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Critiques de G. Lenotre (68)
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Vieilles maisons, vieux papiers, tome 1

Louis Léon Théodore Gosselin, vrai nom de G. Lenotre (G. pour Gosselin et Lenotre - sans l'accent circonflexe et tout accroché - faisant référence à son arrière-grand-oncle, André Le Nôtre, jardinier du roi), est un spécialiste de la Révolution Française. Et ce que j'aime dans la série Vieilles Maisons, Vieux Papiers (6 volumes), c'est qu'il nous raconte des anecdotes qui nous permettent de connaître certains personnages comme si nous y étions. La grande Histoire à travers les petites...



J'apprécie également de pouvoir découvrir les lieux dans lesquels ont vécu ces mêmes personnages qui nous paraissent soudain plus réels, plus humains. G. Lenotre va même jusqu'à étudier leurs dernières demeures : " La tombe de Melle de Robespierre ne se voit plus au cimetière Montparnasse ; la concession acquise par Victoire Mathon n'était que temporaire ; cinq ans plus tard, les restes de Charlotte étaient déposés aux Catacombes, où ils sont aujourd'hui, pêle-mêle avec des millions d'autres, parmi lesquels ceux de Maximilien et des condamnés de Thermidor, qu'un tombereau apporta des Errancis, vers 1860, lors du percement du boulevard Malesherbes." (P81)



Je me suis laissée emporter par le style de cet auteur. Bien calée dans un fauteuil, j'ai "avalé" les pages, fascinée. J'avais l'impression que l'on me racontait une histoire, des histoires et, comme lorsque j'étais enfant, j'avais envie de dire : "allez, une autre !"
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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La Révolution par ceux qui l'ont vue

"L'Histoire, comme la rumeur populaire, tend à se déformer lorsqu'elle s'éloigne dans le temps".

G. Lenotre entreprend, ici, de reconstituer le temps de la Révolution, la Révolution "vue de la rue, sur l'heure et de tout près".

"J'étais là, telle chose m'advint", semble-t-il, est la meilleure formule pour écrire l'Histoire la plus vraie, la plus pittoresque et la plus éloquente ... celle qu'on écrit inconsciemment".

Par excès de modestie, Lenotre se nomme "simple chroniqueur" et dit tracer "les traits essentiels" et "de simples croquis".

Alors que finalement de sa collection de "la Petite Histoire" une grande fresque se dégage.

Comme il est curieux, aujourd'hui, lorsqu'on veut tant soit peu le discréditer, de toujours taxer l'historien de royalisme.

L'opinion politique, ici, n'a pas, ou très peu sa place.

"La Révolution par ceux qui l'ont vue", comme d'ailleurs toute l'oeuvre de Lenotre, n'est que pure Histoire.

Et, il serait bien de mauvaise foi, ou de parfaite méconnaissance, de prétendre le contraire.

Est-il toujours historien ? le copiste qui s'éloigne de la source primaire, de l'archive, de la lettre, des vieux papiers et de la vieille pierre, qui ne fait que retranscrire en interprétant le travail laborieux de ses illustres prédécesseurs ?

Il faut rendre à César ce qui est à César !

Et, Lenotre n'hésite pas à citer, à restituer le bénéfice de la recherche à d'autres que lui ... E. Dupont, Léonce Grasilier, Eugène Welvert ...

Dans de courts textes, morceaux de vie choisis et soigneusement reconstitués par de laborieuses recherches, Lenotre retrace ici le destin fugitif et parfois tragique des personnages de 3ème plan cachés derrière les titans qui ébranlèrent le vieux monde.

Car, à la veille de la Révolution, la maison est minée.

Il ne restera bientôt plus rien de la vieille France.

Ce livre est passionnant.

Il raconte de manière vivante et alerte.

Il insuffle le souffle du souvenir au passé figé dans les manuels d'Histoire.

Il corrige aussi parfois.

Il restitue, par exemple, au pauvre Guillotin son véritable destin.

Il nous présente le vrai chevalier Destouches que Barbey d'Aurevilly avait, à la manière hussarde de Dumas, quelque peu maquillé de gloire.

Il nous recommande la première féministe, l'initiateur de la leçon de chose et de la sortie scolaire.

Il raconte les aventures de la fameuse tapisserie de Bayeux qu'un humble héros, Lambert le Forestier, a sauvé d'une destruction annoncée.

Il élucide le mystère de Gaston, héros mal connu du soulèvement naissant de la Vendée, et celui de "Feu de Goy", seul survivant du massacre de 114 prêtres à l'église des Carmes, rue de Vaugirard.

Il fait le lien entre "Petite" et "Grande" Histoire ...

"La Révolution par ceux qui l'ont vue" est un morceau d'Histoire atypique et saugrenu, un de ceux qui ne peuvent que faire aimer le genre.

Et, pour conclure, parce qu'il faut conclure, ce livre est passionnant.

Peut-être est-il un des plus réussis de la série ?

Peut-être est-il aussi possible que la même impression me soit venue à chaque dernière page refermée d'un livre de Lenotre ...











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Petits côtés de grands personnages

Ce recueil de chroniques historiques s'ouvre dans la salle Arconati-Visconti au musée du Louvre.

Il s'y trouve là une huile représentant Bianca-Maria de Galeazzo Sforza peinte par Ambrogio de Predis vers 1455.

Au vu de son portrait, cette jeune femme lui ayant paru peu séduisante quoi que jolie, mais surtout très bête et attifée de manière navrante, G. Lenotre s'y serait rendu coupable d'une bien timide et tardive muflerie !

Alors quoi, le grand historien aurait-il perdu toute délicatesse ?

Se serait-il mis en position de s'attirer l'anathème de ses lectrices ?

Le scandale passera-t-il aussi par la "Petite Histoire" ?

Que l'on se rassure dans Landerneau, le bruit de cette bien modeste indélicatesse s'est depuis longtemps dissipé dans les brumes de l'Histoire ...

"Petits côtés de grands personnages" est une compilation inédite en librairie d'une petite trentaine de chroniques historiques écrites par G. Lenotre.

On y retrouve bien son style alerte et vivant, son érudition précise et détaillée et son originale manière de raconter le passé.

Mais il manque pourtant quelque chose à cette compilation posthume, un "je-ne-sais-quoi" que possèdent tous les autres recueils du grand historien.

Peut-être le fil directeur auquel G. Lenotre prenait toujours grand soin d'accrocher ses chroniques dans chacun de ses ouvrages.

Aurait-il ici manqué cet indispensable et précieux quoi que presque invisible fil directeur qui permettait de faire un tout ?

Peut-être ...

Certainement même !

Mais le plaisir est toujours là de déguster L Histoire contée à la manière de G. Lenotre.

Et si le style et la méthode restent inchangés, l'historien a pourtant ici élargi son panorama et fait quelques infidélités aux période de la Révolution et de l'Empire dont il est habituellement coutumier.

Que savez-vous d'Henri IV, le Vert Galant ?

Que son berceau était une carapace de tortue, qu'il prisait la gousse d'ail et le vin de Jurançon, qu'il vécut son enfance pyrénéenne à dénicher des nids avec les garnements de son âge et qu'au temps de sa gloire, il arborait un panache blanc ... Il n'en faut pas plus pour créer une légende !

L'Histoire est plus abracadabrantesque que le plus fantaisiste des romans.

Surtout lorsque, comme G. Lenotre, on va y débusquer les seconds rôles et les troisièmes couteaux.

Tout devient alors possible.

Le secret se cache dans l'archive, dans les vieux papiers, les vieilles pierres et les greniers oubliés.

G. Lenotre prétendait qu'à force de recherches, longtemps on l'avait pris pour un notaire.

Lui que d'aucuns auraient prétendu "royaliste" !

L'avaient-ils lu attentivement ces ombrageux détracteurs et pointilleux adversaires, lorsqu'il écrit ici que Louis XIII était timide à l'extrême, Louis XIV pompeux, Louis XV insouciant et lubrique, Louis XVIII prétentieux et sournois et Charles X mystique et maladroit ?

