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Critiques de Hélène Dorion (88)
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Mes forêts

Les forêts apprennent

A vivre avec soi-même



Parmi les recueils de poésies présents sur ma table de chevet voici le petit dernier « Mes forêts » d'Hélène Dorion. Grâce aux superbes critiques de Sabine59 et de Zephirine, j'ai craqué pour ce beau livre flamboyant de couleur érable rouge de la part d'une auteure qui connait son sujet étant canadienne.



Se balader dans les forêts d'Hélène Dorion, ses forêts à elle comme l'indique le possessif, c'est, comme lors de promenades sylvestres, recueillir de petits trésors, quelques vestiges du passé, des images majestueuses, des odeurs d'humus et de sous-bois, des jeux de lumière, le souffle du vent entre les troncs, des sensations fugitives à la fois inquiétantes, imposantes et féériques, pour en revenir transformé.e et ressourcé.e. Un livre dans lequel chaque vers vient explorer votre intérieur pour mieux faire jaillir votre regard vers l'univers. Les forêts d'Hélène Dorion se veulent fusion de ce lieu si particulier et du corps, osmose et harmonie entre forêts naturelles et forêts intérieures, racines et branches entrelacées.



Les forêts creusent

Parfois une clairière

Au-dedans de soi



Hélène Dorion décline tous les dégradés des couleurs de la forêt depuis les bruns sombres jusqu'au vert tendre. Dégradés des émotions et sentiments poussés alors à leur paroxysme dans ce décor qui invite à la méditation et au retour sur soi.



Tout un champ de colonnes

Effleure les nuages



Lentes cicatrices

Dans la bouche de l'hiver

Un visage d'épines insoumises



Les forêts entendent

Nos rêves et nos désenchantements



Dans une écriture sensorielle et pure, Hélène Dorion nous touche, nous effleure, nous bruisse, nous craque, nous épine, nous érafle, nous hulule, nous craquelle, nous piétine, nous hurle entre racines et nuages, en captant le furtif, l'indicible, l'insondable…



Je suis cette ramille

qui frémit au bout du vide

trace un invisible chemin

vers l'horizon

chaque souffle

me dépouille d'un feuillage

me laisse vacante

comme la lumière qui va

elle aussi vers le soir



Les forêts d'Hélène Dorion se veulent aussi forêt du temps, le temps de l'Humanité depuis son aube, celle des balbutiements, et le temps humain. Le Temps et le temps. De longues trainées de temps universelles et personnelles.



Mes forêts sont un long passage

pour nos mots d'exil et de survie

un peu de pluie sur la blessure

un rayon qui dure dans sa douceur

et quand je m'y promène

c'est pour prendre le large

vers moi-même



C'est ma première rencontre avec cette poétesse francophone. Je découvre une écriture d'une grande sensibilité dont la poésie me traverse et me touche profondément.

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Mes forêts



" Comme résonne la vie" m'avait enchantée. Ce chemin de vie parmi les forêts canadiennes de l'auteure m'a encore plus séduite.



On retrouve l'attachement d'Hélène Dorion à ce lieu premier, la nature. Elle développe en trois parties ,qui sont comme des passerelles entre elles ,le thème des forêts, " mes forêts", écrit-elle, le possessif marquant bien la fusion du corps et du lieu, de l'esprit et de l'univers.



Le principe de l'anaphore est ici encore souvent utilisé, comme un mantra:



" Mes forêts sont mes espoirs debout

un feu de brindilles

et de mots que les ombres font craquer

dans le reflet figé de la pluie"



" Mes forêts sont du temps qui s'immisce

à travers tronc branche racine

Elles traversent le feuillage du jour

capturent l'ombre capturent l'éclat"...



Le souffle du vent dans les arbres, les bêtes mystérieuses de la forêt, "le bruissement du temps", quel merveilleux parcours poétique ! La forêt prend un aspect métaphysique, intemporel, tout en restant liée à l'intime de l'être.



L'écriture pure, intense, nous transmet son bel élan vital. Entrez dans cette forêt de signes et de songes, d'images saisissantes et d'approfondissement de soi! Vous ne le regretterez pas. J'ai quitté les forêts intérieures d'Hélène Dorion avec regret, mais elles ont laissé leur empreinte boisée , revivifiante, en moi.

