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Critiques de Frans de Waal (75)
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Bonobos : Le bonheur d'être singe

Dans ce livre, initialement paru sous le titre : "Bonobo, the forgotten ape" (1997) le primatologue et ethologue Fran de Wall, décrit en détail, les moeurs de ces primates.



De Wall insiste sur l'organisation sociale des groupes de bonobos, mettant en avant des comportements typiques de ces primates, qui les différencient de leurs proches cousins les chimpanzés.

Sans jamais tomber dans le -grossier- piège de l'anthropomorphisme, l'auteur met en parallèlle, la société des bononobos et des attitudes humaines.



Rappelons que génétiquement, les singes de la famille des hominidés (chimpanzés, bonobos, gorilles) sont très proches de l'être humain, avec de 97 à 99 % de gènes communs suivant les espèces.



Les bonobos, vivent dans le centre du continent africain, ils sont une espèce menacée, faisant toutefois l'objet de mesures de protection spécifiques.



Le livre de de Wall, est très accessible, quoique assez pointu, les nombreuses photos, de l'auteur lui-même et du photographe Frans Lanting sont un plus très appréciable qui font de "Bonobos, le bonheur d'être singe' un beau livre que l'on a plaisir à feuilleter.
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De la réconciliation chez les primates

C'est vrai, Frans de Waal n'est probablement pas le plus grand vulgarisateur de tous les temps, mais c'est une réelle pointure dans son domaine. Il n'est rien moins que le découvreur d'une tendance comportementale qu'on imaginait naïvement être l'apanage de l'homme : la tendance à la réconciliation.



D'abord constatée chez nos plus proches apparentés, les chimpanzés communs (Pan troglodytes) au zoo d'Arnhem où il a travaillé dans les années 1970, l'auteur a ensuite étendu cette observation à des espèces plus distantes de la nôtre, notamment des macaques (Macaca mulatta, Macaca arctoides).



Depuis, nombre de chercheurs ont prolongé ce travail jusqu'à des espèces toujours plus distantes de nous (N. B. : je signale qu'un chercheur français, Bernard Thierry, s'est particulièrement illustré dans ce registre en couplant ce travail à celui du structuralisme et de la covariation des variables comportementales, comme l'avait montré pour l'humain Claude Lévi-Strauss).



À l'issue de cet exposé clair et efficace, Frans de Waal nous invite à considérer cette tendance (retourner voir l'individu avec lequel nous avons eu maille à partir dans le but d'apaiser nos relations à venir) de l'humain comme la forme suprême d'une tendance déjà nettement assise chez les primates sociaux qui ont intérêt à conserver un bon niveau de qualité dans leurs relations sociales.



Néanmoins, si j'avais un livre de Frans de Waal à vous conseiller, ce serait probablement son tout premier, intitulé La Politique Du Chimpanzé, qui, lui, est vraiment captivant. En fait il y a, à mon sens, une corrélation négative entre le niveau de notoriété acquise par l'auteur et l'intérêt des livres qu'il a produit au cours du temps (les derniers étant franchement de bas aloi). Mais tout ceci, bien sûr, n'est que mon avis de primate, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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De la réconciliation chez les primates

Cet essai de Frans de Waal répond à celui de Konrad Lorenz, « L'agression ». Alors que ce dernier développait les mécanismes et les raisons possibles de l'agressivité chez différentes espèces, l'auteur expose dans cet essai la manière dont certains primates se réconcilient après les conflits, dans le but de coopérer le plus rapidement possible après : le contact physique et l'épouillage, la collaboration contre une cible commune, un entremetteur qui force deux adversaires à se rencontrer, … Dans le dernier chapitre, de Waal étudie un dernier primate, l'humain, et dresse quelques parallèles avec ce qu'il a présenté auparavant (tout en déplorant le manque d'études sérieuses sur la réconciliation entre êtres humains).



