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Critiques de Guy Delisle (974)
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Pyongyang

Sur les conseils de ma copine babeliote Patsales , après La Chine , je suis l’auteur Guy Delisle en Corée du Nord pour une ballade glauque dans une société coupée du monde. Une société qui vit dans l’adoration d’un seul homme, nourrie de la peur d’être attaqué, n’ayant aucune idée de ce qui se passe dans le monde vu qu’internet , Tv , téléphone mobile….tout y étant strictement interdit. L’idéologie officielle du régime est « L’autosuffisance «  alors que 2/3 de la population est nourri grâce à l’aide humanitaire et l’insuffisance de la production d’électricité les oblige à vivre la nuit dans le noir. Seuls sont éclairés monuments et statuts dédiés au Père de la nation Kim senior et son fils Kim junior.

Qu’est-ce-que Delisle fabrique dans ce trou noir ? On y apprend que le business de l’Animation ayant disparu en France , la production s’est entièrement délocalisée en Europe de l’Est et en Asie, et notamment en Corée du Nord , et lui s’y trouve travaillant pour la sous-traitance.



Déjà que je n’ai jamais eu la moindre envie de voir ce pays,après ce roman graphique même le peu de curiosité qui m’en restait s’efface à jamais. Comme Delisle je me demande comment peut on arriver à emprisonner un peuple à ce point là le privant totalement de l’essentiel : La Liberté. C’est pire que La Russie , Cuba , parlant d’aujourd’hui. Et comment peut on réduire un peuple à cet état d’imbécillité, qui à la question de s’il n’y a pas d’handicapés dans le pays vu qu’on n’en voit aucun dans la rue, la réponse est : “Il n’y en a pas….nous sommes une nation très homogène et tous les Nord- Coréens naissent forts, intelligents et en santé” ! Ouilles !

Tout cela est d’une froideur et d’une tristesse à pleurer !



« Dans les années 90, au pire moment de la famine qui a fait environ 2 millions de morts, la compagnie de cognac Hennesy confirmait la Corée du Nord étant comme son meilleur client. »



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Chroniques de Jérusalem

En connaisseur parfois lointain de certains genres de la bande dessinée, j’ai toujours vu ces Chroniques de Jérusalem comme un roman graphique intelligent puisant ses inspirations dans la forte actualité du conflit israélo-palestinien. Alors j’ai été ravi de l’offrir à quelqu'un, fan des récits contemporains qui semblait se remettre aux bandes dessinées et tout autant de lui emprunter quelques mois plus tard (merci à lui donc au passage !).



Difficile d’ajouter grand-chose de neuf aux nombreuses critiques élogieuses sur ces Chroniques de Guy Delisle. Que retenir vraiment de ce journal en fait ? Il est évident qu’ici est largement mis en valeur la montée sécuritaire en Israël (ce domaine est un des lobbyings dominants, c’est pour dire…), mais également la présence d’une opposition critique dans ce même État. Ce recul est intéressant, tout comme il l’est dans la volonté de faire ouvrir les yeux des gens sur le rôle bien souvent malsain des journalistes internationaux et des médias en général. C’est donc le témoignage qui est central ici, un témoignage d’un quasi anonyme (un père au foyer, auteur de bande dessinée, perdu dans une foule de considérations qu’il ne comprend pas ou peu) au sein d’un monde finalement hypermédiatisé, même si paradoxalement la pauvreté guette à chaque coin de rue. Car l’humanitaire, première raison pour l’auteur d’aller à Jérusalem pour suivre sa femme, reste là aussi primordial dans l’accès à des informations sur cet espace israélo-palestinien bien tourmenté.



On cultive donc les paradoxes dans ce roman graphique à l’apparence tout simple, mais qui soulève un nombre immense de considérations humanistes. Guy Delisle use encore de ses dessins improvisés et de son humour décalé pour nous rendre vivant et concret une situation tout de même aberrante pour une ville comme Jérusalem ! Ça donne en tout cas bien envie de découvrir l’avis de cet auteur, engagé à sa manière, sur Pyongyang, Shenzhen ou même la Birmanie.



