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Critiques de Göran Tunström (33)
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Partir en hiver. Inde-Népal

Avec Partir en hiver: Inde-Népal, récit (traduit par Marc de Gouvenain et Lena Grumbach) Goran Tunström (1930-2000)  tente d'écrire un Livre du Dehors, sorte de journal comme il l'explique, qui traduirait les observations, les impressions du moment comme les miroirs d'une époque avec ses bruits et ses conversations.



Ainsi un automne de la fin des années 70, alors qu'il se trouve sur l'île de Koster en Suède dans sa résidence secondaire, son génie créatif en mode pause, il ressent le besoin de se ressourcer: l'entreprise d'un nouveau voyage lui semble être le moment venu.



Il décide alors de partir pour l'Inde avec sa compagne, Lena Cronqvist et leur fils Linus, âgé de huit ans.



Traversant d'abord le Penjab (le pays des cinq fleuves) à vélo, ils y rencontrent un personnage qui leur ouvrira les portes de l'Inde: Harkisan Surjeet SINGH, vice-président de la Confédération paysanne indienne, membre du Parlement et du Bureau politique du communisme indien.



Après le Penjab, Delhi, le Népal, l'Inde du Sud et le Rajasthan et au gré des rencontres Göran Tunström cueille des tranches de vie et d'histoire indienne, agrémentées d'anecdotes de ces voyages antérieurs (Mexique, Maroc,...) et d'événements personnels passés alors que sa compagne Lena croque des portraits et des scènes de vie dans son carnet.



Il en résulte malgré une approche tiers-mondiste  du pays nous montrant l'engagement politique de l'auteur, de magnifiques tableaux de l'Inde rurale, empreint d'une prose poétique comparable à celle de son compatriote et contemporain Tomas Tranströmer (1931-2015) mais aussi un tour d'horizon des problèmes qui rongent la société indienne (conditions des femmes, de certaines castes, éducation...)



 Göran Tunström nous dévoile dans ce texte quelques secrets de son processus créatif et les sources de son inspiration : la nécessité de partir afin de constituer un stock d'impressions qui lui permettront au retour de redécouvrir ses paysages intimes et familiers qui avant le départ lui paraissent usés et, surtout, nourrir ses prochaines productions.

"Dans ce merveilleux livre d'André Breton qu'est Nadja - qui le lit encore aujourd'hui? - Il y avait cette phrase soulignée en rouge que je fis mienne quand j'étais au lycée: LA BEAUTE SERA CONVULSIVE OU NE SERA PAS. Il parlait de la Surprise, des Chocs comme condition de la création.

A lire pour retrouver ses yeux d'enfant et s'émerveiller devant le Vivant et devenir "Des observateurs de craquements".

"Pour pouvoir voir plus et mieux, il faut que je voie autre chose. Quand on exprime ce genre de pensées à haute voix, à quelqu'un avec qui on partage la vie, alors les paroles sont en fait celle-ci:"Je crois qu'on devrrait s'en aller quelque part cet hiver."



Une invitation que je vous recommande de suivre.

De mon côté, après la lecture de ce dépaysant et chaleureux récit, je vais continuer d'approfondir l'univers de cet auteur, notamment à travers l' un de ses plus célèbres romans, L'Oratorio de Noël.







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Le buveur de lune

Cela fait quelques mois que j'ai lu ‘Le buveur de lune', mais le souvenir de cette lecture ne m'a pas encore quitté.

Je pense que la construction de l'histoire ne peut pas convenir à tout le monde, mais cela ne m'a pas posé de problème à moi. ( c'est le principal ! )

J'ai aimé ce mélange de poésie et de fantastique, j'ai beaucoup ri avec les situations drôles.

La deuxième partie du livre est plus sombre, certes, mais elle fait réfléchir sur la justesse des propos philosophiques sur la vie, la solitude, la vieillesse...

Un très beau livre où la poésie emporte le lecteur vers les magnifiques paysages islandais de Göran Tunström.



La matinée est emplie de calme et de paix,

de la mer un doux vent frais se coule,

la vague converse avec le brise-boule

tous les bateaux ont quitté le quai...

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L'Oratorio de Noël

Victor Nordensson revient à son village natal de Sunne, en Suède, et s’arrête au cimetière. Là, il croise un vieil ami et les deux échanges quelques instants sur des connaissances communes. Un tel est mort, il est arrivé ceci et cela à tel autre, etc. J’ai beaucoup aimé ce début, cette façon de mettre en place des personnages qu’on rencontrera plus tard. Et cette ambiance, le cimetière, la neige. Malheureusement, tout ça pour rien. Très rapidement, on passe à d’autres personnages et ce va-et-vient constant m’a perdu. Je n’ai jamais eu le temps de m’accrocher, de m’intéresser à quelques uns que déjà on changeait, on passait d’une génération à l’autre. Et je n’ai pas compris pourquoi le livre s’intitulait L’oratorio de Noël. Je l’ai cherché longtemps, l’oratorio. Pendant un moment, où il était question du professeur de musique qui voulait organiser un concert, je me suis dit : « Ça y est ! » C’était un faux espoir parce que, somme toute, il n’est pas si important à l’intrigue.



