AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Frank Harris (24)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La bombe

Dire qu’il aura fallu attendre plus d’un siècle pour que cette petite pépite littéraire soit traduite en français !



Dans ce roman, Frank Harris, journaliste et écrivain, mêle de façon étonnante fiction et réalité. Il reprend en effet un événement survenu une vingtaine d’années plus tôt, l’attentat du Haymarket Square à Chicago en 1886 (l’explosion d’une bombe lors d’une manifestation ouvrière) et le très médiatisé procès qui en a suivi, suite auquel huit anarchistes, vraisemblablement innocents, ont été condamnés à mort au cours d’un procès totalement partial.



A partir de cet événement bien réel, Harris imagine un personnage, Rudolph Schnaubelt, Allemand immigré aux Etats-Unis et qui, ayant connu la misère, s’est rapproché des socialistes et des anarchistes : ce serait lui qui, en lien avec Louis Lingg (le plus célèbre des huit anarchistes condamnés), aurait posé cette bombe.



Ce roman passionnant nous offre une description précise et poignante de la misère aux Etats-Unis et des difficiles conditions de travail des plus précaires, à l’instar des ouvriers travaillant dans des caissons sous-marins pour construire le pont de Brooklyn. Le livre est aussi très instructif sur la naissance des mouvements socialiste et anarchiste, ainsi que des premières revendications ouvrières (par exemple pour la journée de huit heures).



C’est aussi un beau roman sur l’amitié, à travers la relation entre Lingg et le héros. L’histoire d’amour qui parsème le récit m’a amusée ; Elsie est agaçante mais j’ai trouvé que cela rendait l’intrigue plus réaliste, par contraste avec les sentiments parfois niais de Rudolph !
Commenter  J’apprécie          70
La bombe

Le 4 mai 1886 à Haymarket square, Chicago, un meeting politique rassemble des centaines de militants et grévistes. Alors que la foule commence à se disperser pacifiquement, la police charge les manifestants et une bombe est jetée sur les forces de l’ordre. Il y a des morts. Suite à cet attentat, 8 leaders anarchistes sont lourdement condamnés. Il est prouvé qu’aucun ne fut le lanceur de bombe. Encore aujourd’hui les historiens ne sont pas sûrs de qui a jeté l’engin.



Rudolph Schnaubelt, narrateur du roman, se présente dès la première page comme l’auteur de l’attentat. Pauvre mais éduqué, ce jeune homme d’origine allemande a émigré pour les Etats-Unis où il travaille comme journaliste pigiste à Chicago, essentiellement dans la presse de langue allemande. Sensibles aux dures conditions de vie et de travail des ouvriers, Rudolph fréquente les rassemblements militants. Il y fait son éducation politique et la connaissance de Louis Lingg, un jeune anarchiste charismatique avec qui il va nouer une relation d’amitié très forte.



La bombe est paru en 1909. Frank Harris (1856-1931) était un journaliste d’origine britannique (je n’ai pas trouvé d’informations sur ses idées politiques. A lire sa fiche Wikipédia il apparaît comme une sorte d’aventurier). Le roman dénonce les conditions de travail des ouvriers étrangers aux Etats-Unis à la fin du 19° siècle. Ils sont nombreux à Chicago où ils participent au développement de l’industrie. Ils risquent leur vie pour des salaires de misère et sont renvoyés sans indemnités en cas de maladie, accident du travail ou si on a besoin de moins de main d’oeuvre. Il est question des abattoirs de Chicago et de leurs conditions d’hygiène indignes. Cela m’a fait penser à ce que j’avais lu dans La jungle qui, à mon avis, est beaucoup plus réussi que le présent roman. Les grèves et manifestations ouvrières sont réprimées avec violence, violences policières approuvées et parfois même encouragées par la justice, la presse à grand tirage et l’opinion publique. La xénophobie et la peur de l’anarchisme confinent à l’hystérie collective lors du procès de l’attentat du 4 mai.



C’est la description du procès qui m’a le plus intéressée. Tous les personnages nommés sont des protagonistes historiques des événements et j’ai d’ailleurs trouvé que l’aspect historique était beaucoup mieux traité que le volet romanesque. Je pense notamment à la relation amoureuse entre Rudolph et sa bonne amie Elsie qui m’a semblé parfois niaise et traversée de préjugés sexistes. Le questionnement sur la place des femmes est absent de ce roman. En matière de sentiments je trouve beaucoup plus juste ce qui est dit de l’admiration/adoration de Rudoph pour Louis Lingg.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
Commenter  J’apprécie          10
La bombe



Paru en anglais en 1909 (!) et traduit pour la première fois en 2015.

