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Critiques de Hélène Machelon (133)
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Flagrant déni

Dans Flagrant déni, le sujet pourrait ressembler à s'y méprendre à la chronique d'une adolescente ordinaire.

Juliette a dix-sept ans. Elle est une brillante lycéenne, passionnée de lectures et de piscine. Les grandes écoles déjà se la disputent pour la prochaine rentrée.

Au lycée, Juliette est ce qu'on appelle méchamment une sainte nitouche, à l'inverse de ses autres camarades, qui elles sont délurée voire effrontée. Son caractère infernal, c'est à la maison qu'elle le déverse, contre sa mère en particulier, Agnès.

Cela a commencé par une douleur au ventre. Son coeur s'est mis à battre fort. La jeune fille s'est étonnée.

C'est quand les spasmes se sont fait sentir de manière plus violente, maltraitant son jeune corps, que la mère de la jeune fille a décidé de l'amener aux urgences. Quelque chose de brûlant se préparait en elle, dans son ventre, secrètement...

Mais quand un jet incontrôlable a inondé ses chaussures, l'infirmière des urgences a lâché ces mots consternants : « Mais... Mademoiselle, vous accouchez ! » L'adolescente alors n'a pas trouvé autre chose à répondre, autant à elle qu'à sa mère, que ce banal et cinglant « N'importe quoi ! »

C'est vrai, son ventre est plat et la veille encore elle participait à une compétition de natation…

Plus tard, le verdict pourtant a été impitoyable, fracassant, incontestable. Ce fut une décharge inouïe, un uppercut, une brèche dans sa psyché. Juliette sortait du déni.

L'écriture d'Hélène Machelon est magistrale pour dire cette onde de choc, cette déflagration, l'état de sidération dans lequel brusquement une jeune fille ouvrant les yeux se sent sale et contrainte comme dans un viol, avec cet enfant à venir qui vient lui voler sa dignité et son innocence, elle qui était à deux doigts de goûter la liberté...

L'écriture d'Hélène Machelon est sublime pour dire l'émoi d'un corps qui perd son centre de gravité, un ventre brusquement qui se déplie puisque le déni n'a plus lieu d'être, puisque l'incrusté n'est plus un passager clandestin, alors ce ventre encore si lisse quelques instants auparavant se déroule, s'anime comme par magie, grossit, enfle, devient dans cette métamorphose presque surnaturelle celui d'une réalité qui prend forme, celui d'une jeune fille ordinaire enceinte de neuf mois...

On pourrait croire que le déni de grossesse s'achève par l'enfantement, mais il englobe tout ce qui vient après comme un raz de marée, détruisant tout sur son passage.

Après, c'est encore le déni, d'une autre manière.

Elle aurait pu l'appeler l'Alien. Elle l'appelle l'Autre, celui qui était caché dans ses entrailles, celui qu'elle ne veut pas nommer autrement...

Celui qui désormais s'apprête à s'incruster dans sa vie, celui qu'elle ne veut pas voir, affronter.

Hélène Machelon dit le déni de grossesse comme un corps traversé de mille lames de rasoir, c'est fermer les yeux comme on tire un rideau, c'est passer d'un versant à l'autre sans sas de décompression, c'est cadenasser son coeur à double tour pour se protéger de la réalité.

Comment disparaître aux yeux du monde pour survivre ?

Hélène Machelon nous décrit un séisme, un tsunami, la terre qui s'ouvre sous les pieds fragiles de Juliette et avale le monde d'avant mais aussi celui d'après, c'est-à-dire celui qui l'attendait, lui tendait les bras.

J'ai adoré ce petit roman placé sous le signe du corps, façonné comme un élégant uppercut, qui m'a emporté presque jusqu'à la fin. J'ai aimé cette langue qui m'a bousculé, happé dans le voyage intérieur de Juliette qu'elle porte comme une cicatrice, j'ai aimé les mots sobres, délicats et fracassants de l'autrice, où se terre l'émotion à fleur de peau. J'ai aimé la relation mère-fille dépeinte dans une justesse incroyable.

Presque jusqu'à la fin... Peut-être que j''imaginais cette fin différente, à la hauteur de la déflagration des premières pages... Je ne sais pas pourquoi... Mais y avait-il une autre possibilité ?

C'est ma première rencontre avec Hélène Machelon et je n'en resterai pas là... Je suis convaincu qu'on n'a pas fini d'entendre parler de cette jeune autrice prometteuse, au style déjà affirmé.