Bref, beaucoup d’incompréhension. Pourtant, je suis un lecteur averti. Je suis passé à travers plusieurs sagas, fresques historiques, romans chorals. Mais j’aime bien que des liens assez ténus les recoupent. Ici, peu. Les liens entre les trois générations étaient minces. À plusieurs reprises, je suis retourné sur la quatrème de couverture pour relire le résumé, essayer de trouver un sens à cette histoire. En vain. Sans doute que je suis à blâmer en partie, peut-être que je n’étais pas dans le bon état d’esprit pour entamer cette lecture.



Selon moi, la disparition de Solveig méritait qu'on s'y attarde davantage. Aron Nordensson et son fils Sidner ont su m’émouvoir un peu – tous ces rêves, ces espoirs déçus. La correspondance du premier avec une néo-zélandaise m’a intrigué, le voyage là-bas du second m’a raccroché un peu, mais il était trop tard. Quant aux autres… ça grouillait trop, j’arrivais difficilement à les associer aux personnages importants. Le petit-fils Victor est presque absent. Et Tessa, Fanny, Torin et Selma Lagerlöf elle-même (je ne suis pas certain avoir apprécié), je ne savais plus quoi en faire. Aussi, mes difficultés à saisir l’intrigue principale m’ont empêché de jouir pleinement de l’écriture de Göran Tunström. On dit qu’on y retrouve lyrisme, poésie. Peut-être. Je devrai lire autre chose de cet auteur – je dois absolument donner une autre chance à un auteur aussi encensé – pour m’en faire une idée claire. J’espère ne pas subir une autre déception.
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Le buveur de lune

Lecture hallucinée il y a une dizaine d'années de ce roman atypique qui ne m'a laissée aucun souvenir de l'intrique elle-même mais, comme un parfum qui se prolonge dans ma mémoire, l'envie irrépressible d'y retourner.

Ce mélange d'authenticité et de fantaisie, ces petits détails tellement inutiles de ce quotidien qui fait de nous ce que nous sommes au travers desquels passent d'inextinguibles appels à la grandeur, à la transcendance, à la beauté, la postérité.

Profondément existentialiste, ce roman s'enrichit de multiples balades dans le comique, le rêve, l'absurde, la poésie, le tragique, l'exotisme… et tous les styles dont un écrivain est capable pour parler de lui et des siens.
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Le voleur de Bible

J’ai été tout d’abord envoûté par la couverture et le titre « le voleur de bible ».



Puis, j’ai eu des difficultés à lire ce livre. Un moment, je me suis arrêté et j’ai relu la quatrième de couverture pour comprendre et à la fin ceux-ci : « un voyage au cœur de l’absurdité et de la folie, portée par une inspiration splendide. »

Ce fut trop pour moi, j’ai lu la fin… Tout ça pour ça…

L’absurdité à l’état pur, ça m’apprendra à lire en biais le résumé… Je voulais être surprise, je fus écœuré… à la limite de la folie.



Bonne lecture !
Lien : https://angelscath.blogspot...
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L'Oratorio de Noël

Ca faisait bien une dizaine d'années, voire davantage, que ce livre était sur une de mes étagères et qu'il me défiait de sa tranche imposante quand mes yeux tombaient sur lui. A vrai dire, il ne s'agit pas seulement de l'Oratorio de Noël mais de quatre romans (dont l'Oratorio) de Göran Tunström, écrivain suédois, disparu le 5 février 2000 à l'âge de 62 ans, qu'Actes Sud a réuni en un seul volume de sa collection Thésaurus. J'avais lu de cet auteur "Le buveur de lune" et aussi "Un prosateur à New-York" que Nancy Huston avait traduit du suédois, et j'étais aller écouter NH parler de ce livre sur un salon. J'étais tombé sous le charme. Et je m'étais empressé d'acheter ce gros volume de près de 1000 pages qui depuis me narguait depuis son étagère.

Aujourd'hui, ça y est, j'ai terminé L'oratorio de Noël, le roman le plus connu de Göran Tunström, et je suis ravi de pouvoir partager ici mon enthousiasme, enfin de tenter de le partager.

Je ne recommanderai pas ce livre (quoique ...) aux personnes qui aiment être fermement guidées dans leurs lectures, celles qui n'aiment pas du tout les passages où ne sait pas encore qui parle, à quelle période de l'histoire on est, qui n'apprécient guère les mélanges des genres quand le réalisme du récit s'accommode parfois d'envolées poétiques, ou de caresses d'enfants quand le grotesque côtoie le féérique.

Car c'est tout cela qu'on peut trouver dans ce magnifique récit qui nous conte l'histoire d'une famille sur trois générations autour d'une petite ville, Sunne, non loin de la frontière norvégienne, d'où est originaire Tunström et où Selma Lagerlof, la grande écrivaine suédoise, a terminé sa vie, Selma Lagerlof qui est d'ailleurs un des personnages du livre. Mais le roman nous emmènera aussi à l'autre bout du monde, en Nouvelle-Zélande, terre de promesses.

Même si l'on peut sans doute trouver de nombreuses influences ou correspondances avec d'autres écrivains (j'ai pour ma part pensé à des écrivains aussi différents que Romain Gary, Jean Giono ou Pierre Loti) la voix de Göran Tunström est singulière, belle et dérangeante à la fois, se confrontant à une réalité du monde qui n'est pas souvent celle que l'on nous a peint dans notre enfance, mais qui comporte néanmoins de la poésie pour qui se donne la peine d'aller la chercher, jusqu'au bout du monde s'il le faut.
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Le voleur de Bible

Lire Le voleur de Bible n'a été qu'un bonheur absolu. Tant l'écriture de Goran Tunstrom traverse toutes les situations, tous les sentiments, toutes les émotions, les traverse et les embrasse, pour mieux nous les offrir. Magnifiquement.

