En ces temps bénis de Rentrée littéraire, cette période où l’on se dit que la pénurie mondiale de papier n’est pas forcément une catastrophe, où bon nombre de livres, défiant la gravité sur des tables nécessairement trop étroites oscillent entre mon papa et moi et moi et papounet, un ouvrage possède une arme redoutable : le rire.
Arme négligée (méprisée ?) par nos plumitifs qui y vont de leurs listes de prescription qui fleurissent plus vite qu’une acné galopante sur une peau trop grasse, liste dont il m’est une règle d’ignorer soigneusement les recommandations. Certes, on en parle de Mobylette de Frédéric Ploussard mais pas assez !
Mobylette provoque le rire. Attention, pas celui, posé et ironique, qui soulève subrepticement le coin des lèvres, si discret que quelques médisants parieraient sur son inexistence. Non, ici je parle de gloussements nerveux, éclats de rire intempestifs.
Dans une France critique, où, pour filer la métaphore cinématographique, un Lars Von Trier aussi pesant qu’un porte-container charriant des 38 tonnes remplis de plomb fondu mettra toujours une tôle à un Blues Brothers aérien et punchy ; c’est gonflé
Le rire que pratique Ploussard n’est pas gentillet. Soulevé par une plume acide, belle et vive, ce roman narre les péripéties d’un éducateur, 2 mètres au garrot et plus de 100 kilos de barbaque tourmentée qui s’assoie sur les jeunes dont il s’occupe pour étayer une méthode éducative basée sur l’écoute, l’immobilisation et l’anticipation d’emmerdes XXL.
Bergson l’a écrit : le rire est une affaire sérieuse. Mobylette parle de misère sociale, de déclassement et de la famille également, comme quoi il est raccord. Mais il le fait en nous faisant marrer. Le rire n’efface pas l’émotion ni la réflexion, ils les subliment. Car c’est poignant finalement Mobylette, distillant un espoir tenu et tenace. C’est foutument excellent !
Et puis, surtout, on le finit ce livre. Et ça... En ces temps de Rentrée littéraire, etc.
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