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Citations de Gaspard Koenig (274)


La responsabilité sociale et environnementale, c'est comme le sexe : plus on en parle, moins on le fait. Et inversement.
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Cette ambiance lui rappelait une scène de livre. Une battue au loup, l’hiver, quelque part dans un village perdu des Alpes. Des centaines de villageois en armes avançant dans la neige et agitant leurs crécelles. La traque qui progresse, lentement et inexorablement. L’ambiance légère de bonne camaraderie. La bête qui se révèle par son absence, qui s’exprime par son silence, qui s’impose par ses ruses. La peur qui surgit, absurde et tyrannique. Les flambeaux qu’on apporte à la tombée de la nuit. Le découragement qui point. Les traces qui se précisent. Le cercle des hommes qui se referme du côté de la muraille. La bête acculée, tranquille, attendant son destin. La paix, soudain. Le commandant de louveterie qui s’avance et tire deux coups de pistolet en même temps. Le sang sur la neige. La mort. Et cet affreux sentiment que l’essentiel, dans toute cette mise en scène, était de se divertir.
Ce soir avec les vers de terre, pensa Arthur, c’était pareil, et c’était tout l’inverse. Il ne s’agissait pas de la mort mais de la vie. Cette obsession du meurtre, cette esthétique du néant, c’était le luxe des époques paisibles. À présent, le néant menaçait pour de bon, celui d’un monde stérile, desséché, vitrifié. On n’avait plus le temps, on n’avait plus le droit de s’ennuyer. La question n’était pas de se divertir mais d’agir. Il fallait vivre, vivre et faire vivre.
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Réunis par la nuit, les arbres coalesçaient en masse compacte d’où émergeait un moucharabieh de branchages, une architecture complexe qui transformait la forêt en palais oriental.
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Jonathan (Hall) est conscient qu'en traitant les individus comme des automates, on risque d'atrophier leurs capacités cérébrales, générant à terme des risques encore plus lourds (il prend l'exemple d'accidents d'avion où l'équipage, trop habitué au pilote automatique, avait perdu ses réflexes fondamentaux).
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Et si la liberté n'était pas la multiplication des possibles mais l'accomplissement de soi.
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Les auteurs classiques faisaient simplement partie de son environnement familier ; il les citait comme on rapporte les propos d’un copain bourré, sans trop savoir s’il faut les prendre au sérieux.
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Dans son essai (...) Isaiah Berlin [évoque] l'émergence d'un "droit à l'errance", corollaire de la capacité qu'a chacun de se chercher, de se transformer et de s'améliorer. Ce droit à l'errance, dans le contexte de l'IA, c'est le droit de s'abstraire des réseaux sociaux, le droit de ne pas suivre les recommandations, le droit de refuser les notifications, bref le droit de ne pas obéir à la définition commune de l'utilité et de suivre son propre chemin, y compris contre soi-même. Tel est le sens profond de cette fameuse "privacy", objet de tant de controverses : non pas protéger l'individu du regard des autres (après tout, les données sont la plupart du temps anonymisées et traitées par des algorithmes aveugles), mais lui permettre de se constituer comme tel hors du réseau, dans l'indifférence du nudge*. Il faut assumer que le droit à l'errance produise des effets négatifs à court terme pour la collectivité, parce qu'il est aussi la condition de tout progrès futur. Nul ne sait ce que la déviance peut produire, et nul ne peut prendre le risque de l'éradiquer.


* nudge : ensemble des outils de « suggestion » supposés nous aider à faire les bons choix, pour notre propre intérêt ou celui de la société.
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Nous voudrions maîtriser tout, la nature et les hommes, parce que nous ne nous maîtrisons plus nous-mêmes.
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Déjà divorcée, elle ne voulait plus entendre parler d'amour et envisageait de recourir dans quelques années à une mère porteuse pour élever un enfant, ou plutôt le faire élever par des baby-sitters philippines, l'équivalent des dog walkers mexicains pour l'espèce humaine.
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En les contemplant de très près, Arthur put distinguer leur bouche. Elle n’avait ni langue ni croc. C’était un simple vide annelé, comme le trou formé par une pelote de fils. Et ce vide était surmonté d’une grosse babine pelleteuse qui venait y fourrer indistinctement ce qu’elle trouvait devant elle, feuille, herbe, charogne, résidus divers. Le ver avalait tout sans rien mâcher, et laissait ensuite son intestin broyer les éléments organiques à l’aide des petits cailloux qui s’y trouvaient mêlés. C’était une membrane ambulante, ingérant et excrétant. Les vers formaient les intestins du sol.
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— C’est un bois communal, il n’a rien à dire. Arrivés là-bas, on pourra s’éparpiller, rien ne sert de rester groupés. Il faut si possible repérer les turricules, des mottes de terre pas plus grosses que le pouce, pures déjections lombriciennes…
— Je vois bien. C’est gras comme de la boue. Ça colle aux doigts.
— Ensuite, pour faire sortir les vers… — C’est facile. On met du détergent.
— Pour faire simple, je vous propose la méthode vibratoire. On prend une fourche…
— Le détergent, c’est ce qui marche le mieux.
— C’est vrai, mais ça prend plus de temps, et qui va trimbaler les barriques d’eau savonnée ? Donc on prend une fourche, on la plante et on balance le manche des deux côtés pour envoyer des ondes dans la terre. Les vers détestent ça. Ils vont se précipiter à la surface.
— Marrant. Comme les pommiers à l’automne. On secoue et on attend que ça tombe. Sauf que là, ça tombe d’en bas.
