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Critiques de Guy Boley (268)
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À ma soeur et unique

Après deux romans très remarqués, Guy Boley met l’envoûtante magie de sa plume au service d’une biographie passionnante qui retrace le terrible lien qui unit Friedrich Nietzsche, le philosophe devenu fou, à sa machiavélique et manipulatrice sœur Elisabeth.





En cette seconde moitié du XIXe siècle en Prusse, Friedrich est un génie enfermé dans un corps débile. Alors, pour lui permettre d’écrire et d’accéder à la gloire, sa sœur, longtemps célibataire, lui sert d’infirmière, de secrétaire, presque de moitié tant leur relation est fusionnelle. Mais, à près de quarante ans, rompant violemment avec son frère, Elisabeth épouse un agitateur antisémite d’extrême droite et le suit au Paraguay, où le couple entend fonder une colonie de « pure race aryenne ». L’expérience est un désastre dont Elisabeth revient veuve et transformée. Puisque son frère, entre-temps victime d’un effondrement psychique, n’est plus qu’une ombre bavante et délirante, c’est désormais elle qui prendra les rênes de la maison Nietzsche, manoeuvrant pour récupérer la tutelle de l’aliéné et, tout en l’abrutissant de calmants, s’activant à détourner à son profit les bénéfices de sa célébrité montante.





Rien ne l’arrêtera dans sa campagne de promotion à tout crin, pas même, entre autres opérations mercantiles, la vente de billets permettant, comme au zoo, d’observer le fou sédaté dans son lit, ou encore la dénaturation d’une œuvre à laquelle elle n’entend goutte mais qu’elle « élague, taille et tranche, tel Boileau dans son Art poétique : Ajoutez quelquefois et souvent effacez », allant jusqu’à en inciter les récupérations antisémites dans une manipulation destinée à flatter les idéologues conservateurs, puis nazis. La « sœur et unique », autrefois dévouée et adorée, s’avère une gorgone sans vergogne, prête à toutes les manipulations et compromissions pour s’assurer grand train et s’ouvrir la fréquentation des puissants, fussent-ils jusqu’à Hitler lui-même. Heureusement, des copies de textes et de lettres resurgiront après sa mort, qui permettront de rétablir des vérités. Le mal est pourtant fait : si Nietzsche est aujourd’hui « l’un des auteurs les plus étudiés, commentés, analysés, disséqués », il reste « aussi l’un des plus controversés », maudit ou sanctifié, affublé de bien des traits qu’il n’eut jamais, lui qui s’en doutait puisqu’il écrivit « Malheur à moi qui suis une nuance. »





Soigneusement documenté, ce roman historique autour d’un duo hors norme est absolument étonnant et captivant. Il chatoie aussi du lyrisme volontiers grandiloquent, âprement ironique, d’une plume ciselée, aux tournures somptueuses, que l’on savoure en un de ces plaisirs de langue rares et infinis qui, lorsqu’ils vous ont enchantés, vous laissent impatients de parcourir toute l’oeuvre, passée et à venir, de l’auteur. Immense coup de coeur pour ce livre couronné du Prix des Deux Magots 2023.


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Quand Dieu boxait en amateur

Quand l’auteur d’un livre m’est inconnue, dés les premières pages la prose prime sur le sujet, et influe sur mes ressentis pour la suite. Il n’est pas nécessaire qu’elle soit exceptionnelle ou autre, il suffit que je m’y sens bien. Là chez Guy Boley, loin de me charmer, ni me laisser indifférente, elle m’a mise mal à l’aise. Pourquoi ? Tout simplement j’y ai senti un style imagé forcé, alambiqué, maladroitement exprimé à mon goût, où souvent la longueur des phrases en rajoutent . “......si courette est le diminutif de petite cour, on devrait dire ruette pour une petite rue alors qu’on dit ruelle. Décidément, les voies de la grammaire, semblables à celles du Seigneur, lui sont impénétrables.”, et je vous épargne le début de la première phrase, cinq lignes à rajouter..... M’ont lassée aussi le Petit Larousse illustré du papa et les répétitions d’expressions , comme « paf, entre deux wagons, comme une crêpe, le pauvre », sa grand-mère qui parle de la mort de son grand-père paternel..... et ça a l’air de l’amuser, pas moi. Quand au sujet, un père qu’on estime sur le tard sur une base d’auto-fiction romancée, un sujet banal, qu’uniquement une plume séduisante, aurait pu rendre original ou insolite. Ce qui est loin d’être le cas ici.



Dans cette rentrée littéraire, sur le même sujet, j’ai lu beaucoup mieux. Toujours la boxe et relation père-fils, “Le blues du boxeur “, premier roman d’un auteur danois Michael Enggaard. Pour être bref, aucune émotion, aucune empathie pour les personnages, d’autant plus que l’histoire de “La Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ” avec C/G.Grant ou Tarzan dans la jungle des femmes, ne m’ont pas du tout emballée. Difficile d’aimer dans ces circonstances là. Pour moi le charme malheureusement n’a pas opéré.

Merci blandine, et désolée.....