Chicago, fin XIXe s, Rudolph Schnaubelt, jeune homme venu dAllemgne avec le rêve de conquérir l'Amérique.

Il découvre la dureté de la vie ouvrière, le froid, la faim, mais aussi la solidarité entre les hommes et les femmes qui partagent un idéal social. Ainsi, en tant que journaliste et écrivain, il rejoint des groupes politiques qui le fascinent. Il devient bientôt l'un des leurs et passe à l'action.



Début un peu lent mais ensuite, après les 3 premiers chapitres, le recit trouve son rythme, comme le héros trouve sa place dans cette société.

Le récit est selon moi intéressant en tant que document historique et témoignage d'une époque, davantage comme objet politique et social que comme objet littéraire ( quoique le très beau dernier chapitre démente cette hiérarchie.)

Commenter  J’apprécie          00
Pertes et profits

Pertes et Profits : édition en 1910,

Auteur : Frank Harris (1856/1931),

réédité en français en 2017, édition la Dernière Goutte,

l'ouvrage comporte 92 pages.



Kansas City, fin XIXe siècle.

Jefferson Boulger, personnage vaniteux, est propriétaire d'un grand magasin. Sa situation financière n'est pas très bonne, la faillite menace : la concurrence, Boulger et sa famille (une femme, 3 filles) vivent au-dessus de leurs moyens.

David Tryon , jeune employé , ambitieux.



Comment sauver la situation ? Bulger a une idée, mettre le feu au magasin, percevoir l'assurance et redémarrer.

Un accord intervient entre Bulger et Tryon à charge pour Tryon de mettre le feu.

Le plan sera mis à exécution. Les conséquences inattendues.



Très court roman, lecture intéressante et distrayante
Commenter  J’apprécie          90
La bombe

Un récit (roman) quasi journalistique sur le massacre de Haymarket Square à Chicago et le personnage enigmatique de Louis Lingg, leader anarchiste allemand, qui condamné à mort, se suicidera dans sa cellule.

Un ouvrage important pour le devoir de mémoire, pour appréhender les fondements des mouvements anarchistes de lutte pour les droits des ouvriers et de l'oppression organisée par le système face à cette menace de déstabilisation des idées dominantes.

On comprend l'affectation particulière de Charlie Chaplin pour ce roman, qui a certainement influencé son parcours de création.

Commenter  J’apprécie          30
La bombe

Très grand roman , témoignage historique de premier ordre.

Plongée glaçante dans l'un des épisodes les plus tragiques de l'histoire politique contemporaine des États-Unis.

Ecrit en 1909 par Franck Harris, récemment traduit en français,

" La Bombe" retrace,pour ne pas oublier,le parcours (fictif)d'un jeune allemand Rudolph Schnaubelt témoin et acteur majeur de l'une des plus terrifiantes pages de l'histoire des luttes sociales américaines de la fin du XIXe siècle.

Émigré aux Etats Unis au milieu des années 1880 Schnaubelt espérait s'accomplir personnellement et professionnellement au pays de toutes les libertés mais dechanta rapidement face à la réalité du sort réservé alors dans ce pays aux ouvriers notamment étrangers.

Chômage, discrimination, famine, violences, assassinats, les travailleurs étrangers étaient alors considérés par le reste de la société américaine comme des parias absolus presque des animaux,des êtres de seconde zone .

Les autorités, patronat,presse,police,la justice aux ordres d'un capitalisme efffrene ne se gênaient pas pour le leur faire comprendre en les traitant au quotidien avec mépris et violence jusque dans leurs meetings et grèves.

Progressiste dans ses idées, attentif au sort des prolétaires Schnaubelt se rapprocha rapidement des cercles socialistes New Yorkais et de Chicago et surtout d'un autre émigré allemand Louis Lingg anarchiste enragé qui face à la montée de la violence policière et étatique et les dérives capitalistes fit le premier dans ce contexte le choix d'une replique violente, armée et jusqu'auboutiste.

La bombe c'est celle que Schnaubelt fera dans cette logique sauter avec son mentor lors d'une énième poussée de violence policière contre ses semblables.

Acte de guerre sociale fort dans la veine de la politique de terreur anarchiste, la propagande par le fait, qui déchirera l'Europe à la même époque .

Révolte pour une prise de conscience plutôt que soumission qui plongera surtout l'opinion publique américaine dans l'effroi et poussera les principaux sympathisants socialistes à l'échafaud.

Acte d'amour désintéressé pour ses semblables à l'origine de progrès sociaux évidents dans les mois qui suivirent et si Lingg le mentor concluera son combat dans le martyr Schnaubelt qui fuira pour témoigner lui se fera la plume et le messager de ce combat politique et idéologique fort.