Lire Le voleur de Bible n'a pas été une petite promenade. L'histoire est cruelle, d'un réalisme social incontournable, néanmoins empreinte d'une empathie, d'une compassion à la fois apaisante et à la fois dérangeante.

Lire le voleur de Bible, c'est se transporter, voyager, passer la ligne rouge ou verte, ou peu importe la couleur, c'est passer une ligne, aussi bien dans la littérature, que dans l'histoire.

Une lecture fabuleuse, et savourer la plume d'un écrivain absolument talentueux.



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L'Oratorio de Noël

Que dire de cette lecture, de ce livre ? Je me demande si ce n’est pas le premier roman d’Actes Sud que je me suis acheté… (ce serait vraiment chouette, n’est-ce pas, mais je ne peux le jurer). En tout cas, c’est mon premier de cet auteur, mon premier Suédois, et une lecture inoubliable.



Entrer dans l’univers de Göran Tunström, c’est entrer dans le pays de l’enfance blessée, des rêves inguérissables, en compagnie de personnages qui ont bien du mal à se débrouiller avec la réalité.



C’est accepter de plonger dans une histoire qui nous mènera aux confins de la folie.



C’est assister, impuissant, à la mort de Solveig, et ressentir la douleur indicible de la perte d’Aron et de Sidner.



C’est croiser une galerie de personnages secondaires savoureux, et Selma Lagerlöf en personne, qui est sans doute une des inspiratrices de Göran Tunström.



C’est vivre à Sunne, petite ville suédoise inscrite au coeur de l’auteur depuis son enfance, mais aussi aspirer aux antipodes et à la Nouvelle-Zélande, autre pays où les rêves se construisent, se brisent et ressuscitent.



C’est avoir envie d’écouter en toile de fond l’oeuvre qui donne son ttire au livre et se laisser porter par la force, l’équilibre, l’harmonie, la foi de la musique de Bach. Et comprendre à quel point celle-ci reste un point d’ancrage pour ces personnages à la dérive.



Lire L’Oratorio de Noël, c’est se laisser toucher par la grâce des notes et des mots au gré d’une écriture musicale, poétique, qui laisse place à tous les sens, à l’essence des sentiments, des émotions.



C’est remercier une fois de plus l’écrivain parti bien trop tôt, l’éditeur qui a été attentif au coup de coeur d’une Suédoise dans un avion, les traducteurs (Marc de Gouvenain et Lena Grumbach) qui ont réussi un texte français somptueux. J’espère que les deux premiers se sont retrouvés au paradis des lettres…
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Les Saints Géographes

Je ne sais vraiment pas quoi penser de ce livre. L’histoire est intéressante, on s’attache à Paula et à son mari, Hans-Christian et à tout le petit monde qui gravite autour d'eux. Cependant, l'atmosphère est très pesante, il y a beaucoup de solitude dans cette histoire, et les femmes sont vraiment très seules. Comment ne pas devenir folle, lors de la mise au monde de son premier enfant ? Mais, l’histoire m'a semblé un peu décousue par moment et il y a des passages que je n’ai pas vraiment compris.

A vous de vous faire votre idée.

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L'Oratorio de Noël

Fils de pasteur, Göran Tunström est né en 1937 en Suède dans le Värmland, dont sont originaires ses personnages. Il est mort à Stockholm en l’an 2000. Ce roman L’Oratorio de Noël est paru en 1983.

Débuts du XXe siècle, Solveig et Aron ont deux enfants, Sidner le fils et Eve-Liisa la fille. Aron est radioamateur et Solveig chante à l’église, jusqu’au drame quand elle se fait piétiner à mort par un troupeau de vaches. La saga va alors commencer et Göran Tunström tisse une fresque magistrale qui s’étend sur trois générations, d’Aron le père à Victor le fils de Sidner, de la Suède à la Nouvelle–Zélande, les deux extrémités du monde.

Formidablement bien construit ce roman nous entraîne au cœur de l’humain, la vie et la mort, la folie et l’amour. Les personnages se croisent, se quittent, reviennent au fil des chapitres et le lecteur doit s’appliquer pour suivre les évènements et les faits qui se succèdent, parfois éloignés semble-t-il de notre sujet mais tout se tient en réalité et l’auteur dirige son théâtre de marionnettes avec maestria.

Impossible de tout résumer, mais l’idylle qui va se nouer entre Aron devenu veuf et Tessa une jeune femme vivant en Nouvelle-Zélande rencontrée par le biais de son poste émetteur est un des points forts du livre. Tunström décrit à merveille la solitude affective de Tessa, prisonnière des rigidités de son époque et d’un frère trop possessif, qui pensera s’évader grâce à la correspondance secrète échangée avec Aron, lequel se risquera à partir vers ce pays lointain pour y refaire sa vie, mais… dans une saga rien n’est jamais simple, ni acquis. Je ne peux en dire plus sans vous gâcher le plaisir de la lecture, mais sachez que Sidner lui aussi partira beaucoup plus tard en terres australes, pour un pèlerinage de mémoire.

