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Critiques de Gerd Brantenberg (40)
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Les Filles d'Égalie

Les Filles d’Égalie, un roman norvégien de Gerd Brantenberg, publié en 1977 et enfin traduit en français pour la première fois par Jean-Baptiste Coursaud en 2021, est une dystopie féministe absolument ébouriffante.

Elle fait bon vivre en Égalie où les hommes ont pris la place des femmes. Les femmes travaillent et gouvernent tandis que les hommes gardent les enfants, s’occupent des tâches ménagères tout en soignant aussi bien leur apparence corporelle que vestimentaire. Ils apportent un soin particulier à leurs cheveux et à leur barbe et pas question d’avoir des poils sur le torse ou de laisser apparaître leur calvitie. Si l’on veut être aguichant mieux vaut être petit, replet et rondelet. Quant aux vêtements de ces garsons, si les corsages fleuris, et les ballerines tout comme les petites minaudières sont affriolants, le soutien-verge obligatoire maintenu par une martingale fixée sous leur robe chasuble les gène et leur fait honte.

Dans les rues, par beau temps, les garses déambulent torse nu, les seins au vent tandis que les garsons sont contraints de porter chemise ou corsage sans devoir pour autant laisser perler la moindre goutte de sueur sous les aisselles.

Pétronius est un garson de quinze ans. Il est le fils de Rut Brame la présidente du directriçoire de la société coopérative d’état veillant à la bonne marche de l’état et de Kristoffer son époux dévoué.

Dans ce monde pour femmes, pas facile pour lui de trouver sa place et son rêve serait de devenir marine-pêcheuse, mais les postes à responsabilité ou les métiers physiques comme celui-ci sont réservées aux femmes…

Voilà qu’il s’apprête à faire son entrée dans le monde, en assistant à son premier bal des débutants. Mais quelle honte ce sera s’il n’est pas invité dans une cabine de touche, seul moyen de s’assurer un PPP, un pacte protège-paternité !

La rencontre avec Rosa, une femme hors du commun va peut-être lui ouvrir la porte pour conquérir enfin son indépendance… Il en viendra même avec des amis à créer un mouvement masculiniste !

C’est donc la destinée et la révolte de Pétronius que nous allons suivre avec ce roman.

Avec cette dystopie, Les Filles d'Égalie, Gerd Brantenberg renverse les codes - y compris ceux de la langue - en donnant les pleins pouvoirs au féminin. C’est vraiment le monde à l’envers dans tous les domaines, la sexualité incluse !

Dans ce matriarcat, où les femmes détiennent le pouvoir et oppriment les hommes, l’autrice donne les pleins pouvoirs au féminin, même grammaticalement, puisqu’il l’emporte sur le masculin. Que ce soient les formes impersonnelles, les mots, les expressions, chaque détail du langage est féminisé et révèle ainsi de façon ahurissante la misogynie de celui-ci. C’est ainsi qu’elle a bien fallu s’habituer, si elle vous plaît, à tous ces matronymes nouveaux, à ces métiers d’artistesses, de capitainesses et de pédégères pour comprendre cette fumanité vivant en Égalie, et surtout elle ne fallait pas s’étonner quoiqu’elle en soit si les garsons savaient mitonner des dîners de maîtresse !

Si j’ai pu trouver quelques longueurs parfois, et au début, avoir été quelque peu déstabilisée par cette méthode pourtant simple qui permet de critiquer notre société en la parodiant, je reconnais l’efficacité totale de cette recette !

À lui seul notre langage montre l’oppression invisible qui règne sur la gente féminine et comment les habitudes contribuent à la rendre moins perceptible.

Chapeau au traducteur Jean-Baptiste Coursaud pour qui le travail n’a pas dû être simple, mais quel bonheur de découvrir ces « reinaume, membresse, députette, hommelette ou encore mademoiseau », il lui a fallu, c’est certain, beaucoup de « maîtressise » !

Ce roman, on ne peut plus d’actualité est une véritable satire de notre société contemporaine. N’est-il pas incroyable que, plus de quarante ans après cette publication, la parité ne soit toujours pas encore chose réalisée ?

Les Filles d'Égalie est à lire absolument si l’on veut lutter contre la répartition injuste des biens et des devoirs et cette lutte doit être menée en permanence.

C’est un roman que je qualifierais de dingue, de mordant, débordant d’humour et tellement jubilatoire, un grand roman féministe que j’ai pu découvrir grâce à Lecteurs.com et aux éditions Zulma que je remercie sincèrement !


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Les Filles d'Égalie

Branle-bas de combat au sein de la famille Brame: entre sa dirigeante de mère et son père au foyer, Petronius, quinze ans, enrage de ne pouvoir endosser le costume et la carrière de ses rêves, celle de marine-pêcheuse, plutôt que ce peu seyant soutien-verge que son père le conjure d'acquérir au plus vite. Car en Egalie, où les femmes ont pris le pouvoir total, y compris sur le langage (on ne dit pas "il fait beau" mais "elle fait beau"), elle faut souffrir pour être beau, n'est-ce pas.



