AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Grégory Mardon (185)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Dulcie : Du Cap à Paris, enquête sur l'assassin..

DULCIE SEPTEMBER était une militante anti-apartheid assassinée de vent le bureau de l’ANC pour lequel elle était la représentante en France, c’était le 29/03/1988 . Cette bande-dessinée est une véritable enquête d’investigation, nous relatant la vie de Dulcie depuis sa naissance au Cap, en Afrique du Sud, son engagement contre le gouvernement de Pretoria et sa politique d’Apartheid. A travers ce meurtre toujours non élucidé, l’auteur a cherché à comprendre pourquoi Dulcie dérangeait, et qui aurait eu intérêt à sa disparition.. A travers cette histoire ce sont les relations politiques, économiques et militaires entre la France et l’Afrique du Sud de l’époque que nous découvrons. La France doit respecter l’embargo mais en réalité elle jouait un rôle important dans les ventes d’armée à l’Afrique du Sud espions,mercenaires, agents-doubles, toutes les pistes sont suivies, mais les hommes politiques gardent leurs secrets.. j’ai trouvé la lecture compliquée tant par le contenu que me contenant avec une BD uniquement en noir et blanc et beaucoup de textes
Commenter  J’apprécie          20
Dulcie : Du Cap à Paris, enquête sur l'assassin..

Club N°56 : BD sélectionnée

------------------------------------



Comme d'habitude avec Benoit Colombat une enquête très fouillée sur la mort d'une militante anti apartheid pendant la cohabitation Mitterrand/Chirac.



Les hypothèses de l'enquête rappellent bien l'ambiance de l'époque et nous donne toujours autant d'arguments pour se méfier des politiques et de leur prétendue probité...



Le dessin surprenant au départ sert bien l'histoire.



A lire sans modération pour les amateurs d'histoire contemporaine.



JB

------------------------------------



Très documenté, voire fouillé mais les hypothèses, les réalités de l'époque noient malheureusement le propos surtout entre les pages 250 à 300.



Vincent

------------------------------------


Lien : https://mediatheque.lannion...
Commenter  J’apprécie          420
Le travail m’a tué

Cette BD nous emmène auprès de Carlos



Il fait le métier de ses rêves, dans l'entreprise automobile de ses rêves. Pendant quelques années, tout lui sourit, autant professionnellement que personnellement. Il est investi, dynamique, communicatif, marié, propriétaire, bientôt papa

Et puis...



Et puis lentement, inéluctablement, son environnement de travail change: déménagement des bureaux, Open Space, mails pour tout et rien, management au discours dépersonnalisé, délocalisations, objectifs toujours rehaussés pour pallier à des résultats jugés toujours trop bas...



Et puis les transports qu'il faut toujours excuser "pour la gêne occasionnée, et puis Françoise qui doit gérer son travail à elle, les enfants, ses colères et ses plaintes

Et puis les insomnies, le sentiment d'être nul et toujours aigri, d'être un poids



« Le travail m’a tué », ce titre dit tout.

Ce récit de fiction, mais inspiré d’histoires malheureusement réelles et d'un essai, rend hommage à tous ceux qui se sont suicidés sur leur lieu de travail, à cause de leur travail (Renault et France Telecom notamment).

Les planches au dessin sobre, colorisé par aplats, retranscrivent les multiples facteurs qui, les uns ajoutés progressivement aux autres, ont conduit Carlos (et d'autres) à ce geste funeste

Elles montrent et démontrent combien la passion de son métier ne compte pas (et dessert même), la déshumanisation progressive du monde du travail en entreprise, soumis à des pressions multiples, et en premier lieu financières, qui gangrène, désolidarise, et individualise les comportements, engendrant un système pervers basé sur le profit, qu’il est difficile d’enrayer



Un album qui m'a secouée tant il a résonné

Il se clôt sur une note indiquant les "progrès" réalisés mais qui restent encore bien insuffisants...
Commenter  J’apprécie          21
Dulcie : Du Cap à Paris, enquête sur l'assassin..





Pendant le festival quais du polar on a eu la chance ce rencontrer les auteurs de Dulcie, Benoit Collombat et Grégory Mardon.



Focus sur leur BD de salubrité publique sorti en fin d'année dernière aux éditions Futuropolis Membre actif de l'ANC, Dulcie Septembre a continué son combat de lutte contre le régime d'Apartheid en Afrique du Sud pendant que le gouvernement français continuait à lui vendre des armes.



Une enquête très documentée pour une lecture indispensable afin de comprendre un monde particulièrement complexe et sans pitié.


