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Critiques de Gisèle Halimi (240)
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Une farouche liberté

Une farouche liberté est un livre autobiographique sur cette femme exceptionnelle, avocate, militante féministe et femme politique franco-tunisienne qui nous a quittés le 28 juillet 2020, Gisèle Halimi.

Avec son amie Annick Cojean, l’avocate la plus célèbre de France et grande figure du féminisme revient sur les épisodes marquants de son parcours rebelle, résumant ainsi soixante-dix ans de combats.

Son enfance décidera « tout », sa révolte, sa soif éperdue de justice, son refus de l’ordre établi et évidemment de son féminisme.

Dès son plus jeune âge, elle est indignée par ce coup du sort qui, en la faisant naître fille, en lui attribuant le mauvais genre, la prive de liberté et lui assigne un destin.

Dès l’enfance, elle ressent une profonde indignation à devoir lessiver le sol, faire la vaisselle, laver et ranger le linge de ses frères, les servir à table, des tâches réservées aux filles, s’entêtant à lui dire sa mère. Pas question pour elle d’accepter cette injustice criante et, n’étant pas écoutée, elle choisit « l’arme ultime : une grève de la faim ». Ce sera sa première victoire féministe.

Elle obtient sa première part de liberté en s’affranchissant de la religion et comprend tout de suite que l’autre part, elle l’acquerra par l’éducation, et que les livres lui donneront confiance et force.

Devenue avocate en 1948, ayant acquis sa liberté, elle n’aura de cesse de servir celle des autres. Pour elle, défendre a tout de suite signifié s’engager. Elle assurera une défense indéfectible des militants des indépendances tunisiennes et algériennes soumis à la torture, étant même considérée parfois comme « une traîtresse à la France ». En acceptant la défense de la jeune militante indépendantiste Djamila Boupacha, elle dénonce la torture par le viol et brise ce tabou qui voulait que le viol fût un acte de fascisme ordinaire.

Autre étape essentielle de sa vie d’engagement est la fondation, avec Simone de Beauvoir du mouvement Choisir la cause des femmes, association créée peu après le fameux « manifeste des 343 », dont elle sera la seule avocate à le signer.

Elle revient également sur son engagement politique, rédigeant et déposant, durant son mandat de députée, une dizaine de propositions de loi pour accroître les droits des femmes et améliorer leur vie.

Dès 1979, lors de la première élection du Parlement européen au suffrage universel, elle avait proposé le principe de la « clause de l'Européenne la plus favorisée » visant l'harmonisation des législations européennes concernant les droits des femmes, la meilleure loi en vigueur dans un pays de la communauté devrait s’appliquer à tous les autres.

Bien évidemment, ces combats et d’autres encore, sont relatés avec, parfois, des détails ahurissants, montrant combien nous vivons dans une société patriarcale et que le combat est loin d’être terminé.

D’ailleurs, en fin d’ouvrage, Gisèle Halimi nous encourage, nous les femmes avec force arguments, à nous unir pour conquérir de nouveaux droits sans attendre qu’on nous les « concède », concluant « On ne naît pas féministe, on le devient ».

N’oublions pas que l’égalité entre hommes et femmes est loin d’être acquise et que naître femme est encore une malédiction dans de nombreux pays du monde.

C’est aussi sa vie de famille qu’elle nous confie, ce second mari avec qui elle a tout partagé, ses trois garçons, sa déception de ne pas avoir eu de fille… Et puis, il y a ses amis. Simone de Beauvoir, celle qui dans « Le deuxième sexe » a universalisé la condition des femmes, cette femme qui l’émerveillait tant mais l’a troublée cependant par sa froideur et son absence d’émotions. Jean-Paul Sartre qu’elle aimait comme un père et avec qui elle a eu beaucoup plus d’intimité. Et surtout ce frère choisi, « son petit frère », Guy Bedos…

Elle n’hésite pas à s’adresser à nous, avec ce « Deux vies ! Deux vies sauvées ! Vous vous rendez compte ? », pour témoigner de son offuscation lorsqu’elle est obligée de recourir au président pour demander la grâce de deux condamnés à mort, ce président doté d’un droit régalien hérité de l’Ancien Régime, qui n’a aucune explication à donner et qui agit selon son bon plaisir de monarque !

Je connaissais en partie les actions menées par cette brillante avocate, ses engagements et prises de position féministes et c’est avec un réel plaisir que je les ai retrouvés, condensés dans ce livre ô combien dense et puissant. J’ai découvert à sa lecture les qualités de cette femme hors-norme dont le courage et la ténacité m’ont stupéfaite et éblouie. Moquée, menacée, elle n’a jamais reculé, a toujours fait l’impossible pour faire triompher les valeurs qu’elle défendait.

Je garde espoir comme beaucoup, que Gisèle Halimi, cette femme de tous les combats, qui s’est opposée à toute oppression et qui a changé et change encore la vie de millions de femmes puisse être panthéonisée.

Par chance, nous sommes nombreuses et nombreux à saluer l’action de cette emblématique combattante féministe et anticolonialiste qui a consacré sa vie pour l'égalité entre les femmes et les hommes et à vouloir que son souvenir demeure présent dans les mémoires.

Pour exemple, Pierre Jouvet, le maire de Saint-Vallier-sur-Rhône dans la Drôme, commune voisine de celle où je réside, a, le 20 novembre 2021, inauguré l'école Gisèle-Halimi, en présence de son fils Emmanuel Faux, hélas, décédé depuis. À cette occasion, l'artiste C215 a réalisé une fresque la représentant à l'entrée de l'établissement !

Je remercie les Éditions Grasset qui m’ont adressé ce livre accompagné de la BD adaptée de ce dernier et dans laquelle je me plonge immédiatement !


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Une farouche liberté

Honte à moi, j'avais à peine entendu parler de Gisèle Halimi avant son décès il y a quelques semaines. A ma décharge (pour ce que ça vaut), j'étais à peine née lorsqu'elle plaidait en 1978 aux Assises d'Aix-en-Provence dans l'affaire de deux jeunes femmes victimes d'un viol collectif.