Il faudrait aussi que j’évoque Splendid fils de cul-de-jatte, le copain déluré de Sidner quand il était gamin ou bien Selma la poétesse et surtout Fanny qui deviendra la mère de leur fils Victor. Il y a encore la folie de certains des acteurs, les attentes et les espoirs déçus, Torin l’oncle rouquin de Sidner qui rame dans ce monde qui lui est étranger. Vous le voyez, ça foisonne, ça grouille, ça part dans tous les sens de prime abord, mais tout est sous contrôle de l’auteur.

Quand la partition de cet Oratorio de Noël s’achève, une œuvre de J.S Bach, vous êtes groggy, sonné par ce texte riche et plein de vie mais attention « la vie, on l’a compris, est épouvantable, mais ce n’est pas une raison pour mourir. »

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L'Oratorio de Noël

Une lecture âpre, compliquée, parfois décourageante, souvent exigeante. J'ai dû entrer dans un univers particulier, difficile, aux portes de la folie, sur le chemin avancé de l'irrationnel. Je me suis arrêtée plusieurs fois dans ma lecture, tant une pause me semblait nécessaire.

On part de Solveig, une jeune femme apparemment et sans doute sublime, musicienne, sensible, mère magnifique, épouse comblée et merveilleuse. Une photographie dans la nature suédoise, je dirais des alpages, soleil, tout une image un peu sublimée du bonheur familial. Et patatras. Tout s'écroule. Le roman sera donc les récits des survivants de cette tragédie. Ils survivent très très mal. Certains deviennent fous, d'autres délinquants, certains suicidaires, etc... Mais il y a en fonds, une ardeur pour l'amour, ardeur souvent éteinte par des égoïsmes, des poids sociaux, des contraintes religieuses et le passé.

C'est aussi l'histoire du passé qui pèse, pèse et entrave, limite, culpabilise. Et on aura beau tenter de tricoter, le passé revient violemment. C'est donc un roman qui commence dans la lumière et qui va peu à peu mais assez rapidement dans le noir, l'obscurité, le sombre, de désespoir, la solitude.

Une lecture difficile. Il faut s'y accrocher.
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Le buveur de lune

2e roman que je lis de Göran Tunström, pas le dernier, Le buveur de lune a tenu les promesses d’un titre si poétique. Édité 13 ans après L’oratorio de Noël, j’y retrouve la même virtuosité narrative, quelques éléments passionnels tel que la présence de la musique classique, et une figure paternelle forte. Mais en plus, il y a une forme de fantaisie, de décalage onirique tout à fait plaisant.



Voila le visage d’une Islande très rafraichissante que Göran Tunström nous livre. J’ai aimé cet atmosphère à la limite de la rêverie, ses personnages sortis de fantasme, de liberté. Nul doute que vous n’imagines pas comment est la politique islandaise dans Le buveur de lune. Un régal dans lequel un ballon peut prendre une dimension surréaliste.



J’ai été déçu par L’oratorio de Noël et de sa seconde partie sans intérêt. Ici, Göran Tunström corrige cet écueil en concentrant son récit autour d’une même trame.

La suite sur le blog…
Lien : http://livrepoche.fr/le-buve..
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Les Saints Géographes

Pirée, au tournant des années 60, le narrateur dans la vingtaine est en escale de sa vie, pimentée par quelques abus d’alcool, dans une attente d’une ouverture du destin sur le port et d’ouvrir enfin les serrures des portes condamnées de sa mémoire. Une opportunité s’offre de partir en Egypte à Alexandrie où il peut enfin se remémorer son passé, son père, sa mère et leur arrivée à Sunne, petite ville tranquille de Suède à proximité de la Norvège. La quiétude est à peine bousculer par le bruit des bottes qui résonne dans la Norvège nazie de Quisling. La ville tente de sortir de son apathie par la création d’un club de géographie, regroupant des individus hauts en couleur comme le boucher dégoûté du sang, l’évangéliste à tendance nazie, l’officier en retraite grand buveur et amateur de femme.

Mais le livre s’attache avant tout sur le père Carl-Christian, pasteur doux et faible qui s’investit dans ce club de géographie, et Paula la mère au psychisme fragile et à un atavisme insulaire lourd de silence et d’absence.

Tunström donne toute sa profondeur à ses personnages, en attente ou en escale, qui tissent chacun à leur manière des fils qui semblent se relier à la manière des longitudes avec les latitudes pour former une carte des sentiments. A la suite de Vesaas, une lecture indéniablement scandinave dans ses rapports à l’humain et à la nature !

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Le buveur de lune

Dans le grand village de glace et de feu qu'est l'Islande, Pétur, devenu adulte, revient sur les traces de sa jeunesse avec des yeux d'enfant.

Pétur est le fils d'Halldor, père fabuleux, buveur de lait de lune, et ersatz de mère. Il a grandi au 12, traverse des Poètes, où se rencontrent le gouvernement islandais pour jouer au Scrabble, ainsi que l'imaginaire et la réalité quotidienne.

Comment un évènement majeur pour un adolescent va orienter sa vie : son ballon de foot de l'indépendance atterrit chez l'ambassadeur de France qui ne voudra jamais le rendre.

Ce roman drôle et nostalgique par moment, montre la relation père-fils quasi fusionnelle qui se construit pendant l'enfance et l'adolescence, s'étiole à l'âge adulte et se renoue avec émancipation et tendresse à l'approche de la mort d'Halldor.