Lien : http://www.baz-art.org/2024/..
Commenter  J’apprécie          160
Le travail m’a tué

J’espère que les belligérants de cette sordide affaire ont eu cet album dans les mains.

Mais est-ce bien réellement eux les fautifs de cette vague de suicides ?

Ne serait-ce pas plutôt un système pervers que l’on appelle le libéralisme.

Le profit avant tout, les salariés étant corvéables à merci d’une organisation qui s’emballe et nous échappe complètement.

Un récit glaçant sur les pertes de repères et de sens du travail dans une grosse entreprise comme Renault.
Commenter  J’apprécie          20
Dulcie : Du Cap à Paris, enquête sur l'assassin..

Avec le discret, on est peinard !

-

Ce tome contient une enquête journalistique sur la mort de Dulcie September, abattu à Paris le 29 mars 1988. Sa première édition date de 2023. Il a été réalisé par Benoît Collombat, journaliste, et Grégory Mardon, bédéiste. Il compte deux-cent quatre-vingt-dix-huit pages de bandes dessinées, en noir et blanc avec des nuances de gris. Il se termine avec deux pages de notes et crédits, un paragraphe de remerciements, et une page listant les autres ouvrages de ces auteurs.



Paris 10e arrondissement, rue des petites Écuries, le 29 mars 1988, Dulcie September marche dans la rue, en se retournant une fois ou deux pour voir s’il y a quelqu’un derrière elle. Elle atteint le numéro trente-huit de la rue et pénètre par la porte d’entrée dans un porche. En passant devant loge, elle prend le courrier que lui remet la gardienne. Elle pénètre dans l’immeuble par l’accès au fond de la cour, ouvre la porte de l’ascenseur et appuie sur le bouton du quatrième étage. Elle sort de la cabine à 09h47. Elle prend les clés dans sa poche pour ouvrir la porte des locaux parisiens de l’ANC (Congrès National Africain) et commence à tourner la clé. Dans son dos, un homme fait feu à cinq reprises, un autre se tenant derrière lui. Ils descendent par l’escalier, alors que la femme gît morte, étendue sur le sol dans une flaque de sang. Ils croisent un homme qui entre dans l’immeuble et qui monte dans l’escalier après les avoir laissé sortir.



Extraits du rapport d’enquête de la brigade criminelle – Le cadavre repose en position dorsale, en diagonale d’un axe imaginaire situé entre la porte d’ascenseur et la photocopieuse posée au sol. La face, maculée de sang, est tournée vers le plafond. La tête se situe à 60 cm de la porte d’ascenseur et 108 cm du mur de gauche, en sortant de ce dernier. Les paumes de mains sont tournées vers le plafond, les doigts repliés sur les paumes. La main gauche se situe à 60 cm du mur de gauche et à 34 cm de la porte d’ascenseur. Les jambes sont pliées et écartées, la distance entre les deux genoux est de 80 cm. À droite de la tête de la victime, un important écoulement sanguin imprègne le tapis et la moquette, ainsi que la chevelure au niveau postérieur du crâne. Au total, six coups de feu ont été tirés par un pistolet petit calibre 22 LR, cinq balles ont atteint Dulcie September à courte distance, précise le rapport d’enquête. Six douilles cuivrées longues de 15 mm sont retrouvées sur place. Dans le salon d’un appartement, les auteurs écoutent Jacqueline Derens, ancienne militante anti-apartheid, raconter sa première rencontre avec Dulcie September : cette dernière était venue à l’UNESCO témoigner du sort des enfants sous l’apartheid, qui mouraient à cause de la malnutrition ou faute de vaccins. Jacqueline était fascinée par la passion avec laquelle Dulcie expliquait les choses. Elle ne se contentait pas d’aligner des chiffres, elle vivait l’horreur de l’apartheid dans sa chair, et ça, pour les militants, c’était irremplaçable