Une lacune béante un brin colmatée grâce à la lecture de ce petit livre, transcrivant un entretien de Gisèle Halimi avec la journaliste (entre autres) Annick Cojean. Dans lequel j'ai découvert le parcours impressionnant de cette grande dame, avocate de la cause des femmes, révoltée quasiment de naissance par l'injustice dont celles-ci sont victimes et par la malédiction de naître femme, de n'être "que" femme. Comprenant très vite que sa libération passera par l'école, elle s'obstine à poursuivre ses études, à être la meilleure et à entrer au barreau. Elle n'hésitera pas à faire médiatiser les grands procès dans lesquels se jouent les causes qu'elle défend avec acharnement : les militants de l'indépendance algérienne, les victimes de viol, le droit à l'avortement. Malgré d'éclatantes victoires, elle réalise que, mieux qu'une affaire judiciaire, c'est le législateur qui peut faire évoluer le Code pénal. Elle entre alors en politique à l'époque de Mitterrand, mais déçue, et par ce dernier et par les manoeuvres politiciennes en général, elle n'y fera pas long feu.

A travers ce texte, on découvre donc la femme publique, mais aussi l'épouse, la fille, l'amoureuse, la mère, l'amie. Portrait d'une féministe engagée et passionnée, sincère et "cash", ce livre se termine par une sorte de testament, comme un flambeau à reprendre par les jeunes femmes d'aujourd'hui, qui les adjure d'être indépendantes économiquement, d'être libres de choisir de ne pas être mères, de poursuivre un combat loin d'être achevé.

Merci Madame.



En partenariat avec les Editions Grasset via Netgalley.

#unefaroucheliberté #NetGalleyFrance
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Le lait de l'oranger

Gisèle Halimi, grande avocate de la cause des femmes raconte des souvenirs très personnels dans sa Tunisie natale.

A travers son témoignage on comprend mieux le parcours de cette femme atypique qui a dû se battre contre l'inertie de la tradition au sein de sa propre famille, et notamment contre l'image de la femme que sa mère voulait lui inculquer.

Que "Le lait de l'oranger" vous soit une lecture aussi délectable qu'elle le fut pour moi!
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La nouvelle cause des femmes

Je ne lis pas beaucoup de livres politiques. Quand je le fais, je me penche toujours vers des hommes ou des femmes que j'ai un certain potentiel à admirer, car j'ai l'impression de passer ainsi un temps en leur compagnie et de pouvoir m'inspirer de leur engagement.



Gisèle Halimi est décédée en juillet 2020, en pleine période de la pandémie, et n'a sans doute pas eu tous les hommages qu'elle aurait mérité. Née en Tunisie, ayant fait ses études de droit en France, elle revient s'établir à Paris comme avocate en 1956. Elle est alors de tous les combats du féminisme naissant (dépénalisation puis droit à l'avortement, criminalisation du viol), ce qui lui donne une aura médiatique certaine. Elle se lance alors en politique aux côtés de François Mitterand et est élue à l'assemblée en 1981. C'est cette confrontation à la politique qui est la source de cette nouvelle cause des femmes, après la lutte pour le droit à l'avortement qui était le sujet central du premier livre sur la cause des femmes.



En effet, Gisèle Halimi, voit débarquer lors de la première séance, dans l'hémicycle qu'elle vient d'intégrer, le flot des hommes ultra majoritaires dans cette assemblée. Elle prend conscience que les femmes n'y représentent finalement que 5 %, elles qui constituent tout de même 50 % de l'humanité. Son nouveau combat est tout trouvé, la parité.



Elle nous fait partager cet engagement, de la première idée des quotas aux municipales qui lui sera retoqué par un Conseil Constitutionnel qui décrit les femmes comme une simple « catégorie » de citoyen. La majeure partie du livre évoque ensuite l'Observatoire de la parité auquel elle participe sous le gouvernement Juppé. Au sein de cette organisme, elle nous convie avec elle aux auditions des différents spécialistes (historiens, juristes, philosophes, hommes et femmes politiques, journalistes, constitutionnalistes) afin d'évaluer l'intérêt et la faisabilité de cette parité. Gisèle Halimi est une passionnée, une femme convaincue de la justesse de ses combats. Elle passe de fait plus de temps à détailler la pensée de ceux qui vont dans le sens de cette évolution de l'histoire, mais elle n'élude pas complètement les réticences de certains, plus particulièrement les constitutionnalistes et… certaines femmes politiques ou journalistes elles-mêmes, sans doute surprises et déçues qu'il faille en passer par une modification de la constitution pour permettre à des femmes de s'imposer face aux hommes. Par les différentes interventions, le livre démontre la force de ce patriarcat, renforcé par une Révolution Française qui aura surtout servi à placer de nouveaux hommes aux manettes, et aura finalement enlevé du pouvoir aux femmes qui étaient beaucoup plus influentes dans la noblesse qu'elles ne le furent dans les débuts de la République (rappelons que le vote des femmes n'a été autorisé qu'en 1945…).



Remarque tout de même, on se dit qu'en moins de 30 ans le propos de Gisèle Halimi a beaucoup vieilli… sur la question du genre. Elle énonce l'évidence que les genres sont deux, que l'humanité ne se conçoit qu'à travers les deux sexes qui constituent la condition de sa perpétuation. Elle serait systématiquement contredite aujourd'hui par les militants LGBTQ+ qui pointeraient son binarisme face à cette question. Il est assez intéressant de voir que c'est cette affirmation du binarisme qui est l'arme principale pour justifier le combat de la parité, et que sans lui ce combat féministe n'aurait sans doute pas abouti. Les militants d'aujourd'hui reprochent parfois à certaines féministes de refuser l'ouverture des droits à toutes les minorités sexuelles, mais ils semblent oublier que ces mêmes droits ont été conquis très récemment, et que l'argument que les femmes constituent la moitié de l'humanité a finalement été le plus pertinent pour faire reconnaitre l'évidence que cette moitié ne pouvait être plus longtemps totalement écartée des lieux du pouvoir.