Sans oublier Louis XVI qui aurait pu certainement être sauvé s'il avait possédé une seule qualité de son aïeul Henri IV ...

Un peu plus loin, G. Lenotre fait le compte des malheurs que subirent quelques grandes reines de France.

Ah la félicité des grands !

Un adage populaire est tombé depuis longtemps en désuétude qui disait : "heureuse comme une reine" pour qualifier autrefois le bonheur d'une jeune fille.

Serait-ce la faute à Rousseau, à Voltaire ou à un tout autre inconnu dont la "Petite Histoire" aura finalement retrouvé la silhouette ?

Car c'est une édifiante et surprenante, mais agréable et pittoresque galerie de portraits que dresse ce dernier petit recueil, comme dressé à la hâte en guise d'hommage au grand historien ...

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Histoires étranges qui sont arrivées

Ce vieux livre s'ouvre, un soir de neige et de vent, une nuit d'apparitions et de dames blanches, sur une causerie au coin du feu d'un vieux chateau du nord de la France.

Voilà qui devrait faire peur !

Qui peut-être empêchera son lecteur de dormir !

Le livre passe, ensuite, par la grande salle de lecture de la Bibliothèque Nationale, et par la boutique d'un bouquiniste érudit.

Mais tous les bouquinistes ne sont-ils pas érudits ?

On peut le penser, à juste titre.

Néanmoins, il y a loin du revendeur à l'authentique bouquiniste ...

Ce vieux livre est paru en 1933.

Il contient neuf "Histoires étranges qui sont arrivées" : "Murée vive", "Prophète par amour", "La bête du Gévaudan", "Les trois persans", "Mr Bouret, nouveau riche", "Gibier de bagne", "L'inventeur du voyage à pied", "Mère et fils" et "L'aventure de M. Tromelin".

Elles nous sont "contées" par G. Lenotre.

C'est du moins l'impression que donne le style enlevé et vivant de l'ouvrage.

Mais, ici, pourtant, tout est de l'Histoire.

Chaque ligne est pesée et vérifiée à l'aune de la source primaire de nombreuses archives, de lettres, et de toutes sortes de vieux papiers.

D'érudition, de rigueur et d'authenticité, G. Lenotre a charpenté son métier d'historien.

Il est le père de la "Petite Histoire", qui, peut-être par méfiance du discours officiel, contourne le récit national par le biais du moins connu, de l'oublié et de l'anonyme.

La "Petite Histoire" nous appartient.

Elle a surgi sous la plume de Lenotre par l'archive, des vieux papiers, des vieilles maisons ...

Le 25 juin 1715, au vieux Chateau de Montségur, en Dauphiné, la jeune Lucie de Pracontal a disparu, le jour de ses noces, au cours d'une joyeuse partie de "cligne-musette".

Elle ne reparut jamais ... qu'au jeune vicomte de Rabasteins vers 1745 ou 1750 ...

Un brave curé de Lozère, pendant cinquante ans, occupa tous ses loisirs à parcourir l'Auvergne, en recueillant histoires et traditions.

La vérité sur la bête de Gévaudan, peut-être, est elle dans le livre, broché par ses soins, dont aucun éditeur ne voulait ...

Trois catholiques arméniens, David, Kiril et Yousouf, rançonnés par le shah de Perse, se lancent dans un long et périlleux voyage vers la France pour y solliciter un riche français, M. Bouret, qui, vingt ans plus tôt, avait assisté à la messe dans leur village ...

Anthelme Collet, à l'époque de la restauration, connut une célébrité presque égale à celle de Cartouche et de Mandrin.

Ses mémoires authentiques forment un spécimen achevé d'une littérature spéciale : c'est l'oeuvre d'un inconscient pour qui les choses les plus sacrées demeurent sans aucun prestige ...

Qui était vraiment Gaspard Hauser ?

N'est-il qu'un inconnu, tué par un inconnu ? ...

Les personnages de ce livre passionnant sont les acteurs d'aventures étranges et déroutantes.

Ne dit-on pourtant pas que l'Historien est "l'ennemi-né de la fantaisie ... et fervent du document authentique ...















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Vieilles maisons, vieux papiers, tome 1

Entre le musée du Louvres et celui de l'Orangerie, entre les jardins des Tuileries et ceux du Luxembourg, entre vieilles maisons et vieux papiers, quel plaisir de flâner le long des quais de Seine.

"Paris est l'Eden des fureteurs".

Et, il y a des livres qui s'enrichissent de la manière dont on les découvre.

Il n'aura suffi, un beau dimanche de novembre pluvieux, que de quelques capots de boîtes vertes levés pour que j'y déniche ce vieux broché de G. Lenotre.

A quoi tient le bonheur ? A de petits plaisirs, parfois.

A peine installé à la terrasse d'un petit bistrot, Paris déjà avait changé d'allure.

Paris avait rajeuni. Paris était révolutionnaire.

Les passants avaient pris pour noms Camille Desmoulins, Mlle de Robespierre, Héron, Savalette de Langes, André Chénier, Cagliostro, Napoléon, Monsieur du Barry, Couthon, Saint-Just ...

Ce mystérieux homme au manteau qui rode, que l'on dit avoir aperçu la nuit sur le boulevard, n'était-ce pas Pichegru lui-même ?

C'est que G. Lenotre est un magicien.

A moins qu'il n'eût possédé, au fond de sa cave, la machine à voyager dans le temps dont Wells s'est attribué bien insolemment le profit ?

Même s'il se lit comme le roman de nos ancêtres, ce premier volume de "Vieilles maisons, vieux papiers" est un pur livre d'Histoire.

Il est le résultat d'une vie de recherche patiente consacrée à l'Histoire.

G. Lenotre a arpenté Paris, fréquenté ses bouquinistes, fouillé ses archives, affronté les regards des solennels notaires qui ont pu le prendre parfois pour un rabatteur de successions en déshérence, bravé le dédain des clercs d'étude, des commis-greffiers et dérangé bien des fonctionnaires de l'état civil ...

Mais où est la valeur du dompteur si le fauve n'a ni dents, ni griffes ?

Ce livre fait aimer l'Histoire.

Vieux de pourtant presque cent ans, il n'a pas pris une ride.

Il a été composé par une plume vive, élégante et précise.

En 1924, G. Lenotre a d'ailleurs été couronné, pour "Vieilles maisons, vieux papiers" par le prix Broquette-Gonin de l'Académie Française qui était destiné à récompenser l'auteur d'un ouvrage philosophique, politique ou littéraire jugé susceptible d'inspirer l'amour du vrai, du beau et du bien.

Un vieux proverbe assure qu'il y a un dieu pour les ivrognes.

G. Lenotre en sourit, et assure dans son livre que les chercheurs sont, bien évidemment eux aussi, les protégés d'une providence spéciale ...



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Vieilles maisons, vieux papiers, tome 2

Il semblerait, suivant la légende, que l'amour des vieilles pierres et les balades du dimanche dans Paris aient fait de G. Lenotre l'historien mythique qu'il est devenu.

Cependant, il aurait pu s'intéresser à l'Antiquité, au Moyen-Âge, voire au Grand-Siècle.

Mais c'est sur les patères de la Révolution, de l'Empire et de la Restauration que Lenotre a accroché son frac d'historien.

Et, c'est dans ce second volume de la série "vieilles maisons, vieux papiers", que Lenotre donne fugitivement les clefs de son choix :

"Pour les grands drames, il faut des acteurs de taille et jamais plus, sans doute, la France ne réunira une troupe comparable à celle qui brûlait les planches à la veille de la Révolution".

Et des acteurs de taille, le générique de ce second volume en est garni.

"Dans ce drame stupéfiant de la Révolution, où tout ce dont l'âme humaine est capable, héroïsme, abjection, folie ou crime, fut porté à l'apogée, L Histoire n'a enregistré que le bruit", nous dit Lenotre.

Il a donc tenté tout au long de son oeuvre d'en capter les silences, d'y retracer les destins perdus et d'en extirper la "Petite Histoire", celle de l'anonyme, du passant si cher à Brassens.

