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Critiques de Gabino Iglesias (108)
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Les lamentations du coyote

Des films, des romans sur la frontière mexicano-américaine, no man's land aux mille dangers peuplé de migrants transformés en proie, de narco-trafiquants, de trafiquants tout court profitant de ces proies sans défense, de miliciens, il y en a . Mais aucun aussi percutant et singulier que celui de Gabino Iglesias. Dans Les Lamentations du Coyote, il explose le mythe de la frontera made in Hollywood en mode cuite au mezcal.



Son roman est saturé d'obscurité et de violence, de deuil et de vengeance. C'est très pulp, rappelant par moment le cinéma de Quentin Tarantino ( il y a même le célèbre verset biblique La Marche des vertueux, Ezéchiel 25:17, ici dans la bouche d'un prêtre tatoué, repenti d'un groupuscule néo-nazi ) et surtout de Robert Rodriguez. Mais ce serait très réducteur de ne pas aller au-delà de cette ultra violence scénarisée à la perfection car il y a la touche Gabino Iglesias : une bonne pincée de fantastique presque horrifique accompagnée d'une louche de mysticisme qui laisse planée la Virgencita sur tout le récit sur fond de folklore religieux latino pagano-catholique. Et c'est bien cela, un écrivain, celui qui fait voir la réalité à travers un prisme particulier en s'affranchissant des codes établis.



Pour capter les multiples expériences de la Frontera, l'auteur convoque six personnages dont les récits alternent. Il le fait avec une liberté dingue : certaines trajectoires se croisent, d'autres s'arrêtent abruptement. On ne sait jamais ce qu'il va se passer dans ce chaos d'horreur, de folie et de douleur, magnifiquement propulsé par la scène inaugurale choc qui voit le meurtre d'un père en train de pêcher sous le regard de son jeune fils, Pedrito qui ne sera plus qu'animé par un désir de vengeance insubmersible. L'écriture est impeccable, tranchante, viscérale, plantant une lame dans la peau puis la tournant, encore et encore, avec une précision acérée, s'autorisant même quelques percées poétiques.



J'ai trouvé deux personnages plus faibles que les autres dans leur traitement; les chapitres qui leur sont consacrés m'ont sortie par à-coup d'une lecture souvent hypnotique : Jaime récemment sorti de prison, dont les passages sont moins forts et plus « classiques » ; et Alma, l'artiste activiste qui prépare une performance spectaculaire, personnage plus « gratuit » même s'il pose la question de la responsabilité collective. Par contre, tous les autres sont passionnants : le Coyote qui aide les enfants à passer la frontière comme on répond à une vocation religieuse ; la Mère aux prises avec une grossesse littéralement monstrueuse qui dit bien la transformation psychologique et physique que subit le migrant ; et surtout la Bruja dont tous les chapitres m'ont sidérée par la fulgurance baroque qui les emporte.



Un court roman habité d'une voix puissante et bouillonnante pour dire le monde, pied au plancher, empli de scènes spectaculaires mélangeant énergiquement profane et sacré.



Lu dans le cadre du Picabo River Book Club

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Santa muerte

Austin, Texas. Fernando, immigré mexicain, cumule deux jobs : videur de boîte de nuit et revendeur d'une panoplie de drogues pour le compte de son dealer, Guillermo. Comme il fait les deux boulots en même temps et au même endroit, on ne peut pas dire qu'il soit surmené. Malgré qu'il soit clandestin, Fernando mène, en somme, une honnête petite vie plutôt pépère. Jusqu'au jour où il est kidnappé par les membres d'un gang, qui le conduisent, revolver sur la tempe, auprès de leur chef. le but de cette visite de courtoisie ? Faire comprendre à Fernando qu'il doit transmettre un message à Guillermo, son propre boss, pour lui dire poliment de bien vouloir céder gracieusement son territoire commercial au gang susmentionné. Et pour que Fernando pige bien l'importance de sa mission, le chef du gang décapite, sous les yeux épouvantés de notre ami, un des "collègues" de celui-ci, après l'avoir torturé et lui avoir scié les doigts avec un couteau à pain.

Fernando est un dur, mais pas un héros et là, il flippe vraiment. Et quand son boss lui dit qu'il n'accédera pas à la demande du gang ("non mais pour qui ils se prennent, ces morveux ?"), Fernando comprend que les sales types vont s'en prendre à lui. Il sait aussi qu'il ne s'en sortira pas tout seul, alors il fait appel à un tueur à gages russe, puis à un fou de la gâchette porto-ricain, mais surtout à une prêtresse de la Santería (sa mère de substitution). Entre neuvaines pas très catholiques et cachetons d'oxycodone, Fernando prie tout et n'importe qui pour tenter de maîtriser sa terreur avant d'espérer pouvoir maîtriser ses ennemis à la solde du Mal absolu. Santa Muerte, protégeme...

Déjanté, sanglant, violent, tragi-comique, ça ressemble à du Tarantino coupé avec une dose de blues, celui de l'exilé mélancolique sans espoir de retour à la mère patrie.

Un rythme soutenu, des personnages plutôt bien campés (mention spéciale à Consuelo), sympathiques ou totalement glaçants, de l'humour noir, un style prenant, un mélange de thèmes qui fonctionne (violence des gangs, croyances religieuses, solidarité, exil), la découverte est concluante.



En partenariat avec Sonatine via le Picabo River Book Club.

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Santa muerte

Dès sa couverture à tête de mort, le bouquin met dans l'ambiance!

Le résumé, au dos, en remet une couche d'amuse-bouche: Horusfonck, votre serviteur et commentateur, est sorti de chez le libraire avec Santa Muerte...

Ça va danser de plus en plus vite... D'ailleurs, le lecteur entre tout de suite dans cette valse sans temps morts. Une histoire entre Mexique et Etats Unis, côté crime, drogue et clandestins. Ça bouge vite et ça prie pour être protégé, vivre encore un peu plus longtemps, pour les amis morts et la vengeance comme une grande faim. Mystique.