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Coeurs, comme livres d'amour

Dans « mes forêts », son précédent ouvrage, Hélène Dorion nous entraînait dans les bois au plus près des arbres dans une nature préservée. Dans » Cœurs comme livre d’amour », la poétesse nous convie encore et toujours à cheminer dans la nature et l’intime, comme un écho à la vie, à l’amour.



« Le chemin de lumière et le chemin de peine

s’étirent, dans la brûlure du soir

qui dénude le vaste horizon

tu n’ignores plus rien de ton cœur. »



La poétesse québécoise parle avec simplicité de cet organe « tache sombre-ou claire/vaste empreinte/enveloppe où pèse le sang », ce cœur qui bat et dont les joies, les peines, nous sont communes. Sujet universel, donc, mais traité de façon subtile.



« Mon cœur, où déposer la soif

qui n’a pas de commencement. »



En parcourant les paysages, et en nous ouvrant son cœur, elle ouvre de vastes horizons, et c’est le monde qu’elle nous offre.

Les saisons s’égrènent, on sent le temps qui passe, et ce cœur qui change, comme les saisons.



« Le sapin rouillé de novembre, le bois

qui bientôt brûlera

dans la cheminée de décembre, le monde

s’il recommence, mon amour, entre tes mains. »



Mais il y a aussi ce sentiment d’incomplétude et l’inconstance des rêves. On ne peut retenir les années qui s’écoulent.



« …je n’ai fait le tour ni de mes rêves ni de l’amour ».



Hélène Dorion s’y entend pour cueillir le quotidien et la sensualité des éléments. Dans son œuvre, tout fait poème.



« Humble dans mon corps, le matin se glisse :

l’odeur du café, du pain grillé

tout ce temps entre nos mains. »



Ces petits riens, ces choses intimes, nous en disent beaucoup sur elle-même, et c’est avec une sincérité sans affectation qu’elle ouvre son cœur jusque dans ses moindres plis.

J’ai beaucoup aimé cet abandon dans la mélancolie, les moments heureux et les plus douloureux.

Sans lyrisme appuyé, voguant entre prose et poésie, l’écriture d’Hélène Dorion nous étourdit dans un grand frisson de vie.



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Mes forêts

Mes forêts sont belles, mais je ne sais pas comment le dire.

Elles sont pour moi des îles, des horizons, des fragments de vies, des racines, des feuillages où bruissent des gestes, des battements d'ailes.

J'ai besoin de la forêt comme j'ai besoin de la mer. J'ai autant besoin du mouvement de la vague que de l'entrelacement des arbres.

J'ai besoin d'entendre et de sentir la forêt ; et quand je parle de la forêt c'est celle toute proche où parfois je vais courir, où parfois je vais marcher. Où parfois je m'arrête, je m'adosse, je m'enlace contre le tronc d'un hêtre, un en particulier, car dans une forêt on finit par se faire des amis.

Un jour, un samedi après-midi, je me rappelle être entré pour la première fois dans cette toute nouvelle librairie qui venait de s'ouvrir dans ma commune et qui s'appelle Elizabeth & Jo. J'y suis entré comme on entre dans une forêt, le coeur tremblant et les bras ouverts. Les livres étaient le feuillage de cette forêt nouvelle.

Elles s'appellent toutes les deux Julie, un pur hasard, même si Paul Éluard vous dirait qu'il n'y a pas de hasard, qu'il n'y a que des rendez-vous. Elles m'ont souri, comme on accueille quelqu'un dans sa maison. J'ai effleuré les livres autant que leur sourire. Je ne sais plus comment le sujet est venu, celui de la poésie, ah si ! je me souviens maintenant, j'ai demandé si elles avaient un rayon poésie. L'une d'elle, Julie donc, m'a évoqué justement l'envie de développer un rayon de poésie au travers de petites maisons d'édition peu connues encore et m'a montré ce qu'elles proposaient aujourd'hui, avec un coup de coeur pour une maison d'édition, les Éditions Bruno Doucey. C'est ainsi que je suis venu vers Mes forêts.

Ou plutôt, Mes forêts, ce recueil de poésie est venu à moi par ses branches tendues, comme des bras, des mains.

Hélène Dorion m'a invité dans ses forêts, ses vertiges, la douceur des mots qu'elle tisse pour dire la survie, l'exil, l'horizon.

Je suis venu dans l'odeur d'humus de ces pages et je m'en suis abreuvé. Ce fut une ivresse.

