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Citations de Gérard Araud (51)


La question est cependant légitime. Londres et Paris s’apprêtent à faire la guerre pour Dantzig à la population entièrement allemande, dont le statut de ville libre n’est en rien indispensable pour la Pologne qui s’est dotée depuis 1919 du port de Gdynia. Sur le fond, Dantzig est sans doute le contentieux où les arguments de l’Allemagne sont les plus forts et où une concession aurait le moins de conséquences stratégiques. Grande-Bretagne et France se sont donc livrés pieds et poings liés au gouvernement polonais, qui refuse toute négociation avec l’Allemagne sur le sort de la ville libre;
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Oui,la politique étrangère, c'est parfois accepter le détestable pour éviter l'insupportable.
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Pour caricaturer, les membres de l'Union européenne ont transféré des champs de bataille aux corridors de Bruxelles leurs querelles où elles sont résolues sur la base des rapports de force mais par le biais de procédures agréés et dans le respect de principes généraux qui défendent les intérêts majeurs de chacun.
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En théorie des jeux, on dirait qu'il s'agit de minimiser les pertes potentielles plutôt que de maximiser les gains hypothétiques.
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C'est la roulette parfois russe plutôt que les échecs qui offrent la meilleure métaphore des relations internationales. La première conclusion a en tirer est la prudence, la modestie et la retenue que doit manifester toute politique étrangère. Les incertitudes sont trop grandes et les risques trop élevés pour tout jouer sur un coup de dés.
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L’entre-deux-guerres offrira donc le spectacle surréaliste des Etats-Unis qui exigent âprement le paiement des dettes interalliées tout en se faisant l’avocat de la réduction des réparations allemandes et en imposant des droits de douane en moyenne de 59% ce qui empêche la France d’obtenir les devises nécessaires au remboursement qu’ils attendent.
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En 1945, Washington, prenant acte que le Royaume-Uni et la France sont trop faibles pour assurer La Défense de l’Europe occidentale face à l’URSS, prend la décision de rester engagé sur notre continent pour prendre leur relève. La question aurait dû se poser en 1991 du maintien de cette présence après l’effondrement du bloc communiste…C’était une solution provisoire puisqu’elle ne reposait pas sur une nécessité géopolitique…aujourd’hui, alors que les environs de notre continent sont en flammes, de l’Ukraine au Sahel en passant par la Syrie, les Etats-Unis nous font savoir qu’ils n’ont pas l’intention d’y intervenir puisque leurs intérêts essentiels n’y sont pas en jeu. L’administration Biden s’en tient strictement à la garantie de l’Otan. La force des choses que représente ce retrait partiel des Etats-Unis réussira-t-ila convaincre les européens de sortir de leur apathie géopolitique pour prendre en main leur destin?
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En politique étrangère, il n'y a jamais de "bonne" ou de " mauvaise" décision mais des choix qui tous entraînent avec eux des conséquences positives et négatives.
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le diplomate a souvent la tâche ingrate de rappeler la réalité, d'en analyser les rapports de force et de démontrer que le champ du souhaitable ne correspond pas souvent à celui des possibles. La voix du diplomate est souvent couverte par l'indignation. Quoi qu'il fasse, il n'a aucune chance lorsqu'il invoque la raison pour écarter les sentiments. Il a perdu d'avance. Il doit attendre d'être rappelé pour réparer ce qui peut l'être après le désastre qui en est l'inévitable fruit. En 1871, c'est le vieil Adolphe Thiers, qui a dénoncé l'aveuglement de la diplomatie française en 1866 et qui s'est prononcé pour demander la paix dès octobre 1870, qui doit négocier le traité ignominieux, mater la révolte de la Commune et ensuite obtenir le départ des forces d'occupation. Il n'y gagnera que le mépris de la génération de Français qui oublient qu'un million de Parisiens font cortège chapeau bas à sa dépouille mortel en 1877.

Chapitre IV, La dépêche d'Ems, p105.