Il aura en tout cas réussi sa mission car son histoire, ce livre on le lit encore aujourd'hui avec grand intérêt et émotion.

Une bombe qui ne manque pas d'éclat.Une fresque sociale touchante presque effarante par son degré de violence et de sacrifice un épisode à surtout ne pas oublier vous savez donc ce qu'il vous reste à faire...
Commenter  J’apprécie          130
Pertes et profits

Voici une novella de Frank Harris (auteur que vous connaissez peut-être pour son roman « La Bombe », Prix Mémorable 2015 – et si ce n’est pas le cas, vous ratez quelque chose) qui nous amène à Kansas City, fin du 19ème.



Le grand magasin de tissu Boulger est une institution dans la ville. Pourtant depuis quelque temps son propriétaire connait de grosses difficultés financières. La concurrence, longtemps inexistante, lui mène la vie dure. Ses stocks sont gigantesques et la mode change. Sans compter que sa femme et ses trois filles mènent grand train. Son employé Tryon a bien quelques idées sur la façon de redresser la barre mais la situation est urgente. Il n’y a plus le temps, la faillite guette. Il suffirait d’un incendie pour que tous les problèmes disparaissent. Une bonne arnaque à l’assurance et le respectable Monsieur Boulger serait tiré d’affaire. Les deux hommes vont s’associer pour commettre ce crime, car si Boulger veut éviter la déchéance, Tryon lui a de l’ambition. Leur plan ne va pas totalement se dérouler comme ils le pensaient…



Frank Harris met en scène un duo - le vaniteux et l’ambitieux, le grand patron et le petit employé – bien décidé à réussir. D’une écriture délicieusement classique, l’auteur manie finement l’ironie et dresse une satire de la société américaine de son époque. 95 pages et une conclusion qui laisse chaque lecteur tirer sa propre morale de l’histoire. Bijou.
Commenter  J’apprécie          90
La bombe

En suivant mon attrait déjà bien installé pour les réalistes américains, j’ai lu Frank Harris aux éditions « La dernière goutte ».

Je ne connaissais pas cette maison, et je viens de parcourir leur site web. C’est un éditeur strasbourgeois qui prétend publier des textes au ton mordant. C’est sans doute vrai, mais leurs responsables doivent penser qu’il n’existe pas d’auteurs français répondant à ce critère, parce qu’ils ne publient que des étrangers. Par ailleurs, n’essayez pas de leur proposer vos textes si vous écrivez : comme presque tous les « petits », ils annoncent le bouclage de leur programme sur plusieurs années. Apparemment, ils ne découvrent rien, ils exhument des succès d’ailleurs. Charmant travail de fossoyeur inversé.

Je leur sais gré pourtant d’avoir publié Harris, attendu que cet écrivain relativement classique en Amérique n’est pas édité en France. Notre pays n’admet pas qu’il y ait des lecteurs instruits – et il y en a peut-être réellement très peu –, de sorte que même de grands textes ne sont plus tirés, parce qu’ils font peu recette. J’ai déjà eu l’occasion de dire mon étonnement là-dessus, par exemple au constat que des pièces fameuses d’Edmond Rostand comme L’Aiglon n’existaient plus. Il s’est donc mis à exister un marché d’éditeurs qui ne s’attellent qu’à fouiller du côté des auteurs relativement connus sans publication actuelle. Et évidemment, pour de telles structures sans grands moyens, il importe d’élire en particulier les auteurs défunts depuis plus de 70 ans, de façon à ne pas avoir à leur payer de droits. C’est à ce prix qu’on laisse crever les écrivains vivants de talent dans notre pays : ils attendront qu’on ait épuisé ceux qui ne peuvent plus rien réclamer, et quand ils seront morts à leur tour depuis un certain temps, processus que la famine où on les oblige favorise et accélère, on les publiera peut-être. La nécrophagie existe toujours chez nous tant qu’il y a du monde pour se nourrir sur des cadavres.

Harris est un journaliste d’origine irlandaise (on s’en moque, je sais bien, mais j’aime irrationnellement l’Irlande). Engagé socialiste, il relate dans La Bombe les événements réels qui eurent lieu en 1886 à Chicago lors de différentes grèves de travailleurs qui débouchèrent le 4 mai sur un attentat à la bombe ayant tué une dizaine de policiers. Le roman dépeint, du point de vue d’un immigré allemand nommé Rudolph, les injustices et la douleur de la société des ouvriers d’une manière évoquant Steinbeck ou Sinclair, ainsi que l’admiration indéfectible d’un homme pour le meneur de cette affaire, Louis Lingg, un idéaliste au charisme puissant et qui incitera le narrateur, par sa supériorité intellectuelle et humaine, à jeter l’explosif qu’il a conçu.