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Quand Dieu boxait en amateur

C’est avec une boule à l’estomac que je referme à l’instant ce livre et après avoir pleuré à la page 174 (il y a longtemps que cela ne m’est pas arrivé). Mais on rit aussi, rassurez-vous ! Quelle force de mots ! Quelle émotion ! La sensibilité de Guy Bolet me fait penser à celle de Chalendon, c’est peu dire… L’auteur met en scène son père boxeur et forgeron et son ami d’enfance qui deviendra abbé. Mais c’est surtout la relation fils-père que j’ai rarement vu aussi bien décrite. Enfant qui admire son père, adolescent qui s’en moque, puis retournement de sentiments. Mon premier roman de la rentrée est un vrai coup de cœur qui sera difficile d’égaler. Fils de feu m’avait déjà rendue admirative de sa prose. Un monsieur qui a fait mille métiers, que la vie a secoué et c’est pour moi ce qui fait la différence, parce qu’il écrit avec ses tripes. BRAVO et merci pour la lectrice que je suis !
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Fils du feu

Souvenirs d'un enfant des Trente Glorieuses.



Un premier roman qui a tout d'un grand, ne serait-ce que par la beauté de l'écriture avec ces phrases à la longueur proustienne, ces formulations où se glissent le cocasse, le burlesque et l'ironie.



On s'immerge dans un monde disparu, très descriptif du quotidien de la province: la forge, les jours de lessive, la cuisson des grenouilles, le bruit des locomotives à charbon. Puis le Progrès s'emballe, transformant les êtres et les choses sous les yeux d'un enfant sensible et taciturne, qui grandit dans une famille aimante mais fracassée par un drame.



C'est un très touchant récit d'apprentissage, aux interprétations oniriques et parfums de nostalgie. Et la générosité d'un auteur qui livre beaucoup de lui-même dans un roman tourmenté où se croisent littérature, mythologie et peinture.



Un joli coup de coeur.
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Quand Dieu boxait en amateur

"Il faut l'imaginer, mon père ce héros, roi du monde et boxeur, assis dans la cuisine, les doigts encore gourds de tousles martèlements, les mains encore pleines d'escarbilles et de foudre, ouvrir son dictionnaire, son -Larousse illustré-, et recopier des mots, au hasard de leurs formes, de leurs sonorités, de leur place dans les lignes, de leurs bizarreries ou de leur orthographe. Ou ne pas recopier et simplement tomber sur l'un deux dont il se demande comment il parviendrait, dans son quotidien, à le tordre sous sa langue pour construire avec lui des phrases aussi belles et volubiles que les fers emmêlés qu'il façonne dans son atelier sans même se demander comment il faut s'y prendre tant la chose va de soi quand ses mains lui racontent le chemin. (p. 90-91)"





Je débute cette chronique par cet extrait aussi touchant, qu'explicite, qui dit déjà beaucoup... Je découvre avec jubilation cet écrivain, avec ce deuxième roman, qu'une camarade-libraire ( Librairie "Caractères" / Issy ) m'a prêté, ayant eu le coup de coeur... Grand bien lui a fait...car je me suis plongée dedans, avec délice...



Le style est d'une fluidité confondante, entremêlant poésie, émotion, de l'humour...ironie et dérision, mais l'ensemble reste incroyablement bienveillant etchaleureux.... Une très belle échappée qui fait la part belle à l'amitié de deux jeunes garçons, d'origine modeste, vivant dans une Franche-comté rurale et populaire...et plus précisément à Besançon, sa capitale et celle de l'horlogerie ! L'un , orphelin de père, qui doit se mettre à travailler comme forgeron dès ses 14 ans... Il vit avec une mère, d'origine paysanne, âpre et se méfiant de la lecture et de la littérature...



Elle préfère faire faire de la boxe à son unique fils... pour être "plus sûr" ...qu'il devienne un homme !!

Et de l'autre, Pierrot, passionné de lectures aussi et de mythologie... Il deviendra prêtre. René, le forgeron- boxeur restera toute sa vie ami, et même comme un frère avec son Pierrot, qu'il ne peut plus, par contre appeler par son prénom depuis que son ami a embrassé la carrière ecclésiastique...tellement il a été secoué. Pierrot n'a plus droit qu'à un ironique et affectueux "Monsieur abbé " !!! Leur complicité, leur amitié sont restées , par ailleurs, aussi fortes et sincères...



De nombreuses observations sur le monde "des gens de peu"... avec leurs extraordinaires courage, dignité et richesses...remarques mordantes sur l'Eglise, et les fossés entre classes sociales...

Tout cela sur un ton, qui m'a parfois fait penser à un mélange de Desproges... et surtout de Jean-Louis Fournier !!!...



"Nul ne contredit l'abbé : personne dans le quartier, ne connaît Shakespeare. Ni aucun autre auteur de génie. Ni autre auteur tout court. C'est un quartier populaire, d'ouvriers et de cheminots, on y aime la boxe, l'opérette, le musette accordéon, on n'y lit quasiment pas, la culture est une affaire d'élégants , d'oiseux, d'aristocrates. Car lire est dangereux, ça instille dans les coeurs des mondes inaccessibles qui ne portent au fond d'eux qu'envies et frustrations; ça rend très malheureux quand on est gens de peu, de savoir qu'il existe, dans un ailleurs fictif, des vies sans rides, ni balafres, où les rires, l'argent, la paix, l'amour poussent aussi joliment que du gazon anglais. (p. 79)"





Un hommage extraordinaire d'un fils à son père... Père d'origine modeste , qui n'a pu faire des études, mais cela ne l'aura pas empêché de se battre du mieux qu'il pouvait...et avec un panache certain ! Un livre qui fait du bien, tant il est rempli de joie de vivre et de bienveillance...