Cela commence en grosse poilade, pour brutalement tourner au drame puis au pamphlet, la thèse du roman prenant largement le dessus sur une trame narrative qui patine pour finalement retomber sur ses pattes, non sans avoir fait passer le lecteur par toutes les couleurs : le rire, le choc, le malaise, la réflexion, mais aussi un peu d'ennui.



Dans cette dystopie au parfum très seventies, l'auteure sort l'artillerie lourde pour dénoncer la mainmise du patriarcat sur la société et mettre en avant la nécessaire libération de la femme. Le moins que l'on puisse dire est qu'elle n'y va pas avec le dos de la cuiller, en plaquant à l'identique inversé le pire des comportements machistes sur les femmes vis à vis des hommes : c'est détonant, assez lourdingue, plutôt bien pensé mais assez mal rendu d'un point de vue romanesque, tout en restant plaisant et instructif à lire en regard des évolutions sociales survenues depuis la sortie de ce brûlot en 1977, dont le succès n'avait, faut-il s'en étonner, pas touché alors le sud de l'Europe. Une tranche de féminisme vintage qui avec les années a perdu en pertinence mais certes pas en irrévérence.

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Les Filles d'Égalie

Imaginez une population divisée en deux, dans laquelle une moitié, du fait de son genre, se voit confinée à se pomponner, se soucier de son apparence et suivre les modes, doit renoncer aux études ou au métier de ses rêves, et être cantonnée aux soins du ménage et des enfants. Invraisemblable, non ?

C’est ce qui arrive en Égalie.

Aux hommes.

Parce que voyez-vous, leurs attributs encombrants en font "le sexe vulnérable", victime de sa biologie et de ses émotions. Le roman commence lorsque Petronius tout rougissant doit, conseillé par son père, acheter son premier soutien-verge : c’est inconfortable, ça serre et ça gratte, mais... "elle faut souffrir pour être beau".

Car Gerd Brantenberg ne se contente pas d’inverser les rôles pour dénoncer la société patriarcale, elle retourne également la langue et son "masculin universel" (et bravo au traducteur Jean-Baptiste Coursaud qui fait preuve d’une grande maîtressise… !) : "Avec le mot être fumain, on a l’impression que tous les êtres fumains sont des femmes. Pourquoi on ne pourrait pas dire, par exemple, être mumain ? Ou être humain, tiens ?"

Elle y a quelques longueurs dans la première partie qui campe les personnagesses, elle y a quelques redondances dans la seconde - où se forme un club de masculinistes rebelles aussitôt accusés d’être des "gouins" - mais c’est drôle, c’est féroce, et ça donne à penser tant certains thèmes sont toujours d’actualité…

LC thématique mai 2023 : "Littérature étrangère non francophone"
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Les Filles d'Égalie





" La fumanite. Ma déesse. Les vignes de la Seigneuresse. Soutien-verge. Depuceaute. Une coureuse de calecons. Se cypriner. Clitocrate. Bloody Marius. Elle fait beau. Matriotisme. Les gouins. Le reinaume animal. Karla Amaryx."

Voici quelques exemples savoureux des créations linguistiques de Gerd Brantenberg dans sa dystopie matriarcale parue en 1977 en Norvège.

Dans ce roman, elle présente une société où les femmes ont toujours eu le pouvoir, y compris dans la langue. Non comme une victoire féministe mais comme un état de fait, induit par la biologie. Ce sont les femmes qui mettent les enfants au monde, qui assurent la survie de l'humanité. Il est donc logique qu'elles exercent tous les pouvoirs. Elles cultivent la terre et les océans puisqu'elles incarnent la fécondité, elles occupent tous les postes à responsabilité puisque les hommes sont frivoles et s'épanouissent dans la paternité. La contraception est prise en charge par les hommes puisque ce sont eux qui produisent les spermatozoïdes.

L'éducation des garçons est centrée sur les travaux ménagers et l'éducation des enfants, les sports leur sont déconseillés et on leur apprend à se mettre en valeur pour plaire aux femmes.

L'auteure décline tous les codes politiques, économiques, sociologiques, historiques et scientifiques qui attestent de la supériorité des femmes, de la même manière que notre histoire patriarcale le fait depuis des siècles.

Ce miroir inversé met ainsi l'accent sur toutes les supercheries qui ont jalonné l'histoire des femmes en utilisant l'effet comique pour en démontrer l'injustice.



Dès que ces codes sont posés , en commençant le roman par un cocasse bal des débutants où de jeunes garçons empotés font tapisserie, on comprend rapidement à quel point la langue influe sur la pensée et impacte le fonctionnement de la société.

Lorsque la grammaire se met au diapason du féminin, lorsque celle-ci l'emporte dans toutes les circonstances, le système de domination s'inverse. De la même manière, les garçons obligés de porter un soutiv ( soutien-verge) inconfortable alors que les filles vont seins nus, et les contraintes corporelles de genre sont ridiculisées.



"Ce sont les femmes qui décident de ce qui est essentiel et de ce qui est accessoire. Ce sont les femmes qui écrivent l'histoire."

