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Citations de Gérard Araud (51)


Je découvris rapidement le réservoir de haine et de bêtise que représentent les médias sociaux. Ce qu'exprimaient hier trois alcooliques au comptoir d'un bar est désormais partagé et échangé par des centaines voire des milliers de correspondants qui n'ont même pas l'excuse de l'éthylisme.
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L'Europe, c'est transférer les rivalités inévitables entre nations des champs de bataille aux corridors de Bruxelles ; c'est un mécanisme permanent de solution pacifique des conflits de notre continent. Que serait "une Europe des Nations" c'est à dire l'Europe que nous connaissions avant 1939, dans une ou deux générations ? Ne voyons nous pas déjà renaître les nationalismes qui nous ont menés au désastre ? 371.
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Il n’est donc de bonne diplomatie sans l’empathie pour l’interlocuteur et même l’adversaire. L’empathie – et non la sympathie – vise à comprendre de l’intérieur ce que peut ressentir, vouloir, savoir et donc faire l’autre côté de la table. Essayons de comprendre non seulement ce que cherche celui-ci mais pourquoi il le cherche. Ne projetons pas sur lui nos préjugés, nos espérances ou nos opinions mais écoutons-le. C’est cette empathie qui peut-être nous manque le plus aujourd’hui. Au nom de l’universalisme de nos valeurs – qui ne sont universelles que dans notre esprit – et dans la conviction que notre modèle de société est le meilleur auquel le monde entier doit aspirer, nous ne parvenons pas à comprendre les autres ou nous rejetons les raisons qu’ils invoquent dans l’enfer des erreurs ou de l’obscurantisme. Notre bonne conscience nous aveugle sur la vision qu’a le reste du monde d’un Occident qui se veut porteur de valeurs et qui est accusé, non sans raison, de double standard, d’hypocrisie et de brutalité et dont on n’oublie pas le colonialisme.
page 193
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Le 28 juin 1919, dans la galerie des Glaces du château de Versailles, à l'endroit même où a été proclamé l'Empire allemand en 1871, Hermann Müller, ministre des Affaires étrangères, et Johannes Bell, ministre des Transports de la république de Weimar, signent le traité de Versailles. Une foule se presse pour assister à l'évènement ; on monte sur les chaises ; on se bouscule. La France a invité des mutilés de guerre pour rappeler l'horreur du conflit ; le train qui amène les plénipotentiaires allemands a été détourné pour traverser à petite vitesse les zones des combats qui témoignent des dévastations qu'a subies le pays. Le matin même, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont signé le traité par lequel ils accordent leur garantie à la France en cas d'agression allemande, contrepartie de la renonciation par Clemenceau à la revendication d'une séparation de la Rhénanie de l'Allemagne. Cent et un coups de canon concluent la courte cérémonie.
Le maréchal Foch, commandant en chef des forces alliées, est absent. Le 4 mai, lorsque le traité a été rendu public devant les alliés, il a protesté en réclamant de faire du Rhin la frontière entre l'Allemagne et ses voisins. En vain. Il explique au New York Times : "La prochaine fois, les Allemands ne commettront pas d'erreur. Ils envahiront le nord de la France et se saisiront des ports sur la Manche pour lancer des opérations contre l'Angleterre", en concluant : "Quand on est pas sur le Rhin, on a tout perdu."
Que l'Histoire ait prouvé, en mai-juin 1940, que Foch avait raison devrait justifier que personne aujourd'hui n'ose défendre le traité de Versailles parce qu'il n'accordait pas assez de garanties aux voisins de l'Allemagne, mais, paradoxalement, il est critiqué - et il l'a été quasiment depuis sa signature - au contraire pour avoir été trop dur.
La cause semble entendue : les alliés auraient imposé à l'Allemagne une "paix carthaginoise" qui aurait nourri le ressentiment durable de la population, affaibli la république de Weimar et ouvert la voie à Hitler. Dès 1919, Keynes s'insurge contre les clauses économiques du traité et annonce la ruine de l'Allemagne dans son best-seller Les Conséquences économiques de la paix. Que toutes ses prévisions soient démenties par le redressement rapide de l'économie allemande, qui retrouve dès 1925 le PIB de 1914 sur un territoire plus petit, n'a étrangement pas affaibli la portée de son argumentation qu'on répète encore aujourd'hui.