Un très beau livre... qui va me faire me précipiter sur son premier roman, "Le Fils du feu", paru en folio, tout récemment....que j'ai hâte de lire !!



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À ma soeur et unique

Une enfance sans père imprégnée de bondieuseries, une vie étudiante de philologue talentueux, une autre éphémère de professeur universitaire précoce, puis la vie d'errances d'un « ermite sans grotte », cobaye de sa propre expérience artistique dans une « adéquation totale entre l'humain et l'oeuvre », avant « une longue nuit de onze ans pour apaiser ses maux et ses tourments, tandis que l'univers, lentement, apprend à épeler son nom. » N.I.E.T.Z.S.C.H.E.

On le rencontrera en ce début de roman dans un jour de bascule, se penchant en ce 3 juillet 1889 dans une ruelle de Turin à l'oreille d'un canasson maltraité pour lui susurrer des mots doux, juste avant de devenir fou.

Finalement il ne parlera pas tant que ça, ce sont surtout ses correspondances ou ses écrits qui parleront pour lui, ou les autres qui l'évoqueront. À commencer par son logeur, son ami de toujours dépêché sur les lieux de l'accident, puis ses médecins aux rapports intercalés dans la narration. Il parlera peu à travers sa moustache, « une forêt de poils entremêlés de nuit qui lui masque les lèvres, lieu de la parole». Mais on l'entendra quand même, hurler une fois depuis la chambre de son asile à travers les compte-rendus médicaux – « Qu'on me donne un van Houten ou je commets un chocolat !», ou bien avec cette simple phrase écrite, aux déflagrations terribles pour sa bigote de mère : « Dieu est mort ».



Mais ça n'est pas uniquement de lui dont il s'agira ici, même si sa biographie nécessaire sera détaillée. Sa soeur Elizabeth, ou Lizbeth, Lischen, qu'il surnommera le Lama dans une saillie encore affectueuse. Elle aussi a sûrement vécu un jour de bascule, quand elle a accolé Förster à son nom de famille. Elle aussi parlera de son frère, entretiendra des correspondances avec lui quand il quittera le foyer. Mais elle finira surtout par lui ravir la vedette et détrousser son esprit dans ce roman où la fin lui sera consacrée, la vie de Fritz réduite à une léthargie légumineuse. Bien après leur enfance commune et leur entente idyllique de jeunes adultes, unis pas tout à fait comme frère et soeur. Elle aura été soumise et dévouée à ce frère ainé promis aux plus hautes sphères intellectuelles, adoubé et promu par ses professeurs admiratifs. Elle l'aura suivi partout où il aura été, aura soulagé ses migraines ophtalmiques en l'épaulant dans ses écrits incessants. Avant la bascule, et la rencontre de son futur mari dans un contexte antisémite naissant.



Le plus surprenant dans ce roman foisonnant, c'est peut-être son année de parution. L'exofiction sous l'angle du portrait féminin est dans les standards, mais que dire quand elle révèle comme ici une femme pas vraiment à son avantage, une soeur dévouée finissant « dinde antisémite », despote, mégalo, en plus d'être l'idiote ne comprenant pas les écrits de son frère. Que dire des autres femmes de l'entourage familial de Nietzche, « un cheptel de bigotes rancies ». On pourra toujours penser qu'il est courageux de nager à contre-courant dans les mouvances du mainstream, avec sa légion de figures féminines héroïques. On pourra estimer qu'il faut du souffle pour remonter le courant, en n'oubliant pas au passage les figures féminines positives, comme Lou Salomé ou Meta von Salis. Il fallait sûrement la fougue d'un Guy Boley, déboulant avec sa prose bouillonnante dans le tumulte d'un maelstrom de mots, d'un torrent de culture, au gré d'une écriture féconde, luxuriante, en plus d'être virtuose. Il sera difficile de ne pas y voir se refléter l'image du mentor et son « océan de mots », dont le cerveau finira par exploser de phrases. Ici aussi il y aura cavalcade de phrases, pour former la trame d'une exofiction doublement biographique, dense et passionnante, emportée par une relation frère-soeur tumultueuse et tragique

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À ma soeur et unique

En marge de l'immense philosophe qu'est Nietzsche, Guy Boley retrace la vie de sa soeur, Elisabeth Foster qui a compté pour le grand homme, pour le meilleur et pour le pire.



Pour le meilleur tout au long de leur vie familiale, tant la relation qui les unissait était fusionnelle, malgré le fossé qui les séparait sur le plan intellectuel. Pour le pire, quand la femme aigrie tenta de monnayer le moindre mot produit par son frère.



Cet itinéraire permet d'aller à la rencontre des étapes qui marquent la carrière de Nietzsche, dont on découvre la faiblesse physique qui s'oppose aux capacités hors normes de conception et d‘écriture. On parcourt aussi l'histoire troublée de ce début du vingtième siècle et les alliances douteuses, plus ou moins fomentées par Elisabeth, dont l'intelligence est plus économique que conceptuelle.