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Shenzhen

Ce roman graphique c’est mon copain babeliote gonewiththegreen qui me l’a refilée 😊. Vu qu’il sait déjà le peu de considération que j’ai pour ce pays après deux longs voyages et divers explorations de sa culture ( Litterature , bof ! Arts plastiques , moyen à part le génial Wei Wei ! Cinéma , le seul qui tient la route pour le moment pour moi, ….), il m’a dit que j’y trouverais mon compte.

De plus inutile d’aller jusqu’en Chine, pour les rencontrer, ils sont partout en Italie, avec des magasins ouverts 24h sur 24 au milieu de nul part, ne parlant pratiquement pas la langue du pays comme d’ailleurs dans leur pays ne parlant aucune langues étrangères (très bien mise en avant dans ce livre), en plus grossiers, impolis , exactement comme quand ils sont chez eux.

Guy Delisle, l’auteur canadien semble partager mes préjugés , en allant même plus loin , mettant l’odeur de la merde des chinois dans la catégorie « culture ». La politesse , ils n’en ont aucune idée, « l’autre n’existe pas ». Malheureusement leur vieille culture millénaire très riche est à jamais détruit par le maoïsme, à Shenzen le seul attrait touristique de la ville reste le « World Windows » , un parc thématique qui propose aux chinois un concentré du tour du monde, qui va redonner à l’auteur le goût de voyager, disons plutôt de décamper le plus vite possible de cette ville sordide 😁.

La seule chose intéressante semble être leur cuisine, «  la bouffe restant le grand plaisir de mon séjour » nous dit Delisle. Effectivement j’ai aussi très bien mangé durant mes séjours , exit chien, chat, tortue, serpent.



Bilan, un bon roman graphique qui relate bien la tristesse d’une Chine encore sous le joug communiste avec une surveillance étroite du citoyen et toujours la peine de mort présente, et un train de vie au quotidien dénudé de tout, surtout de vraie culture, de vraies passions, de créativité,…bref des petits et grands plaisirs de la vie.



谢谢 (xièxiè) Bruno 😊 !
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Chroniques birmanes

Guy Delisle nous offre avec ces « Chroniques birmanes » une immersion intéressante et légère dans un pays écrasé par la dictature.

En suivant son épouse, administratrice MSF, il nous offre son regard d’étranger dans un pays ou on rigole pas tout les jours. Car outre l’oppression du pouvoir, notre candide bédéiste découvre les nombreux inconvénients journaliers, pénurie de produits dans les magasins, chaleur accablante qui vous réduit à faire le strict minimum, coupure récurrente d’électricité (et donc de climatisation) etc…

On s’amuse aussi de voir G.D. un poil hypocondriaque et parfois carrément malade devant les risques de paludisme, de grippe H5N1 ou de problèmes intestinaux. Mais au-delà des ces questions personnelles, il nous montre comment survit un pays à qui on a confisqué la parole. A l’image de l’emblématique Aung San Suu Kyi, voisine de la petite famille Delisle, Guy rêvant de l’apercevoir en chair et en os, malgré le bouclage de la résidence par les soldats. Il ne juge pas, il témoigne de ce qu’il voit, ressent, apprend. C’est-ce qui fait la force de ces chroniques.



Un voyage plaisant, instructif sans les inconvénients décrits par l’auteur.
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Le guide du mauvais père, tome 1

Le Guide Du Mauvais Père est l'archétype du livre idéal pour les toilettes. Vite lu, pas trop de portée philosophique, tout public, parfois drôle, possibilité de lire en pilote automatique quand le reste du corps est occupé à autre chose...



N'y voyez pas une quelconque raillerie. Il en faut des comme ça pour les toilettes. Je ne pense d'ailleurs pas que son auteur y voie le summum de son œuvre mais plutôt un petit exercice sympa qui vous occupera une vingtaine de minutes. (Donc lu en une séance de constipation ou en une semaine si vous avez attrapé la tourista en voyage.)



C'est une suite de petite situations de la vie, tant soit peu comiques ou décalées présentant un père avec ses deux enfants en bas âge (disons entre la maternelle et le début de l'école primaire) et dont on peut dire sans peur qu'il n'est pas hyper impliqué dans l'univers ou les interrogations existentielles de ses deux bambins.



