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Citations de Frédéric Gros (325)


C'est pourquoi j'ai cru que ma grande découverte, ce trésor demeuré pendant des millénaires enfoui dans les plis du monde, devait être dite dans cette langue plutôt que dans la nôtre. C'est en français qu'ont paru mes trois manifestes sur le magnétisme. C'est à Paris que j'ai fondé la Société de l'harmonie universelle qui devait en propager les effets, former ses instructeurs et servir au bonheur universel. [...]
Il y a trente ans, en 1784, moi, Franz Anton Mesmer, l'inventeur du magnétisme animal, le découvreur de ce présent miraculeux fait aux hommes, de cette aubaine universelle, je fus humilié, insulté à Paris par deux commissions royales qui déclarèrent nul, inexistant le fluide, le feu invisible du monde, le sang de la Création.
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Par un renversement provocateur, la philosophie soutient qu'on peut être fier de son ignorance mais honteux de ses savoirs.
Pli socratique : je sais que je ne sais rien. Le contraire de la vérité, ce n'est pas l'erreur, c'est l'opinion reçue sans examen. Le véritable ennemi, ce sont les convictions automatiques. Socrate humilie les prétentions de savoir, les certitudes du confort social. Et si la philosophie fait honte, c'est que l'âme se retrouve, à être traversée par elle, réellement mise à nu, dépouillée, dépitée, exposée par la pulvérisation de ses connaissances superficielles. En même temps, cet exercice est périlleux : c'est parce qu'il l'a trop longtemps pratiqué et avec trop de monde que Socrate finit par être mis à mort par Athènes. Ils n'ont pas supporté, les politiciens fats, les magistrats arrogants, les artistes prétentieux, de s'être fait ainsi déshabiller l'âme en public. [p. 147-148]
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La chute morale, c'est de présumer de soi. Cette présomption ouvre le règne illimité des ombres : vanités, illusions, décrochages entre le dire et le faire, les principes et les conduites. Le sage place le ressort bien serré de la honte au centre de ses vertus afin qu'elles prennent la mesure de leur être. Ce privilège éthique de la réserve dans la pensée orientale ne dessine pourtant aucune zone d'intimité et de secret. Il s'agit plutôt d'opérer le tri entre deux extériorités : l'extériorité fausse, superficielle de la vantardise, de la jactance ; l'extériorité muette, efficace et pleine de l'action concrète, accomplie. La honte fait agir plutôt que se vanter d'agir. Elle permet d'être réellement juste, déférent, sincère, etc., plutôt que de s'épuiser à faire savoir qu'on l'est. [p. 134-135]
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Dostoïevski avait mesuré ce risque dans une formule saisissante : nous sommes, écrivait-il, tous responsables, de tout et devant tous, "et moi plus qu'un autre". Moi plus qu'un autre, parce que, invoquant les autres, je risque de diluer ma responsabilité. Après tout, si nous sommes tous responsables, c'est peut-être que je suis un peu moins responsable que tous les autres, ou plutôt que je suis d'autant moins responsable moi que nous partageons à plusieurs la responsabilité.
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Grandier avait écrit toute la nuit, combien de bougies allumées, dans le froid il avait écrit fiévreusement. Au petit matin, il part donner ses messes. Elle dormait toujours. Il laisse les feuilles sur la chaise, près du lit. Il était redevenu stratège. Quand il revint, elle était toujours là. Elle avait lu, lu et relu. Elle n’avait gardé de ces feuilles de la nuit que quelques idées fortes : qu'on ne pouvait imposer à personne des choses impossibles à accomplir, que le célibat ne pouvait convenir à tous les prêtres, d'ailleurs le mariage était une loi sainte destinée à multiplier le peuple de Dieu... ... Et la parole surtout, la parole de Saint Paul : "Il vaut mieux se marier que de brûler"
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Est-ce qu'on négocie avec le diable ? Est-ce qu'on transige avec le mal ? Ne serait-ce que dans les combats eux-mêmes, la diabolisation de l'ennemi fragilise le jus in bello (le droit des combats). N'y va-t-il pas de ma responsabilité profonde d'être prêt à utiliser tous les moyens, des armes plus atrocement létales aux subterfuges les plus déloyaux, pour triompher du mal ?
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La guerre est devenue une vaste fournaise consommatrice d’hommes, une machine qui broie les corps et l’acier, dilapide des quantités d’énergie énormes. Sollicitation exhaustive en vue d’anéantissement formidable : la guerre totale n’est peut-être rien d’autre que la métaphore, ou plus encore l’achèvement du capitalisme dans sa colossale démesure. Elle triture et broie des corps comme on ferait de minerai, elle produit des cadavres à l’échelle industrielle.
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L’obéissance militaire s’honore en effet d’être inconditionnelle, irréfléchie, sans discussion, aveugle.
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En même temps que de courage héroïque, le guerrier peut faire preuve de sauvagerie inhumaine. Paradoxe, ambivalence, contradiction, la guerre, du point de vue moral, est bipolaire. La guerre est un moment d’exaltation et d’effondrement de la morale, un point de surgissement et de débâcles éthiques.
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"Dans les luttes animales, [il n'y a] aucun acharnement cruel, aucune férocité gratuite. En fait, l'homme seul est vraiment bestial, les animaux ne le sont jamais. La cruauté sadique est humaine. "
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Il s’agit surtout de punir des arrogances, de venger des humiliations, de créer la sidération, de provoquer une insécurité permanente. La violence y prend aussi une dimension religieuse, purificatrice, mystique : contre les apostats, les infidèles, les hérétiques. L’attentat terroriste global scénarise une apocalypse devant précipiter les impurs dans la mort.
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(p. 8-9)
Marcher n'est pas un sport. Mettre un pied devant l'autre, c'est un jeu d'enfant. Pas de résultat, pas de chiffre quand on se rencontre - le marcheur dira quel chemin il a pris, sur quel sentier s'offre le plus beau paysage, la vue qu'on a depuis tel promontoire.

