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Critiques de Gérard Mordillat (423)
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Ce que savait Jennie

Un roman qui ne m'a fait ni chaud, ni froid. Certes le roman est noir, dure, une histoire violente. C'est un déchirement à chaque page. Aucun moment agréable, aucune bonne nouvelle. L'horreur frappe cette famille à chaque page. Eh bien je n'ai pas été touchée. La forme, l'écriture, l'enchaînement des faits, j'ai vraiment la sensation que tout tombe à l'eau. Le jus ne prend pas, j'ai lu la moitié du livre en diagonale et je n'ai rien râté.



Voilà quand il n'y a rien à dire, il n'y a rien à dire!
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Ce que savait Jennie

e vous fiez pas à la quatrième de couverture, ce qu'elle raconte ne commence qu'à la moitié du livre.

Quand on fait la connaissance de Jennie elle n'a que treize ans, elle vit avec sa petite sœur, sa maman et son ami. On la retrouve ensuite quand elle a seize ans et c'est essentiellement à ce moment là que sa vie va être bouleversée, que les enfants vont être séparés. Pour Jennie c'est une immense douleur car elle était comme leur maman, elle s'occupait beaucoup d'eux. Elle se promet de les retrouver, cela ne se produira que des années plus tard.

Nous voici donc à la moitié du livre c'est ici que commence l'histoire dont parle la quatrième de couverture.



Cette histoire est sombre et noire, parfois même très sombre et très noire. L'auteur écrit bien et nous tient en haleine.

Le monde dans lequel vit Jennie est rempli d'adultes qui ne paraissent pas très responsables envers les enfants. Leur comportement parait souvent ahurissant et Jennie a de grosses responsabilités pour son âge.



J'aurais vraiment aimé qu'il y ait un brin d'optimisme dans cette histoire mais jusqu'au bout je l'ai trouvée triste.

Un livre qui se lit facilement mais vraiment trop noir pour que mon avis soit plus positif.
Lien : http://pages.de.lecture.de.s..
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Ce que savait Jennie

Une Candide au féminin mais armée d'un poing américain, qui dans un monde où la mort rôde boit d'un trait tout l'amour comme toute la haine.
Lien : http://www.lepoint.fr/livres..
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Les Vivants et les Morts

Avec « Les vivants et les morts » , Gérard Mordillat signe une œuvre ambitieuse, profondément humaniste. Un gros pavé pour dénoncer la lâcheté de patrons voyous, qui n’hésitent pas à mettre sur le carreau des centaines de salariés pour satisfaire leurs actionnaires. A la Kos, la direction justement a décidé de fermer définitivement l’usine qui fait vivre une ville entière. Après l’ abattement, l’écœurement, la révolte gronde et la lutte s’organise. A travers le couple Rudy, Dallas ainsi qu’un bon nombre de personnages attachants ou infâmes, Mordillat décrit avec une grande justesse, cette fronde sans merci que vont livrer les salariés face une direction aussi lâche qu’invisible. Mordillat, artiste engagé renoue avec un genre, le roman social avec force et passion. Il montre avec justesse les dégâts directs mais aussi les dommages collatéraux (la vie de couple, les enfants, le lien social, les crédits à rembourser, les tensions qui apparaissent entre salariés etc ... ). Ces nombreux personnages donnent un souffle et un rythme remarquable à son récit. Un roman que l’on ne lâche pas et que l’on quitte à regret.

Mordillat a adapté son roman pour le petit écran. Il a la même puissance que son bouquin.



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Les Vivants et les Morts

Lopez, délégué CGT à Monsieur le Préfet :



"Aujourd'hui c'est à la mode de dénigrer la Révolution, d'y voir la préfiguration de tous les totalitarismes. La Révolution ce ne serait que la Terreur. Mais vous savez ce qui a déclenché la Terreur ? Deux choses : la peur de voir les droits de l'homme disparaitre dans l'eau du bain ou Marat était mort et la peur de voir l'oeuvre de la Révolution réduite à néant. Le Terreur c'est la réponse à une peur immense. La peur, l'effroi du peuple..."