Un récit simple, somme toute, de lutte entre cartels pour s'approprier un lucratif territoire. La routine, quoi.

Gabino Iglesias secoue le lecteur, avec Fernando (qui raconte), le russe, le portoricain. Fernando qui a quitté Mexico où il est mortellement tricard et qui pensait mener une vie aussi délinquante mais plus tranquille à Austin ... (pas trop le choix, c'est ça ou trimer dans des boulots sous-payés).

Qui survivra, qui mourra, va savoir... Pas le temps de trop respirer (peut-être un peu, tout de même, avec les prières) , il faut retrouver et anéantir cet Indio qui fout même les jetons au russe... L'Indio tout peint, qui aime couper les têtes. Va y avoir du sport!

Santa Muerte, quel bouquin!

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Santa muerte

Ce que j’ai ressenti:



☠️À Toi qui va lire ceci- parce que crois-moi, foi de Santísima Muerte, tu vas lire ce barrio noir-je disais donc, à Toi qui va lire ceci, prends une bonne respiration, tu n’as encore aucune idée de ce qui t’attends, et je te le dis dans un murmure solennel, ce livre est mortel!



🌹Je t’apprendrais le folklore mexicain et une novena ou deux…Je t’écrirais des prières pour la Santa Muerte, que tu réciteras pendant neuf jours d’affilée pour qu’elle veuille bien prendre soin de ton âme…En revanche, moi, je me fous bien de ton petit confort et je ne vais pas te ménager et Gabino Iglesias, encore moins!



☠️De décapitation en sang versé, de règlement de comptes aux vengeances musclées, il va te falloir des tripes bien accrochées à ton corps, car tu vas vite être malmené avec cette lecture! Il se pourrait même que tu y perdes un doigt en tournant les pages, tellement la violence de ce roman noir est d’une efficacité tranchante.



🌹Je t’apprendrais à craindre la Dame Blanche. Je saurai meme te faire rencontrer une personne qui ne cligne pas des yeux. Je te mettrai face au chaos et à la lumière. Mais je serai aussi irrévérencieuse que Fernando, tout aussi ingérable, et je jurerai comme un diable…Tu n’auras de cesse de souhaiter que ça s’arrête, mais je ne ferai jamais ça…Je t’apprendrais à aimer la Dame noire et bientôt, tu auras peut-être , comme dans mon propre exemplaire, des fleurs qui se tatoueront au cœur des pages… J’ai laissé la Santa Muerte m’inspirer et les ouragans d’émotions me faire valdinguer dans le néant.



☠️Ne te donne pas la peine de montrer ta peur. Je sais déjà que tu es mort de trouille à l’idée de voir des esprits malins, de subir la vengeance des cartels de la drogue, mais qu’en sera-t-il de ses frayeurs s’il te fallait, même avec l’aide du Russe ou d’El Principe, d’aller tuer un demon? En quelle divinité t’en remettra-tu? J’espère que tu feras le bon choix, car il n’y a qu’Elle qui puisse te sauver dans l’obscurité infinie.



🌹Je t’apprendrais à te méfier des frontières. À voir combien Mexico est un lieu dangereux, peuplé de spectres et de monstres en tout genre. Gabino Iglesias te le racontera mieux que moi, parce qu’il a sans doute vu, le Mal dans le fin fond des yeux. Et les secrets qu’il m’en a dévoilé m’ont pétrifiée d’horreur.Et il ne te restera plus qu’à prier la Dame aux multiples noms pour qu’elle te protège, à l’orée de toutes les terres…



☠️Je t’apprendrai que tu n’as qu’une seule option possible, celle de sombrer dans les ténèbres…Celle de lire immédiatement cette lecture. Celle de succomber au charme absolu de la Santa Muerte.



🌹À toi qui va lire ceci, remercie le talent complètement barré et génialissime de Gabino Iglesias et vénère de tout ton cœur, la Santa Muerte! Pour ma part, c’est déjà fait, et ma novena lui est dédiée autant que ce coup de cœur!





Ma note Plaisir de Lecture 10/10
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Santa muerte

Pas de bol pour Fernando. Il travaille comme videur d'une boite de nuit , dans le giron des Zetas et vient d'être enlevé par des mareros de la MS13, la Mara Salvatrucha . *

Pour les non initiés, les Zetas sont considérés comme le cartel le plus cruel du Mexique (ça fixe) et les MS13 comme l'un des gangs les plus dangereux aux USA . Ces salvadoriens ont la particularité d'avoir des tatouages plein le corps mais aussi sur le visage et cela se confirme pour Fernando. le barjot en face de lui est couvert d'encre et semble habité par les démons.



Roman court, nerveux, au style assez original sans être non plus innovant.

l'histoire est basique et pourrait tenir en 50 pages . On plonge dans Austin version macabre , dans l'ambiance d'une Amérique où le règne des armes est avéré et où la droguie poursuit son oeuvre dévastatrice.

Autour de cette énigme, il y a l'histoire de Fernando et à travers lui , celle des migrants , sans doute la meilleure partie du livre , avec une réflexion certes déjà lue mais très bien menée . Pourquoi partir , pourquoi faire ?Qu'est ce qu'on laisse, qu'est ce qu'on gagne ?

Enfin , un saupoudrage de magie noire et la Santa Muerte à prier toutes les 5 minutes pour rester en vie.

Bof.



* Pour les lecteurs intéressés par ces cartels , Don Winslow a écrit plusieurs livres la dessus : La griffe du chien , Corruption , La frontière. incontournable

Extra pure de Roberto Saviano est aussi très bien documenté

Un de ces livres , Corruption peut être ?, explique la création des Zetas et décrit ensuite , froidement, le fonctionnement de ce groupe.