Le sous-titre annonce clairement la nature de l’ouvrage : une enquête de journaliste sur un assassinat dans Paris, d’une militante anti-apartheid. Cette enquête est menée par un journaliste de profession, travaillant à la rédaction de France Inter depuis 1994 en qualité de grand reporter. Il raconte l’enquête qu’il a menée sur ce meurtre, et il explique la raison qui l’a amené à se lancer dans cette entreprise : Pourquoi raconter cette histoire aujourd’hui ? D’abord parce que cet assassinat s’est déroulé sur le sol français, en plein Paris, quelques semaines avant la réélection de François Mitterrand à l’Élysée. Ensuite, parce que cette affaire reste un mystère. L’enquête judiciaire française s’est soldée par un non-lieu en juillet 1992, sans que soient identifiés les coupables. […] L’assassinat de Dulcie September est une histoire qui reste très gênante pour la France : Dulcie dénonçait les relations économiques illégales entre Paris et le régime de l’apartheid, notamment en matière d’armement. Ce soutien des autorités françaises à un régime officiellement raciste est, aujourd’hui, encore, largement méconnu. […] Depuis plus de dix ans, Collombat accumule de la documentation, il épluche les archives et il réalise des interviews filmées avec celles et ceux qui ont connu Dulcie à l’époque. Beaucoup sont morts aujourd’hui. Le temps est venu de raconter cette histoire et de tenter de comprendre pourquoi Dulcie September est devenue une cible.



Ayant conscience de cela, le lecteur s’attend à une narration visuelle adaptée en conséquence. En particulier, elle comporte une forte part de têtes en train de parler : des témoins d’origine très diverse, racontant ce qu’ils ont vécu, parfois au temps présent, parfois comme souvenirs du passé. L’artiste doit reproduire l’apparence de nombreuses personnes politiques et autres. Il a dû produire un grand nombre de pages, ce qui a dû s’accompagner d’une cadence assez élevée. Très rapidement, le lecteur se rend compte que chaque page contient une forte densité d’informations, et que la narration est entièrement soumise à l’enquête. De temps en temps, une page ne peut être composée que des cases avec le buste d’une personne en train de parler, au travers d'un copieux phylactère. Pour autant ce dispositif permet d’incarner chaque propos, de voir qui les tient, et il montre qui parle, en toute transparence. Les deux auteurs font en sorte que le lecteur puisse voir qui parle, et à quel moment de sa vie, c’est-à-dire autant d’éléments d’information et de contexte laissant le lecteur libre d’apprécier les biais potentiels du locuteur. Par exemple Jacqueline Derens évoquant ses souvenirs de Dulcie September, trente ans plus tard. Ou bien Jean-Marie Le Pen en train de s’exprimer en direct au cours de l’émission L’heure de vérité, le 27 janvier 1988, les archives permettant de reproduire la séquence sans risque de déformation du fait des décennies passées. De même, voir Collombat poser des questions rappelle que lui aussi se livre à cette enquête avec un objectif précis, ce qui oriente le champ de ses questions, ce qui peut avoir une incidence sur la réponse de ses interlocuteurs.



Le journaliste réalise une enquête qui explore de nombreuses possibilités, en fonction des réponses des personnes qu’il interroge, avec qui il discute, aussi bien ceux qui ont côtoyé Dulcie September dans sa famille, dans la branche parisienne de l’ANC (African National Congress), aussi bien des policiers qui ont enquêté sur le meurtre, d’autres activistes, des politiciens avec des niveaux de responsabilité variés. L’enquête évoque aussi bien des enjeux politiques que des enjeux économiques à l’échelle d’entreprises internationales, à l’échelle également de plusieurs nations. Cela induit que le dessinateur représente des situations, des environnements, des accessoires très variés. Cela commence avec une rue de Paris, une cage d’escalier avec un ascenseur, pour déboucher dans cette première scène sur un pistolet équipé d’un silencieux et un cadavre ensanglanté. Par la suite, Grégory Mardon montre les discussions assises autour d’une table pour recueillir des témoignages, aussi bien dans une cuisine que dans un salon bourgeois, des colloques et des allocutions officielles, des violences de foule, la ville d’Althone dans la banlieue du Cap, des manifestations de protestation, une cellule de prison, des cartes géographiques pour montrer les frontières, la ville de Genève, de Nice, de Zagora, la place de la Bastille, son opéra et la colonne de Juillet, l’assemblée nationale, les couloirs du métro parisien, des installations de centrale nucléaire, la gare d’Amsterdam, des missiles, d’avions militaires Mirage F1, etc. Il reproduit également la ressemblance de nombreux hommes politiques ou de personnalités comme François Mitterrand, Jacques Chirac, Charles Pasqua, Nelson Mandela, Simone Signoret & Jean-Paul Sartre, Pierre Joxe, et d’autres moins connus. Deux musiciens : Johnny Clegg, Abdullah Ibrahim (Dollar Brand).