Un mariage se dirige vers la vieille et sombre église de Saint-Côme posée de guingois au bout de la rue des Cordeliers.

Un cordonnier épouse une femme de ménage.

Il n'y a pas là de quoi secouer les grelots de l'Histoire de France qui en a vu d'autres !

Pourtant Antoine Simon et Marie-Jeanne Aladame, sitôt mariés, vont très vite décrocher un bel emploi.

6000 livres par an pour lui, 4000 pour elle !

Une fortune en assignats à ne presque rien faire ...

Il leur suffira d'être les "geôliers" du dauphin à la prison du Temple.

A rebours de bien des historiens, plus soucieux de poésie que de vérité, qui ont décrit le couple Simon comme capable de torturer jour et nuit le jeune prince, Lenotre tord le cou à cette idée "aussi ridicule qu'indéracinable" de Chaumette.

Ce deuxième opus de "vieilles maisons, vieux papiers", paru en 1911 à la Librairie Académique Perrin et Cie, est passionnant.

Il nous mène à la rencontre de parfaits inconnus dans des circonstances que l'on connaît souvent mal et qui pourtant n'ont à peine disparu que d'hier, ou avant-hier dans les brumes de l'Histoire de France.

Le grand-père de Dumouriez était un ancien laquais de Molière qui avait eu trente-deux enfants !

Il y eût dans la vie de ce général, traître à la 1ère République, des aventures de guerre, des intrigues de politique et d''amour ...

De quoi défrayer dix romanciers !

Mais c'est dans les pas de Baptiste, son valet de chambre que Lenotre va emboîter les siens.

La vie de Jean-Pierre-Louis Renard n'est-elle pas aussi édifiante ?

Ces morceaux d'existence qui ont tissé la trame de l'Histoire sont ici racontés à la manière du romancier.

D'ailleurs, Lenotre vient prendre Balzac à témoin, lorsqu'il entreprend de raconter le destin de Caron qui inspira le César Birotteau des "scènes de la vie politique".

L'oeuvre de Balzac est, d'après Lenotre, une galerie de portraits si ressemblants qu'on les reconnaît sans peine en dépit de leurs pseudonymes : "ses héros sont vrais, au point qu'en feuilletant les dossiers de la police du temps, on croit les voir défiler tous" ...

Le livre de Lenotre est aussi une belle galerie de portraits où l'on aperçoit quelques images inattendues dont la plus étonnante est peut-être celle de Louis XVI qui, en trois nuits, avait creusé lui-même, avec l'aide toutefois de son fidèle serrurier Gamain, une cavité dans une muraille du château de Versailles, avait forgé une porte de fer et dissimulé le tout derrière des boiseries.

Finalement le roi avait caché sa correspondance secrète dans cette cavité.

Cette même correspondance secrète qui servit de justificatif à son procès !

Y aurait-il eu un traître dans la salle ? ...

Mais attention si passionnants que sont les récits de Lenotre, ils ne sont toujours que le résultat d'une patiente et acharnée recherche dans de vieux papiers, au fin fond d'archives oubliées.

Et lorsque Lenotre n'a pas trouvé de réponse à une question posée, n'a pas déniché le lien nécessaire à son récit, il s'en excuse et s'en explique en bas de page ... tout simplement ...













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La petite histoire, tome 10 : En France jadis

En guise de conclusion d'une de ses courtes chroniques étonnantes, celle de Jean Cavalier, G. Lenotre s'étonne, ici, "que tant de gens s'occupent à composer ou à lire des romans d'aventures imaginaires en un pays comme le nôtre, dont les annales fourmillent de si extraordinaires et véridiques histoires".

Il nous l'assure, parmi les quatre millions de volumes que contenait, en 1938, le département des imprimés de la Bibliothèque Nationale, on serait amusés de connaître combien n'ont pas quitté leur place depuis qu'elle leur a été assignée.

"En France jadis" est le dixième volume de "La Petite Histoire".

Il occupe une place particulère dans la série.

D'abord, parce que Théodore Gosselin y évoque son arrière grand-oncle à qui il a emprunté le patronyme pour en faire son nom d'auteur.

"Le bonhomme Lenotre" était un brave homme de jardinier, celui de Louis XIV. Son génie a miraculeusement donné la grâce, la souplesse, la diversité et la vie" ...

Et, c'est avec le même talent que la plume de son arrière petit-neveu s'est emparée de l'Histoire de France.

Mais si ce dixième volume est particulier, c'est aussi, et surtout, parce qu'il résonne aujourd'hui de manière bien contemporaine.

G. Lenotre y parle de la politesse d'autrefois, des premières indemnités parlementaires, de l'épargne des français qui toujours se cache quand on l'appelle, de la préoccupation d'un ministre qui, hier comme aujourd'hui, n'était pas toujours d'Etat ...

Il y parle de comédiens, de gens de maisons, de cuisine, de tourisme, de l'éducation des filles, de pouacrerie*, de bourgeois parisiens, de romantiques en voyage, de cochers de fiacre et de la fin d'un monde.

Il nous y apprend que la calvitie ne résiste pas à l'application de trois cent limaces bouillies et bien dégraissées, dans une décoction de laurier, de miel, d'huile d'olive et de savon.

Mais ne donne aucune garantie sur la recette !

L'Histoire, ici, n'est pas celle d'un manuel guindé.

Elle n'est pas faite ni de dates, ni de grands noms.

Elle se fond dans un décor savamment reconstitué.

Elle est la vie qui a précédé celle de nos grands-pères.

Elle est faite de la lettre et de l'archive.

G. Lenotre l'avoue malicieusement bien volontiers.

Il a du mal à pardonner à celui qui n'a pas écrit ses mémoires.

Car il aime à y retrouver un passé tumultueux, une anecdote, des avatars successifs qu'il tisse soigneusement pour en faire la tapisserie vivante, documentée et rigoureuse de notre Histoire ...



*saleté

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La petite histoire, tome 2 : Femmes amours ..

"On devrait tout lire", a écrit ici G. Lenotre, "il est rare qu'un livre ne contienne pas quelques pages, ou tout au moins quelques lignes dont on puisse tirer profit".

C'est qu'il avait fait une trouvaille chez un bouquiniste, et l'avait achetée de confiance sur la foi de son titre.

C'est aussi chez un bouquiniste que mes yeux sont tombés sur ce petit broché tout jauni.

Car on ne le dira jamais assez, mais le carrefour de la Littérature et du temps qui passe se situe souvent à l'extrême verticale de la vitrine de ces cachottières échoppes où le papier sent un peu plus fort et a pris quelques couleurs, et à l'horizontale supposée de vieilles étagères encombrées.

Que Dieu me savonne et que Frédéric Dard* me pardonne, mais la Culture c'est de connaître cent adresses de plus que les autres !

"Femmes amours évanouies" est le second tome de "La Petite Histoire" écrite par G. Lenotre, qui a été publié en 1933 aux éditions "Grasset".

Si le premier opus était consacré à l'épopée napoléonienne, le suivant a été lui dédié aux femmes.

Car en un peu moins d'une quarantaine de courts textes, ce recueil est venu tordre le cou à ce vieil adage qui aurait un jour prétendu que dans l'Histoire de France derrière chaque homme se trouvait une femme.

Courtoisie oblige, ces messieurs ont ici fait un pas de côté pour ne devenir que les seconds rôles et les faire-valoir de ces dames !

G. Lenotre a ouvert là une galerie de beaux portraits de femmes.

Quelques unes avaient d'ores et déjà acquis la renommée et traversé le temps sans même que l'oubli n'ait pu leur infliger la moindre ride, d'autres nous sont présentées :

Mme de Saint-Sébastien, tout d'abord, qui épousa le duc de Savoie et roi de Sardaigne Victor-Amédée II juste au moment où il avait décidé d'abdiquer ...

Emilie de Breteuil-Preuilli, épouse du Châtelet, était une femme savante.

"Elle parlait le latin comme Cicéron, raisonnait mathématiques à l'égal d'Euclide et aurait déconcerté Archimède lui-même par ses connaissances en géométrie".