La Kos, une usine de fabrique plastique, dans le nord de la France va fermer. Pas la première, pas la dernière, sacrifiée sur l'autel de la rentabilité, du marché, des actionnaires. Les ouvriers, qui ont sauvé leur usine d'une inondation quelques mois avant le plan social, sont priés d'accepter leur liquidation, et sans broncher, sans se révolter, sans penser. Circulez, y'a rien à voir, rien à faire ! Entrez donc en cellule de reclassement, devenez des ombres, ou des morts.



Sauf qu'à la Kos, on décide de ne pas se laisser piétiner sans dire que ça pique ; à la Kos, il y a des femmes, des hommes, des vivants, qui ne sont pas dupes du cinéma qu'on est en train de leur jouer. Et qui vont résister ! Manifestation, refus d'obéir, refus de se soumettre à la loi du capitalisme ultralibéral.



Gérard Mordillat - exceptionnel artiste engagé - déroule son histoire inéluctable en six cents pages, de luttes, de combat, de colère et d'injustice.

Un roman réaliste du XXI ème siècle, avec mondialisation, cynisme des dirigeants, rapacité des actionnaires, montage bidon de sociétés...

Des personnages symboles voient le jour dans ce "livre-vie" : Rudi, Dallas, Lorquin, des héros de la résistance quotidienne... Des personnages écrasés, qui se relèvent par le combat.



Lorquin, le héros du sauvetage de la Kos, à Rudi, celui qui va porter le combat :



"Regarde-toi dans une glace et demande-toi si tu es un homme libre. Un, tu n'as rien à toi : ta maison, elle est à la banque ; le jour où il ferme le robinet, t'es à la rue. Deux, en théorie, tu peux aller où bon te semble, en réalité, comme t'as pas un sou devant toi, t'es bien obligé de rester là où tu es ! Je ne te demande pas où tu vas en vacances, je connais la réponse : tu restes là, t'es assigné à résidence. Trois, tu travailles pour gagner tout juste ce qui te permet de survivre, rien de plus. Et si tu t'avises de te plaindre, le peu que tu as on te l'enlève, pour t'apprendre les bonnes manières. Alors tu le fermes, parce que ta baraque, ta femme, tes gosses... Alors d'accord, t'es pas fouetté, t'es pas vendu sur le marché, t'as le droit de vote et le droit d'écrire dans le courrier de lecteurs de La Voix que tu n'es pas d'accord avec ce qui t'arrive, t'as la liberté d'expression ! Quelle liberté ? Tu sais bien que si tu écrivais une lettre pour dire vraiment ce que tu penses et si tu l'envoyais, ce serait comme si tu rédigeais publiquement ta fiche d'inscription à l'ANPE. Crois-moi : si tu veux bien regarder de près, ta vie ne vaut pas un pet de lapin, tu ne comptes pour rien, t'es un "opérateur" de production comme ils disent, quelque chose entre l'animal de trait et la pièce mécanique..."



Le livre, dans son déroulement implacable, enrage, désole, pour finalement nous pousser au combat, à la révolte juste ; comme Dallas, la femme de Rudi, qui après avoir perdu son boulot, parce que trop jeune, femme, supposée écraser, va porter la contestation plus haut que quiconque aurait penser ; qu'elle même le croyait, et ainsi se révéler :



"Le vent se lève, des petites risées bienveues dans la tiédeur de l'air. Dallas se remet en marche mais ce n'est plus la même. Elle n'est plus la cervelle de moineau, la majorette à la poitrine guerrière, la sirène d'or des concours de plage. Elle n'est plus la chômeuse à vingt ans, la torcheuse d'enfants, la femme de ménage des familles bourgeoises ni la serveuse en extra au Cardinal. Elle n'est plus la pisseuse, la suceuse, la baiseuse et tous les noms pourris qu'on lui a jeté au visage. Elle n'est plus la fille d'Henri, ni la soeur de Frank, ni la femme de Rudi. Elle n'est plus la bonne à rien faire, celle qui compte pour pas grand chose, la cinquième roue du carrosse. Elle est Dallas. Elle est quelqu'un."
Lien : http://landibiblog.over-blog..
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Les Vivants et les Morts