On ne s’en rend pas compte sans doute, mais il doit y avoir eu une audace extraordinaire, vingt ans après de telles violences, à remettre en cause les conclusions de l’enquête officielle et le verdict des juges, et à avancer ainsi l’hypothèse que non seulement le crime fut en quelque sorte justifié par les brutalités policières, mais aussi que le coupable ne figure pas du tout parmi ceux qui furent condamnés.

Le climat d’ensemble est tout d’indignation politique mêlée de sentimentalité virile – amour et amitié. Rudolph, en immigré instruit, lui-même journaliste, est témoin du traitement déplorable et de l’abus éhonté des travailleurs pauvres, de l’exclusion xénophobe dont ils souffrent à cause d’une société fondamentalement conservatrice, du climat partial de censure qui règne sur l’opinion publique américaine, et de la férocité et du manque de scrupule du capitalisme totalement dérégulé. Le pathos, ici, n’est pourtant pas excessif, à ce que j’ai lu ailleurs : c’est documenté, et cela correspond à nombre de témoignages hallucinants de la même époque ; en gros, on exploite les salariés jusqu’au dernier souffle et on les renvoie quand ils sont épuisés.

Et je crois, sans faire aucunement de la politique par exemple anti-quelque-chose, qu’il y a grande nécessité à se rappeler que le monde du travail fut ainsi, à une certaine époque. On ne se rend plus compte aujourd’hui de la précarité existentielle de cet univers des journaliers et du labeur industriel : pas de contrat, guère d’horaires, point de sécurité sociale, et une chaîne de responsables – collègues, contremaîtres, patron – dont dépend toute la vie. Tout ce qui, de nos jours, constitue un délit caractérisé et révoltant – harcèlement, retrait de salaire, atroces conditions de travail, exploitation et abandon – était le lot quasi quotidien d’une vaste partie de l’humanité. Le socialisme alors ne signifiait rien d’autre qu’une espérance à pouvoir vivre, et pas du tout le confort un peu flemmard et opportuniste qu’il peut vouloir dire à présent : c’est que toute l’échelle des maux était décalée de nombreux barreaux, de sorte que nos plaintes d’aujourd’hui scandaliseraient les travailleurs du XIXème, incapables même de s’assurer que leur existence passerait de longtemps l’hiver suivant.

Et l’on mesure ainsi l’évolution historique de nos sociétés, mettant en perspective nos grèves et leurs motifs avec celles d’il y a environ cent ans : qu’on songe qu’on venait tout juste d’obtenir, aux États-Unis en 1886, l’interdiction du travail avant treize ans ! Il ne s’agit pourtant pas de nous culpabiliser, et bien des combats restent nécessaires jusqu’à atteindre une société incessamment peaufinée et parfaite, mais enfin : que de chemin parcouru ! Au point que même nos mots semblent avoir radicalement changé de sens : socialisme, une lubie de nos jours, un idéal un peu mièvre, et parfois une bien-pensance exaspérante ! mais autrefois : une condition d’existence, non : une condition de survie ! un besoin absolu de révolte !

Évidemment, le style de Harris est un peu plat, et ses passages réflexifs manquent d’approfondissement : les quelques tirades retranscrites de Lingg paraissent assez faibles ou trop peu nombreuses, et les sentiments de Rudolph restent simples et peut-être stéréotypés. Ce livre éloquent gagnerait à plus de fond : même l’intrigue, linéaire, n’est pas subtile et ne sait – ne veut pas – surprendre ; pas de quoi susciter de l’ennui certes, et le récit n’est tout de même pas mal écrit, mais la soif de littérature s’en trouve un peu frustrée, et l’on parcourt des faits émaillés d’un peu d’émotion sans plonger au cœur de l’humain, de l’humain complexe et poétique. Un roman facile à lire donc, quoique sans « facilités » mais aux finesses si limitées qu’on ne peut l’estimer une grande œuvre : il m’arrivait même, par moments réguliers, de regretter l’achèvement trop rapide de certaines scènes, dénotant de la part de l’auteur quelque goût du factuel chronologique au détriment de développements vraiment intimes et profonds – car Rudolph, en dépit de ses révoltes et de ses engouements, n’est pas bâti comme un individu très élaboré. C’est peut-être délibéré, et il est possible que Harris ait choisi ce mode de narration pour exposer avec plus d’objectivité (illusoire ?) une situation à laquelle une sympathie étroite eût prouvé son adhésion aux terroristes et suscité un scandale plus grand, mais cette demi-mesure, alors, est aussi une lacune dans la peinture du monde qu’il s’est proposé d’analyser, et l’on n’y entre pas précisément comme dans un édifice qu’on pourrait longuement visiter et assimiler en détails. C’est digne d’intérêt tout de même, et le courage étant ce qui de tout temps manque le plus, on doit, je crois, féliciter Harris, et s’en servir un peu d’exemple pour relater en dépit de notre couardise et de notre peu de vision contemporaines, ce qui, dans notre société, compte le plus et fait le mieux le symbole de ce que nous sommes.
Lien : http://henrywar.canalblog.com
Commenter  J’apprécie          10
La bombe