Dans un premier temps, le lecteur manque d’assurance quant à la construction de l’ouvrage. Celui-ci s’ouvre avec l’assassinat de sang-froid par un professionnel, permettant d’appréhender la réalité de ce crime, de cette exécution commanditée. Puis les deux auteurs se mettent en scène en train d’écouter Jacqueline Derens chez elle, au temps présent de la réalisation de l’ouvrage. Celle-ci raconte sa première rencontre avec Dulcie September en 1979. Il va ainsi se produire de nombreux va-et-vient temporels entre le temps présent des entretiens et celui des faits relatés, des développements sur la persistance du racisme dans la société française, trois pages consacrées au régime de l’apartheid, la jeunesse et la vie de Dulcie September jusqu’à son arrivée à Pairs, l’emprisonnement de Nelson Mandela en 1964, suite au jugement à Rivonia, prison à perpétuité pour lui et sept autres compagnons de lutte (Walter Sisulu, Govan Mbeki, Raymond Mhlaba, Elias Motsoaledi, Andrex Mlangeni, Ahmed Kathrada, Denis Glodberg). Une page consacrée à l’ANC et à l’établissement de sa direction en exil à Lusaka en Zambie. L’élection de François Mitterrand en 1981. La visite des anciens locaux de l’ANC à Paris au temps présent de l’enquête. Un séjour à Genève en septembre 2011, pour rencontrer Margrit Lienert, ancienne hôtesse de l’air, engagée par la suite dans le mouvement anti-apartheid suisse (branche romande) au début des années 1970. Etc. Progressivement, la ligne conductrice de l’enquête apparaît : des recherches pour chaque possibilité à envisager, des recherches de témoignages, des explications concises sur les différents acteurs, des membres de l’ANC, des politiciens, des militaires, des patrons d’entreprise, etc. Il s’agit d’une véritable enquête menée avec rigueur, confrontée au fait que certains témoins sont décédés depuis, que certains ne sont pas forcément fiables, et que les enjeux se révèlent énormes, à la fois sur le plan économique et le plan politique. Il est question des services secrets de plusieurs nations, de mercenaires aux agissements discutables (l’ombre de Bob Denard, 1929-2007, se faisant sentir), et de secrets d’état. En fonction des témoignages, le lecteur voit bien quand les auteurs se heurtent à des murs, et à d’autres moments il est même surpris qu’ils puissent en apprendre autant.



Une enquête d’un journaliste professionnel, sur un assassinat commis à Paris, contre une militante anti-apartheid, et jamais élucidé. Une mise en images réalisée par un bédéiste professionnel, adaptant son approche à la nature de l’ouvrage, réalisant un travail impressionnant pour montrer les différentes personnes, soit racontant leurs souvenirs, soit lors de reconstitution du passé, participant à la rigueur de la présentation, et à son honnêteté intellectuelle. Le lecteur explore ainsi les nombreuses ramifications de ce meurtre commandité, suivant chaque possibilité, pour voir progressivement se dessiner la plus probable, étayée par de nombreux faits. Édifiant. Benoît Collombat a réalisé le scénario d’autres bandes dessinées, en particulier Cher pays de notre enfance: Enquête sur les années de plomb de la Vᵉ République (2015) avec Étienne Davodeau, Le choix du chômage: De Pompidou à Macron, enquête sur les racines de la violence économique (2021) avec Damien Cuvillier.
Commenter  J’apprécie          343
Le travail m’a tué

Des débuts merveilleux avec des étoiles dans les yeux et des paillettes au coeur jusqu’à la chute sur le carrelage de l’entreprise. Enfin, chute… Suicide, pour être précis.



L’histoire d’un employé au sein d’une grosse entreprise qui, au fil des restructurations, des plans, des changements managériaux et structurels, le presse, et le presse encore plus dans une vertigineuse perte de sens et d’injonctions délirantes.



Un album très bien monté qui démontre au fil des planches la progressive perte de contrôle de Carlos.



Une entreprise responsable ET coupable !
Lien : https://www.noid.ch/le-trava..
Commenter  J’apprécie          110
Dulcie : Du Cap à Paris, enquête sur l'assassin..

difficile de passer après Quarto tant sa critique est juste et elle exprime mon ressenti après lecture. Membre actif de l'ANC, Dulcie Septembre a continué son combat de lutte contre le régime d'Apartheid en Afrique du Sud pendant que le gouvernement français continuait à lui vendre des armes... d 'anciens barbouzes refont surface, et, comme souvent avec Benoît Collomba on s 'aperçoit que nous vivons dans une république bananière...Dulcie September avait aussi des ennemis, intérieurs, extérieurs, autant d'éléments qu à la fin on déduit que pas mal de gens font partie des prétendants des suspects...
Lien : https://www.babelio.com/livr..
Commenter  J’apprécie          122
Incognito, Tome 1 : Victimes parfaites

Une histoire qui dès les premières pages met mal à l'aise, tous les personnages , chacun dans leur genre agissent ou pensent de façon irraisonnée, certains sciemment et d'autres par culpabilité ou dépit, d'où peut-être le sous-titre de ce roman graphique : victimes parfaites.