[Lu dans le cadre de la sélection du prix Cezam 2024 ]
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Flagrant déni

Juliette, 17 ans, 48 kilos

Des douleurs au ventre.

Appendicite?

Non : accouchement

Possible ?

Oui : déni de grossesse



Violence de cet accouchement

Césarienne pour sortir l'Autre

L'Autre qui lui a pris

Sa jeunesse

Son innocence

Son corps de jeune fille



Comment absorber ce choc

Elle ne savait pas

Il s'était caché

Au plus profond de son corps



Abdomen refermé

Rage prisonnière

De ce ventre vide



Réinventer la vie

Différente

Cicatrice

Au ventre

Au cœur



Les cicatrices sont parfois plus belles que l'objet intact. L'or vient combler les fêlures ainsi que dans le Kintsugi et l'assiette brisée n'en sera que plus belle. La jeune fille aussi.

Un roman bouleversant, lu d'une traite ou presque, une narration implacable, coup de poing, peu de pauses, on se surprend à oublier de respirer, mais la vie reprend ses droits, et l'on respire enfin , Juliette aussi.



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Flagrant déni

Je suis très heureuse de vous présenter mon premier roman de l’année ! 🥰 Dés que je l’ai reçu dans ma boite mail, je savais déjà que j’allais le lire rapidement et QUE J’ALLAIS L’ADORÉÉÉÉÉ ! 😊C’est un véritable coup de ❤️❤️ !! Et franchement, je ne m’attendais pas à moins de cette autrice, Hèléne Machelon que j’avais découverte avec son titre « Trois petits tours« .



« Flagrant déni » nous plonge dans un monde que l’on connaît peu, celui des filles-mères : elles sont adolescentes et pourtant, elles sont déjà mamans. Ici, on rajoute le fait que certaines femmes ne sont « au courant » de leurs grossesses et qu’elles l’apprennent soit quelques mois avant le terme, soit le jour de l’accouchement. C’est ce qui s’est passé pour Juliette, une jeune lycéenne devenue, du jour au lendemain, maman. Elle l’a appris le jour de l’accouchement. Et de ce fait, ce jour qui devait être magnifique et plein de bonheur, est devenu un jour traumatisant et affreux. Un accouchement que l’on souhaite à personne. Sa vie qu’elle avait bien prise soin de planifier dans les moindres détails, s’en est retrouvé chamboulée. La vie de sa famille aussi. Comment gérer ce si beau et douloureux changement ? Comment accepter de voir sa fille enceinte, sans même s’en être rendue compte, un seul instant… en neuf mois ?! Comment ? Pourquoi ? On en veut à la terre entière, mais surtout à soi-même…



Hélène Machelon nous plonge sans ménagement dans ce monde, et pourtant bien que le sujet soit difficile, l’autrice nous en parle avec une facilité déconcertante…



Je me suis laissée entraîner dans cette magnifique tragédie d’une jeune fille devenue mère trop tôt. Et, j’ai adoré ! Parce que même si l’histoire est triste et sombre, la joie et la lumière n’est jamais très loin. 🥰



Bref, un coup de cœur ! 💜💜💜



Prenez soin de vous 🥰
Lien : https://bookscritics.net/202..
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Flagrant déni

Juliette, adolescente sage et sérieuse, est enceinte mais ne le sait pas. En plein déni de grossesse, son bébé s'est niché quelque part dans son dos, invisible. Elle n'a aucun symptôme, elle a toujours ses règles et son ventre reste plat.



Quand le bébé se manifeste avec violence un soir d'été, Juliette et toute sa famille sont sous le choc. C'est la sidération générale. Né par césarienne, l'enfant est sauvé de justesse.



Comment accepter cet enfant nié, cet « autre » qui lui a déchiré les entrailles, a dévasté sa vie de jeune fille brillante et qui a déshonoré son clan ? Juliette a 2 mois pour décider si ce bébé deviendra son fils. Sinon, il sera adopté par d'autres parents.



Dans ce roman court et intense, on est au cœur de cette famille en état de choc. Chacun doit digérer la nouvelle, faire avec, veiller sur Juliette, attendre, taire ses espoirs. Heureusement, Juliette est entourée d'une famille aimante, malgré ses colères répétées et son caractère de feu. Mais c'était avant, cet accouchement difficile et forcé l'a complètement changée et l'a fait sombrer dans un désespoir léthargique.



Un texte juste, sans concession, qui décrit parfaitement bien le déni de grossesse, mystère du corps et de la psychologie. L'auteure dissèque la psyché et le corps de Juliette, nous donnant à lire ses pensées intimes et les mouvements de sa chair meurtrie.