L’ histoire est d’une effrayante banalité. Une usine, dans le Nord, appartenant à un groupe étranger, va être fermée, les salariés licenciés. Lorsque l’auteur a adapté son roman pour la télévision, il a choisi comme lieu de tournage Hénin-Beaumont, c’est dire …. Et ils se battent, même sans aucun espoir. C’est beau, triste et fort, un roman qui marque à jamais. Ces ouvriers qui continuent à vivre, à aimer, à se révolter sont eux, les vivants. Les morts, ce sont les patrons de l’usine, qu’on ne voit jamais. On a parlé de Zola, de Hugo. Non, le style et la situation sont bien d’aujourd’hui, de chez nous, mais une fois ce pavé refermé, on ne regarde plus l’actualité comme avant.
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Rouge dans la brume

Un de mes auteurs français favoris.
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Rouge dans la brume

Ca se lit comme un téléfilm, c'est, je pense, imaginé comme une "suite", un prolongement de "Des Vivants et des morts". Sans doute en un peu plus pessimiste encore. Mais bon, ça donne toujours à réfléchir sur un certain nombre de sujets toujours intéressants
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Rouge dans la brume

Il s'agit [...] du dernier volet de la trilogie de Gérard Mordillat sur la lutte des classes et le désir de penser le monde autrement. Prémonitoire.
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
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Les Vivants et les Morts

Oui il est vrai qu'on peut tomber dans les clichés et la redite quand un auteur aborde la chronique sociale. L'histoire de la littérature française en ce domaine passe inévitablement par Emile Zola, il est difficile de se faire une place à côté de lui. J'y ajoute par coup de coeur Frédéric Fajardie. Il y en a des auteurs, mais pas tant que ça ! Gérard Mordillat est de ceux-là.

L'histoire présente est simple, parfois on sourit, mais elle rend la lecture très abordable au plus grand nombre. C'est une bonne manière de parler du drame social dans le contexte de pensée unique libérale. J'ai vraiment dévoré ce roman, et je pense qu'on en sort un peu plus attentif, là où les médias grand public (radio, télé ou presse) pratique une forme d'omerta. Ca fait pas de mal de remuer le couteau dans la plaie de temps en temps.
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Il n'y a pas d'alternative. Trente ans de p..

Vous connaissez Tina ? Non pas Turner bande de décérébrés. Les anglophones peut-être un peu plus ?



TINA : There Is No Alternative.



TINA c'est le gimmick des libéraux pour nous envoyer toujours un peu plus dans le mur. C'est Margaret Thatcher qui a popularisé TINA (c'était même un de ses surnoms, avec la dame de fer).



Une (contre-)réforme passe mal ? TINA. Vous devez justifier une action jugée injuste ? TINA. Etc...



Vous voulez des exemples ? Soyez juste un peu plus attentif le matin en écoutant votre radio ou le soir devant votre télé. En ce moment on bouffe du TINA (ou en français du "nous n'avons pas d'autre choix", "c'est la seul option", "on peut pas faire autrement"...) matin, midi et soir.



Ce livre fait donc une rétrospective de la contre-révolution néo-libérale, de ces premiers penseurs (Hayek, Freidman), jusqu'à la crise systémique actuelle et ses bon soldats, en passant par ceux qui débuté la mise en pratique (Thatcher, Reagan).
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Les Vivants et les Morts

Une usine qui fait travailler de nombreuses personnes dans la région va fermer... Mordillat décrit habilement les révoltes, les luttes qui en résultent et également les conflits entre classes sociales, mais aussi entre ouvriers. J'ai bien aimé.
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Rouge dans la brume

Des usines qui ferment, des ouvriers en colère, des syndicalistes remontés, des patrons inflexibles....tous les ingrédients chers à Mordillat sont réunis ! Ca se lit bien, mais perso j'ai préféré 'Des vivants et des morts'. Et je crois que je vais m'arrêter là avec Moridllat car ses bouquins se ressemblent vraiment trop. Un bon point pour les citations des paroles de dirigeants qui ponctuent ce livre.
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Les Vivants et les Morts

Lorsque j'ai commencé ce roman, j'ai pris un peu de distance avec l'écriture scénaristique, ça me gênait après avoir lu Katherine Mosby dont le style est complètement différent.

Par contre, une fois habituée, il m'a été très difficile de lâcher ce gros bouquin de 647 pages dont le sujet est toujours d'une actualité brûlante. Quelques personnages m'ont paru assez caricaturaux voire superflus, mais à part ça, je me suis laissée emporter par l'histoire de ces ouvriers luttant pour leur dignité même si l'issue de leur combat est prévisible. En arrivant à la manifestation finale, entre dormir et finir le livre, j'ai préféré lire, pas possible de le reposer avant de savoir comment tout ça se terminait ! Par certains côtés, ce roman a presque les traits d'un documentaire. En tout cas, il est passionnant et m'a donné envie de découvrir d'autres écrits de Mordillat.