C'est loin d'être aussi intéressant que Pyongyang ou les Chroniques Birmanes, ça ne casse pas des briques mais ça se laisse feuilleter sans déplaisir. Je vous le répète : idéal pour les toilettes. Mais ceci n'est que mon avis, avis de chiottes, qui plus est, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Chroniques de Jérusalem

C'est le 3ème tome que je lis des aventures dessinées de Guy Delisle et sa tribu dans les coins pas les plus paisibles ou démocratiques de la planète, et j'aime ça.



Ici, on est à Jérusalem, où Nadège, administratrice MSF, a été nommée pour un an, emmenant avec elle son mari Guy, dessinateur-au-foyer, et leurs deux enfants, Louis et Alice. Donnant moins dans l'humour que Pyongyang par exemple (sauf le fusil anti-kangourou du zoo qui m'a enchantée), ces Chroniques relèvent à la fois du carnet de voyage, du reportage et du recueil d'anecdotes familiales.



Carnet de voyage d'abord, car Guy fait de nombreuses visites au fil de ses rencontres et de ses envies : lieux saints des trois religions, mais aussi check-points inquiétants, petits paradis cachés réservés aux initiés ou encore village des Samaritains aux oreilles pointues pour cause de consanguinité... Je dois avouer que, même si on perçoit toutes les tensions de ce pays pas vraiment en paix (et j'y viens), ça donne très envie de visiter Israël.



Reportage ensuite, qui nous montre l'imbroglio historique, géopolitique et religieux de cette région que se disputent deux peuples, à grand renfort de colons extrémistes d'un côté et de guerre des pierres de l'autre. Ça fait froid dans le dos de voir la situation actuelle, l'impossibilité pour les palestiniens de se déplacer, les contrôles incessants, la mort, la peur, la haine, mais aussi de comprendre les difficultés d'un processus de paix pas forcément souhaité par toute la population. Seule petite lueur d'optimisme, la grande liberté de ton des médias israéliens sur leur gouvernement ou les extrémistes sionistes.



Enfin, et là c'est beaucoup plus léger, histoires de famille, de Tom et Jerry, de parc, de poussette, de ras-le-bol, de vacances, de logistique comme il y en a forcément quand on a deux petits enfants...
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Pyongyang

En 2003, Guy Delisle part vivre deux mois en Corée du Nord pour travailler sur des dessins animés. Toujours affublé d’un interprète et d’un guide, Guy Delisle réside dans un hôtel quasiment vide, il est stupéfait par le manque d’hygiène et la qualité déplorable des menus. Le récit de son séjour est absolument édifiant et pourtant il arrive à faire sourire devant l’absurdité des situations…

Officiellement, tout le monde est volontaire pour se livrer à toutes les corvées, même en dehors des heures de travail et heureux de respecter le calendrier qui commence le jour de la procréation du grand leader ! La propagande pour l’anti-impérialisme américain menée d’une main de fer entraine le pays vers la pénurie de nourriture, d’électricité et surtout vers une absence totale de liberté.

Ce qui frappe d’emblée, c’est le silence qui règne dans les lieux publics, la démesure des monuments ou musées à la gloire du grand leader, les routes très peu fréquentées sur lesquelles il faut rouler tout doucement.

Tout est verrouillé, on étouffe, on éprouve un sentiment de malaise permanent en découvrant son récit passionnant. Pourtant on ne s’ennuie pas et on est reconnaissant à Guy Delisle de nous livrer un carnet de voyage si précieux sur l'un des pays les plus fermés au monde. La fraîcheur de son témoignage glaçant est indispensable pour ne pas oublier la souffrance de la population nord-coréenne.

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Chroniques de Jérusalem

En août 2008, Guy s'apprête à passer une année à Jérusalem avec sa femme, Nadège, qui travaille pour Médecins Sans frontières et ses deux enfants. Pendant que cette dernière est prise par son boulot, lui dessine. Auteur de profession, il croque partout où il va quand il le peut. Car la vie à Jérusalem n'est pas des plus faciles. La situation politique est très complexe en Israël et sa vie au quotidien s'en fait ressentir. De la découverte des alentours, des richesses historiques, de ses habitants, de ses plages, de sa guerre qui bat encore son plein, des risques encourus par la population, Guy rapportera de cette année riche en rebondissements des souvenirs pleins la tête... et un magnifique album...