Chapitre VII, Le traité de Versailles.
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J'en fis part à John Bolton à Washington, dans un bureau où une grenade, symbole de ses méthodes, trônait sur son bureau. [...] Derrière une moustache et un teint rose qui évoquent un colonel de l'armée des Indes sou Victoria, John Bolton est le mariage explosif de l'idéologie et du professionnalisme. C'est un pur nationaliste qui méprise les organisions internationales et refuse les traités s'ils prétendent limiter la liberté d'action des États-Unis. Un seul texte est sacré pour lui, la Constitution des États-Unis. Il croit en l'usage de la force et le prône allègrement. A l'entendre, il n'y a pas de problème qu'un bombardement ne finisse par résoudre. S'y ajoute un goût de la provocation qui l'a conduit à déclarer que si "on retirait dix des trente-huit étages du bâtiment des Nations-Unies, à New-York, nul ne s'en apercevrait...".
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Un accord partiel est toujours bon à prendre; qu'il soit temporaire est mieux que rien.
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La question est cependant légitime. Londres et Paris s’apprêtent à faire la guerre pour Dantzig à la population entièrement allemande, dont le statut de ville libre n’est en rien indispensable pour la Pologne qui s’est dotée depuis 1919 du port de Gdynia. Sur le fond, Dantzig est sans doute le contentieux où les arguments de l’Allemagne sont les plus forts et où une concession aurait le moins de conséquences stratégiques. Grande-Bretagne et France se sont donc livrés pieds et poings liés au gouvernement polonais, qui refuse toute négociation avec l’Allemagne sur le sort de la ville libre;
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Oui,la politique étrangère, c'est parfois accepter le détestable pour éviter l'insupportable.
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L’entre-deux-guerres offrira donc le spectacle surréaliste des Etats-Unis qui exigent âprement le paiement des dettes interalliées tout en se faisant l’avocat de la réduction des réparations allemandes et en imposant des droits de douane en moyenne de 59% ce qui empêche la France d’obtenir les devises nécessaires au remboursement qu’ils attendent.
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En 1945, Washington, prenant acte que le Royaume-Uni et la France sont trop faibles pour assurer La Défense de l’Europe occidentale face à l’URSS, prend la décision de rester engagé sur notre continent pour prendre leur relève. La question aurait dû se poser en 1991 du maintien de cette présence après l’effondrement du bloc communiste…C’était une solution provisoire puisqu’elle ne reposait pas sur une nécessité géopolitique…aujourd’hui, alors que les environs de notre continent sont en flammes, de l’Ukraine au Sahel en passant par la Syrie, les Etats-Unis nous font savoir qu’ils n’ont pas l’intention d’y intervenir puisque leurs intérêts essentiels n’y sont pas en jeu. L’administration Biden s’en tient strictement à la garantie de l’Otan. La force des choses que représente ce retrait partiel des Etats-Unis réussira-t-ila convaincre les européens de sortir de leur apathie géopolitique pour prendre en main leur destin?
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le diplomate a souvent la tâche ingrate de rappeler la réalité, d'en analyser les rapports de force et de démontrer que le champ du souhaitable ne correspond pas souvent à celui des possibles. La voix du diplomate est souvent couverte par l'indignation. Quoi qu'il fasse, il n'a aucune chance lorsqu'il invoque la raison pour écarter les sentiments. Il a perdu d'avance. Il doit attendre d'être rappelé pour réparer ce qui peut l'être après le désastre qui en est l'inévitable fruit. En 1871, c'est le vieil Adolphe Thiers, qui a dénoncé l'aveuglement de la diplomatie française en 1866 et qui s'est prononcé pour demander la paix dès octobre 1870, qui doit négocier le traité ignominieux, mater la révolte de la Commune et ensuite obtenir le départ des forces d'occupation. Il n'y gagnera que le mépris de la génération de Français qui oublient qu'un million de Parisiens font cortège chapeau bas à sa dépouille mortel en 1877.

Chapitre IV, La dépêche d'Ems, p105.
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Depuis 1919, les critiques n'ont pas manqué qui ont mis en cause Clemenceau, Lloyd George ou Wilson ou les trois. Chacun a eu son portrait brossé, une ou plusieurs fois, le plus souvent à charge. Ils ne se sont d'ailleurs pas épargné entre eux, chacun égratignant l'autre après une séance de négociation particulièrement difficile. Tout a été dit sur le prêcheur protestant, sûr d'avoir raison, qu'est Wilson, sur le Gallois manipulateur et sans principes qu'est Lloyd George et sur l'implacable germanophobe qu'est Clemenceau. Keynes, qui a souvent des talents d'écrivain, décrit ainsi ce dernier : " Clemenceau trônait, ganté de gris, sur son fauteuil de brocart, l'âme sèche et vide d'espérances, très vieux et très fatigué mais contemplant le spectacle d'un air cynique et presque malicieux."
Qualifier de "sèche" l'âme de Clemenceau, l'ami de Monet, l'amateur d'art, le voyageur infatigable en Asie, le dreyfusard et l'anticolonialiste, dit plus des opinions de l'auteur que de la réelle personnalité du sujet.