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Rouge dans la brume

Critique de Aliette Armel pour le Magazine Littéraire



À l'heure où le succès de Stéphane Hessel transforme l'injonction Indignez-vous ! en impératif catégorique, Gérard Mordillat poursuit sa construction d'une machine de guerre littéraire contre l'indifférence, la peur et la résignation. Depuis son premier roman Vive la sociale ! en 1981, il donne la parole à ceux qui ne l'ont pas, dénonce le capitalisme et proclame la possibilité d'un monde meilleur. Fils d'un serrurier de la SNCF, déserteur de l'école à 15 ans pour devenir conducteur d'une machine offset au Quartier Latin, son parcours s'inscrit dans la lignée de la littérature prolétarienne pratiquée par des auteurs autodidactes, fidèles à leur origine sociale ouvrière ou paysanne. Alors que la littérature engagée, telle que la concevait Sartre, telle que l'avaient pratiquée Voltaire, Zola ou l'américain Dos Passos, semblait devenue un simple sujet de dissertation pour classes préparatoires littéraires, Gérard Mordillat ne renonce pas à mettre son engagement en oeuvre.



Son récit progresse avec rapidité, par courts paragraphes. Il en tisse le fil narratif avec une technique s'apparentant au montage cinématographique, faisant alterner dialogues serrés, passages plus didactiques, scènes amoureuses fortes, citations et moments dramatiques dépeints avec un certain lyrisme. Il saisit son lecteur, l'entraîne dans une intrigue aux rebondissements imprévisibles, l'intéresse au destin de personnages attachants, que l'insurrection ouvrière bouscule et révèle : leurs réactions inattendues sont les moteurs d'une action qui se renouvelle sans cesse de livre en livre. Rouge dans la brume est le dernier opus d'une trilogie consacrée à des révoltes ouvrières radicales contre la fermeture de leur usine, à la lutte d'ouvriers aux mains nues contre des groupes aux intérêts mondiaux. Comme dans Les Vivants et les Morts, qu'il a récemment adapté sous forme de série télévisée, et dans Notre part des ténèbres, l'écrivain-cinéaste prend le parti de l'indignation contre la résignation, de l'action contre le capitalisme qui représente pour lui « le crime et la peur » : « Il faut arrêter d'être compréhensifs, d'être responsables, d'être polis, il faut qu'une seule et même colère embrase tout le pays ! »



Il tient également compte des complexités de l'âme humaine : « Ils sont en grève, ils luttent pour ne pas passer à la trappe et c'est le sexe, sinon l'amour, qui les gouverne en secret ! » Tout autant que la lutte des classes, Mordillat excelle à décrire les relations de couples qui se construisent et se défont sous l'effet d'événements rendant possible l'impensable : dans Rouge dans la brume, Anath, la DRH, libère enfin ses désirs de passion amoureuse, de mise en accord de ses actes avec ses idées et forme, avec Carvin, le chef de l'insurrection, le couple central du livre - comme Rudy et Dallas dans Les Vivants et les Morts ; le professeur Werth, figure d'intellectuel atypique - y compris dans les romans de Mordillat - part, lui, avec son jeune élève Cerus pour vivre selon leur inclinaison réciproque et écrire un essai « pour en finir avec le monothéisme, ennemi du genre humain ».

     

Mordillat se montre impitoyable à l'égard des dirigeants politiques et industriels. Il scande son récit de citations empruntées à leurs discours, en total décalage avec les décisions mises en oeuvre par leurs hommes liges, et avec la réalité vécue par des hommes et des femmes dont ils n'imaginent même pas le quotidien. « Aujourd'hui, quand il y a une grève, personne ne s'en aperçoit. » Cette phrase de Nicolas Sarkozy résonne dans un contexte qui la transforme en menace tout autant qu'en déni d'une réalité que, par ailleurs, la liberté romanesque pousse aux extrêmes. Gérard Mordillat n'hésite pas sur les moyens mis au service de ses convictions. Dans Notre part des ténèbres, un paquebot où se déroulait une fête de Nouvel an au profit des actionnaires, était détourné par les ouvriers au milieu d'une tempête cataclysmique. Dans Rouge dans la brume, plusieurs usines s'enflamment, se noient sous l'encre d'imprimerie ou explosent avant que le mouvement de révolte soit contraint de se dissoudre : c'est une victoire pour Anath et Carvin, la démonstration de la puissance de la colère, mais aussi de l'amour et de la vie.
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Jésus après Jésus. L'origine du christianisme