Hormis le travail très intéressant que constitue cette biographie, originale par le point de vue adopté, le style est surprenant. Gothique flamboyante, riche, et lumineuse, cette écriture, que certains ont pu qualifier de grandiloquente, m'a totalement séduite. Elle ajoute une dimension poétique à cette biographie passionnante. Je découvre cet auteur avec une admiration immense pour son talent de conteur.



480 pages Grasset 23 août 2023

#Amasœuretunique #NetGalleyFrance


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Fils du feu

Quelle belle écriture !

Le narrateur évoque son enfance auprès d’un père ferronnier et de Jacky son ouvrier. Il est en admiration devant eux, devant leur force, leur travail, leur corps.

On passe des descriptions de la forge, monde d’hommes, où l’on sent la chaleur et les odeurs de limaille à un décor de femme auprès de sa mère lavandière où le linge prend une place centrale, de sa grand-mère chasseuse de grenouilles, de Marguerite-des-oiseaux inconsolable et de Fernande

Puis le drame arrive, son petit frère Norbert meurt brutalement , le narrateur va alors vivre auprès d’une mère qui refuse cette mort et qui pour survivre va continuer à agir comme si cette mort n’avait jamais eu lieu. Norbert va avoir une place de vivant et le narrateur va, par amour pour sa mère entrer dans ce faux-semblant .

Ce livre sur l’absence, sur la mort tellement inconcevable qu’on la nie est d’une grande sensibilité et extrêmement touchant et cela d’autant plus qu’il serait en partie autobiographique.

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Quand Dieu boxait en amateur

Quand Dieu boxait en amateur se veut un hommage. Guy Boley réalise après la mort de son père qu’il le connaît fort mal, ne l’a pas compris, ne lui a pas assez dit qu’il l’aimait.



Remonter jusqu’à l’enfance, imaginer ce que sa vie a pu être, entre une mère trop tôt veuve, acariâtre, qui le pousse à travailler dès qu’il en a l’âge, et son ami de toujours Pierrot. Puis les bribes de ce qu’ils ont vécu ensemble comme en pointillés.



Ce roman ne m’a pas emballée. Tout au long de la lecture, j’ai ressenti comme un malaise, le sentiment que quelque chose sonnait faux. Certaines tournures de phrases, les énumérations, le style d’écriture qui en fait trop ou alors pas assez. Cela finit par ressembler à une hagiographie ratée.





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Quand Dieu boxait en amateur

Autobiographie ou autofiction, Guy Boley rend ici hommage à son père auquel le lie un amour fusionnel : « Dans nos doigts fusiformes liés et alanguis reposait quelque chose comme Dieu, ou l’idée qu’on s’en fait, c’est-à-dire notre amour, son amour paternel et mon amour filial. »



170 pages de respect, de tendresse et d’amour pour ce père dont Guy Boley nous raconte le parcours de vie, atypique et mouvementé, tour à tour – ou tout ensemble – forgeron, boxeur, acrobate et vaguement acteur, orphelin de père élevé à la dure, qui n’a connu que « l’école au rabais » et très tôt l’apprentissage, mais amoureux depuis l’enfance des livres et des mots : « Il faut l'imaginer, mon père ce héros, roi du monde et boxeur, assis dans la cuisine, les doigts encore gourds de tous les martèlements, les mains encore pleines d'escarbilles et de foudre, ouvrir son dictionnaire, son « Larousse illustré », et recopier des mots, au hasard de leurs formes, de leurs sonorités, de leur place dans les lignes, de leurs bizarreries ou de leur orthographe. Ou ne pas recopier et simplement tomber sur l'un deux dont il se demande comment il parviendrait, dans son quotidien, à le tordre sous sa langue pour construire avec lui des phrases aussi belles et volubiles que les fers emmêlés qu'il façonne dans son atelier sans même se demander comment il faut s'y prendre tant la chose va de soi quand ses mains lui racontent le chemin. »



Un homme habité de rêves secrets, d’ambitions contrariées par le destin et par la vie et qui transparaissent dans un petit carnet d’écolier que son fils retrouve après sa mort. Une découverte, un choc pour ce fils qui comprend que du père tant aimé, tant admiré pourtant il ne connaissait rien, ou pas grand-chose, et surtout pas l’essentiel : « J'ignorais que mon père avait des rêves si grands. Toujours on sous-estime les gens qu'on aime trop, ou ceux qu'on aurait dû aimer davantage. » Et le portrait, la vérité intime, secrète et émouvante de ce père méconnu de lui, le fils, comme de tous, c’est à nous que l’offre Guy Boley au travers de ces pages, en guise de « devoir de mémoire » filial et bouleversant : « Il me faut désormais le recoudre, ce passé déchiré, assembler pièce par pièce le manteau d’Arlequin, puis frapper les trois coups pour que le rideau s’ouvre et que sur les tréteaux, glorieux et souverain, apparaisse cet homme que je pourrai sacrer : mon père ce héros. Mon roi d’éternité. »



Un livre beau et fort, infiniment respectueux et digne, que j’ai beaucoup aimé.
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Fils du feu

Fils du feu est le premier roman de Guy Boley.

Ce roman nous parle d'une enfance, de l'enfance du narrateur, d'un temps passé, d'un temps disparu. Nous sommes dans les années cinquante.