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Depuis 1919, les critiques n'ont pas manqué qui ont mis en cause Clemenceau, Lloyd George ou Wilson ou les trois. Chacun a eu son portrait brossé, une ou plusieurs fois, le plus souvent à charge. Ils ne se sont d'ailleurs pas épargné entre eux, chacun égratignant l'autre après une séance de négociation particulièrement difficile. Tout a été dit sur le prêcheur protestant, sûr d'avoir raison, qu'est Wilson, sur le Gallois manipulateur et sans principes qu'est Lloyd George et sur l'implacable germanophobe qu'est Clemenceau. Keynes, qui a souvent des talents d'écrivain, décrit ainsi ce dernier : " Clemenceau trônait, ganté de gris, sur son fauteuil de brocart, l'âme sèche et vide d'espérances, très vieux et très fatigué mais contemplant le spectacle d'un air cynique et presque malicieux."
Qualifier de "sèche" l'âme de Clemenceau, l'ami de Monet, l'amateur d'art, le voyageur infatigable en Asie, le dreyfusard et l'anticolonialiste, dit plus des opinions de l'auteur que de la réelle personnalité du sujet.

Chapitre VII, Le traité de Versailles, p160-161.
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Le 28 juin 1919, dans la galerie des Glaces du château de Versailles, à l'endroit même où a été proclamé l'Empire allemand en 1871, Hermann Müller, ministre des Affaires étrangères, et Johannes Bell, ministre des Transports de la république de Weimar, signent le traité de Versailles. Une foule se presse pour assister à l'évènement ; on monte sur les chaises ; on se bouscule. La France a invité des mutilés de guerre pour rappeler l'horreur du conflit ; le train qui amène les plénipotentiaires allemands a été détourné pour traverser à petite vitesse les zones des combats qui témoignent des dévastations qu'a subies le pays. Le matin même, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont signé le traité par lequel ils accordent leur garantie à la France en cas d'agression allemande, contrepartie de la renonciation par Clemenceau à la revendication d'une séparation de la Rhénanie de l'Allemagne. Cent et un coups de canon concluent la courte cérémonie.
Le maréchal Foch, commandant en chef des forces alliées, est absent. Le 4 mai, lorsque le traité a été rendu public devant les alliés, il a protesté en réclamant de faire du Rhin la frontière entre l'Allemagne et ses voisins. En vain. Il explique au New York Times : "La prochaine fois, les Allemands ne commettront pas d'erreur. Ils envahiront le nord de la France et se saisiront des ports sur la Manche pour lancer des opérations contre l'Angleterre", en concluant : "Quand on est pas sur le Rhin, on a tout perdu."
Que l'Histoire ait prouvé, en mai-juin 1940, que Foch avait raison devrait justifier que personne aujourd'hui n'ose défendre le traité de Versailles parce qu'il n'accordait pas assez de garanties aux voisins de l'Allemagne, mais, paradoxalement, il est critiqué - et il l'a été quasiment depuis sa signature - au contraire pour avoir été trop dur.
La cause semble entendue : les alliés auraient imposé à l'Allemagne une "paix carthaginoise" qui aurait nourri le ressentiment durable de la population, affaibli la république de Weimar et ouvert la voie à Hitler. Dès 1919, Keynes s'insurge contre les clauses économiques du traité et annonce la ruine de l'Allemagne dans son best-seller Les Conséquences économiques de la paix. Que toutes ses prévisions soient démenties par le redressement rapide de l'économie allemande, qui retrouve dès 1925 le PIB de 1914 sur un territoire plus petit, n'a étrangement pas affaibli la portée de son argumentation qu'on répète encore aujourd'hui.

Chapitre VII, Le traité de Versailles.
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Le 28 juin 1919, dans la galerie des Glaces du château de Versailles, à l'endroit même où a été proclamé l'Empire allemand en 1871, Hermann Müller, ministre des Affaires étrangères, et Johannes Bell, ministre des Transports de la république de Weimar, signent le traité de Versailles. Une foule se presse pour assister à l'évènement ; on monte sur les chaises ; on se bouscule. La France a invité des mutilés de guerre pour rappeler l'horreur du conflit ; le train qui amène les plénipotentiaires allemands a été détourné pour traverser à petite vitesse les zones des combats qui témoignent des dévastations qu'a subies le pays. Le matin même, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont signé le traité par lequel ils accordent leur garantie à la France en cas d'agression allemande, contrepartie de la renonciation par Clemenceau à la revendication d'une séparation de la Rhénanie de l'Allemagne. Cent et un coups de canon concluent la courte cérémonie.
