivre l’œuvre d’une des pionnières de l’Art brut.



Connaissance des Arts n°772 Juillet-Août 2018
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Le Châtiment des dieux, Tome 1 : Sisyphe, roi..

J'avoue avoir eu un peu de mal à m'engager dans la lecture de ce roman. Puis, petit à petit, l'écriture précise, riche de détails sur la vie en Grèce antique, aux temps des Dieux Zeus, Hadès, Thanatos, Hypnos, Poséïdon et autres Apollon, m'a emporté. On suit donc Sysiphe, descendant de Prométhé, Roi d'Ephyra, future Corinthe et qui a pour sa cité une passion incroyable, qui veut en faire la plus belle et se donne les moyens de la rendre la plus grande possible, en se jouant de la volonté du plus grand de tous, à savoir Zeus en personne. La construction d'une immense tour dominant la baie et permettant de veiller à la protection de la cité est le centre du roman, mais également les questions de respect, de politique, de bienséance et autres manigances visant à conforter son pouvoir.

On traverse donc une période rarement traiter sous forme de roman et François Rachline a un style très intéressant pour nous raconter l'histoire d'un grand personnage de la mythologie grecque antique en y apportant une science historique très recherchée, fouillée,sur la vie sociale, l'artisanat, la hiérarchie sociale, le quotidien. C'était si bien décrit que parfois, je me suis laissée emportée aux portes du Péloponnèse de façon très agréable. Parfois, c'est le revers de la médaille, ces descriptions prennent un peu trop le pas sur l'histoire en tant que telle mais cela reste un livre agréable et pour qui s'intéresse un peu à ce pan de l'Histoire, y trouvera du plaisir dans la lecture.
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Le Châtiment des dieux, Tome 1 : Sisyphe, roi..

Véritable fiction-biographique de la vie trépidante de Sisyphe, Le Roi de Corynthe offre à François Rachline l'opportunité de nous dévoiler un grand talent de conteur dans un premier roman de trilogie plutôt bien maîtrisé.



Tout en proposant une oeuvre très respectueuse du mythe, F. R ne tombe pas pour autant dans la facilité, aux épisodes savoureux de la légende il intègre une dimension historique joliment documentée et une profondeur psychologique à ces personnages humains ou divins qui renforce l'intensité dramatique du récit.



Sisyphe n'est pas un Roi comme les autres, il est le fils du Dieu des vents Éole, et s'il n'a pas hérité des attributs physiques divins, son intelligence et son orgueil démesuré révèle son ascendance.

Si les dieux sont les rois du ciel, il sera le roi de la Terre, dans ce sens il passera la plus grande partie de sa vie à développer l'aura de sa cité pour la faire briller telle une étoile sur tous les autres cités de l'Hellas.

Ainsi il renommera Zephyre en Corynthe, entreprendra la construction d'un gigantesque canal maritime pour relier sa cité aux deux mers, et fera élever une tour blanche crépusculaire pour dominer tous les peuples de Grèce.

Son ambition et ses projets n'ont de limite que le temps d'une vie humaine, trop peu pour Sisyphe et çà tombe bien il ne l'entend pas ainsi...



Réellement, le Roi de Corynthe est un bon récit historique-mythologique, avec certes parfois quelques longueurs et aussi ce style d'écriture assez académique, néanmoins FR réussit l'essentiel en nous faisant redécouvrir un personnage au destin fascinant tout en n'occultant pas d'y dégager des émotions dans une histoire qui ne manque pas de rebondissements.



Sisyphe, roi de Corynthe est un vrai roman mythologique de qualité et certainement pas une version longue et "encyclopédique" de la légende, ou même un "essai" historique.
Lien : http://david-gemmell.frbb.ne..
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Coupures

Très beau roman de François Rachline qui se penche sur "l'art des fous". Il oscille entre 1906 l'époque de Else Blancenhorn qui fut atteinte de démence mais aima et peignit et 2015, où Elise une étudiante s'évertue de reconstituer l'histoire de la peintre disparue. les lignes temporelles oscillent sans se croiser à moins que... Le livre devient inquiétant, serait on face à une mise en abime. Quel écho a Else auprès d'Elise, que représente-t-elle pour cette jeune femme pleine de vie.



Le livre montre aussi le désespoir de ceux qui ont aimé ces malades, la difficulté à comprendre ce qui se passe et la non acceptation de la maladie qui les prive d'un futur tant appelé. Un beau livre avec une réflexion sur l'art, la vie et la maladie.

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Éprouver Auschwitz

Une partie de la famille de l'auteur a été tué par les nazis. C'est une longue réflexion sur ce que l'homme peut accomplir dans l'horreur. Une tentative de comprendre et de répondre à toutes ces questions que je me pose moi même.

