Journal intime (1833-1868)

« Journal intime » : George Sand (Seuil 210 pages)
Un texte un peu compliqué à aborder, dans la mesure où il est loin d'être exhaustif, et où il joue à saute-mouton par-dessus les quelques années évoquées, et parce que George Sand y évoque surtout les moments de souffrance amoureuse et de doute. Mais c'est quand même l'occasion de faire un peu mieux connaissance avec cette femme écrivain, femme de convictions et de passions. Commencer d'ailleurs par lire la chronologie (même sélective) de sa vie que l'éditeur a eu la bonne idée de joindre au journal aide à s'y repérer. Car quelle vie agitée et riche ! Républicaine convaincue, elle n'hésitera pas à engager sa plume, au moins sur le plan journalistique, dans les journaux progressistes de son époque, jusqu'à parfois en créer. Nulle part pourtant dans ce texte ni dans la chronologie on trouvera trace de son antisémitisme assumé sans complexe, comme trop souvent à cette époque. Eternelle amoureuse, elle se lance sans retenue dans toutes les passions. Par exemple, en 1833, à 29 ans, après une brève liaison avec Mérimée, elle engage une relation passionnelle avec Musset, part à Venise avec lui, et là-bas, noue une histoire d'amour avec le médecin italien venu soigner Musset malade, médecin qu'elle quittera quelques mois plus tard ; épisode assez emblématique de sa manière de se donner et de foncer, quitte à en payer le prix, et il est difficile de faire le compte de ses amours, célèbres ou inconnues. Cette vie affective et passionnelle à cent à l'heure ne la freine pas le moins du monde dans son écriture (à propos de laquelle elle ne dit quasiment rien dans son journal, quel dommage !), car George Sand, qui au-delà de son pseudonyme masculin, écrit souvent en parlant d'elle au masculin, est surtout un auteur très prolixe (dont je crois n'avoir rien lu ! sauf « La mare au diable » au collège ?)
Pour le reste l'écriture de ce journal est assez ampoulée, « romantique » et parfois même grandiloquente, ce qui n'en facilite pas la lecture. J'ai bien aimé les 4 dernières pages, écrites à 64 ans (elle mourra dix ans plus tard) empreintes de sagesse et de sérénité altruiste.

Ce texte court couvre 15 jours de la vie de George Sand entre le 15 et le 28 novembre 1834. Sand et Musset ont rompu depuis leur retour de Vénise (Musset est rentré en Février, Sand rentra bien plus tard, fin 1834). On sait que Sand eut une liaison avec le médecin italien De Musset, Pagello, qui déchaîna la jalousie du poète, et fit monter le scandale autour de George Sand. Ce journal rend donc compte essentiellement du désespoir de Sand face à cette rupture et au désintérêt De Musset pour elle. On y lit la souffrance, le manque, le désespoir de n'être plus aimée et d'aimer toujours pourtant, la passion charnelle aussi.
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