Citations de Greg Iles (128)
Essayer de duper ma mère est un défi comparable à celui de faire voler un 747 sous les radars côtiers du Commandement de la défense spatiale d'Amérique du Nord. ( p 72 )
Le chagrin est l'émotion la plus solitaire qui soit : il fait de chacun de nous une île.
Certains pensent que le suicide assisté est justifié dans certaines circonstances ; d'autres pensent que, dans tous les cas, il s'agit purement et simplement d'un meurtre.
Ce qui nous définit, c'est la façon dont nous réagissons.
Les tempêtes viendront toujours et les hommes feront toujours mal dans l'ombre d'un autre mot.
Et j'ai appris il y a bien longtemps que si on attend de la justice dans ce monde, il se peut qu'on l'attende encore dans la tombe.
L'homme est conçu dans le péché et naît dans la corruption, et il ne fait que passer de la puanteur des langes à la pestilence du linceul.
Le passé ne meurt jamais ; il n'est même pas passé. S'il l'était, il n'y aurait ni peine ni regret.
Les corniauds ne veulent pas non plus faire de mal, mais ils couvrent ta chienne de concours s'ils peuvent l'approcher.
Aucun homme dans le tort ne peut résister à celui qui, dans le droit, s'en prend à lui sans relâche.
Elle n'est que de quatre ans l'aînée de ma mère, mais elle a payé le prix de son alcoolisme et d'une vie agitée. Une de mes amies de Natchez a écrit un ouvrage sur sa propre famille. Elle y dit : « Les belles femmes sont pareilles à des maisons hantées». Cette phrase me revient quand je vois tante Ann. C'était toujours elle que les garçons voulaient raccompagner. Son visage offre cette beauté aux proportions classiques si prisée dans les petites villes, mais sa beauté semble lui avoir causé plus d'ennuis que de bonheur, et à cinquante ans, elle a presque disparu. A présent, la peau des joues pend un peu sur la fine ossature jadis tant enviée, comme les voiles en lambeaux aux mâts d'un vaisseau jadis glorieux. En regardant l'entrelacs des veinules sur son visage, j'effleure le mien du bout des doigts, avec la certitude qu'un jour mon alcoolisme caché exigera le même prix.
La plupart des membres du Poker Club présents ce soir gravitent autour de la tente de Cash, même si je repère deux ou trois des plus anciens qui font la cour à son octogénaire de fondateur, Claude Buckman.
- Salut, La Buse, me lance Paul Matheson quand j’approche de la tente. Quoi de neuf, vieux ?
Avec son petit mètre quatre-vingts, Paul est une version quelque peu réduite de son père. Blond, sociable, toujours musclé à quarante-sept ans. Il n’existe personne sur terre avec qui j’ai une histoire aussi complexe.
- Va, m’a dit Adam avec un calme qui me hante aujourd’hui encore.
Puis, avec un sourire triste, il a glissé sous la surface.
Pendant une fraction de seconde qui restera pour moi éternelle, j’ai fixé du regard l’endroit où mon frère s’était trouvé. Ensuite mon cerveau reptilien a pris le contrôle de mon corps. Libéré du poids d’Adam, j’ai fendu l’eau avec la sensation de voler. L’avant de la barge est retombé si près de mes pieds que le remous m’a soulevé tel un surfeur qui accroche une vague. Le courant vicieux provoqué par le reflux a empoigné le bas de mon corps et m’a tiré de nouveau vers la coque d’acier, mais la terreur a dû m’accorder une force surhumaine car j’ai réussi à me dégager.
- Que cette ville soit maudite, grince-t-elle sauvagement. S’il fallait qu’ils tuent mon mari pour avoir leur papeterie, Bienville ne mérite pas de survivre.
On y vient.
- Il faut que tu appelles Jet Matheson, ajoute-t-elle. C’est la seule personne qui a suffisamment de cran pour s’opposer au Poker Club. Non pas que tu n’aies pas réagi, toi aussi. Je veux dire, tu as publié des articles, tout ça. Mais le propre beau-père de Jet est membre du club, et pourtant il y en a un ou deux d’entre eux qu’elle ne lâche pas, un vrai pitbull. Elle a traîné le Dr Warren Lacey devant les tribunaux, et il s’en est fallu de peu qu’elle le fasse interdire d’exercice.
Je suis revenu à la maison à cause d’une femme.
Quand je suis parti, ce n’était qu’une gamine, et moi un garçon déboussolé. Mais l’existence a eu beau s’échiner pour extirper toute douceur en moi et m’enfermer dans la carapace rugueuse du cynisme, une chose pure est demeurée vivace et vraie : la fille mi-jordanienne, mi-mississipienne qui m’avait dévoilé les joies secrètes de la vie. Elle a laissé une empreinte si tenace et forte dans mon âme qu’aucune autre femme n’a jamais pu se mesurer à elle. Vingt-huit ans de séparation ont échoué à éteindre mon désir de me retrouver auprès d’elle.
Lorsque nous sommes confrontés aux choix critiques de notre vie, nous agissons rarement avec logique.
Mais Quentin avait de toute évidence une raison de venir aujourd’hui, et je suis tout à fait certain d’être cette raison.
Manœuvrant avec expertise la manette de son fauteuil roulant, il avance tout en m’adressant un sourire affectueux jusqu’à se trouver à quelques centimètres de ma chaise. Sa chevelure blanche et dense afro et sa peau suffisamment claire pour qu’on y discerne des taches de rousseur donnent à son visage un air amical, ses yeux verts étincellent. Mais j’ai déjà vu ces yeux s’embraser de colère et se glacer jusqu’à devenir opaques. La voix est habituellement traînante et douce, mais cet homme a plaidé dans des affaires qui ont fait date devant la Cour suprême et, dans de tels décors, il est capable de s’exprimer d’une voix de basse tonitruante digne de celle, divine, du Buisson ardent, et qui fait trembler les juges dans leur fauteuil.
“Tu as quelque chose à me dire ?” j’ai demandé en cherchant, comme toujours en sa présence, des signes du visage de mon père sur le sien – ou même des traces du mien. Je n’en ai vu aucun et, une fois encore, je n’en suis pas revenu qu’il soit aussi noir. Si je l’avais croisé dans la rue, je n’aurais jamais soupçonné qu’il possédait une forte proportion de sang caucasien. Mais mon scepticisme était vain : un test ADN avait livré la preuve irréfutable de la paternité de mon père.
C’est pourquoi nous vivons avec au moins un garde du corps – et parfois trois – à quelques mètres de moi, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Aujourd’hui, pour notre aller-retour hebdomadaire à la prison de Pollock, nous n’avons eu que Tim, un ancien de la SEAL qui vient du Tennessee. Tim est un peu devenu l’oncle préféré d’Annie, et un frère pour Mia et moi.
... peu importe ce que la loi mettait en œuvre pour les décourager, les gens continueraient à se droguer, à jouer et à baiser des putes (hommes comme femmes). N'importe quel gouvernement sensé aurait légaliser ces trois pratique des décennies plus tôt et récupéré les criminels. Mais, bienheureusement, les vestiges de la morale religieuse américaine avaient empêché que cela se produise...