L'éthologie semble un domaine hautement controversé, dans la mesure où chaque théorie sera tôt ou tard accusée d'anthropomorphisme, ou au contraire de faire de l'Homme une espèce à part en lui niant ses racines animales. L'auteur met tout de même en garde contre toute généralisation : l'organisation sociale des primates diffèrent tellement selon les espèces que l'on peut justifier comme « naturelles » toutes les organisations politiques, de l'anarchisme à l'état totalitaire.



L'essai est très accessible, et écrit par quelqu'un qui est visiblement passionné par son sujet. On apprend que certains comportements ne sont pas typiquement humain comme on pourrait le penser, mais partagé par plusieurs autres espèces. Et malgré les mises en garde, il est difficile de résister à la tentation de reconnaître certains proches dans les situations que l'auteur nous décrit.
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De la réconciliation chez les primates

Il est rare de pouvoir lire un livre aussi claire en primatologie.

Malheureusement la discipline est assez verbeuse. Ici De Waal est capable de montrer les interactions entre primates en faisant de l'act de reconciliation un acte social pour la communauté.

Asse brillant et facile d'accès !
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C’est un récit extrêmement riche et complet sur l’égalité des genres que je vous propose de découvrir aujourd’hui. La « domination » d’un genre sur l’autre est-il réel ? Sur quoi est-il fondé ?



Les humains sont-ils nécessairement semblables aux primates ? A travers de multiples comparaisons, l’auteur, primatologue de renommée mondiale, fragilise nos croyances à travers un discours qui nous convainc et qui nous bouscule dans nos convictions.



Chez les primates, la domination des mâles sur les différents plans sociaux et familiaux n’est pas aussi nette que l’on peut imaginer. C’est même souvent le contraire ! Le statut des femelles primates ne s’exerce pas de manière physique, mais bien dans le domaine social.



Comparer les humains et les primates est d’une certaine logique, nous partageons près de 96% de nos gènes avec les grands singes. Bien entendu, nous similarités trouvent certaines limitent, mais parfois, il arrive que la vie sociale des grands singes et notamment sur le statut respectif des mâles et des femelles dans leur vie sociale, pourrait parfois être source d’inspiration pour nos propres sociétés.



Mais au final, le genre est-il simplement une question de biologie ?



J’ai parfois été assez épaté de nos ressemblances avec les grands singes. Comme tout le monde, je savais que nous étions proches de part nos ancêtres communs, mais j’ignorais toutes ces questions de genre et de vie sociale. C’est un pan qui m’échappait totalement et j’ai appris beaucoup de choses à ce sujet.



Mon avis : un livre que j’ai parcouru avec intérêt. Il est très complet, très instructif, il remet en cause certaines de nos pensées. L’auteur n’hésite pas à ponctuer son récit de petites pointes d’humour, rendant la lecture plus facile face à ce sujet malgré tout complexe. Petit point négatif, j’ai trouvé quelque fois le discours redondant. Après la lecture de ce livre, vous ne regarderez plus les grands singes de la même façon !
Lien : https://leslecturesdeleon.bl..
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Enthousiasmé par le récit et les connaissances qu’il m’a apporté… Une mise à jour de celles-ci salutaires et bien venues par les temps qui courent. J’étais agacé par ce terme employé tous les jours dans les articles que je lis , le genre ou « genré », terme qui n’est toujours pas dans le dictionnaire Larousse (Année 2000) et je suis heureux de faire le point sur cette question en compagnie de cet homme, biologiste de formation et qui a étudié toute sa vie le comportement des primates en faisant le parallèle entre eux et nous, espèce humaine.

Content d’avoir mis à jour mes connaissances car j’en étais resté à la conférence donnée par Henri Laborit en 1973 à Luçon sur cette question, puis au film qui avait plus au moins réussi à mettre en image les comportements entre hommes et femmes « Mon oncle d’Amérique » d’Alain Resnais.