— Si tu veux. Ensuite, on les attrape délicatement entre deux doigts, de préférence par l’extrémité la plus claire.
— Par le cul, en fait ?
— Voilà. Le ver de terre rentre souvent dans le sol par l’arrière. Mais attention, quand vous le prenez, il faut faire attention de ne pas le casser en deux.
— Je croyais que les anneaux repoussaient.
— Difficilement. Ensuite, vous les mettez dans le seau où ils trouveront tout seuls leur chemin. Si chacun pouvait en rapporter entre deux et trois cents, ce serait idéal.
— On va en avoir pour la nuit !
— Justement. D’ici une petite heure, vous allez devoir allumer vos lampes frontales. J’ai mis des ampoules à faible luminosité pour ne pas effrayer nos petits amis.
— On ne pourrait pas remettre ça à demain, en plein jour ?
— Les vers sortent plus volontiers au crépuscule et à la nuit tombée.
— Ça va te coûter le poids des lombrics en bière, Arthur !
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De dix ans plus âgée que Philippine, Zo-iii avait travaillé chez Google comme avocate spécialisée dans le droit du travail (autrement dit, experte en licenciements express) avant de créer une agence de chasseurs de têtes. Elle passait donc son temps dans les conférences et les cocktails à scruter qui pourrait débaucher qui. D’un physique avenant sans être remarquable, elle était en passe de devenir la mère maquerelle de la Valley. Déjà divorcée, elle ne voulait plus entendre parler d’amour et envisageait de recourir dans quelques années à une mère porteuse pour élever un enfant, ou plutôt le faire élever par des baby-sitters philippines, l’équivalent des dog walkers mexicains pour l’espèce humaine.
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En démocratie le pouvoir accorde à ses opposants le plus vicieux des privilèges : l'illusion de la révolte. Une révolte tolérée confortable et donc bénigne. Au moins, en Russie ou en Chine, en liberté sur un tweet. Ici on se contente de l’épuiser.
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Les vivants trouvent toujours de bonnes raisons pour se priver, comme si leurs sacrifices donnaient droit à des bons points pour l'avenir. (p.24)
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Ruse de la raison historique, le virus nous aura permis de mettre des mots sur le malaise de notre civilisation. Nous nous interrogions sur la mondialisation, l’environnement ou le populisme. Or nos inquiétudes n’étaient que les symptômes d’un mal plus profond, mais aussi plus simple à soigner : la vitesse. L’accélération perpétuelle, épuisante, destructrice.
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- Ici, je m'occupe de la bibliothèque. Il faut bien, précisa-t-elle comme pour s'excuser.
- La bibliothèque... mais enfin pardonnez-moi, vous ne devez pas avoir foule de lecteurs, ici ?
- Des lecteurs ? Quelle idée ! La plupart des sœurs sont à moitié analphabètes. Ou alors elles lisent la Bible, et cela leur suffit amplement.
- Et qui vient dans votre bibliothèque ?
- Mais, personne ! Il n'y a pas besoin de lecteurs pour s'occuper de livres, grâce au ciel !
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- Tout est lié. L'Europe, c'est bien joli, mais à part distribuer des gilets fluo aux paysans et interdire d'égorger le cochon à Noël, ça nous donne quoi ?
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Le bus venait directement de Piatra Neamt, "Piatra" comme on disait familièrement, la ville où avait grandi Roxy, à l'est des Carpates. Sur les écrans accrochés aux piliers on pouvait lire les différentes provenances : Madrid, Berlin, Bratislava, Athènes, Budapest, Vilnuis, Pristina, La Haye, Varsovie, Prague et même Istanbul. C'est infiniment plus poétique qu'un aéroport. Les cars ont mordu le sol des pays. Ils traversent les montagnes, les fleuves, les villes. Ils s'arrêtent aux frontières et serpentent au hasard des routes et de leurs tracés. Ils rapportent des histoires de stations services et de péages, comme on discutait autrefois des auberges et des cochers. Quand on sort du bus, on a fait du chemin. D'un avion ? On a juste essayé de passer le temps.
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David regardait autour de lui, étonné par tant de charme. La route roumaine est un arc-en-ciel, avec ses maisons aux couleurs éclatantes dispersées au bord de la route : des palais miniatures en bois peint, ouvragés comme de la dentelle, surchargés de motifs sculptés et couverts de fleurs en pots. On y reconnait des formes ottomanes, allongées et pointues, finement torsadées. Même les toits en zinc se finissent, à chaque extrémité, par des pointes de yatagan. Sous le traditionnel balcon couvert, les fenêtres restent dans l’ombre, protégées des regards. En revanche, au milieu du toit, deux yeux en amande, minuscules ouvertures découpées en demi-cercle, vous observent discrètement. Les maisons roumaines sont des chalets suisses transportés au royaume du croissant.
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Après Cléopâtre qui, consciente du rôle du ver de terre pour fertiliser la vallée du Nil, lui octroya un statut semi-divin, les rois du monde lui préférèrent l'aigle, le lion, l'abeille ou la salamandre. Quant aux écrivains, ils ne semblaient guère plus intéressés. Même l'alexandrin que lui offrit Victor Hugo, en donnant une vie littéraire à un "ver de terre amoureux d'une étoile", n'était guère flatteur. Le ver de terre désignait Ruy Blas, l'obscur valet; tandis que l'étoile figurait bien sûr la reine d'Espagne. Il fallait vraiment un écrivain romantique pour préférer un astre mort à la source de toute vie.
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