Que dire... à lire pour comprendre l'un des cheminement spirituel qui à façonné le monde.
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Jésus sans Jésus

Gérard MORDILLAT et Jérôme PRIEUR, Jésus sans Jésus. La christianisation de l’Empire romain





C’est la série d’Arte, l’Apocalypse, qui a inspiré aux écrivains, journalistes et cinéastes Gérard Mordillat et Jérôme Prieur l’écriture du livre « Jésus sans Jésus, La christianisation de l’Empire romain ». Ce qui explique probablement le caractère assez décousu de l’essai qui enquête à la suite des séries télévisées d’Arte « Corpus Christi » et « L’origine du christianisme » et des essais « Jésus contre Jésus » et « Jésus après Jésus » sur un événement considérable pour l’Occident : la naissance d’une nouvelle religion, le christianisme.



Malgré cet effet patchwork, on apprend beaucoup de choses à la lecture de cet ouvrage, et on organise ses connaissances. Les auteurs suivent l’ordre chronologique et épinglent les caractéristiques et les temps forts du développement de cette secte qui deviendra religion d’état.



Ce sont les répliques de « En attendant Godot » de Samuel Beckett « Comment ? Pourquoi ? » qui servent de leitmotiv à cet essai.



Comment ? Pourquoi ? Comment et pourquoi un Juif de Galilée, à la naissance douteuse, charismatique a-t-il pu se présenter comme le Christ, le Sauveur, le Seigneur, le fils de Dieu... ? Comment ce qui est aujourd’hui une des plus grandes religions du monde a-t-elle pu voir le jour et se développer ?



En huit chapitres, les auteurs tentent de répondre à ces questions. C’est d’abord la crucifixion de Jésus sur le Golgotha, comme un criminel politique, qui est étudiée : les Romains n’aiment ni les fauteurs de trouble ni le contre-pouvoir.

Les auteurs évoquent également l’incendie de Rome (19 juillet 64) pour rappeler que des boucs émissaires ont du être trouvés et l’on s’est tourné évidemment contre les Chrétiens, coupables de se réunir en secret et de sacrifier aux dieux de l’Empire.



Le deuxième chapitre montre que l’Apocalypse de Jean de Patmos est un brûlot anti-romain, une charge contre la puissance impériale, un appel à la rébellion et à l’insurrection.



Ensuite, vient la notion de martyr, instrument de propagande non politique mais religieuse, et les persécutions. Les auteurs évoquent aussi longuement les attaches et la rupture avec le judaïsme, ce qui aura pour conséquence la réunion d’un corpus de textes chrétiens destiné à compléter la Bible juive : le « Nouveau Testament ». Le problème du choix des textes qui le constitueront (Concile de Trente, 1545) est largement développé.



Différentes hérésies (montanisme, gnose vont gagner le monde chrétien.



Ensuite la figure de Constantin, premier empereur romain converti au Christianisme (Pont Milvius, 312), jouera un rôle très important dans la diffusion et le rayonnement de cette toute jeune religion. Désireux d’assurer l’unité de l’empire, Constantin doit assurer d’abord l’unité de l’église mais va être entraîné contre son gré dans le schisme « donatiste », puis dans la crise arienne (Concile de Nicée, 325).

Après sa mort, l’un de ses successeurs Julien entreprend de restaurer la tradition des dieux protecteurs de Rome, abroge toutes les mesures discriminatoires contre les païens et restitue leurs biens aux temples. Il meurt rapidement. Et si Julien avait eu le temps de régner ?



Une nouvelle étape est franchie en 390 lorsque l’évêque de Milan, Ambroise s’oppose à l’empereur Théodose après le massacre de Thessalonique (le pouvoir temporel doit être soumis au pouvoir spirituel, l’empereur à l’évêque) et triomphe ! Cette évolution suscite des résistances internes : le monachisme.