Finalement, on se félicite de voir aujourd'hui que le combat de Gisèle Halimi aura porté des fruits productifs. En effet, alors que 10% à peine des femmes constituaient le Parlement élu au moment de la parution du livre, elles sont aujourd'hui 40 %. Les différentes évolutions constitutionnelles (1999) ou législatives (2000 puis 2013) ont permis que le chemin vers la parité soit clairement amorcé, même s'il n'est pas totalement gagné. Et les militantes d'aujourd'hui, plutôt que de critiquer un manque d'ouverture des féministes les plus anciennes, devraient s'inspirer de leur force de caractère, elles qui n'avaient presque rien comme droits quand elles commencèrent leur lutte et qui parvinrent à renverser l'ordre établi.

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Fritna

Une lecture ancienne... mais qui m'avait passionnée et mieux fait comprendre le parcours tumultueux de cette célèbre avocate, engagée avec fougue contre toutes les injustices. Une enfance auprès d'une mère hostile... Un récit où le mythe de l'"amour maternel" vole en éclats...



Un texte autobiographique de la célèbre avocate... offrant le portrait d'une mère à la forte personnalité mais pas aimante... qui surtout... aurait voulu une fille soumise, dans un rôle féminin traditionnel... Parfois, il n'y a pas pire "machistes".et "ennemies des femmes", que les femmes elles-mêmes..



Heureusement, Gisèle Halimi, déjà enfant, avait un caractère "trempé"... et savait surtout ce qu'elle voulait : agir, être autonome, indépendante... et échapper à cette condition féminine réduite à une sorte "d'asservissement" , de silence !! ...et surtout et avant tout, se battre pour réduire, lutter contre toutes formes d' injustices...Son autre récit "Le lait de l'Oranger"... complète ce texte autobiographique...en rendant hommage à son père, adoré et tant regretté...

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Une farouche liberté

Il est des livres, comme celui-ci que l’on a du mal à refermer, pour continuer à voyager avec l’auteure, ici, ce serait plutôt l’héroïne…



J’ai choisi ce livre témoignage car deux femmes ont vraiment compté, dans ma vie, m’ont servi d’exemple à suivre, dans mon quotidien et mes combats de femme : il s’agit de Simone Veil qui était une véritable mère de substitution pour moi, du moins de mère idéale, (désolée, Maman, mais je sais que cela ne te surprend pas ! tu connais mon admiration pour Elle et tu l’aimais bien aussi !et en plus vous aviez à peu près le même âge) et Gisèle Halimi, pour ses combats acharnés pour les droits des femmes.



Il s’agit d’un livre d’entretien avec Annick Cojean où Gisèle Halimi revient sur son enfance en Tunisie, avec une mère peu aimante (doux euphémismes) qui n’avait d’yeux que pour son fils aîné adoré. Gisèle était obligée d’être la bonne de ses frères, les servir à table, nettoyer leurs chambres, leur linge… ils étaient quatre enfants, deux garçons et deux filles !



Jusqu’au jour où elle a décidé d’entamer une grève de la faim pour protester.



Elle obtiendra en quelque sorte gain de cause et n’aura plus qu’une idée : faire des études ce qui pour une fille à l’époque était déjà un combat. Pour un garçon, on veut bien payer même si ses résultats scolaires sont nettement en dessous, mais pour une fille, seule compte mariage et dot… une injustice qui conditionnera tout son combat futur.



Elle travaille d’arrache-pied pour obtenir une bourse et ne rien coûter à ses parents et pourra imposer son choix de faire des études supérieures et devenir avocate avec un E majuscule tant elle tient à la féminisation du titre. Lorsque, plus tard le Général de Gaulle lui demandera s’il doit l’appeler Mademoiselle ou Madame, elle répondra : Maître !



Ce livre revient sur ses combats : la manière dont elle a défendu les personnes torturées pendant la guerre d’Algérie, alors qu’elle se faisait insulter, traiter de « pute à bicot » par les partisans de l’Algérie Française entre autres et recevait des cercueils pour tenter de la faire taire, ce qu’elle n’a jamais fait.



Gisèle Halimi revient sur le dossier de Djamila Boupacha, jeune militante indépendantiste, torturée :



"La première fois que je l’ai vue dans la prison de Barberousse à Alger, elle boitait, elle avait les côtes cassées, les seins et la cuisse brûlés par des cigarettes. On l’avait atrocement torturée pendant trente-trois jours, on l’avait violée en utilisant une bouteille, en lui faisant perdre sa virginité à laquelle cette musulmane de 22 ans, très pratiquante, tenait plus qu’à sa vie."



Elle s’est battue pour obtenir des grâces présidentielles, dans son combat contre la peine de mort. Elle a pris position sur le viol, pour le faire reconnaître comme un crime, sur l’avortement pour modifier la législation en cours, dans une assemblée composée d’hommes évidemment. Les femmes ne peuvent pas décider de faire ce qu’elles veulent de leur corps, c’est aux hommes de décider pour elles ! vive la démocratie au pays de Voltaire et Hugo quand on sait que le droit de vote pour les femmes remonte seulement à 1945 soit un retard important par rapport à d’autres pays.



Le procès d’Aix-en Provence, en 1978 (deux jeunes touristes belges qui campaient ont été agressées en 1974 par trois hommes ont dû prouver qu’elles avaient été agressées pendant des heures, et qu’elles n’étaient pas consentantes, ce fameux consentement qui fait encore couler beaucoup d’encre aujourd’hui, qui a permis de faire avancer la cause des femmes a été spectaculaire à sa manière, le juge ne voulant pas en faire le procès du viol.



Gisèle Halimi a compris, très vite, qu’il fallait faire fi du serment d’avocate qui lui hérissait le poil, et médiatiser les affaires, tel le procès d’une jeune femme violée à seize ans et contre laquelle son violeur a porté plainte car elle avait décidé de se faire avorter, on marche sur la tête, mais c’était la justice à l’époque…



Elle s’est battue d’arrache-pied pour la loi sur l’avortement défendue par Simone Veil, et elle raconte avec beaucoup de tendresse ses rencontres avec cette grande Dame qui s’est fait traitée de nazie par les députés de droite, ne l’oublions pas !



