AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Gaspard Koenig (274)


L'idée du néant l'effrayait et l'attirait. Il prenait ce vertige pour ce qu'il était : non pas la peur de tomber, mais l'envie de sauter.
Commenter  J’apprécie          30
Ce vers idiot d'Éluard : "La Terre est bleue comme une orange." Finalement, notre siècle lui donne raison. L'homme a pelé la Terre comme on pèle une orange. Il en a ôté le zeste. Ne reste plus qu'un caillou aux reflets d'argent.
Commenter  J’apprécie          30
Quand il n’y aura plus d’énergie, quand les chaînes d’approvisionnement seront rompues et les réseaux de télécommunication coupés, quand les voitures n’auront plus d’essence ni de batterie, à quoi penseront les gens ? A poster un commentaire scandalisé sur leurs écrans éteints ? Non. Ils penseront à survivre, le lot commun de l’humanité avant la révolution industrielle. Ils fuiront les villes comme des rats. Ils voudront de la terre. De la terre pour vivre et pour se nourrir.
Commenter  J’apprécie          30
[ à l'aéroport, l'auteur s'est heurté à des difficultés administratives avec l'hôtesse en charge de l'embarquement ]

Pendant le vol, j'ai longuement pensé à ma cerbère, jeune et charmante. Faisons l'hypothèse que, dans la vie, elle déborde de tendresse et d'empathie. Son métier consiste néanmoins à appliquer stupidement des règles stupides, en évacuant tout contexte. Si elle avait travaillé pour Eichmann, elle n'aurait pas été moins souriante ni plus souple. Au fond, la société la transforme, trente-cinq heures par semaine, en robot. Nous rencontrons ses semblables tous les jours, aux guichets des services publics ou au bout du fil des services clients. Il y a ce moment reconnaissable entre tous où notre interlocuteur sort de la communauté des êtres humains pour se réfugier derrière son statut de robot, simple machine à exécuter, réfractaire à toute conscience. C'est le moment de la chute, où toute morale devient impossible. Qui ne s'est jamais trouvé en proie à cette tentation ? Nous sommes tous des bureaucrates en puissance, prêts à plonger dans le confort de la règle.
Commenter  J’apprécie          30
Des lacs artificiels ponctuaient la zone résidentielle sans parvenir à donner la moindre impression de nature: les berges étaient trop lisses, trop propres, trop géométriques. De nombreux panneaux en barraient l'accès: ne pas nager, ne pas pêcher, ne pas jouer au ballon, ne pas laisser les enfants sans surveillance, etc. Seuls quelques Latinos à l'air ennuyé, tenant chacun en laisse une demi-douzaine de chiens, témoignaient d'une présence humaine.
- Dog walkers, expliqua Zo-iii.
Philippine prit la peine d'expliquer ce détail à Kevin, qui en fut stupéfait. On pouvait donc rémunérer des êtres humains pour promener des bêtes. À moins que ce ne soient les bêtes qui les promènent.
Réflexion faite, il existait tout de même deux différences avec Limoges. D'abord, la couleur, vestige de la fantaisie des premiers colons. Les façades semblaient participer à une féroce compétition de tons criards. « Tu as peint ta maison en bleu ciel? Je fais la mienne en rose!» Ensuite, le prix. Zo-iii expliquait fièrement à sa cousine les différences de valorisation d'un pâté de maisons à l'autre. Les estimations tournaient autour de deux millions de dollars. C'est ici qu'habitait le lumpen prolétariat de la Silicon Valley, travaillant sans relâche pour s'offrir simplement le droit de vivre ici: ingénieurs, informaticiens, designers, managers divers et variés. De dix ans plus âgée que Philippine, Zo-iii avait travaillé chez Google comme avocate spécialisée dans le droit du travail (autrement dit, experte en licenciements express) avant de créer une agence de chasseurs de têtes. Elle passait donc son temps dans les conférences et les cocktails à scruter qui pourrait débaucher qui. D'un physique avenant sans être remarquable, elle était en passe de devenir la mère maquerelle de la Valley. Déjà divorcée, elle ne voulait plus entendre parler d'amour et envisageait de recourir dans quelques années à une mère porteuse pour élever un enfant, ou plutôt le faire élever par des baby-sitters philippines, l'équivalent des dog walkers mexicains pour l'espèce humaine.
Commenter  J’apprécie          30
Les physiocrates du XVIIIe siècle avaient raison : toute la valeur provient ultimement de l'agriculture. Quand il n'y aura plus d'énergie, qu'à s les chaînes d'approvisionnement seront rompues et les réseaux de télécommunication coupés, quand les voitures n'auront plus d'essence ni de batterie, à quoi penseront les gens? A poster un commentaire scandalisé sur leurs écrans éteints ? Non, Ils penseront à survivre, le lot commun de l'humanité avant la révolution industrielle. Ils fuiront les villes comme des rats. Ils voudront de la terre. De la terre pour vivre et pour se nourrir.
Commenter  J’apprécie          30
Les hétéros couchent avec des hétéros, les homos avec des homos. Ils se ressemblent et se comprennent.
Commenter  J’apprécie          30
Il avait participé aux meetings de quelques partis anticapitalistes, pour se rendre compte qu’ils voulaient prendre le pouvoir et non l’abolir.
Commenter  J’apprécie          30
Plus profondément peut-être, il craignait de finir comme lui, exalté par sa cause au point de chérir l’injustice qui la rendait possible. Son père avait besoin du racisme pour exister. Arthur, lui, n’aurait jamais besoin des pesticides. Il désirait sincèrement la victoire.
Commenter  J’apprécie          30
Dans ce milieu étudiant tout sauf insouciant, où l’on guettait déjà les esquisses de carrière des uns et des autres, les agros avaient un statut particulier. Ils étaient passés par la même sélection impitoyable que tous leurs camarades de soirée et personne ne disputait leur valeur intellectuelle. Mais ils semblaient condamnés à s’occuper de la formule du lait en poudre ou des rendements du maïs. Alors que les autres acquéraient une forme d’incompétence généraliste qui leur permettrait ensuite d’occuper n’importe quel poste avec assurance, les agros avaient déjà les mains dans la glaise. C’étaient les paysans des ingénieurs, le tiers état des énarques. Ce qui leur valait une sorte d’aura ambiguë.
Commenter  J’apprécie          30
Géodrilologie, la science des vers de terre.
Commenter  J’apprécie          30
Revêtu d'un linceul biodégradable, le corps est déposé à même le sol puis recouvert d'un tumulus de matières végétales savamment dosées./...../Ainsi l'homme, plutôt que de s'échiner en vain à monter au ciel, peut-il paisiblement retourner à la terre, suivant le chemin de milliards de créatures chaque jour, et fournir à la nature de quoi poursuivre son improbable aventure dans un coin de notre galaxie.