Ces explications m'ont permis de plus ou moins comprendre l'inexplicable...

Comment arrive t on à empêcher sa conscience de prendre le dessus et laisser le mental commander....

Quand j' étudie les yoga sutra de Patanjali je comprends le fonctionnement du mental et de la conscience....tout est dit dans ces aphorismes.
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Moïse et l'humanisme

Ce livre aurait pu s’appeler « qu’est-ce qu’une religion pour vous ? ». Il pose une question très simple : une religion est-il révélée par Dieu ou est-elle un code de vie, une éthique qui permettent à un humain d’avoir une ligne directrice pour grandir en dignité ? Le travail de l’auteur porte sur la bible et plus particulièrement l’anion testament. Il montre, à la lecture des travaux historiques récents, que la bible n’est pas un document révélé, mais un ensemble de textes compilés sur plusieurs siècles et mis en lumière plus particulièrement par Josias et plus tard Esdras. Alors qui est Moïse ? Une personne qui a créé ce code d’éthique à la base ou un mythe ? Ce qui rend ce livre intéressant est qu’il montre que nous pouvons avoir les deux lectures des textes : le texte religieux et/ou le texte « éthique ».

Il donne des exemples de traduction d’un même texte hébreu : tout est question de sensibilité du traducteur.

Mais il va encore plus loin et se pose la question de comment un ou des personnages ont pu faire évoluer des cultures polythéistes vers une culture monothéiste et une éthique de vie.

Si vous allez au-delà de la religion juive, vous pouvez vous poser les mêmes questions : le catholicisme a choisi l’axe religieux sous l’influence de Paul, quand le bouddhisme est plus tourné vers une éthique vie (il y a des deux cas toutes les religions).

Un livre passionnant qui tourne autour d’une question simple : la lettre ou l’esprit ?

Dans un monde actuel où chacun cherche à retrouver des racines, il aide à faire la part des choses entre le rejet de tout et le fanatisme.
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Éprouver Auschwitz

Essayiste et romancier, François Rachline n'a pas vécu l'horreur des camps. Après une visite d'Auschwitz avec son fils, il a cependant décidé d'exprimer son ressenti et de le lier à ce qu'il connaissait de cette part sombre de l'Histoire européenne. Sans chercher à romancer son propos d'une quelconque manière, l'auteur décrit les émotions qui le traversent. Les émotions d'un homme comme un autre, touché par cet épisode encore inimaginable aujourd'hui. Cette lecture a la puissante utilité de rappeler à quoi le pire de l'Homme peut mener et comment on peut en arriver là.
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Le mendiant de Vélasquez

Le pire des romans historiques! Seul intérêt, l’évocation d'un grand peintre, si on le connaît assez pour voir dans sa tête les images décrites par l'auteur. Après 20 pages, j'ai vérifié les données de l'auteur, croyant à l'oeuvre d'un débutant. Mais non, c'est son 14ème livre!
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Le mendiant de Vélasquez

Beau roman de François Rachline. Ce dernier nous plonge au cœur du monde et de l'esprit de Velázquez tandis que ce dernier travaille à la réalisation de "sa famille", de la toile mystérieuse des minimes.

Tous les protagonistes en ont été identifiés sauf un. L'auteur s'empare de ce personnage et en fait un mendiant que le peintre aurait recueilli faisant revenir ce dernier à ses premiers combats pour les être les plus pauvres de la royauté. L'auteur nous décrit la vie de la cours, ses mensonges, ses périls, son intolérance parmi elles un roi bon qui aime son peuple et les femmes et un Velázquez dont la peinture est devenue une activité secondaire mais qui occupe toujours ses pensées de manière continue et un homme des rues qui met son orgueilleuse liberté de côté pour pénétrer un tableau qui le fascine et ne parvient pas à quitter.

Le livre est très bien écrit et beau. il continuera à vous poursuivre une fois les pages refermées.
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Le châtiment des dieux, Tome 2 : Le cavalier ..

Belle histoire sur plus de la moitié du roman mais le revirement en tyran du héros passe mal et sa chute mal décrite ce qui crée une asymétrie globale qui est bien dommage.
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Le mendiant de Vélasquez

En Juin 1656 , sous le règne de Philippe IV , le hasard de la vie a voulu qu’accidentellement se croisent les chemins de VELÁZQUEZ , peintre du roi, et de MENDIGO, mendiant voleur , vaurien intelligent, un peu intéressé à l’art par une bonne soeur…..

Cette rencontre déclenchera brutalement dans l’esprit de VELÁZQUEZ une inspiration, une espèce de jouissance qui le poussera à créer une immense oeuvre représentant la famille royale d’Espagne dont MENDIGO doit être le témoin….