Des dialogues crus et des dessins qui ont le mérite d'être expressifs.
Commenter  J’apprécie          150
Dulcie : Du Cap à Paris, enquête sur l'assassin..

— Affaire sensible —



Le 29 mars 1988, Dulcie September est éliminée en plein Paris. C’est du travail de pro et assurément un assassinat politique puisqu’elle était la représentante en France de l’ANC de Nelson Mandela qui lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud.



On ne sait toujours pas qui est, qui sont les meurtriers. À lire l’enquête de Benoît Collombat, journaliste à Radio France, les candidats sont nombreux, leurs intérêts convergents, aussi pourrait-on poser autrement la question : qui n’a pas tué Dulcie September ?



Les services secrets du régime sud-africain, les français, israéliens, américains, barbouzes ou faux-amis… Tous les cocktails sont possibles. Intraitable, Dulcie September a donné un coup de pied dans la fourmilière et, comme dit un témoin, « il est possible qu’elle se soit fait mordre par les fourmis. »



Servie par les dessins clairs et élégants de Grégory Mardon (j’aurais apprécié un making of : comment les auteurs ont-ils travaillé?), l’enquête nous (re)plonge dans les années 80, rappelant utilement les soutiens à droite et à l’extrême-droite aux nazis sud-africains, la duplicité de la mitterrandie, peu encline à faire respecter le blocus économique, aidant les grandes entreprises françaises et les groupes d’armement à contourner « discrètement » l’embargo.

(Parenthèse à ce propos : Pierre Joxe s’en sort avec les honneurs, comme lors du génocide rwandais pour lequel l’implication de Mitterrand et des siens est en revanche accablante — dommage au demeurant qu’une curieuse carte de l’Afrique page 43 ait effacé Rwanda et Burundi…).



L’affaire Dulcie September, où les justes tentent de faire jour à la vérité cachée par les pourris, où la politique est au service des intérêts économiques et personnels, reste d’une terrible actualité.

En exergue, une citation de Bertolt Brecht : « Le fascisme n’est pas le contraire de la démocratie mais son évolution par temps de crise. »



La fourmilière dans laquelle Dulcie September a mis les pieds (non sans prudence : « Pour tuer Dulcie, il fallait littéralement sortir du mur ») ce sont les menées pour exporter en Afrique-du-Sud le nucléaire français, qui permit notamment au régime de se doter de l’arme atomique.



« Quand il s’agit de l’intérêt supérieur de la France et de la force atomique, la gauche et la droite tombe toujours d’accord. »



La thèse du livre n’est pas seulement la découverte de secrets dangereux par la dirigeante de l’ANC, c’est aussi les intérêts afférents qu’elle risquait de déranger au moment où se négociait la fin de l’apartheid et que se nouaient les relations avec les futurs dirigeants, que se discutaient dans l’ombre contrats et dessous de table.

De l’autre côté, dans la lumière, Dulcie défendait avec intransigeance l’embargo, enrageant même contre les concerts donnés par Johnny Clegg !



Benoît Collombat ne néglige cependant aucune piste, interroge des dizaines de protagonistes, évoque d’autres affaires possiblement connexes (en particulier les assassinats de Henri Curiel ou Olof Palme).



On comprend tout, mais si c’est clair ce n’est pas toujours très digeste. Et puis, 300 pages, il faut quand même s’accrocher. D’où le bémol de ma note : il faut aimer le genre.
Commenter  J’apprécie          307
Dulcie : Du Cap à Paris, enquête sur l'assassin..

Le journaliste Benoît Collombat mène l'enquête sur l'assassinat, toujours impuni, de Dulcie September. La représentante en France de l'ANC, le mouvement de Nelson Mandela, a été tuée à Paris, en 1988.
Lien : https://www.francetvinfo.fr/..
Commenter  J’apprécie          00
Dulcie : Du Cap à Paris, enquête sur l'assassin..

29 mars 1987, il est 9h47, rue des petites-écuries à Paris dans le 10ème arrondissement, quand Dulcie September est abattue à bout portant de six coups de feu devant la porte du local de l'antenne française de l'ANC (African National Congress).