J'ai beaucoup aimé ce texte qui fait luire une lueur d'espoir et qui draine beaucoup de tendresse sans jamais tomber dans la mièvrerie. Une belle découverte !
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Flagrant déni

Juliette, 17ans, découvre, alors qu'elle se tord de douleur, qu'elle est en train d'accoucher; elle s'insurge violemment contre la vérité qui lui est assénée car elle n'a eu aucun des signes d'une grossesse et le gynécologue qui l'ausculte a du mal à trouver l'enfant.

Et soudain c'est l'arrivée violente de l'enfant qu'elle nomme parasite, d'un corps étranger qui la dépossède d'elle-même. Elle le rejette viscéralement, refuse tout contact visuel ou physique. Elle l'abandonne et ne le nomme que l'Autre pour qu'il n'ait aucune existence pour elle.

Pendant les deux mois suivants, Juliette se retire du monde et reste cloîtrée dans la maison familiale, rongée par la rage, la colère, la honte jusqu'à ce qu'elle extirpe ce poison en mettant le feu à sa chambre.

Elle ressent alors le manque de son fils auquel elle donne le prénom de Solal et décide de devenir une mère en allant le chercher avant que la procédure d'adoption ne soit lancée.

Hélène Machelon évoque un sujet difficile et parfois tabou d'autant qu'il concerne une lycéenne : le déni de grossesse; elle le résume en une phrase choc mais parfaitement adaptée : "Comment accouche-t-on lorsqu'on n'est pas enceinte?". Le roman décrit de façon presque chirurgicale, sans fioriture, sans fard, la violence de la découverte de son état par Juliette, la violence morale et physique d’un accouchement non attendu, la violence de l’arrachement brutal à l’enfance, la violence de devenir mère sans l’avoir choisi, à son corps défendant, sans y être préparée pendant les neuf mois de grossesse.

Ce roman, c’est aussi la force que peut déployer une famille unie pour faire corps autour de l’adolescente traumatisée, la culpabilité de parents qui n’ont pas su protéger leur enfant, qui n’ont rien vu ; c’est aussi l’immense amour d’une mère, pourtant rejetée par sa fille depuis qu’elle est petite, refusant de l’appeler « maman » et n’utilisant que son prénom. Malgré les rebuffades, le mépris de sa fille, elle est là, ne juge pas. Elle respecte la décision de sa fille mais est dévastée par l’abandon de son petit-fils.

J’ai tout aimé dans ce roman, le thème, les personnages, le style incisif mais tout particulièrement le passage sur le kintsugi, cet art ancestral japonais qui répare ce qui est brisé en le sublimant que j’avais découvert dans le roman de Jeanne Benameur, « La patience des traces » ; c’est une magnifique métaphore de la façon dont on peut ressortir grandi d’une épreuve terrible qui semble nous avoir détruit ; la très belle couverture en résume l’esprit.

Je ressors secouée, sonnée, émue, chamboulée de cette lecture mais également très admirative du talent de l’auteur qui se glisse dans la peau de Juliette, de façon saisissante, la rendant terriblement humaine avec ses peurs, ses colères, ses doutes.

Un magnifique roman, un immense coup de cœur et un immense coup au cœur.

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Flagrant déni

Un texte d’émotions fortes, celles d’une adolescente qui arrive à l’hôpital avec un mal de ventre et qui se retrouve en salle d’accouchement.



Le déni de grossesse semble toujours un peu incroyable. Mais si c’est une chose rare, ce n’est pas moins une réalité. Et pour une jeune fille qui se débat déjà avec les difficultés de l’adolescence et les projets d’avenir, c’est le drame absolu. Et on découvrira peu à peu que Juliette était pourtant une fille normale, à la fois sportive et studieuse, qui vivait avec des parents aimants, dans une famille tout à fait normale aussi.



Un roman de bouleversement, celui de l’adolescente, mais aussi de sa famille, de sa mère qui ne sait pas quoi faire pour aider sa fille, qui ne pourra pas 
« … comme si de rien n’était, retrouver sa chambre rose poudré bien rangée, reprendre l’histoire là où la douleur l’avait surprise un soir. (p. 110) »



Un beau livre, plein d’humanité, sur un sujet pas facile.

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Flagrant déni

Petit mais costaud, ce livre est un bijou, un condensé d’émotions fortes, une histoire qui m’aura retourné le cœur. Un pur bijou je vous assure, accouché aux forceps de la nuit.