Les premières pages nous enlèvent à notre quiétude, nous sommes happés et c'est un bonheur que d'être enlevé comme cela.

Les premières pages démarrent dans la chaleur d'un brasier, il y a l'émerveillement, imaginez ce monde presque féérique à la hauteur d'un gamin de cinq ou six ans. Le feu qui plie le fer, le bruit du marteau qui accompagne des gestes ancestraux, des silhouettes d'hommes parmi ce feu...

Nous entrons dans le décor d'une forge. Ce sont des sons et des lumières qui nous enivrent, ceux d'une enfance que le narrateur retient à travers ses mots.

Le bruit de la forge bat son plein. Il tape sur nos tempes comme un rythme saccadé et lancinant.

Il y a dans les premières pages une fraternité qui s'exprime ; ici le personnage de Jacky, forgeron, fait presque partie de la famille. J'ai adoré ce personnage... Dans ces pages, j'entendais la chanson de Bernard Lavilliers, Travailler encore.

« J'voudrais travailler encore - travailler encore

Forger l'acier rouge avec mes mains d'or

Travailler encore - travailler encore

Acier rouge et mains d'or ».

Nous sommes dans cet univers, dans cette ambiance.

C'est presque féérique car le passé pour un enfant est un monde étrange, peuplé de fées et de lutins, de sortilèges, mais d'ogres aussi. L'ogre viendra plus tard...

Ce chemin du narrateur est celui d'un retour en arrière. Une fois adulte, il est devenu peintre ; il se souvient, il revient sur ce passé, dans cette maison familiale... Il entend alors les bruits, ouvre une porte d'où surgissent des images, des souvenirs, comme des fantômes...

Il y a des images qui ne peuvent se détacher de ce passé et c'est tant mieux, des personnages aussi... Les épingles à linge en bois, qui se promènent et dansent dans le vent, restent pour moi un instant merveilleux arraché au paysage du souvenir. Des personnages de ce passé sont attendrissants, comme la grand-mère qui arrachent les pattes des grenouilles pour préparer le repas au seuil de sa maison. Ce passé fait surgir un monde étrange peuplés de lavandières et de forgerons.

Est-ce un roman autobiographique ? On voudrait le croire tant j'ai trouvé l'écriture empreinte de justesse et de beauté.

Qui, une fois devenu adulte, n'a pas éprouvé ce vertige d'arpenter le chemin à l'envers ? Revenir dans une maison qui abrita une famille désormais éparpillée...

Plus tard il y a ce drame, cette douleur. C'est une tragédie intime. Dès lors, surgissent la violence du père, la folie de la mère. Elle va sombrer, elle voudrait entraîner dans ce naufrage d'autres qu'elle aime, l'autre fils qui survit, le narrateur... Il y a cette chambre, ce grenier, un endroit pour faire vivre les fantômes, continuer de leur trouver un espace où ils peuvent survivre malgré tout.

C'est alors une histoire meurtrie qui se déroule, l'histoire d'une mère abîmée qui va sombrer ; le père aussi d'une autre manière.

L'enfance blessée, une mère devenue folle à force d'ignorer ce qui fut... J'ai trouvé que la poésie de Guy Boley venait mettre de la lumière dans ces mots douloureux, venait aussi retenir au bord du chagrin une histoire qui nous ressemble peut-être aussi.
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Funambule majuscule

En flânant et cherchant des textes d'André Bucher, dans une librairie…je suis tombée sur ce petit ouvrage où les deux noms de Guy Boley et de Pierre Michon m'ont fait un clin d'oeil ! Un très beau souvenir que la lecture de « Quand Dieu boxait en amateur »…



« le Funambule majuscule »…qualifié, avec la plus grande admiration, par Guy Boley , c'est son auteur-référent, Pierre Michon, qui est comme un « modèle » absolu…Dans cet opus, il nous raconte sa première rencontre avec « son Grand Homme »…dans une librairie de Dijon, où il devait signer un de ses livres, puis suit une lettre de reconnaissance à son encontre, d'hommage et d'évocations personnelles sur le douloureux travail de l'écrivain…qu'il compare à l'art très risqué du Funambule



[ « Art » qu'il a choisi et exercé pendant quelques années…à son corps défendant puisque nous apprenons au fil de ses évocations passées que l'auteur avait le vertige… avait peur de marcher sur les toits… mais, une fois sur son fil, il était dans son élément. Mystère parmi les mystères! ]



Guy Boley évoque sa jeunesse, son amour pour son père, les années 68, son idéalisme, ses espoirs de l'époque, son « boulot de funambule » parmi tous les autres… petits métiers exercés, son désir d'écrire, le choc immense à la lecture des « Vies minuscules »…ayant fait comme un déclic…dans son parcours de lecteur…, et son parcours, tout court !...



