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Critiques de Gabrielle Wittkop-Ménardeau (69)
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Carnets d'Asie

Quel plaisir de réviser et d'enrichir ses souvenirs de voyage en compagnie de Gabrielle Wittkop.



Son texte, luxuriant à l'image des jungles tropicales traversées, s'enrichie de mille apports historiques et ethnologiques qui le démarquent d'un simple récit de voyage.



Avec elle je suis retourné chez les Karens dans le nord de la Thaïlande, sur le lac Toba à Sumatra et chez les Dragons de Komodo.

Elle a également réveillé mes frustrations en évocant Sarawak et Sulawesi que je ne connais pas encore.



Il y a tant à voire.



Merci Gabrielle Wittkop de partager votre Asie avec nous.
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Carnets d'Asie

«Mes carnets d’Asie ne sont rien que des notes personnelles, impressions griffonnées sur mes genoux, au bord d’une rizière ou dans un bus de fer-blanc, couvrant des pages et des pages barbouillées de sueur ou étoilées de pourpre par un moustique gorgé mais vaincu.»

Je ne suis pas d’accord avec ce que dit de ses carnets Gabrielle Wittkop.
Ces carnets sont bien éloignés du simple récit d’un écrivain voyageur reprenant quelques notes. Ils sont fourmillants d’anecdotes épinglées par un oeil auquel rien n’échappe, que ce soit le poétique aussi bien que le sordide, émaillés de retours historiques passionnants.


Gabrielle Wittkop ne peut pas non plus être prise en défaut sur la qualité de l’écriture. Elle a une plume acérée, élégante aussi et raffinée jusque dans la boue et la cruauté sans oublier son ironie mordante.



Pas une minute d’ennui dans cette lecture foisonnante.



Bangkok : «C’est une ville construite par des termites et des anges aveugles, un conglomérat d’or, de merde et de lotus, de béton et de plâtre, de brique et de fongus, une forêt d’aiguilles à l’assaut d’un ciel ventru, couleur de souris.»



«Dans l’atmosphère d’un cabinet de curiosité néerlandais, clair-obscur d’ambre et de madère, des racines semblables à la mandragore, des serpents blêmes comme le ténia, des chauve-souris desséchées pareilles à de vieux gants regorgent d’une puissance thérapeutique occultement larvée. Ecorces couleur de cuir, insectes couleur d’écorce, racines qui font des signes, hippocampes et cornes de rhinocéros simulant encore la morte vie des momies porteuses d’éternité.»
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Carnets d'Asie

«Vingt-deux ans d’Asie, en chemin de fer, en chars à buffles, cahotant sur de grosses roues de bois peint, à motocyclette, à dos d’éléphant, en prahu, en catamaran, à cheval, en Rolls Royce - elle ne m’appartenait pas - ou en camion parmi les choux et les sacs d’oignons.» Gabrielle Wittkop n’a ménagé ni sa peine, ni ses différentes montures pour sillonner cette Asie qui exerce sur elle un pouvoir d’attraction irrésistible. Elle y est souvent allée pour des reportages parus dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung.



Les carnets que publie Verticales ne sont cependant pas une recension d’articles mais bien une sélection des notes qu’elle prenait au jour le jour, au gré de ses vagabondages tropicaux.



Née en France, Gabrielle Ménardeau, lesbienne, mariée à Justus Wittkop en 1946, écrivain déserteur antinazi et homosexuel, s’installe avec son mari à Bad Hombourg, près de Francfort. Elle écrit des romans vénéneux (le Nécrophile, Sérénissime Assassinat ou les Rajah blancs), qui ne seront remarqués qu’avec le travail des Editions Verticales. Elle ne goûte que brièvement le succès littéraire, se donnant la mort à 82 ans, en décembre 2002 après avoir appris qu’elle souffrait d’un cancer. Elle envoie un dernier message à son éditeur : «Je vais mourir comme j’ai vécu : en homme libre.»



D’un caractère bien trempé, végétarienne, ne supportant pas que l’on fasse souffrir les animaux, Gabrielle Wittkop affronte en solitaire l’adversité de l’étuve climatique, des gargotes crasseuses, des jungles hostiles («Les arbres moussus et gluants […] m’ont souvent fait vomir»), des bateaux surpeuplés, des rencontres louches.