Les auteurs terminent leur analyse par un ensemble de réflexions qui tentent finalement de répondre au pourquoi (Le christianisme offrait une clé d’explication du monde plus simple, plus rationnelle ainsi qu’une exigence spirituelle et morale élevée ; elle s’est imposée comme facile d’accès, sans distinction de sexe, classe, race ; elle met en place un système d’aide aux démunis (geste de l’aumône), etc.)



C’est donc à une belle étude que l’on a affaire. Solide mais accessible. Une chronologie, une bibliographie de 10 pages, un index complètent cet ouvrage que j’ai pris beaucoup de plaisir (et de temps) à étudier autant qu’à lire. Il faut dire que l’histoire des religions est un sujet qui me passionne et que j’avais déjà quelques connaissances préalables que j’ai pu enrichir. Un seul regret : ne pas avoir vu les documentaires diffusés sur Arte (mais ce sera bientôt chose faite, ils sont disponibles en DVD) !





Gérard MORDILLAT et Jérôme PRIEUR, Jésus sans Jésus, La christianisation de l’Empire romain, Paris, Editions du seuil/ Arte éditions, 2008.



Je remercie vivement Guillaume de chez BABELIO et les Editions ARTE dont on peut retrouver l’intégralité du catalogue sur www.arteboutique.com




















Lien : http://legenditempus.canalbl..
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Jésus sans Jésus

Jesus sans Jésus mais comment ont ils fait ?

C'est dans le livre de Mordillat et Prieur que l'on nous propose un début de réponse. De quel livre je parle ? De "Jésus sans Jésus", ouvrage qui explique comment le christianisme s'est séparé du judaïsme et surtout comment le christianisme a pu connaître un tel développement au cours des siècles. Reconnaissons que c'était bien mal parti ;-)



Les auteurs de ce livre reprennent les argumentaires déjà développés dans leurs documentaires vidéo que vous avez peut être eu le plaisir de découvrir sur Arte :

Pour mémoire il s'agit de :

"Corpus Christi"

"L'Origine du christianisme"

"L'apocalypse" qui sera bientôt disponible à la médiathèque.



Les thèmes abordés dans cet ouvrage sont assez vastes :



Extrait de la présentation du livre faite par l'éditeur :

"La naissance d'une nouvelle religion, le christianisme. Quelles ont été, entre la fin du Ier siècle de notre ère et le début du Ve, les étapes décisives de cette histoire ?

Comment les chrétiens ont-ils rompu avec les juifs tout en gardant le Dieu de l'Ancien Testament ?

Comment le monothéisme chrétien a-t-il pu s'imposer malgré le polythéisme païen qui dominait l'Antiquité ?

Comment les chrétiens ont-ils réussi à surmonter leurs conflits internes, à écarter les hérésies ? Combien y eut-il de martyrs et qui furent-ils ? Quels furent le rôle et l'ampleur des persécutions ? Qui était l'empereur Constantin [dont vous voyez une représentation sur la gauche], qui consacra la victoire politique du christianisme ? Pourquoi le messianisme d'un courant marginal du judaïsme, entièrement tourné vers l'attente de la Fin des temps, a-t-il abouti à une immense institution, l'Eglise ? Comment le christianisme a-t-il pu devenir la religion officielle et obligatoire de l'Empire romain ? La conversion de l'Etat au christianisme était-elle inéluctable ?" Tout un programme !



Les questions posées sont nombreuses comme vous avez pu le lire et les réponses apportées par les auteurs sont bien argumentées et semblent à première vue cohérentes pour autant que je puisse en juger.

La lecture de l'ouvrage reste agréable et les explications apportées sont compréhensibles par la majorité du commun des mortels.



Un sujet riche en controverses !



Mais (car il y a toujours un mais ;-), les auteurs partent de postulats assez agaçants et proposent des interprétations parfois sujettes à caution. Un des postulats qui semble acquis aux auteurs est que Jésus aurait réellement existé. Il faut savoir que pour une partie (infime, il faut bien le reconnaître) des historiens, cette existence ne repose pas sur des faits tangibles et serait soumise à caution. Je pense notamment à Nicolas Bourgeois, pour qui, Jésus n'aurait pas existé. Il le démontre dans son livre "Un mensonge nommé Jésus , Enquête sur l'historicité du Christ".



