Citations de Guillaume Siaudeau (205)
Les amis d’enfance sont une machine à souligner le ridicule du temps qui passe.
Cachée au fond de ses yeux j'ai aperçu une petite étincelle qui attendait là comme une idiote que quelqu'un lui souffle un peu dessus pour recommencer à briller fort.
P71 : Il y avait de la joie et des trépignements à revendre. Mais personne ne souhaitait en acheter parce que chacun en avait déjà bien assez pour lui,
P153 : J'ai pesé le pour et le contre, Ils faisaient le même poids et les départager m'a paru totalement impossible,
En avalant la première gorgée, j'ai failli tourner de l’œil. Je me suis demandé si la patronne n'avait pas confondu avec la bouteille de détergent. Et les deux types savouraient leur breuvage en me regardant l'air de dire : "Alors, t'as bien fait de nous écouter, l'étranger, hein ?!"
Le vent se plaît à lancer de fausses alertes. Malgré tout, c'est lui qui le tient éveillé. C'est comme si Joe se passait la tête sous l'eau. Chaque bourrasque est une douche froide à la belle étoile.
Il m'est encore arrivé un de ces trucs. Une histoire pas possible. Trop longue à expliquer. Je vais vous la raconter quand même, parce que j'ai un peu de temps avant que la fusée ne soit complètement opérationnelle. Je parle de la fusée que je suis en train de construire dans ma chambre. Oh, pour l'instant elle ne ressemble pas à grand-chose, mais Jacky doit m'apporter demain encore une demi-douzaine de rouleaux de papier-toilette. Ils me servent à consolider la base. Vous voyez, je n'ai pas vraiment envie que le jour où cette fusée décollera pour de bon, j'aie de mauvaises surprises. Alors je fais mon maximum. Les fusées, ça se joue au millimètre. Un rouleau de papier-toilette en trop, et vous pouvez dire adieu à votre rêve.
Joe termine son histoire et le vieil homme se relève pour lui poser la main sur l'épaule. Joe a le sentiment qu'un bel oiseau vient de s'y percher. C'est une sensation qu'il ne connaissait pas. Il a peur que l'oiseau prenne la fuite alors il ne bouge plus, tétanisé. Il ne sait pas ce qu'il faut donner à cet oiseau pour l'apprivoiser. Pour qu'il fasse de son épaule son nid.
"C'est une belle histoire, Joe", lance le vieux.
Puis l'oiseau s'envole et retourne se fourrer dans la poche de Robert. Joe ressent une pointe de solitude, mais ça le soulage de savoir le piaf en sécurité.
J'avais les mains pleines d'absence, pleines de vides. Il n'y avait plus de place que pour un petit poil. Et j'en étais à me demander comment il était possible de prendre sa vie en mains lorsqu'on les avait déjà pleines.
Tous les flingues ne devraient pas avoir d’autre utilité que de tuer l’ennui. Cela ne choquerait pas les gens de se balader au milieu des cadavres d’ennui, ils pourraient ainsi, simplement en achetant un flingue, se débarrasser de leurs petits ennuis dès qu’ils se montreraient trop prégnants.
J'ai passé la journée à dormir. Trempé de l'intérieur. Quand je me réveillais ça faisait floc-floc là-dedans et ça n'avait pas l'air de vouloir s'arrêter.
On a parlé de la pluie et du beau temps. Moi, je lui ai parlé de la pluie, et elle était plus calée sur tout ce qui concernait le beau temps. Nous étions complémentaires sur ces sujets et la discussion était animée.
Il a neigé et dehors ressemble à un vieux désert aux cheveux blancs. Ça lui va bien. J'en avais un peu marre de le voir toujours dans le même accoutrement, et je me réjouis de cette petite pointe de folie.
Il a touché mon front et s'est écrié : "Il fait encore bien chaud là-dedans !" Je lui ai dit que c'était normal, qu'on venait juste de tirer un feu d'artifice dans ma tête.
Je prends garder à ne pas trop m'ennuyer. J'ai entendu parler de cet ennui mortel. Je ne sais pas bien comment cela se manifeste. Peut-être qu'à un moment l'ennui devient tellement envahissant qu'il s'attaque à votre propre vie.
Je vais vous donner un bon conseil. Pour que les prochains jours de pluie ne soient pas trop pénibles pour vous. Prenez le temps de regarder les gouttes tomber et imaginez tous les kilomètres qu'elles ont parcouru. Vous verrez, le temps de penser à tout ça et il sera déjà l'heure de manger.
Je n'ai rien contre la pluie non plus. Encore heureux, elle tombe un jour sur deux. Je vous laisse faire le calcul. Je ne donnerais pas cher de la peau du type qui craindrait la pluie.
J'y travaille la nuit avec ma tête et le jour avec mes mains. Ça me prend tout mon temps et ce n'est pas plus mal, parce qu'ici voyez-vous, on entend un peu trop le bruit des pendules.
Au prochain
ennui mortel
tournez en rond
Il est aussi difficile
de ne rien faire
que de faire
Il m'arrive même
d'en venir
à me demander
par quel bout
ne pas commencer
Le temps de devenir un fauve
Il s'est enfin résolu
à en faire
quelque chose
C'est décidé
le poil
dans sa main
sera le premier
d'une épaisse crinière