Mais la libre dynamique du voyage suffit à effacer les désagréments, et les notes sont dominées par un plaisir gourmant d’appropriation de l’étrange et de l’étranger dans le suc du style qui rappelle le jeune Claudel de la prose poétique de Connaissance de l’Est : «Le banian sert d’abri à un tout un monde de mendiants. Je les retrouve, ceux de l’Inde, les aveugles aux yeux de lait qui psalmodient, les béquillards, les monstres hydrocéphales, les squelettes déguenillés allaitant des larves, les spectres gris pourrissant sous les croûtes.» «[Les sangsues] glissent partout leur avidité d’ectoplasme, passent dans les pantalons, dans les bottes, dans les manches, comme immatérielles en leur cheminement et se fixent, se gorgent, bientôt changées en collier de pois chiches, en grappes violâtres comme sur le point d’éclater et qui retombent parfois dans le linge en ruisselet pourpre.»



On peut évidemment regretter qu’aucune note ne soit datée, le livre reconstruisant, à partir de plusieurs voyages, un parcours cohérent démarrant en Thaïlande, passant par la Malaisie, s’attardant dans les diverses îles d’Indonésie.



Gabrielle Wittkop fait un sort à Bali, «l’artificieuse, la maquillée», en quelques lignes cinglantes : «Je suis frustrée par ces structures corpusculaires et brisées sur elles-mêmes. Je ne puis souffrir ni ses peintures en camaïeu, ni l’hibiscus à l’oreille d’une valetaille effrontée.»



Une fois réglé le compte de l’île des dieux, Gabrielle Wittkopp exprime son admiration pour Bornéo, île «sans attraction ni sightseeing» et particulièrement la ville de Kuching «pas très jolie mais pleine de fantôme et pourtant de vie…»
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Chaque jour est un arbre qui tombe

Le style est raffiné, l'auteur d'une grande culture.

Mais cependant je n'ai éprouvé aucune émotion, avec l'impression que ces formidables moyens intellectuels ne mènent à rien : ce qui est aussi la leçon de ces "mémoires" !
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Chaque jour est un arbre qui tombe

Incapable de la moindre empathie envers cette biographie pourtant étincelante d'originalité. C'est donc moins le style que la femme derrière le style que j'ai sentie froide, distante, étrangement inquiétante. On sent comme l’impossibilité d’une connivence. Pourtant quelle flamboyance dans ce fameux style... Mais aucun cerveau n’a jamais réussi à feindre un cœur, heureusement.
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Grand Guignol

Tout le monde je pense-j 'espère- connait le terme : "Grandguignolesque".

Cet adjectif un peu péjoratif, désigne une oeuvre à la violence sanguinolente, démonstrative et un peu ridicule.



Mais que savons nous du Grand Guignol qui a inspiré ce mot ?

François Rivière voulait en savoir plus et comme il ne trouvait pas d'ouvrage sur ce thème, il en a écrit un..



Le Grand Guignol (ou "Théâtre du Grand Guignol"), était une petite salle située rue Chaptal dans le 9 ème arrondissement de Paris, il fut ouvert de 1897 à 1963.



Sa spécificité fut qu'on y présentait des pièces criminelles et d'épouvante, on y joua Poe, Maupassant, Mirbeau, et des auteurs écrivant spécialement pour y faire jouer des pièces, comme Jean Lorrain et surtout André de Lorde.



L'âge d'or du Grand Guignol fut le début du siècle dernier, c'est alors qu'il gagna sa réputation. Après la seconde guerre mondiale et l'occupation, des enthousiastes, dont Robert Hossein et Frédéric Dard, tentèrent de ranimer la flamme avec des pièces policières, mais la belle époque était bien terminée et le cinéma avait détrôné le théâtre d'épouvante.



Ce livre, comporte dix chapitres, dont quatre écrits par Gabrielle Wittkop, la sulfureuse auteure du "Nécrophile" et de "La marchande d'enfants".



Les textes sont d'une grande qualité et vont au-delà de la simple histoire d'un lieu ou d'un genre avec des analyses poussées des motivations des auteurs et du public pour ces genres particuliers de spectacles.



Une bonne iconographie en N&B complète le livre.
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Hemlock

Quelle plume, quelle expérience de lecture !



Dans ce long roman, Gabrielle Wittkop présente les destins de trois femmes meurtrières ; une italienne, une française, une anglaise.



Ces récits tumultueux sont rythmés par celui de Hemlock, femme contemporaine dont le compagnon souffre d'une maladie neurodégénérative, cela sera le fil rouge du roman.



Les trois affaires criminelles sont dépeintes avec un luxe de détails historiques et surtout dans une langue à la fois superbe et sulfureuse.