Quand la Sorbonne s'en mêle !

De plus, un professeur d'Histoire spécialiste de cette période a lui aussi relevé quelques facilités d'interprétations chez les auteurs qui ne sont pas historiens. Bref, le sujet est sensible mais les dernières lignes que je viens d'écrire ne doivent pas vous détourner de la lecture de ce livre que j'ai trouvé très intéressant et surtout très accessible. Les réponses aux questions posées bien que soumises à polémiques apportent un éclairage intéressant sur les éléments qui ont permis au christianisme de se développer bien après la mort de son prophète.



Un ouvrage passionnant à lire et indispensable pour toutes personnes souhaitant approfondir ses connaissances en histoire Antique.



A lire donc !



Pour les amateurs de polémiques, je vous renvois au site d'ARTE :



http://www.arte.tv/fr/Comprendre-le-monde/L-Apocalypse/2285794.html

En 5 vidéos vous aurez droit à l'intégralité du débat qui oppose le tandem Mordillat Prieur à Salamito, l'historien dont je parlais précédemment.

Débat intéressant qui vaut le coup d'œil.



Je vous invite aussi à jeter un oeil sur le site d'ARTE éditions, ils ont plein de livres et de documentaires très intéressants.

http://www.artepro.com/statique/Arteboutique/Presentationboutique/index.htm

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Jésus sans Jésus

Essai de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur. Seuil, ARTE Editions.

L'Antiquité a été ébranlée par l'irruption d'une nouvelle croyance: le christianisme, en rupture marquante avec le judaïsme, a mis plus de cinq siècles à s'imposer comme la religion officielle du grand Empire romain, de chaque côté de la Méditerrannée, renversant le paganisme et le polythéïsme. Un homme, Jésus de Nazareth, suivi de ses disciples, a mis en branle une formidable machine à penser et à régner.

Les auteurs, avec talent et perspicacité, mènent un travail minutieux sur le développement du christianisme. Certains chapitres sont légèrement obscurs, mais l'ensemble est cohérent et bien documenté. Ils retracent habilement les retournements et les dérives qui ont tranformé le judaïsme en christianisme. Jésus était venu proclamer l'avènement du Royaume d'Israël, au sein duquel les enfants d'Israël - c'est-à-dire les Juifs - rejoindraient le Seigneur dans sa gloire. La réalité et la suite des choses ont prouvé que le Royaume d'Israël, supposé advenir à la fin des temps, s'est installé au sein de l'Empire romain, et ceux qui y étaient destinés, toujours les Juifs, en ont été exclus, au nom d'un antisémitisme ironique. Le christianisme s'est en fait développé sans Jésus Christ, juif convaincu.

J'ai vraiment apprécié ce voyage dans l'histoire, la façon qu'ont les auteurs de rétablir les vérités, le vrai sens des mots et des choses. Cet ouvrage a nourri ma culture et ma foi de catholique tout en éclairant ma lanterne sur bien des points.

Je ne résiste pas à citer un long passage de cet ouvrage (pages 229 à 231). C'est une synthèse très claire de la construction du christianisme, de sa rupture avec le judaïsme et de sa transformation en religion unique, officielle voire obligatoire. Ces lignes devraient donner le goût aux lecteurs intéressés de s'aventurer plus avant dans le texte.

Supposons un instant que Jésus revienne sur terre. Il n'est pas besoin de faire preuve de beaucoup d'imagination pour comprendre qu'il serait stupéfait. [...] Mais il l'aurait été tout autant s'il était réapparu au V° ou au VI° siècle, lorsque le christianisme est devenu la religion officielle et unique de l'Etat romain, tandis que le judaïsme, vaguement toléré, étroitement borné, soigneusement isolé, n'avait plus aucun espoir de devenir un jour la religion de l'humanité toute entière.

Premièrement: sans doute, vers 450-500, Jésus serait-il abasourdi de voir que le monde existe toujours, que la Fin des temps qu'il a annoncée sans relâche ne s'est pas produite, que le Royaume de Dieu ne s'est pas rétabli avec puissance.

Deuxièmement: il serait tout aussi attristé de constater que la restauration du royaume d'Israël n'a pas eu lieu et que Rome, plus que jamais domine la Palestine.