Tel un carnet de voyage, Guy Delisle nous raconte ici l'année passée en Israël et nous livre un album à la hauteur de ses expériences qu'il a su retranscrire avec beaucoup de tact et d'émotions. Il nous raconte sa vie d'expatriés au milieu d'autres expatriés en essayant de comprendre le conflit israëlo-palestinien autant que cela puisse se faire.

Des dessins épurés, des planches magnifiques, un trait grossier mais stylisé, des couleurs assez neutres variant selon l'histoire... tout concourt à un album incomparable et incontournable.

Enrichissant, spontané, enlevé, singulier mais ô combien remarquable, cet album est une vraie bulle d'oxygène!



Chroniques de Jérusalem... pour un périple au coeur de la tourmente...
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S'enfuir : Récit d'un otage

Le nouveau roman graphique, une fois n'est pas coutume, ne s'appuie pas sur les souvenirs du dessinateur, scénariste. En effet, il raconte le rapt de l'humanitaire Christophe André enlevé en Tchétchènie en 1997, les 111 jours de sa captivité jusqu'à son évasion. Delisle prend son temps pour montrer les différentes phases ressentis par l'otage. On éprouve nous aussi une sorte d'écrasement, d'étouffement devant la répétition de ses journées, ces semaines passées sans aucune information. Et paradoxalement c'est peut-être sur cet aspect là que le bât blesse, en tout cas qu'une forme d'ennui gagne le lecteur. C'est forcément voulu par Delisle mais ce roman graphique (432 pages) aurait peut-être gagné à être plus resserré. Les 60 dernières pages racontant l'évasion de C. Henry apportent enfin le rythme qui fait parfois défaut. Cela n'enlève rien à la qualité de l’œuvre bien évidemment et au talent de l'artiste.
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Chroniques de Jérusalem

La vie n'est pas simple à Jérusalem. le canadien Guy Delisle est bien payé pour le savoir. Il a passé un an (en 1988) à sillonner la ville et ses environs, souvent accompagné de ses jeunes enfants, plus rarement de son épouse, membre de médecins sans frontière.



Après le manque de repères des premiers moments, Delisle apprivoise ce lieu essentiel pour les religions chrétienne, juive et musulmane. Il ironise et s'amuse des rapports très codifiés de ces communautés religieuses et des disputes et démêlés générés par leur cohabitation. Au centre du conflit israélo-palestinien, il prend aussi conscience du durcissement de la position israélienne qui enferme la population palestinienne et limite sa circulation ; ce qui provoque une grande tension mais aussi des situations ubuesques plutôt comiques.



Carnet de voyage aux dessins simples, peu colorés mais expressifs, les Chroniques de Jérusalem apportent un éclairage important sur les rapports entre Israéliens et Palestiniens, sur l'organisation de la vie pratique, sur la prise de conscience de certains Israéliens ou sur le fonctionnement des ONG. Un témoignage qui ne prend parti mais atteste avec humour (et un brin de racisme, personne n'est parfait) de l'extrême complexité de la situation de ce coin du monde.

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Pyongyang

Après avoir lu Shenzhen, on m'a beaucoup parlé de Pyongyang du même auteur . Bon , me voilà à Pyongyang. Et c'st aussi bien qu'à Shenzhen.



A se demander si Guy Delisle n'est pas puni pour être envoyé par sa boîte dans ces villes bien pourries comme il faut. Si Shenzhen était sale, sans attrait, en expansion démographique , Pyongyang est , en ce début de XXI ème siècle , la vitrine de la propagande des Kim.

Tout est pour les Kim, dynastie locale , le père le fils , et encore , il n'y a pas le barge actuel...

Mais déjà , c'est pas mal. Tout le monde a son pin's , des tableaux des deux vedettes partout, des autoroutes désertes qui ne mènent qu'à des musées honorant les Kim, la ville dans la nuit absolue, sauf les portraits des Kim...

Et le peuple. Soit disant volontaire pour trimer dans les rizières ou arracher l'herbe sur le bord de la susdite autoroute.

L'auteur nous montre parfaitement l'absurdité du système, le joug qui asservit le peuple, l'emprise sur les étrangers , libres de ne voir que ce que l'on veut bien leur montrer.

