Citations de Georges Courteline (185)
Eh ! bien, dis-je, de ces huit ans, pas un jour ne s’est écoulé qui n’ait été pour votre « amie » l’occasion d’une petite canaillerie nouvelle ; pas un soir vous ne vous êtes couché qu’excellemment jobardé et cocufié comme il convient ; pas une fois vous ne franchîtes le seuil du modeste logement payé de vos écus, où s’abritent vos plus chers espoirs, qu’un homme - vous entendez bien ? - n’y fût caché.
Georges COURTELINE / Philosophie / OEuvres / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Je nie absolument que chaque âge ait ses plaisirs, la Jeunesse gardant tout pour elle. »
< p.820 >
Oh ! moi, mon bon, je suis comme beaucoup d'autres : je deviens vieux tout doucettement. Je m'éveille tous les matins avec un jour de plus que la veille, et j'en pleure de rage jusqu'au soir. A part cela, je relis les lettres des maîtresses qui m'ont trompé et des amis qui m'ont trahi ; je compte mes rides du bout de mon doigt en me regardant dans la glace, et quand j'ai une minute à moi, je retouche mon testament, ou j'y ajoute un codicille. Enfin, je me distrais, quoi ! je m'amuse.
« Je nie absolument que chaque âge ait ses plaisirs, la Jeunesse gardant tout pour elle. »
C’est la fierté des hommes des lettres d’arriver dans la considération des femmes tout de suite après les cabotins.
C’est la fierté des hommes des lettres d’arriver dans la considération des femmes tout de suite après les cabotins.
Quand on a commis la malhonnêteté de déshonorer une femme de bien, on a du moins cette probité de ne pas faire son désespoir après avoir causé sa chute, et de ne pas l’abandonner lâchement dans son isolement et dans ses remords.
Il semblait que la fatalité nous avait rivés l’un à l’autre, en même temps qu’en nous donnant à tous les deux une nature à peu près identique elle nous animait mutuellement de la force de deux aimants qui se repoussent.
C’était purement et simplement le caractère impossible de la femme que la passion rassasiée à demi n’était plus de force à dompter, et qui reparaissait lentement, comme reparaît la trame sous une étoffe qui s’use.
Il y a des heures où les femmes ne sont pas à prendre avec des pincettes, particularité qui échappe quelquefois et pendant un assez long temps aux amants des femmes mariées, parce que ces heures-là, en fines mouches qu’elles sont, c’est aux maris qu’elles les réservent.
Oh ! le mari, le précieux mari ! le personnage indispensable à la solidité des liaisons adultères, le monsieur qui vous gêne, vous irrite, vous assomme ! l’empêcheur de danser en rond qui fait rater vos rendez-vous, se met dans vos jambes, vous barre le passage, et avec ça entretient chez l’amant le désir toujours frais de la femme, par cela qu’il le contrarie et en modère les élans d’une main guidée par la prudence même !
Il n’est pas rare qu’un sentiment éprouvé au cours du rêve subsiste un certain temps encore après le réveil.
N’importe, il se montrait ravi, comme il se montrait ravi de tout, étant de ceux qui aiment l’existence depuis les pieds jusqu’à la tête et qu’assure d’une inaltérable sérénité un de ces bons diables d’égoïsmes auxquels on n’a pas le courage d’en vouloir.
L’entêtement de l’une à se défendre stimulant l’entêtement de l’autre à conquérir.
L’étonnante facilité avec laquelle un honnête homme devient une brute et un galant homme un goujat, quand sa vanité est en jeu, est quelque chose d’extraordinaire.
On ne sait jamais, avec les femmes !
Quand l’envie d’une femme me vient, il n’est pas d’amitié au monde qui m’empêcherait de mettre tout en œuvre pour arriver à mes fins.
La théorie des femmes d’amis, autrement dites femmes sacrées, ne m’a jamais paru bien sérieuse, et, exception faite des femmes de cinquante ans, je ne vois guère, pour m’être sacrées, que celles qui en ont soixante-dix.
Chacun prend sa philosophie où il la trouve.
Il y a des gens qui font jaillir la sympathie comme une étincelle d’un caillou.