Venant du plus lointain de ma mémoire, j’avais toujours à l’esprit que nous ne différions pas tant que ça des animaux quant à certaines attitudes quotidiennes . Mais c'est lorsqu’une naissance arrive dans notre foyer ou famille que l'on sent le plus, notre origine immémoriale animale. C’est toujours un émerveillement pour le père. J’ai toujours admiré une femme portant fièrement son bébé dans son ventre. Et surtout ce qui est formidable, c’est le sourire, la joie que l’on peut lire sur le visage de la primipare. Nous rappeler que nous sommes des mammifères, proches des grands singes fait du bien, et permet de relativiser nos propres préoccupations matérielles concernant la vie en société par exemple.

J’ai bien aimé aussi son analyse sur la philosophie occidentale, née de Platon et poursuivie par les théologiens chrétiens qui place l’esprit de l’homme au dessus des contingences de nos corps. Mais un corps qui a faim n’est pas en capacité de penser ni de réfléchir : ça, c’est moi qui le dis (une reprise d'une expression entendue quand je m’initiais au Marxisme léninisme) . De Waal dit mieux:

« L'esprit a quelque chose de divin; le corps beaucoup moins. Ce dualisme est en fait essentiellement masculin. Il se préoccupe moins de l'esprit humain en général que de l'esprit masculin en particulier. Ce sont toujours les hommes qui ont essayé de se persuader que leur intellect planait bien au-dessus de la biologie. Il faut dire que c'est une position plus facile à tenir quand on corps n'est pas assujetti à des cycles hormonaux.. »

C’est donc un livre à découvrir de toute urgence pour qui se préoccupe de la place des femmes dans la société et dans la famille, en tenant compte des études et des recherches menées par de tels universitautesi qui savent mettre leurs connaissances au service de tous. Langage abordable, exemples bien sentis, remise à leurs places de certains hommes célèbres, humour, quelques mots bien timides pour décrire la tonalité de ce livre.







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Un primatologue reconnu qui se pose des questions sur le genre et qui nous pose des questions sur le genre. il fait un pas de côté et va voir dans sa spécialité ce qu'il en est. cela nous emmène vers des réponses ouvertes et intéressante comme quoi chez les primates tout n'est pas noir ou blanc dans le genre.en savoir plus écouter mon podcast
Lien : https://unlivrequejaime.lepo..
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Voilà un débat qui agite nos sociétés : les différences entre les hommes et les femmes sont-elles un résultat biologique ou le fruit de nos cultures, des attentes de nos sociétés qui attribuent à chacun en fonction de son genre, une série d’à priori ? 



Question tout à fait passionnante à laquelle le primatologue Frans de Waal apporte une réponse en analysant et comparant nos certitudes aux comportements de nos plus proches cousins : les grands singes. 



Les garçons sont-ils naturellement attirés par les armes et les filles par les poupées ? L’instinct maternel est-il inné chez les femmes ? Les dominants sont-ils tous des hommes ? Et qu’en est-il de l’homosexualité, est-elle typiquement humaine ? 



Autant de questions pour autant de chapitres, traitant de l’éducation des enfants, des jeux de pouvoir, sans oublier de sexualité. 



Les réponses apportées par l’auteur sont à chaque fois, pertinentes, argumentées et nuancées.



Frans de Waal nous montre qu’on ne peut écarter la biologie ou la culture mais qu’il s’agit de trouver un équilibre entre les deux.



Ce livre est absolument passionnant, écrit avec une grande clarté. Le propos est érudit, nourri par une impressionnante bibliographie et une grande expérience personnelle de l’auteur. Et cerise sur le gâteau, l’auteur est doté d’un bon sens de l’humour.



Comme vous l’aurez compris, je vous recommande ce livre passionnant.
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Un primatologue est un scientifique qui étudie les Primates, c'est à dire des mammifères comme les singes, les lémuriens et ... les êtres humains ; Frans de Waal est aussi éthologue, il explore et analyse les comportements de ces espèces.

Scientifique universellement reconnu, l'auteur de "La dernière étreinte" affectionne particulièrement les parallèles entre les comportements des singes et ceux des humains ; dans ce livre à nouveau passionnant, il rapporte tout ce qui dans la vie des grands singes - les plus proches des humains, ceux qui n'ont pas de queue, Chimpanzés, Bonobos et Gorilles - peut être comparé à nos propres comportements, dans l'objectif d'éclairer en particulier la notion de genre.



