Ce recueil de chroniques historiques s'ouvre dans la salle Arconati-Visconti au musée du Louvre.
Il s'y trouve là une huile représentant Bianca-Maria de Galeazzo Sforza peinte par Ambrogio de Predis vers 1455.
Au vu de son portrait, cette jeune femme lui ayant paru peu séduisante quoi que jolie, mais surtout très bête et attifée de manière navrante,
G. Lenotre s'y serait rendu coupable d'une bien timide et tardive muflerie !
Alors quoi, le grand historien aurait-il perdu toute délicatesse ?
Se serait-il mis en position de s'attirer l'anathème de ses lectrices ?
Le scandale passera-t-il aussi par la "Petite Histoire" ?
Que l'on se rassure dans Landerneau, le bruit de cette bien modeste indélicatesse s'est depuis longtemps dissipé dans les brumes de l'Histoire ...
"Petits côtés de grands personnages" est une compilation inédite en librairie d'une petite trentaine de chroniques historiques écrites par
G. Lenotre.
On y retrouve bien son style alerte et vivant, son érudition précise et détaillée et son originale manière de raconter le passé.
Mais il manque pourtant quelque chose à cette compilation posthume, un "je-ne-sais-quoi" que possèdent tous les autres recueils du grand historien.
Peut-être le fil directeur auquel
G. Lenotre prenait toujours grand soin d'accrocher ses chroniques dans chacun de ses ouvrages.
Aurait-il ici manqué cet indispensable et précieux quoi que presque invisible fil directeur qui permettait de faire un tout ?
Peut-être ...
Certainement même !
Mais le plaisir est toujours là de déguster
L Histoire contée à la manière de
G. Lenotre.
Et si le style et la méthode restent inchangés, l'historien a pourtant ici élargi son panorama et fait quelques infidélités aux période de la Révolution et de l'Empire dont il est habituellement coutumier.
Que savez-vous d'Henri IV, le Vert Galant ?
Que son berceau était une carapace de tortue, qu'il prisait la gousse d'ail et le vin de Jurançon, qu'il vécut son enfance pyrénéenne à dénicher des nids avec les garnements de son âge et qu'au temps de sa gloire, il arborait un panache blanc ... Il n'en faut pas plus pour créer une légende !
L'Histoire est plus abracadabrantesque que le plus fantaisiste des romans.
Surtout lorsque, comme
G. Lenotre, on va y débusquer les seconds rôles et les troisièmes couteaux.
Tout devient alors possible.
Le secret se cache dans l'archive, dans les vieux papiers, les vieilles pierres et les greniers oubliés.
G. Lenotre prétendait qu'à force de recherches, longtemps on l'avait pris pour un notaire.
Lui que d'aucuns auraient prétendu "royaliste" !
L'avaient-ils lu attentivement ces ombrageux détracteurs et pointilleux adversaires, lorsqu'il écrit ici que
Louis XIII était timide à l'extrême, Louis XIV pompeux, Louis XV insouciant et lubrique, Louis XVIII prétentieux et sournois et Charles X mystique et maladroit ?
Sans oublier Louis XVI qui aurait pu certainement être sauvé s'il avait possédé une seule qualité de son aïeul Henri IV ...
Un peu plus loin,
G. Lenotre fait le compte des malheurs que subirent quelques grandes reines de France.
Ah la félicité des grands !
Un adage populaire est tombé depuis longtemps en désuétude qui disait : "heureuse comme une reine" pour qualifier autrefois le bonheur d'une jeune fille.
Serait-ce la faute à Rousseau, à
Voltaire ou à un tout autre inconnu dont la "Petite Histoire" aura finalement retrouvé la silhouette ?
Car c'est une édifiante et surprenante, mais agréable et pittoresque galerie de portraits que dresse ce dernier petit recueil, comme dressé à la hâte en guise d'hommage au grand historien ...