Il fallait donc ici aussi introduire un mouvement de protestation dans cette pseudo-démocratie, puisqu'il s'agit d'une satire de notre société. L'apparition des masculinistes, en miroir des féministes et non en référence au mouvement actuel, reprend toutes les pérégrinations, les débats et les courants de l'histoire du mouvement. Avec ce constat implacable :

" Le problème, c'est que nous n'entendons pas ou peu parler de ces révoltes et de ces sociétés patriarcales parce que nous vivons dans une société matriarcale. Les historiennes sont des femmes. Les anthropologues n'écrivent pas sur le sujet. Et les anthropologues sont elles aussi des femmes. "



Il faut saluer l'inventivité de l'écriture, l'intelligence de la satire et le comique du roman, même si l'histoire n'est pas toujours à la hauteur des enjeux politiques.
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Les Filles d'Égalie

Quel roman! Drôle, inventif, incroyable, jubilatoire...

Ce roman d'une Norvégienne écrit dans le courant des années 1970 et traduit seulement maintenant, brise tous les codes sociaux.

Imaginez que ce soient les femmes au pouvoir, le féminin l'emporte sur le masculin jusque et y compris dans la grammaire. Une felicitation spéciale à la traductrice qui a dû en voir de toutes les couleurs...

C'est l'histoire de Petronius qui voudrait devenir marine-pècheuse....que d'embûches pour un homme habilité à s'occuper essentiellement du ménage et des enfants.

Je n'en dis pas plus , c'est vraiment drôle et vous serez surpris voire intrigué par ce roman que je vous recommande.
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Les Filles d'Égalie

Roman norvégien publié en 1977 et seulement traduit en français l'année dernière, "Les Filles d'Egalie" est LE roman satirique féministe que j'attendais !





Gerd Brantenberg y raconte l'histoire de Pétronius, ado en réflexion sur le monde matriarcal qui l'entoure. Pourquoi est-il obligé de porter un "porte-verge" alors que les femmes peuvent se balader poitrine au vent ? Pourquoi les hommes doivent-ils rester passifs ? Et tant d'interrogations encore...



C'est questions vous rappellent quelque chose ? L'insurrection n'est plus très loin...





En renversant les codes de notre société patriarcale, l'auteure réussit avec brio à souligner leur absurdité, leur dangerosité, mais surtout leur banalisation. Ce renversement, très drôle et pertinent, souligne une oppression quotidienne dans la quasi-indifférence générale. La langue remaniée où tout y est féminisée, l'auteure inverse ainsi le système de domination.

Brillant !



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Les Filles d'Égalie

Ce roman norvégien a presque 50 ans, et c'est seulement maintenant qu'il est enfin traduit en français, par les bons soins de Jean-Baptiste Coursaud sous l'impulsion des éditions Zulma, dénicheurs de pépites aux quatre coins du monde. Super idée car ce texte a le mérite de nous faire prendre conscience de la façon dont nous sommes habitués au règne du masculin rien que par les règles grammaticales. Vous savez le fameux "le masculin l'emporte". Gerd Brantenberg renverse tout et en premier lieu cette règle : ici, c'est le féminin qui l'emporte et franchement, à la lecture ça fait tout drôle, d'où mon admiration pour le traducteur. J'ai beaucoup pensé à Alice Zeniter et à son Je suis une fille sans histoires dans lequel elle expose la nécessité impérieuse de commencer par raconter les histoires autrement pour envisager de changer profondément les mentalités. Gerd Brantenberg a dû avoir cette idée-là justement, et l'expérience est étonnante.



Car en Egalie, elle fait bon vivre. Les femmes s'occupent des choses importantes comme les affaires de l'état, les grandes entreprises, le parlement et bien sûr la mise au monde des enfants dans un grand cérémonial, une démonstration de la toute-puissance du cycle naturel. Les hommes sont au foyer s'ils ont la chance de bénéficier d'un "pacte de protège paternité", s'occupent des enfants, de soigner leurs rondeurs et de coiffer leur barbe, sinon, ils sont invités à servir de main d’œuvre bon marché là où le besoin se fait sentir. Quelle que soit leur situation, hors de question de sortir sans leur soutien-verge. Petronius, le fils de la directrice Brame (cheffe de l'état) est un adolescent peu intéressé par la perspective du bal des débutants, ce qu'il veut c'est devenir marine-pêcheuse. Un homme marine-pêcheuse ? Impossible, ils n'ont pas les capacités. Bref il est en pleine crise de masculinisme et la révolte va peut-être gronder en Egalie...



Sous couvert d'une fable faussement légère, Les Filles d'Egalie fait ressortir toute l'absurdité d'un système qui assigne une place dans la société en fonction du genre et n'hésite pas à en accentuer les effets pervers. Le changement de paradigme permet de voir ce que les habitudes finissent par rendre imperceptible au point que les discours destinés à changer se perdent parfois dans le vide. Le propos est autant politique qu'écologique et s'appuie avec intelligence sur la puissance des légendes et la force des histoires qui traversent les siècles pour formater nos sociétés. Si on le lit souvent avec le sourire, ce texte donne à réfléchir et incite à élargir son angle de vue. C'est habilement fait et l'écho avec notre époque est explosif. Levons nos verres de Jeannette Walker et trinquons à la santé des conteuses !
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Les Filles d'Égalie

Fantastique, incroyable, quel tour de force littéraire, stylistique, imaginatif, quel coup de gueule romanesque!