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m’ont permis de découvrir ce livre et de passer du temps avec deux auteures de talent. Quand on a l’impression, je parle pour moi bien sûr, de bien connaître une personnalité telle que Gisèle Halimi on a tendance à ne retenir que ses combats, ses apparitions dans les médias sans se donner la peine de lire ses livres et cela finit par laisser des regrets. Mais, on ne peut pas tout lire, il faudrait vivre jusqu’à mille ans comme les Patriarches et ce serait probablement sinistre surtout pour l’entourage !



Mes hommages, Madame, pour ce que vous avez accompli pour la cause des femmes, et je suis plutôt d’accord, hélas, avec vos conclusions. (Petit aperçu dans les extraits ci-dessous).



#Unefaroucheliberté #NetGalleyFrance
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Histoire d'une passion

Je connaissais Gisèle Halimi de nom et de réputation. Je savais ce qu'elle avait fait pour défendre la liberté des femmes.

C'est donc tout naturellement que j'avais lu son livre " Histoire d'une passion" en 2012 , un an avant mon inscription sur Babelio.

Je n'avais donc jamais déposé d' appréciation.

Un livre bouleversant dans lequel elle évoque sa relation très fusionnelle avec sa petite-fille , fille de son fils aîné. Notre dame a eu trois fils, toujours dans l'espoir d'avoir une fille, elle qui avait eu une relation si médiocre avec sa mère, Tunisienne, qui voulait l'enfermer dans son rôle de femme servile.

Pour elle, devenir grand-mère, c'est un défi contre la vieillesse, en plus.

Mais elle se prend un peu trop au sérieux dans ce rôle et occupe la place des parents dans l'éducation de sa petite-fille et de son petit-fils.

Le couperet tombe, elle est privée de la visite à ses petits-enfants .

Cela durera trois ans.

Après, elle comprend et vit de nouveau une belle relation libre avec eux.

J'ai été très étonnée car je suis grand-mère moi-même et j'ai déjà senti que mes enfants n'aimaient pas quand je prenais trop de place. Ils me le faisaient savoir.

Naturellement, j'accepte. Les parents sont les premiers éducateurs des enfants.

Étonnant qu'une dame de ce niveau ait vécu une pareille expérience.

Toujours est-il que dans ma lecture, je me suis plus tournée vers les beaux moments revenus après ces trois ans de privation de droit et ils sont très riches d'échanges culturels, de partage d'expérience de vie.

Une très belle lecture que je n'ai jamais oubliée.
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Une farouche liberté

Gisèle Halimi et Simone Veil font partie des femmes qui ont marqué notre époque. Le décès le 28 juillet de Gisèle Halimi m’a donné envie d’en connaître plus sur cette femme admirable dans son combat permanent pour la cause des femmes et contre l’injustice. Autant dire que le livre écrit en collaboration avec la journaliste Annick Cojean tombait à point nommé.



Ce livre d’entretiens a parfaitement répondu à mes attentes. Annick Cojean pose les bonnes questions, elles permettent à Gisèle Halimi de revenir sur les étapes essentielles de sa vie et surtout de transmettre un message à la génération de sa petit-fille.



Tout est parti de son enfance en Tunisie et des son indignation ressentie dès son plus jeune âge que c’était une malédiction de naître femme. Gisèle va rapidement être persuadée que l’école sera sa libération. Le choix du métier d’avocate ensuite, pour combattre l’injustice et essayer de changer le monde si mal fait. Adepte des procès-débats, des procès-tribunes pour faire reconnaître le droit des femmes à disposer de leur corps. Au fil des pages Gisèle évoque le douloureux procès de Marie-Claire violée à 16 ans et dénoncée par son violeur à la police pour s’être fait avorter ; la guerre d’Algérie avec les tortures, les exactions, la peine de mort et la sinistre guillotine ; la fondation de Choisir son association militante



Mais bientôt Gisèle prend conscience que le vrai pouvoir est entre les mains du législateur, elle entre donc en politique avec l’illusion de pouvoir changer l’avenir de tous les opprimés, l’occasion pour elle de dresser un portrait sans concession de François Mitterrand.

Ce livre est surtout un testament adressé aux jeunes femmes de demain : soyez indépendantes économiquement, soyez égoïstes, refusez l’injonction millénaire de faire à tout prix des enfants, les femmes ne sont pas réduites à des ventres. N’ayez pas peur de dire que vous êtes féministes.



La voix de Gisèle Halimi est sincère, elle n’élude aucun sujet, comme la difficulté d’être mère à part entière quand on a un métier si prenant. C’est un livre à faire lire dans tous les lycées afin de susciter les débats et la prise de conscience qu’aujourd’hui encore cela reste une malédiction de naître femme dans la plupart des pays du monde. Ce qui fait la force de ce récit c’est que le combat n’est en aucun cas dirigé contre les hommes, ce n’est pas cela être féministe.



Mais ce livre restera pour moi un formidable roman d’amour.

L’amour pour un métier, celui d’avocate, son oxygène, sa façon d’exister, l’amour de la plaidoirie, une nouvelle aventure à chaque fois.



L’amour pour ses amis, Sartre « son doux ami », qui préférait la compagnie des femmes « le castor », Simone de Beauvoir, irréductible combattante, Simone Veil, éloignée par leurs opinions politiques, mais du même bord, c’est-à-dire du côté des femmes et Guy Bedos « son petit frère », ils avaient tant de choses en commun, le déracinement, le rejet de tout esprit colonisateur, le refus du racisme, la vision de la religion comme un enfermement, surtout vis-à-vis des femmes.



Et surtout, l’amour pour Claude, l’homme qui a partagé sa vie, ses combats pendant soixante ans. Il l’a soutenue, l’a épaulée, ils ont tout fait ensemble, ils étaient partenaires.



Je remercie infiniment les éditions Grasset de m’avoir offert l’opportunité de lire ce roman.