Le maréchal Foch, commandant en chef des forces alliées, est absent. Le 4 mai, lorsque le traité a été rendu public devant les alliés, il a protesté en réclamant de faire du Rhin la frontière entre l'Allemagne et ses voisins. En vain. Il explique au New York Times : "La prochaine fois, les Allemands ne commettront pas d'erreur. Ils envahiront le nord de la France et se saisiront des ports sur la Manche pour lancer des opérations contre l'Angleterre", en concluant : "Quand on est pas sur le Rhin, on a tout perdu."
Que l'Histoire ait prouvé, en mai-juin 1940, que Foch avait raison devrait justifier que personne aujourd'hui n'ose défendre le traité de Versailles parce qu'il n'accordait pas assez de garanties aux voisins de l'Allemagne, mais, paradoxalement, il est critiqué - et il l'a été quasiment depuis sa signature - au contraire pour avoir été trop dur.
La cause semble entendue : les alliés auraient imposé à l'Allemagne une "paix carthaginoise" qui aurait nourri le ressentiment durable de la population, affaibli la république de Weimar et ouvert la voie à Hitler. Dès 1919, Keynes s'insurge contre les clauses économiques du traité et annonce la ruine de l'Allemagne dans son best-seller Les Conséquences économiques de la paix. Que toutes ses prévisions soient démenties par le redressement rapide de l'économie allemande, qui retrouve dès 1925 le PIB de 1914 sur un territoire plus petit, n'a étrangement pas affaibli la portée de son argumentation qu'on répète encore aujourd'hui.

Chapitre VII, Le traité de Versailles, p158-159.
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Tout ce que vous dites dois être vrai; tout ce qui est vrai, vous n'avez pas à le dire.
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La leçon de l'entre-deux-guerres (est) de rappeler une sagesse qui vient du fond des âges et que l'Europe a un temps oubliée dans le confort post-moderne dont elle a bénéficié. Cette sagesse que la Grande-Bretagne a ignorée de 1919 à 1939 alors qu'elle avait fondé sa politique étrangère pendant des siècles, cette sagesse que la France jugeait n'avoir pas les moyens de mettre seule en œuvre, elle peut se résumer en une phrase : il n'y a pas de politique étrangère sans un horizon de recours à la force. Le rapport entre les deux est paradoxal : en venir au second prouve que la première a échoué, mais celle-ci ne peut espérer réussir que si l'interlocuteur est convaincu que celui-là n'est pas exclu.
Rapport paradoxal et équilibre délicat : il ne faut pas que la négociation à tout prix l'emporte, mais il ne faut pas non plus que le recours à la force ne devienne une facilité, comme ce fut le cas aux États-Unis depuis les attentats du 11 septembre 2001. Oui, diplomatie et force vont ensemble, mais c'est la première qui a le pas et doit le conserver. C'est ce qu'avait compris Aristide Briand. Un mauvais compromis est meilleur qu'une bonne guerre. Ce n'est que lorsque le destin du pays est en jeu qu'il faut savoir tirer l'épée.
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Je souhaite ardemment que le désastre de la bataille de France continue de hanter nos mémoires pour nous contraindre à ne jamais baisser la garde, à ne jamais confier notre sécurité à autrui et à ne jamais oublier qu'une nation peut disparaître, comme la France a failli sombrer physiquement et moralement ces années-la. Au moment où renait la rivalité entre grandes puissances, alors même que la guerre revient sur notre continent, nous ne pouvons nous bercer des illusions qui nous ont coûté si cher. C'est à réarmer nos âmes, nos esprits et nos corps que nous appelle l'écho de ce tragique passé.
