Gérard MORDILLAT. Les roses noires.
Ce livre, dans la collection « le Livre de Poche » avec sa couverture rouge sang, ce titre : « Les roses noires », ces portraits de femmes stylisés, ces yeux, ces traits, ces zones noires, un univers imaginaire. Est ce un roman d’anticipation, une dystopie, un roman prémonitoire, un livre futuriste ? A cette dernière question, je réponds NON. Bien que l’auteur le situe en 2028, ce récit décrit avec force des situations insoutenables, reflet de la société actuelle.
Orden, un poète reçoit un appel de son ami Fauch lui intimant l’ordre de fuir. Il n’a qu’un seul but, se réfugier chez Cybèle, son premier et unique amour. Mais il lui faut user de stratagèmes afin de gagner l’appartement de cette femme. La ville est sous la domination des Souchiens. Chaque « citoyen » est suivi, pisté, doit s’inscrire lors d’une visite à un ami, même dans l’immeuble voisin. La démocratie n’existe plus : elle est bafouée. Un régime totalitaire règne dans cette ville. Nul ne peut se rebeller. Une milice armée traque sans cesse les quelques êtres qui tentent de s’opposer à ce nouveau régime. Plus de syndicats, plus aucune association, plus de commerce, plus de moyen de transport, un no man's land. Ceux qui résistent sont des clandestins, vivant en marge de la société, se terrant dans les voies désaffectées du métro. Des femmes comme Cybèle, Nora, Rome, Vivi sont des résistantes. Chacune d’elle nous offre un élan de patriotisme et chacune apporte sa pierre à la construction de réseaux de résistance. Ce sont elles « les roses noires » et elles foulent le sol avec majesté, défiant l’ennemi. Seront-elles assez fortes pour ne pas céder à l’appel des oligarches au pouvoir ? Dans cette ville, tout est cloisonné. Il existe désormais cinq castes. Et chacune doit rester à sa place, ne pas dévier de la ligne de conduite, imposée par ce gouvernement. Les Puissants, les Possédants, les Dominants, les Servants, et une sous classe, les Inutiles, astreints aux corvées les plus dégradantes…. Ceux qui doivent se plier aux volontés et aux instructions des dirigeants fantoches de ce pays…. Et ces SERF qui occupe une place, qui sont-ils : ce sont les Sans Emplois ni Revenu Fixe ! Quelle société ! ! !
Quelle tristesse de parcourir, en compagnie de ces héroïnes cette ville fantôme. Il est impossible d’effectuer un achat. Une ville dévastée par les criminels qui la gèrent. Nous ne sommes pas dans un futur si lointain. La description et les faits qui se succèdent me font penser à de récents évènements qui se sont et continuent de se dérouler sur notre planète... Les attaques, le martèlement des bottes dans les rues vides d’habitants, l’abscence d’enfants, l’arrêt des usines, la fermeture des écoles, des commerces, la nécessité de posséder des bons d’achat afin d’obtenir de rares produits de première nécessité, le contrôle de tous les mouvements des personnes, créent une tension sur nous, lecteur. J’ai suivi, angoissée, le parcours de ces femmes, de ces hommes qui luttent pour la liberté de tous...
Je félicite et remercie Gérard MORDILLAT pour ce roman. J’ai lu, il y a plus de quinze ans, « Les morts et les vivants », un ouvrage engagé, témoin de la vie quotidienne des salariés. Je vais le relire. Je l’avais adoré. « Les roses noires », roman contemporain, noir, décrivant les actions menées par des groupuscules d’opposants et d’opposantes au régime imposé, témoigne d’une vision réelle du devenir de certaines républiques bafouées par les dirigeants. Gérard MORDILLAT a une plume facile, incisive, percutante. Le style est alerte. Mais le sujet est parfaitement maîtrisé par l’auteur. Je recommande fortement la lecture de ce roman qualifié de dystopie, en souhaitant ne jamais connaître une telle situation…. Bonne journée et belles lectures à tous.
( 08/10/2023).
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