" les forêts nous promettent

l'écume et les embruns

sur l'épaule du présent

l'écorce du souvenir "

Je savais depuis longtemps que les forêts ont ce pouvoir mystérieux d'entrer en nous. Chaque fois que je traverse une forêt, je suis en même temps traversé par cette forêt.

Les poèmes d'Hélène Dorion m'ont traversé.

Mes forêts sont à quelques encablures près de celles décrites par Hélène Dorion.

C'est comme si Hélène Dorion avait percé en moi un trou pour y déverser des bruits d'oiseaux et de ramures, les odeurs d'humus et de la pluie sur les feuilles, le vertige qui se terre derrière cet édifice.

J'ai l'impression que ce qui se tait en moi bruit dans le feuillage de ces forêts. Je me suis reconnu dans chaque racine, chaque écorce, chaque déchirure.

Je sais que j'ai trahi des paysages. Je voudrais revenir vers eux, qu'ils me pardonnent et m'acceptent de nouveau.

Je me faufile dans les mots de ces poèmes, je vis, je revis, je revois.

Ces poèmes sont beaux comme la lumière qui dégringole dans une clairière.

Je balbutie, je tremble comme une feuille, une feuille qui n'est pas encore morte.

Mes forêts, - comme j'aime ce possessif pour une fois, comme on pourrait dire « mes enfants », « ma vie » aussi...

Mes forêts, je voudrais les clamer, dire les mots qui s'égrènent, se dispersent, fatiguent peut-être nos illusions ou les réconcilient.

J'avance à petits pas dans les pages, j'avance dans la nuit. Je capte des étoiles dans mes yeux. Elles sont retenues dans les branches éparses. Je les cueille avec mes doigts comme des fruits. Elles seront toujours là désormais, sommeillant dans le bruit du monde,

L'écoulement du temps...

« Une feuille tombe nue

comme s'égrènent les voix

dans leur solitude. »

Tout est beau dans le chemin proposé par Hélène Dorion. C'est une ivresse sylvestre.

C'est une promenade magnifique, une tangente vers l'ailleurs, étrangement nos pas reviennent sans cesse à nous.

Les forêts sont des rivages.

« où aller

quand il n'y a pas de commencement »

Je voudrais que tous les jours soient un commencement.

Une forêt d'éternité.

« par la lenteur du monde

je me laisse étreindre

je n'attends rien

de ce qui ne tremble pas »

Il reste sans doute à la fin de ces textes un sentiment de fragilité. Que peut la beauté des mots ou de la nature contre les barbaries ? Que peuvent les forêts merveilleuses ou agonisantes ?

Il nous reste alors nos forêts, amples et multiples.

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Pas même le bruit d'un fleuve

Il y a dans la vie des hasards fabuleux qui vous font croiser des gens, des romans qu'on n'aurait jamais dû connaître.

C'est grâce à ma fille que j'ai découvert ce roman d'Hélène D'orion, stagiaire à Montréal, elle travaille sur le fleuve Saint-Laurent. C'est alors qu'elle me propose de lire ce roman qui porte ce titre tellement poétique. Pas même le bruit d'un fleuve.

Je ne connais pas encore Le Saint-Laurent mais l'histoire des secrets de son lit me poursuivent déjà.

Hanna vient de perdre sa mère, et comme il arrive souvent, elle se met à trier ses papiers et découvre que celle-ci écrivait sa vie dans un cahier jaune.

Pour Hanna, cette correspondance secrète est le début d'un long voyage qui la mènera à remonter le fleuve jusqu'à Kamouraska en compagnie d'une amie.

L'écriture de ce roman est extraordinaire, douce, tendre, nostalgique, on remonte le temps et l'histoire d'Hanna et des siens pour découvrir le secret d'une vie.

L'écriture d'Hélène D'orion est fascinante, poignante comme les tragédies qu'ont connu le Saint-Laurent.

Un roman exceptionnel, à découvrir sans hésitation.

Merci Malina pour cette lecture.





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Mes forêts

Enfoncez-vous entre les arbres de « Mes forêts », laissez-vous guider par les vers d’Hélène Dorion et vous sentirez l’odeur de l’humus, des feuilles, vous entendrez le vent dans les branches. C’est ce que j’ai fait et c’est ainsi que j’ai rencontré cette grande poétesse québécoise qu’est Hélène Dorion.

