Citations de Frédéric Dard (2228)
Plus que jamais, j'informe mon immense public que les personnages mis en cause dans les pages suivantes sont fictifs. Qu'on se le dise !
S.-A.
Elle, sa spécialité, c'est la sauce ! Pour ça, elle est douée, y a pas ! Cette vocation lui est venue alors qu'elle était toute petite et qu'elle apprenait le piano... Le tabouret étant trop bas, on l'a fait asseoir sur le Larousse culinaire. Tiraillée entre le Mozart ouvert devant ses yeux et le Brillat-Savarin fermé sous ses fesses, elle avait - parant la difficulté - fini par céder au second.
- A te voir, Béru, je murmure, on aurait tendance à te prendre pour une portion de choucroute : mais à t'entendre, on croirait presque que la choucroute est capable de penser...
ATTENTION
La persécution étant une maladie au moins aussi répandue que le rhume des foins ou la blennorragie, des dégourdis croient se reconnaître dans mes bouquins et portent le pet.
J'insiste énergiquement sur le fait que mes personnages sont fictifs. Toute ressemblance avec des tordus existants ou ayant existé ne serait, comme dit l'autre, qu'une coïncidence.
S.-A.
Pinaud, c'est la vieille cloche, la baderne intégrale, au point que je conseille tous les matins au musée de l'Homme de lui acheter son corps afin de l'exposer comme prototype du Français-moyen-ravagé-par-le-gâtisme-précoce ! Pourtant il a un don : celui de la recherche. Ce gnard, c'est SVP à prix de faveur !
Un silence sucré s'établit entre nous, coupé - si peu - par la voix de Mme Loulou Gasté qui bêle quelque part dans l'immeuble en demandant aux échos combien vaut un certain petit chien qui se fait tartir dans une vitrine.
Il sursaute et laisse tomber son mégot dans sa braguette. Il le biche avant l'incendie qui priverait Mme Georgel des maigres avantages de son époux.
La raison me dit qu'un homme enterré ne peut pas se vadrouiller, ou alors, c'est qu'il a des dispositions de fantôme, auquel cas le syndicat d'initiative d'Edimburg, Ecosse, ne manquerait pas de s'assurer son concours pour hanter les châteaux historiques du patelin.
Je frappe à la vitre. Une grosse bonne femme qui ressemble à Fréhel lève son mufle de sur un bol de vin sucré.
-C'qu' v'lez ? questionne-t-elle.
Après quoi elle reprend sa respiration. Il est probable que cette brève question constituera l'exercice physique de sa journée.
Mon rêve serait de l'entendre dire merde ; même en anglais ce serait marrant et ça ferait plaisir à l'esprit de Cambronne s'il rôdaille dans le secteur ...
A deux pas de moi, j'aperçois le tueur dont je vous ai parlé.
C'est un épouvantail de deux mètres de haut qui passe aussi inaperçu qu'une auto de pompier dans la vitrine d'un marchand de couronnes mortuaires.
- C'est toi, flic à la noix ? fait-il.
- Non, je dis, ici San-Antonio ...
- Ne nous lançons pas dans le jeu des synonymes, monsieur le commissaire de mes deux !
- Il s'appelle Maubourg...
- Comme Latour ?
- Quelle tour ?
- Latour-Maubourg ...
J'aime mieux vous dire tout de suite que si le fantôme de Napoléon venait s'asseoir sur mes genoux en jouant de l'harmonica je serais moins surpris que par cette intervention.
La statue dont il est question ici est purement fictive. Toute ressemblance avec des statues existantes serait fortuite. Les éditeurs
Si un jour votre grand-mère vous demande le nom du type le plus malin de la Terre, dites-lui sans hésiter une paire de minutes que le gars en question s’appelle San Antonio.
Que je te plante le décor…
Facile : un troquet de Paname, un soir à la chandelle.
La banlieue triste comme dans une chanson de la môme Piaf. Le taulier, beurré comme toute la Normandie, est allé se zoner. Berthier, sur le coup de huit plombes, il flanche. C'est l'heure que sa tronche, elle a triplé de volume. Sa cervelle ressemble à un édredon crevé dont les plumes sèment à tout-va dans des courants d'air laroussiens. Il déclare forfait, le vioque, car il a atteint ses limites. Ça lui prend d'un seul coup, derrière le vieux rade en vrai zinc. Son teint se couvre. Il se met à crépusculer de la trogne.
Pousse deux ou trois hoquets.
Y'a du brouillard dans son regard de vieux bourrin fatigué. Il le promène vaille que vaille, sur la salle mélancolique, aux tables cirées par les coudes de plusieurs générations d'ivrognes. Puis d'un geste automatique, il rafle la comptée du jour dans le tiroir-caisse, n'abandonnant que la morniflette. D'un pas funambulesque il gagne l'escadrin menant à sa chambre après avoir clamé d'une voix pyrénéenne : «Je mets en touche» !
Le jour meurt sous la pluie, un jour triste comme tous ceux que nous vivons ensemble.
Je sens ta présence dans la maison, elle pèse sur mes épaules, elle me poigne.
Et Joël n'est pas encore rentré.
Je te parlerai également de lui, plus loin. Car tu es tout de même mère. C'est une faiblesse à exploiter. Oh, je ne t'épargnerai rien.
Tu as peut-être cru que ma mort serait une amnistie ? Eh bien tu t'es trompée.
C'est une déclaration de guerre. Et je t'écraserai comme une vipère, à coups de talon, à coups de dégoût, à coups de vérités, à coups d'amour perdu. p.35
je possède à bloc l'A.B.C. du métier. Je sais prendre la pension de quéqu'un, compter ses répulsions, contrôler ses réflexions avec le maillet de caoutchouc, lui palper la brioche pour m'assurer que son foie monte pas en mayonnaise, lui mater le buffet à la radio et reconnaître s'il a les soufflets percés, et t'essaieras, et t'essaieras… Je t'assure que dorénavant, ma Berthe ne reverra jamais plus un vrai toubib, sauf si elle aurait de la perturbation dans les bas morcifs, vu que je suis trop galant pour lui mater la cage d'ascenseur à la lorgnette chromée.
L'orateur poursuit sur sa lancée, étonnant et tonnant de façon détonnante...