C'est divertissant, instructif, nous plongeant dans un monde de l'absurde qu'aurait pu inventer Tim Burton dans une production en noir et blanc.



Une vraie réussite.
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Pyongyang

En 2003, Guy Delisle part vivre quelques mois à Pyongyang pour superviser le travail de sous-traitance de dessins animés que la société dans laquelle il travaille a confié à la SEK, un organisme (on n’ose pas dire une entreprise) de Corée du Nord. ● Toujours flanqué d’un guide et d’un traducteur, il observe avec finesse et stupéfaction l’effroyable régime des deux Kim, Kim Il-sung, le père et fondateur, et Kim Jong-il, son fils (Kim Jong-un ne vient au pouvoir qu’à la mort de son père en 2011 et on sait maintenant qu’il ne sera pas mieux – euphémisme…). ● J’ai beau lire de nombreux livres sur ce pays, je suis toujours abasourdi qu’un tel régime puisse encore exister au XXIe siècle. Je crois que malgré des livres comme celui-ci, il nous est impossible d’imaginer ce que doit être la vie là-bas. Guy Delisle vit à Pyongyang, où la vie est bien moins difficile que dans les campagnes, alors qu’est-ce que ce doit être… ● Dans ce pays le moins démocratique du monde selon The Economist, la liberté est inexistante, le culte de la personnalité omniprésent, la paranoïa érigée en système de gouvernement. Toute l’existence doit être dévouée au régime. On travaille six jours sur sept et le septième ou lors de son temps « libre », on exécute des actions de « volontariat » toujours dirigées vers la gloire des Kim. Bref, on n’a pas une minute à soi. Pas de loisirs. Si l’on a la chance d’aller au cinéma, c’est pour voir des films de propagande. A la télévision, de la propagande aussi, sur la seule chaîne qui existe (deux chaînes le dimanche). ● Peu de nourriture, distribuée par l’Etat en fonction de la place qu’on occupe dans la hiérarchie ; peu d’électricité. Et, dans les rues, pas de handicapés : où sont-ils ? demande Guy à son guide ; Il n’y en a pas, la Corée du Nord est une nation saine, lui répond-on… Cela fait froid dans le dos. ● On vit dans la terreur permanente de faire un faux pas, celui-ci pouvant simplement consister à laisser se salir le badge de Kim qu’on est obligé de porter ou son portrait qu’on est obligé d’afficher. ● Guy Delisle apporte dans ses bagages 1984 de George Orwell et c’est une lecture appropriée. Il le prête à son traducteur qui après avoir lu quelques pages s’empresse de le lui rendre avec effroi. ● L’auteur pose une question qu’on ne peut pas ne pas se poser : que pensent-ils vraiment au fond d’eux-mêmes, tous ces gens ? Question qui ne peut trouver de réponse puisqu’ils ne peuvent pas le dire. ● Une infime minorité a eu le privilège de voyager à l’étranger ; tous les moyens d’information sont canalisés par l’Etat ; les radios sont bloqués sur deux stations ; que savent-ils du monde extérieur dans ce pays claquemuré, ces habitants pris en otage par une dynastie barbare, cruelle et sanguinaire qui ne pense qu’à se maintenir au pouvoir et dans ses privilèges pendant que la population souffre (2 millions de morts dans la famine des années 1990, ce n’est pas vieux, pendant que le premier client de la marque de cognac Hennessy était justement la Corée du Nord…). ● Le récit graphique de Guy Delisle est passionnant ; il essaie, souvent en vain, de découvrir l’envers du décor ; même s’ils ne sont pas dénués d’un humour pince-sans-rire, ses dessins rendent bien compte du malaise qu’il éprouve face à l’absurdité généralisée qui l’entoure dans ce pays où règne l’horreur.
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Inspecteur Moroni, Tome 1 : Premiers pas

Premiers pas dans la police pour l'inspecteur Moroni. Mais sûr de lui, il ne doute pas un seul instant de ses capacités et de son formidable potentiel qui devrait sauter aux yeux de son chef. Devant se contenter d'un Ronflinox, la boîte de Dormixyl étant vide, il n'a pas fermé l'oeil de la nuit. Qu'importe, il se sent prêt pour attaquer une nouvelle journée. Et ce n'est pas la mauvaise nouvelle apportée par son chien qui lui fera mal au ventre. Quoique... En effet, sa maman compte venir passer quelques jours avec lui. Au stand de tir, son carton plein lui vaut l'admiration de son chef. Celui-ci le présente alors à Blaras, un vieux de la vieille dont ce doit être la dernière affaire avant la retraite. Peu enjoué à l'idée de faire équipe avec Moroni, il va malgré tout devoir faire avec. Le chef les met alors sur une sombre affaire de trafic de mazout...