De quoi ça parle? D'une société toute entière, et en particulier d'une famille, la famille Brame, une famille typique du pays d'Egalie: madame a un poste à responsabilité, monsieur est père au foyer et dans leurs deux enfants, c'est le jeune garçon qu'on incite à avoir un comportement correct et à ne pas traîner dehors tard le soir, car des bandes de femmes avinées pourraient abuser de lui.

Tout est retourné ici, à commencer par le vocabulaire auquel il est apporté un soin extrême, tout un travail sur les expressions destiné à démontrer la différence de société. Ce sont les hommes qui sont soumis à des diktats impossibles de beauté, il faut être petit, replet, avec la barbe frisée, porter des chaussures inconfortables et se farcir une pilule aux effets secondaires bien mauvais pour la santé quand madame ne veut pas d'enfants....

Et dans cette société, nous suivons plus particulièrement le jeune Petronius, adolescent d'abord puis jeune adulte, qui se révolte contre ce monde où le métier de ses rêves est un métier de femmes uniquement, où il est considéré comme de la chair fraîche, où sa mère rabaisse son père qui a dû renoncer à ses rêves....

Bon, je ne vais pas m'étendre, on a tous compris l'idée, ce renversement destiné à démontrer par l'absurde l'horreur du monde patriarcale dans lequel nous vivons, car toutes les horreurs qui ne nous font plus que tiquer, tellement nous en avons hélas l'habitude, frappent encore plus sous le prisme nouveau de cette inversion.

Exceptionnel, heureusement que cela a été enfin traduit!
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Les Filles d'Égalie

Bienvenue en Egalie ! Elle fait bon vivre dans cet endroit où les femmes dirigent la société et dominent les hommes.



Petronius, le fils de la cheffe de l'Etat, est inquiet car il s'apprête à participer au bal des débutants. Désespérément mince, il sait qu'il est préférable d'avoir des rondeurs pour plaire aux filles. Son père lui propose de l'accompagner afin qu'ils achètent ensemble son premier soutien-verge. Car il serait indécent qu'il se montre en public sans en être paré.



D'autre part, l'adolescent a un rêve, celui de devenir marine-pêcheuse. Mais, ce métier, très difficile, est réservé aux femmes. Petronius décide alors d'intégrer un mouvement masculiniste afin de faire changer les choses et obtenir davantage de liberté.



Paru pour la première fois en 1977 en Norvège, ce roman est enfin traduit en français et le traducteur s'en sort brillamment car sa tâche était loin d'être aisée. En effet, l'autrice inverse les rôles et le genre féminin l'emporte partout, jusque dans la langue. 



Ainsi, les femmes sont proviseuses ou députettes alors que les hommes restent au foyer. Ces derniers ne sont là que pour procréer, paterner et assumer les tâches ménagères. Ils deviennent ainsi, le temps de cette histoire, le sexe faible.



Cet ingénieux stratagème mis en place par la romancière norvégienne met en exergue le sexisme et les inégalités qui régissent notre société, notre culture et qui sont profondément ancrés.



Si l'intrigue reste plaisante, elle souffre de quelques longueurs et n'est pas selon moi le point fort de ce récit satirique particulièrement éclairant autour d'une problématique toujours actuelle. Le ton est mordant, l'histoire prête souvent à sourire et favorise la réflexion.



Une lecture féministe édifiante.
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Les Filles d'Égalie

Tout d'abord, merci ! A la Masse Critique de Babelio pour cette découverte, aux éditions Zulma pour cet objet livre magnifique et très attirant, et à Jean-Baptiste Coursaud pour cette merveilleuse traduction dont on ne peut qu'imaginer le challenge.



Car elle fait bon vivre en Egalie !

Comme vous l'aurez vite compris, cette satire fonctionne sur le principe simple d'inversion des genres, pour faire ressortir toute l'absurdité des diktats patriarcaux (ici donc, matriarcaux) de la société.

Travail, mariage, sexe, mode, séduction, éducation des enfants, histoire, politique...tout y passe. Y compris la langue, où nos standards sont également renversés et où désormais le féminin l'emporte et ainsi, "une garse peut courir deux hases à la fois".

Malgré quelques idées parfois redondantes au cours du livre, l'analyse est très fine et juste. J'ai adoré suivre les différents personnages masculins et me suis prise d'affection pour eux, qui évoluent dans un monde tellement proche de celui dans lequel les femmes d'aujourd'hui naviguent encore.



Car il est également affolant de se rendre compte que ce livre date de 1977, et que certains des points abordés n'ont pas tellement évolué, et aussi qu'il ait fallu 45 ans pour qu'il trouve son chemin jusqu'en France.

Bien plus que le parfait livre de chevet pour féministes, un livre à mettre entre toutes les mains.
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Les Filles d'Égalie

Ne vous laissez pas avoir pas les apparents comique et légèreté de la 4e de couverture ! Sous cette suggestion de paysage marin monté en vitrail (merci à David Pearson pour cette belle couverture) se déroule l'histoire cynique et impitoyable d'une satire de notre société sans rien épargner des horreurs faites aux femmes en les appliquant... aux hommes. Tous les outils d'une domination d'un sexe sur l'autre sont déployés en passant par celui des mots : inutile de dire que 1984 est au nombre des inspirations de l'auteure ! On se retrouve ainsi avec un véritable OVNI littéraire entre les mains, traduit avec tout le talent de Jean-Baptiste Coursaud, bien justement récompensé pour son travail dans la transmission de la culture norvégienne en France. Sa plume fait naître des petits bijoux d'inventivité qui s'imbriquent d'eux même dans le jeu de miroir de l'œuvre.



