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Citations de Henri Laborit (534)


Henri Laborit
L'être vivant est une mémoire qui agit.
Henri Laborit
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Chacun de nous possède donc sa symbolique personnelle, qui s’inscrit dans un autre niveau, celui de la symbolique interpersonnelle, et ces deux niveaux d’abstraction sont souvent difficiles à accorder.
(page 109)
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Les sociétés quelles qu'elles soient, capitalistes ou socialistes, ont toujours cherché à conditionner l'individu pour maintenir les structures acquises.
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" Les abeilles pillotent les fleurs, mais elles font après le miel, qui est tout leur ; mais ce n'est plus thin, n'y marjolaine : ainsi les pièces empruntées à l'autruy, il les transformera et confondra pour en faire un ouvrage tout sien : à savoir son jugement. Son institution, son travail et estude ne vise qu'à le former. "

M. de MONTAIGNE. Essais, liv, I, Chap. 26.





LE RATIONNEL ET L'IRRATIONNEL

Nous voudrions maintenant revenir sur certaines notions abordées dans les pages précédentes et qui exigent un développement plus important. Il est absolument nécessaire à notre avis de bien comprendre en sciences humaines la différence fondamentale entre la notion d'information et celle de masse et l'énergie. Aucune analyse politico-sociologique, y compris le marxisme orthodoxe ou les différentes formes de marxisme contemporain n'ont réellement exploité cette différence qui éclaire cependant, à notre avis, l'ensemble des rapports sociaux d'une lumière nouvelle.

La deuxième notion d'importance est qu'il n'existe pas de hiérarchie de valeur entre le rationnel et l'irrationnel. Il ne s'agit pas d'être en faveur de l'un plutôt que de l'autre.

L'irrationnel n'existe qu'en fonction de notre ignorance des structures biochimiques et nerveuses qui contrôlent notre inconscient. L'irrationnel n'est pas la fosse sceptique où nous enfouissons l'inavouable, toute la pourriture malodorante de notre pensée que nous n'osons pas produire en public. L'inavouable n'est tel qu'en fonction des critères moraux d'une société particulière à une époque particulière. Il s'agit donc de jugement de valeur, alors que les choses se contentent d'être et que notre inconscient fait de même sans être beau, ou laid, bon ou mauvais, utile ou nuisible, si ce n'est en fonction des préjugés d'une époque. On peut aussi bien dire qu'il constitue la source profonde de notre créativité, le trésor caché des intuitions géniales et des motivations qui les engendrent .

Inversement, le rationnel n'existe qu'en fonction des postulats sur lesquels il se fonde et le choix de ceux-ci est le plus souvent l'expression d'un déterminisme irrationnel, parce qu'inconscient. Tout deviendra rationnel si nous parvenons un jour à mettre un peu d'ordre à la source de nos comportements, à préciser les structures de notre inconscient, les lois de sa dynamique. C'est ce que tente aujourd'hui l'approche biologique des comportements.

Mais cela veut dire que puisque nous ne l'avons pas encore fait jusqu'ici, nous n'avons fait que semblant de rationaliser l'irrationnel, rationaliser notre inconscient dans tout ce qui ne concerne pas la science de la matière inanimée, la physique, c'est à dire en particulier dans les sciences dites humaines. C'est ainsi que l' "information ", la mise en forme des structures sociales a toujours été dominée par l'instinct de puissance des individus qui en faisaient partie, instinct de puissance non rationalisé parce qu'inconscient mais le plus souvent camouflé sous une phraséologie, paternaliste, socialiste, humaniste, élitiste, etc .
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" Pourquoi, lorsque la dominance est passée des aristocrates aux bourgeois, a-t-il fallu cinq cent mille morts dans la chouannerie vendéenne pour mieux lui infliger la liberté, l'égalité et la ... fraternité ? "

L'IMAGINAIRE ET LA CREATIVITE

La seule caractéristique d'un cerveau humain est de posséder les zones associatives particulièrement développées qui permettent, aidées par l'abstraction du langage, une combinaison originale des voies nerveuses codées, engrammées antérieurement par l'expérience. Un enfant qui vient de naître, répétons-le, ne peut rien imaginer parce qu'il n'a encore rien appris. La seule caractéristique humaine est ainsi le pouvoir imaginaire, celui de pouvoir mettre en forme des structures nouvelles qu'il pourra par la suite confronter à l'expérience. C'est la seule liberté, si l'on tient à conserver ce mot dangereusement suspect.

Combien de millions d'hommes ont-ils été assassinés en son honneur ?

