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Citations de Gaspard Koenig (274)


L'IA ne fera disparaître que les métiers dont la pratique ne demande aucune appréhension du contexte, aucune interaction avec l'environnement extérieur, aucune initiative fondée sur la connaissance d'autrui. Autrement dit, les tâches qui ne débordent pas sur d'autres, qui sont repliées sur elles-mêmes, quasi autarciques. Il faudrait créer un "indicateur de sens commun" qui mesurerait plus efficacement que le critère de la "répétition" la probabilité de l'automatisation;
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Ils auront de très jolis labos et pourront passer encore moins de temps sur le terrain, dans les champs. Comme ça ils diront encore plus de conneries.
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Ce vers idiot d’Éluard : “La Terre est bleue comme une orange.” Finalement, notre siècle lui donne raison. L’homme a pelé la Terre comme on pèle une orange. Il en a ôté le zeste. Ne reste plus qu’un caillou aux reflets d’argent.
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Ils diront : et si on remettait des vers de terre là-dedans ? Bon courage, les amis. Les lombrics n’aiment pas qu’on les bouscule, voyez-vous. Le temps de les convaincre, ce sera la famine. L’apocalypse alimentaire. Le changement climatique, les raz-de-marée, les sécheresses et les inondations, c’est un amuse-bouche, ça ne touche pas à l’essentiel. Ce qui fait noter humanité, ce n’est pas la température. C’est le sol. Imaginez un été où les céréales refusent de pousser. Où les graines restent toutes ratatinées dans le bunker qu’on appelle encore un champ. Juste un été. Les vaches, moutons, poulets, toute notre viande sur pied sera la première sacrifiée. Menu végétarien pour tout le monde. Grognement du peuple. On videra les silos pour faire du pain. Quand les réserves seront épuisées, émeutes. Resteront encore quelques légumes sous serre : on s’entretuera pour un poireau. Imaginez l’hiver suivant, quand les nappes phréatiques cesseront de se remplie, l’eau de pluie ne s’écoulant plus à travers une terre devenue minérale. On ouvre le robinet : plus rien. On attend une journée. Pas deux. Les villes se dépeupleront en quelques heures dans un chaos indescriptible. Il n’y aura plus personne pour entretenir les réseaux de téléphone, d’Internet et d’électricité. La planète plongera dans le noir. Les maîtres du monde, ceux qui possèdent un potager et un puits, repousseront les hordes chapardeuses de cadres, d’ingénieurs et d’ouvriers chassés des villes.
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Les Romains le savaient bien : Homo vient d'humus. Homo vit d'humus. Puis Homo a détruit humus. Et sans humus pas d'Homo. Simple.
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Voilà pourquoi Marco continuent de se déplacer pour rencontrer les ministres, les banquiers centraux et les chefs d'entreprise: non pour leur soutirer des informations, mais pour mieux saisir leur manière d'être. La valeur des analystes financiers réside moins en leurs talents de mathématiciens qu'en finesse d'intuition. "Au bout du compte, estime Marko, la finance est un jeu entre humains fondé sur des règles." Pour automatiser entièrement les marchés, il faudrait d'abord...automatiser les êtres humains.
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Le Bouddha poussa un soupir de contentement.
- Cette terre-là, mes amis, c’est de l’or. Je suis persuadé que la terre va redevenir le centre de l’économie. Pas demain : dans cinq ans, dix ans peut-être. Qu’importe, grâce à tous les crétins qui nous rapportent des millions en faisant joujou avec les data, nous pourrons investir sur le long terme. Les physiocrates du XVIIIème siècle avaient raison : toute la valeur provient ultimement de l’agriculture. Quand il n’y aura plus d’énergie, quand les chaînes d’approvisionnement seront rompues et les réseaux de télécommunications coupés, quand les voitures n’auront plus d’essence ne de batterie, à quoi penseront les gens ? A poster un commentaire scandalisé sur leurs écrans éteints ? Non. Ils penseront à survivre, le lot commun de l’humanité avant la révolution industrielle. Ils fuiront les villes comme des rats. Ils voudront de la terre.
De la terre pour vivre et pour se nourrir.
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Ceux qui habitent en ville et qui travaillent dans des bureaux en verre. Et puis ceux qui passent à la télé pour nous expliquer ce qu'on devrait penser. Tous ceux-là qse baladent à l'air libre en faisant des phrases. Ils croient que sans eux, le monde s'arrêterait de tourner. Mais la vérité, c'est que sans nous, ils n'auraient rien à bouffer.