Une histoire poignante, celle des travailleurs migrants aux Etats-Unis et de leurs conditions de vie misérables dans ce Nouveau Monde peu humain. Nous sommes à la fin du XIXème siècle, et le destin de ce jeune Rudolph Schnaubelt, allemand d’origine, fraîchement débarqué à New York, va le conduire vers la lutte des travailleurs pour leurs droits. C’est le début du syndicalisme, comme partout ailleurs dans le monde. J’ignorais complètement cet épisode de l’histoire, et j’ai beaucoup appris en lisant ce livre de Frank Harris, publié en 1908 et dont la traduction française ne date que de 2015. La description de la construction du pont de Brooklyn est glaçante, avec ces jeunes, pour la plupart, obligés de passer par des caissons de compression qui les immergent au fond de l’Hudson. Le personnage de Louis Lingg, cet anarchiste que Rudolph suivra jusqu’au bout, est fascinant. En voyant sa photo sur le net, on peut voir un jeune homme qui semble sûr de lui, et il est facile de l’imaginer aller jusqu’au bout de ses convictions et de sa soif de justice sociale. Un roman fort, basé sur des faits réels, qui mériterait, sans doute, une adaptation cinématographique.
Commenter  J’apprécie          61
La bombe

Roman terrible, qui raconte les conditions de vie et de travail des travailleurs immigrés à New York, puis Chicago, dans les années 1880. La lutte s'organise, et la réponse policière est aveugle et brutale. Tout cela finira par l'attentat à la bombe qui tuera 7 policiers. En représailles, les leaders seront pendus.

Toute cette histoire est vraie, la seule fiction est le personnage du narrateur, présenté comme le lanceur de la bombe .

Le roman a été publié en 1909, mais il vient seulement d'être traduit en français !



On ne peut que se ranger du côté des anarchistes et des socialistes, mais ce qui est déstabilisant, c'est qu'on en viendrait, comme eux, à considérer que la seule façon de faire avancer les choses, c'est de provoquer la terreur en lançant la bombe. Leurs buts, leurs idéaux, sont nobles, et la figure de Lingg est quasi christique, mais que faire de cette justification de la violence la plus brutale ?

Commenter  J’apprécie          10
La bombe

1886, Chicago, les travailleurs plus particulièrement étrangers et leurs conditions de travail déplorables, les manifestations, la répression policière et certaines personnes qui veulent changer les choses, dénoncer les injustices pour arriver à un monde meilleur.



Ce roman nous plonge au sein d'un idéal certain et/ou d'un certain idéal qui va tourner au tragique.



Frank Harris sait trouver les mots justes pour décrire les différents personnages et plus spécifiquement Louis Lingg, militant anarchique qui a vraiment existé.



Je vous laisse découvrir et dévorer cet ouvrage qui va vous marquer.



Au plaisir de lire vos critiques.
Commenter  J’apprécie          230
La bombe

« Nous serons sans doute méprisés et traînés dans la boue par les hommes, du moins pendant un certain temps, parce que nous serons jugés par les riches et les puissants, et non par les pauvres et les humbles, pour lesquels nous avons fait don de nos vies. »



Ce livre, écrit en 1908, revient sur les événements de Haymarket à Chicago en 1886. Ce jour là, à la fin d’un rassemblement ouvrier alors que les forces de l’ordre font une nouvelle fois preuve de violence pour disperser la foule, une bombe explose tuant huit policiers.

Très vite un certain nombre d'arrestations vont avoir lieu dans les milieux socialistes et anarchistes. Très vite aussi un simulacre de procès condamnera à mort sept hommes dont Louis Lingg, militant charismatique des droits ouvriers.



