Citations de Guillaume Siaudeau (205)
Je vais vous donner un bon conseil. Pour que les prochains jours de pluie ne soient pas trop pénibles pour vous. Prenez le temps de regarder les gouttes tomber et imaginez tous les kilomètres qu’elles ont parcouru. Vous verrez, le temps de penser à tout ça et il sera déjà l’heure de manger. Pour moi ça marche du tonnerre. Aujourd’hui il ne pleut pas, mais promettez moi d’essayer demain.
J’ai entendu énormément de mots gentils. Je ne sais pas pourquoi on n’entend ces mots-là que quand les choses vont mal. Ce devraient être les mots du quotidien. On devrait pouvoir aller acheter son pain tous les jours et entendre de la bouche de la boulangère : « prenez bien soin de vous, nous pensons bien fort à vous, si vous avez besoin de quoi que ce soit, toute l’équipe est à votre service. »
Certains jours, c'est la lumière qui guide les pas, d'autres jours, c'est le mot d'un enfant.
Je reste persuadé, malgré les apparences, qu'on ne fuit pas pour éviter quelque chose. On fuit pour se retrouver.
J'ai repris la même route, dans le même sens, vers l'inconnu. L'inconnu était une belle direction. Oui, en allant vers l'inconnu, on limitait les chances de se tromper de route.
Les rêves sont impitoyables. Ils sont tout ce qu'il reste à l'homme lorsqu'il ne sait plus à quel saint se vouer. Ils feraient n'importe quoi pour vous persuader qu'un jour la vie se mettra à sourire. Les rêves n'ont aucune preuve, aucun alibi. Ils vendraient père et mère pour faire croire au plus triste des hommes que le bonheur est à portée de main.
Chaque livre est l’enfant d’un gros rêve et d’un petit courage.
C'était plus qu'une amitié naissante à présent. C'était une amie ravissante dont on ne sait plus bien si on doit l'embrasser sur la joue ou sur la bouche.
Joe pense être chez Jacques en fin de matinée. Il ne l'a pas prévenu de son passage et espère qu'il répondra présent. Le fait qu'ils ne se soient pas vus depuis des lustres n'est pas un problème. C'est à ça qu'on reconnaît les amis d'enfance. Avec les années, les retrouvailles deviennent de plus en plus banales. Peu importe le laps de temps qui sépare chacune d'entre elles. Les amis d'enfance sont une machine à souligner le ridicule du temps qui passe.
Quand Joe le voit s'extasier, plus rien n'a d'importance. Il se dit que si le monde devait s'écrouler d'une minute à l'autre, c'est précisément là qu'il aimerait s'arrêter pour attendre la fin. Au bord d'un sourire d'enfant.
Que le sourire se perd, qu’il faut un entraînement régulier. Qu’il arrive à certaines personnes d’oublier complètement que leur bouche est aussi faite pour autre chose que mordre et cracher.
Les nuits ne sont pas les mêmes lorsqu'on est en fuite. La liberté les rend plus belles mais plus dangereuses.
Il se souvient parfaitement de l'odeur de sa chemise de nuit. Il pourrait la reconnaître encore aujourd'hui parmi mille odeurs de chemise de nuit. Si on planquait la chemise de nuit de sa mère dans le plus grand magasin de chemises de nuit du monde, Joe saurait la retrouver en moins de deux. Parce que cette odeur avait le parfum d'un sauvetage.
Tous ceux qui envoient des cartes postales donnent toujours l’impression que le soleil est parti en vacances avec eux.
"Les jours se jettent
Des falaises du temps
Bolides lancés
A vive allure
Sur le chemin des siècles
Pleins à craquer
Des passagers d'hier
Et des fantômes de demain. "
Je me suis mis à penser beaucoup. Je me demandais où était Alice en ce moment. Si elle pleurait encore de ne m’avoir pas aimé assez longtemps. Si ma propriétaire était en train de réaliser une tarte ou de faire le compte de ses loyers encaissés. Si papa pensait à moi de son côté en sirotant un verre de vin. Si maman venait de poser une question au type qui ne parle jamais, et si sans surprise il n’avait pas répondu. Si ma sœur était à boire un verre avec une collègue de boulot, et si un type la reluquait depuis une table au fond du bar. Si Arny me voyait de là-haut, et s’il avait jeté un œil à mon magnifique flingue de compagnie. Si demain ressemblerait à aujourd’hui, puisqu’aujourd’hui avait tout pompé sur hier.
En lieu sûr
Nous vivons planqués
quelque part
à égale distance
de nos rêves et
de nos démons
Immergée
Elle n’est jamais
vraiment heureuse
Comme si elle nageait
dans le bonheur
tout habillée
C'est le jour
du nez en l'air
Un jour où
les yeux voyagent
à dos d'oiseau
Il existe
mille façons
de voir plus loin
Ce matin c'est en
fermant les yeux