Il s'agit d'un hymne à la liberté et au droit au surnaturel dans un monde très rationnel !


Lien : https://boulimielitteraire.w..
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L'Oratorio de Noël

On retrouve dans celui-ci le même foisonnement de personnages que dans les autres ; à ceci près que tous les personnages sont reliés par les liens du sang et que le temps du récit est assez long pour faire se succéder trois générations de Nordensson.



Tout commence par un drame : Solveig meurt, écrasée par un troupeau de vaches. Son fils, Sidner, portera la culpabilité de l’accident tout au long de sa vie : son geste (il a poussé le vélo de sa mère, juste avant qu’elle n’atterrisse dans les vaches) le poursuivra dans sa vie, ses rêves, empiètera sur ses actes, déterminera même le tracé de sa vie. De la même façon, son père ne se remettra jamais de la mort de sa femme : il ne cessera de la chercher, allant même, lors de sa correspondance avec une australienne, jusqu’à s’imaginer qu’elle a fait croire à sa mort et qu’elle a pris les traits d’une autre. Ce n’est que quand il entreprend son voyage pour aller la rejoindre en Australie qu’il se rendra enfin compte qu’elle est morte. Insoutenable, cette révélation le poussera à se suicider en se jetant dans l’eau. Seule sa fille, Eva-Liisa, semble s’être remise de la mort de sa mère (elle était encore jeune quand c’est arrivé).



Le roman est surtout centré sur Sidner : son enfance (le drame, le déménagement, la ville, son ami, la vie à l’hôtel où son père travaillait…) puis ses premiers émois amoureux (sexuels devrait-on plutôt dire !) et le voilà catapulté père sans qu’il s’y attende (Fanny, déçue par un homme qu’elle avait idéalisé complètement vu que c’était un homme public et qu’elle ne le connaissait pas, fait l’amour à Sidner : il résultera de cette brève union un fils, sur lequel Sidner malgré son bon vouloir n’a aucun droit mais auprès duquel il finit par trouver sa place). Pour finir, Sidner se rend en Australie pour rendre à l’ancienne amoureuse de son père un bijou (ici symbolique de « si je te rends ce bijou, alors tu pourras aimer à nouveau »). Au-delà de cette trame, on a les tribulations du frère de Solveig avec un enfant qu’il croit être le sien mais qui ne l’est pas, et en cinquième partie le livre « les caresses » censé être écrit par Sidner à l’intention de son fils (partie que j’ai trouvée absolument inintéressante…ben oui !).



En trame de fond Bach et son oratorio de Noel, le roman semble suivre la structure musicale de l’oratorio et nous explique sa création. Cet oratorio qui aurait dû être chanté à Sunne par Solveig et sa chorale ne le sera pas puisque Solveig est morte ; il revient régulièrement tout au long du roman puis un nouveau projet de le monter voit le jour (on ne le verra pas se concrétiser, le roman s’arrête (ou commence) au moment où ça va se faire : la boucle est bouclée.



Intéressant : la perception du temps dans le roman. A l’image de cette citation, quand Sidner entre dans une boutique d’un opticien-horloger, et qu’il se retrouve face à plein de pendules qui indiquent toutes une heure différente : « Elles tictaquaient inlassablement, chacune dans son temps, sans se soucier l’une de l’autre. Aucune n’était fausse, aucune n’était juste, il n’y avait ni avant ni après. Toutes n’étaient préoccupées que d’elles- mêmes et de leur propre mécanisme.» Le temps est comme arrêté sur certains événements (mort de Solveig) qui se répètent inlassablement dans les esprits et les cœurs, d’autre fois il file aussi vite que le vent ou s’étire, mais toujours par couches successives, en même temps, les temps se superposent comme autant de strates de vies possibles d’un même individu.



Pas aussi bien que le livre d’or des gens de Sunne, mais quand même…y’a encore un paquet de bonnes choses là-dedans !
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Le livre d'or des gens de Sunne

(1)



je vais faire court : je l'ai lu, je suis restée scotchée, pour me remettre j'ai lu Chagrin d'école, et maintenant je le relis histoire d'être sûre. Un tel choc littéraire, cela faisait des siècles que ça ne m'était pas arrivé!!! Donc j'y reviendrai, après avoir "dormi dessus". Incroyable.
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L'Oratorio de Noël

C'est le deuxième que je lis de cet écrivain Suédois .( Le buveur de lune il y a quelques années )

Et toujours un peu partagée dans mon appréciation .

Trop de lyrisme nuit à la profondeur .

C'est une écriture enjôleuse , mais je me dégage vite du charme des mots caresses .

Mais oui quelle écriture .Et superbe traduction .

C'est somptueusement sombre avec de souples mouvements de houle d'un onirisme aussi délicat que puissant , ça transpire de déchirures mal reprisées qui suintent la douleur transgénérationnelle , et de celà naît la lumière à travers l'art .

Je recommande pour ceux qui rechercheraient une sorte de trêve avec le réel : On flirte avec "la folie" , les sentiers sont non-balisés , et malgré un fil directeur lié à un traumatisme familial , la douleur transmise , portée par trois générations , se déploiera avec grâce et élévation de l'âme à travers des chemins de traverses , l'amour et la fibre artistique .
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Le livre d'or des gens de Sunne

(2)



Le narrateur, Stellan, présente son livre comme un ouvrage devant retracer la vie des gens célèbres venus à Sunne, une petite ville de Suède.





