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Citations de Hella Serafia Haasse (60)


Comment fixer à jamais cette richesse périssable et pourtant éternellement vivante de formes, de couleurs et de lignes, comment capter l’essence de la beauté, l’élément fugace qui sans cesse nous séduit et nous trahit ?
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Il lui était impossible de raconter à son mari que, parfois, elle s'imaginait être suivie sur le sentier forestier ou que quelqu'un l'observait entre les buissons. Cette présence invisible n'avait rien de menaçant, ce qu'elle éprouvait n'était pas de l'angoisse, mais une agitation indéfinissable. Une puissance inconnue attendait d'elle quelque chose, sans qu'elle sût de quoi il s'agissait.
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Pardonne-moi de t'écrire une lettre du genre que tu as en aversion. Attribue ce geste au fait que je suis surmené et à ma tendance - odieuse à tes yeux - à fabulieren, fantasmer, en général.
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Le bien et le mal sont inhérents à la nature humaine, indissolublement liés à la conscience. La connaissance du mal, plus encore, la complicité avec lui, voilà le prix que doit payer l'homme pour sa conscience morale.
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Mon désir de retourner aux Indes et d'y travailler reposait principalement sur un sentiment profondément enraciné de solidarité avec le pays où j'étais né et où j'avais grandi.
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Bien que, vis-à-vis du boy, de la baboe et de Danoeh, le jardinier, j'eusse une conscience diffuse mais réelle d'une différence de race et de rang, la vie d'Oeroeg était si imbriquée à la mienne qu'à son égard, je ne percevais pas cette disparité. Cela m'étonna d'autant plus lorsque je m'aperçus pour la première fois que les rapports d'Oeroeg avec mes parents et moi suscitaient moqueries et mauvaise volonté chez nos domestiques.
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La rédaction dans laquelle j'avais traduit les impressions ressenties au cours de cette première et dernière visite à la maison, en l'illustrant de croquis des vases et des motifs floraux sculptés sur les boiseries, tout frais dans ma mémoire, provoqua chez Dée la remarque: «C'est drôlement bien écrit, comme d'habitude!» suivie d'un «mais c'est rasoir!».
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Infinie est la diversité des images d’un solstice à l’autre ; celui qui observe d’un regard aiguisé par un si grand désir voit comment, à chaque seconde, naît une nouvelle situation sans rapport avec tout ce qui précédait et différente de tout ce qui suivra. Jamais une tache d’ombre n’est deux fois la même sur une feuille ou sur le sol; comment puis-je conserver l’image de la courbe décrite par une volée d’oiseaux fendant le ciel comme une flèche? De telles questions ne cessent de me tourmenter pendant mes vagabondages dans le bois de Breskel. Mes sens réagissent avec une intensité prodigieuse à chaque impression ; le règne des formes, des sons des couleurs est ici tout puissant. Moi, l’homme, je ne suis plus le centre mais seulement une partie de la création. La libellule, cet éclat vert qui danse dans un faisceau de lumière, connaît un plaisir qui ne me sera jamais accordé; j’envie l’industrieuse fourmi, sans cesse en route vers un but déterminé – j’envie aussi les araignées qui tissent des toiles dans une sereine cruauté, et les oiseaux insouciants. La conscience que j’ai moi , l’homme, grâce à mon système nerveux plus compliqué, d’être la créature la plus fébrile et la moins harmonieuse sous les étoiles, ne fait qu’accroitre mon désir de m’abîmer à jamais dans la perfection de la nature alentour. A Breskel, le danger se cache dans le suave poison que l’on respire entre les roses et l’herbe ; un désir de disparaître en tant qu’individu, de devenir un élément de la beauté immortelle, d’entrer dans l’éternité comme les nuages et la lumière solaire, de vivre, aussi calmement que les plantes, l’alternance et le retour de la matière (p 37- 38)
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La guerre et les catastrophes naturelles s'acharnent sur le monde, les enfants assassinent leurs parents, les frères s'entretuent, "l'homme est un loup pour l'homme" […].
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Soudain Maria poussa un cri perçant. En faisant un pas de côté elle avait heurté un squelette qui se trouvait sur un piédestal de marbre noir, à côté de la porte.Alors que Jacky essayait de la calmer, un homme et une femme, assis près du poêle, émergèrent de leur fauteuil. L'homme était tout petit et extrêmement maigre, il avait une tête d'oiseau racornie, avec une mince couronne de cheveux blancs autour du crâne. La femme était énorme, son corps obèse s'enveloppait dans une tunique en laine rouge foncé qui me fit penser aux costumes que portaient les plantureuses cantatrices wagnériennes dans le rôle d'Iseut. C'était Quirina Pelleboom. Sur sa poitrine une étoile en grenats se balançait au bout d'une mince chaîne d'or.