Celle-ci alterne entre métaphore de notre monde et le conte de sa propre uchronie avec beaucoup d'intelligence, sans jamais que l'un éclipse l'autre. J'ai beaucoup apprécié la dénonciation de la presse et la mise en scène de Petronius, tantôt mauvais fils hystérique (ou plutôt... orchisique ?), tantôt sous le joug d'une mère tyrannique, toujours monté en exception à ne pas suivre.



C'est un livre écrit tout en finesse. Et effroyablement exact dans son portrait de l'absurde. Ce qui me pose un dilemme face au travail éditorial : la 4e de couverture est l'un des synopsis les plus mensongers jamais lus, de plus, sa manière de souligner le comique trompe beaucoup les attentes et peut prendre au piège un public qui ne souhaite pas lire les agressions à l'encontre du personnage principal, ni l'atmosphère parfois pesante d'éphébophilie. Je me retrouve à avoir conseillé un roman en vérité peu adapté au public que le synopsis attirerait. Mais est-ce que le roman lui-même doit être sanctionné pour autant pour sa justesse parfois trop crue ? En parallèle, l'aurais-je lu si le synopsis avait été plus près du récit ?



De tout cœur je conseille cette curiosité littéraire, mais pas sans poser un panneau "lisez prudemment" à destination des plus sensibles, et un carton rouge pour l'éditeur.
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Les Filles d'Égalie

Egalie est une ville dont le fonctionnement a un petit côté ère victorienne mais où les rôles sont complètement inversés. Les femmes gouvernent et travaillent. Les hommes s’occupent des enfants et préparent le bal des débutants. On découvre le fonctionnement et le quotidien d’Egalie via le regard de Pétronius, un adolescent de 15 ans qui va prendre conscience de son statut d’homme en devenir. Il commence à douter du leitmotiv qu’on leur serine depuis toujours : vous êtes chanceux d’être dans une société si égalitaire. Petronius veut être marine-pêcheuse mais son rôle est déjà décidé, comme tous les garsons, il devra faire des enfants et s’en occuper.

Ce roman commence avec une scène typique de la puberté qui fait jaser toutes les connaissances. Tout le monde fait remarquer à Pétronius qu’il faudrait enfin penser à son 1er soutien-verge, faire attention à l’hygiène, à ses poils et être décent. Passé cette scène frappante qui fait si bien écho à la pression encore subit par les jeunes femmes, le roman se focalise sur le quotidien banal de Pétronius et le début d’une rébellion. Ce train-train inversé permet d’illustrer un panel impressionnant de situations qui casse le mythe de la société égalitaire. Du côté des hommes, on découvre par exemple le bal des débutants où les garsons sont traités comme des bouts de viande, les dragues lourdes, les métiers non accessibles « aux plus faibles », les relations toxiques et même les viols conjugaux ou non. Du côté des femmes, on retrouve les clubs pour femmes où on joue et boit, les débats politiques orienté en faveur des femmes, le côté prédatrice agissant en toute impunité, le pouvoir de décider ce qui est ouvert ou non aux hommes mais aussi ce qui est décent ou non. Inversé les codes pour mettre en exergue des injustices est un exercice risqué qui demande beaucoup de finesse. L’équilibre trouvé par l’autrice permet un ton très juste sans tomber dans une virulence qui pourrait braquer une partie du lectorat.

Qui dit rôles complètement inversés, dit langage courant lui aussi inversé. Il y a un travail de linguistique, grammaire, conjugaison et dans notre cas de traduction impressionnant par sa finesse. Aucun détail n’a été oublié, le féminin l’emporte, le neutre est un mot féminin, les expressions sont aussi féminisées par exemple courir plusieurs hases au lieu de lièvres. Les noms de lieux et de personnage ne sont pas en reste et souvent lié au corps ou au sexe en générale : mamelon, rut, brame, phallustrie…

Les filles d’Egalie est une satire avec des aspects parodiques. La critique de la société fonctionne car les sujets même d’apparence légère sont traités en allant au fond des choses. Les filles d’Egalie a été publié pour la première fois en 1977 en norvégien. Le concept était précurseur et a été régulièrement abordé depuis. Sa traduction tardive peut donner un sentiment de déjà-vu et il semble dommage que ce fait puisse desservir cette oeuvre dont l’ironie et la finesse mérite d’être mis en avant.
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Les Filles d'Égalie

"Les filles d'Égalie" est une dystopie matriarcale qui nous présente un monde miroir du notre, où les femmes ont le pouvoir et où cette organisation sociale est parfaitement naturalisée.