Pour la MS13, El Nino de Hollywood est une mine.

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Le diable sur mon épaule

Bonjour Booksta,

Voici « Le Diable sur mon épaule » de Gabino Iglesias. Un thriller sombre et terriblement dur. Preparez-vous à rencontrer Mario, un père désespéré par la maladie de sa fille, un homme couvert de dette, un mari inquiet pour son épouse. Acculé, il va accepter de devenir tueur à gages. L’engrenage est irréversible et le conduira à travailler pour un redoutable cartel de Juarez. Voici une intrigue captivante, bouleversante au rythme endiablé, une descente aux enfers dans un univers de violence extrême mêlant meurtres, drogue, magie noire, croyance, racisme et pauvreté. Le cocktail est détonnant et se compose dans une atmosphère terrifiante et anxiogène. Les protagonistes sont décrits de façon fort réaliste. La plume est brillante, percutante et terriblement visuelle. Les scènes d’action sont terrifiantes à souhait. Une très belle découverte avec cet excellent thriller d’un auteur à suivre de près !
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Le diable sur mon épaule

Un jour, la vie de Mario bascule. Sa fille de quatre ans, Anita, a contracté une leucémie foudroyante. Et, comble de malchance, puisque sa femme et lui sont d’origine hispanique et que « même les maladies sont racistes », le taux de rémission est moins élevé que pour d’autres gamines. La fillette nécessite un traitement expérimental extrêmement coûteux, sans garantie de guérison. Mario est prêt à tout pour obtenir de l’argent. Même à tuer. C’est le début d’un engrenage fatal.



Mario a mis le doigt dans une machine dont il ne pourra se défaire. Son premier meurtre lui apporte l’argent espéré … et du plaisir. Il va donc continuer. Jusqu’à un coup. Un dernier coup. Vous savez, ce dernier coup qui permet ensuite d’arrêter, de partir, riche, et de commencer une nouvelle vie. Mais pour le réussir, il faut prendre des risques. Et se rendre sur un territoire où la violence est reine. Où, à la moindre erreur, on vous coupe un doigt, on vous ouvre le ventre, on vous arrache les intestins et on les fait manger par un crocodile. Toute l’horreur qu’on prête aux cartels mexicains et à la folie de certains de leurs dirigeants et membres. De la violence gratuite (ou non). Brutale. Écœurante.



Même si ces scènes sont rares, elles sont éminemment puissantes et d’une force terrible. Impossible de rester de marbre devant certains passages. J’ai eu beau me dire que ce n’étaient que des mots, ceux-ci étaient suffisamment bien agencés pour que je ressente certaines sensations, que certaines images me sautent au visage. Mais je n’étais pas surpris : le barrio noir appelle ces moments d’horreur, percutants, terrifiants. Et je les ai appréciés à leur juste valeur.



Tout comme j’ai aimé la présence du diable sur l’épaule de Mario. Car ce texte baigne dans le fantastique, malgré son ancrage très fort dans le réel. On est bien dans la crasse des bas-fonds américains et mexicains. On sent la sueur des corps, l’odeur de graisse des diners. Malgré tout, peu à peu, Gabino Iglesias crée une atmosphère gothique avec l’apparition de personnages porteurs de magie noire. L’une cède contre de l’argent des reliques humaines aux pouvoirs magiques avérés.L’autre lévite et voit malgré ses yeux aveugles. Des créatures monstrueuses hantent les tunnels sombres traversant la frontière supposément inviolable de Donald Trump (dont on ne dit pas le plus grand bien dans ce roman). Là aussi, comme pour la violence, tout ne se fait pas d’un coup. C’est progressivement que l’on sent ces forces démoniaques pointer le bout de leur nez et tenter de pénétrer dans un quotidien déjà passablement détraqué. Et c’est cette montée en puissance que j’ai aimé. Voir Mario d’enfoncer dans l’horreur, renier parcelle par parcelle son humanité, dévoré qu’il est par les souvenirs d’une vie heureuse passée. Affronter le destin qu’il a fini par choisir.



Le Diable sur mon épaule est un récit noir, comme sa couverture, au rythme soutenu (à part un peu après le milieu, où j’ai ressenti une légère lassitude), à l’atmosphère irrespirable et à la pression savamment dosée. La découverte pour moi d’un auteur sur l’épaule de qui je vais, moi aussi, me pencher.
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Les lamentations du coyote

Ce que j’ai ressenti:



« Parfois, la douleur est la seule voie vers la délivrance. »