#Unefaroucheliberté #NetGalleyFrance

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La Cause des femmes

Bon... qu'est-ce que j'ai aimé cette lecture !!



J'ai enchainé cet essai juste après avoir lu Simone de Beauvoir, et franchement j'ai été tellement surprise ! (dans le bon sens du terme) Tellement plus facile à lire que le Deuxième Sexe, j'ai été prise dans le récit dès les premières pages et j'ai adoré ma lecture !

Je ne connaissais rien du procès de Bobigny et je suis extrêmement contente d'avoir pu en apprendre là-dessus.

Petit mot rapide aussi sur les annexes de fin, c'était super intéressant, ça rajoute vraiment quelque chose à la lecture du texte !

J'ai aimé La cause des femmes du début à la fin et à l'heure d'aujourd'hui où j'ai fini de lire toutes les lectures cursives de français, je pense que ce fut l'oeuvre que j'ai préférée avec « Sorcières ». Je la considère vraiment comme un texte à lire dans sa vie et je suis sincèrement heureuse qu'il ait été proposé dans les lectures cursives, me permettant ainsi de le découvrir.



Je n'ai que seize ans mais le texte est parfaitement abordable, très agréable à lire. C'est une oeuvre avec une importante valeur testimoniale et qui mérite vraiment d'être lue !!



petit update datant de juin 2022 : j'ai même décidé de présenter cet ouvrage en deuxième partie pour l'oral de français :)
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Plaidoirie pour l'avortement

Lors du procès de Michèle Chevalier qui a aidé sa fille mineure à avorter illégalement, en 1970, Gisèle Halimi plaide pour la dépénalisation de l'avortement. Cette plaidoirie sera retentissante. Non seulement la jeune Marie-Claire, victime d'un viol à seize ans, sera acquittée et sa mère symboliquement condamnée à une amende de 500 francs avec sursis, mais cette plaidoirie précèdera la loi Veil votée en 1975.

Quelques années auparavant, Gisèle Halimi faisait partie des 343 signataires du manifeste pour la légalisation, révélant également publiquement qu'elle s'est faite avorter par le passé. Elle n'est pourtant pas dupe: ces signataires, pour la plupart des femmes publiques - actrices, auteures, militantes féministes - ou de classes privilégiées, ne risquent pas grand chose, au contraire des femmes de classe populaire qui seront les premières jugées et condamnées; Ce sont ces femmes essentiellement que l'avocate choisit de défendre, prônant la liberté et la responsabilité civile.

C'est un texte fort, percutant qui nous renvoie dans un passé pas si lointain. Depuis, même s'il y a encore du boulot, beaucoup de choses ont évolué dans nos droits.

Une femme admirable!
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Une farouche liberté

Une biographie originale sous forme d'une interview, une biographie très résumé aussi, Gisèle Halimi dévoile un peu de sa vie par le prisme de ses combats.

La vision est certainement un peu magnifiée, ce qui renforce encore l'humanité du discours.

Le plus évident, c'est la force de conviction restée intacte jusqu'au bout.

Un petit livre , 160 pages, qui se lit tout seul, un très beau témoignage et un ultime plaidoyer, un dernier coup de gueule tellement actuel.
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Fritna

Ce livre me contemplait depuis cinq ans au minimum, juché sur l’une des étagères de ma bibliothèque (offert par une amie à l’occasion d’un anniversaire, elle ne pouvait savoir combien j’étais troublée et terrifiée à l’idée de le lire).



En effet, compte-tenu du contexte et du sujet, je ne me sentais pas prête à le lire. Alors, pourquoi à présent ? Je dirai que je trouve seulement maintenant le courage d’affronter une pareille question.



Aujourd’hui, je referme la dernière page de ce livre en pensant que décidément cette grande Dame avait tous les courages.



Ceux que tout le monde, ou presque, connait, concernant ses combats en faveur des femmes. Cette féministe convaincue, cette socialiste dans l’âme sera de toutes les batailles. A commencer par la décolonisation et la défense de certains membres du FLN en Algérie, notamment, Djamila Boupacha en tant qu’avocate. Celle du droit à l’avortement avec l’adoption de la loi Veil, de la défense des femmes violées ; ses procès ultra-médiatisés la rendront célèbre.



Mais aussi, le courage de remettre en cause ce qui semble « acquis » pour tout le monde, à savoir, l’image de la mère et l’amour dont elle est censée fait preuve envers et contre tout, le fameux « instinct maternel ».



Ce sera une quête de reconnaissance qu’elle mènera toute sa vie et qui restera à jamais sans réponse.



Je me demande alors, dans quelle mesure les sentiments de rejet et d’abandon, voire de reniement, ont influencé la personnalité et les engagements de Gisèle Halimi ?



Il semble que ma question soit pertinente et même fondamentale puisque Wikipédia y répond de la manière suivante : « Fritna, aurait-été la source de toute la démarche de Gisèle et ceci afin que les femmes ne lui ressemblent pas ».



En fait, cette autobiographie ne comporte qu’une seule et même question : Pourquoi ma mère ne m’aimait-elle pas et ne m’avait-elle jamais aimée ? Tout le livre n’est que variations autour de ce thème. Comme autant de preuves qui viendraient étayer et confirmer sa théorie. Une quête sans fin du pourquoi et du comment.



Elle commence par sa naissance où elle nous conte la déception parentale qu’elle soit née « fille » dans une société, une période, un pays où le patriarcat n’est pas une vue de l’esprit et pèse plus qu’une pierre tombale.



Puis défile son enfance, la Tunisie, La Goulette, Tunis, la France, Nice, Marseille, Paris. Elle évoque ses origines juives (Séfarade pour sa mère, berbère pour son père), son éducation rigide, son rapport à sa sœur et à ses frères auxquels elles semblent subordonnées. Ses révoltes (grèves de la faim entre autre pour l’égalité avec ses frères et le droit aux études).



Elle évoque aussi le rapport de sa mère avec sa sœur ; avec ses frères vers lesquels vont toutes les préférences. Elle endure cela comme autant d’insultes à sa personne et les remarques et réprimandes comme autant de blessures personnelles. Mais surtout elle souffre de ne pas « exister » aux yeux de Fortunée quoiqu’elle fasse. (Ces yeux noirs de jais, si vivants qui viraient au gris glacé lorsqu’il s’agissait de ses filles).



