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Citations de Gérard Araud (51)


Rien ne convainc la Grande-Bretagne de concevoir une politique d'endiguement aux côtés de la France. Hitler à chaque coup d'éclat non seulement annonce que c'est le dernier, mais y ajoute des propositions de négociation. Pour Londres qui a intériorisé la notion « keynésienne » de l'injustice à réparer du traité de Versailles, c'est irrésistible. On reconnaît in petto que l'Allemagne n'a fait que corriger un tort dont on attribue naturellement la paternité à la France et on s'accroche à l'espoir que désormais tout est réglé, d'autant que l'interlocuteur se fait patelin. La presse britannique ne cesse à chaque occasion de vanter la « sincérité » du Führer, voire son pacifisme. Stresemann, Brüning ou Hitler : après tout, quelle différence? semble-t-on croire à Londres. A chaque concession - l'égalité des droits en 1932, le réarmement en 1935, la réoccupation de la Rhénanie en 1936, l'Anschluss et Munich en 1938 -, nous voyons la diplomatie britannique exprimer l'espoir qu'elle soit la base d'un nouveau règlement européen qui se substituerait à Versailles et satisferait toutes les puissances. À chaque fois, elle se résout à accepter la concession suivante pour parvenir enfin au moment où, pour citer Chamberlain, « les revendications raisonnables ont été satisfaites, les suspicions ont été levées et la confiance enfin restaurée ». C'en est ahurissant rétrospectivement, et c'en serait presque comique si ce n'était tragique, si chaque étape n'affaiblissait pas la France.
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Les hommes de bien n’ont aucune chance dans les situations violentes.
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Kissinger est "musicalement en phase avec l'histoire".
Fritz Kraemer
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Le recours à la force est un instrument primitif qui permet rarement d'atteindre des objectifs politiques complexes.

p264
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En démocratie, on ne fait pas la guerre contre la volonté de son peuple.

