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Citations de Heiner Müller (59)


La spirale de l'histoire ruine les centres en broyant les zones périphériques.
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SERVITEUR : Ce qui remonte, c'est la bière.
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Macbeth : Si seulement j'étais mort une heure avant
Ma vie était heureuse. Après cet aujourd'hui
Qu'y a-t-il encore de sacré ici entre merde et sang.
Tout est un jouet, la gloire est rancie, la grâce corrompue.
Le vin est en tonneaux, seule la boue du raisin
Écume encore et bouillonne dans le creux du pressoir.
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Toute leur eau, même si les mers se rassemblent,
Ne lavera pas complètement ma main
De son sang. C'est plutôt cette main, la mienne
Qui habillera la mer de pourpre, son vert du rouge.
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Je crois que les utopies techniques sont dépassées. Le prochain siècle se fera plutôt dans la prudence, dans le repli sur de petites unités, sur des structures microscopiques. Et on abandonnera les grands projets, les structures macroscopiques.
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Müller.- Tout cela m'a l'air absurde. Ne s'agit-il pas plutôt de fausses espérances? Qui ne s'est pas montré défaillant au cours de ces derniers millénaires? Tout les politiciens, sans exception, ont toujours été défaillants. C'est leur devoir de défaillir.

Kluge.- Et les paysans?

Müller.- Les paysans, c'est une autre affaire. Les paysans ne peuvent en aucun cas défaillir, ils doivent faire leur travail, sinon plus personne n'a de quoi bouffer.
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La culture n'existe que par les vaincus et par la défaite. C'est ce qui produit la culture. Les vainqueurs n'ont encore jamais produit de culture.
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Pour moi, dès le début il était clair que lorsqu'on disait "nous sommes le peuple", très vite ça se transformerait en "nous sommes un peuple", et ça se transformerait encore plus vite en : " Tu ne dois pas avoir d'autres peuples à part moi. " Et là j'ai très bien compris pourquoi Brecht était si méfiant envers le mot peuple.

Kluge. - Il n'a jamais dit le mot peuple.