Je suis allée aux abords de la frontera. Et j’ai écouté. Le sang, les fantômes et le sourire du diable. De part et d’autre de cette frontière, j’ai écouté l’énergie du désespoir. Ce sont autant de chants qui s’entrecroisent, se mêlent, s’emmêlent, se répondent, s’apprivoisent et puis s’éteignent. Un envahissement. À rendre fou. Mais tant qu’à être vivant, même entourés par la mort, il faut comprendre que cette frontera, est un lieu d’angoisses, de contrebandes, de trafics et de banditisme. Un territoire de dissymétries où le chaos s’insère impunément. Un carrefour de capital, de services, de croyances et de cultures qui s’affrontent avec fureur. J’étais là, fragile, au milieu des cadavres, des cris et des vengeances, à les regarder se livrer une guerre sans merci sur le seuil de l’enfer. J’aurai voulu que le chant de la Mère me traverse moins fort, que Les lamentations du coyote me laissent un peu d’espace, que l’Inmaculada desserre son étreinte sur mes os, que Alma fasse un bruit plus diffus, que les pleurs des enfants s’envolent…Mais c’était sans compter sur la plume puissante de Gabino Iglesias qui encore une fois, décide de rien nous épargner de l’horreur de la violence à la frontière nord-sud américaine, dans ce Barrio noir survolté. Il nous fait entendre dans ce roman choral, les voix des indésirables qui s’y pressent jusqu’à y perdre, au mieux, la raison. C’est ce qui va m’empêcher de dormir désormais, les cauchemars qui se glissent dans les fissures, ces âmes perdues qui, fondamentalement convaincues de la force du Bien, se battent pour la justice envers et contre tout. Malgré les loups, la politique, l’homme orange, la Muerte qui traînent leurs maléfices, ils continuent, ces indésirables, leurs combats contre le Mal, dans l’indifférence totale du monde, et c’est ce qui va me briser le cœur, assurément…J’aurai beau discuter avec le diable, il paraît qu’il ne veut rien entendre du trafic d’enfants, j’aurai beau prier la Santeria ou la Virgencita, les créatures assoiffées de sang continueront d’affluer, j’aurai beau rire, pleurer, chanter, la mort va quand même rendre son parfum caractéristique sur les abords de la frontera. En fait, j’aimerai délivrer, comme le coyote, des mots et des enfants, avant que le silence ne recouvre tout. Ça sera un espoir. Quitte à être en souffrance, autant que j’en éprouve au moins le désir, ça sera ma manière d’être une onde d’énergie, en lançant un cri vers le ciel. Donc, il me reste à vous écrire que Gabino Iglesias a réussi un chaos splendide, empreint d’émotions, de vibrations et de lamentations qui vous retournent les tripes. Je vais aller m’asseoir maintenant et fermer les yeux, écouter mon sang, écouter la mort, faire une ou deux prières pour eux. Les indésirables qui suivent leurs cœurs et donne à l’avenir, un mélange de lumières scintillantes malgré le tableau noir…





Ma note Plaisir de Lecture 9/10
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Santa muerte

Au premier abord, on pourrait classer ce roman noir dans la catégorie des romans "barrés" ou "frappadingue" tant il est déjanté, a des relents de fantastique et des saints inconnus de ton calendrier catholique, orthodoxe et tout ce que tu veux.



Et en effet, ce ne serait pas une erreur de classement car si on le regarde en gros, c’est de l’action pure, de la violence, des drogues, des armes à feu et une histoire de vengeance vieille comme le monde.



Pas de la vengeance raffinée à la Monte-Cristo, mais de celle au Beretta, au Desert Eagle et à l’Uzi (à ne pas confondre avec de l’ouzo).



Pourtant, dans le fond, il n’y a pas que ça…



Ce n’est pas que l’histoire d’une vengeance, car au travers de l’histoire de Fernando, immigré clandestin mexicain, dealer de toutes sorte de drogues et videur de boite, c’est aussi celle de tous les clandestins qui tentent de passer la frontière pour vivre le rêve Américain, ou tout simplement, essayer de sortir de la misère ou échapper à des tueurs ou quitter un pays exsangue.



Fernando a beau être un revendeur et le type qui rapporte le fric à Guillermo, le dealer en chef, il mène une vie rangée, tranquille, sans faire de vague et en priant beaucoup la Santa muerte…



Notre personnage principal n’ a rien d’un dur, d’un salaud. Il pourrait même chanter ♫ Je ne suis pas un héros ♪.



En un mot, il est réaliste, un presque monsieur-tout-le-monde, qui sait se servir des armes, car s’il n’a rien d’un ange, il n’a pas non plus les cojones pour s’attaquer à plus fort que lui.



Pourtant, il va devoir aller se greffer de suite une solide paire de cojones car ceux qui ont tué son boss et Consuelo, sa mère de substitution, prêtresse de la Santería, ce sont des MS13… Mara Salvatrucha, pour ceux qui ne pigent pas et qui n’ont pas encore fait des traces de freinage dans leurs slips ou culottes !



Un roman noir qui est intense, court, ne te laisse pas le temps de reprendre ton souffle et te fera croiser la route de personnages (Le Russe et El Principe) dont tu ne sais pas trop s’il vaut mieux ne jamais les croiser ou alors, si les avoir pour potes, pourrait t’aider si un jour tu veux dézinguer des membres du terrible gang des MS-13…



Un barrio noir qui mélange habillement la violence, l’humour, l’amitié, la vengeance, les drogues et autres cachetons favoris du Docteur House. Sans oublier les cierges, les bougies, les neuvaines et les prières à des tas de saints.



Donc, si tu veux lire ce petit roman qui pulse, ami lecteur, amie lectrice, n’oublie pas ton chapelet, un gros cierge, tes offrandes à la Santa Muerte ou autre saint(e) qui a tes faveurs, tes balles à têtes creuses, de l’eau bénite (parce qu’on ne sait jamais), une grosse paire de cojones et des flingues !


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Les lamentations du coyote

Un mois après Santa Muerte qu’on a récemment remis en avant ( le jour de Pâques carrément )a l’occasion de sa sortie en poche, le romancier américain d’origine porto ricaine (et adepte du culturisme !) Gabino Iglesias continue d’explorer la question de la frontière et de la migration dans son nouveau polar aussi musclé ( excusez la métaphore) que le précédent.



Un roman choral qui a pour cadre la Frontera, frontière séparant les USA et le Mexique et hélas tristement rendu célèbre par Donald Trump qui voulait la fermer



À en croire Gabino Iglesias, la Frontera est le décor idéal des violences les plus crues et les plus injustes qui feront naitre des vendettas souvent terrifiantes et même une pincée de surnaturel…et le coyote du titre me diriez-vous ?



Quand on sait que c’est le surnom du passeur qui aide les mexicains à franchir la frontière vous pouvez vous doutez que le périple n’aura rien d’une partie de plaisir.

Un rythme effréné, des chapitres courts, un style noir brutal à souhait, un hyperréalisme qui laisse parfois entrevoir un peu de magie et de fantastique, des phrases uppercut au vocabulaire sec : Les lamentations du coyote reste pas mal dans la lignée de Santa Muerte.