En vérité c’est sa propre histoire qu’il retrace, et les gens célèbres dont il parle ne sont « célèbres » que localement. Cette galerie de personnages forme un entrelacs indissociable de sa propre vie, une trame complexe, d’autant plus que toutes ces vies sont mêlées si étroitement qu’elles se confondent dans le récit, passant de l’une à l’autre au gré des évènements (voilà pourquoi il m’a fallu deux lectures pour en venir à bout).





Les personnages sont : Stellan, le narrateur



Harald Philgren, le peintre raté



Isabelle, la femme du peintre



Cederblom, le pasteur



Ed Oldin, l’astronaute





Rien que dans le choix des personnages, nous avons déjà 4 portes d’accès à l’ « éternité » si j’ose dire : par l’art, par Dieu, par la célébrité aussi bien que par le fait d’avoir tutoyé l’infini (Ed a été le 1er homme à avoir posé le pied sur la lune), et enfin avec Isabelle, par la pureté de son amour.





Stellan écrit ce livre alors qu’atteint par le cancer, il ne lui reste plus que quelques mois à vivre. Ecrire ce livre est une façon pour lui de purger ses fautes et de chercher le pardon auprès d’Isabelle. En écrivant ce livre, il devient Quelqu’un, alors que toute sa vie il n’a été personne, s’adaptant au bon vouloir et au regard des autres, cherchant la connaissance dans les mots de Cederblom, l’amour dans le cœur d’Isabelle, et luttant sans cesse avec une violence sous jacente venue de son enfance. Cette dernière tâche le réalise donc, même si c’est dans la souffrance ; cela lui permet d’inclure des extraits du journal intime de Cederblom, de retranscrire le sermon d’Ed à la paroisse ou les histoires racontées par les autres personnages : une foule de narrations différentes qui permettent au lecteur à la fois de partager le point de vue des autres personnages mais de lire d’autres styles d’écrits (le journal intime de Cederblom étant écrit de façon très différente -poétique- que le passage où Isabelle retrouve Ed – on se croirait dans Clair de Femme !!!- etc.





Les histoires :



● Harald Philgren : passe son enfance avec une mère qui n’a pas voulu de lui, et sa grand-mère. Sa mère reste cloîtrée sans sortir de chez elle, s’ensuit une peur « des Autres », du monde extérieur. Sa grand-mère meurt, sa mère achève de sombrer dans la folie, c’est Harald qui doit s’occuper d’elle et la rupture se fait progressivement. A l’armée, il fait la connaissance de « la Pieuvre » qui lui donne ses premiers cours d’art : « Il s’agit d’apprendre à voir. On croit voir en regardant, mais ça ne suffit pas, on doit apprendre à regarder de l’autre côté d’un angle, à travers… » « Les motifs ! Mais ce n’est pas de ça dont il s’agit. On peut choisir n’importe quoi, même une carotte. Les motifs n’ont aucune importance, je dirais même qu’ils forment obstacle. »



A la suite de ça Harald va en école d’art : là il prend conscience qu’un seul tableau le poursuit, une seule œuvre. Un jour, dans son enfance, il est parti Dehors (là où il n’avait pas le droit d’aller, là où sont « les Autres ») il a cueilli des tulipes : c’était pour sa mère, c’était la chance qu’elle le reconnaisse, qu’elle ait pour lui un Regard, mais elle a fait tout l’inverse et l’a vite ramené à l’intérieur. Conclusion Harald était rejeté de toute part : des autres parce qu’il ne pouvait pas y aller, de sa mère qui ne voulait pas de lui… Cause du mal-être profond et inéluctable du peintre en devenir : mal à l’intérieur comme à l’extérieur, rejetant les autres qui avaient rejeté sa mère (à cause de cette grossesse pas « dans la norme »), se rejetant lui parce que n’ayant pas d’existence fondée… Donc le seul tableau qui l’obsède ce sont ces tulipes rouges, traumatisme de son enfance et clé de sa personnalité.