Partant du constat que "les femmes sont toujours la dernière roue du carrosse, dans notre société comme dans la majorité des autres" (p 13), l'auteur revient sur une vision stéréotypée des primates (les mâles "possèderaient" les femelles) qui accréditerait l'idée d'une inégalité hommes - femmes ; en développant en treize chapitres ces thèmes de sexe et de genre (le mot genre est réservé aux humains) et, en traversant les sujets des liens et de la rivalité, de la dominance, de l'agressivité, mais aussi de la réconciliation et du partage, il présente un tableau très fouillé des relations dans les sociétés de singes et d'humains.

Il s'appuie essentiellement sur deux exemples de sociétés de grands singes, qui ont été abondamment étudiées : "Les sociétés de chimpanzés sont des sociétés agressives, territoriales et dirigées par les mâles. Les bonobos sont pacifiques, ils aiment le sexe et sont dominés par les femelles" (p 20) ; deux espèces proches des humains, mais aux fonctionnements opposés, voilà qui permettra des discussions constructives.



À la question, que pouvons-nous apprendre sur nous-même en nous comparant à d'autres primates ? F. de Waal cherche à répondre en interrogeant la notion de jouet (poupée, voiture), d'apprentissage par imitation de la mère ou du père, de la sororité, de la violence, de la position alpha... Il revient régulièrement sur le fait qu'il ne faut surtout pas sous-estimer la biologie ni l'évolution.

Dans ces différentes sociétés de primates, il y a de nombreux points communs dont celui-ci : si ce sont presque toujours les femelles qui s'occupent des tout-petits, les mâles en sont pourtant parfaitement capables puisqu'ils le font pour les petits orphelins de mère...



D'une grande rigueur scientifique, mais plein d'humour, cet ouvrage apporte de nombreuses réponses à des questions que nous sommes nombreux à nous poser : quelle différence entre genre et sexe biologique ? Quelle origine pour le genre : innée - biologique, ou construction culturelle ? Y-a-t'il la même diversité de genres chez les primates que chez les humains ?



Une lecture indispensable pour mieux comprendre qui nous sommes et nos étonnantes similitudes avec nos plus proches parents vivants.



Quelques extraits :



p 29 : "On observe deux types de réaction chez les grands singes à qui l'on donne une poupée. si c'est un jeune mâle, il arrive qu'il la déchiquète - essentiellement par curiosité, pour voir ce qu'elle contient... Si c'est une femelle, en revanche, elle l'adopte très facilement et la traite avec douceur. elle en prend soin."



p 37 : " En Guinée, une chimpanzée de 8 ans (prépubère) accompagnait sa mère partout dans la jungle. Un jour, alors que la mère tenait dans ses bras son bébé gravement malade, le primatologue japonais Tetsuro Matsuzawa a eu la surprise de la voir, l'air inquiet, tendre le bras pour toucher le front du nourrisson comme si elle prenait sa température".



p 103 : " J'ai beaucoup appris en observant les jeux de pouvoir entre collègues : les stratégies de division et de domination, les cliques, les hochements de tête silencieux si quelqu'un critiquait un rival en réunion, les renversements purs et simples. Je me souviens d'un professeur âgé qui se comportait comme "un dos argenté" de notre département mais qui un jour, en réunion, a été attaqué par une coalition de jeunes professeurs qu'il considérait comme ses protégés. Ils avaient dû ourdir leur complot de longue date, car le coup est parti sans prévenir. Après le vote qui signa sa défaite, je n'ai plus jamais entendu sa voix tonitruante. Il errait dans les couloirs comme un zombie. Un an plus tard à peine, il a pris sa retraite. J'avais déjà observé ce phénomène, mais seulement chez les grands singes."
Lien : https://les2bouquineuses.can..
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L'âge de l'empathie : Leçons de nature pour une..