Cette écriture ciselée mais vénéneuse est la signature de l'auteure de "Le nécrophile" et de "la marchande d'enfants "que l'on rapproche généralement De Sade et De Lautréamont.



La lecture des oeuvres de Gabrielle Wittkop, démontre s'il en est besoin, que la force évocatrice du verbe peut-être à la fois superbe et repoussante...
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Hemlock

Trois destins : celui de Béatrice Cenci, de la marquise de Brinvilliers et de Mrs Fulham, qui, après leur condamnation pour meurtre, s'achèvent tous tragiquement par leur mort.

Parallèlement, Hemlock, la narratrice, assiste impuissante à la déchéance progressive et inéluctable de son compagnon H ; suicide, aide à la mort, aucun des membres du couple ne se décide à franchir le pas et Hemlock choisit de s'éloigner en voyageant.

Etrange jeux de miroir où ces destins ne semblent pas choisis, à peine assumés et sans désespoir.

La langue d'une implacable cruauté, baroque et foisonnante, justifie à elle seule cette lecture.

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Hemlock

« Nous vivons chaque jour un drame de Beckett adapté pour le Grand-Guignol », écrivait-elle [...] dans « Hemlock », livre-monstre, sublime chimère composée de quatre femmes. Au centre, il y a Hemlock, la narratrice, dont le prénom en anglais signifie ciguë. Atteint d’une maladie dégénérative, H., son compagnon, est mourant et bien qu’elle l’aime toujours, Hemlock considère désormais H. comme une entrave à sa liberté et envisage d’accélérer sa fin.
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Hemlock

La meurtrière à travers les âges, ses échos, ses peurs et ses hébétudes, l'aveuglement et l'irrépressible désir de liberté. Dans une prose captieuse, picturale, d'une rêveuse précision et d'une sensualité aussi musicale et grotesque que les époques (la post-renaissance, le XVII siècle et l'Inde en 1900) troublées où se tisse et s'entremêle le récit, Gabriel Wittkop ensorcelle. Hemlock, ou la ciguë, superpose fatalité, poison et peinture captivante de détails, de blasons.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Hemlock

Et bien on peut dire que je termine bien l'année 2020 avec ce somptueux roman!

J’ai été subjuguée par ce récit, la puissance des personnages, par le talent littéraire de l’auteur.

C’est l’histoire de la mort à travers trois récits, l’histoire de trois empoisonneuses, Béatrice Cenci, la marquise de Brinvilliers et Augusta Fulham à travers lesquelles s’insère la propre vie d’Hemlock (la ciguë) qui ne souhaite, de son côté, que son mari malade meurt. On voyage à ses côtés dans le monde et à travers les siècles, On partage ses réflexions sur l’amour et la mort.

C’est à lire !!! Merci Nicole Grundlinger. Superbe découverte que je vous invite à lire.

Quidam Editeur
Lien : https://blogdelecturelepetit..
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Hemlock

Hemlock fait partie de ces livres dont on s'arrache avec difficulté, que l'on ne sait pas vraiment terminer tant son atmosphère, ses personnages vous imprègnent, vous accompagnent longtemps et vous subjuguent. Je n'en avais jamais entendu parler, ni de Gabrielle Wittkop, grave lacune. Une fois le roman dévoré (mais pas encore tout à fait digéré), je me suis plongée dans le long article que consacrait Liberation à son auteure qui aurait eu cent ans cette année, ce qui explique les rééditions de certaines de ses œuvres dont Hemlock qui n'étaient plus disponibles depuis trente ans. Quelle brillante idée ! Gabrielle Wittkop est aussi fascinante que ce roman, et le fil de sa vie irrémédiablement lié, entremêlé à sa production littéraire.



Hemlock est l'héroïne centrale de ce roman, dont les réflexions et les moments de vie s'insèrent entre les chapitres d'une histoire construite avec des récits gigognes qui se répondent, se complètent et reviennent tous à la question centrale qui préoccupe (devrais-je dire obsède ?) Hemlock : la mort. D'ailleurs, en anglais Hemlock signifie "cigüe". Le mari d'Hemlock, H. est atteint d'une maladie neurodégénérative, situation qu'elle supporte difficilement autant par l'amour qu'elle porte à H. que pour la façon dont cela entrave sa propre liberté. Elle voudrait qu'il meure et elle n'en supporte pas l'idée. Hemlock s'échappe parfois, voyage dans le monde entier et croise ainsi par-delà les siècles, à travers les endroits où elle séjourne, les destins d'autres femmes étroitement liés à la mort. Des empoisonneuses célèbres : Béatrice Cenci au 16ème siècle à Rome, la marquise de Brinvilliers au 17ème siècle à Paris et à Londres et Augusta Fulham à la fin du 19ème siècle et début du 20ème à Londres puis en Inde. Elles ont tué pour se libérer du joug paternel ou conjugal, elles ont empoisonné à petit feu, elles ont été condamnées et exécutées. Ce sont ces trois histoires qui s'enchaînent et s'emboîtent dans ce roman, ponctuées par les réflexions d'Hemlock ou ses échanges avec H., autour des destinées, de l'amour, de la liberté et de la mort.