Un Ronflinox pour la nuit, un Léniflax 200 suivi d'un Fébrilox 800... et surtout pas de café, ça risquerait de l'énerver! Ce brave inspecteur Moroni, quelque peu trouillard, hypocondriaque, trop sûr de lui et un peu à côté de la plaque, fera, évidemment, cafouiller l'affaire dont son collègue et lui auront la charge. Entre sa maman protectrice et somnambule et son chien qui parle et boit du café, seules relations sociales qu'il semble entretenir, il est bien loin de l'image du vrai flic costaud. L'intérêt de cet album réside dans ce personnage maladroit et renfermé sur lui-même. L'enquête en elle-même n'est pas vraiment passionnante mais Guy Delisle a su créer un anti-héros attachant.



L'Inspecteur Moroni pourrait faire carrière!
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Chroniques de Jérusalem

Sujet brûlant, fascinant et tragique, le conflit israélo-palestinien semble inextricable. Chroniques de Jérusalem est le troisième livre limpide et marquant que je lis sur le sujet après le très sérieux Géopolitique de Jérusalem de Frédéric Encel et La maison au citronnier de Sandy Tolan.



Mais Chroniques de Jérusalem apporte un peu de légèreté face à un sujet aussi lourd grâce au regard plein d’humilité et d’humour de Guy Delisle. Il retrace son séjour dans Jérusalem en 2011, une manière de s’approprier un sujet par l’intime, sans aucune prétention.Toutes les anecdotes montrent la complexité de la situation qui règne au quotidien dans cette ville sous hautes tensions politiques.

Chez Sempé, le personnage semble parfois écrasé par le poids la ville mais Guy Delisle fait corps avec elle et s’approprie les lieux avec son carnet de dessins. Cela lui permet de faire des rencontres, hors des sentiers battus.



Une bienveillante curiosité qui fait le régal du lecteur.



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Shenzhen

Fin des années 90, la Chine se construit à vitesse grand V, et Shenzhen en est le symbole. De petit village au début des années 80, le pouvoir a décidé de faire de cette bourgade un laboratoire de l' économie de marché.

A la fin des années 90, quand notre narrateur vient passer trois mois la bas pour son travail , dessinateur , Shenzhen est déjà une mégalopole.



Remarquable BD, roman graphique , je n'en sais rien, qui au delà de ses dessins sombres installant un climat assez propice à la déprime, nous plonge dans la vie des Chinois de façon étourdissante:

Choc culturel , culinaire , sanitaire , relationnel.. Tout est si différent en Chine , que le regard de l'expat qui ne parle pas la langue et qui va trouver du réconfort à Hong Kong est saisissant. Et rend qui plus est est les dialogues , les situations cocasses.

Ah , ces Chinois , à siroter leur vessie de serpent écrasée , noyée dans un liquide quelconque , à interdire de faire des feux d'artifice dans les chambres sous peine d'amende ou à risquer leur vie à chaque traversée de rue à vélo.



Les relations humaines , inexistantes , les phrases en anglais des locaux sont hilarantes tellement le décalage est énorme et à peine crédible.

Sans doute , cela a évolué mais j'ai rarement lu, et les images aident, un ouvrage qui me fasse aussi bien ressentir le sentiment éprouvé sur place.

Bravo et pourtant, l'auteur s'est bien embêté sur place. Il a réussi à magnifier son expérience !
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Chroniques birmanes

Guy Delisle aime à nous faire partager de temps en temps ses chroniques exotiques, immersion tel un Candide bédéiste dans des pays où la narration d'un quotidien presque ordinaire est prétexte à dévoiler l'envers du décor de ces pays.

Chroniques birmanes n'échappe pas à la règle.