Page 259
Commenter  J’apprécie          30
Il n'y avait ni barbelés, ni table de pique-nique aménagée, ni balise de randonnée: l'espace était libre. Ils s'agenouillèrent et caressèrent prudemment l'eau de la main, comme des animaux qui reniflent avant de boire.
Commenter  J’apprécie          30
Quand il avait besoin de faire une pause, il s'asseyait sur le ponton désaffecté, deux mètres au-dessus du fleuve, et regardait passer les péniches. Elles transbahutaient depuis Le Havre les matières premières dont l'économie était assoiffée et redescendaient pleines de marchandises à destination du monde entier. Leur rythme tranquille était le métronome du commerce mondial. Contrairement aux voitures, si tristes et monotones, elles possédaient chacune leur identité, faite de couleurs vives et de formes irrégulières. En étudiant le pont, Kevin essayait de deviner la vie du capitaine d'après le fil à linge, les plantes en pot ou la niche du chien. Il recevait parfois des éclaboussures sur les pieds quand les remous du fleuve venaient gifler les berges. Il retournait au travail vivifié. p.124
Commenter  J’apprécie          30
Le Papi nous parlait tout le temps de "sa terre". Mais quelle terre ? Elle est devenue minérale. Comment voulez-vous que je redonne la vie à des pierres ?
Commenter  J’apprécie          30
Quand il n'y aura plus d'énergie, quand les chaînes d'approvisionnement seront rompues et les réseaux de télécommunication coupés, quand les voitures n'auront plus d'essence ni de batterie, à quoi penseront les gens ? A poster un commentaire scandalisé sur leurs écrans éteints ? Non. Ils penseront à survivre, le lot commun de l'humanité avant la révolution industrielle. Ils fuiront les villes comme des rats. Ils voudront de la terre. De la terre pour vivre et pour se nourrir.
Commenter  J’apprécie          30
- (..) Les autres nous marchent dessus sans s'en apercevoir. On ne leur en veut même pas.
- C'est qui les autres ? demanda Léa.
- Je sais pas, ceux qui ont un CDI et qui vont au supermarché le week-end. Ceux qui habitent en ville et qui travaillent dans des bureaux en verre. Et puis ceux qui passent à la TV pour nous expliquer ce qu'on devrait penser. Tous ceux-là se baladent à l'air libre en faisant des phrases. Ils croient que sans eux, le monde s'arrêterait de tourner. Mais la vérité, c'est que sans nous, ils n'auraient rien à bouffer.
Commenter  J’apprécie          30
Chacun dans son secteur perçoit spontanément les subtilités de ses tâches quotidiennes, le besoin constant d'exercer un jugement auquel aucune IA ne pourra se substituer. En revanche, il est facile de l'ignorer chez les autres. Le radiologue souhaitera que l'IA prenne en charge le transport routier pour plus de sécurité, le conducteur de camion voudra automatiser le journalisme qui y gagnerait en objectivité, le journaliste ne comprendra pas ce qu'il y a de si difficile dans l'investissement, et l'investisseur préférerait que ses examens médicaux soient interprétés par une machine...Je suggère à chacun d'essayer le métier de l'autre pour mieux saisir sa complexité. Nous exagérons la robotisation parce que nous prenons autrui pour un robot. Un peu d'empathie suffirait à nous guérir de cette illusion.
Commenter  J’apprécie          31
L'algorithme anticipe les moindres mouvements, du positionnement du conteneur sur le bateau au croisement des véhicules. Finis, les marins de Jacques Brel qui se plantent le nez au ciel et se mouchent dans les étoiles: il n'y a plus âme qui vive dans le port intelligent.
Commenter  J’apprécie          30
Il ne s’agit pas de refuser le progrès mais de lui conférer un sens. D’épouser les technologies tout en rejetant la standardisation. De redonner à l’État sa fonction émancipatrice et de ramener les entreprises à l’échelle humaine. Pour que chacun trouve ou retrouve sa part de liberté vagabonde.
Commenter  J’apprécie          30



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs de Gaspard Koenig (1713)Voir plus

Quiz Voir plus

Dracula

A quel genre littéraire appartient ce roman ?

au genre épistolaire
au théâtre
à l'autobiographie
à la poésie

8 questions
1369 lecteurs ont répondu
Thème : Dracula de Bram StokerCréer un quiz sur cet auteur

{* *}