« (...) cet amour d'un bout de fil tendu, cette impossibilité hautaine de pouvoir l'expliquer au -vulgum pecus-., il me semble que ça a quelque chose à voir avec l'écriture. C'est aussi ample, aussi généreux, aussi dangereux, aussi irraisonnable, aussi beau, aussi terrible, aussi orgueilleux et aussi inutile que l'écriture. Et l'on y accède par le même désordre de chemins. » (p. 38)



Pierre Michon et lui, deviennent amis… Pierre M. dans un second temps, répond à la lettre de son admirateur-ami, lui, (nous) raconte une anecdote peu glorieuse de ses débuts d'écrivain à Paris…On constate que pour Pierre Michon, le travail d'écriture est à la fois « souffrance » et « enchantement »…que nous sommes aussi tous embarrassés par les idées toutes faites quant à « la gloriole » dont le mot d' »Ecrivain » est auréolé. Tour à tour « intellectuel », embourgeoisé, jouant la comédie sociale des salons parisiens, rencontrant les bonnes personnes, ou « le pauvre gueux » doutant de tout, en marge, disant « NON »… de par, justement, ces images préconçues de l'artiste rebelle, contre l'ordre social ! …Les choses sont à la fois bien plus modestes et dénuées de prestige. Restent le goût immodéré des mots, la souffrance induite par ce travail de l'ECRITURE » et le doute existentiel incessant , exacerbé..!



Une lecture émouvante, respirant toute l'admiration , l'empathie et l'amitié de Guy Boley, envers son « auteur préféré », Pierre Michon….Lecture restant frustrante de par sa brièveté, que nous aurions préféré plus « étoffée », quant aux ressentis face à la « page blanche », à tous les détours que provoque le désir et le besoin d'écrire ! Restent aussi la modestie, l'humilité , la sincérité de Pierre Michon, écrivain d'immense qualité, n'ayant pas "pris la grosse tête", restant à l'écart de tout "tohu-bohu" médiatique !



[*** intriguée et curieuse du texte de Jean Genet, "Le Funambule" évoqué avec enthousiasme par Guy Boley ]

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Fils du feu

C'est un enfant de 5 ans qui regarde son père et Jacky travailler à la forge : « Papa et Jacky, ferronniers d'art, ils maîtrisaient le feu mais ignoraient Vulcain, Prométhée et Wotan, Zeus ou Héphaïstos. Les dieux du Walhalla, d'Olympe ou de l'Iliade leur étaient inconnus. » Par contre, ce qu'écrit Guy Boley ne laisse aucun doute sur la fascination exercée par ces deux hommes « incultes mais intelligents ».



Le fils du feu, titre si bien choisi, est le premier d'une trilogie que l'auteur construit peu à peu avec une ferveur filiale sans concession où l'admiration côtoie l'ironie ou la critique, le style parfois emphatique contribuant bien à entrer dans ce monde simple mais tellement riche d'amour.

Fascination, interrogations, l'enfant qui grandit dans ce quartier de Besançon est persuadé que les adultes jouent un rôle tout en étant lucide sur lui-même : « J'étais en quelque sorte, avec tout cet orgueil dont est bouffie l'enfance, le docte souverain d'un royaume des médiocres. » Une grand-mère, une voisine qui parle et nourrit son fils mort à la guerre comme s'il était encore là, c'est là que grandit l'auteur, tout près du dépôt des locomotives qui imprègne tant la vie du quartier.

Certaines pages sont magnifiques et je comprends pourquoi ce livre d'un écrivain qui se révèle sur le tard, a tant séduit, décrochant quand même six prix littéraires. Il décrit, fait vivre le quotidien d'un enfant au contact des adultes ou de camarades plus âgés, à l'école mais c'est lorsque son père, ivre, frappe sa mère, que je ressens encore plus tout ce que peut éprouver cet enfant et qui donne l'occasion à l'auteur de revenir sur la naissance en termes très crus.

Guy Boley qui fut maçon, ouvrier, chanteur de rue, funambule, directeur de cirque, dramaturge, cascadeur… est profondément marqué par ce qui se passe sous ses yeux et… « soudain, tout brutalement se justifie : les crimes du passé, la violence des hommes, l'injustice du monde, Attila et ses hordes, les grenouilles décérébrées alors qu'elles sont vivantes, les guerres et leurs charniers, les chairs des femmes qui se déchirent afin de mettre au monde des enfants que la vie, d'un coup de dents broiera quand bon lui semblera… »

C'est un livre plein de vie mais dont la mort marque forcément de nombreuses pages. Son frère, Norbert, a disparu et sa mère ne s'en remet pas alors que le feu de la forge a dû s'éteindre et le père s'adapter jusqu'à devenir représentant de commerce. Puis il y a la maison vide, le fils du forgeron qui va en fac de lettres, s'adonne à la peinture et retrouve sa soeur, enfants du peuple partageant des moments intenses et profondément émouvants.
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Quand Dieu boxait en amateur

Le père du narrateur est mort dans l’hôpital où il est né. L’histoire de cet homme est finie. Son fils nous raconte cette vie simple, passée dans cette petite ville de province. René, le père est élevé par sa mère, veuve. Une mère femme de ménage, sans espoir que celui de faire de son fils, un homme. Mais René a toujours le nez dans les livres. Il fera de la boxe, cela le forgera. Il n’a qu’un ami Pierrot qui deviendra abbé. Lui deviendra forgeron. L’un se marie, l’autre se met au service de Dieu et notre petit narrateur naît. Une vie simple qui pourrait être un peu fade sans l’attirance de René pour la culture. L’abbé va lui proposer le rôle de sa vie : Jésus ! Des années de spectacles, d’apprentissage, de belle vie. Partager, jouer, ils sont heureux.