D'abord agacée par cette lecture, parce que ce n'était pas la première fois que je rencontre ce dispositif, et parce que le monde d'Égalie me semblait bien outrancier, j'ai finalement été conquise aux fil des pages. La violence de cette société n'est au final que le fidèle reflet de la notre (surtout si l'on se rappelle que le texte date de 1976, au passage, pourquoi avoir du attendre 2021 pour enfin le traduire en France !!!), et jamais l'expérience de pensée de l'inversion des rapports de pouvoir entre les genres n'avait été poussée aussi loin et avec autant de cohérence. Il faut saluer l'extraordinaire travail sur la langue de la traduction en français, qui permet de prendre conscience que notre langue est profondément genrée au masculin et que cela va bien au delà de quelques accords d'adjectifs.

Au final ce roman remplit parfaitement la mission de toute bonne dystopie, il éclaire avec intelligence notre société contemporaine.
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Les Filles d'Égalie

Quel régal que ce livre ! C’est dommage que j’écrive ma note de lecture plusieurs mois après avoir refermé ses pages, car je crains de ne pouvoir restituer tout le plaisir que j’ai eu à le lire ! Cela fait beaucoup de points d’exclamation pour commencer cette note de lecture, mais c’est amplement justifié !

Nous voici donc en Egalie, un pays qui semble en tout point similaire au nôtre, juste à l’inverse : dans cette société matriarcale, ce sont les hommes qui restent au foyer tandis que les femmes sont les cheffes de famille, faisant vivre leurs familles grâce à leur labeur et prenant toutes les décisions importantes, tant domestiques que politiques. Mais s’il n’y avait que cela, ce roman ne serait qu’une uchronie féministe de plus. Car ici, l’inversion est totale : pensez soutien-gorge, Gerd Brantenberg invente le soutien-verge ; pensez menstruation et c’est le fait que les hommes ne saignent pas qui est vu comme un handicap, comme quelque chose qui manque et qui rend leur connexion au monde incomplète ; pensez relations sexuelles, Gerd Brantenberg y décrit la domination féminine et le plaisir féminin au détriment de celui de l’homme ; pensez langage (et là c’est vraiment savoureux) et il exprime la domination d’un sexe sur l’autre, que ce soit dans le quotidien où « le féminin l’emporte sur le masculin », dans le nom des métiers (celui de marine-pêcheuse est assez prisé), dans les jurons… Dans ce monde, ce sont les hommes qui doivent se pomponner ou faire attention à leur ligne ; ce sont les hommes qui doivent se conformer aux attentes de l’autre pour espérer décrocher un beau mariage (ah, le bal des débutants…) ; ce sont les hommes qui papotent dans la cuisine et dont les femmes ne comprennent pas les moments d’abattement ou les rêves impossibles (pourquoi sont-ils si fatigués ou tristes, aux qui ne font rien de la journée, à entretenir la maison et faire les repas ?).

Gerd Brantenberg semble avoir pensé à tous les aspects possibles pour créer son monde miroir. Elle l’a nommé Egalie alors qu’il est tout aussi inégalitaire que le nôtre puisque son exact inverse, une belle ironie car finalement, elle suggère que si les femmes seules sont au pouvoir, elles en abuseront exactement autant que les hommes (ce avec quoi je suis d’accord, n’en déplaise à ceux et celles qui pensent qu’un monde gouverné par les femmes serait plus doux, parce que, hein, les femmes, c’est toujours doux, et maternant n’est-ce pas, c’est dans leurs gènes…). Et non contente de décrire ce monde, avec une bonne dose d’ironie, Gerd Brantenberg y orchestre un mouvement de libération masculiniste, traversé par les mêmes questions et les mêmes débats que les mouvements féministes des années 70 sur les idées à défendre et la meilleure façon de les défendre.



Ce livre est impressionnant de par sa construction et le fait qu’il arrive à tenir la distance, ce n’est pas juste une bonne idée un peu trop étirée, c’est un roman qui tient la route du début à la fin, qui amène constamment de nouveaux éléments de réflexion sur la table, un vrai tour de force.

Et il fait réfléchir, et plutôt deux fois qu’une. Le fait de renverser les choses est déjà intéressant en soi et très provocateur. Mais j’ai aussi aimé voir comment je réagissais. Car on voit bien comment ces hommes ont intégré leur propre infériorité, à quel point ils en sont convaincus et comme ils doivent eux-mêmes (et je vais employer un mot un peu trop à la mode ici) « déconstruire » leur propre image de la masculinité pour pouvoir lutter contre le matriarcat. Et de temps en temps, je me disais « non, là, l’autrice va trop loin, là quand même, on ne peut pas dire... » et je me dis que j’ai touché du doigt certains des points où moi-même j’ai besoin d’une déconstruction, où moi-même, qui me considère comme féministe même si je ne suis pas militante autrement que dans les actes de ma vie quotidienne, je suis marquée par un patriarcat qui m’influence encore grandement.

Et c’est intéressant de s’apercevoir que ce livre a été publié en Norvège en 1977. D’abord parce que ce livre contient beaucoup des idées que le féminisme actuel défend, par exemple en ce qui concerne la nécessaire évolution de la langue. Ensuite parce que ce livre n’a été publié en France qu’en 2022. Merci aux éditions Zulma, une maison d’édition qui a un don pour nous offrir des pépites de littérature étrangère, d’avoir remédié à cet « oubli », et merci au traducteur, Jean-Baptiste Coursaud dont j’imagine la complexité du travail pour rendre en français toute la saveur du texte original, mais je m’interroge quand même sur les raisons qui ont fait qu’aucun autre éditeur n’a jugé bon de publier ce texte qui a maintenant tout de même plus de quarante ans.