Mais là où le premier roman faisait parfois penser à du Tarantino, ici on songe plus au Trafic de Soderbergh dans ce polar choral trempé à l’eau bénite, plus profond et tragique que le précédent.



En tout cas, comme pour le précédent, on ne peut que vous recommander ce polar bien écrit et toujours aussi bien traduit par Pierre SZCZECINER !


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Santa muerte

On t'a dit que les mecs tatoués étaient cool ?



Pas quand ils portent sur le front des tatouages de cartels mexicains.



Exit le vélo tatoué sur l'avant bras du hipster ou le petit dauphin qui saute dans un cerceau tatoué au bas du dos. Indio lui il a choisi, c'est MS13 pour la vie, pour Mara Salvatrucha, si vous n'êtes pas au fait de ce gang qui se partage le trafic de dope, une petite recherche google images vous renseignera sur le look 'jeune homme de bonne famille' qu'affichent ses membres, vous verrez qu'il est bien difficile de les différencier du club des 5.



Et comme une bague au doigt, avec le MS13 c'est à la vie et surtout à la mort, il est donc de bon aloi d'afficher sur ta peau ton appartenance à l'equipe et de flinguer une bonne foi pour toute le contrat social.



Le cartel est normalement une association d'entreprises formant un oligopole visant à défendre un intérêt commun, en general le fric pour éviter la concurrence déloyale et que chacun s'en mette plein les fouilles. Bon, ca c'est sur le papier, mais au Mexique c'est un peu different quand ta vie ne vaut pas plus qu'un cheeseburger. Donc coups de pressions, et souvent sur la gâchette viennent rythmer la vie des trafiquants.



La mort est si présente au Mexique qu'elle a été élevée au rang d'icone folklorique et que les calaveras, ces petites têtes de mort en terre cuite peintes de couleurs bariolées en font des objets déco du quotidien. Et c'est attiré par une couv' bien dans le style que j'ai été happé par cette histoire noire.



On va donc suivre les aventures d'un petit dealos qui se fait serrer par un gang rival qui veut récupérer un spot de deal pour pouvoir refourger des dragibus tranquille.



Ce roman m'a fait comme une reviviscence de grosse dalle face à un Burritos, si senor.



D'abord t'es attiré par son coté sexy et coloré. Puis moyennant quelques pesetas - ou sans payer, si les cuistos mexicains furax ne te font pas peur au sprint- bref tu te le procure, et puis dès les premières bouchées c'est savoureux, ca chauffe un peu, parce qu'il y a les épices, et c'est que du kiff.



Puis il y'a le fromage, mais tu t'en fous tu devores parce que c'est bon, puis y'a l'excès de fromage, dans ce bouquin le coté mystique, bon ok c'est mexicain, mais pourquoi t'abuses avec ton fromage mec? le succès d'un bon burritos c'est l'EQUILIBRE, el equilibro, or la tu me fais somnoler, et ca c'est pas bon "Jefe"!



Un bon burritos c'est comme une scène de crime mec, toi et ton pull n'en ressortiront pas indemne,s tu t'en es foutu de partout, de la salsa picante, et heureusement que cette enflure de chef t'as mis une petite fin bien pimentée car bordel t'aurais pu t'endormir en cours de route, mais au final t'en sors repu. et soulagé de ne pas avoir sorti un Ay Cabron au Cuisto aulieu de ton ticket resto.



Voila c'était ma minute mexicaine, je vous laisse, car c'est bientôt le réveillon et si je lache pas bientôt le clavier j'en connais une qui va me péter les Maracas...































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Le diable sur mon épaule







Quelle surprise que ce livre qui mélange Breaking bad, Tarantino, Stephen King et Romero! Entre autres excentricités!

Je viens de découvrir Gabino Iglesias qui revendique l'invention d'un nouveau genre littéraire, le barrio noir, un genre qui combine le crime avec l'horreur, sur fond de multiculturalisme hispano-américain et de questions politiques et sociologiques.

Curieusement, alors que je suis très sceptique sur l'intrusion du paranormal et plutôt méfiante envers les zombies, j'ai été embarquée dans ce mélange hallucinogène de crime et d'horreur.



Au début du roman, Mario, le narrateur, et sa femme Melisa viennent d'apprendre que leur petite fille Anita a reçu un diagnostic de leucémie. Quelques semaines plus tard, Mario est licencié de son travail à cause d'un trop grand nombre d'absences pour les rendez-vous médicaux . Les factures s'accumulent, et en désespoir de cause, Mario contacte Brian, un ancien collègue devenu dealer qui lui propose d'éliminer un pédophile en échange d'une belle somme d'argent.

" La pauvreté est un marteau qui tape sur votre détermination et votre bonheur jusqu'à les réduire en poussière."

Le système de santé américain est accusé avec véhémence non seulement parce qu'il ne permet pas de recourir à des traitements qui auraient pu sauver la vie de son enfant mais aussi parce qu'il condamne la famille à une double peine : le deuil et la pauvreté.



Mario, dont la mère consommait de la drogue, a toujours dit qu'il avait des anges qui veillaient sur lui, et il a eu des visions éveillées toute sa vie.

" Ma junkie de mère me répétait souvent que des anges volaient autour de moi. Elle était convaincue que comme j'étais né" coiffé ", c'est à dire entouré de ma poche de liquide amniotique, j'avais la capacité de voir des deux côtés du voile."

Ainsi on apprend dès le début du roman que Mario est perméable au monde surnaturel tout comme il l'est à l'univers des narco-trafficants, presque de naissance. Et il accepte plutôt aisément les avertissements de danger émises par les apparitions de quelques fantômes de son passé.



Toutefois, après la mort de sa fille et le départ de sa femme, il accepte une mission périlleuse auprès des cartels mexicains dans l'espoir de sortir sa femme de la misère.