Ouvrage de vulgarisation très accessible sur la notion d’empathie au sein du règne animal et un peu chez l’humain. Depuis sa publication la partie sur l’attractivité des sciences économiques et l’absence de Nobel féminin a évolué (voir Esther Duflo - repenser la pauvreté)

Plus de 70 pages de notes et de bibliographie pour approfondir les notions abordées.
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L'âge de l'empathie : Leçons de nature pour une..

Un essais très intéressant sur la coopération innée au sein et entre les espèces, qui souffre toutefois d'un manque total de rigueur scientifique dans sa rédaction.

Aucune des nombreuses expériences dont l'auteur se sert pour soutenir ses convictions n'est référencée précisément dans le texte. Je n'apprécie guère ce genre de liberté qui ouvre grand la porte à la subjectivité : les progrès scientifiques viennent de la confrontation permanente de diverses analyses ; un spécialiste du sujet doit pouvoir se reporter aux études citées quand les allégations de l'auteur suscitent un questionnement (au lieux de devoir chercher ses réponses en fin d'ouvrage, dans une bibliographie touffue et inutilisable).
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L'âge de l'empathie : Leçons de nature pour une..

L'ouvrage de Frans de Waal, L'Âge de l'empathie constitue un réel apport dans l'étude des sociétés animales. Primatologue néerlandais émigré aux États-Unis, ce qui l'autorise à porter un regard critique à la fois sur le modèle libéral américain et sur le modèle socialiste européen, Frans de Waal cherche à découvrir les origines de l'altruisme dans le règne vivant. En tant que primatologue, son étude porte principalement sur les grands singes, en particulier les bonobos et les chimpanzés. Il pourrait s'agir d'un manque pour le projet consistant à mieux comprendre l'organisation de la vie sociale animale en général, étant donné la grande diversité des sociétés animales en pratique. Une étude comparée des sociétés animales semble être la démarche la plus intéressante pour ce projet. Toutefois son propos n'est pas tant la compréhension des sociétés animales que la recherche d'une empathie, d'un altruisme, d'une conscience originelle et profonde de l'autre chez l'animal, cette découverte pouvant ensuite être transposée à l'être humain. Le souci de l'auteur est de combattre le dogme évolutionniste faisant de l'homme « un loup pour l'homme » selon le mot de Hobbes largement galvaudé par la suite. Et plus globalement, c'est la thèse de l'homme comme Homo oeconomicus, essentiellement rationnel et donc égoïste, que ce livre entend contester. En conséquence de quoi l'objet de ce livre est moins l'animal en soi que l'homme, et davantage la promotion pour l'homme d'une société solidaire qu'une analyse scientifique des sociétés animales.

Toutefois, comme on l'a dit, ce livre autorise une lecture des sociétés animales en tant que telles. Et dans la vision du cours de ce semestre, une autre lecture est également possible. En effet, il nous a semblé tout à fait légitime de proposer la lecture selon laquelle ce livre procède à une union féconde entre le domaine des sciences sociales et celui des sciences naturelles. Nous nous poserons donc la question de savoir si l'on peut raisonnablement marier ces deux champs d'étude. Si oui, il faudra alors noter quelles en sont les implications tant conceptuelles que pratiques. Mais c'est loin d'être évident, dans le sens où les sciences sociales sont avant tout tournées vers l'homme. L'objet de la sociologie, de l'histoire, de l'ethnologie ou encore de l'économie est radicalement humain : ces disciplines se sont fondées sur l'étude de l'homme et de ses comportements sous différents registres. Proposer cette lecture du livre de Frans de Waal nous obligera donc à être prudent.

