Cligner des yeux
Clin d’œil
fast-food
du rêve
Pointé
Cloué au lit
avec la lumière
pour pied-de-biche
Insomnie
Je compte
les moutons
il en manque un
Ça devait finir comme ça
Une goutte
une goutte
une goutte
une goutte
une goutte
une flaque
Le schmilblck
C’est pas le genre de truc
à pousser
dans les arbres
ni à tomber du ciel
D’ailleurs on en voit
de moins en moins
traverser les cœurs et
les poèmes
Bouche-trou
Silence
terrier de
la lumière
Entretenir la flamme…
Entretenir la flamme
Il y a u feu
de cheminée
dans ton cœur
Chaque jour tu sors
couper du bois
Aux petits soins…
Aux petits soins
Au fond
de l’appartement
le temps s’étire
une mouche
lui masse
le dos
Arny se rangeait plutôt du côté des moineaux et des avions de plaisance que de celui des aigles et des avions de chasse. Et ce monde avait définitivement décidé de faire la part belle aux rapaces
une compagnie silencieuse qui savait comment prendre quelqu'un par les sentiments.
A combien vous la faites ?
Dommage qu'ils n'indiquent
pas les prix sur
les petites attentions
on n'ose
jamais demander
Insomnie
Je compte
les moutons
Il en manque un
Rien n'est jamais perdu
Y a qu'à voir
l'ombre d'un oiseau
transpercer celle
d'un immeuble
(P40)
Au pied des falaises
La pluie érode
peu à peu
le courage
De temps à autre
un projet
tombe à l'eau
J'aime bien les poissons, et c'est toujours un sacrifice de me séparer de ces bestioles en les vendant aux touristes. Ils avaient pourtant la gueule ouverte lorsqu'on arrivait à quai, mais dans les yeux de poissons morts je pouvais décrypter pas mal de choses. J’essayais de leur fermer les yeux, comme on le fait avec les morts pour éviter de croiser leur regard, mais rien à faire. Les yeux des poissons morts restaient aussi ouverts que la bouche de ceux qui parlent trop.
Ici chaque chose apparaît plus simple. On parle souvent du retour à la réalité mais jamais du retour au rêve. La vie chez Robert est de cette trempe-là. Il suffit de s'attarder un moment sur ses doigts pour comprendre qu'ils ont passé plus de temps à donner qu'à prendre. On voit bien que ce sont des années de partage qui ont creusé et abîmé ses mains. Que ses rides ne sont pas là par hasard. Que ce ne sont pas des questions qui les ont dessinées mais le mauvais sang qu'il s'est fait pour les autres.
Ici chaque chose apparait plus simple. On parle souvent du retour à la réalité mais jamais du retour au rêve. La vie chez robert est de cette trempe-là. Il suffit de s’attarder un instant sur ses doigts pour comprendre qu’ils ont passé plus de temps à donner qu’à prendre. On voit bien que ce sont des années de partage qui ont creusé et abimé ses mains. Que ses rides ne sont pas là par hasard. Que ce ne sont pas des questions qui les ont dessinées mais le mauvais sang qu’il s’est fait pour les autres.
Robert est un livre fermé dans lequel Joe parvient à lire. Un joli secret mal gardé. Une carapace retournée. Un coffre-fort et son code épinglé au mur, juste au-dessus.
Cette chaleur humaine est plus efficace que le feu de la cheminée. C’est elle qui empêche de grelotter. Elle est bouillante. Profondément brûlante. Joe se demande si on pourrait y faire cuire un œuf. S’il devait jouer avec le feu c’est avec celui-là qu’il aimerait le faire. Avec cette belle flamme d’amitié qui présentement les embrase.
Ici, ce soir, Joe se sent rassuré. Tous les feux qui ne brûlent pas sont des feux qui réchauffent.
Une amitié ne se mesure pas à la puissance de l’étau qui rapproche les hommes.
La perfusion est composée de plusieurs couches distinctes de liquide, chacune de couleur différente. Elle ressemble à un arc-en-ciel qu’on aurait mis à plat, et c’est au tour du liquide jaune de faire son job. Chaque couleur est censée soigner un symptôme spécifique, et le jaune a pour vertu de redonner un peu de moral aux troupes. Il faudra attendre la verte pour que le nœud dans l’estomac soit complètement défait, et la rose pour que les pulsions suicidaires s’éteignent complètement. Il restera enfin aux couleurs orange, bleue et mauve à s’occuper des dernières instabilités physiques et psychiques, jusqu’à la dernière goute.
La vie est un train derrière lequel on court et ce matin c'est un TGV qui a quitté le quai.