p226
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L'Europe, c'est transférer les rivalités inévitables entre nations des champs de bataille aux corridors de Bruxelles ; c'est un mécanisme permanent de solution pacifique des conflits de notre continent. Que serait "une Europe des Nations" c'est à dire l'Europe que nous connaissions avant 1939, dans une ou deux générations ? Ne voyons nous pas déjà renaître les nationalismes qui nous ont menés au désastre ? 371.
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Il n’est donc de bonne diplomatie sans l’empathie pour l’interlocuteur et même l’adversaire. L’empathie – et non la sympathie – vise à comprendre de l’intérieur ce que peut ressentir, vouloir, savoir et donc faire l’autre côté de la table. Essayons de comprendre non seulement ce que cherche celui-ci mais pourquoi il le cherche. Ne projetons pas sur lui nos préjugés, nos espérances ou nos opinions mais écoutons-le. C’est cette empathie qui peut-être nous manque le plus aujourd’hui. Au nom de l’universalisme de nos valeurs – qui ne sont universelles que dans notre esprit – et dans la conviction que notre modèle de société est le meilleur auquel le monde entier doit aspirer, nous ne parvenons pas à comprendre les autres ou nous rejetons les raisons qu’ils invoquent dans l’enfer des erreurs ou de l’obscurantisme. Notre bonne conscience nous aveugle sur la vision qu’a le reste du monde d’un Occident qui se veut porteur de valeurs et qui est accusé, non sans raison, de double standard, d’hypocrisie et de brutalité et dont on n’oublie pas le colonialisme.
page 193
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Ce livre se propose de nourrir le réarmement intellectuel de l'opinion publique française face au renouveau de la politique de puissance qu'entraînent le retrait américain et l'émergence de nouvelles puissances à partir d'exemples tirés de son histoire pour mettre en lumière les contraintes qui pèsent sur la politique étrangère aujourd'hui, une histoire dont ne nous sépare aucune solution de continuité malgré les apparences et qui donc peut transmettre ses enseignements sur la conduite de la politique étrangère.
Les exemples de ce livre présentent toute la gamme des obstacles que le praticien des relations internationales peut rencontrer lorsqu'il analyse une situation et propose une politique dans un système d'États concurrents qui est désormais le nôtre. C'est, à chaque fois, un rappel historique des faits, mais c'est aussi la vision d'un diplomate pour expliquer les choix qui ont été faits et leurs conséquences.
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(…) on n'envahit pas tous les jours la Syrie ou la Chine; à défaut, on se rabat alors sur les sanctions, panacée des démocraties qui n'ont ni les moyens militaires de leurs bonnes intentions ni la moindre volonté d'y recourir. À l'exception de l'Afrique du Sud de l'apartheid, qui était isolée du monde entier, aucun pays n'a jamais cédé à la pression des sanctions mais qu'importe puisque leur objet réel est de donner satisfaction à moindre coût aux opinions publiques et non de changer les choses.
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Les passions sont sans doute le pire ennemi des diplomates. Elles invoquent l'absolu là où tout est relatif ; elles substituent la morale à l'analyse et oublient les intérêts pour le beau geste. On les retrouve derrière chaque désastre.
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Il est rassurant de pouvoir assigner un succès à un homme, à en faire le résultat d'une politique et la victoire de l'intelligence. De grands noms jalonnent l'histoire de la diplomatie européenne; d'autres figurent dans son « enfer ». Il serait absurde de ne pas reconnaître la prescience et le génie de Metternich, de Castlereagh ou de Bismarck. Néanmoins, en politique étrangère, comme dans les autres secteurs de l'activité humaine, règne la «force des choses », en l'occurrence, les rapports de force entre les puissances, les contraintes que leur imposent la géographie et le poids de l'Histoire. Cette « force des choses » évolue en permanence et il serait à peine exagéré d'affirmer que la politique étrangère pour un pays consiste à gérer ce mouvement pour en tirer avantage ou, au moins, pour empêcher qu'il ne tourne à son désavantage.
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(…) en s'opposant à l'apparition d'institutions européennes fortes et en étant incapables d'assainir les finances publiques et d'adapter l'appareil productif à la mondialisation, les gouvernements français successifs portent une part de responsabilité dans l'effacement de notre pays aujourd'hui. L'ascendant de l'Allemagne est d'abord le fruit de la crise de ses partenaires, au premier rang desquels la France. Elle ne la pas cherché; il est le fruit de ses vertus, des faiblesses des autres et des circonstances.
La conclusion s'impose d'elle-même : la « question allemande » est aussi et peut-être surtout une « question française ». C'est à la France qu'il appartient de rétablir un partenariat plus égal. Elle doit le faire sans naiveté mais sans paranoïa.
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Méfions-nous de la militarisation de la politique étrangère. Le Royaume-Uni et la France en ont fait l'expérience à Suez; les États-Unis en sont aujourd'hui la preuve, de l'Irak à l'Afghanistan ; dans le Sahel, la France était en voie de le devenir. Espérons qu'elle se tire au mieux du piège. Le recours à la force est un instrument primitif qui permet rarement d'atteindre des objectifs politiques complexes.
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Gérard Araud
Ce qui fait la spécificité de notre continent, c'est que la majorité des États, traumatisés après deux guerres mondiales et un génocide, ont décidé de créer une organisation régionale forte qui, outre le poids accru qu'elle confère à ses membres sur la scène internationale, représente dans les faits un mécanisme permanent de résolution des conflits. Pour caricaturer, les membres de l'Union européenne ont transféré des champs de bataille aux corridors de Bruxelles leurs querelles où elles sont résolues sur la base des rapports de force mais par le biais de procédures agréées et dans le respect de principes généraux qui défendent les intérêts majeurs de chacun. Il faut donc là aussi comprendre nos partenaires pour élaborer des politiques réalistes. L'Union européenne est paradoxalement autant la fille de Metternich que d'Adenauer, Schuman et De Gasperi.
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Les bons sentiments et les émotions sont plus convaincants que le rappel des intérêts et l'analyse des rapports de force. Le diplomate navré ne peut alors que se retirer dans l'attente du moment où inévitablement, on fera appel à lui pour réparer les fautes dont il n'est pas coupable. Pourtant, tel Sisyphe, le diplomate de tous les temps et de tous les pays est condamné à essayer inlassablement d'éviter le pire, ce pire que les hommes portent en eux et chérissent particulièrement quand ils peuvent le travestir en morale et en droit. N'oublions jamais qu'en dehors de rares circonstances, la vraie morale, c'est la paix.
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C'est la roulette parfois russe plus que les échecs qui offre la meilleure métaphore des relations internationales.
La première conclusion à en tirer est la prudence, la modestie et la retenue que doit manifester toute politique étrangère. Les incertitudes sont trop grandes et les risques trop élevés pour tout jouer sur un coup de dés. Toute décision doit être prise avec la conviction que les informations qui la fondent, les instincts qui la guident et le raisonnement qui la justifie peuvent être erronés et qu'en tout état de cause, au moins une partie le sera. En théorie des jeux, on dirait qu'il s'agit de minimiser les pertes potentielles plutôt que de maximiser les gains hypothétiques.
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Après le Brexit , après Trump , un monde s'effondre ; vertige .
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Les curés disent les meilleures blagues anticléricales .
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La France est le pays des idées, dit-on. Le Ministère des Affaires étrangères devrait l'être tout autant. J'ai cependant constaté que le débat d'idées à l'étranger ne l'atteint que tardivement. Arrogance d'un pays qui croit toujours être le centre intellectuel du monde ? Ignorance de l'anglais ? Absence des conférences et séminaires internationaux ? Imperméabilité au pragmatisme anglo-saxon ? Le fait est qu'en relations internationales, le nombre d'experts français présents dans ces cercles se réduit à quelque noms.
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La question de la participation de la France à la structure militaire de l'Alliance revint sur la table (...) Bon connaisseur de l'Otan, je manquais d'enthousiasme à cette perspective. Le retour dans l'organisation militaire ne portait en rien atteinte à notre indépendance stratégique - toutes les décisions se prenant à l'unanimité à l'Otan - mais il ne nous donnait pas réellement voix au chapitre dans une structure intrinsèquement dominée par les Etats-Unis. Domination d'autant plus indiscutable que tous nos alliés tenaient à ce qu'elle soit indiscutée : les pays de l'Est ne voyaient dans l'alliance que la garantie américaine ; les Britanniques nourrissaient l'illusion d'être "les Grecs des nouveaux Romains" ; les Allemands refusaient toute démarche qui pouvait conduire à une augmentation de leur budget militaire. Les autres alliés jugeaient une tutelle américaine plus utile et moins humiliante qu'une direction européenne, qu'elle soit britannique, allemande ou française. Tout ce monde se satisfaisait donc de l'hégémonie américaine qui semblait un prix peu élevé à payer pour une assurance de sécurité dont l'histoire avait fait comprendre l'utilité. Du côté américain, on considérait non sans raison que l'Allié dont les dépenses militaires représentaient les deux tiers de l'ensemble avait des droits légitimes à avoir le dernier mot. Rejoindre le club était donc une dépense en termes financiers et humains qui ne me paraissait pas indispensable.
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