D'une manière générale on peut dire que la thématique consistant à étudier le rapport entre sciences sociales et sciences naturelles est actuellement débattue -depuis peu de temps- chez les éthologues. Ces derniers travaillent au carrefour de différentes disciplines, entendu que l'éthologie est moins une science qu'un champ de recherche à l'intérieur duquel plusieurs approches sont permises. L'éthologue est de fait autant concerné par la psychologie que par la phénoménologie, par la biologie que par la neurologie, ou encore par l'écologie que par la sociologie. Les éthologues ont donc été parmi les premiers à promouvoir un rapprochement entre sciences naturelles et sciences sociales . Mais qu'est-ce que signifie ce rapprochement ? Ceux qui en font le projet souhaiteraient débusquer des formes primitives d'organisations sociales présentes à différents degrés dans le règne animal, afin de vérifier certaines positions anthropologiques parfois trop anthropocentrées. Il s'agirait en somme d'intégrer l'animal aux sciences sociales et humaines, afin d'améliorer les connaissances que l'on se fait de l'homme, mais également de donner crédit à une grande quantité d'études sur l'animal, à commencer par l'étude des sociétés animales. Lorsque Levi-Strauss parle d'universalité de la prohibition de l'inceste, il serait pertinent d'en étudier ses rapports chez d'autres espèces. Non pas pour contester la justesse de cette idée sur les sociétés humaines, mais dans le but d'en renforcer ses implications pour le règne vivant. C'est précisément ce que font certains chercheurs, comme Bernard Chapais actuellement .

De plus, et c'est à notre sens l'apport le plus intéressant de ce rapprochement, combiner une approche « naturalisante » à une perspective « socialisante » du vivant autoriserait de brouiller, voire de refuser la frontière dressée entre nature et culture. C'est dans cette démarche, nous semble-t-il, que l'on peut appréhender L'Âge de l'empathie. L'étude des sociétés animales, et plus précisément la compréhension des rapports sociaux intra et inter-espèces permet de révéler la façon dont la solidarité peut venir à naître au sein d'une société animale. Or cette étude semble pertinente pour l'étude de l'homme. On pourra ainsi noter comment la solidarité en vient à naître et savoir quelle peut être sa fonction, du moins son intérêt . Quel est l'origine du lien social ? Ici, le dialogue entre sociologie et éthologie paraît convainquant. De là, une question proprement sociologique pourra être soulevée : le travail, comme premier objet d'étude des sciences sociales, a-t-il sa place dans le monde animal ? C'est loin d'être certain, puisque pour beaucoup d'anthropologues le travail est justement ce qui nous différencie de l'animal, traçant une frontière entre monde naturel et productions culturelles. Cependant, si l'on parvient à découvrir des formes de travail dans le règne animal, alors nous devrons chercher à comprendre comment il s'opère. Pour être plus précis, nous devrons nous demander s'il y a des preuves de division du travail chez les animaux, et comment celle-ci se réalise. De là il conviendra d'interroger la légitimité de notre propre organisation du travail, et plus largement de nos structures sociales.
Lien : http://laphilosophie.over-bl..
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L'âge de l'empathie : Leçons de nature pour une..

Ce livre m'a beaucoup plus, il est réellement humaniste. Humaniste car il redore le blason de l'homme. Certes pas un saint mais surement pas l'individualiste égoïste que le système capitaliste ultra-libéral voudrait nous faire croire qu'il est.

J'ai oublié : je mets 5 étoiles évidemment.
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Un superbe ouvrage de vulgarisation qui met à la portée de tous les dernières découvertes des primatologues, ethologues, psychologues, anthropologues sur l'empathie, cette disposition dont tous les mammifères disposent et font usage quotidiennement dans leurs relations sociales avec leur communauté mais aussi avec d'autres animaux d'espèces différentes. Voilà de quoi réviser nos points de vue sur le monde animal qui se montre très proches de nous et qui peut nous donner de bonnes leçons de "savoir vivre", à nous les humains qui nous nous sommes détachés de cette "essence naturelle". Dans ce livre ce sont les dauphins, éléphants, chimpanzés, bonobos qui nous interpellent !