On a bien essayé pourtant de créer un nouveau marché d'accessoires : des chaussures révolutionnaires, des chaussettes incroyables, des sacs efficaces, des pantalons performants... On tente bien de faire entrer l'esprit du sport : on ne marche plus, on "fait du trek". On vend des bâtons effilés qui font ressembler les marcheurs à des skieurs improbables. Mais cela ne va pas très loin. Ça ne peut pas aller loin.

La marche, on n'a rien trouvé de mieux pour aller plus lentement. Pour marcher, il faut d'abord deux jambes. Le reste est vain. Aller plus vite ? Alors , ne marchez pas, faites autre chose : roulez, glissez, volez. Ne marchez pas. Et puis, marchant, il n'y a qu'une performance qui compte : l'intensité du ciel, l'éclat des paysages. Marcher n'est pas un sport.
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Véritablement l'âme, c'est le témoin du corps.
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Avec la randonnée longue de plusieurs jours, s'accentue le mouvement de déprise : on échappe aux contraintes du travail, on se libère du carcan des habitudes.
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La marche, on n'a rien trouvé de mieux pour aller plus lentement.
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Frédéric Gros
Gandhi ne dit pas: n’opposez aucune résistance quand les coups pleuvent, quand les brutalités redoublent. Il dit au contraire: résistez de toute votre âme en restant droit le plus longtemps possible, en ne cédant jamais sur votre dignité, et sans manifester ni agressivité ni rien qui pourrait rétablir entre celui qui frappe et celui qui est frappé, égalité et réciprocité dans une communauté de violence et de haine. (p. 270)
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Frédéric Gros
Au fond, marcher c’est c’est toujours pareil: mettre un pied devant l’autre. Mais le secret de cette monotonie, c’est qu’elle constitue un remède à l’ennui. (…) Dans l’ennui, on cherche toujours quelque chose à faire, dans l’évidence de la futilité de tout mouvement. En marchant, il y a toujours quelque chose à faire: marcher. Ou plutôt, non, il n’y a plus rien à faire parce qu’on marche justement, (p. 214)
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La lenteur, c’est de coller parfaitement au temps, à ce point que les secondes s’égrènent, font du goutte-à-goutte comme une petite pluie sur la pierre. Cet étirement du temps approfondit l’espace. C’est un secrets de la marche: une approche lente des paysages qui les rend progressivement familiers. On voit, en train ou en voiture, une montagne venir à nous. L’œil est rapide, vif, il croit avoir tout compris, tout saisi. En marchant, rien ne se déplace vraiment: c’est plutôt que la présence s’installe dans le corps. (p. 54)
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Être en compagnie oblige à heurter, empêcher, fausser le pas. Parce qu’il s’agit bien, en marchant, de trouver son rythme fondamental, et de le garder.
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En marchant rien ne se déplace vraiment : c’est plutôt que la présence s’installe lentement dans le corps.
En marchant ce n’est pas tant qu’on se rapproche, c’est que les choses là-bas insistent davantage dans notre corps.
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