Citations de Gilles Deleuze (445)
Rien ne passera par le souvenir, tout est passé sur les lignes, entre les lignes, dans le ET qui les fait imperceptibles, l'un "et" l'autre, ni disjonction ni conjonction, mais ligne de fuite qui ne cesse plus de se tracer, pour une nouvelle acceptation, le contraire d'un renoncement ou d'une résignation, un nouveau bonheur ?
Désarticulé, déterritorialisé, Challenger murmurait qu'il emportait la terre avec soi, qu'il partait pour le monde mystérieux, son jardin venimeux. Il chuchotait encore : c'est par débandade que les choses progressent, et que les signes prolifèrent. La panique, c'est la création. Une jeune fille cria, "sous la plus sauvage, la plus profonde et la plus hideuse crise de panique épileptique".
à propos de Heidegger : « Il s’est trompé de peuple, de terre, de sang. Car la race appelée par l’art ou la philosophie n’est pas celle qui se prétend pure, mais une race opprimée, bâtarde, inférieure, anarchique, nomade, irrémédiablement mineure ».
Le bon sens ou le sens commun naturels sont donc pris comme la détermination de la pensée pure. Il appartient au sens de préjuger de sa propre universalité
(du pur Deleuze…)
« Le distinct n'était pas autre chose que l'obscur, il était obscur en tant que distinct ; mais maintenant le clair n'est pas autre chose que le confus, et est confus en tant que clair »
(sic)
(Ok, voici les lignes qui précèdent…)
« il faut dire que le clair et le confus ne sont pas plus séparables, comme caractère logique dans l'intensité qui exprime l'Idée, c'est-à-dire dans l'individu qui la pense, que le distinct et l'obscur ne sont séparables dans l'Idée elle-même. Au distinct-obscur comme unité idéelle, correspond le clair-confus comme unité intensive individuante. Le clair-confus qualifie non pas l'Idée, mais le penseur qui la pense ou l'exprime. »
(Et maintenant, est-ce confus en tant que clair ?)
(lol)
La logique d’une pensée, ce n’est pas un système rationnel en équilibre, c’est comme un vent qui nous pousse dans le dos, une série de rafales et de secousses.
La conscience est seulement un rêve les yeux ouverts.
Fonder, c'est métamorphoser.
Car, avant l'être, il y a la politique.
La schizophrénie comme processus, c'est la production désirante, mais telle qu'elle est à la fin, comme limite de la production sociale déterminée dans les conditions du capitalisme. C'est notre "maladie" à nous, hommes modernes. Fin de l'histoire n'a pas d'autre sens.
Aucun livre contre quoi que ce soit n'a jamais d'importance ; seuls comptent les livres "pour" quelque chose de nouveau, et qui savent le produire.
(Andras) Zempléni montre comment, dans certaines régions du Sénégal, l'islam superpose un plan de subordination à l'ancien plan de connotation des valeurs animistes :"La parole divine ou prophétique, écrite ou récitée, est le fondement de cet univers; la transparence de la prière animiste cède la place à l'opacité du rigide verset arabe, le verbe se fige dans des formules dont la puissance est assurée par la vérité de la Révélation et non par une efficacité symbolique et incantatoire... La science du marabout renvoie en effet à une hiérarchie de noms, de versets, de chiffres et d'êtres correspondants" - et s'il le faut, on mettra le verset dans une bouteille remplie d'eau pure, on boira l'eau de verset, on s'en frottera le corps, on s'en lavera les mains.
Une théorie est une question développée, et rien d’autre : par elle-même, en elle-même, elle consiste non pas à résoudre un problème, mais à développer jusqu’au bout les implications nécessaires d’une question formulée.
Nous sommes à l’âge de la communication, mais tout âme bien née fuit et rampe au loin chaque fois qu’on lui propose une petite discussion, un colloque, une simple conversation. Dans toute conversation, c’est toujours le sort de la philosophie qui s’agite, et beaucoup de discussions philosophiques en tant que telles ne dépassent pas celle sur le fromage, injures comprises et affrontement de conceptions du monde. La philosophie de la communication s’épuise dans la recherche d’une opinion universelle libérale comme consensus, sous lequel on retrouve les perceptions et affections cyniques du capitaliste en personne.
Ceux qui critiquent sans créer, ceux qui se contentent de défendre l’évanoui sans savoir lui donner les forces de revenir à la vie, ceux-là sont la plaie de la philosophie. Ils sont animés par le ressentiment, tous ces discuteurs, ces communicateurs. Ils ne parlent que d’eux-mêmes en faisant s’affronter des généralités creuses. La philosophie a horreur des discussions. Elle a toujours autre chose à faire.
La philosophie est l’art de former, d’inventer, de fabriquer des concepts.
Peindre les forces : L'art de Francis Bacon n'est pas un art de la reproduction, ni même une invention de formes. Il est, selon Gilles Deleuze, captation des forces.
Dans cette perspective, l’art ne vise pas le figuratif. Il n'est pas même figuratif, si l'on comprend bien les propos de Paul Klee : « non pas rendre le visible, mais rendre visible ». La tâche de la peinture : rendre visibles les forces qui ne le sont pas.
C'est là qu’apparaît l'identité de la machine sociale avec la machine désirante : elle n'a pas pour limite l'usure, mais le raté, elle fonctionne qu'en grinçant, en se détraquant, en éclatant par petites explosions -- les dysfonctionnements font partie de son fonctionnement même, et ce n'est pas le moindre aspect du système de la cruauté. Jamais une discordance ou un dysfonctionnement n'ont annoncé la mort d'une machine sociale, qui a l'habitude au contraire de se nourrir des contradictions qu'elle soulève, des crises qu'elle suscite, des angoisses qu'elle engendre, et d'opérations infernales qui la revigorent : le capitalisme l'a appris, et a cessé de douter de soi, tandis que même les socialistes renonçaient à croire à la possibilité de sa mort naturelle par usure. Jamais personne n'est mort de contradiction. Et plus ça se détraque, plus ça schizophrénise, mieux ça marche, à l'américaine.
Le langage n'est même pas fait pour être cru, mais pour obéir et faire obéir (...) on s'en aperçoit dans les communiqués de police ou de gouvernement, qui se soucient peu de vraisemblance ou de véracité, mais qui disent très bien ce qui doit être observé et retenu.
L'opinion dans son essence est volonté de majorité, et parle déjà au nom d'une majorité.