François RACHLINE , dans un style pur, nous fait pénétrer dans l’état de grâce qui va posséder VELÁZQUEZ …..

En hommage à ce mendiant qui l’a inspiré VELÁZQUEZ proposera l’éternité en le peignant dans son fameux tableau qui s’appellera plus tard ” les Ménines “……

Un roman historique subtil.
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L'Autre et nous : Racisme et antisémitisme

Le mérite principale de ce court essai de François Rachline aura été pour moi de ne pas suivre le courant d’une pensée relativement établie sur des notions particulièrement, et malheureusement, à la mode.



Il aurait été facile de tomber à bras raccourcis ou les 2 pieds dans le plat (choisissez votre expression) sur un retour nauséeux de l’ antisémitisme ou encore sur une volte-face du racisme à l’ère du wokisme. Rien de tout cela : Rachline depassionne le débat et se consacre hors contexte à une étude très théorique, abstraite, puisant dans des références directes à la torah, au mosaïsme (doctrine issue de Moïse).



De là découlera une argumentation à laquelle on est libre de ne pas adhérer mais qui a le mérite d’une certaine logique. Reprenant une idée très religieuse (un bien gros mot à notre époque) et finalement peu répandue (sinon chez Julien Green, spécialiste de la question), Rachline évoque non pas seulement « l’autre et nous », mais « l’autre EN nous », cette etrangéité à nous-mêmes qui pose les jalons de l’acceptation d’autrui.



Encore une fois, on peut ne pas accéder à cette pensée, toujours est-il que l’essai de Rachline tient la route, pour peu que l’on ait déjà abordé la thématique par un biais aussi intellectualisé.
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L'Autre et nous : Racisme et antisémitisme

Ce petit livre de 84 pages, reçu via Masse Critique, s'est avéré moins facile à lire que sa taille ne le laisser penser. J'ai été particulièrement décontenancée car j'attendais plutôt une analyse psychologique du racisme et de l'antisémitisme et c'est plus un essai philosophique à mon avis.



Si le livre ne correspond pas à ce que j'imaginais, il n'est pas inintéressant pour autant. La notion d'universalisme, héritée du siècle des lumières, y est fort bien expliquée. François Rachline cite aussi les grands courants d'exclusion de notre époque et cela m'a permis d'en découvrir certains comme le validisme ou l'indigénisme. Il résume ces divers courants de façon intéressante par la confrontation de deux clans : "d'une côté, ceux qui revendiquent leur appartenance à une histoire victimaire; de l'autre, ceux qui se prétendent à part et supérieurs."



J'ai été plus étonnée par la différence qu'il fait entre racisme et antisémitisme qu'il ne met pas sur le même plan. Je croyais que le rejet des autres selon des critères quelconques était une base commune. Mais François Rachline s'appuie sur d'autres bases pour expliquer la différence selon lui entre ces deux formes de rejet de l'autre.



Pour cela et cela prend environ un quart du livre, il revient sur la notion de mosaïsme reliée au personnage biblique de Moïse… encore une notion dont j'ignorais tout. Il est vrai que d'autres lectures m'avaient révélées que la plupart des mythes ou religions ont sans doute des racines dans l'histoire des peuples. Les divinités, héros et/ou prophètes variés auraient été à la base de grands personnages divinisés ou presque par la transmission orale au cours des siècles. Donc je veux bien croire que Moïse a été un grand législateur pour les hébreux et que son oeuvre a été diversement interprétée au fil du temps. Cette partie m'a bien intéressée même si certaines notions évoquées me dépassent.



Au final je n'ai pu qu'adhérer au chapitre final qui évoque le "rapport à soi". L'auteur y évoque le fait qu'aucune personne n'est "parfaite" sur le sujet et que résister à la tentation de différencier les autres demande beaucoup de contrôle de soi… avec l'idée sous-jacente de ne pas faire subir aux autres ce qui nous serait insupportable. (voir citation).



Je ne voudrais pas faire injure à la pensée de François Rachline en interprétant mal ce qu'il a énoncé donc j'incite tous ceux qui s'intéressent au sujet à lire ce livre et à se faire leurs propres opinions dessus.
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L'Autre et nous : Racisme et antisémitisme

Cet essai court est agréable à lire et efficace. J'ai trouvé qu'il décrivait bien le mécanisme du racisme par une analyse concrète de sa naissance à travers l'histoire et ses multiples définitions. J'ai trouvé que l'auteur amenait très finement son propos et avait l'art d'être synthétique, ce qui m'a beaucoup plu. En 80 pages, j'ai l'impression d'avoir appris des choses sur les travers de l'humain, avec cet espoir qu'il devienne meilleur.
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