Ce recueil, né au plus profond d’une forêt, nous entraîne sur des sentes sauvages qui parlent de nous, de nos vies. Dans cette nature préservée, les arbres ont beaucoup à nous dire à qui sait les écouter vraiment et c’est ce que parvient à mettre en mots la poétesse.

« Les forêts sont mes espoirs debout »

Elle écoute les arbres, témoins du temps qui passe, de la vie et de la mort, ainsi que les saisons qui glissent entre leurs troncs

« Mes forêts sont un champ silencieux

de naissances et de morts

la mémoire de saisons

qui se lèvent et retombent. »

« Écoute » nous enjoint la poétesse, car la forêt, « c’est le bruit du monde, l’écoulement du temps » « Écoute » nous répète-t-elle, inlassable. On écoute et l’on entend ces « choses muettes et nues »

La forêt nous enseigne la lenteur, elle nous rend humble, nous apprend la résilience lorsque, dans nos vies, « il fait casse-gueule … il fait refus et rejet… il fait chimère ».

Mais le passé, déjà, s’efface devant le futur. « Le temps jamais ne s’arrête nous dit l’arbre »

Nos histoires sont écrites dans la forêt où, nous confie la poétesse dans la dernière page, « quand je m’y promène c’est pour prendre le large vers moi-même. »

L’écriture d’Hélène Dorion, cristalline, délicate, est d’une grande sincérité. Elle nous chavire et nous emporte. La poétesse a su transcrire à merveille le chant de l’arbre dans le silence et la solitude de la forêt et c’est la vie qui palpite sous la canopée de ses vers.

J’ai adoré et vais poursuivre ma découverte de cette grande voix de la poésie francophone.



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Coeurs, comme livres d'amour



Ah, comme j'aime la poésie d'Hélène Dorion! Cette fois encore, je suis envoûtée par ses textes.



" Coeur:

où le noir nous instruit de l'aube

où s'épuisent les saisons

où frémit le désir (...)



où commence

et s'achève le poème "



Cet extrait exprime parfaitement la démarche poétique de l'auteure: créer un lien, une fusion entre elle, son coeur fragile mais où " l'on cueille la lueur" , la nature et l'écriture.



Je me suis sentie traversée par les images fortes, les vers émouvants et justes, l'humanité et la tendresse qui se dégagent de ce recueil, malgré la tristesse et les doutes.



Plusieurs mois s'écoulent. Fine observatrice du dehors, Hélène Dorion traduit par les mots des impressions vives, souvent métaphysiques, qui nous parlent, car universelles, tout en restant intimes. La dernière page est d'une beauté...qui me ferait presque pleurer. Apothéose d'un livre frémissant de vie. En voici un extrait:



" je choisis les fraîches ondées, les couleurs du soir

et les questions qui durent au bout des ans,

je choisis le plus infime

la rose , ton regard, mon coeur

qui respire l'impérissable



leçon de beauté, leçon de fragilité.



Voir et rejoindre je choisis



ce qui m'échappe

et me dénude"



Je suis heureuse de savoir que son précédent recueil " Mes forêts " est au programme du bac! Elle mérite d'être connue de tous.







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Pas même le bruit d'un fleuve

Un roman de tragédies familiales dans le décor du fleuve Saint-Laurent et avec une belle écriture poétique.



À la mort de sa mère, une femme fouille le passé et découvre comment le malheur se transmet de mère en fille, comment des familles sont brisées sur plusieurs générations. Elle cherche à comprendre sa mère, mais en revisitant ses souvenirs, elle trouvera aussi des miroirs de ses propres images.



Un roman de naufrages, un bateau coulé dans le fleuve, mais aussi les naufrages des grandes amours toujours et des couples sans amour.

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Comme résonne la vie

Femme poète ( mais aussi romancière ) canadienne, Hélène Dorion est très connue dans son pays et a reçu de nombreux prix. Ce recueil est le plus récent, publié en France en 2018.



Le titre est tiré d'un superbe poème que j'ai déjà cité, dont voici les deux derniers vers:



" et comme résonne étrangement l'aube

à l'horizon, enfin résonne la vie."



Tous les thèmes qui l'obsèdent sont là , dans ces mots: le mystère de la vie, les interrogations liées à notre présence au monde, la nature ressourçante, sa beauté.



Entre passé et présent, enfance et âge adulte, Hélène Dorion creuse " le labyrinthe des jours", en décèle la fragilité, la lumière aussi.