Mais en femme moderne, elle aimait aussi s'habiller, la danse et le chant.

c'est qu'elle avait un tempérament de feu, un mari compréhensif et un amant aussi célèbre que philosophe.

Un certain jour de 1733, elle avait enroulé ses bras autour di cou de Voltaire et l'avait embrassé à pleines lèvres ...

G. le notre a écrit L Histoire telle qu'il l'a exhumée de tous les vieux papiers que ses inlassables recherches ont mis à sa disposition.

Mais l'écrivain-historien avait le sens de la formule.

Il avait l'art et la manière de rendre vivante L Histoire qu'il a saisie au vol de l'oubli.

Car c'est en retrouvant l'aïeul, l'anonyme, le passant et le quidam des routes du temps qu'il a reconstitué finalement sa "Petite Histoire" qui est notre passé si joliment raconté.

Au contraire du romancier Dumas qui jamais ne s'est embarrassé d'aucun scrupule, G. Lenotre avait décidé de ne faire que des enfants légitimes à L Histoire.

La rigueur de la recherche acharnée et l'authenticité sont ici enjolivée par le mot et la tournure.

Une vieille dame avait épousé un vieux monsieur.

Lui, c'était Allaire, qui avait chanté à l'Opéra-Comique.

Elle, c'était la "tante Aurore" qui, en 1803, avait sauvé la pièce de Boieldieu par sa bonhomie, son talent et son sang-froid.

C'est que le scandale avait été évité de peu.

Il avait fallu couper un acte entier.

Pensez donc une nourrice allaitant deux marmots sur scène, une bien curieuse nourrice d'ailleurs puisque le rôle était tenu par l'acteur comique Martin !

La Révolution Française avait transformé Marie-Françoise Gonthier.

Mais elle y avait survécu ...

Ce recueil est un pur moment de plaisir d'Histoire.

Ces portraits disparates de femmes sont autant de caractères et de destins, certains très beaux et nobles, d'autres acariâtres et mesquins.

Ainsi va la vie, ainsi s'écoule le temps qui fait le lit de l'Histoire.

Et le recueil s'en vient à se refermer sur la tragédie d'une femme prise au piège de s'être voulue impératrice du Mexique.

Sa raison finit par en vaciller.

Charlotte avait vingt-quatre ans lorsque Napoléon III offrit la couronne du Mexique à l'archiduc Maximilien d'Autriche.

Pendant trois ans, sous les ordres de Bazaine, un corps expéditionnaire français de 25.000 hommes devait soutenir ce rêve.

lorsqu'il fût sur le point de s'effondrer, Charlotte vint implorer "Badinguet" jusqu'au château de Saint-Cloud ...

G. Lenotre, avec "Femmes amours évanouies", peut-être a fait oeuvre d'historien ou d'écrivain, de peintre aussi, voire de sculpteur en modelant de sa plume toutes ces "Vénus en marbre chaud" ...



* "La culture, c'est de connaître cent mots de plus que les autres". (Les pensées de San-Antonio de Frédéric Dard)





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Mes secrets de Paris

"Suivez le guide ... il n'y en a pas de meilleur !"

Le petit bandeau rouge enveloppant ce bouquin annonce la couleur.

Il est signé de Clémentine Portier-Kaltenbach.

La préface aussi.

Elle est alerte, enlevée, pleine d'admiration et de prévenance pour l'historien que fût G. Lenotre.

Et, comme il est de coutume de souligner les petits travers de ceux qu'on aime, la préface se fait aussi un peu piquante, mais, on le sent, avec tendresse.

Mais là, tout de même, quelque chose me gêne, comme une question de crédibilité entachée d'une part ou de l'autre.

Le vieil historien attaché à la source primaire, arc-bouté sur ses archives, ses lettres, ses vieux papiers et ses vieilles maisons, ne serait-il qu'un de ceux qui, comme Dumas accroche L Histoire au clou de ses mots ?

Mais rien de tout ceci n'est étayé dans cette préface par un quelconque renvoi, ou par la moindre petite note ajoutée.

Voire, donc !

La préface, entre courte biographie et anecdote, entre quelques mots élégamment rédigés nous renvoie à la lecture de "G. Lenotre - notes et souvenirs recueillis et présentés par sa Fille Thérèse Lenotre" paru en 1940 aux éditions Calmann-Lévy dans sa "nouvelle collection historique".

C'est déjà un plaisir offert.

Ce n'est pas le premier, Clémentine Portier-Kaltenbach avait, en avril 2013, participé au livre collectif "G. Lenotre le grand historien de la petite Histoire" paru aux éditions "JC Lattès".

On lit donc cette préface avec plaisir pour se plonger, avec délice et gourmandise, dans "mes secrets de Paris" qui est la réédition chez "Libretto" de "secrets du vieux Paris", le 14ème tome de la série de "la Petite Histoire" de G. Lenotre.

Quelle bonne idée que cette réédition !

Pour commencer, Henri IV nous reçoit chez lui, au Louvre, sans réel souci d'étiquette.

"Henri IV chez lui".

Le bon roi Henri chez lui, occupé à maugréer contre le mauvais caractère de sa femme ...

Le bon roi Henri, doté d'un bon coup de fourchette, point trop exigeant sur la toilette, gai, affable et courtois mais mauvais perdant ...

Y a-t-il plus français ?

Et la visite ne fait que commencer avec ce premier texte auquel on peut préférer "le roi chez lui", extrait d'en France jadis, le 10ème tome de la Petite Histoire.

Suivez le guide ... comme au temps où les visiteurs princiers de la capitale se disputaient ce guide officiel du vieux Paris.

Il n'y en a pas eu de meilleur !

Sinon Jacques Hillairet ...

Et la visite durera jusqu'en 2440 dans un Paris libéré de ses rues étroites et tortueuses, où le vieux Louvre à l'abandon, réuni au palais des tuileries, est de nouveau magnifique, dans un Paris où la philosophie aura enfin triomphé de l'obscurantisme.

Tout un programme ...

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L'affaire Perlet, drames policiers. 10e édition

En 1786, un jeune libraire de 24 ans, Louis Fauche, avait épousé Augustine Borel.

Depuis, à son compte dans une modeste boutique de Neuchâtel, il soupirait d'ennui en famille lorsque soudain un vent de de révolution et de terreur s'est abattu sur la France.

Et le diable a surgi dans la boutique !

L'infernal tentateur ! L'homme qui, déconcertant L Histoire, a traversé quarante ans de révolution en gardant la faveur de tous les régimes.

Celui qui se présentait comme le comte Maurice de Montgaillard s'appelait en vérité Roques, et sortait d'une famille noble, mais pauvre, du Languedoc.

Qui servait-il ?

Qui le protègeait ?

Montgaillard proposa à Louis Fauche d'éditer son livre "l'an 1795" et de se rendre au sud de Strasbourg, rencontrer, et surtout acheter les services du général républicain Pichegru pour le compte du prince de Condé grâce aux subsides de l'Angleterre ...

Et c'est là le point de départ d'un véritable roman d'espionnage de plus de trois cent pages qui passera par Paris, l'Angleterre, Neuchâtel, Illkirck et surtout par la fameuse prison du Temple.

"L'affaire Perlet" est un drame policier, un livre d'histoire écrit en 1923 par G. Lenotre.

Le récit est passionnant dès son ouverture.

Les personnages sont de ceux dont on aime suivre les turpitudes et autres petites et grandes aventures.

Les décors, historiques à souhait, sont peints par un maître du genre.

La description, par exemple, de la prison du Temple et de son geôlier-chef et administrateur Louis François Fauconnier vaut à elle-seule le coût de cette lecture.

G. Lenotre est à son affaire !

Trop, peut-être ?

Car le récit, très vite, s'embourbe dans le détail, s'enlise dans la précision.

L'érudition se fait longueur.

L'ennui s'installe, et l'intérêt, de vif qu'il était, pâlit jusqu'à faire soupirer en famille comme ce pauvre Fauche en début d'ouvrage.

G. Lenotre, une fois n'est pas coutume, s'est pris les pieds dans le tapis de sa recherche trop fournie.

A vouloir trop en dire, il a fini par en noyer son récit.