Ce vœu s'enracine dans la conviction que nous sortons, avec l'invasion de l'Ukraine, de soixante-dix-sept années de paix en Europe occidentale, à l'exception de la guerre civile en ex-Yougoslavie, où nous avons voulu voir - à tort - une normalité nouvelle des relations internationales. En réalité, cette période de paix - la plus longue qu'a connue notre pays depuis sa fondation, où qu'on la situe - était due à des circonstances exceptionnelles qui ne sont plus, que ce soit le deuil après les carnages des deux guerres mondiales, la stabilité de la guerre froide ou la suprématie américaine.
La guerre est de retour sur notre continent, mais au-delà de cette tragédie, nous devons nous accoutumer à un monde multipolaire de puissances grandes et moyennes que ne régissent que les rapports de force. C'est dans une jungle où rôdent des carnivores et où le garde-chasse américain se fait discret ou indifférent que les Européens doivent apprendre à vivre.
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Le pays qui a théorisé la nécessité de préserver l'équilibre des puissances en Europe en oublie la signification. Il prête la main à l'instauration d'une hégémonie qu'il ne veut pas voir venir, et qu'il accompagne même avec complaisance.
Mais les péchés de la diplomatie britannique ne se résument pas à ça. Elle commet par ailleurs deux erreurs cardinales : en premier lieu, celle de surestimer la puissance française et de sous-estimer les capacités de redressement allemandes; en second lieu, celle de ne pas comprendre qu'au xx° siècle, l'Europe est un espace géopolitique unique. S'accommoder des ambitions allemandes en Europe de l'Est, c'est menacer à terme la sécurité de la France et donc de la Grande-Bretagne.
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Rien de moins révolutionnaire et rien de plus « russe » que la politique étrangère de Staline qui, comme tous les tsars qui l'ont précédé, vise à assurer la sécurité de la frontière occidentale du pays en avançant inexorablement vers l'Europe centrale. Il ne fait que reprendre une « marche en avant » qu'ont un instant arrêtée les défaites de la Grande Guerre. À cet égard, l'effondrement de l'URSS en 1991 représente un tel recul, même par rapport à ces dernières, qu'il n'est pas difficile de prévoir que la Russie fera tout pour en pallier les effets. Dans ce contexte, l'invasion de l'Ukraine retrouve sa logique propre.
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Les États-Unis ont également conduit une politique d'une grande rationalité qui, en 1919, a deux objectifs en Europe: empêcher une puissance d'y imposer son hégémonie et y préserver leurs intérêts économiques et financiers. Il est alors logique de juger que la Grande-Bretagne et la France sont capables par elles-mêmes d'assurer le premier. Les États-Unis peuvent donc en conclure qu'ils n'ont pas besoin de s'impliquer dans les affaires européennes, ce qui correspond d'ailleurs à une tradition qui remonte à George Washington.
Wilson hors course, ils s'en tiennent là. En ce qui concerne leurs intérêts économiques et financiers, comme nous l'avons expliqué, ils supposent le maintien d'une capacité de paiement allemande pour honorer la dette privée aux mains des investisseurs américains, ce qui va à l'encontre des besoins français de réparations substantielles, que Washington sacrifie donc sans état d'âme comme l'aurait d'ailleurs fait tout pays dans cette situation.
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(…) davantage que les coups de dés du Führer ou l'aveuglement des Britanniques, ce qui explique les succès de l'Allemagne, c'est tout simplement sa puissance.
Les rapports de force sont à ce point en sa faveur, comme l'a pressenti dès 1919 la France, que surmonté l'impact de la défaite et écartée la suprématie française, elle ne peut qu'imposer une hégémonie inscrite dans sa démographie et dans son économie. Sans l'hubris hitlérienne, l'Europe aurait été durablement allemande.
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Une fois de plus, il est difficile de ne pas sentir que la France ne se veut ferme que parce qu'elle sait d'entrée de jeu que la Grande-Bretagne ne la suivra pas, ce qui lui donnera un excellent prétexte pour ne rien faire tout en ayant une explication de son inaction pour la Chambre et l'opinion publique.
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