" Si fragile, tu te sens si fragile

dans les bras du temps qui pousse

vers toi des ciels évanouis"



On sent une recherche intense, des désirs, des élans:



" On voudrait les étoiles qui se penchent

au milieu du très noir, la terre

belle comme une aube, comme le plus petit atome

qui l' habite, on voudrait l'espérance

encore possible, dans nos mains, des rêves"



J'ai d'ailleurs été sensible à la forme particulière des poèmes, qui utilisent très souvent l'enjambement, la répétition comme un refrain qui relance les mots, qui poursuit la quête existentielle, un souffle continu.



A propos d'elle, l'écrivain Pierre Nepveu a écrit : " Nous avons besoin de ce vent de l'âme que sa poésie ne cesse de faire souffler et de faire entendre." C'est vrai, notre coeur s'agrandit, vogue dans l'espace, s'ouvre et respire pleinement, à la lecture de ses poèmes...

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Pas même le bruit d'un fleuve

« Tu n’as jamais su que ta mère écrivait ? »



C’est une promenade toute en douceur et nostalgie, tendresse et questionnements que nous propose Hélène Dorion dans Pas même le bruit d’un fleuve. Au fil des découvertes par Hanna des écrits de sa mère défunte, sa vie s’éclaire et s’interprète d’angles nouveaux, lui donnant envie de retourner sur les traces de l’absente, au fil du Saint-Laurent.



Un cahier dans une boite ; une coupure de journal ; un pan de vie méconnu lié à un mystérieux naufrage en 1914… La parole si longtemps tue se révèle par l’écrit et donne à Hanna, une nouvelle lecture de sa propre vie.



Loin de l’image complice ou détestable des rapports mère-fille souvent véhiculée dans les romans, Hélène Dorion raconte avec sensibilité et délicatesse, la découverte posthume de deux êtres que la vie n’a pas suffi à rapprocher. « Je viens d’une étrangère dans une vie qui n’était pas la sienne ». C’est simple et douloureux, nostalgique et si beau.



Mais en explorant la souffrance de la parole absente et des relations tronquées ou tues, Hélène Dorion leur oppose la force cathartique de l’écrit - « L’écriture ne répare pas les cassures, elle ne fait qu’ouvrir les chemins nécessaires pour se réconcilier avec elles » - et de la poésie : « La poésie serait-elle notre lien secret fait de mots jamais prononcés, est-elle l’envers de l’absence, une ondée qui s’abat pour éclairer un jardin de nuit ? ».



C’est toujours difficile pour moi de m’aventurer hors de mes bases de confiance vers des textes poétiques (et encore davantage d’en faire des retours pertinents), mais je suis heureusement parfaitement guidé par Annie-Rose et Sandra, deux poissons-pilotes au goût sûr, qui ont su me pousser vers ce très beau texte vers qui je ne serais probablement pas allé seul.



Et qui me poussera probablement demain vers d’autres textes de cette auteure.
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Recommencements

Un magnifique ouvrage de réflexions sur la vie et la mort.



Ce n’est pas un roman, mais une série de chapitres qui traitent de deuils et de moments de vie, et surtout, du travail intérieur pour les comprendre. Un texte poétique qui parfois tient de l’essai, en expliquant plutôt qu’en racontant.



La prose relate aussi comment une petite fille a découvert la lecture et comment l’écriture est devenue le centre de sa vie, à la fois bouée de sauvetage, point d’équilibre et impulsion de bonheur et d’envol lumineux.



Un livre petit par son nombre de pages, mais un grand livre par sa profondeur.
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Ravir : les lieux

Silence, méditation, contemplation des choses, écoute des mondes intérieurs...



Avec "Ravir : les lieux", Hélène Dorion nous convie à un voyage à pas lents, traversé de fulgurances, qui a la profondeur et l'évidente clarté d'un cheminement initiatique.



Une bien belle promenade...
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Jours de sable

Une histoire simple, mais un texte magnifique.



Le court roman autobiographique raconte la vie d’une petite fille qui découvre la lecture, qui doit être hospitalisée ou qui va en vacances avec ses parents. Ce n’est pas un accrolivre plein de suspense, c’est une prose réfléchie et finement ciselée.



Que dire de plus? Je me retrouve un peu en elle, dans sa vision des livres entre autres. Mais comme j’aimerais avoir la même plume et savoir dire les choses aussi gracieusement!