Troisièmement: quant à Jésuralem, il n'y reconnaîtrait rien, tant la ville a été transformée par les Romains, qui sont allés jusqu'à créer un parcours de pèlerinage "touristique" sur les lieux où il a été torturé et exécuté, désormais baptisés "lieux saints".

Quatrièmement: même s'il pouvait être honoré de l'attention portée à sa personne, lui qui n'avait vécu que dans le judaïsme et pour le judaïsme, il enragerait vraisemblablement de voir les chrétiens se réclamer de lui, se proclamer "véritable Israël", tout en stigmatisant les juifs comme fils du Diable (Jn 8,44)

Cinquièmement: son étonnement serait aussi grand à la lecture de l'évangile, où ses actes et ses paroles sont rapportés par des témoins qu'il n'a jamais rencontrés, qui ne l'ont jamais vu, jamais connu.

Sixièmement: il ne comprendrait pas non plus pourquoi apparaissent sur sa bouche des phrases qu'il n'a jamais prononcées, comme ses dialogues avec Pilate ou, au sommet, l'ineffable formule "mon royaume n'est pas de ce monde" (Jn 18,36)

Septièmement: ne parlant ni le grec, ni le latin, Jésus aurait par ailleurs beaucoup de mal à lire ces textes qui lui sont consacrés - comme à dialoguer avec les chrétiens qui le vénèrent.

Huitièmement: il n'accepterait certainement pas que son livre, la Bible hébraïque, soit reléguée à l'arrière-plan, périmé comme un "Ancien Testament".

Neuvièmement: plus incroyable serait d'apprendre que, pour les fidèles du christianisme, il n'est pas un prophète comme ses collègues prophètes de l'Antiquité, mais un dieu, le Fils de Dieu, voire Dieu lui-même, de "même substance" que son "Père".

Dixièmement: qu'il ait pu ressusciter avant le Jugement dernier, revenir seul d'entre les morts, lui paraîtrait de toute façon une hypothèse abracadabrante.

Onzièmement: alors qu'il n'avait aucun lieu où poser sa tête, comment pourrait-il songer à s'abriter dans les basiliques ou les églises, qui désormais attirent tous les regards, étalent leurs ors et leurs marbres et ornent les murs de son effigie (peut-être penserait-il qu'il s'agit de sa caricature), l'exposant "glorieux", mais supplicié sur le bois du malheur?

Douxièmement: alors qu'il n'avait cessé de vitupérer les riches et les puissants, le pouvoir des autorités, qu'elles soient romaines ou juives, comment accepterait-il que, si le royaume des cieux est toujours promis dans l'au-delà à ceux qui m'ont rien ici-bas, les riches et les puissants se dispensent de passer par le chas de l'aiguille et continuent à jouir des plaisirs de la vie sans vergogne?

Treizièmement: crucifié par les Romains sous le chef d'accusation "roi des Juifs", ne s'insurgerait-il pas de voir son disciple Pierre [Shimon] trôner chez les ennemis des juifs, à côté de Paul, nouveaux Romulus et Remus de la légende romaine du christianisme?

Quatorzièmement: et ce Paul, qui se disait le dernier des apôtres, comment Jésus admettrait-il que, se réclamant de son enseignement, il ait pu proclamer que "la force du péché, c'est la Loi" (Co, 15,56), que par elle abonde la faute et qu'elle s'avère incapable d'apporter la perfection aux hommes?

Quinzièmement: ne serait-il pas horriblement choqué de voir que l'instrument de son supplice par les Romains, la croix, est devenue sur la bannière chrétienne le symbole même de la mainmise de Rome?

Seizièmement: comme nous, ne se poserait-il pas la question, toujours la même et lancinante question, qui ne vaut que parce qu'elle est question, éternelle, sempiternelle, qui se dérobe dès qu'on s'approche trop près du feu de la réponse: pourquoi? comment? Ou, en d'autres termes, comment expliquer le succès du christianisme?






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Notre part des ténèbres

La réponse inventive d’ouvriers virés par des patrons voyous qui vendent leurs usines au plus offrant même si elles dégagent des bénéfices. Histoire que j’ai trouvé jubilatoire même si elle est peu plausible, qui va plus loin que « Les vivants et les morts », roman précédent sur le même thème.
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