De Hélène Machelon, j’avais déjà été happée et bouleversée par son premier livre, Envolée/Trois petits tours. C’était hier…



Dans Flagrant déni, l’auteure se penche avec virtuosité sur le déni de grossesse. Juliette, dix-sept ans est prise de violentes crises au ventre. Sa mère pense à l’appendicite. Mais a la clinique, ils sont formels, Juliette va accoucher. Maintenant.

Comment est-ce possible ? Du haut de ses 48 kgs, elle avait toujours ses règles, son ventre était plat, Juliette n’en démord pas, elle n’est pas enceinte.



C’est un livre pas très épais que voilà et pourtant j’ai eu l’impression d’une densité incroyable, de voir chaque seconde s’épaissir devant moi. L’auteure dissèque avec une précision d’orfèvre les minutes qui entourent cette révélation. L’antre de Juliette palpite de tous les diables. L’Autre, ce terroriste, cet alien, ce parasite la remplit d’une haine incommensurable. Jusqu’à hier, Juliette faisait des compétitions de natation et vivait légère. Aujourd’hui quelque chose lui broie l’utérus, annihile son avenir, nourrit sa honte, cet Autre n’est rien et pourtant il vient en une seconde de lui saccager sa jeunesse.



Ça clique, ça claque chaque détail minutieux de ce déni de grossesse. Dans une langue qui cogne qui saigne et qui pleure.

L’accouchement comme un viol. L’après, les ecchymoses imaginaires partout. La suite, le corps en charpie, le cœur en miettes, à dix-sept ans, ça tangue, ça tambourine jour et nuit, la honte, la culpabilité. Juliette supplie « laisse-moi stp, va t’en… »



Il y a la famille de Juliette qui fera de son mieux, les parents, la petite sœur Chloé. Mais la décision, Juliette la prendra seule. Elle aura deux mois avant que son enfant ne soit porté à l’adoption.



Bravo Hélène pour ce roman uppercut digne des plus grands ! Cette autopsie clinique du psyché humain m’aura subjuguée tout du long. J’ai aimé cette histoire de sentiments, de corps ébranlés, de vérité inacceptable inavouable, de cœurs entiers. J’ai aimé ce livre pour tous les creux où se tapit l’amour, pour cette justesse linguistique et émotionnelle tellement palpables. Cette rage qui se vautre dans la mélancolie, les peurs, les désillusions. Parce qu’à dix sept ans on est encore qu’une enfant.



Si vous aimez les romans qui vous hantent longtemps, qui vous picotent les tripes, Flagrant déni est un livre à lire d’urgence dans cette rentrée littéraire.

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Flagrant déni

Juliette a 17 ans, elle est brillante et la vie lui sourit. Mais un soir, une douleur, une simple douleur au ventre et son monde bascule en quelques secondes.

Car Juliette accouche sans même avoir pris conscience qu’elle était enceinte. Son ventre était plat, elle avait ses règles, le bébé était caché contre sa colonne vertébrale, discret, indétectable, comme conscient de ne pas être désiré. A tel point que pour Juliette, ce nouveau-né va immédiatement devenir l’Autre, celui qu’on ne veut pas voir et que l’on rejette.



Hélène Machelon va s’appliquer à nous décrire l’onde de choc qui va percuter brutalement cette adolescente ainsi que toute sa famille. Car personne n’a rien vu, ni ses parents, ni ses amies. C’est donc une faute qui devient collective et qui interroge durement sur une telle situation.

Comment est-ce possible ? Comment peut-on être être enceinte 9 mois sans aucun symptôme ? Sans que même ses proches s’en doutent ? Comment donner la vie d’un moment à l’autre, sans préparation et sans pour autant en perdre la raison ?



Autant de question que tout un chacun s’est déjà posé à la lumière des quelques faits divers médiatisés ses dernières années.

Filles faciles ? Femmes inconscientes ? Mères dénaturées ? Qui sont ces femmes, que l’on ne comprend pas et que l’on juge parfois trop vite, tant elles nous paraissent monstrueuses ?



Le sujet n’est pas facile et il a, à ma connaissance, été peu visité en littérature. Le déni de grossesse est un sujet tabou, mal admis et mal compris par la société.



Ce petit roman se lit vite mais quelle densité d’émotion, on en voit de toutes le couleurs (mon correcteur d’orthographe m’avait proposé « de toutes les colères » et c’est vrai aussi).