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Pas même le bruit d'un fleuve

Long poème s'écoulant comme le Saint Laurent, complicité impossible à retrouver entre Hanna et sa mère Simone qui lui a légué ses carnets.



J'ai un problème avec cette belle écriture poétique mais je suis convaincu qu'elle saura séduire ceux et celles qui arrivent à mettre du contenu par exemple dans 'Consentir au mouvement des ombres'.

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Mes forêts - Le paysage, l'intime, la poésie

🌳🌲Chronique🌲🌳



On croirait une histoire

Couverte de mousse et de lichen

Une histoire recouverte d’odeurs

Sylvestres et de vents déchaînés



On croirait effleurer les pins

Connaître les murmures de la brume

Élever ses syllabes vers les cimes

Des vers qui voltigent sur le blanc



Je sais ce qui parle en moi

Les forêts, la poésie, le ciel

Je sais ce qu’ils disent du monde

Qui dégringole sur les abîmes



Je sais les questionnements

De l’arbre, du verbe, des feuilles

Je sais qu’ils errent dans les rêves

Et les points morts de nos illusions



Mes forêts scintillent, savent

Rougeoient, pépient, dorment

Mangent, tanguent, nourrissent

Pleurent, glissent, avancent…



Mes forêts brûlent, crèvent

Arrachent, tombent, secouent

Griffent, tordent, achèvent,

Déploient, inspirent, expirent…



Nous sommes liées Mes forêts et moi

Comme du lierre qui court sur la peau

Comme du vivant qui perce sur le coeur

Comme du vert qui renaît inlassablement



Nous sommes liées Mes forêts et moi

Parce que la poésie est libre et sauvage

Parce que les rimes dispersent la beauté

Parce que les coupes reviennent en féerie



Mes forêts sont intuitives, impressionnantes

Légères, puissantes, rêveuses, porteuses

Animales, connectées, actives, fracturées

Désarmantes, aimantes, inquiètes, cassées



Et plus, je les regarde et plus, j’entends

Et plus, je les entends et plus, je les sens

Et plus je les sens, et plus, elles me touchent

Et plus elles me touchent et plus, je les aime



On croirait une histoire de retour aux sources

Mais c’est une chronique, une errance

Une aventure au milieu des racines de la vie

Un point d’ancrage sans ponctuation



On croirait une histoire de réciprocité

Mais c’est une expérience, un reset

Une exploration au cœur des écoulements

Une éclosion sublime sans le bruit du monde



On croirait d’ici une déclaration d’amour

À mes forêts -nos forêts, ses forêts-

Une déclaration Love qui se poursuit

Sur un chemin enchanteur dans les bois

Profonds et solitaires de l’humanité…



Coup de cœur expansif et infini❤️
Lien : https://fairystelphique.word..
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Mes forêts

Je remercie Masse Critique de Babelio et les éditions Bruno Doucey pour l’envoi de ce recueil de poésie et la découverte de cette poétesse québécoise.

Hélène Dorion nous entraine dans les forêts profondes de son pays et c’est envoutant. Ses forêts sont vivantes, elle nous les rend si proches. Les forêts ont des vertus insoupçonnées

« Les forêts

apprennent à vivre

avec soi-même »

Elle nous dit tout de ses forêts, raconte le ruisseau, le rocher, la bête et le silence. Et surtout, elle raconte l’arbre, personnage principal, elle raconte chaque partie de l’arbre. Le tronc « tout un champ de colonnes effleure les nuages » puis la branche, les feuilles, l’écorce, la cime et les racines qui « fendent le sol comme des éclairs »

Hélène Dorion sait nous raconter des histoires, celles des hommes nés avant nous et dont les forêts ont peut-être gardé la trace,

« La terre a commencé à recueillir nos histoires »

Mais l’harmonie n’est pas toujours là, et surgit la saison froide et le chaos

« guerres famines tristes duretés

c’est seulement l’hiver »

L’écriture d’Hélène Dorion est limpide et d’une grande sensibilité et j’ai eu beaucoup de plaisir à partir à la rencontre de cette poétesse à travers ses forêts.

« mes forêts sont des rivages

accordés à mes pas la demeure

où respire ma vie »





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Mes forêts

Mes forêts c'est un long plaidoyer poétique pour la nature.