Qui est Dulcie September ? Pourquoi a-t-elle été tuée ? Représentait-elle une menace et si oui, pour qui ? Qui a bien pu commanditer cet assassinat ? Autant de questions auxquelles le journaliste Benoît Collombat a tenté de répondre en menant une enquête exhaustive.



Sur près de 300 pages, un peu à la manière de ce qu'il avait fait dans "Cher pays de notre enfance" ou "Le choix du chômage", il se met en scène pour raconter son enquête, ses interviews en replaçant Dulcie September dans le contexte historique et son rôle de combattante contre l'apartheid et surtout en pointant le rôle possible de la France dans ce meurtre.



C'est Grégory Mardon qui se charge de la mise en scène graphique et son dessin en noir et blanc accompagne bien l'aspect factuel et journalistique de l'enquête, sans s'encombrer de détails, on va droit à l'essentiel.



La BD de journalisme tient ici un beau représentant avec cet album fouillé et précis qui n'en reste pas moins passionnant autour d'une militante que je ne connaissais pas et qui mérite le coup de projecteur.
Commenter  J’apprécie          100
Dulcie : Du Cap à Paris, enquête sur l'assassin..

Le 29 mars 1988, Dulcie September, la représentante de l’ANC pour la France, est assassinée à bout portant, rue des Petites-écuries, à Paris. Pendant dix ans, Benoît Collombat, journaliste à la Cellule investigation de Radio France a accumulé de la documentation, enquêté, interrogé ses proches, rencontré ceux qui l’ont croisée ou approchée, militants anti-apartheid, proches collaborateurs mais aussi anciens employés d’entreprises stratégiques (EDF, SEP, filiale de la SNECMA, etc), pour comprendre quelles informations elle pouvait détenir, inquiétant certains au point de chercher à la faire taire.

Il revient sur son enfance, montre qu’elle n’a jamais accepté les règles qu’on lui imposait. Assignée à résidence alors qu’elle est enseignante (et militante), elle préfère l’exil, qui représente un bannissement à vie, et débarque tout d’abord à Londres où elle devient responsable de la ligue des femmes de l’ANC. Il raconte l’histoire récente de l’Afrique de Sud, depuis l’instauration de l’Apartheid en 1948, après la prise du pouvoir par les Afrikaners, celle du principal mouvement d’opposition et de ses leaders, et aussi celle des relations très ambiguës avec la France, notamment après l’arrivée de François Mitterand au pouvoir qui devait afficher un discours antiraciste fort pour faire oublier l’ampleur de la marche des Beurs, tout en veillant à ne pas nuire à « la bonne santé économiques » des entreprises françaises.

Malgré l’embargo international, la France entretenait des relations commerciales avec le régime raciste d’Afrique du Sud, notamment en matière d’armement et de coopération nucléaire. L’île de la Réunion servait de pivot aux livraisons discrètes de matériels stratégiques nécessaires à la fabrication des bombes atomiques, après transit par Israël.

L’enquête française s’est soldée par un non-lieu en 1992, sans que les coupables soient identifiés. Fausses pistes, écrans de fumée, rumeurs entretenues pas les services secrets, sociétés suspectes installées à proximité des bureaux de l’ANC (dont le loyer est payé par le Parti socialiste !), membres de la garde présidentielle des Comores, dirigée par Bob Denard – qui semble décidément lié à beaucoup d’ « affaires » de la Ve République –, Benoît Collombat explore chaque indice pour tenter de démêler l’écheveau. Bien qu’alertées des menaces qui pesaient sur elle, les autorités françaises ne l’ont pas mise sous protection.

Les illustrations en noir et blanc de Grégory Mardon permettent de mettre des visages sur des noms et rendent la lecture plus aisée que celle d’un simple essai documentaire. En reprenant des articles de journaux, des cartes ou des affiches, il prend en charge une partie de l’information et allège ainsi le texte déjà très dense.



« Le fascisme n'est pas le contraire de la démocratie, mais son évolution en temps de crise. » Cette citation de Bertold Brecht, fameuse, a été mise en exergue de cet ouvrage, lui donnant une toute autre portée, notamment aujourd’hui où ressort de son placard « la bête immonde » (voir Arturo Ui) : les malversations pour « raison d’État » dans des pays supposés démocratiques, seraient le premier pas vers le totalitarisme, en sanctuarisant et opacifiant, hors de tout contrôle, les liens entre les sphères économiques et politiques.