Rien n’est simple, le personnage de Juliette est complexe, torturé et parfois à la limite du désagréable. C’est une « sale gosse » de 17 ans, comme le sont parfois les filles à cet âge. On aurait presque envie de la détester et pourtant, on ressent immédiatement une telle vague d’empathie qu’elle en devient touchante et émouvante dans sa rébellion et sa détresse ! Petit fille grandie trop vite, projetée avec une violence inouïe dans une nouvelle vie que mêmes certaines femmes plus matures et préparées embrassent parfois avec difficulté.



Dans ce tourbillon de sentiments antagonistes mas riches, Hélène Machelon va chercher une forme de réalité, d’authenticité dans ce qui paraît impossible, inexplicable : le déni de son propre enfant.

Ce livre va titiller nos certitudes et suivre le parcours de cette jeune adolescente en pleine perte de repère, vers le chemin de la résilience et la paix.



J’ai aimé la délicatesse et la justesse de l’auteure pour évoquer ce sujet quasi impossible.



Merci en tout cas pour ce touchant moment Madame Machelon, ainsi qu’à Babelio et aux Editions Le Dilettante pour l’envoi de ce roman.

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Flagrant déni

Juliette, une lycéenne brillante, à la verve superbe déclara un jour forfait, terrorisée face à ce bébé qui s'était planqué au fin fond de ses entrailles - son subterfuge à lui pour se positionner du côté de la vie. 



Et sa famille autour, ses parents et sa sœur quasi jumelle, Chloé. Une famille emplie d'amour à qui Juliette ne laisse rien passer, surtout à sa mère, « [...] deux cœurs hémophiles qui se perdaient. » 



J'ai littéralement fait partie de l'équation, propulsée, avec Juliette et sa famille, dans cet immense et vertigineux tourbillon de la vie qui a suivi l'incroyable et effroyable annonce du déni de grossesse de Juliette ; c'est d'un souffle que j'ai eu le sentiment de dévorer les mots de l'autrice sur les deux premiers tiers du roman.



Le sas de décompression bienvenu qu'a représenté pour moi le troisième tiers de ce roman ménage un tantinet et permet de prendre la hauteur nécessaire pour comprendre les étapes successives qui mènent à un horizon plus clément. Des étapes légitimes, quasi incontournables pour que les nœuds se défassent, que les liens petit à petit se (re)tissent entre les différents membres de cette famille, pour que les brisures se parent de dorures laissant place à l'espoir.



Sujet difficile superbement traité par Hélène Machelon. L'uppercut que se prend Juliette, ses réactions et celles de sa famille, les émotions qui les traversent sont décrits avec une telle justesse, une telle précision, un tel réalisme que l'onde de choc nous traverse indubitablement.



Merci Magali (Ladybirdy - https://coccinelledeslivres.be/) d'avoir proposé ce voyage littéraire à "Flagrant déni" et merci Hélène Machelon de vous être prêtée au jeu. Une expérience incroyable qui m'a touchée, profondément touchée. Quelle écriture ! 



« Aucun être ne sort indemne des rouleaux de la vie »...

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Flagrant déni

Après avoir lu Trois petits tours, je fus ravie de pouvoir lire le nouveau roman de Hélène Machelon.



J'y ai retrouvé la justesse de ses phrases. Tout est précis et limpide pour une histoire douloureuse et pleine d'émotions.

Dans Flagrant déni, tout est mis à rude épreuve. La sidération des proches, notamment des parents qui se font des reproches et surtout le choc psychologique et physique pour Juliette qui en quelques heures passe d'un mal au ventre à la perte des eaux. Un instant pour entendre pour la première fois le battement du cœur de l'enfant qui se cache en elle depuis neuf mois et accoucher l'instant suivant .



L'autrice ne fait l'impasse sur rien : d'une part la vision extérieure, la rumeur, les regards, la pitié, les critiques et d'autre part la vision intérieure, la colère, le rejet et l'enfermement. Juliette est propulsée d'adolescente rebelle à jeune maman désorientée.



Ce roman est très bien écrit. On se retrouve, à la fois, dans une fiction bien construite, dans laquelle chaque personnage campe un rôle crédible avec ses failles, ses faiblesses, ses questionnements, mais aussi, le témoignage d'un fait de société trop souvent caché, montré du doigt même en 2023 et peu traité en littérature.