Quoi qu’il en soit, cette lecture a été pour moi jubilatoire en même temps que très instructive, un vrai bonheur de lecture ! J’emploie rarement des superlatifs, mais je crois que je peux affirmer que c’est la meilleure dystopie féministe que j’ai lue !
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Les Filles d'Égalie

Les Filles d’Egalie est une utopie/dystopie où la position sociale de domination entre les hommes et les femmes est renversée. Les hommes d’Egalie sont dominés depuis la nuit des temps par les femmes, pour des raisons « naturelles », jusque dans le langage quotidien. Cette inversion des rapports de domination fait de ce roman une lecture sans doute nécessaire, en tout cas elle permet de questionner tous les détails quotidiens et normes sociales qu’on ne questionne plus. Le miroir entre le premier et l’avant-dernier chapitre donne une bonne claque. Quand le premier chapitre fait bien rigoler (un jeune damoiseau qui annonce à ses parents son ambition de devenir marine-pêcheuse et qui se fait remettre à l’ordre par la matriarche qui lui répond en gros « un homme sur un bateau, et pis quoi encore »), l’avant-dernier, qui n’aurait rien eu de très original hors contexte (une jeune demoiselle qui annonce à ses parents son ambition de devenir marin-pêcheur et qui se fait remettre à l’ordre par son patriarche, etc.), offre une bonne mise en perspective de notre société. J’ai bien aimé le renversement de l’argumentaire naturaliste justifiant la domination d’un sexe sur l’autre. Après, très clairement, la thèse développée par l’auteure prend le pas sur la trame romanesque qui peine sérieusement, et je me suis ennuyée dans certains passages, notamment dans la seconde moitié. Contente de l’avoir lu, mais pas 100% conquise.



Update : après avoir vu le film Barbie, je me dis qu'il y a sans doute des échos intéressants à construire avec ce roman.
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Les Filles d'Égalie



Quelles seraient nos vies si nous vivions dans une société matriarcale ? Et si la langue était totalement féminisée sur la règle du « féminin l’emporte sur le masculin » ? et si les femmes étaient « le sexe fort » ? comment seraient vu les règles, l’accouchement, le rôle reproductif de l’homme ? Un monde à l’envers qui nous est proposé dans le roman de Gerd Brantenberg, Les Filles d’Egalie, initialement parut en 1977 en Norvège, et enfin traduit en français par les éditions Zulma en 2021.



Cette satire de notre société occidentale au travers du pays ironiquement nommé Egalie par l’autrice, nous pousse à nous questionner sur ce qu’est la norme. Souvent, ce qu’on tient pour acquis n’est qu’une construction culturelle, imprégnée de la vision patriarcale des sociétés actuelles.

On se rend bien compte au travers de cette contre-utopie que la façon dont on considère les gens en fonction de leur genre n’est qu’une question de prisme culturel. Que ce qui est aujourd’hui considéré comme un désavantage « naturel » pour les femmes, pourrait être valorisé, et vice-versa pour les hommes. Notre échelle de valeur est imprégnée du patriarcat.

Car le matriarcat d’Egalie n’est pas un combat gagné par les féministes, on est bien dans un miroir de notre société. Dans ce roman c’est considéré comme un fait acquis par tout le monde : les femmes sont supérieures en tout aux hommes, qui sont eux considérés comme des enfants. Elles occupent l’espace, tant par la langue que physiquement. Elles incarnent le gouvernement, l’histoire, occupent les métiers physiques, scientifiques, qui nécessitent un savoir-faire ou une certaine liberté. Les hommes ne sont là que pour procréer et s’occuper des enfants dès leur naissance.



Ce roman ne fait pas l’apologie d’une domination féminine, ce n’est pas une utopie. C’est bien un moyen de critiquer le patriarcat et ses conséquences dans notre quotidien. Ce roman ne dit pas qu’une société matriarcale serait préférable. Ce qui serait souhaitable, c’est une société vraiment équitable pour tout le monde, qu’importe son genre ou son origine.



Un roman publié il y a 45 ans, et pourtant toujours autant d’actualité. On saluera d’ailleurs la très bonne traduction, qui n’a pas dû être évidente avec tous ces jeux de langues et de féminisation systématique. Il n’est pas exempt de défauts (parfois un peu caricaturale), mais je retire une expérience positive de cette lecture, que je vous recommande, vous l’aurez bien deviné.



A très vite pour une nouvelle chronique,

Mélissa.


Lien : https://leschasseusesdelivre..
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Les Filles d'Égalie

Les filles d'égalité ,Gerd Brantenberg ,édition Zulma ,Z...comme quoi le Z peut être une lettre magnifique lorsqu' elle n'est pas volée par un sombre et triste guignol.

Z comme Zulma ,mais surtout comme Zahra ❤ et Zineb❤Zimbabwe, Zorro ,Zoé, Zen ,Zèbre, Zebulon,Zan,Zumba....bref revenons à nos 🐑 🐑 🐑, 🐑.

J'aurai pu choisir de faire ce post le 8 mars ,journée de la femme ou le 9 mars, le jour de ma fête et accessoirement le jour de l'anniversaire de Pepsi ,mon teckel mort il y plus de 40 ans.