Article à retrouver sur le blog de la Bibliothèque Fahrenheit 451 :
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
Commenter  J’apprécie          251
L'échappée

Une bande dessinée qui nous plonge dans des univers différents tant dans le réalisme que dans le science fiction.

Grace à un jeu de couleurs (marron, bleu et vert), l'auteur nous fait partager les émotions et la vie du personnage qui évolue dans un monde qu'il a choisi où qu'il subit selon les circonstances. Au fur et à mesure de la lecture, on perçoit subtilement les interrogations et les doutes du personnage.

Tout cela est racontée sans texte, juste pour le plaisir des images.
Commenter  J’apprécie          00
La femme papillon

J'ai été peu scrupuleux sur le suivi des sorties BD de 2020, mais celle-ci est passée complètement inaperçu à mes yeux. Et je regrette un peu, c'est dommage qu'il n'y ait pas eu plus de public pour elle, qui possède tout de même certains atouts.



Si j'avais des appréhensions en commençant le récit, notamment parce que les supers-héros sont très éloignés de moi, j'ai apprécié la façon dont le tout est menée, entre la première partie sur la perception des héros et de leurs potentielles modernisations, et la deuxième sur une certaine réalité sociale si ils existaient. D'autres idées fusent ça et là, comme les nombreux rêves d'héroïsme que fait le héros avant que l'on ne se rende compte qu'il ne fait que fantasmer tout cela. Par petites touches, la BD contient un discours assez bien vu sur les supers-héros et leur place actuelle.



Cependant, j'ai quelques réserves aussi. L'idée de la deuxième partie, bien que bien exploitée, m'a parue de trop lorsque je l'ai vu, et assez peu adéquate avec le premier morceau de l'histoire. C'était un peu trop à mon gout, et même si j'ai pris du plaisir à découvrir cette histoire, c'était moins enthousiasmant que ce que le début laissait présager. D'autre part, certains aspects méta entre l’œuvre et la conception de son œuvre m'ont parus aussi un peu forcés. Je n'ai rien contre, mais dans le contexte ça me semblait parfois un peu trop artificiel.



Le dessin fait très BD introspective, ce qui correspond bien à l'idée de l'histoire, et finalement le décalage avec la BD de super-héros marche très bien, même si les combats font un peu raide.

C'est donc une BD qui a des très bonnes idées mais une réalisation qui m'a fait parfois douter un peu. J'aurais adoré le développement de l'histoire d'un comics différent et parlant plus aux jeunes générations, mais je ne suis pas non plus déçu de ce que j'ai lu. C'est un peu en deux teintes, mais c'est tout de même dommage que cette BD n'ait pas eu un peu plus d'échos, elle l'aurait mérité je pense.
Commenter  J’apprécie          30
Le Fils de l'Ogre

J'ai lu cette BD sans trop me rappeler pourquoi je voulais me la procurer, et je l'ai lu sans a priori. Et c'est probablement la meilleure idée que je pouvais avoir, puisqu'elle m'a surpris d'un bout à l'autre et qu'elle m'a laissé une excellente impression.

La principale qualité de cette BD, à mon sens, c'est qu'elle suit parfaitement la logique d'un drame. En trois parties, avec une chute surprenante que je n'avais pas du tout vu venir et qui suit le ton du récit, le tout porté par un dessin qui souligne à la fois la violence des situations et la folie du personnage principal, lorsqu'il se perd dans sa douleur, c'est une magnifique démonstration de récit tragique inévitable. Le tout orchestré par une simple bêtise innocente. C'est très bien mis en scène et prenant. D'un bout à l'autre, j'étais pris par ma lecture.

Le dessin en noir et blanc est suffisamment simple pour une lecture fluide, mais se permet de digresser sur les ambiances et les décors, souvent sombres, donnant du cachets aux scènes marquantes (je pense aux batailles surtout), avec quelques petits ajouts tels des enluminures encadrants certaines cases. C'est une simple idée qui donne du relief à l'ensemble et varie légèrement (mais efficacement) le dessin.



En résumé, une BD simple mais bonne, dont tout le sel vient de la tragédie annoncée dès le début. J'avais une légère inquiétude, à ma première lecture, lorsque le récit continue en s'éloignant de son origine, mais c'est pour mieux retomber sur ses pattes au final, et cela donne une touche supplémentaire au récit. Croire que l'on peut s'envoler, aller plus loin et s'échapper … pour retomber dans les filets de la fatalité. Triste destinée des hommes, mais ô combien cruelle peut être la vie ?
Commenter  J’apprécie          20
La vraie vie

"On ne peut pas avoir deux vie. On n'en a qu'une. Même si elle a plusieurs facettes. La vie, sur le net ou ici, en fait elle n'est pas si différente..."

