On ne lit plus que rarement, aujourd'hui, les ouvrages de
G. Lenotre dans leur ordre de publication.
On les découvre généralement au fil de leurs rééditions, et surtout au hasard des étagères d'un bouquiniste ou d'une caisse de brocanteur.
Et, qu'importe qu'il soient un peu jaunis.
Qu'importe qu'il soient sortis de leur vingt-troisième édition.
Car c'est toujours pour l'amateur d'Histoire un véritable plaisir anticipé que de tenir dans sa main un de ces vieux livres.
Le plai
sir est d'avance savouré.
"Vieilles maisons, vieux papiers" de la collection "
Paris révolutionnaire" est une série d'Histoire, de celle que Théodore Gosselin, "
G. Lenotre", a nommé "la Petite Histoire".
Le décor est posé, rattaché au présent par ce qu'il en subsiste encore.
Une vieille maison est toujours debout, qui a tant vu.
Le personnage y est central.
Il est présenté dans toute son épaisseur.
Pourtant, il est souvent un parfait inconnu rejeté par les manuels dans les brumes de l'Histoire.
Mais que serait un bon scénario sans ses seconds rôles ?
C'est là la force et l'originalité de
G. Lenotre, son talent et son opiniâtreté à contourner les grands noms pour en présenter de plus humbles.
Il les a redécouverts au travers de vieux papiers, d'archives et de lettres.
C'est là un travail colossal qu'un élégant talent de plume vient couronner.
Le troisième tome de la série est dédié à
Henri Lavedan.
Il contient essentiellement des portraits de femmes, des histoires de couples :
Elisabeth Regniez, l'épouse de Joseph le Bon, responsable des hécatombes d'Arras et de Cambrai ...
Bonne-Jeanne Coiquaud, l'épouse tant aimée de Fouché ...
Elisabeth Duplay, l'épouse de Philippe le Bas qui tomba avec
Saint-Just et
Robespierre ...
La citoyenne Villirouët qui sut si bien plaider la cause de son mari ...
Les deux femmes de
Billaud-Varenne et Mme Bouquey ...
Le mot prend ici parfois des accents cornèliens.
C'est que
Paris révolutionnaire achemine le drame !
"Vieilles maisons, vieux papiers" a été couronnée en 1924 par
L Académie Française avec le prix Broquette-Gonin, non pas dans la catégorie "Histoire" mais dans celle de la "littérature".
Etonnant ? non ...
C'est que la rigueur de l'Historien n'y a d'égale que l'élégance de sa plume.
L'anecdote, les péripéties y passionnent et embarquent le lecteur dans un tourbillon d'événements qui pourtant n'ont rien de fantaisistes.
Il ne suffit que de suivre ici, sur la route de Valenciennes à la Belgique, le sombre Antoine Moneuse, l'outrecuidant bandit vers ses mystérieux rendez-vous à l'auberge de la Houlette où l'attendent les chauffeurs du Nord ...
On a pu lire, de-ci de-là, par-ci par-là, que
G. Lenotre faisait partie de ses historiens royalistes dont les opinions venaient parfois faire tâche.
Ici, à Boisé-Lucas, le manoir breton, près de la côte, à une lieue de Saint-Cast, l'auteur décrit Maximilienne Bameule de Nantillais comme assez faraude, infatuée de sa particule et l'épopée de la chouannerie bretonne comme devenue un roman de chevalerie dans l'imagination hantée de vieilles personnes !
En réalité, on s'aperçoit à travers leurs lectures qu'il est assez difficile et assez rare de percevoir la silhouette de
G. Lenotre au travers de ses mots.
Il est de ces historiens délicats qui ont à coeur de s'effacer devant
L Histoire ...