Müller. - Il n'a jamais dit le mot peuple mais seulement la population. D'un autre côté, tu ne peux pas vraiment motiver les masses avec le slogan : "Nous sommes la population." C'est ça le pire. C'est pour ça que par principe je suis méfiant envers les mouvements de masse. Mais ça provient aussi de mon enfance.
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Nous étions entre Berlin et Moscou
Une forêt dans le dos devant les yeux un fleuve
A deux mille kilomètres Berlin
A cent vingt kilomètres Moscou
Chacun au fond d'un trou dans le bourbier gelé
Et nous attendions l'ordre d'intervention
Et la première neige Et les Allemands
De jour nous entendions le front la nuit
Nous le voyions Les Allemands avaient
Le moral des vainqueurs Mes soldats
Avaient peur et pas beaucoup plus
La peur est la mère du soldat
Et le premier coup de ciseaux tranche le cordon ombilical
Et celui qui échappe au coup de ciseaux meurt de la mère
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On devrait coudre les femmes, un monde sans mères. Nous pourrions nous massacrer tranquillement les uns les autres, et avec quelque espoir, quand la vie nous devient trop longue ou la gorge trop serrée pour nos cris.
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Et le porteur du laurier interrogea:
Le vainqueur doit-il être jugé?
Et le porteur de la hache interrogea:
L'assassin doit-il être honoré?
Et le porteur du laurier dit:
Si l'assassin est jugé
Le vainqueur est jugé
Et le porteur de la hache dit:
Si le vainqueur est honoré
L'assassin est honoré.
Et le peuple regarda l'un et indivisible auteur
de ses actes différents et garda le silence.
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Quavez-vous appris si ce n'est à manoeuvrer votre queue dans un trou en tous semblable à celui dont vous êtes issu, avec toujours le même résultat, plus ou moins divertissant, et toujours dans l'illusion que l'applaudissement des muqueuses d'autrui va à votre seule personne, que les cris de jouissance vous sont adressés à vous, alors que vous n'êtes que le véhicule inanimé de la jouissance de la femme qui vous utilise, indifférent et tout à fait interchangeable, bouffon dérisoire de sa création. Vous le savez bien, pour une femme tout homme est un homme qui fait défaut. Et vous savez également ceci, Valmont: bien assez tôt le destin vous enjoindra de n'être même plus cela, un homme qui fait défaut. Au fossoyeur de trouver ensuite sa satisfaction.
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ces mains-là n'agrippent pas d'appareil génital sans la bénédiction de l'église, Valmont.
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LE MORT JOYEUX
DIEU BONHEUR: Tu es bien joyeux, mort.
LE MORT: Quand on est mort, on n'a pas le droit
D'être joyeux?
Le dieu bonheur pleure.
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1 - Puis-je déposer mon coeur à vos pieds.
2 - Si vous ne salissez pas le plancher.
1 - Mon coeur est propre.
2 - C'est ce que nous verrons.
1 - Je n'arrive pas à le sortir.
2 - Voulez-vous que je vous aide.
1 - Si ça ne vous ennuie pas.
2 - C'est un plaisir pour moi.
Moi non plus je n'arrive pas à le sortir.
1 - pleurniche.
2 - Je m'en vais procéder à l'extraction.
Sinon pourquoi aurais-je un canif.
Il n'y en a pas pour longtemps.
Travailler et ne pas désespérer.
Bon, eh bien le voilà. Mais
C'est une brique. Votre coeur
C'est une brique.
1 - Oui, mais il ne bat que pour vous.
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l'objet de la recherche: la faille dans le déroulement, l'autre dans le retour du même, le bégaiement dans le texte sans paroles, le trou dans l'éternité, l'ERREUR peut-être salvatrice: regard distrait de l'assassin, quand il éprouve de ses mains, de la lame du couteau, le cou de la victime sur la chaise, sur l'oiseau dans l'arbre, dans le vide du paysage, hésitation avant de trancher, les yeux fermés avant le jet de sang, rire de la femme qui le temps d'un regard relâche l'étranglement, fait trembler la main qui tient le couteau, vol en piqué de l'oiseau attiré par le scintillement de la lame, atterrissage sur le crâne de l'homme, deux coups de bec à droite et à gauche, vertige et hurlement de l'aveugle, giclées de sang dans le tourbillon de l'ouragan qui cherche la femme, peur que l'erreur survienne pendant le clignement des yeux, la fente de visée sur le temps s'ouvre entre regard et regard, l'espoir demeure sur le fil de la lame d'un couteau tournant de plus en plus vite sur lui-même avec une attention croissante = lassitude, inquiétude soudaine dans la certitude de l'effroyable: le MEURTRE est un échange de sexe, ÉTRANGER A SON PROPRE CORPS, le couteau est la blessure, la nuque le couperet, la perte de contrôle fait-elle partie du plan, à quel appareil est-elle fixée la lentille qui aspire les couleurs du regard, dans quelle orbite se trouve-t-elle la rétine, qui OU QUOI s'inquiète de l'image, DEMEURER DANS LE MIROIR, l'homme au pas de danse est-ce MOI, ma tombe son visage, MOI la femme avec la blessure au cou, dans les mains à droite et à gauche l'oiseau déchiré en deux, le sang à la bouche, moi l'oiseau, qui de l'écriture de son bec montre à l'assassin le chemin dans la nuit, MOI l'ouragan gelé
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J'étais Hamlet. Je me tenais sur le rivage et je parlais avec le ressac BLABLA, dans le dos les ruines de l'Europe.
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PHILOCTETE
Est-ce la honte qui fait rougir tes joues, vainqueur?
Tu n'as pas à rougir de ton travail.
Le filet était noué avec ruse, le meilleur que j'ai vu,
et l'appât avec zèle a rempli son devoir.
Ton maître en tromperie, le trompeur qui toi aussi
te trompa, le voleur qui t'enseigna le vol,
mon-ennemi-et-le-tien, ne sera pas avare d'éloges.
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La plus grande chute est celle qu'on fait du haut de l'innocence.
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VIEUX POÈME

La nuit traversant le lac à la nage l'instant
Qui te met en question Il n'y en a plus d'autre
Enfin la vérité Tu n'es qu'une citation
D'un livre que tu n'as pas écrit
Contre cela tu peux toujours écrire sur ton
Ruban qui pâlit Le texte passe au travers
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