Mario fait équipe avec son ami accro à la méthamphétamine, Brian, et un membre du cartel nommé Juanca pour aller dérober une énorme somme d'argent à des concurrents et venger la mort d'un frère.

Des scènes hyper réalistes d'une grande violence fusionnent alors avec des incursions paranormales et des diableries en tous genres.



"A la lueur des phares, deux grands yeux blancs dépourvus de pupilles apparurent, ainsi qu'une gueule hérissée de crocs jaunes scintillants. Lentement, la créature de cauchemar se hissa sur ses deux fines pattes de derrière et poussa un cri perçant."

Après avoir rencontré des créatures extra-terrestres dans les souterrains sous la frontière, le trio de tueurs va découvrir la magie noire.

Ils vont alors devoir supporter des scènes de torture insoutenables qui vont s'achever en apothéose par des crocodiles affamés et une sorcière aveugle en lévitation.



Gloria est" une sorcière. Une esclave. Au début quand Don Vazquez l'a récupérée, c'est parti en sucette. Et pas qu'un peu. Elle a tué plusieurs de ses hommes. Au final, ils ont été obligés de lui arracher les dents et de lui couper les mains pour pouvoir la contrôler. "

Depuis, la sorcière est l'associée du cartel, sa cruauté et ses pouvoirs diaboliques sont entrés en concurrence avec ceux des gangs.



Ballotté entre frayeurs réelles et frayeurs surnaturelles, le lecteur doit aussi se heurter aux ravages du racisme envers les Latinos, aux propos haineux des suprémacistes, à la précarité de nombreuses familles américaines et aux dégâts de la politique de Trump directement accusé.

Dans la lignée des grands romans noirs en forme de dénonciation, Gabino Iglesias apporte une large palette de surnaturel qui, à ma grande surprise, ne détonne pas mais apporte au contraire une touche de noirceur bien plus insondable.
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Santa muerte

Cher Gabino,

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Tu es fort, très fort !! tu réussis du premier coup l’épreuve de la 1ère phrase, celle d’accroche qui, comme son nom l’indique, attrape le lecteur et l’incite à poursuivre sa lecture et à tourner les pages. La 2ème épreuve généralement, c’est celle du résumé, celui pensé par les maisons d’éditions et là parfois ça passe ou ça casse. Pour toi, ça passe plus que bien, alors quand tu ajoutes une couverture qui claque, qui se démarque, tu te dis que tout démarre vraiment très bien.

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Après, il faut confirmer, et je te dois te dire que quand tout commence comme un magnifique festival, le lecteur, moi en l’occurrence, en veut au moins autant, si ce n’est plus, beaucoup plus. La gageure, c’est de tenir cette promesse, celle où tu nous dis que ton roman mérite notre attention.

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Alors, ta lectrice, encore moi, suit les aventures de Fernando, avec exigence, prête pour le feu d’artifice…et là encore, tu es inattaquable, parce c’est parfait, le style, l’écriture, le récit, parce que cette histoire de gangsters est riche, addictive. Il y a de l’action certes, cru, violente, avec un côté jubilatoire, à la Tarantino, des rebondissements, et ce souffle, celui de la Santa Muerte, présence invisible, mais puissante.

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Le tout accompagné de réflexions qui ne laissent pas indifférent, qui interpellent sur la vie des immigrés dans leur pays d'accueil, et cette sensation de n’être à sa place nulle part, de ce besoin d’être vu, reconnu, autrement, voire même d’être aimé. A travers tes mots on perçoit cette douleur, le poids des jugements, ceux qui te définissent sans te connaître réellement, le regard de l’autre…

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Et puis, il y a Fernando, sa lâcheté, attachante, sa fragilité, attendrissante, et son courage, comme un sursaut, une reddition, peut être un espoir…

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Au final, celle qui t’a suivi jusqu’à la dernière page te dit merci pour avoir tenu toutes tes promesses, pour lui avoir fait vivre un de ces moments de lecture qu’elle affectionne particulièrement, passionnant, agréablement surprenant, et elle ajoute : « pour le prochain, c’est quand tu veux !! »
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Le diable sur mon épaule

▪️Chronique▪️





« Entre un homme désespéré et un cadavre, il n’y a parfois qu’une poignée de dollars. »



Nous ne sommes jamais prêts au malheur. Personne ne peut prévoir les coups durs de la vie, mais plus encore, nos réactions quand il s’abat sur nous. Mario est un de ceux-là. Un de ceux, qui d’un coup, se retrouve dans une situation si désespérante que l’enchaînement de ses actions, devient sa propre descente aux enfers. Bien sûr que l’origine, le contexte social et politique, l’état de faiblesse peut engendrer une suite d’événements indépendants de toute volonté. Mais quand on se voit perdre son enfant, d’une maladie rare, comment on encaisse cette douleur incommensurable? Et comment on y fait face? Ce père de famille perd tout, sous un coup du sort. Mais en grattant un peu, peut-être pas tant, par hasard…Et c’est là, que le sang vient à parler, à bouillir, à vouloir s’exprimer, à vouloir se venger. Le sang appelle le sang. Et souvent le sang et l’argent aime bien à parler ensemble…L’engrenage était inévitable. Mais en même temps, qui ne tenterait pas tout, tout jusqu’au pire, pour sauver son enfant, sa famille, sa raison de vivre? Tout, même à accepter, le Diable sur l’épaule…



« Le truc, avec la pauvreté, c’est qu’elle se fiche de la géographie. »