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En démocratie, pensa Arthur, le pouvoir accorde à ses opposants le plus vicieux des privilèges : l’illusion de la révolte. Une révolte tolérée, confortable et donc bénigne. Au moins, en Russie ou en Chine, on joue sa liberté sur un tweet. Ici, on se contente de l’épuiser.
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Roxy était néanmoins parvenue à identifier chez Ivana un défaut sans appel : elle était trop veille en tout cas pour être mère d'un enfant de deux ans. Trente-sept ans , en Roumanie , c'était l'âge où certaines devenaient grand-mère.
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On croit toujours que les addicts, ce sont les autres. En rentrant à mon hôtel, je me disais : pas moi, quand même. [...] Moi, avec mon désir de contradiction, je n'obéirai pas aux messages doucereux conçus par l'IA. Moi, avec mon esprit critique, je vaux mieux que de grossiers émoticônes. Moi, je suis autonome.

Jusqu'à ce que je connaisse ma propre épiphanie. Tout a commencé par la lecture du dernier livre de Jaron Lanier, acheté par hasard dans une librairie de San Francisco. Jaron Lanier, geek libertaire aux dreadlocks légendaires, est ma référence sur les sujets technologiques. Icône de la contre-culture et en même temps chercheur chez Microsoft, il est idéalement placé pour critiquer de l'intérieur l'évolution d'un monde numérique qu'il a contribué à créer. Il m'avait déjà persuadé, dans son précédent ouvrage, que la rémunération des données personnelles était une nécessité conomique et morale pour échapper à la domination des grandes plateformes. Ses « dix arguments pour quitter les réseaux sociaux immédiatement », court et puissant pamphlet, ont été une révélation similaire. Lanier dénonce la logique de l'« engagement » inscrite dans les algorithmes des réseaux sociaux. Leur business model repose sur l'accumulation de données. Pour extraire de la donnée, il faut générer de l'activité. Pour générer de l'activité, il faut créer une addiction. Pour créer une addiction, il faut jouer sur nos instincts les plus primaires : récompense (« likes »), conflit (« tweet clashes »), compétition (« nombre de followers »). L'abêtissement du débat public, l'hystérie partisane, la dictature de l'émotion, le retour de la morale publique et la désinformation de masse sont des conséquences directes du titillement permanent que les réseaux sociaux exercent sur nos circuits neuronaux. Trump n'est pas un président qui twitte, mais un twitto élu président par la logique même du retweet. Les esprits les plus fins s'abîment à proférer des jugements définitifs en 280 signes. La palette des sentiments humains se résume au smiley et à l'insulte, les deux faces d'une même régression infantile. Les réseaux sociaux, tels qu'ils sont conçus aujourd'hui, minent nos démocraties. Nous devenons comme l'écrit Lanier, des zombies. La solution est si simple : se déconnecter.

J'étais convaincu théoriquement. Mais je n'allais quand même pas abandonner mes 20 000 followers sur Twitter, laborieusement fidélisés au fil des années, avec lesquels je communiquais quotidiennement. Il s'agissait pour moi d'un véritable outil de travail pour diffuser mes idées, partager mes articles, annoncer mes publications. Comment changer l'opinion publique si l'on n'est pas présent là où elle se forme ? C'est ce que j'expliquai à Jaron lors de notre déjeuner.
Il a suffi d'un regard. Mordant dans son quatrième bagel, Jaron a poliment gardé le silence. Combien de fois n'avait-il pas entendu des justifications semblables ? Tous les collabos ont de bonnes raisons.

Cela devenait une question d'honneur, ou du moins d'amour-propre. J'ai donc rassemblé mon courage et, en Californie, j'ai supprimé définitivement de mes écrans mes comptes Facebook et Twitter, décidé à ne plus jamais y revenir. C'est là que j'ai moi-même senti les effets de l'addiction, en particulier s'agissant de Twitter que j'utilisais tous les jours, voire toutes les heures, voire toutes les minutes, bref à chaque moment libre. Quand je dînais en famille, les notifications pouvaient sonner à tout moment. Quand je travaillais sur mon ordinateur, le compte restait ouvert en arrière-plan; un message me détournait immédiatement de mon travail. J'étais devenu, sans m'en rendre compte, accroc au nombre de likes ou de retweets, incapable de vivre sans prendre à intervalles de plus en plus rapprochés ma dose d'amour et de haine. Twitter me maintenait dans un état artificiel de surexcitation. Ayant appris mes goûts et mes dégoûts, l'IA me proposait au moment opportun les posts qui allaient me faire réagir. Alors même que je me targuais de promouvoir la liberté, j'étais comme un rat de laboratoire, réagissant de manière parfaitement normée aux signaux qu'on m'envoyait, le tout pour enrichir d'obscurs fonds de capital risque. N'était-ce pas absurde ?