Quand on a compris que ce que l'on nomme ainsi représente seulement, pour un individu ou un ensemble humain, la possibilité de faire aboutir son projet, c'est à dire l'expression motrice ou langagière de ses déterminismes, sans que le projet de l'autre vienne le contrecarrer, on comprend aussi que la recherche des droits de l'homme soit si difficile à délimiter, à conceptualiser et à institutionnaliser. Il semble que ce soit une donnée immédiate de la conscience, comme on dit, puisque l'ignorance des déterminismes, des lois, des structures complexes en rétroactions dynamiques, établies par niveaux d'organisation, au sein des organismes vivants, nous fait croire à la liberté. Elle ne commence qu'où commence notre ignorance, c'est à dire très précocement. Mais ce que nous savons déjà de ces mécanismes complexes, qui, de la molécule au comportement humain en situation sociale, animent notre système nerveux, dirigent notre attention, établissent nos processus de mémorisation et d'apprentissage, eux-mêmes fondements biochimiques et neurophysiologiques de notre affectivité, de nos envies simplistes, de notre imaginaire créateur, de ce que recouvrent des mots comme pulsion, motivation, désir, et qui restent des mots si on ne tente pas de leur fournir des bases expérimentales, à chaque niveau d'organisation phylogénétique et ontogénétique, permet de se demander ce qui reste de notre liberté.

Ce n'est guère plus sans doute que la possibilité pour un cerveau humain, motivé inconsciemment par la conservation de la structure organique, de son bien être, de son plaisir, motivation contrôlée par l'apprentissage également inconscient des lois culturelles lui infligeant l'application d'un réglement de manoeuvre avec récompense et punition, de pouvoir parfois, si ces automatismes ne sont pas trop contraignants et si l'on sait qu'ils existent, ce qui permet de s'en méfier, d'imaginer, grâce à l'expérience déterminée par le vécu antérieur inconscient, une solution nouvelle aux problèmes anciens. C'est peu sans doute mais c'est peut-être déjà beaucoup. C'est le moyen de fuir le carcan de la société telle qu'elle est, en ne lui fournissant que ce qu'elle demande, c'est à dire des marchandises.

En dehors de cela, la notion de liberté nous parait dangereuse, car elle débouche sur la notion de mérite qui doit être récompensé et qui ne voit que ce mérite est celui du conformisme le plus total aux lois institutionnalisées par les structures hiérarchiques de dominance ?

Elle débouche aussi sur la notion de responsabilité. Tout le monde sait que ce sont les patrons et les cadres qui sont responsables. L'ouvrier n'est pas libre et ne peut être récompensé qu'exceptionnellement par une ascension hiérarchique, l'accession à un prétendu pouvoir qui n'est en fait, une fois encore, que la soumission à une structure abstraite, à savoir la finalité productiviste d'une société marchande qui lui permettra d'établir et de maintenir les hiérarchies de dominance établies sur le degré d'abstraction professionnelle. D'où les droits de l'homme à la connaissance et à la culture, connaissance technologique avant tout car avec les formules mathématiques et physiques, on construit des machines, qui font beaucoup de marchandises en peu de temps. La production est le moyen d'établir _ et la protection par les brevets en fait foi _ la dominance interindividuelle, inter-groupes, internationale et inter-groupes de nations...

... L'enseignement n'est jamais que la façon de faire pénétrer, au mieux de son ascension hiérarchique, le petit de l'homme dans un système de production de marchandises et d'armes le plus efficaces et meurtrières. Pourquoi un droit de l'homme se serait-il pas de refuser de s'en servir et d'aller mourir à la guerre ? Parce que sans doute toutes les structures sociales de dominance seraient appelées à disparaître.

La biologie est encore trop jeune pour que l'enseignement soit autre chose que l'enseignement technique permettant à ses dominances de se perpétuer...
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Nous imaginons notre globe errant et tournoyant dans l'espace et tentons de nous rassurer par la présence de l'olivier proche dont les feuilles tremblent dans l'air du soir, par le bruit de la ville qui travaille et souffre à nos pieds par la présence de ces hommes enchaînés sur le même vaisseau cosmique et qui n'ont pas l'air de s'en soucier.
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Quand il ne peut plus lutter contre le vent et la mer pour poursuivre sa route, il y a deux allures que peut encore prendre un voilier: la cape (le foc bordé à contre et la barre dessous) le soumet à la dérive du vent et de la mer, et la fuite devant la tempête en épaulant la lame sur l'arrière avec un minimum de voile.
La fuite reste souvent, loin des côtes, la seule façon de sauver le bateau et son équipage. Elle permet aussi de découvrir des rivages inconnus qui surgiront à l'horizon des calmes retrouvés…
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Au cours d'une expérimentation d'évitement actif dans une chambre à deux compartiments, réalisée sur le rat soumis à une stimulation électrique plantaire précédée de quelques secondes par des signaux lumineux et sonores, nous avons constaté que si l'animal pouvait agir, c'est-à-dire fuir dans le compartiment d'à côté, cette stimulation appliquée au cours de séances d'une durée de 7 mn par jour pendant sept jours consécutifs ne provoque pas
d'hypertension stable.
Si par contre la porte de communication entre les deux compartiments est fermée, que l'animal ne peut fuir, il présente rapidement un comportement d'inhibition motrice. Or, après les sept jours d'expérimentation il présente une hypertension artérielle stable, retrouvée encore plus d'un mois après, alors que les séances sont interrompues depuis au moins trois semaines.