Une bd pour adulte très contemporaine puisqu'elle raconte l'histoire d'un homme célibataire qui travaille dans une collectivité et qui au dehors passe beaucoup de temps sur son ordinateur entre internet et les jeux en réseaux. En somme, une histoire banale et d'un réalisme parfait.

Une chronique sociale qui nous renvoie à l'utilisation d'internet face à la vraie vie.

Qu'elle est la place d'internet quand dans la vraie vie une mauvaise nouvelle survient ?

Loin de diaboliser l'utilisation du net dans la vie, cette bd relate assez bien notre rapport au virtuel. Jamais accroc mais indispensable...

Graphiquement on se prend en pleine face des images sans dialogues sous forme de patchwork qui rappelle le flot d'images d'internet, sans filtre.

J'ai été bluffée par la lecture de cette histoire. Le personnage m'a touché par son histoire, sa vraie vie, son Unique vie. C'est à la fois un "M. tous le monde" anonyme et un proche voire nous même...

Si l'on vous dit que "La vraie vie" est une bd sur l'utilisation excessive d'internet, c'est absolument pas le cas.

Parceque "La vraie vie" c'est aussi vivre avec internet de la façon la plus banale qui soit.

Une bd à découvrir !
Commenter  J’apprécie          10
Vagues à l'âme

Et encore un achat que je ne regrette pas, basé uniquement sur les conseils de BDthèque !



Alors je dois dire que cet ouvrage, ca été une surprise avant même de l'ouvrir. En effet, je ne m'attendais pas du tout à sa taille. Mais c'est largement suffisant pour faire une bonne œuvre.



Déjà le dessin est franchement bien fait, une belle maitrise du pinceau et un rendu finalement excellent. J'ai beaucoup apprécié la fin avec les transformations du bonhomme.



Et sinon, l'histoire, très "simple" (en fait on suit la vie d'un homme), est captivante, et finalement on dévore tout d'une traite. Une vraie réussite.



C'est un album qui est finalement simple mais très bon, vraiment bien fait, qui donne envie de découvrir des paysages maritimes.



3.5/5 mérité pour ma part
Commenter  J’apprécie          10
La vraie vie

Ce livre est peut-être une critique de la vie actuelle avec une présence trop forte des écrans et du monde virtuel dans nos vies au détriment du réel. Mais qu’est-ce que le réel au fond ?



Jean dans la vraie vie est agent municipal dans une petite bourgade un peu paumé. Le soir et quand il a un moment il devient Olivétom et il surf, mais pas sur l’eau, sur internet. Il passe des heures à naviguer d’un site à un autre, des sites d’infos aux sites pornos en passant par les réseaux sociaux, les sites de jeux en ligne ou les tchats.

Autour de lui, on ne comprend pas vraiment ce monde et on aimerait qu’il soit davantage dans le réel.

D’ailleurs, peut-être que le retour d’une jeune femme du village, Carine, va lui donner envie de passer plus de temps dans le réel… A moins que son pote de jeu en ligne Vieilletruievolage ou un étrange correspondant qui ne parle que par publications de photos interposées Timfusa ne le retiennent dans le virtuel.



Ma la vie n’est pas un jeu et parfois la réalité nous rattrape très cruellement…



Ce petit ouvrage emprunté à la bibliothèque de la Cité des Sciences à Paris était sympa à lire. J’ai aimé le dessin et les personnages.

Commenter  J’apprécie          100
Leçon de choses

Que de souvenirs vécus qui se retrouvent dans cette bande dessinée et même si elle est sortie en 2006, l’époque relatée ressemble fortement aux années 70/80.

Les aventures et déconvenues d’un jeune garçon dans une région que l’on pourrait situer dans le Nord ou l’Est selon les descriptions et l’accent donné aux personnages.

La vie se déroule avec son lot de petits bonheurs et malheurs pou Michel, son entourage et ses copains jusqu'à ce que sa vie soit perturbée par un évènement familial.

Nostalgie et réminiscence sont les mots clés de cet album.
Commenter  J’apprécie          143




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Grégory Mardon (602)Voir plus

Quiz Voir plus

My hero academia

Comment s'appelle le personnage principal

Bakugo
Izuku
Ochaco
Shoto

7 questions
256 lecteurs ont répondu
Thème : My Hero Academia - Intégrale 01 de Kôhei HorikoshiCréer un quiz sur cet auteur

{* *}