Effectivement, je ne pense pas que ça joue des masses dans ce phénomène. Et pourtant, dans les livres de Gabino Iglesias, un certain point géographique revient encore et encore: la frontière americano-mexicaine. Chaque roman nous emmène sur ces terres empreintes d’histoires, de fantômes, de violences, de clivages, de folklores, de magies, de passages. Je suis toujours impatiente d’aller dans ses polars, parce qu’il a une plume brillante et engagée. Tout est fictif, et je sens que tout y est vrai. La cruauté humaine n’a pas de limites, et ça, je pense que l’auteur arrive à mettre cette vérité effroyable dans ces romans noirs bouleversants avec une grande lucidité, tout en y mettant, un morceau de son cœur en miettes, comme si, cette vérité le brisait de l’intérieur. Je crois, sincèrement, qu’il se soucie des pauvres gens qui errent sur ce bout de terre. Que ça le hante. Peut-être que c’est la Santa Muerte ou La Huesuda qui lui parle tout bas. Toujours est-il qu’avec Mario, il explore la trajectoire d’un homme lancé contre les mâchoires féroces des cartels de Juárez. C’est d’une violence inouïe. Mais jusqu’à la fin, nous sommes sensibles à son chagrin, à son désespoir, à ses failles…



« Quand les coïncidences commencent à s’accumuler, c’est en général qu’il ne s’agit pas de coïncidences. »



Donc, voilà. Trois romans, trois fois que j’en reviens, époustouflée. Il n’y a donc plus de coïncidences: je suis réellement convaincue que c’est un de mes auteurs favoris. Toutes ces influences d’origine syncrétique me charme comme jamais, et cette sensibilité qu’il a dans ses mots, me touche en plein cœur. Je vous invite donc à découvrir très vite Le Diable sur mon épaule, non seulement parce que c’est mon coup de cœur mais parce qu’il risque de vous hanter longtemps…Et que si La Huesuda plane près de vous, alors vous saurez peut-être la valeur d’une vie…



« Je fus surpris en franchissant la porte de découvrir que le monde était encore là. »
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Le diable sur mon épaule

Mash-up littéraire ! Depuis que Gabino Iglesias a débarqué dans les librairies françaises, les lecteurs savent qu’il aime défier les genres. On le dit inventeur du « barrio noir », cocktail explosif à base de roman noir nord-américain et de mysticisme latino.

Dans son dernier livre, l’auteur reprend la recette mais la perfectionne en poussant la fusion à son paroxysme. Ça pourrait être du Breaking bad version Stephen King ou du Shirley Jackson façon Tarantino, mais il est vraiment temps d’arrêter les comparaisons et de dire que c’est tout simplement du Gabino Iglesias.



« Le diable sur mon épaule » est l’histoire d’un homme désespéré qui accepte une dernière mission, la fameuse « dernière mission ». Celle qui lui permettrait de rembourser définitivement les dettes accumulées durant l’hospitalisation de sa fille malade, celle qui lui permettrait peut-être de récupérer l’amour de sa femme, celle qui va le projeter dans les griffes des cartels de Juárez. Entre violence radicale et phénomènes surnaturels, Mario s’enfonce dans un monde terrifiant où la Huesuda n’est jamais loin.



Sur une base ultra-réaliste et sociologique (la pauvreté, l’immigration, le racisme, l’oppression systémique des immigrés), lglesias vient ajouter à son intrigue une dimension fantastique teintée de syncrétisme religieux. Le genre de mix qui pourrait facilement virer au grotesque sous d’autres plumes. Ici le résultat est bluffant et si ça fonctionne sur une cartésienne, athée comme moi, je pense que ça peut fonctionner sur tout le monde. On est tenu en haleine jusqu’au bout et on oscille entre mille émotions dont quelques grosses frayeurs.

Définitivement fan de cet auteur.
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Santa muerte

Une guerre de gang avec un méchant possédé par un démon, des incantations salutaires, et (au moins) une scène de crime bien crue, comme l'écriture. C'est rock'n roll, enfin plutôt country (!) avec les bottes, chapeau et revolver. Petite histoire qui se lit facilement !
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Santa muerte



Fernando, petit dealer mexicain à Austin Texas, assiste à la décapitation au couteau à pain de son ami et associé Nestor Torrès. Une bande de tatoués ( vraiment très tatoués) , fraîchement arrivée, a décidé de prendre le contrôle du marché de la drogue du centre ville.

Un marché très juteux sur lequel règne Guillermo le big boss du petit mexicain. Scène inaugurale qui fiche une sacrée pétoche à Fernando et au lecteur aussi.

Première marche dans l'escalade de la violence, Guillermo contacte le Russe pour nettoyer la ville de ces jeune arrogants écervelés.



Après enquête, le Russe, le pire des tueurs à gages, refuse le chantier. Et si le Russe refuse un chantier c' est qu' il y a vraiment du danger.

Le temps est compté, les morts violentes s' accumulent autour du jeune homme. Cours, cours petit Fernando, la Santa Muerte ne va pas te protéger très longtemps de Ogun le guerrier destructeur de la mythologie Yoguba.



Des chapitres courts, des scènes découpées en tranches bien saignantes, des phrases uppercut au vocabulaire sec nous sommes dans la représentation littéraire d' un film de gangs qui laisse le goût métallique du sang dans la bouche du lecteur et dans son esprit un sentiment étrange d' attraction et de répulsion.

Un court polar trempé dans l'eau bénite et les fluides corporels, vif, efficace et distrayant.



Et ce polar bien écrit et très bien traduit par Pierre SZCZECINER, a le mérite aussi de nous instruire sur la mythologie Yoruba, religion d' origine africaine arrivé en Amérique avec l'esclavage et qui, mélangée avec la religion chrétienne, est apparemment très frequente chez les trafiquants de drogue...


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Les lamentations du coyote

Pour moi, le Coyote, c’est celui qui poursuit inlassablement le Road-Runner, celui qui se prend des explosions dans la gueule et des rochers sur la gueule.



Au Mexique, le Coyote, c’est celui qui fait passer la frontera aux migrants qui veulent aller dans le pays où un peroxydé à la mèche blonde orange ne voulait pas qu’ils aillent.