"Je suis née dans une maison hantée, je suis moi-même pleine de fantômes".



Dans ce roman, Gabrielle Wittkop développe une monstrueuse puissance littéraire, autant par son univers que par la qualité de son écriture et l'intelligence de sa trame narrative. Trois lieux, trois époques et à chaque fois, le lecteur est totalement immergé dans un décor qui se referme sur lui par tous les sens ; les descriptions sont à couper le souffle, qu'il s'agisse des rues de Paris, des bords de la Tamise, des scènes de torture, des avortements, des accouchements ou des exécutions capitales.



"La ville sentait le gruau, la cendre, la marée et le suif des chandelles. C'était une odeur froide et lourde qui collait sur les choses, avec aussi des fadeurs de sang et la noire suavité des pourritures, une haleine transportée par la fumée du charbon et le gros brouillard jaune qui par la Tamise montait des marécages. Entre les carrosses, les chaises, les troupeaux, les charrois, la foule déversait son fleuve tumultueux dans le chenal des rues".



Le lecteur est embarqué, spectateur fasciné par les drames qui se déroulent sous ses yeux, par la chaîne du mal qui se tisse au fil des siècles, les destins qui semblent se répondre, s'entremêler, les passerelles sans cesse tendues par l'auteure par le truchement d'un tableau, d'un livre, d'un bijou ou d'une chambre. Et toujours, ce lancinant débat dans l'esprit d'Hemlock face à son amour désormais indissociable de la mort, de l’ambiguïté de ses sentiments, de la mémoire qui se délite en engloutissant les millions d'instants qui composent une vie commune. C'est fort, c'est puissant, c'est impressionnant.



Pour moi, Hemlock est un chef d’œuvre et je me sens bien chanceuse de l'avoir désormais dans ma bibliothèque.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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La marchande d'enfants

Entre 1790 et 1793, Marguerite échange des lettres avec son amie Louise.

Le sujet de ces échanges est des plus particuliers, car Marguerite est une mère maquerelle d'un genre spécial ; elle fournit à de riches amateurs des enfants, du nourrisson à l'adolescent.



Comme le titre l'indique, le roman épistolaire de Gabrielle Wittkop parle de la traite des enfants à l'époque de la révolution française, sujet plus que délicat, abordé frontalement par l'auteure qui ne cache rien et par conséquent ne nous épargne rien.



Comme vous l'aurez compris, ce livre ne s'adresse pas à tout le monde, il peut choquer et révulser le lecteur ou la lectrice.

Extrait :

Paris, janvier 1790



Je voulais vous écrire hier mais Monsieur et Madame Montiel m'ayant demandé des bébés pour jouer au chirurgien, j'ai dû aller en quérir autour de Saint Jean où ils ne manquent guère. J'en ai récolté trois, deux filles et un garçon, frais pondus, roses, prêts à être mis sur table. Satan seul sait ce qu'il leur arrivera En général on commence par les yeux.



Tout le livre n'est pas aussi atroce (heureusement) mais cet extrait vous donne une idée précise de ce qui vous risquez de lire...



Lecture courte (ouf !) "La marchande d'enfants", ouvre une porte infernale sur la dépravation dont est capable l'humain, et si la clientèle de Marguerite est fortunée, la plèbe n'est guère de meilleure composition qui va profiter du spectacle des exécutions pour forniquer au pied de l'échafaud ou contempler les cadavres à la morgue !



Peut-on conseiller la lecture de ce livre ô combien dérangeant ?