Quand il rentre de l’école d’art, il trouve sa mère mal en point, soignée par Isabelle, une infirmière. Il lui présente son œuvre, cherchant la reconnaissance, cherchant peut être à reconquérir le passé en lui représentant ces tulipes, pour se dessiner un nouvel avenir, pouvoir enfin s’écrire une vie !!! mais sa mère traite sa toile de croûte et s’en moque, il décide alors de la tuer, s’empare d’un couteau, mais lorsqu’il se décide sa mère est déjà morte, naturellement. (même ça elle ne lui en laissera pas la liberté de choix). Il s’enfuit en ne sachant plus s’il l’a vraiment tuée ou non et erre pendant des mois. Il est recueilli par un homme, perd l’usage de la parole, se remet à peindre, le vieux devient comme son père : quand il meurt Harald retrouve les mots, ou plutôt le cri. Il repart chez lui, retrouve Isabelle, ils se marient. Cet amour le rend quelques temps heureux, mais il découvre quelques mois plus tard qu’en fait Isabelle avait promis à sa mère de s’occuper de lui : « être celui dont on s’occupe » anéantit à la fois son amour et sa joie de vivre, il se sent trahi et manipulé, dépourvu de toute liberté. Il restera pour toujours celui qui est « en bas », enfermé dans un cercle et condamné à ne jamais en sortir, celui du regard des autres et surtout le sien sur lui-même, le regard de sa mère morte qui a toujours semblé juger sa vie comme celle d’un raté et qui même après la mort en décide et en dessine les contours et les reliefs. D’autre part, il s’aperçoit des années après que c’est sa femme qui retouche ses tableaux et parvient à les vendre, sans elle ce ne seraient que des œuvres minables, il finit par l’accepter et même par aimer ce travail d’équipe. Isabelle st celle qui fait prendre à son art une dimension réelle (qui transforme des toiles en art). Isabelle, elle, est celle qui grimpe, qui monte, qui est attirée par la lumière et les cieux (symboliquement parlant) : pour preuve le passage où elle grimpe à l’échelle pour réparer les tuiles, pendant qu’Harald, en proie au vertige, reste en bas : symboliquement il est celui qui tombe, qui regarde toujours vers le bas, sans lutter pour ne pas chuter. C’est la parfaite métaphore du couple où l’une tire toujours l’autre vers le haut, l’une voudrait s’élever toujours plus haut mais l’autre la force à rester à terre. On ne saura pas pourquoi Isabelle a épousé Harald, mais l’été de ses 15 ans elle est tombée amoureuse d’Ed et n’a jamais oublié cet amour (et vice-versa). Il y a un parallèle métaphorique à faire entre le fait d’aimer un aviateur –et plus tard, astronaute- puis d’épouser un artiste (suite à la promesse faite à une morte) ? C’est finalement dans le ciel qu’ils se perdront, après le sermon d’Ed, ils s’écraseront en plein vol et Harald se suicidera la même journée.





● Ed Oldin : enfance difficile là aussi, père aviateur qui trompe allègrement sa femme et finit par la quitter, donc mère très malheureuse, qui fait promettre à son fils de l’enterrer à un endroit où elle peut être heureuse. Il mettra donc la moitié de ses cendres sur la lune, là où il n’y a ni saison ni temps qui passe, rien… et l’autre moitié à Sunne (c’est pour cette raison-là qu’il y revient) parce qu’il y a été heureux le temps d’un été, quand il était amoureux d’Isabelle, surnommée Blondie. Il débarque bourré le jour de la fête pour les 50 ans d’Harald, dans un état lamentable si bien que personne ne le reconnaît. Stellan trouve son portefeuille, et comme il collectionne les autographes des gens célèbres il se met à le rechercher, retrouve l’homme ivre mort, le ramène et l’enferme dans une grange pour l’interviewer (il veut le garder juste pour lui). En fait, ils se sont connus enfants, c’est même grâce à Stellan et à son ami Torin qu’Ed a commencé à voler et à y prendre goût. Américain d’origine, il reproduit adulte le schéma parental (trompe sa femme), il a l’impression d’avoir raté sa vie, d’être transparent, et depuis qu’il est rentré de la lune toutes chose a perdu son relief, il n’arrive pas à reprendre pied dans son monde. Pendant qu’il est dans la grange, il raconte sa vie à Stellan entre deux cuites, et face à la demande de Cederblom qu’il fasse le sermon du dimanche, il demande une fille en échange. Le hasard veut qu’il prenne Anita (l’ex-femme de Stellan) pour la prostituée en question, il couche avec, puis tombe dans les escaliers et se retouve à l’hôpital, soigné par…Isabelle. Ils se reconnaissent, lui avoue le naufrage de sa vie, elle ses reproches car il l’a abandonnée (son père est venu l’enlever à Isa le jour où ils devaient faire l’amour). On devine que quelque chose brûle encore même si Isabelle orgueilleuse ne veut rien en laisser paraître. Le jour du sermon, à la fin du livre, ils partiront ensemble…





● Cederblom : pasteur, marié à Ingrid, papa de sarah. Passionné par les livres, il est avide de connaissances et a un certain pouvoir avec les mots (qui prennent toujours avec lui un autre sens qu’avec le commun des gens, selon Stellan). Il tient un journal intime qui tombera entre les mains de Stellan (c’est comme cela que nous lecteur, aurons des lambeaux de son histoire). Avec sa femme c’est l’indifférence depuis des années (s’ils se sont aimés un jour). Il apprend que sa femme est tombée amoureuse (maladivement) d’un archévèque et qu’elle a tout un jardin secret et une vie qu’il ne connaît pas. Pour sa part, le jour de la fête pour ses 60 ans, il rencontre Lena Vergelius, psychologue, s’ensuit une liaison éperdue jusqu’à ce qu’elle le quitte, il en gardera la cicatrice à jamais.