Si son premier roman était un récit linéaire, celui-ci est un roman choral et si certaines voix m’ont emportées, d’autres m’ont laissée indifférente.



Le point de convergence de ces personnages, c’est la frontière mexicaine-américaine.



Une fois de plus, l’auteur trempe sa plume dans une encre fort sombre, noire comme la nuit. C’est violent, très violent. Le monde des Bisounours n’existe pas, ici. Nous sommes dans un monde cruel, impitoyable et vous savez que même si c’est une fiction, elle exsude la réalité.



Oui, c’est d’un réalisme à couper le souffle, le tout teinté de magie, de croyances, de mysticisme, de légendes, sans oublier la présence omniprésente de La Virgencita. Elle se trouve même représentée sur le blouson du Coyote.



Dans ce monde de folie, la Vierge côtoie des hommes armés qui s’en remette à sa bénédiction avant chaque opération, qui font bénir leurs guns, qui l’ont gravée sur les crosses de leurs flingues et où même le padre peut être un ancien de la A.B.



Malgré tout cela, le premier roman restera mon préféré car dans celui-ci, parmi les six portraits, deux ne m’ont pas emballés (la mère et Alma) et un autre m’a semblé moins puissant que les trois autres (Jaime).



Cette différence de puissance dans les personnages m’a fait redescendre brusquement à chaque fois que le chapitrage me ramenait à ces deux portraits.



Dommage…


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Santa muerte

Court et percutant, à l’image de ses titres de chapitres qui nous annoncent le menu.

Santa Muerte, c’est d’abord le rapport entre Fernando et sa religion, la Santeria. J’ai été à la fois fascinée et horrifiée par le rapport que Fernando entretient avec sa religion. A une époque où l’on ne jure que par le matérialisme, j’ai trouvé intéressant ce jeune homme qui voue un culte sincère à la Santa Muerte, se réconforte en la priant, lui qui sait qu’il ne pourra jamais retourner dans son pays natal. Être immigré clandestin est une chose, avoir dû quitter son pays en catastrophe en est une autre. Oui, j’ai été émue par sa foi, par la neuvaine qu’il commence à réciter, par le lien très fort qui l’unit à Consuelo, la prêtresse de la Santeria, qui est une mère pour lui, avec laquelle il est indéfectiblement lié, bien au-delà de ce que l’on pourrait penser. J’ai presque envie d’ajouter : il suffit d’y croire.

Fernando menait une vie des plus ordinaires, finalement, cumulant deux métiers, dont celui de vendeur de drogue – ce sont des choses qui arrivent, dans l’économie souterraine. Il effectuait son travail en respectant les règles, il n’avait pas de soucis particuliers, jusqu’au jour où d’autres trafiquants décidèrent de récupérer le territoire de son chef Guillermo. Non, ne cherchez pas des négociations commerciales polies. C’est violent, c’est cruel, c’est le monde dans lequel Fernando se retrouve plongé, et il n’était pas vraiment préparé – même s’il en a vu d’autres.

Dans ce tourbillon de violence et de sang, Fernando se livre ensuite à sa vengeance, que personne ne pourra arrêter. Un échec ne l’arrête pas non plus, il s’obstine, il continue, telle une machine de guerre lancée à plein régime, dans un univers où tout, même le pire, peut survenir. Il peut compter sur lui, il peut compter sur la Santa Muerte, il peut compter aussi sur des tueurs prêts à surmonter tous les défis, à affronter toutes les horreurs – ou pas d’ailleurs. Il faut être fou, comme beaucoup d’autres, pour aller au bout, pour être fidèle, pour continuer quand même – après.
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Le diable sur mon épaule

Troisième roman publié en France pour Gabino Iglesias, et troisième déflagration ! L’auteur américain d'origine portoricaine s’est désormais fait une place de choix dans le paysage du roman noir US. Du barrio noir pour être précise, un sous-genre qui navigue ici encore entre le fantastique et le thriller, entre les langues aussi, dans un style définitivement marqué par le multiculturalisme, à la forte charge sociale, mettant en scène une violence brutale.



Dans ce dernier roman, le protagoniste, Mario, vit à Austin avec sa femme, Mélissa et leur petite fille. Du jour au lendemain, c’est une tragédie qui les frappe : on diagnostique une maladie grave à leur enfant et les frais médicaux s’accumulent rapidement. Pour la sauver, Mario a besoin d’argent et il est prêt à tout pour s’en procurer rapidement. Il n’hésite pas longtemps lorsque l’une de ses connaissances, Brian un junkie notoire, lui propose de commettre un meurtre contre de l’argent. La colère qu’il ressent y trouve d’ailleurs un parfait exutoire.



C’est le début de la fin pour Mario qui va s’enfoncer lentement mais sûrement sur la voie de la violence et du chaos alors que le malheur le terrasse. Désireux de reprendre sa vie en main, il tente un dernier gros coup, qui lui permettrait de recommencer à zéro, d’envisager un avenir, enfin. Aux côtés de Brian et d’un certain Juanca, ils acceptent une mission pour un cartel mexicain et ça va saigner !



Encore plus que dans ces précédents textes, Iglesias dénonce avec un réalisme cru les maux de l’Amérique, la pauvreté, le sectarisme, ou la politique de Trump entre autres. Mais le diable guette, et les croyances, les superstitions, les créatures maléfiques ne sont pas en reste pour faire de ce roman noir un sommet du gore et de l'horreur qu’on ne peut pas lâcher.



Si j’ai beaucoup aimé ce roman, je dois admettre que j’ai ressenti parfois un trop-plein, de créatures, de boyaux et de diableries qui, me semble-t-il, nous font parfois perdre de vue la trajectoire de Mario, un homme bon que les circonstances ont fait basculer du côté obscur, un anti-héros que j'aurais aimé aimer davantage!



Malgré tout, un roman efficace et hyper tendu à la construction implacable!
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