Mais au cours d'un protocole identique, si l'on place deux animaux ensemble, ne pouvant s'échapper mais pouvant combattre, extérioriser leur agressivité par une action sur l'autre, ces animaux ne font pas d'hypertension chronique.
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Conservons la vie, ce bien suprême, pénalisons l'avortement, la contraception, la pornographie (qui n'est pas l'érotisme, comme chacun sait) et favorisons, au nom de la patrie, les industries d'armement, la vente à l'étranger des tanks et des avions de combat, qui n'ont jamais fait de mal à personne puisque ce sont les militaires qui les utilisent. Si parfois ces bombes tuent des hommes, des femmes et des enfants, ceux-là ont déjà pu apprécier les avantages de la vie, en goûter les joies familiales et humaines. Alors que ces pauvres innocents de la curette et de l'aspirateur ne sauront jamais les joies qu'ils ont perdues, le bonheur de se trouver parmi nous. Savez-vous si parmi eux il ne s'en serait pas trouvé un qui aurait même pu devenir président de la République ? Non, croyez-moi, laissez-les vivre, car même si l'existence n'est pas une formule idéale, vous savez bien que la douleur élève l'homme et que nul ne se connaît tant qu'il n'a pas souffert.
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Communiquer, étymologiquement, signifie mettre en commun. Mais que met-on en commun ? Une information. Étymologiquement encore, une information est une mise en forme. Se pose alors la question de savoir ce qu’est la forme. La forme représente ce qu’un ensemble ajoute à la somme des éléments qui le constituent. Et ce qu’il ajoute, ce sont des relations. La mise en forme résulte donc des relations qui s’établissent dans un certain ordre entre les éléments d’un ensemble. (page 38)
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Tout sera toujours noyé dans le verbalisme affectif.
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Le tragique de la destinée humaine ne vient-il pas de ce que l’Homme comprend qu’il en connaît assez pour savoir qu’il ne connaît rien de sa destinée, et qu’il n’en connaîtra jamais suffisamment pour savoir s’il y a autre chose à connaître.
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Le danger de l'histoire, c'est de faire croire après coup à une causalité linéaire qui n'existe jamais.
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Dans ce monde de la réalité, il est possible de jouer jusqu'au bord de la rupture avec le groupe dominant, et de fuir en établissant des relations avec d'autres groupes si nécessaire, et en gardant intacte sa gratification imaginaire, la seule qui soit essentielle et hors d'atteinte des groupes sociaux.
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Nous ne vivons que pour maintenir notre structure biologique, nous sommes programmés depuis l'oeuf fécondé pour cette seule fin, et toute structure vivante n'a pas d'autre raison d'être, que d'être.
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Il n'existe pas d'aire cérébrale de l'amour. C'est regrettable. Il n'existe qu'un faisceau du plaisir, un faisceau de la réaction agressive ou de fuite devant la punition et la douleur et un système inhibiteur de l'action motrice quand celle-ci s'est montrée inefficace. Et l'inhibition globale de tous ces mécanismes aboutit non à l'amour mais à
l'indifférence.
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Et pour retrouver l'ensemble du cosmos, pour se situer dans la nature, il doit s'approcher des fenêtres étroites que, dans sa prison sociale, l'idéologie dominante, ici ou là, veut bien entrouvrir pour lui faire prendre le frais. Cet air est lui-même empoisonné par les gaz d'échappement de la société industrielle. C'est lui pourtant que l'on appelle la Culture.
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Tant que mes jambes me permettent de fuir, tant que mes bras me permettent de combattre, tant que l'expérience que j'ai du monde me permet de savoir ce que je peux désirer, nulle crainte : je puis agir. Mais lorsque le monde des hommes me contraint à observer ses lois, lorsque mes mains et mes jambes se trouvent emprisonnées dans les fers implacables des préjugés, alors je frissonne, je gémis et je pleure.
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Tous les autoportraits, tous les mémoires ne sont que des impostures conscientes ou, plus tristement encore, inconscientes.
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Imaginaire, fonction spécifiquement humaine qui permet à l'Homme contrairement au autres espèces animales, d'ajouter de l'information, de transformer le monde qui l'entoure.
Imaginaire, seul mécanisme de fuite, d'évitement de l'aliénation environnementale, sociologique en particulier, utilisé aussi bien par le drogué, le psychotique, que par le créateur artistique ou scientifique.
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