Frank Harris, journaliste et écrivain, transforme ces faits bruts en un roman qui donne la voix à celui qui serait le véritable lanceur de bombe: Rudolph Schnaubelt. Ce jeune homme cultivé et sûr de lui vient d’arriver d’Allemagne. Prêt à conquérir l’Amérique il va très vite devoir abandonner ses rêves de journalisme pour gagner sa vie. Il découvre alors la condition des travailleurs étrangers, exploités, sous-payés. Leurs tentatives de protestation sont constamment réprimés par la police. Le sentiment d’injustice engendré conduit à la création de comité socialistes, communistes, anarchiques. C’est là qu’il rencontre Louis Lingg.



Une lecture passionnante qui ne pouvait que me plaire. Avec « la bombe » Franck Harris s’inscrit dans la littérature prolétarienne et soulève la question de la violence dans les luttes sociales et politiques. Quelle est la voie la meilleure, la révolte ou la soumission ?....

La bombe de Haymarket mit fin (pour un temps) aux violences policières contre les travailleurs. Elle contribua à l’adoption de la Charte des enfants et à la création du 1er mai.



Traduit par Anne-Sylvie Homassel
Commenter  J’apprécie          110
La bombe

Cette semaine direction le Chicago de la fin du 19ème siècle avec La Bombe de Frank Harris, écrit en 1908 et publié en 2015 par les Éditions La Dernière Goutte. Un livre historique et engagé, lauréat du Prix Mémorable.



Le livre s’ouvre sur les aveux de Rudolph Schnaubelt qui admet être l’auteur de la bombe lancée à Chicago en 1886 tuant huit policiers et en blessant soixante. Son récit est la promesse qu’il avait faite à son ami Louis Lingg, conter l’histoire de celui qui sema la terreur dans toute l’Amérique et le plus grand homme qui ait à son sens vécu. L’origine de la bombe, l’origine d’une amitié et l’origine du 1er mai.



Si La Bombe raconte l’histoire de Rudolph et de son ami Ling, ce roman nous plonge au cœur des luttes sociales et politiques. Rudolph raconte la misère qu’il a connue dès son arrivée aux États-Unis. À New-York, il traverse une longue période noire : entre le chômage et le travail dans des conditions terribles. Puis, il part à la découverte de l’ouest et de Chicago. C’est là qu’il fait la rencontre du socialiste George Engel et de l’anarchiste August Spies. Quand il rejoint la Lehr and Wehr Verein, une organisation socialiste d’autodéfense, il fait la rencontre de Louis Lingg, l’homme qui changera sa vie.



Rudolph se consacre alors aux luttes sociales et notamment à celle de la journée des huit heures. Lors de la manifestation pacifique du 1er mai, les violences policières font un mort et plusieurs blessés. Pour protester contre ces violences, un rassemblement est organisé le 4 mai à Haymarket Square. Ce jour-là, Rudolph lance la bombe meurtrière. Ce jour-là, l’Histoire est marquée.



"Les rêves d’aujourd’hui sont les réalités de demain."



Un roman écrit il y a plus de cent ans reflétant si bien l’actualité des dernières années… Bien que le roman soit fictif, les évènements décrits ont bien eu lieu. La journée internationale des travailleurs tire ses origines dans le massacre de Haymarket Square. Symbole des combats et des luttes ouvrières.



Des évènements réels, mais aussi des personnages réels comme Albert Parsons, Adolph Fischer, George Engel, August Spies, Louis Lingg, Michael Schwab, Oscar Neebe et Samuel Fielden. Les destins de ces hommes sont authentiques. Certains ont été pendus un vendredi désormais connu mondialement comme le Black Friday, d’autres ont été emprisonnés, puis graciés des années plus tard. Entre réalité et fiction, Franck Harris a su raconter une histoire avec une sincérité bouleversante.



La Bombe est une retranscription indéniable des conditions des travailleurs immigrés, des mouvements syndicaux, des luttes et des combats. Un roman coup de poing, un roman dramatique et empoignant écrit avec une plume juste et authentique. Un roman qualifié de « chef-d’œuvre » par Charlie Chaplin.
Lien : https://juliegorsky.wordpres..
Commenter  J’apprécie          30
La bombe

Un roman poignant sur la condition ouvrière des immigrants aux Etats Unis à la fin du XIXème siècle.



L'histoire relate la lutte qu'a réellement menée Rudolph Schnaubelt. Tout droit venu d'Allemagne, il arrive avec l'espoir d'une vie meilleure, comme la plupart des migrants.

Mais très vite, la réalité le rattrape et c'est la désillusion.

Injustice, exploitation, corruption : les anarchistes, avec Louis Lingg pour tête de file, mènent des actions coups de poing aux conséquences parfois tragiques.

Jusqu'au jour où une bombe est lâchée.

Si Rudolph réussit à s'échapper et à quitter les Etats-Unis, d'autres partisans sont arrêtés. Et le jugement est sans appel : pendaison.