Et bien oui, car c'est un très bon roman épistolaire très bien écrit, mais vous êtes averti(e) ce livre est une fleur empoisonnée, une rose noire pleine d'épines qui vous griffent...
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La marchande d'enfants

Gabrielle Wittkop livre dans ce roman épistolaire un bel exercice de style, hommage à Sade, sans nul doute, mais aussi au XVIIIe siècle finissant dans son ensemble. On y retrouve les obsessions de l'auteure (sexualité extrême et dévoyée, cruauté, personnages "inhumains" et cependant parfaitement représentatifs de leur temps, affranchissement de la morale commune, sans oublier la figure de l'hermaphrodite, déjà croisée dans ses autres écrits). Ce n'est pas mon Wittkop préféré, mais c'est une lecture qui confirme mon admiration pour l'érudition et le style ciselé et tranchant de cette grande dame des lettres.
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La marchande d'enfants

Splendeurs et misères d'une maquerelle.



Attention, âmes sensibles s'abstenir...car ce livre n'est pas à mettre entre toutes les mains.

Moi-même, avertie des thèmes de prédilections de Gabrielle Wittkop, je ne m'attendais pas à un récit aussi "hard".



La forme est néanmoins intéressante, puisque l'histoire se présente sous une forme épistolaire. Dame Marguerite - tenancière d'une "maison" faite pour le plaisir de ses clients s'adresse à Dame Louise, qui compte s'installer à son compte dans le même emploi à Bordeaux.

Au travers ses écrits à son amie, Marguerite dévoile alors son organisation, lui donne des conseils importants, lui compte maintes anecdotes sur les habitudes particulièrement perverses de ses clients.



La langue de la fin du 18ème siècle donne à l'ensemble une réalité crédible. L'auteure s'est certainement amusée à établir un énorme contraste entre le ton léger employé par la narratrice et les horreurs qu'elle raconte : Les enfants esclaves de cette maison sont, en effet ,de simples objets, de la marchandise périssable, du matériel, facilement remplaçable uniquement au service des plaisirs lubriques des clients. Il n'est pas rare que l'issue de ces jeux pervers entre adultes et enfants se terminent de façon fatale. Mais, ça, ce n'est pas bien grave, car des enfants, on en trouve facilement. L'objectif étant qu'ils ne meurent pas trop vite ..., qu'ils souffrent le plus longtemps possible pour le plus grand bonheur des clients.



La cruauté des propos, les souffrances qu'on imagine au travers de ces propos sont tellement crus que je n'ai pas apprécié la lecture de ce livre.

Je me suis donc trompée sur mon choix, car malgré tout, cela ne doit pas remettre en cause la qualité de l'écriture de l'auteure.

A bon entendeur,....vous serez prévenus!
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La Mort de C.

La mort de C.

A Bombay, au St George Hospital, C. un anglais meurt des suites d'une blessure reçue lors d'une agression…



Le puritain passionné.

Denis, élevé dans la rigueur puritaine, une fois adulte se prend de passion pour les tigres, tout en gardant un souvenir trouble de sa cousine Blanche…



Il m'est difficile de résumer plus en détail, les deux longues nouvelles (ou disons plutôt une longue nouvelle et un court roman) réunis dans ce volume.

Il faut dire que l'écriture de Gabrielle Wittkop (née Ménardeau) est très particulière.



Héritière revendiquée de Poe, Bataille et De Sade, elle maniait superbement une prose aussi riche que trouble et vénéneuse. Auteure de l'interdit, du blasphème et de la sensualité-au sens le plus large du terme, c'est à dire de tout ce qui peut être du domaine des cinq sens- Wittkop a laissé des oeuvres exigeantes dont les thématiques souvent dérangeantes et transgressives sont servies par une plume élégante qui parvient à magnifier le putride.
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Le Nécrophile

Le nécrophile... déjà le titre indique l'univers macabre dans lequel on va être immergé.

La lecture de ce court roman m'a été assez dérangeante je dois l'avouer. En effet, l'auteur nous décrit les perversions sexuelles du narrateur, en allant parfois jusqu'à des détails écœurants sur des odeurs, des bruits ou sur ce que perçoit le personnage pendant ses actes.

Les premières pages nous livrent déjà un aperçu sur ce que sera la suite. Sauf que l'auteur décrit toujours des situations de plus en plus morbides...



Certains passages du livre sont marquants. Mais l'auteur ne décrit pas simplement des scènes macabres. Même si l'on découvre peu de choses sur le narrateur au fil de l'histoire, on parvient à saisir, à un certain degré, ce que recherche le narrateur à travers la nécrophilie.



C'est un personnage fasciné par la mort, habité par une immense tristesse de se livrer à des amours éphémères.



Je conseille la lecture de ce livre puisque je pense que l'on en garde forcément des souvenirs quel que soit le degré d'appréciation.