C'est que sa lectrice, son lecteur en viendrait à se croire plongés dans un dossier d'instruction de multi-récidiviste !

Pourtant le livre est bien écrit, L Histoire y est finement restituée à son décor.

Et le drame, qui d'ailleurs est plutôt d'espionnage que policier, le drame possédait toutes les qualités pour inspirer la fine plume de Lenotre.

Alors quoi ?

Alors il faudra pourtant préférer cet ouvrage de Lenotre aux véritables mémoires de Fauche-Borel qui eurent peu de succès et finirent très vite dans des fonds de caisse de brocante.

Quatre volumes dont le prix était de vingt-huit francs au début du siècle, enfin de l'autre siècle.

Fauche-Borel y fondait de nouvelles espérances de fortune.

Il se défenestra, à soixante-sept ans, ruiné et désespéré ...









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L'impénétrable secret du sourd-muet mort et v..

Un enfant d'une dizaine d'années, muet et vagabond, est trouvé, le 1er août 1773, dans un fossé aux abords du bourg de Cuvilly en Picardie.

Qui est ce petit vagabond aux étonnantes bonnes manières ?

C'est là toute la question de ce livre, de "l'impénétrable secret du sourd-muet mort et vivant", de cette reconstitution romancée de G. Lenotre.

L'enfant, d'abord au hasard prénommé Joseph, est recueilli par l'abbé de l’Épée, l'un des précurseurs de l'enseignement spécialisé dispensé aux sourds.

Il ne possède qu'une ténébreuse biographie, que des lambeaux de souvenirs.

Une note est passée à toutes les brigades de la maréchaussée du royaume de France.

L'abbé suit des pistes qui le mènent d'abord en Picardie, puis en Normandie et vers Toulouse ...

Mais le suspens, installé par G. Lenotre, ne dure pas.

A la vingt-sixième page de cette agréable lecture, l'on sait qui est vraiment cet enfant trouvé.

Du moins, peut être !

Car de ce mystère qui a intéressé l'Europe entière, qui a passionné le roi lui-même, va se dégager une âpre bataille judiciaire.

L'abbé de L'épée est-il par trop crédule ?

La famille retrouvée est-elle la bonne, et si c'est le cas pourquoi renie-t-elle cet enfant ?

Le récit de G. Lenotre est passionnant.

Bien sûr adossé à la petite Histoire, bien sûr étayé par de nombreux documents historiques de sources primaires, bien sûr transposé ici de manière rigoureuse, il est écrit à la manière d'un roman.

C'est la méthode de G. Lenotre.

Celle qui a fait son succès d'écrivain et sa renommée d'historien.

Les contemporains de ce mystère ont attendu dix-neuf ans l'épilogue de l'affaire.

Le lecteur d'aujourd'hui en remonte le fil en 215 pages, 215 pages de fine littérature et de petite Histoire entrelacées aux balbutiements du langage des signes, aux coutumes d'époque des plaideurs.

L'avocat de l'enfant, Tronson du Coudray, est celui-là même qui tentera de défendre la reine quelques années plus tard.

Identifications judiciaires, confrontations, luttes d'intérêt et conspirations, obstination et conviction ...

Quel plaisir ! ...





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Légendes de Noël

Noël, c'est, d'abord et surtout, l'émerveillement dans les yeux d'un enfant.

G. Lenotre ne s'y est pas trompé en ouvrant son recueil sur "l'extase" de Jean, le petit émigré chassé de France par la révolution.

L'enfant avait placé ses souliers devant l'âtre, avec posé dessus un feuillet blanc sur lequel il avait inscrit :

"petit Jésus, apportez-moi des soldats français" ...

Puis, au bord normand du Couësnon, Lenotre nous invite, en 1795, à un "Noël chouan".

Par une belle nuit d'hiver, un paysan est traîné par les bleus vers Fougerolles pour y être fusillé, alors que les cloches des églises environnantes appellent à la concorde de la messe de minuit ...

"Légendes de Noël" est un livre précieux.

Il contient 14 récits qui s'inscrivent dans la droite lignée de la "petite Histoire" que Lenotre sut si bien mêler à la "grande".

Tous les textes sont très beaux.

Ils sont empreints de la naïveté poignante d'autrefois, pleins d'une humanité bouleversante et brodés de poésie.

Mais derrière le fin conteur se profile l'historien.

Et la leçon est passionnante.

A la veille de Noël 1793, elle fait revivre les galeries du Palais-Royal, surnommés le "Camp des Tartares" où se concentraient les boutiques des brocanteurs de Paris.

Elle dresse un étonnant portrait, plus humain que nature, d'Antoine-Quentin Fouquier-Tinville, l'accusateur publique.

Elle s'immisce dans l'enfance de Napoléon Bonaparte, lorsqu'encore surnommé dans son quartier "la mi-chaussette", il se bourrait de confiture.

Elle s'apitoie sur le pauvre duc de Reichstadt, héritier de "l'ogre".

Elle s'invite à un réveillon chez Paul de Kock ...

G. Lenotre n'a pas son pareil pour insuffler la vie à l'Histoire.

Elle n'est pas, ici, la leçon extraite d'un manuel austère.

Elle devient récit, conte ou fable, suivant l'instant.

Les personnages savent y être aussi prestigieux que le grand Napoléon ou aussi humbles que Mathiote, le petit ramoneur savoyard qui sauva une vie en reconnaissance d'une soupe grasse et d'un louis d'étrenne.

Où diable la vertu va-t-elle se nicher ?

Ce vieux livre, paru en 1910, est peut-être le plus beau cadeau que l'on puisse glisser sous le sapin.

Car il touche à l'âme de Noël et à celle des hommes ....
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La femme sans nom

Ce livre au titre énigmatique s'ouvre sur une vieille malédiction familiale.

Une femme, quelque peu sorcière il faut bien l'avouer, fût murée par son châtelain de mari lorsqu'il s'aperçut que tous les samedis sa douce se transformait en serpent.

Depuis, dans la vallée de la Vonne qui baigne les remparts de Lusignan, lorsque la mort s'approche, lorsque le malheur menace, quand le ciel est très noir, de longs sifflements sortent des vieux murs durant trois nuits !

Ça fout les chocottes, non ?

Ce que tu as dû siffler, Mélusine, les nuits ayant précédé le 7 octobre 1741.

Car ce jour là, vint au monde ta lointaine descendante, Adélaïde-Marie Rogres de Lusignan de Champignelles qui d'ores et déjà était vouée au malheur, et sur laquelle le destin se préparait à s'acharner !

"La femme sans nom" est un livre d'Histoire écrit par G. Lenotre.

L'ouvrage a été édité en 1922 dans la "nouvelle collection historique des énigmes et drames judiciaires d'autrefois" de la Librairie Académique Perrin et Cie.

Et, sauf erreur de ma part, G. Lenotre a aussi donné à cette collection deux autres titres :

"Babet, l'empoisonneuse ou l'empoisonnée" et "l'impénétrable secret du sourd-muet mort et vivant".

C'est d'ailleurs dans cette très belle, et passionnante collection que l'on retrouve entre autres bons vieux bouquins : "les procès burlesques" et "autres procès burlesques", "l'auberge de la tête noire" et "le crime de Vouziers" de Pierre Bouchardon, "l'affaire de la rue des maçons" de Gérard Gailly et "L'histoire Tragique de la Belle Violante" d'Armand Praviel.

Mais tout ceci est une autre histoire, d'autres bonnes lectures à venir ...

"La femme sans nom" de G. Lenotre est digne du roman-feuilleton le plus imaginatif.

G. Lenotre présente l'affaire, les pièces du procès et laisse se former la conviction de la lectrice et du lecteur, l'opinion se prononcer pour l'une de ces deux alternatives : odieuse machination d'une famille avide d'héritage et de vengeance ou audacieuse imposture d'une aventurière éhontée ?

Victime, sera-t-elle vengée ?

Coupable, sera-t-elle châtiée ?