René, son épouse, son fils le narrateur et par ricochet l’abbé vont subir un drame et plus rien ne sera pareil. Ce père si lumineux aura une tendance à boire un peu trop, sa femme est déjà sans vie. Le fils s’éloignera de ses parents jusqu’à mépriser son père et boira à son tour.



C’est un récit écrit avec les larmes de sang de ce drame, un récit tour à tour lumineux et désespérant. La vie, simplement, comme un match de boxe avec ses victoires et ses défaites, dans un quartier d’une petite ville, comme une gloire des humbles. Une histoire d’amour dont on ne disait rien.




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Fils du feu

Mots martelés entre le marteau et l’enclume. Ils vibrent, étincelles d’images au cœur de l’émotion. Ils nous immergent au sein de ce foyer où les chagrins dégoulinent en secret, comme le linge épinglé sur le fil.



Comment grandir sans se brûler à la présence d’un fantôme ? Comment remplir sa vie avec le vide laissé par l’autre ? Dans sa tête, l’enfant peint les instants d’imagination pour panser ses blessures.



Ce court roman est un tableau, une danse d’une puissance magnifique.

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Quand Dieu boxait en amateur

Mais quel est donc ce Dieu qui boxe en amateur dans ce roman de Guy Boley me direz-vous ?

Ce Dieu ?

C'est un père.

Le boxeur ?

Le même père.

René,  le forgeron.

Celui qui, enfant, passait des heures à lire, au grand dam d'une mère agacée de le voir plongé continuellement dans les pages d'un.... dictionnaire.

Celui qui montera un jour sur le ring, poussé par cette mère qui préfère le voir faire du sport plutôt que s'abrutir dans sa lecture....

Tu seras boxeur mon fils.

Et quand son copain de toujours, ce bon Pierrot, devenu "Père abbé " décide de monter un spectacle, adaptation de "La passion de notre Seigneur Jésus-Christ", c'est à René qu'il attribue le rôle-titre.

Le narrateur, sous la plume empreinte de poésie et d'humour de Guy Boley, nous relate avec l'admiration, la tendresse et l'émotion  d'un fils, la vie extraordinaire d'un père ordinaire...

J'avais eu un véritable coup de coeur pour Fils du feu de ce même auteur, il récidive de la plus belle des façons avec ce roman.

J'aime son art de manier la langue.

J'aime ses phrases à double sens qui amène le sourire ou le rire chez le lecteur.

J'aime l'émotion qu'il distille au fil des pages.

Je l'ai dit, c'est poétique et drôle, mais il y a aussi des maux et il y a surtout des mots...

De la phynance à l'enclumette, il prend plaisir à en glisser quelques-uns, pour vous pousser à dépoussiérer votre bon vieux Larousse.

Et puis, sont revenus à ma mémoire des souvenirs de charbon, moi aussi j'ai rempli le seau, dans ma jeunesse, de ces boulets noirs et... ovales... (Clin d'oeil à Mr Boley).

Quand Dieu boxait en amateur,  c'est un vrai plaisir de lecture.





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Quand Dieu boxait en amateur

Une très belle découverte pour cet auteur ! je suis sous le charme de sa plume. L'histoire est attendrissante, émouvante, parfois souriante.

J'ai passé un agréable moment en compagnie des deux compères, j'ai aimé retrouver cette époque qui glissait vers un monde plus libéré, plus moderne.

Je ne connaissais pas le premier roman de cet auteur, et je vais pouvoir le découvrir, connaissant de par cette lecture l'histoire de son père, le récit sera peut être moins "intéressant" mais rien que pour le style, l'art et la manière de nous partager ces instants de vie, de complicité, je dis oui sans hésitation à lire ce premier roman qui avait d'ailleurs était remarqué.

J'espère que ce deuxième roman sera lui aussi honoré,il est déjà cité pour un éventuel prix littéraire, mérité sans aucun doute.

Il se fait rare de découvrir des nouveaux écrivains à la plume si particulière et un style tellement agréable, et des récits simples tellement touchants.

Une tranche de vie en couleur, son et lumière. Un spectacle ce roman et je suis sûr que de là-haut René et Pierrot sont très fiers et applaudissent de tout cœur et bonheur.

Un auteur qui mérite le devant de la scène.

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Fils du feu

Attention coup de coeur :



Ce petit livre est un bijou.

Pas un bijou de pacotille, non, une pierre des plus précieuse, inestimable...

Alors que j'interrogeai une amie libraire sur l'auteur et son dernier roman, elle me conseilla fortement de découvrir son Fils du feu.

Aussitôt dit, aussitôt fait et pour mon plus grand bonheur de lecteur.

Milieu des années cinquante, le narrateur raconte son enfance. Il a...5,6,8 ou 10 ans, il sait plus trop. Il raconte son père le forgeron, sa mère, sa grand-mère, sa grande soeur, son petit frère. Il raconte Jacky, qui débarque un beau matin pour aider le paternel. Il raconte les voisins qu'il croise chaque matin, les grenouilles, l'école,  les saisons,  les trains, le linge, bref le quotidien d'une famille. Il raconte les joies, il raconte les drames. Il se raconte.

Une histoire simple.

Mais voilà, il y a écrire et....Écrire... avec le grand É.

Guy Boley Écrit.

Guy Boley Raconte.

Guy Boley Photographie.

Guy Boley Peint.

Fils du feu c'est des mots.

