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Citations de Hella Serafia Haasse (60)


C'était le domaine de Noni Meyers et de ses orchidées. Lorsque j'étais enfant, j'étais fascinée par les formes extravagantes et les couleurs magnifiques de ces fleurs. Plus tard, mon intérêt s'éveilla pour la complexité de la culture des orchidées à laquelle Noni vouait sa vie.
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Depuis longtemps, j'ai conscience que le monde englouti de ma jeunesse a été, pour une large part, une illusion. J'en ai fait mon deuil, en passant par toutes les étapes du détachement. Toutes les sensations et les émotions que j'ai vécues dans mon pays natal sont ancrées au fond de ma conscience ; elles ont fait ce que je suis, mais je n'y ai plus accès.
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"Je voyais que la vie sur terre pour l’homme était souvent folle, maudite, mais elle me semblait soudain sublime par son caractère énigmatique. J’ai alors, pour la première fois, essayé de recourir à l’écriture pour formuler plus clairement mes réflexions. Chaque fois, je cédais à ce désir qui brûlait en moi, car j’avais l’impression en écrivant de me délivrer de mon doute. Dans les instants où, l’esprit tendu, je cherchais les mots et les images, je me sentais libre, soulagé. Je croyais que par la grâce de ce travail créateur, mon existence d’humain prenait un sens plus profond. Après un tel effort, je me trouvais dans un état d’euphorie. J’avais beau savoir qu’en fait rien n’avait changé, le monde m’apparaissait sous un jour nouveau, clarifié, purifié.
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-Eh bien, qu'en dis-tu ? demanda le cafetier à sa femme.
-Quel suspens, répondit cette dernière, tout émoustillée, un vrai thriller."
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Cette maison est vraiment pareille à une coquille : une enveloppe vide, étrangement remplie du murmure du temps. Si j’avais l’oreille plus fine, je pourrais peut-être distinguer les voix qui forment ensemble ce murmure dans lequel se confondent l’hier et l’aujourd'hui.”
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La maison est cachée dans la lumière incertaine des bois, comme un coquillage au fond de l’océan. Entre les murs flotte un bruissement de vent dans la cime des arbres, de gouttes de pluie sur le sable, de fuites invisibles d’animaux à travers les fourrés. La maison est séparée du bois de trois côtés par un fossé profond, couvert de lentilles d’eau ;un pont mène à la cour intérieure, pavée de pierres plates, grises, entre lesquelles pousse l’herbe. Les fenêtres, qui emprisonnent le reflet des arbres, semblent aussi vertes qu’eux. Le lierre s’accroche au mur et au toit, et la balustrade de la terrasse est envahie par une prolifération de roses. Derrière la maison s’étend une combe avec ses ondulations de terrains herbus, un vallon plein de bouleaux — je présume que des violettes y poussent encore en automne —, à part cela, seulement la forêt, rien que la forêt ombreuse et verte. J’étais debout entre les troncs, parmi les fougères et les halliers qui m’arrivaient aux genoux et je me croyais au fond de la mer. Chose curieuse, il y a peu d’oiseaux. J’ai écouté intensément mais je n’ai rien entendu d’autre que le frémissement des feuilles dans le vent et les battements de mon cœur.

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Dans le vestibule de ma maison dans les Ardennes où tu n’es pas jamais venu, il y a une immense toile d’un peintre allemand du XIX siècle, tombé dans l’oubli de nos jours, et avec raison, je pense. ….

Sur un ciel menaçant envahi de nuées sombres, un gigantesque loup noir, gueule ouverte et toutes griffes dehors, bondit sur le soleil couchant.

Parmi mes tout premiers souvenirs, il y a le moment où mon père me raconta l’histoire du loup Fenrir qui, année après année, tente de dévorer le soleil. L’astre s’affaiblit, s’éteint, devient une boule sanglante à la merci du monstre; La guerre et les catastrophes naturelles s’acharnent sur le monde, les enfants assassinent leurs parents, les frères s’entretuent, “l’homme est un loup pour l’homme”, les glaces recouvrent la terre et alors une nuit longue, très longue, commence.

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Tu fais toujours de la littérature? N'as-tu pas un jour dit toi-même qu'une malédiction pèse sur les dilettantes ? "Un poète, se libère de ses fantasmes en écrivant, disais-tu, mais celui qui a de l'imagination et ne possède pas le don de s'exprimer s'égare parmi ses fantasmagories."
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"J'ai reçu de la visite, ce matin, pour le café, dit Felicia. La petite jeune femme de la remise est venue faire connaissance. Pourquoi n'es-tu pas descendue un moment? Tu n'as pas entendu quand je t'appelais?"
" Non", mentit Nina
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" La portière de cuir s'est refermée derrière les soldats. Les inculpés reconnaissent l'espace hermétiquement clos du prétoire. Quelque chose a changé. Qui les contrarie. Derrières les baies en plein cintre ménagées dans la maçonnerie, entre les pilastres, la lumière incertaine du petit matin, encore voilée de brume. Chacun de ceux que l'on vient d'amener connaît le secretarium du préfet. Cela date d'avant la conquête par les Goths. Certains d'entre eux ont comparu ici, un jour ou l'autre, comme témoins, d'autres comme plaignants, l'un d'eux même, dix ans plus tôt, en tant qu'accusé. A l'époque, la salle donnait sur une cour intérieure et sur les murs du Temple de Tellus par-delà un péristyle. Aujurd'hui, ne reste plus du monde extérieur que les reflets de la lumière sur les renfoncements des fenêtres haut placées."
p 11
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Pendant un moment, ils continuèrent de rouler en silence. La pluie avait cessé.