Un livre qui rappelle que la lutte pour plus de justice sociale a coûté la vie à de nombreuses personnes.
Commenter  J’apprécie          100
La bombe

« Je m’appelle Rudolph Schnaubelt. C’est moi qui ai lancé la bombe qui tua huit policiers et en blessa soixante à Chicago, en 1886. » Par cette fracassante confession débute ce roman de Frank Harris (1856-1931).

(...)

Il réalise ici une poignante description des bas-fonds de l’Amérique et notamment de la condition des ouvriers immigrés, ainsi qu’un témoignage de première main, certes fictif mais qui semble fort documenté, sur un épisode majeur de l’histoire des luttes sociales, à l’origine du 1er mai, journée des travailleurs.



Article complet sur le blog :
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
Commenter  J’apprécie          303
La bombe

Il n'y a pas à dire, j'aime la littérature quand elle est au service de l'intelligence, quand elle n'a pas peur de raconter la violence du monde, quand elle ne tremble pas devant sa complexité, quand elle ose aborder des sujets qui fâchent les autorités. J'aime la littérature quand elle raconte les misérables, les montre et les dévoile au grand jour. J'aime quand elle écrit leur combat, leur lutte pour un peu de dignité. J'aime quand elle crache sur ces gens qui dominent et piétinent le monde et sa majorité. J'aime quand elle dénonce les travers de la société. Il y a tout, ici, dans ce roman que j'ai naturellement adoré.
Commenter  J’apprécie          40
La bombe

Très bon livre qui nous permet de plonger au coeur des Etats-Unis de la fin du 19ème siècle. On y découvre la condition des ouvriers , les mouvements syndicaux et l'injustice que connaissent les immigrés.

Commenter  J’apprécie          10
La bombe

La Bombe offre une autre visage de l'immigration aux Etats-Unis, celui du mouvement pour les droits sociaux acquis de haute lutte par des travailleurs étrangers fraichement débarqués sur le sol américain.

Rudolph Schnaubelt, Allemand éduqué et de bonne famille arrive à New-York plein d'espoir. Mais il déchante rapidement.

Dans la dèche comme Orwell, il a faim, hérite des tâches les plus difficiles comme travailler aux fondations du pont de Brooklyn au risque de mourir du mal des caissons.

Quittant New-York pour Chicago, Rudolph observe avec effroi les conditions de vie et de travail des ouvriers d'origine étrangère, nécroses du visage dans les fabriques d'allumettes à cause du phosphore, saturnisme pour ceux qui triment dans les usines de blanc de céruse…

Il écrit des articles pour informer la population, note que les Américains « de souche » se rangent du côté du patronat et stigmatisent les manifestants, pour la plupart venus d'ailleurs, s'éveille à l'amour et aussi à l'anarchisme. Il faut dire que son arrivée coïncide avec de forts mouvements sociaux. Sa rencontre avec le charismatique anarchiste allemand Louis Lingg (1864 -1887) s'avère déterminante. Las de voir les ouvriers se faire massacrer, tabasser, arrêter, les deux hommes décident de passer à l'action violente.



« Je m'appelle Rudolph Schnaubelt. C'est moi qui ai lancé la bombe qui tua huit policiers et en blessa soixante à Chicago, en 1886. »

Car lors du rassemblement du 1er mai 1886 à l'usine McCormick où 340 000 travailleurs étaient présents, la police avait chargé, fait un mort et des blessés. Lors du rassemblement pacifique de protestation qui eut lieu trois jours plus tard, alors que la foule se dispersait, une centaine de policiers chargèrent dans Haymarket Square. On lança une bombe sur eux. Sept personnes furent arrêtées, dont Louis Lingg.

Avec La Bombe, Franck Harris donne au roman social ses lettres de noblesse, fait un constat glaçant de l'état du monde ouvrier américain et des méthodes policières à la botte du pouvoir et des privilégiés, mêle fiction et vérité historique. Qui jeta réellement la bombe? Ce qui importe c'est de dire à quel point les acquis sociaux eurent un prix, et quel prix. Et ça, l'auteur Irlandais Franck Harris le fait de très belle manière. La Bombe rejoint Nous ne sommes rien, soyons tout! de Valerio Evangelisti dans mon panthéon personnel des grands romans consacrés au syndicalisme américain et aux luttes sociales.

