ll faut le dire, les premiers contes commencent avec ce que je n'aime pas chez
George Sand, un certain côté fleur bleue et moralisateur, avec même certains accents "travail, famille, nature". Pas patrie non, évidemment,
George Sand n'est pas vichyste, mais le travail est célébré comme la valeur qui permet de s'épanouir, de trouver sa place dans la société, de se purifier et d'accéder à la vertu. L'amour se passe dans le cadre familial, entre gentils parents, gentils enfants, gentils maîtres qui deviennent des parents adoptifs... Oui, c'est mièvre. Heureusement, les descriptions de la nature sont belles, avec des originalités : du sublime effrayant des volcans d'Auvergne - avec une tonalité fantastique, à l'orientalisme dans la description de jungles indiennes, jusqu'à la création géologique du monde.
Oui, si le premier conte m'a paru trop tendre, j'ai été véritablement surprise par d'autres. le deuxième conte évoque ainsi clairement la métempsychose avec un personnage qui se remémore ses vies antérieures. Au moins deux autres s'appuient sur les théories scientifiques du XIXème sur l'évolution : Sand évoque la formation géologique de la terre, à travers les huîtres, les rochers. Si c'est une fée qui bouge les pierres, j'ai trouvé original le fait que le personnage principal du récit soit justement un rocher, déplacé des montagnes par la fée du glacier, érodé dans un torrent par la fée des eaux, manipulé par des hommes qui ne s'appellent pas encore préhistoriques, mais on comprend que ce sont eux qui sont décrits... L'oeuvre du temps est présentée comme étant celle d'une fée, mais on est bien loin d'un conte traditionnel. Même les théories de Darwin apparaissent en creux, sans qu'il soit cité, mais la Fée au gros yeux évoque les beautés des insectes et leurs caractéristiques.
Oui, il y a bien quelques fées et quelques animaux qui parlent, mais j'ai trouvé ce recueil presque plus scientifique que merveilleux !