- On pourrait s’arrêter ? demanda enfin Maya. Il faut que les enfants fassent pipi. C’est leur habitude.

- D’accord, mais je ne peux pas m’arrêter ici. Dans un kilomètre ou deux, on va trouver une aire de repos.
Maya ne savait pas de quoi il parlait.

- On voit que vous n’avez jamais encore circulé sur les routes de France. Un peu de verdure avec des chiottes et une cabine téléphonique. La nuit, c’est bourré à craquer, avec nos engins. On peut y dormir tranquille, gratis.

L’aire de repos semi-circulaire, avec - en effet - une double rangée de camions parqués côte à côte, faisait irrésistiblement songer à l’endroit où seraient venus boire des monstres préhistoriques. Elle descendit du camion et Joop lui tendit les enfants, l’un après l’autre. Tout endormis, pressés contre elle, Koos et Rutger se laissèrent aller vers l’édicule mal éclairé. Pimpin ne se réveilla même pas. Ensuite, ils se pelotonnèrent tous les trois sur la couchette, avec de petits gémissements, dans la posture du sommeil. Maya étendit sur leurs jambes nues sa veste et son écharpe.

- Vous êtes une bonne mère, ma p’tite dame, dit Joop en démarrant. Continuez comme ça !
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Elle aurait voulu tendre la main, prendre la sienne et la serrer fort pour lui dire qu'elle comprenait, qu'elle savait que c'était vrai. Mais était-ce le moment et le lieu pour manifester cette affinité, cette connivence ? Elle pouvait le toucher, c'était comme s'il était une partie d'elle-même, marchant ainsi à côté d'elle, dans l’obscurité, avec son souffle tiède, l'odeur de son jeune corps rempli d'une vie intense, et pourtant, la distance entre eux était infranchissable.
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Les deux aînés furent conduits auprès de la duchesse. Elle était seule dans la petite pièce aménagée en chapelle privée. Charles, qui avait pensé trouver sa mère alitée, ne put se taire plus longtemps.

"Il y a un nouvel enfant, dit-il sur un ton de reproche, pourquoi n'est-il pas à côté de vous, dans la chambre où vous l'avez mis au monde ?"

Valentine posa un regard paisible sur ses fils et sourit ; l'inquiétude, l'amertume de ses dernières années semblaient s'être évanouies.
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" Le visage tourné vers le mur de la salle d'attente réservée aux plus humbles (après lecture du procès-verbal, on a séparé Niliacus des patriciens), il rit de son sort: un rictus plein d'amère ironie. Il n'a pu s'empêcher de poser une énigme au préfet, de semer le désarroi dans ce cerveau, d'y laisser une trace qui l'obligera à s'interroger. Pourquoi l'avoir fait? C'est la première fois, en dix ans, qu'il se trouve vis-à-vis de cet insensé, cet orgueilleux pédant. Il n'a guère changé, Hadrianus la chevelure un peu moins fournie, la bouche plus pincée que jamais, qui hésite toujours entre la bienveillance et le mépris. Et puis, le jeu complaisant avec l'anneau sigillaire, comme jadis. Pas l'ombre d'un signe de reconnaissance dans son regard (il faut croire que, physiquement aussi, j'ai radicalement changé); par contre, les marques d'un désordre, d'un flottement, d'une irritation. Cet homme doit être habité par une formidable capacité de se leurrer sur son propre compte. Insatiable quand il s'agit de harceler ses adversaires, ceux qui ne pensent pas comme lui. S'imaginer flairer l'hérésie, la haute trahison, même là où l'air est pur."
p 65
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Toute la misère du monde provient des préjugés raciaux et ethniques. Aujourd'hui plus que jamais.
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"Le langage s'arrête où commence la musique."
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- "La poésie est la seule chose qui rende immortel. La seule victoire relative sur la mort.
- Peut-être que donner la vie est une autre forme de victoire !"
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Il pensait connaître la vie, il croyait qu'il était devenu sage à travers les revers et les aléas du chemin, un adulte autonome, mais il avait suffi d'un moment de lucidité pour que tout s'écroule et qu'il se voie tel qu'il était en réalité : un petit garçon qui n'avait pas le courage de s'affirmer comme une personne indépendante et responsable face à son aïeul. Au fond de lui, il croyait toujours à la légitimité intangible de la domination du vieil homme.
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Bien qu'elle eût parfois rencontré des gens aimables et obligeants et régulièrement connu le plaisir d'une agréable compagnie pour une période plus ou moins longue auprès de jeunes qui partageaient son sort, elle s'était vite aperçue, en quête de travail et par conséquent dépendantes, que la plupart de ceux avec qui elle avait eu le plus de contacts étaient impitoyables. Elle avait été à dure école, exploitée, traitée grossièrement, escroquée, menée en bateau. Généralement dans leur comportement social, où que ce fût, les gens étaient terriblement semblables. Maintenant, elle ne s'en laissait plus conter. Elle avait appris à garder ses distances. Qu'on la trouvât le plus souvent peu aimable, revêche, l'arrangeait bien. Sous ces apparences d'indifférence, elle restait vigilante, sentait la tension dans son corps et son cerveau. En cas de nécessité, elle saurait réagir sur-le-champ.
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Là, le temps semble s’être arrêté ; ce que nous sommes convenus d’appeler “le monde” n’a aucun sens. La senteur des roses est perceptible jusqu’au cœur de la forêt. Le silence, qui parfois prend possession de la maison et du jardin, cette absence soudaine de bruit et de mouvement, contient un élément d’attente tendue, de passion que je ne peux expliquer
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