C'est une juste distance entre émotion et esprit critique.
Lien : https://leslecturesdecallie...
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Flagrant déni

Comment accepter, quand on a 17 ans, qu'on est belle, intelligente, brillante élève, que la vie n'obeisse pas à tous vos plans ? Juliette en fait la dure expérience. Un joli roman, affadi par un happy end dont on se rejouit cependant. L'intérêt majeur réside dans la description des sentiments des membres de la famille, de leurs difficulté à les exprimer, et de la facon dont ils sont reçus. Une fine étude psychologique des liens familiaux.
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Flagrant déni

Le déni de grossesse: une situation que je trouve à la fois fascinante et terrifiante. Comment le cerveau peut ordonner au corps de masquer tout signe de grossesse (et y parvenir) ?



C'est cette situation dont est victime Juliette, une lycéenne de 17 ans. J'emploie le mot de victime volontairement car la jeune fille découvre sa grossesse non désirée le jour de l'accouchement. Une véritable onde de choc pour Juliette mais aussi sa famille qui ne de doutait de rien.



J'ai retrouvé avec plaisir la plume d'Hélène Machelon, qui une fois encore, dépeint la situation sans pathos.

J'ai grandement apprécié suivre le cheminement à la fois de Juliette mais aussi de ses parents et de sa sœur cadette pendant les deux mois (et un peu plus) suivant l'accouchement. Deux mois, c'est le délai fixé par l'administration à Juliette pour prendre sa décision concernant son enfant : le garder ou le faire adopter.



Une belle découverte, je remercie l'autrice pour sa confiance renouvelée.

Je vous recommande également son premier opus que vous pourrez retrouver sous le titre d'Envolée (anciennement paru sous le titre Trois petits tours).
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Flagrant déni

Livre magnifique et bouleversant qui aborde le déni de grossesse. La plume est somptueuse et décrit avec brio l’amour maternel sous toutes ses coutures. Les mots sont précis, percutants, ce récit est un vrai travail d’orfèvre. Flagrant coup de cœur !
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Flagrant déni

Hélène Machelon est une autrice qui ose les sujets casse-gueules, ceux qui peuvent fuir les lecteurs par leur charge émotionnelle trop lourde à assumer ou par l'incompréhension dérangeante qu'ils peuvent susciter. Précédemment ses Trois petits tours racontait les quelques semaines ayant précédé la mort d'une fillette hospitalisée pour une leucémie. Avec Flagrant déni, double prise de risque puisque le roman est centré à la fois sur la grossesse précoce d'une lycéenne et sur le déni de grossesse qui l'accompagne.



Juliette a dix-sept ans, c'est une jeune fille brillante qui après son bac ira poursuivre ses études dans une prestigieuse prépa lyonnaise. Des douleurs abdominales la conduisent à l'hôpital où sidérée, elle découvre qu'elle est en train d'accoucher malgré ses 48 kilos et son ventre plat.



Comment accouche-t-on lorsqu'on n'est pas enceinte ?



«A l'intérieur de son corps, un mouvement s'opéra. Son ventre incontrôlable se déplia, se déroula et Juliette perdit son centre de gravité. Ses organes descendirent, attiras par la terre, et de ses mains inutiles, elle voulut les retenir. La réalité prenait corps en elle. Traumatisante. Ce ventre se mit à s'animer, à grossir. L'adolescente, même si elle luttait de toutes ses forces, ne pouvait s'opposer à cette poussée qui la déformait. En silence, l'incrusté qui s'était tapi sournoisement pendant neuf mois, enfin débusqué, sortait de sa planque pour apparaître aux yeux du monde. Il n'était plus un passager clandestin. Il exultait. Prise d'assaut, Juliette le sentit bouger en elle. Dans sa chambre d'adolescente, quelques heures plus tôt, Juliette s'était mieux préparée à l'idée de mourrir qu'à celle de donner la vie. A choisir, elle préférait accueillir la mort. »



Les phrases d'Hélène Machelon parvient à décrire très précisément l'onde de choc provoqué par l'arrivée de ce bébé non attendu, sur Juliette mais aussi sur sa famille, durant deux mois, la durée légale pour décider définitivement de garder son bébé ou de le mettre à l'adoption.



L'autrice trouve le ton juste. Les mots, les phrases sont à fleur des personnages et de leur ressenti, au plus près des corps, explorant avec intensité et justesse leur intimité. Les corps sont constamment présents, un fil conducteur même de la narration, apparaissant dans tous les titres des chapitres : «  A son corps défendant », « Haut-le-corps », « Faire corps », véritable cartographie de l'évolution du récit.