Bien sûr, il faut pas trop en dire pour ne pas déflorer le plaisir de la lecture.

Mais une femme, mal mariée, veuve d'un mari encore vivant, s'oppose aux intérêts de son frère qui s'accapare l'héritage familial.

Suite à un malaise inexplicable, elle décède lors d'un séjour à Orléans.

Sept jours après, une prisonnière, la Blainville, est écrouée au quartier de la porte verte de la Salpêtrière, la Bastille des femmes de mauvaise vie ...

G. le notre manie la plume comme personne lorsqu'il s'agit de venir "grattouiller" la Petite Histoire pour notre plus grand plaisir.

Il embarque sa lectrice et son lecteur avec efficacité, finesse et élégance dans une affaire qui date un peu ...

Mais Lenotre assure ici que "le grand attrait des causes judiciaires est précisément que l'indiscrétion méritoire des magistrats permet de pénétrer sans peine dans l'intimité des personnages et de les surprendre en déshabillé : but envié de tous les écrivains d'Histoire".

Sans compter qu'un épilogue inattendu vient déposer in-extremis sur le récit de Lenotre une délicieuse petite touche de romantisme qui lui va à ravir ...





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Légendes de Noël

Noël, c'est, d'abord et surtout, l'émerveillement dans les yeux d'un enfant.

G. Lenotre ne s'y est pas trompé en ouvrant son recueil sur "l'extase" de Jean, le petit émigré chassé de France par la révolution.

L'enfant avait placé ses souliers devant l'âtre, avec posé dessus un feuillet blanc sur lequel il avait inscrit :

"petit Jésus, apportez-moi des soldats français" ...

Puis, au bord normand du Couësnon, Lenotre nous invite, en 1795, à un "Noël chouan".

Par une belle nuit d'hiver, un paysan est traîné par les bleus vers Fougerolles pour y être fusillé, alors que les cloches des églises environnantes appellent à la concorde de la messe de minuit ...

"Légendes de Noël" est un livre précieux.

Il contient 14 récits qui s'inscrivent dans la droite lignée de la "petite Histoire" que Lenotre sut si bien mêler à la "grande".

Tous les textes sont très beaux.

Ils sont empreints de la naïveté poignante d'autrefois, pleins d'une humanité bouleversante et brodés de poésie.

Mais derrière le fin conteur se profile l'historien.

Et la leçon est passionnante.

A la veille de Noël 1793, elle fait revivre les galeries du Palais-Royal, surnommés le "Camp des Tartares" où se concentraient les boutiques des brocanteurs de Paris.

Elle dresse un étonnant portrait, plus humain que nature, d'Antoine-Quentin Fouquier-Tinville, l'accusateur publique.

Elle s'immisce dans l'enfance de Napoléon Bonaparte, lorsqu'encore surnommé dans son quartier "la mi-chaussette", il se bourrait de confiture.

Elle s'apitoie sur le pauvre duc de Reichstadt, héritier de "l'ogre".

Elle s'invite à un réveillon chez Paul de Kock ...

G. Lenotre n'a pas son pareil pour insuffler la vie à l'Histoire.

Elle n'est pas, ici, la leçon extraite d'un manuel austère.

Elle devient récit, conte ou fable, suivant l'instant.

Les personnages savent y être aussi prestigieux que le grand Napoléon ou aussi humbles que Mathiote, le petit ramoneur savoyard qui sauva une vie en reconnaissance d'une soupe grasse et d'un louis d'étrenne.

Où diable la vertu va-t-elle se nicher ?

Ce vieux livre, paru en 1910, est peut-être le plus beau cadeau que l'on puisse glisser sous le sapin.

Car il touche à l'âme de Noël et à celle des hommes ....
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Vieilles maisons, vieux papiers, tome 3

On ne lit plus que rarement, aujourd'hui, les ouvrages de G. Lenotre dans leur ordre de publication.

On les découvre généralement au fil de leurs rééditions, et surtout au hasard des étagères d'un bouquiniste ou d'une caisse de brocanteur.

Et, qu'importe qu'il soient un peu jaunis.

Qu'importe qu'il soient sortis de leur vingt-troisième édition.

Car c'est toujours pour l'amateur d'Histoire un véritable plaisir anticipé que de tenir dans sa main un de ces vieux livres.

Le plaisir est d'avance savouré.

"Vieilles maisons, vieux papiers" de la collection "Paris révolutionnaire" est une série d'Histoire, de celle que Théodore Gosselin, "G. Lenotre", a nommé "la Petite Histoire".

Le décor est posé, rattaché au présent par ce qu'il en subsiste encore.

Une vieille maison est toujours debout, qui a tant vu.

Le personnage y est central.

Il est présenté dans toute son épaisseur.

Pourtant, il est souvent un parfait inconnu rejeté par les manuels dans les brumes de l'Histoire.

Mais que serait un bon scénario sans ses seconds rôles ?

C'est là la force et l'originalité de G. Lenotre, son talent et son opiniâtreté à contourner les grands noms pour en présenter de plus humbles.

Il les a redécouverts au travers de vieux papiers, d'archives et de lettres.

C'est là un travail colossal qu'un élégant talent de plume vient couronner.

Le troisième tome de la série est dédié à Henri Lavedan.

Il contient essentiellement des portraits de femmes, des histoires de couples :

Elisabeth Regniez, l'épouse de Joseph le Bon, responsable des hécatombes d'Arras et de Cambrai ...

Bonne-Jeanne Coiquaud, l'épouse tant aimée de Fouché ...

Elisabeth Duplay, l'épouse de Philippe le Bas qui tomba avec Saint-Just et Robespierre ...

La citoyenne Villirouët qui sut si bien plaider la cause de son mari ...

Les deux femmes de Billaud-Varenne et Mme Bouquey ...

Le mot prend ici parfois des accents cornèliens.

C'est que Paris révolutionnaire achemine le drame !

"Vieilles maisons, vieux papiers" a été couronnée en 1924 par L Académie Française avec le prix Broquette-Gonin, non pas dans la catégorie "Histoire" mais dans celle de la "littérature".

Etonnant ? non ...

C'est que la rigueur de l'Historien n'y a d'égale que l'élégance de sa plume.

L'anecdote, les péripéties y passionnent et embarquent le lecteur dans un tourbillon d'événements qui pourtant n'ont rien de fantaisistes.

Il ne suffit que de suivre ici, sur la route de Valenciennes à la Belgique, le sombre Antoine Moneuse, l'outrecuidant bandit vers ses mystérieux rendez-vous à l'auberge de la Houlette où l'attendent les chauffeurs du Nord ...

On a pu lire, de-ci de-là, par-ci par-là, que G. Lenotre faisait partie de ses historiens royalistes dont les opinions venaient parfois faire tâche.

Ici, à Boisé-Lucas, le manoir breton, près de la côte, à une lieue de Saint-Cast, l'auteur décrit Maximilienne Bameule de Nantillais comme assez faraude, infatuée de sa particule et l'épopée de la chouannerie bretonne comme devenue un roman de chevalerie dans l'imagination hantée de vieilles personnes !

En réalité, on s'aperçoit à travers leurs lectures qu'il est assez difficile et assez rare de percevoir la silhouette de G. Lenotre au travers de ses mots.

Il est de ces historiens délicats qui ont à coeur de s'effacer devant l'Histoire ...











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Vieilles maisons, vieux papiers, tome 6

Puisqu'il faut que toute bonne chose ait une fin, ce sixième volume de la série "Vieilles maisons, vieux papiers" en est le dernier.

Joachim Cerutti était jésuite.

Il avait été l'auteur d'une apologie de la "Compagnie de Jésus" et précepteur du jeune Louis XVI.

Mais il était sorti de ce dernier emploi complètement libéré de toutes ses convictions premières et religieuses.

Le jésuite devint philosophe et adepte des idées nouvelles.

Y aurait-il eu une femme derrière ce revirement soudain et inattendu ?

Cependant, durant un séjour dans la pittoresque région du Jura, il apprit qu'au hameau de Montfleur, un paysan nommé Jean Jacob traversait allègrement sa cent vingtième année ...

