Citations de George Sand (2618)
Il y a des heures où je m’échappe de moi, où je vis dans une plante, où je me sens herbe, oiseau, cime d’arbre, nuage, eau courante, horizon, couleur, forme et sensations changeantes, mobiles, indéfinies.
J'ai peine à croire qu'en perdant ceux qu'on aime on garde son âme entière.
Dans les vieux corps le sang ne se renouvelle plus assez vite pour supporter les opérations que peut subir la jeunesse. Il en est de même pour les végétaux.
Les papillons ne sont que des fleurs envolées un jour de fête où la nature était en veine d'invention et de fécondité.
L 'automne est un andante mélancolique et gracieux qui prépare
admirablement le solennel adagio de l 'hiver .
« Le bonheur, c’est le calme, c’est l’amitié ;
L’amour c’est la tempête, c’est le combat. »
«Pour être téméraire, il ne suffit pas d'être volontaire, il faut encore être innocent jusqu'à l'ignorance.»
Elle savourait la douceur d'aimer sans remords, sans inquiétude et sans combat, un être pâle et faible, qui n'était plus pour ainsi dire qu'une âme, et qu'elle s'imaginait retrouver dès cette vie dans le paradis des pures essences, comme on rêve de se retrouver après la mort.
Et puis je ne sais quelle attente vague pesait sur cette âme impressionnable et sur ses fibres délicates. Les êtres faibles ne vivent que de terreurs et de pressentiments. Mme Delmare avait toutes les superstitions d’une créole nerveuse et maladive ;
On me l'a dit assez souvent pour que je le sache ; et, en voyant combien les gens sont durs et méprisants pour ceux que le bon Dieu a mal partagés, je me suis fait un plaisir de leur déplaire, me consolant par l'idée que ma figure n'avait rien de repoussant pour le bon Dieu et pour mon ange gardien, lesquels ne me la reprocheraient pas plus que je ne la leur reproche moi-même. Aussi, moi, je ne suis pas comme ceux qui disent : Voilà une chenille, une vilaine bête ; ah ! qu'elle est laide ! il faut la tuer ! Moi, je n'écrase pas la pauvre créature du bon Dieu, et si la chenille tombe dans l'eau, je lui tends une feuille pour qu'elle se sauve. Et à cause de cela on dit que j'aime les mauvaises bêtes et que je suis sorcière, parce que je n'aime pas à faire souffrir une grenouille, à arracher les pattes à une guêpe et à clouer une chauve-souris vivante contre un arbre. Pauvre bête, que je lui dis, si on doit tuer tout ce qui est vilain, je n'aurais pas plus que toi le droit de vivre.
Le paradis, c'est la fusion de deux âmes dans un baiser d'amour...
Je m'inquiète bien peu de ce que l'on peut dire de moi ; mais je ne souffrirai point ce qu'on dit contre elle, et je veux que mon père et ma mère sachent de moi, pour se tranquilliser, qu'il n'y a point sur la terre, deux filles aussi honnêtes, aussi sages, aussi bonnes, aussi désinteressées que cette fille là. Si elle a le malheur d'être mal arpentée, elle en a d'autant plus de mérite à être ce qu'elle est, et je n'aurai jamais cru que des âmes chrétiennes puissent lui reprocher le malheur de sa naissance.
Heine a des mots diablement plaisants. Il disait ce soir en parlant d'Alfred de Musset : " C'est un jeune homme de beaucoup de passé. "
Heine dit des choses très mordantes et ses saillies emportent le morceau. On le croit foncièrement méchant, mais rien n'est plus faux ; son coeur est aussi bon que sa langue est mauvaise. Il est tendre, affectueux, dévoué, romanesque en amour, faible même, et capable de subir la domination illimitée d'une femme, avec cela il est cynique, railleur, positif, matérialiste en paroles, à effrayer, à scandaliser quiconque ne sait pas sa vie intérieure et le secret de son ménage. Il est comme ses poésies, un mélange de sentimentalité des plus élevées et de moquerie la plus bouffonne.
Car l'homme, c'est vous, et les hommes, c'est le lecteur, George Sand
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Cette volonté de peindre les choses comme elles sont, les aventures de la vie comme elles se présentent à la vue, n'est pas bien raisonnée, selon moi. Peignez en réaliste ou en poète les choses inertes, cela m'est égal ; mais, quand on aborde les mouvements du cœur humain, c'est autre chose. Vous ne pouvez pas vous abstraire de cette contemplation ; car l'homme, c'est vous, et les hommes, c'est le lecteur. Vous aurez beau faire, votre récit est une causerie entre vous et lui. Si vous lui montrez froidement le mal sans lui montrer jamais le bien, il se fâche. Il se demande si c'est lui qui est mauvais ou si c'est vous. Vous travaillez pourtant à l'émouvoir et à l'attacher ; vous n'y parviendrez jamais si vous n'êtes pas ému vous-même, ou si vous le cachez si bien, qu'il vous juge indifférent. Il a raison : la suprême impartialité est une chose anti-humaine et un roman doit être humain avant tout. S'il ne l'est pas, on ne lui sait point de gré d'être bien écrit, bien composé et bien observé dans le détail. La qualité essentielle lui manque : l'intérêt.
Mes yeux te disent que je t'aime. Regarde moi donc dans les yeux, ça y est écrit, et toute fille sait lire dans cette écriture là.
Par exemple , dit-il , nous avons assisté hier à une veillée rustique à la ferme . Le chanvrière a conté des histoires jusqu 'à deux heures du matin . La servante du curé l 'aidait ou le reprenait ; c 'était une paysanne un peu cultivée ; lui , un paysan inculte , mais heureusement doué et fort éloquent à sa manière . A eux deux , ils nous ont raconté une histoire vraie , assez longue , et qui avait l 'air
d 'un roman intime .
Le père Maurice trouva chez lui une vieille voisine qui était venue causer avec sa femme tout en cherchant de la braise pour allumer son feu .La mère Guillette habitait une chaumière fort pauvre à deux portées de fusil de la ferme .Mais c 'était une femme d 'ordre et de volonté .Sa pauvre maison était propre et bien tenue .et ses vêtements rapiécés avec soin annonçaient le respect de soi-même au milieu de la détresse .
L'esprit cherche et c'est le coeur qui trouve.
Un enfant de six à sept ans ,beau comme un ange ,et les épaules couvertes , sur sa blouse , d 'une peau d 'agneau qui le faisait ressembler au petit saint Jean-Baptiste des peintres de la Renaissance ,marchait dans le sillon parallèle à la charrue et
piquait le flanc des bœufs avec une gaule longue et légère ,armée d 'un aiguillon peu acéré .Les fiers animaux frémissaient sous la petite main de l 'enfant ,et faisaient grincer les jougs et les courroies liés à leur front ,en imprimant au timon de violentes secousses .
Je m'imaginais me résumer. Est-ce qu'on peut se résumer ? Est-ce qu'on peut se connaître ? Est-ce qu'on est jamais quelqu'un ? Je n'en sais plus rien. Il me semble qu'on change de jour en jour et qu'au bout de quelques années on est un être nouveau.
Septembre 1868