La femme du narrateur, Nadège, ici se prépare à une mission auprès de Médecins sans Frontières, entraînant son compagnon et leur enfant, Louis, encore nourrisson.

Le narrateur se réjouit par avance de partir pour la destination tant rêvée du Guatemala. On peut le comprendre. Mais au dernier moment, cette destination est jugée trop dangereuse. Ce sera le Myanmar, plus connu sous le nom de Birmanie.

Nous sommes en 2006, le pays est tenu depuis de nombreuses années par une junte militaire au pouvoir. L'opposante politique à ce régime dictatorial, Aung San Suu Kyi, est alors assignée à résidence, malgré son prix Nobel de la paix obtenu en 1991.

Nous voici débarquant avec Nadège, Guy, le petit Louis, dans la capitale du Myanmar, Rangoon.

L'étonnement et une forme de candeur ironique sont les procédés narratifs déployés avec efficacité dans ce roman graphique.

Ce sont des planches qui se succèdent au gré de chroniques et anecdotes quotidiennes.

Nous découvrons au fil de ces planches l'absurdité d'un régime totalitaire totalement incohérent, les faits du quotidien qui nous interpellent, nous libres dans nos démocraties que nous décrions tant, ces faits que nous découvrons dans les déambulations du narrateur.

Rien n'est épargné dans ce propos en immersion, ni la dictature de la junte militaire, ni le genou posé par ce peuple qui accepte le joug, ni peut-être le personnel humanitaire qui a tendance à fonctionner souvent dans l'entre-soi...

Les dictatures sont insidieuses, on le découvre lorsqu'on entre dans les méandres, les veines, les chemins où nous amène Guy Delisle.

Cela commence par l'observation de produits essentiels qui manquent dans les rayons des supermarchés, et puis cela va au-delà... Brusquement, l'électricité manque, il est possible qu'elle ne fonctionne que durant deux ou trois heures dans une seule journée.

Mais, c'est autre chose que découvre aussi Guy, la censure, des journaux découpés, véritables origamis, on en rirait presque si ce n'était pas une dictature...

Et puis tout d'une coup, un message par Internet ne passe pas entre la France et Guy, tout simplement parce qu'un mot-clef jugé « subversif » a été identifié par la censure...

Nous découvrons une dictature au quotidien, la peur, la confiscation de la parole, la méfiance qui règne à l'égard de l'autre...

Jamais Guy Delisle ne juge ce qu'il voit, son vécu. Il témoigne simplement. C'est ce qui fait la force de ses chroniques.

J'ai été moins fortement ébranlé ici par ce récit que lorsque j'ai lu Pyongyang.

Pour autant, certaines chroniques disent, sur un ton de dérision, l'effroi d'un quotidien insupportable. On en ressort touché.
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Pyongyang

Que sait-on de la Corée du Nord ? Moi, rien. Un peu plus, depuis que j'ai fini cette BD. Et franchement, ça donne pas envie d'y aller ou alors pour découvrir une autre planète. Guy Delisle nous fait rire devant tant d'absurdités. Rues, routes, monuments, restaus. Tout est vide. Pas d'handicapés : ils naissent tous en bonne santé. Les femmes ne doivent pas faire de vélo : mauvais pour la santé. Je laisse les autres surprises. On ne peut avoir que de la compassion pour ce peuple opprimé.
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Chroniques birmanes

Je suis ravie d'avoir découvert dans ces Chroniques birmanes Guy Delisle en papa-poule vaguement dessinateur de BD, sa femme Nadège l'administratrice MSF aux sourcils froncés, leur petit Louis heu pardon Ada, sans oublier les petites et grandes histoires du Myanmar...



Avec beaucoup de finesse et d'autodérision, il raconte la vie des expatriés et ses aléas en termes de couches, de climatisation capricieuse ou de clubs privés avec piscine. Il nous donne aussi mine de rien quelques clés sur la Birmanie : minorités, junte, religion, drogue, santé, action des ONG, coutumes. Pas à la façon d'une encyclopédie, c'est vrai, mais sans conteste comme une BD intelligente et bien documentée !