Dans ce sixième et dernier opus, G. Lenotre nous présente d'abord le centenaire du Mont-Jura puis le farouche Amar, la sauvagesse des Pyrénées, Ruffin le bon ange, madame de Bennes - homme d'armes, le boucher Legendre et la chevalière de Fréminville.

G. Lenotre raconte la Petite Histoire* par le prisme des "petits hommes et des petits épisodes".

"Ce sont les héroïsmes, les travers et les faiblesses de tant et tant de personnages célèbres ou ignorés que Lenotre a su si véridiquement montrer*".

Ici ce sont, en sept nouvelles, sept tableaux du Paris révolutionnaire qui parfois se projette jusqu'à la lointaine province.

G. Lenotre raconte ... et ce sont tous les enjeux et les subtilités de l'époque révolutionnaire qui s'éclairent.

Car par delà le plaisir du récit, toujours original et étonnant, les mots se font là véritable leçon d'Histoire.

Le destin du farouche Amar, par exemple, vient clarifier les événements des journées des 8 et 9 Thermidor qui ne furent pas une revanche des modérés mais bien plutôt le triomphe des pires terroristes.

Aucun des acteurs de ce drame n'y comprit absolument rien ...

Mais vous, oui, grâce à ce bon vieux Lenotre !

Cependant celui-ci se serait-il fait pour une fois mystifier, comme on a pu parfois le prétendre, par l'étrange histoire de "la sauvagesse des Pyrénées" parue dans le journal de l'Empire du 17 janvier 1814 ?

Une femme entièrement nue avait été aperçue dans les hauteurs du village de Suc, penchée au dessus du vide avant de prendre la fuite en bondissant à travers les escarpements et les roches branlantes.

Qui était Antonia, la fille des Pyrénées ?

Les ours étaient-ils vraiment ses amis qui la réchauffaient l'hiver ?

Quoi qu'il en soit que l'on se rassure, l'historien comme à son habitude, s'était "précautionné" et avait retrouvé le dossier dans les archives avant de s'autoriser à raconter cette histoire véridique à dormir debout ...

Pas une ligne qui s'essouffle, pas un mot qui ennuie !

L'Histoire reprend vie.

Car "qu'on le veuille ou non, ce sont des hommes qui l'ont faite, des hommes en chair ou en os, avec leurs passions et leurs calculs*".

Et la dernière de ces drôles d'histoires qui font L Histoire est celle du chevalier de la Poix de Fréminville, marin, naturaliste, antiquaire, monarchiste légitimiste et romantique, solitaire et délicat, amoureux et tout cela jusqu'à la folie.

Une histoire qui n'a pas laissé indifférent l'écrivain maritime Jean Merrien, puisque étant l'arrière petit neveu de ce marin explorateur et naturaliste, il a fait rééditer dans les années 70 ses mémoires et journaux de voyages aux éditions Maritimes et d'Outre-Mer...

La série "Vieilles maisons, vieux papiers" se referme donc avec ce sixième tome.

Quel dommage, on en aurait bien repris encore un peu. Malgré que le moindre de ces "vieux papiers", préalablement parus sur trois colonnes dans le journal "Le Temps", ait coûté de longs mois de labeur à son auteur.

Ce que le plaisir d'une bonne lecture peut rendre égoïste ! ...



* "Figures du Temps" victor Goedorp -1943- éditions Albin Michel-



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Vieilles maisons, vieux papiers, tome 4

Voilà un livre dont l'avant-propos vient remettre quelques pendules à l'heure !

G. Lenotre y répond à ses détracteurs d'hier ...

En premier lieu à Mr Gustave Bord, un érudit qui avait des loisirs puisqu'il les a employés durant de nombreuses années à relever ce qui, dans les récits de G. Lenotre, lui paraissait inexact ou fantaisiste.

Puis à quelques autres confrères, s'étant émus, ayant émis quelques doutes, non point sur le fond même de ces récits mais sur l'authenticité de détails par trop pittoresques.

Mais, enjambant le temps, G. Lenotre, par cet avant-propos édifiant, semble aussi répondre à Mme Clémentine Portier Kaltenbach qui, à la faveur d'une réédition récente des "secrets de Paris", semblait dans sa préface émettre quelques doutes sur le sérieux et la rigueur de G. Lenotre.

Que Dieu me savonne, et que justement L Histoire résonne !

Déjà, en 1920, G. Lenotre s'insurge contre l'idée que, "dès le collège, L Histoire, pour être vraie, ne peut être qu'incolore et ennuyeuse".

Et, il explique sa façon de travailler, en détail.

Il expose ses recherches patientes, sa lente documentation, son souci des circonstances accessoires jusque-là négligées par les historiens.

G. Lenotre fournit les notes et la source première.

Sans avoir la folle ambition d'être infaillible, il dit ici s'être appliqué face à L Histoire à ne rien avancer que de vrai et que, si modeste que soit son apport, il est le résultat d'une lente patience et de consciencieuses enquêtes.

Voilà pour les détracteurs d'hier et d'aujourd'hui !

G. Lenotre, d'autre part, à la suite d'un texte intitulé "Thomazeau", répond ici à l'arrière-petite-nièce de Mme de Rochefoucauld qui avait été blessée dans sa fierté familiale lors d'une pré-publication.

Et prouve ainsi que l'exactitude et la documentation n'excluent pas la courtoisie !

Concernant le corps de l'ouvrage en lui-même, il est constitué de cinq parties :

- l'histoire tragi-comique de Roustam, le mameluk géorgien qui fut fidèle à son empereur, mais pas trop ...

- celle de Mr Barthélémy qui fut bousculé dans ses meubles par la chute de la famille royale ; et celle du ménage Tison qui fut attaché au service de cette même famille royale durant sa captivité ...

- l'histoire de Joseph Herman, impitoyable et doux, qui fut, au temps de la terreur, commissaire des administrations civile, police et tribunaux ...

- trois destins tragiques de femmes ; celui de la comtesse de Montcairzin qui courut sa vie entière derrière un noble destin ; celui de l'as de pique qui, devenue vieille femme, ne retrouva pas ni le chemin de son coeur, ni celui de sa fortune ; et celui de Thérèse Levasseur, l'épouse de Jean-Jacques Rousseau ...

La cinquième et dernière partie, intitulée "Vendée", étant une évocation superbe des derniers temps de la révolte vendéenne et de la fin de Charette, le dernier chevalier à panache blanc ...

Ce quatrième tome de la série "vieilles maisons, vieux papiers" est un superbe livre d'histoire au style vivant, passionnant comme sait l'être le genre lorsqu'il est manié par de belles plumes ...

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Secrets du vieux Paris

Voici venue la belle saison. L'été sera, nous l'espérons, un bel été et le temps semble propice pour entamer une balade inoubliable dans notre si belle capitale.

C'est ce que nous propose ce charmant petit ouvrage.

Il est écrit par G. Lenotre, le grand historien de la petite histoire.

Il est d'ailleurs le quatorzième chapitre d'un cycle de ce même nom de "la petite histoire" dont certains titres sont évocateurs.

Pour le plaisir et l'envie de lire, l'on peut citer, par exemple, "Femmes, amours évanouies", "Paris et ses fantômes", "Sous le bonnet rouge", "Paris qui disparaît", et "De Belzébuth à Louis XVII"...

G. Lenotre, de son vrai nom Louis Léon Théodore Gosselin, est un érudit.

Il nous parle du vieux Paris, de celui qui parfois même aujourd'hui a disparu.

Il nous raconte quelques uns de ses secrets .

G.Lenotre est aussi académicien.

C'est un écrivain, un auteur dramatique talentueux.

On lui doit quelques belles pièces de théâtre inoubliables telles que "L'énigme de Molière", "Les grognards" ou "Varennes" en collaboration avec Henri Lavedan.

"Secrets du vieux Paris" est une balade.

Elle commence au palais du Louvre où l'on surprend le lever du bon roi Henri IV.

"les fantômes qu'évoquent les vieux murs du Louvre sont légion, et leurs noms comptent parmi les plus éclatants de notre Histoire".