Un appel profond sortit des entrailles de ces immenses étendues forestières du Québec ou vit l'autrice. En nous immergeant là où elle habite, Hélène Dorion veut nous faire ressentir son amour pour ces paysages sauvages et sublimes, mais surtout tisser un lien sensoriel avec ces végétaux que sont les arbres.

Comprendre la forêt dans tous ses aspects et explicitement appréhender sa nécessité absolue pour les humains, afin qu'ils puissent vivent en harmonie avec la nature et tout ce qui la compose. Car l'autrice n'hésite pas à nous renvoyer dans les cordes, en attirant notre attention sur la responsabilité que nous portons dans la destruction de notre environnement, que ce soit pour les forêts détruites, les animaux tués ou les peuples amérindiens chassés de leurs terres.

Dans un style personnel libre, bien à elle, l'autrice se moque avec une élégance caustique de nos modes vies, de notre indifférence aux douleurs du monde, petite leçon de vie pour qu'enfin, nous arrêtions la politique de l'autruche, face aux problèmes existentiels qui nous menacent.

On notera avec bonheur que ce livre de poésie sera au programme du bac 2024, merveilleuse reconnaissance pour l'écologie et retour en grâce de la poésie à l'école, il était temps !
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Coeurs, comme livres d'amour

Pour Hélène Dorion, le cœur est beaucoup plus que cet « organe central situé entre les deux poumons », Il est aussi le lieu de « cet amour qui imbibe nos mains. »



En partant d’un organe fait de tissus et de sang et qui bat pour nous maintenir en vie, la poétesse nous conduit sur le fil fragile de l’amour. Elle évoque aussi avec beaucoup de délicatesse la rupture, l’éloignement, le temps qui passe et les souvenirs de l’enfance.

Tout est dit avec simplicité et c’est cela qui nous touche, cette façon de raconter les méandres du cœur et de la vie, où chacun peut se retrouver.



« Ce matin le vent enlace la maison, étreint

les arbres comme m’étreint ton silence.

L’étendue s’efface, ne laisse que mon corps

mes veines fines, mes mains éparpillées



dans le souvenir de ton visage,- le désir

est amour de la lumière. »



La nature, le paysage, accompagnent ce voyage au cœur de l’intime et l’on ne se lasse pas de découvrir ces images sur lesquelles passent les saisons.

Cette poésie universelle qui parle de l’amour avec beaucoup de sensibilité me va droit au cœur.

Un grand merci aux éditions Bruno Doucey et à Babelio pour cette lecture sensible

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Coeurs, comme livres d'amour

C'est si délicat qu'il m'a fallu le bon angle et l'attention nécessaire pour entrer dans ces poèmes. Le coeur: organe et lieu de sensations et émotions, dans lequel se déploie le monde et sa nature, organe poreux à la membrane si fine que les éléments s'interpénètrent, que le monde intérieur et extérieur se mêlent l'un à l'autre au point de se dissoudre l'un dans l'autre.

A chaque poème, la question se pose: comment poser sur écrit ce qui nous traverse, sentiments et temps qui passe?



"Je ne reconnais rien du paysage

à l'intérieur de moi



je cherche le centre."



Le "je" parle au "tu" un peu comme une danse, un mouvement de va-et-vient vers l'autre, "tu" absent et présent à la fois.

Des poèmes à relire, un à un, comme un collier qu'on égrenne, pour s'en imprégner.

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Comme résonne la vie

A travers ses poèmes, Hélène Dorion dit le voyage personnel, l’histoire humaine, souvent marqués de grands vents et d’hivers froids, mais toujours reliés à la nature, une ancre qui permet de ne pas se noyer dans les grands fonds, de comprendre le chemin, de se révéler au bout de la nuit. Plusieurs poèmes sont écrits tantôt en tu, tantôt en je, creusant le mystère de notre présence au monde.



Quelques textes disent aussi la richesse des mots, des poèmes sur lesquels on peut compter pour creuser la fragilité et s’accrocher aux branches solides ou aux frêles bourgeons.



Impossible de ne pas sourire et noter l’un des derniers poèmes du lire, p. 63.



Pour accompagner ce billet, comme il est souvent question d’hiver et d’arbres dans ce recueil, je vous propose de contempler le tableau de Camille Pissarro, Paysage enneigé à Eragny avec un pommier. Et pourquoi pas, d’écouter L’hiver des Quatre saisons de Vivaldi ?
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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