● Stellan : épicier. Il se marie avec Anita mais sans vraiment l’aimer. La vérité c’estq u’ils finissent pas ne plus pouvoir se supporter et Stellan la frappe. A la suite de ça il est condamné à suivre une psychothérapie avec Lena. Quand on lit le livre on a tendance à se dire « pauvre Stellan ! » il passe un peu pour la victime, l’homme bon et gentil mais simplet et naîf dont les autres profitent. En refermant et en réfléchissant, on s’aperçoit que sa vie est traversée de crises de violence, avec là encore, un traumatisme de l’enfance en regard : son père, alcoolique, s’est fait poignarder le jour des 4 ans de Stellan, alors qu’il était avec lui. Depuis Stellan ne supporte pas l’alcool. Il ne supporte pas non plus l’émotion que lui procure le sexe (vue de magazines pornos par exemple) et a beaucoup de mal à accepter sa sexualité de façon générale (inexistante avec Anita, et rien ensuite) et ses fantasmes (notamment avec Isabelle). Il aura au fil du roman plusieurs crises de violence (qu’il tentera plus ou moins de cacher) : contre Anita, contre Ed quand il s’aperçoit qu’il couche avec Anita (Ed lui a pris quelque chose que lui-même n’a jamais réussi à avoir, à savoir donner du plaisir à Anita), contre Isabelle quand il apprend pour leur amour à Ed et à elle, (Ed lui aura donc pris les deux seules choses qui comptaient pour Stellan), ce qui finira par un drame puisqu’il sabote l’avion que prendront Ed et Isabelle après le sermon, ce qui conduira à la mort d’Ed, à la presque mort d’Isabelle (elle finira légume), et par extension au suicide de Harald quand il apprend pour l’accident d’avion. Stellan est tombé amoureux d’Isabelle au premier regard, quand elle est venue s’installer à côté de chez lui avec Harald. Il a toujours espéré, considérant au fond de lui-même Harald comme un pas grand-chose, mais n’a jamais osé lui avouer jusqu’à ce jour où elle lui raconte pour Ed et elle : alors il lui hurle son amour, ses attentes, et finit par lui intimer d’aller vivre avec Ed, pour qu’au moins l’une soit heureuse (est-ce à cause de ça qu’elle est partie avec Ed le dernier jour ?)





Le livre finit donc ainsi : Ed fait son sermon à la paroisse, un sermon sur Dieu et l’espace, un sermon de « non-croyant » ; il doit enterrer la deuxième moitié des cendres de sa mère à la suite de ce sermon, sachant qu’il est pourchassé par des américains qui veulent le ramener. C’est aussi le jour du premier vernissage d’Harald, pour la première fois, Stellan voit Isabelle et Harald différemment, heureux (mais pourquoi ? Parce qu’Harald sait qu’Isabelle va partir et qu’il est heureux pour elle en même temps que sa carrière décolle ? ou au contraire ne se doute-t-il de rien ? Parce qu’Isabelle va partir avec Ed et que c’est sa façon de faire ses adieux à son mari ? Ou bien ne sait-elle pas encore qu’elle va partir avec Ed ?), puis Harald s’en va à son vernissage, Isabelle va communier avec Ed et ils disparaissent (ensuite on entend l’avion s’écraser).





Stellan est donc au chevet d’Isabelle, des semaines, des mois, des années ? plus tard, attendant la mort et implorant son pardon en lui lisant son récit.
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Le buveur de lune



«Le Buveur de lune». Drôle de titre!

La lune est mon astre, j’aime la contempler pleine, je m’imagine y accrochant une balançoire ou me calfeutrant dans sa lumière argentée, mais la boire?!



«Halldór», père fantasque et tendre, élève seul son fils. «Pétur» a toujours refusé de se faire garder, il se faisait une fierté de rester sagement assis seul, immobile, en attendant le retour de son père. «Papa est ma mère», dit-il.

Dans la maison située rue de «La Traverse des poètes», pendant que le père et ses amis jouaient du «Haydn» et du «Bartók», le petit garçon ouvrait les fenêtres pour laisser la musique se déverser dans la rue.

Puis le temps passe. Le père en fait le constat dans ses lettres qui concentrent toute la poésie du roman. Des lettres pour dire la perte des mots et l’absence qui l’engloutit. Des lettres que le fils n’ouvrent pas.



«Le Buveur de lune» est un roman enduit de ces silences que le flot de paroles échoue à tapisser. Les personnages échappent à eux-mêmes et à nous pendant que la déliquescence ressemble à un brouillard qui enveloppe tout dans une solitude poignante. Et pourtant, «si tu n’as pas de goût pour la vie, mets-la en jeu et tu retrouveras le goût de vivre», disait «Halldór» citant «Nietzsche».



Les belles phrases, le style fluide et le personnage du père n’ont pas suffi pour m’attacher à ce roman, sa symbolique, si tant est qu’il en ait une, m’a échappé.

J’ai succombé au charme du titre mais je n’ai pas décroché la lune.

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L'Oratorio de Noël

C’est avec ce roman considéré comme son chef d'œuvre que l’auteur suédois Göran Tunström se fait connaître.



Solveig, alors qu’elle se rendait à l’église pour répéter l'Oratorio de Bach, se fait piétiner à mort par ses vaches. Suite à cet événement, son mari Aron Nordensson et leurs deux enfants quittent la ferme pour vivre dans la ville de Sunne. Aron sombrera dans la dépression mais trouvera réconfort dans une correspondance avec Tessa une femme de Nouvelle-Zélande. Son fils Sidner, devient ami avec Splendid, jeune garçon déluré, fils d’un ancien boulet de canon vivant. Sidner aura un fils, Victor, avec la belle Fanny. C’est une histoire d’amour, de mort, d’espoir sur trois générations. Une grande saga familiale d’un peu plus de 500 pages.



Il faut être très attentif car le va et vient entre le passé, le présent et les différents personnages peut être déroutant. Une histoire auquelle je ne m'attendais pas et que j'ai apprivoisé peu à peu. Et attention, il n’y a de Noël que le titre.

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