Je vous conseille donc sans réserve ces Chroniques birmanes, tout comme d'ailleurs le film The lady pour avoir un autre éclairage sur la Birmanie... De mon côté, je vais certainement enchaîner sur les Chroniques de Jérusalem, en espérant que Nadège continue son parcours humanitaire avec des missions riches et variées !
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Le guide du mauvais père, tome 1

Une dent au creux de la main, son gamin est tout content dès lors que Guy, son papa, lui a dit qu'il aura une pièce en échange, à condition de la mettre sous l'oreiller. Mais, voilà, le soir venu venu, affalé devant la télé, il n'y pense plus...

La petite Alice avale malencontreusement un noyau d'abricot. Comment lui expliquer, en "flippant" les dessins, ce qu'il risque de lui arriver?

Comment donner l'envie à son gamin de donner des coups dans un "punching-bag"?

Pourquoi donc Alice pleure-t-elle devant le sapin de Noël, tous un tas de cadeaux déballés à ses pieds? Ou comment bien la terrifier avant de s'endormir avec une histoire de singe?

Une tronçonneuse qui fuit, l'huile de moteur qui ressemble, à s'y méprendre à du sang et un gamin assez peureux... Ouh, la mauvaise blague qui, Guy en est certain, fera rire encore dans 10 ans...



Guy Delisle, dans ces 14 historiettes, se met en scène avec ses deux enfants. Sur un ton complice, joueur , irresponsable parfois ou taquin, s'amuse avec eux (ou d'eux?). Ceci n'est pas à proprement parler un guide, ce serait plutôt un anti-guide. A-t-on déjà vu un papa qui ne partage pas ses céréales qu'il a rapportées du Canada ou qui va boire un café gentiment en terrasse alors qu'il avait promis à sa fille de la regarder nager? Ben, il faut croire que oui! Guy Delisle en fait partie! Jamais méchant mais avec une bonne dose d'autodérision, ce petit guide se veut avant tout cocasse, décalé et drôle. Malgré ses 190 pages, qui plus est avec un dessin en noir et blanc d'une grande simplicité mais efficace, il se dévore très vite.



Le guide du mauvais père... exemple à suivre?
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Pyongyang

La Corée du Nord est-elle matière à sourire et à rire ? Quand c'est Guy Delisle qui nous la fait vivre en petites BD, la réponse est indéniablement oui. Attention, je ne parle pas du rire bête et méchant de celui qui se croit supérieur ou ne voit pas la réalité terrible, mais d'un amusement étonné devant les petites et grandes aberrations d'un système. Ou comment l'humour peut sensibiliser en finesse à des thèmes graves comme la dictature, la désinformation, l'endoctrinement des masses...



Donc Guy Delisle, dessinateur de BD et d'animation, a tenu le journal de bord de ses 2 mois en Corée du Nord en 2003 : privation de liberté (ah non pardon, c'est pour lui rendre service que son fidèle guide et son fidèle traducteur l'accompagnent partout), problèmes économiques (pas d'électricité sauf pour éclairer les monuments à la gloire du grand leader ou accueillir les délégations étrangères), délire mégalo de la dynastie communiste dirigeante (mention spéciale pour les pin's Kim Jong-Il et le calendrier qui démarre à la conception du père de la nation), appel aux volontaires pour faire tout (et surtout n'importe quoi : peindre 2/3 de pont ou couper l'herbe à la faucille...).



Évidemment, quand c'est moi qui l'écris, ça n'a pas l'air drôle du tout. Et pourtant ça l'est, car Guy Delisle a un talent fou pour dénoncer sans donner de leçons et pour montrer tout le ridicule de certaines situations. J'ai aimé ses silhouettes noires quand il n'y a pas d'électricité, ses phrases chocs et sa sincérité, notamment lorsqu'il s'étonne de n'avoir absolument jamais entendu de critique du régime autre que 'nos films sont ennuyeux'.



Accessoirement, j'ai trouvé intéressants les passages sur la création d'animation ou la solitude de l'expatrié qui joue avec ses avions en papier quand il ne se saoule pas avec les autres expatriés dans une boite de nuit pour expatriés... Lisant Guy Delisle dans le désordre, je me suis d'abord demandée où étaient sa femme Nadège et leur fils... mais en fait Pyongyang c'était avant (et du coup il n'y a rien de redondant, en tout cas avec les Chroniques birmanes).
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