On peut se demander quelle est la part « d’interprétation » dans ce tableau. Fritna n’était-elle tout simplement pas démonstrative ? pas « tactile » dirait-on aujourd’hui ? Mais finalement, peu importe, c’est ce qu’il en résulte qui compte. Et le résultat c’est que Gisèle se sentait rejetée. Ça conditionne une vie ça !!!



D’aucuns diront que la petite Gisèle était un peu « parano » ou qu’elle se faisait des films ? Qu’il est (probablement) impossible qu’une mère n’aime pas sa fille. L’amour maternel est un sentiment inné, viscéral. Enfin, le sujet est « tabou » en quelque sorte. Beaucoup ne comprenne même pas cette question.



A ceci près que la sœur de Gisèle a ressenti la même chose au point que non seulement elle s’enfuira de la maison mais elle ne se rendra pas non plus à l’enterrement de sa mère malgré les années qui seront passées. Et c’est là que je note la résilience de Gisèle.



Enfin, s’il fallait trouver sinon des excuses mais au moins une explication à un tel comportement, je dirais qu’il faudrait remonter bien en amont de cette histoire et déduire que Fritna aura peut-être souffert elle-même d’un manque d’amour de la part de sa propre mère (sans qu’elle ne se pose la question) et qu’elle n’aura fait que reproduire involontairement le schéma avec ses filles (notez bien, avec ses filles et pas les garçons). Car enfin (et cela je le tire de ma propre expérience) les parents jusqu’à une époque pas si lointaine étaient là pour se faire respecter et non pas aimer et se faire aimer.



Il ne faut pas perdre de vue qu’à l’époque et jusqu’en 68 environ et même bien au-delà, une femme était dépendante toute sa vie (mineure en quelque sorte), de ses parents d’abord, puis de son mari et de ses fils en cas de décès du mari. Soumise à la tutelle d’un homme, toujours, jusqu’à sa mort. Gisèle aura passé sa vie à s’en affranchir. Ce fut son crédo, sa raison de vivre.



Un mot, quand même, de son père, qu’elle a révéré, admiré et qui l’aimait pour deux et même plus. Mais ça n’a pas suffi. Il s’en est allé trop tôt et le non-amour maternel prenait tellement de place… un océan impossible à combler.



Il y avait donc deux solutions : soit l’enfant perdait confiance et estime de soi et passait sa vie à s’excuser d’exister, trainant son insatisfaction de lui comme un boulet ; soit il avait un caractère suffisamment déterminé pour passer outre, se nourrir de révolte, cultiver sa différence et s’affirmer malgré tout (même si la blessure perdurait néanmoins au fond de lui).



Alors, pourquoi ce livre m’a particulièrement touchée ? Pourquoi je me noie dans cette non-réponse ?



D’une part parce que je voulais mieux connaitre la femme que j’admirais, la comprendre au travers de sa vie, une partie de sa vie, la première, son enfance. Comprendre ce qui pouvait sous-tendre ses actions, ses engagements, ce qui avait pu forger cette détermination. Et cette petite fille là m’a profondément émue.



Mais aussi parce que d’une part, le lieu (la Tunisie – où j’ai vécu aussi) m’a renvoyé à ma terre d’origine (La Corse) où les familles, méditerranéennes même de confessions religieuses différentes, vivaient sur cette même base d’un patriarcat ancré profondément sans remise en cause possible. Et le sujet, d’autre part, a une résonance particulière pour moi. Ses propres questionnements me renvoient aux miens auxquels je n’ai pas eu de réponse moi non plus (j’arrête-là la séance « psy », ça n’est pas le sujet).



En tout cas, quel que soit votre motivation pour cette lecture, je pense qu’elle est nécessaire, si ce n’est essentielle à la compréhension du personnage, de son évolution, de ses actions et de ses engagements.

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Une farouche liberté

Gisèle Halimi, cette grande dame est décédée cet été 2020. Cette femme a alerté l’opinion sur des situations injustes, a provoqué de grands débats de société et a fait changé des lois mais sa grande cause a toujours été celle des femmes. Dès son enfance, elle ressent une indignation devant la malédiction de naitre fille. Pour la désigner en quelques mots : courageuse, battante, passionnée, libre, féministe… Dans ce livre, on revient sur quelques étapes essentielles de sa vie d’engagement et sa volonté de transmettre un message aux femmes : continuer à vous rebeller car l’égalité entre hommes et femmes est loin d’être acquise, naitre femme reste encore une malédiction dans la plupart des pays du monde. Avec ce livre elle transmet le flambeau de ce combat à la génération suivante.

Un livre parfait pour (re)découvrir cette femme d’exception.

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Une farouche liberté

Magnifique, émouvant !



Je n'avais encore lu aucun des textes ou récits de Gisèle Halimi. Cette lacune vient d'être réparée. Et quelle lecture !

Dans une farouche liberté, Gisèle Halimi partage son témoignage, son enfance, sa volonté de sortir du carcan que son genre lui imposait (naître fille en Tunisie à son époque c'est surtout servir ses frères et attendre d'avoir l'âge d'être mariée - tout autre désir, objectif ne peut exister).

Elle partage son combat pour acquérir sa liberté de choix, sa place dans une société pensée par et pour les hommes. Elle évoque sa conviction que les femmes méritent partout dans le monde d'obtenir justice, liberté et égalité.

Elle a été à l'origine - aux côtés de Simone de Beauvoir - de la création de l'association Choisir la cause des femmes.

Elle a défendu toute sa vie cette conviction, son engagement lui a valu d'être méprisée, injuriée et malgré les difficultés elle n'a jamais renoncé.

Elle s'est engagée en politique pour pouvoir faire changer les lois de l'intérieur et faire évoluer les institutions. Etre avocate ne suffit pas. Elle a été bafouée et trompée. Elle a su puiser une force supplémentaire dans ces désillusions.

