Citations de Gregory Benford (84)
Sur la porte d’un agent de presse, les informations à la craie lui apprirent que le supplément littéraire du Times venait de couler, ce qui était une nouvelle à peine moins intéressante que la dernière production de bananes à Bornéo. Les grands titres ne donnaient aucune raison mais Renfrew avait tendance à penser que la raréfaction des bons livres, plus encore que les conditions financières, était à l’origine du naufrage du journal.
Il se pencha un peu plus en avant, captivé malgré ses doutes. Il était séduit par cette façon qu’avaient les scientifiques de résoudre les problèmes comme autant d’expériences intellectuelles, d’édifier un monde sûr et propre. Les conflits sociaux étaient toujours plus embrouillés et frustrants. Ce qui expliquait sans doute qu’on ne leur trouvait jamais de solution satisfaisante.
Il se rencogna dans son siège et regarda les vastes étendues du Canada qui défilaient sous l’avion. Oui, c’était peut-être bien cela. Depuis quelques décennies, le monde tel que le dépeignaient les scientifiques était de plus en plus étrange, distant, incroyable. Il était donc tellement plus facile de l’ignorer plutôt que d’essayer de le comprendre. Les choses devenaient trop complexes. Pourquoi s’en faire ? Mets donc la télé, chérie. Oui, c’était ça…
Je perçois un besoin qui émane de toi et quelque chose en moi a envie d'y répondre
L'observateur classique n'existait pas. Tout, dans le monde, était régi par la mécanique quantique. Toute chose se déplaçait selon les ondes de probabilité. Et l'expérimentateur lui-même recevait une poussée. Une poussée de force incertaine donnée par la particule outragée, ce qui signifiait que l'expérimentateur était, lui aussi, régi par la mécanique quantique. Il appartenait au système. C'était une expérience énorme et plus complexe que toutes les idées émises dans le passé. 'Tout' était impliqué dans cette expérience, personne ne pouvait lui échapper.
...une écume rouge et épaisse qui se brise contre des tours de granitusées par le temps...
un soleil ellipsoïdal qui tournoie sans bruit autour d'une planète-argent déformée...
... une lumière délavée...
... des plages saturées, gluantes, une matrice de cuivre finement tramée qui l'enveloppe et le réchauffe...
... le chatoiement glacé des polyèdres, serrés ensemble, masses contre masses...
...des bandes lisses d'humidité jouant discrètement sur sa peau ouatée...
... un rai ardent de lumière qui le traverse, fait vibrer ses os et crée une résonance bourdonnante...
... une contrainte ...
... un enroulement ...
Cynique moi ? Le mot a été inventé par les optimistes pour critiquer les réalistes.
Après avoir maîtrisé le savoir analytique nécessaire pour se déplacer sur le fleuve, il s'aperçut que sa beauté lui échappait. Lorsqu'il le regardait, il n'arrivait plus à voir les choses sous leur ancien aspect.
Dans sa fuite, la Famille ne pouvait transporter que peu de chose, aussi avait-elle renoncé aux cartes originelles et autres signes de puissance qui jadis avaient symbolisé sa possession de la terre. Pour cette raison, une traînée d'objets abandonnées s'étirait à travers les ans et les continents.
La vérité, c'est que les recherches et les crédits portaient plutôt sur des objets spectaculaires, hautement énergétiques - les pulsars, les quasars, les radio-sources. les petites étoiles rouges avaient quelque chose d'ennuyeux. On avait du mal à les voir, et elles menaient des vies plutôt ternes.
- Non !
- C'est un mot que tu emploies beaucoup, ces temps-ci, Nigel.
- C'est terriblement économique.
Les analogies avec les animaux étaient passionnantes, mais signifiaient-elles vraiment que l'homme avait suivi les mêmes chemins ? On étaient d'accord pour admettre que de tous les gibiers, l'homme était le plus difficile à attraper. La guerre avait toujours été plus excitante que la paix, les voleurs plus marrants que les gendarmes, l'enfer plus pittoresque que le paradis et Lucifer plus fascinant que Dieu.
Savoir se déplacer vite et au bon moment est un art qui permet de vivre plus longtemps afin d'observer encore.
... ce sont les scientifiques qui nous ont mis dans cette pagaille affreuse et que si jamais quelqu’un peut nous en sortir, c’est eux.
A ses astronautes,qui étaient ballotés dans tous les sens,Axelrod disait laconiquement,avec un clin d'oeil:"Je ne veux pas que vous vous ennuyiez,vous comprenez."
Au début,Julia trouvait ça irrésistible.Au bout de la douzième fois,ça avait commencé à l'agacer suprèmement.
C'était vraiment bizarre.Quand ils étaient arrivés,il leur semblait qu'ils avaient l'éternité devant eux.Et voilà,qu'ils avaient fait une découverte majeure.Mais si tard...
Et surtout,ils n'avaient rien compris:personne n'était jamais mort d'une blessure d'amour-propre.Alors que tourner autour du pot en faisant des ronds de jambe risquait de leur couter la vie en cas de grosse boulette.Mars ne pardonne rien.
Elle savait,pour avoir cotoyé ces gars pendant des années,et à la plus dure des écoles,la NASA,que le timing était capital pour entrer en communication avec l'esprit masculin.Elle l'avait vérifié de nombreuses fois depuis.
Les systémes de sauvegarde multiples sont la clé de la sécurité,certes,mais plus on en prévoit,plus les couts montent.Le programme de 450 milliards de dollards de la NASA était un chef-d'oeuvre de gabegie gouvernementale.
C'est dans ce contexte qu'une idée radicale avait vu le jour:les nations avancées pouvaient se lancerdans l'aventure pour beaucoup moins cher en proposant tout simplement une prime de 30 milliards de dollards à la première expédition habitée qui réussirait à revenir de Mars.
Elle s'aperçue tout à coup qu'elle était très fatiguée.Elle mit cela sur le compte de la réaction émotionnelle.Bon,il ne fallait pas traiter ça à la légère.Sur Mars,on apprenait à prendre son temps.Le moment était venu d'une tasse de thé.