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La nuit appartient aux routiers, songeait Maya dans un demi-sommeil, dodelinant de la tête sur la banquette, à l'avant de la cabine.
Quand elle arrivait à garder les yeux entrouverts quelques secondes, elle voyait sur l'autoroute, à sa gauche, surgies du noir et glissant à sa rencontre, des configurations lumineuses pareilles à des arbres de Noël excentriques ou à d'énormes dès à jouer, marqués de quatre, six, huit points ou plus, tandis que, devant elle, serpentait dans la nuit une longue file de lumignons rougeoyants qui viraient en douceur deux par deux, s'éteignant parfois une seconde, puisse rallumant.
Le ronronnement du puissant moteur était en elle ; elle avait l'impression d'être une pièce minuscule de ce colosse monté sur roues, vibrant à l'unisson de la carcasse de métal dont elle ressentait toutes les trépidations et les secousses, les accélérations et les ralentissements ; et à chaque fois qu'elle entendait au-dessous d'elle les freins hydrauliques laisser échapper de la vapeur en sifflant, c'était comme si elle-même, un instant, se libérait dans un soupir d'un poids qu'elle ne pouvait plus nommer (elle était bien trop fatiguée pour cela).
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Ce que j'ai soupçonné en silence depuis des mois devient une certitude : que dans mon âme existe le germe de cette solitude, cette aliénation qui, perpétuellement, crée une distance irrévocable entre Rina t moi, entre moi et n'importe quel autre.
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"L'épaisse voûte de feuillage s'écarte et, dans une mer de clarté, tombe en grondant sourdement du rocher abrupt, à plus de cent mètres de hauteur, un rayon gigantesque d'argent liquide qui se brise en gerbes d'eau crépitante."
[...] sur le dernier tronçon, accompagnés d'un bruissement qui s'enflait - soudain, au sortir de la pénombre verte, nous débouchions sur la vaste clairière et une nuée scintillante flottait vers nous.
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Hella Serafia Haasse
Qui porte haut la tête ne voit pas ce qui se passe à ses pieds.
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Ce sont les parents qui ont marqué la maison de leur empreinte. Si l’esprit d’Eline hante les lieux, c’est à la dérobée et fugitivement, comme un enfant qui s’aventure dans un sanctuaire interdit. Mais la forêt est son domaine ; ici, où elle a mené un vie libre, loin des regards indiscrets, elle continue à exister."
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Je me souviens mot pour mot de sa confession. Qu’a-t-il connu de sa personne ? Qu’a-t-il cherché en elle d’autre que la forme, l’enveloppe extérieure – pas une fois je ne l’ai surpris à prononcer une parole trahissant un désir plus profond. L’Eline qu’il a évoquée, la femme qu’il voulut un jour posséder est une ombre, infiniment plus irréelle que l’ombre qui me tient compagnie depuis que je suis venu à Breskel. Meinderts ne sait rien de l’âme de cet être qu’il a rencontrée presque journellement pendant vingt ans. Comment elle était, ce qui évoluait en elle, quel combat elle livrait – il n’a rien compris de tout cela. A moi, l’étranger, s’est révélée sans que je l’aie demandé, une chose dont Meinderts ne soupçonne même pas l’existence.
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La conscience que j’ai moi, l’homme, grâce à mon système nerveux plus sensible et mon organisme infiniment plus compliqué, d’être la créature la plus fébrile et la moins harmonieuse sous les étoiles, ne fait qu’accroître mon désir de m’abîmer à jamais dans la perfection de la nature alentour. A breskel, le danger se cache dans le suave poison que l’on respire entre les roses et l’herbe : un désir de disparaître en tant qu’individu, de devenir un élément de la beauté immortelle, d’entrer dans l’éternité comme les nuages et la lumière solaire, de vivre, aussi calmement que les plantes, l’alternance et le retour de la matière.
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La pensée que sa mère aimait peut-être son père, mais qu'elle était condamnée jusqu'à la fin de ses jours à refouler ses sentiments ou, pire, à les travestir, à les exprimer sous une forme grotesque qui n'était qu'une caricature tragique de l'amour, bouleversait la donne pour Jessica.
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