Elle a oeuvré et contribué à faire évoluer la législation sur l'avortement, le regard porté sur les femmes violées.



C'est une femme remarquable et courageuse.

Je garderai longtemps en mémoire ce texte et j'ajoute dans ma PAL d'autres livres de cette grande dame.



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Une farouche liberté

Gisèle Halimi, décédée le 28 juillet dernier se raconte une dernière fois dans Une farouche liberté, recueil d'entretiens menés avec son amie Annick Cojean, journaliste au Monde.



L'occasion d' entendre une dernière fois la voix primordiable de celle s'est inlassablement battue pour faire avancer la cause des femmes pendant plus de 70 ans à travers une série d'entretiens dont le seul défaut est d'être trop court .



Grande défenseuse de la cause des femmes,et cmbattante jusqu'à son dernier jour. Gisèle Halimi laisse derrière elle une vie riche en combats militants parfaitement résumés dans ce livre . .



On apprend que dès l'âge de 16 ans, Gisèle Halimi va refuser un mariage arrangé. en Tunisie où elle vit avec sa famille, très conservatrice. Elle parvient à faire des études de droit en France et prête serment à Tunis en 1949. De retour à Paris en 1956, elle épouse Paul Halimi, un administrateur civil. Elle divorce ensuite, avant d'épouser Claude Faux, le secrétaire de Jean-Paul Sartre.avec qui elle vivra jusqu'à la mort récente de celui ci.



On y recense tous les combats, pour la cause des femmes : contraception, avortement, divorce, répression du viol, parité, de quoi passer en revue les luttes historiques féministes, « Manifeste des 343 » et procès de Bobigny , Gisèle Halimi ayant créé le mouvement "Choisir la cause des femmes q"ui portent des revendications féministes dont la libéralisation de l'avortement.

Pendant soixante-dix ans, cette femme aura montré qu'elle a toujours incarné les adjectifs en "éee" comme révoltée, déterminée, engagée, passionnée et libérée..... du joug des hommes .



Cet excellent livre d'entretiens l'illustre parfaitement !






Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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La Cause des femmes

Encore mineure, Marie-Claire, vous vous faites violer par votre ex petit copain. Vous décidez d'avorter. Votre ex petit copain vous dénonce à la police. C'est vous qui devez rendre des comptes devant la justice.



Vous êtes une toute jeune fille en Tunisie, Gisèle, brillante à l'école, mais votre père ne s'intéresse qu'aux résultats scolaires de vos frères. Une fille, ça ne compte pas. Et bien vous devenez avocate.



Pendant la guerre d'Algérie, vous défendez de très jeunes combattants qui risquent la peine de mort. Voilà que vous tombez enceinte sans l'avoir voulu et que vous enragez de voir vos forces vous quitter au moment où vous devez mobiliser toute votre énergie pour plaider.



Mais pourquoi personne n'en parle, de ce fardeau de la grossesse non désirée, vous dites vous ! Une femme ne peut donc pas conduire sa vie ?



Marie-Claire a besoin d'un avocat, pas cher. Gisèle pose ses conditions : que Marie-Claire accepte que Gisèle fasse éclater le scandale de sa situation. "Mais non, moi je ne veux surtout pas me mettre en pleine lumière - c'est déjà suffisamment la honte sur moi ; je veux juste ne pas finir en prison" (en substance). "Alors tant pis, cherchez un(e) autre avocat(e)". "Bon, alors d'accord".



Des dizaines de milliers de femmes manifestent, viennent vous soutenir à vos procès - car, il y a plusieurs personnes en cause. En effet, fille de famille très modeste, vous ne pouviez pas réunir l'argent pour partir en Angleterre sans que personne ne le sache ; et puis vous étiez mineure ; il a fallu le dire à maman sans le sou qui s'est trouvé obligée d'aller voir la faiseuse d'ange sympa, qui prend pas cher pour organiser "ça". Il y a donc plusieurs procès



Mais aussi, des mobilisations, des témoignages : une pétition dite des "300 salopes" - 300 femmes célèbres qui disent "moi aussi, je me suis fait avorter" ; des médecins catholiques pratiquant : "je suis contre l'avortement mais j'ai dû me résoudre à procéder à des avortements", etc.



Marie Claire : relaxée, oui, mais pas sa mère.

Manif.

Sa mère relaxée, oui, mais pas la faiseuse d'ange.

Manif.

La faiseuse d'ange : relaxée.



Ah bon, vous les juges, on vous a convaincus qu'aucune n'est coupable ? Qu'avorter n'est pas un crime ? Et bien nous voulons à présent que ce soit un droit pour toutes les femme !



Et c'est reparti : manifestations, pétitions.

Ça y est c'est un droit.



C'est un droit ? Mais seules les femmes qui ont de l'argent pourront se le payer, comme avant, comme lorsqu'elles allaient se faire avorter en Angleterre... Non, non, pas question : l'avortement doit être remboursé par la sécurité sociale !



Et c'est reparti : manifestations, pétition.



Et c'est ainsi que l'avortement est devenu un droit pour toutes, remboursé par la sécurité sociale.



Après le droit au divorce, encore un énooorme pas franchi vers l'égalité des droits hommes-femmes. Il a été précédé de très peu du droit à la contraceptlon.



Lisez "la perle et la coquille" de Nadia Hashimi pour voir à quelle condition d'esclave domestique et sexuelle peut encore être réduite une femme au 21e siècle.

L'absence de droit, c'est le lot d'une écrasante majorité (je ne crois pas exagérer) de femmes sur la planète.



Voilà en tous les cas dans "La cause des femmes" toute l'histoire du procès de Bobigny, comme on a appelé le procès de Marie-Claire défendue par Gisèle Halimi, et racontée par Gisèle Halimi dans ce livre.



On ne peut le quitter - on le lit d'une traite.



Et Simone Veil dans tout cela ? Je ne me souviens même pas si l'auteure en parle... Simone Veil a tout simplement mené, là où elle était, à l'Assemblée, sa part d'un combat, mené dans la rue, les arrière salles, les foyers domestiques, par des dizaines (des centaines ?) de milliers de femmes dans cet après 1968. Autrement dit, sans lui enlever son mérite, elle était portée par une très large mobilisation qui comprenait des hommes aussi d'ailleurs.