Si le roman sonne aussi juste, c'est que jamais il ne verse dans du pathos dramatisant les enjeux malgré leur poids, jamais la sensibilité se mue en sensiblerie. Si l'on est touché par l'histoire qui avance. J'ai beaucoup apprécié que Juliette ne soit pas une adolescente posée comme sympathique. On comprend que son caractère est difficile, bien avant la grossesse, qu'elle est dure, ingrate avec ses parents y compris sa mère pourtant très patiente et dévouée qu'elle semble mépriser pour sa gentillesse à toute épreuve. La sympathie, qu'elle finit par susciter irrésistiblement, est construite évidemment par l'épreuve que constitue ce déni de grossesse et surtout par le cheminement qui va la faire évoluer et essayer de le dépasser.



Pas d'idéalisme béat dans le dénouement. Juliette fait un choix qui n'est ni « bon » ni « mauvais », juste le sien conforté par le soutien inébranlable de sa famille. Je regrette cependant que la bascule psychologique qui y mène Juliette soit trop rapidement amenée pour consolider sa crédibilité. A l'instar de la scène ( très jolie au demeurant ) qui explique le choix de la couverture, on sent trop les intentions de l'autrice, ce qui donne au dernières pages un côté « scolaire ». Disons que j'ai préféré la spontanéité très immédiate des deux premiers tiers du roman avec cette violence contenue et singulière qui sourd derrière le déni saisissant et la colère tranchante de Juliette.



Un récit à la fois sensible, délicat et fort qui montre comment réapprendre à vivre en portant fièrement ses cicatrices.



Lu dans le cadre de la Masse critique Babelio de janvier 2023
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Flagrant déni

Puissant, juste, ce récit reste en mémoire longtemps, longtemps. Hélène Machelon possède l'art des mots qui font jaillir la vie, même dans la mort et la souffrance. Comme dans Envolée, paru en 2021 chez Mame, elle donne chair à une galerie de personnages avec lesquels on croit sincèrement avoir discuté, dont on a porté la peine, avec qui on a cherché la lumière... Juliette pourrait être notre fille, notre petite sœur, notre élève de Terminale. Enceinte sans l'avoir voulu, compris, su. Le mystère du corps, de l'âme et de l'esprit qu'est le déni de grossesse se révèle par l'écriture subtile, cinglante, d'Hélène Machelon, tellement observatrice. Rien n'arrête la mère de Juliette si souvent rabrouée, considérée comme inutile ; elle se fait roc. Et le père, Rafael, méditerranéen et sanguin, tellement tendre... Une belle sage-femme, expérimentée, proche, apparemment impuissante. Rencontrez-les tous et surtout l'Autre, ce petit blotti, caché, invisible. Si elle sait magnifiquement entraîner son lecteur dans les abysses, Hélène Machelon ne l'y abandonne jamais. Merci à elle. Pour l'entendre lire un passage de son livre :
Lien : https://www.ledilettante.com..
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Flagrant déni

Ce livre m'a happée et je l'ai lu en un dimanche...si on connait des exemples de déni jusqu'à parfois 6 mois de grossesse, personnellement je ne savais pas que le bébé pouvait toujours rester indiscernable caché le long de la colonne vertébrale au bout du 9 mois !

La vie de cette adolescente est remise en question, celle de sa famille aussi, et les traversées émotionnelles des uns et des autres sont passionnantes.

Ce livre fait partie de la sélection du prix Cezam 2024, je le recommande, l'écriture est percutante tout en étant facile à lire.
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Flagrant déni

Jusqu’où déni de grossesse peut aller chez une très jeune fille de 17 ans à peine volontaire, intelligente et excellente élève ?

Comme on dit » un moment d’égarement », un moment d’admiration pour un homme âgé de 35 ans qui vite détourne le regard et passe à une autre ;

C’est ce qui arrive à Juliette ; jusque sur la table d’accouchement elle nie l’arrivée de l’Autre, cette chose qui aurait poussé en elle sans jamais se faire remarquer.

Les rapports de Juliette avec sa sœur, ses parents et en particulier sa mère qui veille sur son bonheur et qu’elle méprise tout particulièrement sont bien décrits , le déni de grossesse aussi. Mais soudain dans la dernière partie, l’écriture bascule dans du « feel good » sirupeux qui a fichu en l’air ce que j’avais apprécié dans ce texte.
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Flagrant déni

« Un soir d’été, Juliette accouche sidérée d’un enfant qu’elle n’attendait pas. L’adolescente n’est ni folle, ni menteuse, jamais elle n’a consciemment caché quoi que ce soit aux yeux du monde.

