Peter A. Flannery, en compagnie de
Gilles Dumay, répond à nos questions concernant Mage de bataille (éd. Albin Michel Imaginaire) durant le festival Trolls & Légendes 2019.
Si ta vie en dépendait, douze ans ou pas, tu essayerais. Alors essaye!
Je veux voir si tu es aussi intelligent que je le suppose.
Je veux voir à quel moment tu frappes du pied pour me faire comprendre que tu abandonnes. Je veux te voir renoncer, car la perspective du renoncement forge un homme. Je veux te voir perdre, car celui qui perd vit, et celui qui gagne meurt.
Personne n'aime comme cet homme... Il transforme l'acte en art.
C'est comme de la calligraphie, chaque geste est parfait, d'une couleur qui dépend de son intensité. Mais le plaisir qu'il te donne a un prix: pour lui ton corps est comme une feuille blanche, à jamais il y laisse son empreinte.
L'amour consommé est le meilleur des mets, je vous l'offre sans que vous ayez à souffrir de ses horreurs. L'amour est dans l'esprit, voilà pourquoi j'ai cuisiné cette cervelle au curry; il est dans le cœur , voilà pourquoi je vous offre ces brochettes de cœur; il est dans la chair, voilà pourquoi ces mille trésors de viandes marinées n'attendent que vos dents et votre palais.
Comme je t'envie, tu vas découvrir les secrets de la Pagode du Plaisir, chose qu'il ne me sera plus jamais donné de faire...
Le plaisir est dans la quête, Mikédi, pas dans sa résolution.
[...] les mortes de Juarez sont un chiffon rouge, l'ombre portée de la lune...Tant que la justice et les médias se concentrent sur cette énigme, ils occultent le reste, et ce qui compte vraiment, c'est le reste. La vraie question n'est pas tant : pourquoi ces cinq mille femmes, oui cinq mille pas cinq cents, ont été assassinées ? La vraie question, c'est : à qui profite l'existence d'une ville industrielle, d'une grande ville-frontière où la vie des ouvrières ne vaut rien ?
(Dans : "La Ville féminicide", nouvelle publiée pour la 1e fois dans "Utopiales 2010" chez Actusf)
La vie est assujettie à la souffrance.
La souffrance est causée par les désirs.
Renoncer aux désirs entraîne donc l'arrêt de la souffrance.
Pour y parvenir, il suffit de renoncer au monde, de se détacher de soi et de suivre l'Octuple Sentier: compréhension juste, intention juste, parole juste, action juste, mode de vie juste, effort juste, conscience juste, concentration juste.
Une roue à huit rayons, représentation parfaite de la justice véritable.
L'amour est éternel .
L'amour oui, pas l'étreinte... Ce n'est pas parce que tu es avec moi que tu manques de respect à Masuji. D'où elle est, elle est contente de te voir heureux.
J'ai parlé une fois du viol dans mon immeuble, j'en ai parlé un peu à la vieille qui garde mon fils. Elle m'a dit que son mari l'avait violée tant de fois que je pouvais me considérer comme chanceuse. Je lui ai dit que ce n'était pas pareil, alors elle a ri en me demandant : "Vraiment ?"
(Dans "Nous sommes les violeurs"... en Afghanistan)
Il est temps de pénétrer dans les profondeurs de la Mort, les failles de Mont Fuji.
Ici mon véritable voyage commence. Comme me l'a murmuré un ami enchâssé depuis l'aube des temps dans les rocs dorés qui veillent sur la cité de Shangri-La:"Il existe toujours, quelque part, une guerre à laquelle on se doit de participer."
Le pouvoir corrompt tout, s'empare du meilleur pour en faire le pire ; séduit les faibles qui rêvent d'être puissants et affaiblit les puissants qui rêvent de l'être encore plus. Comment prendre le temps d'aimer quand le pouvoir vous attend au détour de chaque intrigue, de chaque lutte d'influence, toujours prêt à frapper, à transformer le bien en mal, à envenimer la moindre situation. Le pouvoir est traître, c'est un démon ; il reprend dix fois ce qu'il a d'abord négligemment poussé vers vous.