Fils du feu c'est des vies.

Fils du feu c'est une époque.

Fils du feu c'est le roman d'une enfance comme on aimerait l'écrire nous-même.

Fils du feu c'est des sourires, des rires, des coups, des larmes.

C'est tendre comme le regard parfois naïf de l'enfant.

C'est dur comme le métal qu'on forge.

C'est fou comme quand la vie vous joue un sale tour et que vous faites comme si rien ne s'était passé.

C'est lucide comme le regard de l'enfant devenu homme.

C'est beau, tout simplement, parce que l'auteur n'a pas cherché de grands mots, pas de phrases alambiquées.

C'est touchant.

À mon tour donc de vous conseiller ce livre.

Il y a des livres qui font du bien, Fils du feu est de ceux-là.

D'ailleurs, je ne vous le conseille pas, je vous....ordonne de le lire.





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Fils du feu

Je ne sais trop quoi penser de ce livre. J'ai aimé les envolées poétiques, les belles images et cette façon d'habiller de beauté des moments douloureux, des situations ordinaires, des vies simples. Celles des autres autant que les nôtres...



Je me suis laissée porter par les mots, petites fulgurances de bonheur littéraire :



- "Riez comme un goret, riez comme une folle puisque votre fils est mort. Il faut bien que toutes les horreurs du monde enfantent des printemps si nous voulons durer au-delà du chagrin".



- "J'étais en quelque sorte, avec tout cet orgueil dont est bouffie l'enfance, le docte souverain d'un royaume des médiocres".



- "Et puis la vie reprit son cours. Ce n'est qu'une expression bien sûr : la vie ne pouvait pas reprendre son cours puisque son cours ne s'était jamais arrêté ; la vie ne s'arrête que pour celui qui meurt."



Ces phrases pour lesquelles on arrête notre lecture et réfléchit à ce qu'on vient de lire, l'intègre, lui donne un éclairage, un sens plus personnels ; ces phrases qui méritent qu'on les relise et relise encore, avant de poursuivre le récit.



Mais au moment de rédiger cette critique, je m'aperçois que l'histoire m'a laissée sur le bord du chemin, en marge, en quelque sorte... Alors, je ne garderai que ces pics, ces serrements de coeur qui m'ont prise en traître, m'ont piquée au vif et laissée bien souvent songeuse et reconnaissante d'avoir fait naître en moi de si belles émotions. N'est-ce pas là l'essentiel de ce qu'on recherche en ouvrant ces petits rectangles de papier tant chéris ?
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Quand Dieu boxait en amateur

Le voilà, Guy Boley repart au combat avec son dernier livre, "Quand dieu boxait en amateur". Est-ce un combat contre lui même, ou s'inspirant de l'histoire de son père, il se prépare à remonter sur scène pour mieux nous ébranler.

Il fait parti de ces insoumis, ou ces rebelles, il habite les dernières pages quand la messe est dite, explorant son passé peu avant la mort de son père, et il craque. Le combattant, l'éternel combattant, ce jour-là c'est son père, pas lui.

La dernière scène de "Quand dieu boxait en amateur" est inoubliable, car maquillée comme Muhammad Ali, son père gueule tellement fort qu'il retombe en vrac, et péta un accoudoir de son fauteuil roulant.





Guy Boley déroule un portrait du vieux, pour mieux lui dédier un hommage vibrant d'admiration. Les regards que ses admirateurs portent sur lui, le placent sur un piédestal, celui du champion de France de boxe, qui un jour va se fendiller comme une fracture. Lui le grand combattant est devenu un professionnel de la bibine, de l'apéro, du trou normand ! Non ! pas lui.

Les hommage à Cerdan, à Piaf sentent trop l’alcool pour que le fils puisse le croire. Où est passé celui qui maîtrisait le fer, dominait le feu, tordait des barres en métal.

Je vais me battre mais avec mes armes, avec mes livres fussent-ils interdits.





C'est d'ailleurs peut-être, ce qui a manqué à son récit, d'avoir laissé dans l'ombre, cette question lancinante de savoir, s'il n'avait finalement que déplié une unique mission, se battre mieux encore que son père.



Au regard du récit d'Amélie Nothomb, prenant la plume à la place de Jésus, la fiction que dessine Guy Boley, ne raconte pas, mais explique comment un homme se met dans la peau d'un autre homme Jésus.

L'incarnation va beaucoup plus loin que "Soif", car celui qui devient Jésus sur la scène est le père de Guy .

Et le fils comprend cette incarnation sobre, totale, désespérée, de l'homme au combat qui vient de recevoir un uppercut au foie, là où ça fait le plus mal ; la douleur devient intolérable, Jésus s'écroule sous le poids de sa croix, René tombe parce qu'il est devenu un autre homme.





Je passe sur l'amitié entre son ami d'enfance, l'abbé Delvaut et lui, j’espérais surtout en savoir plus sur cette mère qui tient les livres pour des objets dangereux et pervers.



Quand dieu boxait en amateur, n'a sans doute pas apaisé son auteur, mais les dernières pages dressent une belle couronne à ce père d'éternel boxeur.

Je t'avais dit que j'y arriverais, j'ai réussi,

tu as réussi, papa,

je ne suis pas un raté alors... page 174

Tu es mon unique dieu.
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