D'ailleurs je ne me souviens plus si La cause de femmes fait bien toute leurs places aux mobilisations - si le livre ne tire pas la couverture au seul procès...



Frais lecteurs, rafraichissez moi la mémoire, svp.



En tous les cas, non, tout ça n'est pas "grâce" à une avocate ou grâce à une ministre. Comme tout droit, il n'a le pouvoir de changer la société que lorsqu'il a été arraché par en bas, par de larges mobilisations. Car dans ces conditions, une fois gagné, il sera défendu bec et ongle de toute part à la fois.



Même si cette limite existe, dans ce livre, consistant à réduire le combat des femmes à un combat juridique, "La cause des femmes" est un récit véridique passionnant et entousiasmant.



Je vous raconte tout cela : je l'ai lu il y a 15 ans. C'est dire qu'il m'a marquée.

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Djamila Boupacha

On n'en aura jamais fini avec la guerre d'Algérie. Cette guerre qui a duré 8 ans mais qui ne fut ni glorieuse, ni victorieuse. Pas de grand défilé, de monument ni de beaux discours pour commémorer cette guerre-là. Massacres de milliers de civils, actes de barbarie, des années de terreur, d'iniquité, de cruauté, de misère; guerre de libération pour les uns, actions de "pacification" pour les autres, à coup d'arrestations arbitraires, d'enlèvements, d'exécutions sommaires, de justice bafouée, de torture organisée. Pinochet n'aurait pas fait pire.

La France des Lumières est loin, mais elle va se mobiliser autour du procès de Djamila Boupacha, militante de 22 ans, incarcérée et torturée, vouée à être condamnée à mort pour actes terroristes. Un combat de femmes mené par une avocate qui n'a pas froid aux yeux. Elle se rend à Alger, elle, la Juive tunisienne, pour rencontrer sa cliente. Elle se reconnait dans cette jeune femme qui n'a pas hésité à devenir résistante au sein d'un réseau de combattants. Avec d'autres femmes, Sagan, Beauvoir, Duras, Giroud, Tillon, elle se fait lanceuse d'alerte: pour Djamila et contre ce crime qui fait honte à l'Etat, la torture.

Affolés par l'ampleur de cette mobilisation, d'illustres ministres (Malraux, Debré, Messmer) essaient de discréditer ou d'étouffer l'affaire. Censure, déni, mensonges politiques, paralysie judiciaire, tout est bon pour les faire taire. Le Monde où figure l'article de Beauvoir est retiré de la vente à Alger. Mais Gisèle Halimi est tenace; pour la vie de sa cliente mais aussi pour dénoncer une situation de guerre civile dont les atrocités ne seront révélées que tardivement.

Halimi sera ensuite accusée d'avoir instrumentalisé Djamila aux fins de propagande anti-gouvernement ou de recherche de publicité. Peu importent ses motivations personnelles, l'Histoire retiendra dans cette affaire de femmes peu ordinaires que la force des mots, que le talent des journalistes et des écrivains, pouvaient faire obstacle aux geôliers et aux brutes galonnées. Que la parole courageuse des femmes avait ouvert une brèche dans la Raison d'Etat.

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Le lait de l'oranger

Un livre que je n’aurais certainement jamais ni acheté, ni lu si on ne me l’avait offert. De Gisèle Halimi je connaissais les combats – celui du droit à l’avortement, de la reconnaissance du viol comme crime - son positionnement en faveur de l’indépendance de l’Algérie…

Je connaissais peu la femme, la mère, la fille. Le récit commence par la chute d’Edouard, le père, le premier homme de sa vie. A travers l’histoire de sa famille mais surtout le lent déclin de cet homme inspirant, Gisèle raconte comment elle s’est construite, comment enfant elle a rejeté la religion, un carcan dans la vie des femmes, comment la Tunisie et le mixage culturel a façonné son désir ardent de liberté et de justice sociale. Edouard et Fortunée, malgré les menaces, les punitions – et tout leur amour ! - ne pourront pas empêcher leur fille de s’engager très tôt dans des luttes qui les dépassent.

C’est plusieurs décennies d’histoire qu’elle narre avec une plume ample, un style de grande qualité qui rend le récit fluide et très agréable à lire. L’avocate se livre sans détours, alterne les petites anecdotes parfois très drôles avec des pans de l’Histoire du XXème siècle qui nous rappellent les heures sombres de la décolonisation. On croise ainsi des personnages célèbres, Simone de Beauvoir et Sartre, Simone Veil, Edgar Faure et Jacques Chirac – certains sont légèrement égratignés, d’autres sont dépeints comme plutôt sympathiques malgré les divergences idéologiques.

Gisèle Halimi, une femme courageuse, sûre de ses combats et engagements, tiraillée entre sa vie de mère et sa passion de la justice. Une amoureuse aussi, une femme libre. Très attachante mais parfois agaçante, car elle ne lâche rien, prend des risques, en fait courir aux autres mais dont la ténacité a souvent permis que l’injustice soit réparée, le préjudice reconnu, la condamnation à mort évitée.

Les dernières pages sont particulièrement émouvantes et évocatrices pour chaque lecteur ayant des parents vieillissants.

Un très beau récit que je suis ravie d’avoir découvert.

Challenge MULTI-DEFIS 2021

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Avocate irrespectueuse

Voilà l'exemple du livre raté.

Un sujet en or avec un style emmerdant (qui est la réunion du mal de mer et du mal de dents).

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Une farouche liberté



Les entretiens menés par Annick Cojean sont toujours passionnants.

Cette journaliste de Le Monde a entrepris de mettre en lumière les femmes inspirantes à travers des chroniques riches d’enseignement.

Le parcours de Gisèle Halimi méritait bien un livre. Il se lit avec délectation. C’est une mise en bouche de qualité pour partir à la découverte des différents ouvrages écrits par Gisèle Halimi.



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