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Kevin n'avait pas d'avis tranché sur la grève. Ses parents n'avaient jamais participé au moindre mouvement social. Sans emploi stable, ils ne se sentaient nullement concernés par la hausse des salaires ou l'âge légal de départ à la retraite. Ils savaient qu'ils étaient pauvres et qu'ils le resteraient. Pour eux, faire grève représentait un luxe définitivement hors de portée, réservé à ceux qui avaient un contrat en CDI, possédaient leur propre maison et partaient en vacances en Espagne au mois d'août.
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Tout était couru d'avance : le désir, le couple, les enfants, la fatigue, l'ennui, puis une seule alternative : le divorce ou la résignation, aussi appelée "amour de ma vie" .
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C'est là que je réalisai toute mon erreur : je n'étais pas au Paradis, mais en Enfer. La torture éternelle, ce n'était pas la chaux et les pinces, mais un salon d'attente avec sièges inclinables.
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Les vers de terre sont des pharaons aveugles. Ils prennent le temps de vivre, souverains d'eux-mêmes et maîtres de leur horloge biologique. Fuyant la lumière, ils sillonnent lentement leur royaume, se rétractant et s'allongeant comme des accordéons.
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Comme l'avait expliqué le prof de macro économie, le seul que Kevin respectât véritablement, "le principe du capital est de mettre le monde en mouvement, en permettant à de nouvelles idées de trouver du vieil argent".
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Arthur avait une prédilection pour Henry David Thoreau, qui était parti vivre quelques années en semi-ermite sur les berges de l'étang de Walden, au fin fond du Massachusetts. En voilà un qui avait poussé le dépouillement jusqu'à ses ultimes conséquences. Il passait son temps à éliminer plutôt qu'à accumuler, vivant dans une seule pièce avec trois chaises ("une pour la solitude, deux pour l'amitié, trois pour la société"), abandonnant tout excitant (y compris le café qui lui gâchait la lumière du matin), refusant même l'offrande d'un paillasson (pour quoi faire ? la terre n'est pas sale).
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Voilà pourquoi le grand Charles Darwin estimait que notre lombric est l’animal le plus important de l’évolution naturelle. Sans lui tout s’écroule.
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Ils diront : et si on remettait des vers de terre là-dedans ? Bon courage, les amis. Les lombrics n’aiment pas qu’on les bouscule, voyez-vous. Le temps de les convaincre, ce sera la famine. L’apocalypse alimentaire. Le changement climatique, les raz-de-marée, les sécheresses et les inondations, c’est un amuse-bouche, ça ne touche pas à l’essentiel. Ce qui fait notre humanité, ce n’est pas la température. C’est le sol. Imaginez un été où les céréales refusent de pousser. Où les graines restent toutes ratatinées dans le bunker qu’on appelle encore un champ. Juste un été. Les vaches, moutons, poulets, toute notre viande sur pied sera la première sacrifiée. Menu végétarien pour tout le monde. Grognement du peuple. On videra les silos pour faire du pain. Quand les réserves seront épuisées, émeutes. Resteront encore quelques légumes sous serre : on s’entretuera pour un poireau. Imaginez l’hiver suivant, quand les nappes phréatiques cesseront de se remplir, l’eau de pluie ne s’écoulant plus à travers une terre devenue minérale. On ouvre le robinet : plus rien. On va voir le voisin : rien non plus, c’est bizarre. On attend une journée. Pas deux. Les villes se dépeupleront en quelques heures dans un chaos indescriptible. Il n’y aura plus personne pour entretenir les réseaux de téléphone, ’Internet et d’électricité. La planète plongera dans le noir. Les maîtres du monde, ceux qui possèdent un potager et un puits, repousseront les hordes chapardeuses de cadres, d’ingénieurs et d’ouvriers chassés des villes.
Les Romains le savaient bien : Homo vient d’humus. Homo vit d’humus. Puis Homo a détruit humus. Et sans humus, pas d’Homo. Simple.
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À une époque où le moindre geek prétend réinventer le monde, Arthur trouvait réconfortant de découvrir en Marcel Combe un vrai savant : un esprit curieux qui sait ce qu’il ne sait pas.
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