En 1786, un jeune libraire de 24 ans, Louis Fauche, avait épousé Augustine Borel.
Depuis, à son compte dans une modeste boutique de Neuchâtel, il soupirait d'ennui en famille lorsque soudain un vent de de révolution et de terreur s'est abattu sur la France.
Et le diable a surgi dans la boutique !
L'infernal tentateur ! L'homme qui, déconcertant
L Histoire, a traversé quarante ans de révolution en gardant la faveur de tous les régimes.
Celui qui se présentait comme le comte Maurice de Montgaillard s'appelait en vérité Roques, et sortait d'une famille noble, mais pauvre, du Languedoc.
Qui servait-il ?
Qui le protègeait ?
Montgaillard proposa à Louis Fauche d'éditer son livre "l'an 1795" et de se rendre au sud de Strasbourg, rencontrer, et surtout acheter les services du général républicain Pichegru pour le compte du prince de Condé grâce aux subsides de l'Angleterre ...
Et c'est là le point de départ d'un véritable roman d'espionnage de plus de trois cent pages qui passera par Paris, l'Angleterre, Neuchâtel, Illkirck et surtout par la fameuse prison du Temple.
"L'affaire Perlet" est un drame policier, un livre d'histoire écrit en 1923 par
G. Lenotre.
Le récit est passionnant dès son ouverture.
Les personnages sont de ceux dont on aime suivre les turpitudes et autres petites et grandes aventures.
Les décors, historiques à souhait, sont peints par un maître du genre.
La description, par exemple, de la prison du Temple et de son geôlier-chef et administrateur Louis François Fauconnier vaut à elle-seule le coût de cette lecture.
G. Lenotre est à son affaire !
Trop, peut-être ?
Car le récit, très vite, s'embourbe dans le détail, s'enlise dans la précision.
L'érudition se fait longueur.
L'ennui s'installe, et l'intérêt, de vif qu'il était, pâlit jusqu'à faire soupirer en famille comme ce pauvre Fauche en début d'ouvrage.
G. Lenotre, une fois n'est pas coutume, s'est pris les pieds dans le tapis de sa recherche trop fournie.
A vouloir trop en dire, il a fini par en noyer son récit.
C'est que sa lectrice, son lecteur en viendrait à se croire plongés dans un dossier d'instruction de multi-récidiviste !
Pourtant le livre est bien écrit,
L Histoire y est finement restituée à son décor.
Et le drame, qui d'ailleurs est plutôt d'espionnage que policier, le drame possédait toutes les qualités pour inspirer la fine plume de Lenotre.
Alors quoi ?
Alors il faudra pourtant préférer cet ouvrage de Lenotre aux véritables mémoires de Fauche-Borel qui eurent peu de succès et finirent très vite dans des fonds de caisse de brocante.
Quatre volumes dont le prix était de vingt-huit francs au début du siècle, enfin de l'autre siècle.
Fauche-Borel y fondait de nouvelles espérances de fortune.
Il se défenestra, à soixante-sept ans, ruiné et désespéré ...