Ce roman traite un sujet passionnant : le déni de grossesse. Il parle aussi de l’abandon, de la déconstruction puis de la reconstruction d’une famille après le drame.

Le livre d’Hélène Machelon est un texte sauvage et tranchant qui explore l’intimité du corps et les violences de la maternité non désirée ».

Cette nouvelle histoire d’Hélène Machelon m’a énormément touchée par son écriture tranchée et réaliste. C'est avant-tout une histoire de corps ! J’ai plongé toute entière dans le grand bain de la vie avec la famille Conti. J’ai eu l’impression de partir loin avec eux pour revenir plus fort. L’héroïne est si attachante, on a envie de l’aider ! Au bout, la lumière.

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Flagrant déni

Ce roman aborde un sujet délicat et tellement mystérieux : le déni de grossesse.

Nous suivons donc l’histoire de Juliette, une adolescente de 17 ans, qui accouche soudainement d’un enfant qu’elle ignorait porter et qu’elle repousse violemment. Elle vit cet événement comme une agression, une intrusion, une violation de son corps et de son intimité. Elle ressent un mélange de peur, de colère et de rejet envers cet Autre, qu’elle nomme ainsi pour ne pas le reconnaître comme son fils. Comment faire face à ce choc, à cette honte, à cette culpabilité ? Comment reconstruire sa vie et sa famille après un tel drame ?

Hélène Machelon écrit avec une plume poétique, qui nous fait partager les émotions complexes et contradictoires de Juliette. Elle explore avec sensibilité les thèmes de la maternité et de l’abandon. Un livre court mais tellement puissant, qui ne laisse pas indifférent.

Je vous le conseille vivement.


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Flagrant déni

Flagrant déni - Hélène Machelon - Roman - Éditions Le Dilettante - Lu en février 2023.



"Comment accouche-t-on lorsqu'on n'est pas enceinte ? "



Pas possible me direz-vous. C'est ce que j'aurais répondu avant d'avoir lu Flagrant déni d'Hélène Machelon.



Juliette, 17 ans, brillante étudiante, famille aisée, Agnès et Rafael, parents aimants, Chloé, soeur dévouée, Juliette donc est une jeune fille détestable, "Au lycée, Juliette était ce qu'on appelle méchamment une sainte nitouche... Infernale oui, mais en famille et surtout avec sa mère, Agnès. Juliette était l'étincelle responsable du chaos qui pourrissait avec méthode l'ambiance familiale, et elle semblait s'en délecter" (page 15)



Nice, fin juin, Juliette est emmenée à l'hôpital sans penser un instant qu'elle allait accoucher, c'est la panique, elle refuse l'évidence elle va accoucher. Et pourtant, né par Césarienne un petit garçon voit le jour pour être aussitôt rejeté par sa mère, elle ne veut même pas le voir. Agnès, la grand-mère est immédiatement attirée vers cet enfant venu d'on ne sait encore où.

Rafael le grand-père en voyage revient aussitôt. Petit à petit, on apprend par bribes que Juliette a eu une liaison qui n'a pas duré mais qui a laissé dans son corps cette marque indélébile, un enfant.



Je ne vais pas réécrire toute cette histoire douloureuse, 27 chroniques ont été faites à ce jour, mais il faut que je vous dise qu'Hélène Machelon a le chic pour nous transporter dans l'univers de Juliette et sa famille, dans l'univers du déni de grossesse et des suites que ce déni implique avec une plume qui vous tient en haleine du début à la fin, l'autrice décortique avec réalisme toutes les phases physiques et psychologiques d'une telle situation, du côté de Juliette mais aussi du côté de cette famille qui traverse un tsunami. Tous les sentiments y sont décrits avec une parfaite maîtrise.



Dire que j'ai aimé cette lecture, c'est trop peu, j'ai vraiment adoré malgré le sujet grave et tabou encore aujourd'hui. Est-il possible de découvrir seulement au moment d'accoucher que l'on est enceinte ? Oui. On peut alors imaginer ce que doit traverser une femme dans cette problématique et ici une toute jeune fille étudiante qui n'a pas eu le temps de se préparer à être mère.



J'avais déjà lu d'Hélène Machelon "Envolée/Trois petits tours qui m'avait retourné le coeur, Flagrant déni est de la même veine, il y a de l'humanité dans la plume d'Hélène Machelon, elle "vit" ce qu'elle écrit. Je lirai certainement ses prochaines publications !



Bonnes lectures à tous.



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