Mais voilà, la journée de la femme c'est tous les jours ,je ne suis pas catholique (ni une sainte )et Pepsi a droit à sa journée rien qu' à lui.

Donc me voilà en train d'essayer de vous parler d'un livre incroyable, drôle, jubilatoire ,fantastique dans le sens extraordinaire et fantastique (car ce n'est pas demain la veille au regard de nos sociétés que cela risque d'arriver!)un vrai miracle d'humour et d'écriture pétillante, intelligente ,vive et inoubliable.

Imaginez une vie où les femmes sont à la place des hommes ,dans la ville ,dans la cité, dans le paysage politique, social ,culturel.

Imaginez qu' elles dirigent le monde et soumettent aux hommes les servitudes de la vie quotidienne, les disctats de la mode ,de la " beauté".

Imaginez qu' elles grondent leurs garçons quand ils se promènent seuls ,un peu tard dans la rue alors que les femmes rôdent.

Imaginez qu' elles ne veulent pas que leur fils fassent un travail de femmes comme marine pêcheuses ...

Imaginez tout ça et rentrez dans cette histoire qui vous fera rire aux larmes(car bien entendu vous imaginerez l' homme de votre vie avec des bigoudis dans la barbe et réclamer des nouveaux papillons à la mode pour se faire beau),vous reflechirez également aux conditions des femmes dans ce monde ,de vos mères, de vos filles ,de vos soeurs ,de vous même.

Et vous aimeriez finalement que les hommes de votre famille ,mari ,fils ,frères, père lisent ce roman ...

Entre rire et réflexions, ce livre est un régal, une cascade de phrases ,de mots percutants .

Alors oui, c' est un livre profondément féministe et ça fait du bien.

Il faut que je retourne à mes taches ménagères avant de passer l' après midi avec la femme de ma vie ,ma fille Zahra ❤ où nous discuterons à bâtons rompus de nos conditions de femmes et de citoyennes dans ce monde qui est tout sauf le monde d' Egalie .

Et nous rêverons d'un monde meilleur pour les générations à venir ,pour les petites filles et les petits garçons d'aujourd'hui d' une société où tous pourront s'épanouir, faire le métier qu'ils souhaitent, vivre en harmonie les unes avec les autres (oui je sais j'ai écrit les unes au lieu des uns ....mais pourquoi ce ne serait pas le féminin qui l'emporterait sur le masculin ?qui porte le monde à bout de bras ,non mais !?)
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Les Filles d'Égalie

Satire hilarante d'un renversement systématique, langagier, de la domination genrée. Gerd Brantenberg invente une dystopie où les femmes ont tous pouvoirs jusqu'à celui de rendre impensable toute alternative. Très fine réflexion sur tous les diktats (séduction, reproduction, charge mental) dont on comprend en les rejetant sur le masculin l'emprise et l'impensé. Les filles d'Égalie drôle et puissant manuel de féminisme.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Les Filles d'Égalie

Quand les gens deviennent des genres … quand les humains deviennent des fumains… quand « il n’y a pas à avoir peur »devient « elle n’y a pas à avoir peur » …

Quand « il fait chaud » devient « elle fait chaude » …quand « mon dieu » devient « ma déesse » … et bien sûr quand on parle des mademoiseau !

Et quand on ne prend plus la mouche … mais … qu’on prend le moucheron !

Que la lecture est perturbante, elle accroche, elle défit notre compréhension, elle nous interroge !

Comme le précise Gerd, « le langage devait subir une modification tant il était truffé d’expressions patriarcales », alors la lecture sera tâtonnante, notre esprit conditionné devra mot après mot traduire et s’approprier la signification du langage.

C’est un véritable exploit que réalise l’auteure en nous emmenant vivre en Égalie.

Et dire que ce livre a été publié en 1977 en Norvège !

Il est regrettable qu’il est fallu attendre 2022 pour en trouver la traduction française !
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Les Filles d'Égalie

Je dirais de prime abord : pas facile d'accès. Mais le jeu en vaut la chandelle et je salue le talent et de l'auteure et du traducteur : féminiser l'écriture jusque dans les formules impersonnelles n'est pas un petit exercice de style. La société d'Egalie inverse les genres et dans tous les détails :les femmes sont les maîtres du jeu et les hommes, gardiens du foyer et des enfants, ne doivent avoir qu'une préoccupation : leur élégance, et ne sauraient, en aucun cas, devenir un jour plongeuses sous marine !

Une fois contournées les acrobaties de la langue, c'est un ouvrage savoureux qui n'est pas sans questionner sur les impératifs des codes de la société.

"...le monde entier ...était une seule et même preuve des préjudices portés aux hommes : ils tiraient le moins de bénéfices de ce monde....Mais les femmes désiraient réduire la cause masculiniste à une histoire de détails. Quant aux amarryxistes, elles ne parlaient que des différences de classe et de l'exploitation d'une main-d'œuvre payée au lance-pierre... Sous prétexte que les masculinistes jetaient et brûlaient leur soutien-verge, ce geste était réduit à une question soit sexuelle soit purement privée." : C'est le début de la révolte de Pétronius.



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