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Le Nécrophile

Née en 1920 à Nantes, Gabrielle Wittkop-Ménardeau s'est suicidée en 2002, choisissant, dit-elle, "de mourir comme j'ai vécu : en homme libre."



"Le Nécrophile", texte au demeurant fort bref, est la première de ses oeuvres que je lis. Ecrire qu'il s'agit là d'un texte dérangeant est faible, très, très faible. En gros, cela raconte, sous forme d'un journal, les "amours" d'un antiquaire nécrophile avec les cadavres qu'il va enlever aux cimetières. Tout lui est bon : hommes, femmes et même enfants. Le passage où il dépeint sa "rencontre" avec un nourrisson mort-né enseveli avec sa mère est indescriptible. Car, à la nécrophilie, s'ajoutent insidieusement la bisexualité (ce qui n'est pas un crime) et la pédophilie (qui l'est bel et bien). A ceci près que Lucien, le Nécrophile, est évidemment incapable de passer à l'acte avec un être vivant.



Attention : il n'y a ici nulle complaisance. C'est étonnant, même difficilement concevable et pourtant c'est ainsi. Lucien porte en lui très peu du personnage sadien (même si l'on songe bien entendu au "Divin Marquis" lorsqu'on lit ce roman) en ce sens que la violence lui est étrangère. Pas question pour lui d'agir comme le faisait le sergent Bertrand : il n'est que douceur et délicatesse et, lorsque les nécessités de la nature le contraignent à rendre ses amants et ses maîtresses à la Seine, il lui arrive de pleurer devant ce traitement, pour lui barbare, qu'il est bien obligé de leur infliger.



Nulle grossièreté, nulle vulgarité non plus dans le style, qui glisse et coule comme celui d'un Villiers de l'Isle-Adam ou d'un Edgar Poe. Simplement, comme elle est appartient au XXème siècle, Wittkop peut se permettre d'être plus explicite qu'ils ne l'étaient. Tout en effet est dépeint dans ses moindres détails. En dépit de ce tout et bien qu'il soit obligé de s'"accrocher" trois ou quatre fois, pris d'un début de nausée, le lecteur, fasciné et cherchant à comprendre, poursuit jusqu'au bout son étonnant chemin de misère où la notion de morale n'est pas même remplacée par celle de l'immoralité.



Pareille lecture n'est pas à recommander à n'importe qui. (A la fin du texte, si vous y parvenez, vous penserez peut-être ce que j'ai pensé - non sans soulagement : "Dieu merci ! maintenant, on incinère !" ...) Alors que, dans Sade, on se rend très vite compte que certaines choses sont impossibles, tout ici - sauf peut-être l'incroyable chance qui accompagne le nécrophile dans les cimetières parisiens - peut s'accomplir en toute logique. Avec cela, Wittkop ne juge pas : elle constate et tout laisse à penser - y compris la dédicace - qu'elle a connu une personne ressemblant comme un frère à son héros.



A noter que, dans l'édition Régine Desforges, le texte est suivi de "Nécropolis", un court essai sur la nécrophilie et ses "dérivés" comme le nécrosadisme, la nécrophagie, etc ... Tout cela très sobre et, je le répète, sans complaisance.

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Le Nécrophile

ce roman de Gabrielle Wittkop est dur, très dur
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Le Nécrophile

Je trouve l'oeuvre absolument subversive

Les mots sont orchestrés avec maestria,

Mais relatent des scènes nauséabondes

Où les descriptions sordides abondent

Et rendent le sujet hautement abject.

Sa lecture me rend presque suspecte.



Une certaine forme de poésie tutoie les ténèbres

Mais c'est une grave pathologie qu'elle célèbre.



Je m'interroge : la motivation de l'auteure ?

Conter ces noces d'outre-tombe, d'horreur,

Comme un hommage rendu, avec douceur.

Sa plume reste légère pour tracer le crime,

Ces femmes, ces enfants même, qu'il abime,

L'homme qui viole, et la mémoire, et la mort,

Se délecte de l'outrage sans aucun remords.



Éros et Thanatos l'ont envouté, et son journal

Mot après mot, sans aucune notion de morale,

Retrace tous les actes de ses cérémonies putrides,

Où la jouissance ne lui semble même pas turpide.



Drôle de littérature, mais de nos jours, dans quel ordre les tueurs en série violeurs commettent-ils leurs crimes ?



Tout ce que ce livre m'inspire est de rester vivante le plus longtemps possible !

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