Le ton de l'auteur, Frans de Waal, célèbre primatologue, est léger, plein d'humour et surtout mesuré, comme doit être celui de tout scientifique qui sait que ses connaissances ont leurs limites. Bref, chapeau bas !
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Il est de ces livres qui redonne un peu de moral et de moralité dans ce monde de … L’auteur, fort de décennies d’observations chez nos cousins et d’expériences chez nos congénères nous décrit des dizaines d’expériences menées avec des protocoles rigoureux (pas de ces baratins des sociologues médiatiques abonnées aux chaines du service de propagande) nous montrent que l’empathie ne se résume pas au monde des bisounours et autres contes pour enfants, sages ou pas. La collaboration, le soutien à ses amis et camarades, l’empathie pour faire court, semblent assez répandus. La sélection naturelle a favorisé ces comportements altruistes et/ou intéressés, peu importe finalement. Comme dit la pub, un peu de douceur dans un monde de brutes… Puisse-t-il avoir raison !
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Je suis une fan inconditionnelle de Frans de Waal. Cette œuvre est éclairante, c'est probablement ma préférée!
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Une piste bibliographique...
Lien : http://laclefdefa.wordpress...
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Nous employons souvent les mots, nous les employons mais en connaissons-nous vraiment la définition? Empathie: SOS lancé actuellement sur toutes les ondes, mais empathie : capacité à connaître ce que ressent l'autre. Fraternité = rappel à notre nature sociable et socialisante.

Le livre de Frans de Waal s'appuie sur l'étude du comportement des primates et d'autres espèces du règne animal, donc également de l'homme. Très accessible, nourri par une longue expérimentation scientifique, cet ouvrage nous permet de mieux nous connaître et ainsi mieux connaître l'autre. L'empathie est une capacité, pas forcément une vertu. Une capacité que nous avons presque tous en nous ( 98 %). Elle est indispensable pour rendre nos sociétés acceptables et donc vivables.

Un grand moment de lecture. Et je vais faire preuve d'empathie avancée : je pointe ce livre du doigt, parce que je sais que comme moi vous en aurez un jour besoin.

Amis grands singes, bonne lecture !!!



Astrid SHRIQUI GARAIN
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L'âge de l'empathie : Leçons de nature pour une..

Je suis tombé littéralement amoureux de ce livre ! L'auteur nous démontre à quel point l'empathie est une donnée majeure pour la vie, l'amour, le lien... C'est un livre de science rédigé par un grand scientifique, mais pour moi c'est plus que cela, de cet ouvrage émane quelque chose d'incomparable, de puissant. La force de l'attachement et l'importance de consolider nos liens affectifs, notre compréhension mutuelle. Sans oublier nos cousins primates qui sont tellement proches de notre sensibilité... Pas de suffisance théorique, pas de jugement, juste un homme, un scientifique qui exprime quelque chose de subtil et tendre : la chaleur n'est pas qu'humaine.
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La dernière étreinte



Un moment déjà que Frans de Waal, éthologue engagé et passionné (je suis une groupie ) fout sa zone dans les salles de conférence. Son intuition de départ : la similitude des comportements des animaux sociaux (DONT l’homme). Il y a tout un panel d’émotions communes, de processus cognitifs identiques, liés au fait d’être un animal social et auxquels on peut ramener la plupart des comportements (animaux et humains).



Révolution copernicienne : non, tout ne tourne pas autour de l’Homme, nous ne sommes pas l’aune à laquelle mesurer tout le reste du vivant de manière condescendante ; non, nos émotions ne sont pas forcément plus nobles, plus raffinées que celles des animaux ; nous sommes dans la pleine continuité des milliards d’êtres vivants qui nous ont précédés. Même si bien sûr, nous avons une spécificité concernant la technologie, c’est évident.



Pour lui, l’anthropomorphisme n’est pas à craindre car c’est notre propre comportement qui se glisse sans défaut dans les grilles d’interprétation valables pour une grande partie des mammifères sociaux. Il fait apparaître à travers toutes ses observations une sorte de sociomorphisme, identité profonde des structures mentales des êtres dont la survie dépend d’un groupe.