Mais laissons le dernier mot à George Bernard Shaw , ami de Harris, qui déclara lors du Black Friday quand furent exécutés quatre des huit militants socialistes et anarchistes arrêtés après l'explosion de la bombe (cités par Howard Zinn dans son Histoire populaire des États-Unis) : « Si le monde doit absolument pendre huit de ses habitants, il serait bon qu'il s'agisse des huit juges de la Cour suprême de l'Illinois. »
Commenter  J’apprécie          7410
La bombe

Paru en 1908 aux États-unis, The Bomb reprend sous la forme romanesque le combat mené par Louis Lingg et ses camarades anarchistes contre les conditions tragiques des travailleurs, surtout lorsque ceux-ci étaient immigrés. Manifestations avortées ou sanctionnées à coups de matraque et de fusillades, tout concourait à l'attentat du 04 mai 1886. Procès bâclé, presse, magistrats et juges corrompus, Louis Lingg et ses camarades furent inévitablement condamnés à la pendaison, ce à quoi Georges Bernard Schaw écrivit : "Si le monde doit absolument pendre huit de ses habitants, il serait bon qu'il s'agisse des huit juges de la Cour suprême de l'Illinois." Il s'agit-là d'un roman coup de poing, d'une force et d'une beauté sidérantes.
Commenter  J’apprécie          240
Pertes et profits

Kansas City, dix-neuvième siècle. La soif de grandir, les self-made men, le pays de toutes les possibilités… Les villes s’agrandissent, les commerces fleurissent

Monsieur Boulger, est le patron d’un grand magasin de tissus, un des premiers à s’être installé et gère son magasin de façon pépère. Oui, mais voilà, la concurrence fait rage et les nouveaux magasins attirent le chaland parce que Boulger n’a pas su saisir le train en marche, la mode change, et les chiffres sont de plus en plus mauvais. Cela marchait bien, alors pourquoi changer. Et puis, madame a un train de vie à assumer.

Pourtant ce n’est pas faute de l’avoir prévenu, surtout le jeune David Tryon ; les chiffres qu’il donne à son patron sont mauvais, de plus en plus mauvais.

David Tryon est un self made man. Il est entré en bas de l’échelle dans le magasin pour en grimper les barreaux grâce à son travail, son assiduité, sa volonté… bref, un travailleur acharné. C’est bien simple, il est encore au boulot à dix heures du soir.

Tryon lui propose des solutions comme les soldes pour éponger le stock énorme, mais le boss ne veut rien entendre c’est qu’il a sa petite idée le bougre, une idée radicale ; incendier son magasin. Mais bon, on est le patron ou pas… Il ne va pas se salir le revers de la veste et puis, il vaut mieux qu’il ne soit pas là, des fois que, les assurances et leurs enquêtes…. Un petit peu couard le patron à moins que ce ne soit son statut qui l’empêche de se pencher sur les propositions honnêtes de Tryon.

Toujours est-il que, malgré une éducation rigide, son honnête, sa conscience, qui sait qui va s’y coller ?... Tryon bien sûr. Comment l’appâte-t-il ? En lui faisant miroiter un mariage avec sa fille dont il connait l’inclinaison pour David et vice-versa, une position sociale, un intéressement. Il sait y faire le patron, se disant que tout peut changer…

Sérieux et besogneux, Tryon choisit son temps et son heure sans en parler à personne, même pas à sa mère. Tout est prévu, le feu prend, Tryon est au café devant une bière et là, le hic, l’imprévu, le non-envisagé se produit. Le grain de sable noir qui fera de Tryon un héros, mais il faudra qu’il vive toute le restant de sa vie avec ça, sans jamais pouvoir en parler. Une punition non pas divine, mais terrible.

Frank Harris, tout au long de ce court roman ou nouvelle, manie l’ironie avec classe et délectation pour mon plus grand plaisir. Pas ou plutôt, plus de morale. Le patron est dédommagé par les compagnies d’assurances, l’employé » paiera toute sa vie durant. Le gros mange le petit, le petit subit, même s’il épouse la fille. Il passera sa vie en compagnie de ce beau-père qui a barre sur lui car, après tout, il n’y a rien d’écrit, la demande de foutre le feu est orale, rien, Tryon est doublement prisonnier. Voilà la morale de l’histoire : le gros mange toujours le petit.

La fin du livre « Un héros ? Si tous les héros avaient été comme… » est cynique, au lecteur de continuer… Ou pas.

Un petit livre qui se lit d’une traite, court, mais qui en dit long.

Belle découverte chez « La dernière goutte »


Lien : http://zazymut.over-blog.com..
Commenter  J’apprécie          80




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Frank Harris (142)Voir plus

Quiz Voir plus

Un secret de Philippe Grimbert

Comment s'appelle le narrateur ?

On ne sait pas
Maxime
Simon
Joseph

17 questions
1044 lecteurs ont répondu
Thème : Un secret de Philippe GrimbertCréer un quiz sur cet auteur

{* *}