Puis l'on suivra le guide à travers Paris.

Il nous fera franchir parfois de vieilles portes, comme celle aperçue au fond d'une ruelle du village de Noisy-le-Roi.

Il fera revivre, le temps d'un instant, le chef de la bande Lauda qui, durant l’exécution de sa propre femme et de sa fille, vola, en place de Grève, le cheval de l’exécuteur.

Il entrouvrira, pour nous, la porte des Archives Nationales où il ne faut pas imaginer que l'on rencontre uniquement des vieux papiers.

La machine infernale de Fieschi, le poignard de Louvel et l'habit porté par Damiens qui frappa Louis XV de son canif, n'en sont que quelques preuves.

"Secrets du vieux Paris" est un bon livre d'Histoire.

Les anecdotes sont nombreuses. Le ton est plaisant.

Le rythme est lent mais l'écriture est fine, agréable et le style élégant.

Quelques illustrations en noir en blanc, photos et gravures, viennent enrichir l'ouvrage.

L'on a la chance d'y apercevoir la tristement célèbre tour de Nesle.

L'on a la chance aussi d'y découvrir, dans un court chapitre, Paris en l'an 2440, imaginé, en 1761, par Sébastien Mercier.

Le philosophe imagine dans un livre, "l'an 2440", ce que sera la société lorsque la philosophie aura enfin triomphé de l'obscurantisme.

Cette courte évocation est, à l'exemple de l'ouvrage, fort vivante et fort intéressante.







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Gens de la vieille France : Rêveries pour le ..

"Gens de la vieille France" est un livre écrit par G. Lenotre, et publié, en 1918, à la Librairie Académique Perrin et Cie alors que la première guerre mondiale n'en avait toujours pas fini d'étirer sa lugubre et folle silhouette sur terre, dans les airs, sur et jusque sous les mers.

Ce livre est un ouvrage qui détonne dans l'oeuvre de G. Lenotre, qui y fait tâche.

Ce n'est pas à proprement parler un livre d'Histoire, ni de la "petite", ni même de la "grande".

Ce n'est pas non plus un de ces recueils d'anecdotes glanées dans les archives, dénichées dans de sombres greniers ou extirpées de malles poussiéreuses.

Je n'ai reconnu dans ce livre ni l'art, ni le style, ni même la manière de G. Lenotre.

Ce dernier a voulu, en cette époque troublée de fin de guerre, se livrer à quelques "rêveries pour le temps présent sur des thèmes anciens" ...

Et s'est laissé finalement aller au fil d'une idéologie royaliste désuète, de mauvaise foi et somme toute assez ridicule.

Hosanna ! L'ancien régime n'était que bonheur et félicité !

La gaieté du français, bien que proverbiale, n'en demeurait pas moins un sujet d'étonnement pour les étrangers ...

Les armoires, jusqu'à celles des familles les plus modestes, étaient emplies de draps, de nappes et de serviettes par centaines ...

Le noble, tel le duc de Croy, se mêlait aux gueux jusqu'à dans sa propre noce ...

Le maître trinquait cordialement avec tous, et ne manquait pas d'envoyer un morceaux de choix, un verre de vin à quelque serviteur qu'il voulait honorer ...

Les boursiers étaient les rois du collège, et le laboureur, lui-même était féru de Martial, d'Ovide, de Lucain et surtout d'Horace.

Horace était la passion de nos aïeux !

Alors, pourquoi cette révolution ?

Pourquoi cette explosion de rancœurs et de colères jusque-là contenues ?

G. Lenotre se serait-il livré à des appréciations empreintes d'une partialité aussi exagérée que divertissante, à celles-là même dont il accuse les auteurs d'un vieux recueil de biographies* datant de 1816 ?

G. Lenotre remet ici en cause l'Histoire officielle par idéologie.

Il semble même y remettre en cause la République !

Il prétend, entre deux phrases que l'intelligence de l'Histoire a été faussée, par un idéal inaccessible, par une comparaison malheureuse de la vie réelle avec une utopie.

G. Lenotre ici a mis au clou son beau pardessus d'Historien pour enfiler une défroque d'idéologue, de politique presque.

Et l'habit, mal coupé, ne lui va guère !

Ce livre est à ne pas ouvrir, à abandonner au bout de quelques lignes, à oublier en tout cas.

Son propos est démenti par les faits, et par le sens de l'Histoire.

Il est exagéré, de mauvaise foi et parfois même extravagant.

C'était mieux avant !

Et, ça fait 2000 ans que ça dure ... On le savait ...





*"Biographie moderne ou galerie historique, civile, militaire, politique, littéraire et judiciaire, contenant les portraits politiques des français de l'un et l'autre sexe, morts ou vivants, qui se sont rendus plus ou moins célèbres depuis le commencement de la Révolution jusqu'à nos jours".
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Le château de Rambouillet

Que notre Histoire est riche !

Avec quelle pugnacité devrions-nous la protéger contre l'injure des siècles, et soustraire les vieilles pierres qui la racontent à l'acharnement des démolisseurs !

C'est à peu près ce que nous dit G. Lenotre en ouverture de ce bel ouvrage.

Le château de Rambouillet, sous forme de confidences, lui a ici confié que sous la bizarrerie de son architecture se cachait une vieille forteresse médiévale.

Qui mieux que G. Lenotre, l'homme des vieilles maisons et des vieux papiers, qui mieux que lui aurait pu recueillir les secrets de six siècles de "Petite" et de "Grande" Histoire ?

Il y avait là, au VIIIème siècle, un petit manoir qui tirait son nom d'un mince ruisseau le Rambe ou le Rambeuil.

Au bout de six ans de travaux, Jean Bernier, nommé souverain informateur des eaux et forêts du royaume par Charles V, en fit un château-fort.

Le château de Rambouillet était né ...

Autour s'étendait une immense forêt où naguère les druides coupaient le gui sacré sur les chênes.

L'Église avait ordonné que, jusqu'à la Révolution, tous les pins y soient abattus afin que les anciens dieux gaulois ne s'y réfugient pas !

Le décor est planté.

G. Lenotre n'avait plus qu'à y camper ses personnages, qu'à y faire revivre quelques scènes de l'Histoire de France :

la mort de François Ier et l'avènement d''Henri II , l'entente de la Ligue entre Catherine de Médicis et le duc de Guise et bien d'autres petits ou grands événements qui marquèrent le château de Rambouillet.

Du fond des temps jusqu'après 1830, G. Lenotre raconte ...

Malheureusement, peut-être trop préoccupé par son sujet, G. Lenotre a ici délaissé sa plume de conteur, l'a oubliée dans son encrier.

On ne retrouve pas dans ce livre le style qui habituellement fait tout le plaisir de l'amateur de la "Petite Histoire".

Le style de Lenotre est en effet inimitable, à la fois léger et précis, à la fois moderne et orné de charmantes et vieillottes moulures de phrases.

Parce ce que restituer L Histoire, c'est bien sûr maîtriser la méthode de savoir lui extirper ses secrets, mais c'est aussi tout l'art de conter ces mêmes secrets à un auditoire profane et non initié.

L'historien d'aujourd'hui, trop sûr de sa science, a souvent tendance à négliger ce que les anciens maîtrisaient fort à propos : le style, la tournure et la sentence.

Et finalement semble avoir abandonné à "l'amateur-historien-animateur" de télévision le soin de faire aimer le genre et la matière.

Dommage ! Dommage ! Triple dommage !

Bien sûr, ce livre est intéressant, quoi qu'alourdi par des détails de travaux et de longues descriptions de chantiers.

Mais on n'y retrouve pas la plume du maître.

Les personnages ne sont pas peints ici comme à l'habitude.

La verve, la précision et la malice de la plume semble avoir été préoccupées par d'autres mots, ailleurs, en un autre lieu, en d'autres temps.

G. Lenotre écrit là comme si le sujet ne l'avait pas enthousiasmé.

Et la lectrice, le lecteur, tous deux amateur(e)s de "Petite" et "Grande" Histoire, pour une fois, en sortent un peu déçu(e)s ...

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