Chapitre VII, Le traité de Versailles, p160-161.
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Le 28 juin 1919, dans la galerie des Glaces du château de Versailles, à l'endroit même où a été proclamé l'Empire allemand en 1871, Hermann Müller, ministre des Affaires étrangères, et Johannes Bell, ministre des Transports de la république de Weimar, signent le traité de Versailles. Une foule se presse pour assister à l'évènement ; on monte sur les chaises ; on se bouscule. La France a invité des mutilés de guerre pour rappeler l'horreur du conflit ; le train qui amène les plénipotentiaires allemands a été détourné pour traverser à petite vitesse les zones des combats qui témoignent des dévastations qu'a subies le pays. Le matin même, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont signé le traité par lequel ils accordent leur garantie à la France en cas d'agression allemande, contrepartie de la renonciation par Clemenceau à la revendication d'une séparation de la Rhénanie de l'Allemagne. Cent et un coups de canon concluent la courte cérémonie.
Le maréchal Foch, commandant en chef des forces alliées, est absent. Le 4 mai, lorsque le traité a été rendu public devant les alliés, il a protesté en réclamant de faire du Rhin la frontière entre l'Allemagne et ses voisins. En vain. Il explique au New York Times : "La prochaine fois, les Allemands ne commettront pas d'erreur. Ils envahiront le nord de la France et se saisiront des ports sur la Manche pour lancer des opérations contre l'Angleterre", en concluant : "Quand on est pas sur le Rhin, on a tout perdu."
Que l'Histoire ait prouvé, en mai-juin 1940, que Foch avait raison devrait justifier que personne aujourd'hui n'ose défendre le traité de Versailles parce qu'il n'accordait pas assez de garanties aux voisins de l'Allemagne, mais, paradoxalement, il est critiqué - et il l'a été quasiment depuis sa signature - au contraire pour avoir été trop dur.
La cause semble entendue : les alliés auraient imposé à l'Allemagne une "paix carthaginoise" qui aurait nourri le ressentiment durable de la population, affaibli la république de Weimar et ouvert la voie à Hitler. Dès 1919, Keynes s'insurge contre les clauses économiques du traité et annonce la ruine de l'Allemagne dans son best-seller Les Conséquences économiques de la paix. Que toutes ses prévisions soient démenties par le redressement rapide de l'économie allemande, qui retrouve dès 1925 le PIB de 1914 sur un territoire plus petit, n'a étrangement pas affaibli la portée de son argumentation qu'on répète encore aujourd'hui.

Chapitre VII, Le traité de Versailles, p158-159.
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Le recours à la force est un instrument primitif qui permet rarement d'atteindre des objectifs politiques complexes.

p264
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En démocratie, on ne fait pas la guerre contre la volonté de son peuple.

p226
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(…) on n'envahit pas tous les jours la Syrie ou la Chine; à défaut, on se rabat alors sur les sanctions, panacée des démocraties qui n'ont ni les moyens militaires de leurs bonnes intentions ni la moindre volonté d'y recourir. À l'exception de l'Afrique du Sud de l'apartheid, qui était isolée du monde entier, aucun pays n'a jamais cédé à la pression des sanctions mais qu'importe puisque leur objet réel est de donner satisfaction à moindre coût aux opinions publiques et non de changer les choses.
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Méfions-nous de la militarisation de la politique étrangère. Le Royaume-Uni et la France en ont fait l'expérience à Suez; les États-Unis en sont aujourd'hui la preuve, de l'Irak à l'Afghanistan ; dans le Sahel, la France était en voie de le devenir. Espérons qu'elle se tire au mieux du piège. Le recours à la force est un instrument primitif qui permet rarement d'atteindre des objectifs politiques complexes.
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C'est la roulette parfois russe plus que les échecs qui offre la meilleure métaphore des relations internationales.
La première conclusion à en tirer est la prudence, la modestie et la retenue que doit manifester toute politique étrangère. Les incertitudes sont trop grandes et les risques trop élevés pour tout jouer sur un coup de dés. Toute décision doit être prise avec la conviction que les informations qui la fondent, les instincts qui la guident et le raisonnement qui la justifie peuvent être erronés et qu'en tout état de cause, au moins une partie le sera. En théorie des jeux, on dirait qu'il s'agit de minimiser les pertes potentielles plutôt que de maximiser les gains hypothétiques.
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Les curés disent les meilleures blagues anticléricales .
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Je ne me félicite pas que "la force prime le droit" mais je constate que c'est souvent le cas.
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