Les notions majuscules grandiloquentes qui sont censées être notre chasse gardée (la Justice, le Pardon, la Bonté, ainsi de suite) nous préexistaient de millions d’années, sous une forme moins ampoulée certes, mais elles sont dérivables du lien social. On peut donc de ce point de vue faire l’économie de la religion (ou de tout autre Destin, Prédestination Merveilleuse, etc), pour expliquer nos valeurs les plus conceptuelles ; elles sont tout simplement inhérentes à toute communauté animale viable, et observables quotidiennement chez les animaux.



Oui, les animaux ont des émotions et des codes de conduite, et il suffit d’ouvrir les yeux pour le constater. Autre mur que de Waal nous permet enfin de franchir, venant à bout du déni obstiné de nombreux scientifiques. Si on est suffisamment de mauvaise foi pour refuser d’être ému par les gestes de tendresse entre chimpanzés, on ne peut plus nier l’apport des neurosciences qui mesurent par exemple les taux d’ocytocine, l’hormone de l’attachement, répandue aussi abondamment chez les animaux que chez nous.

Sans parler du rire (chatouilles, même les rats pouffent, oui), du sens de l’humour (une jeune chimpanzé attendait que les membres du groupe s’endorment pour leur déposer une souris crevée, ce qui avait toujours son petit effet).Doit-on continuer à utiliser des termes ridicules comme « halètement vocalisé » au lieu de « rire », pour un chimpanzé qu’on chatouille ?



Son livre regorge d’une multitude d’exemples concrets, fascinants pour nous qui sommes si éloignés de ces observations, coupés au point d’avoir créé un fossé factice entre nous et les autres animaux, nous persuadant d’être les Elus, les Sublimes.



Par exemple, la justice. Chez les singes capucins (ou les chiens), quand, pour une même action, on récompense inéquitablement l’un des deux, l’autre arrête immédiatement de travailler, se met en colère ou se renfrogne. L’occasion de mentionner la distinction que de Waal fait entre les sentiments (monde du langage)et les émotions, ces dernières étant visibles physiquement, à même le corps, répertoriables et quantifiables. La notion de justice et d’équité ne nous est pas propre, et cela va même plus loin : un singe préfère une récompense où les 2 vont être gratifiés plutôt que de recevoir le double à lui tout seul. Pourquoi ? probablement parce qu’il sait qu’ il risque de couper des liens cruciaux et aussi que ça va chauffer pour lui dans le groupe s’il est avantagé, il choisit donc l’option « sécurité sociale, cohésion du groupe, no stress ».



La honte, la culpabilité, peuvent se déduire de cette même façon : ayant mordu de Waal accidentellement, son chien reste prostré plusieurs jours sans manger. Probablement parce qu’il avait enfreint LE tabou : ne pas mordre un allié. Les conséquences redoutées étant son rejet du groupe et la rupture du lien.



De cette notion d’appartenance fondamentale découle aussi la réconciliation : beaucoup d’énergie est dépensée dans ce but, des rituels abondent, des individus-relais sont dévolus à cette fonction cruciale de médiation pour recimenter le groupe.



Notion inhabituelle que de Waal nous livre aussi : les animaux choisissent. Ils hésitent, essaient, comparent, vérifient, anticipent, avant de choisir une option.



Conscience très fine et complexe des relations sociales, manipulations politiques, feintes en tous genres, actions d’empathie désintéressées (un rat libère un congénère coincé, sans aucun bénéfice pour lui-même), dépression après un deuil , tout cela est monnaie courante à travers des exemples transparents.



Frans de Waal propose donc une inversion de nos façons de penser : que l’homme cesse de se vivre comme La Mission, se prenne un peu moins le melon, car il existe beaucoup plus de similitudes que de différences entre l’homme et les autres animaux. Le fait de s’être pris pour une abstraction, une entité à part, méritant un traitement de faveur,[ce à quoi les religions contribuent grandement] ce schéma sclérosé doit être changé, il est temps.

Grâce à des gens comme Frans de Waal, on voit carrément le monde autrement. Merci à eux.

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