« Le vent a murmuré délicatement à travers les jalousies, soufflé avec autant de douceur qu’une plume contre les fenêtres et, de temps à autre, soupiré tel un zéphyr estival qui soulève les feuilles, toute la nuit durant. [...]… tandis que la terre a sombré dans le sommeil, des flocons duveteux animent le ciel, comme si régnait une Cérès du grand Nord, semant ses graines argentées sur les champs. »
Voici les premières lignes de Balade d’hiver. Ce texte datant de 1846, ainsi que Couleurs d’automne ( de 1862 ), sont extraits du journal de Henry David Thoreau. Ils témoignent de son regard vigilant sur les beautés des paysages de la Nouvelle-Angleterre aux saisons du couchant et de son talent de conteur.
Une promenade plus naturaliste que philosophique, la (dé)marche est à l’observation, les réflexions qui accompagnent inspirées par la vue sous une plume impressionnante par sa richesse et sa générosité.
Dans Balade d’hiver, court premier récit, nous cheminons depuis l’aube sur les sentiers puis le long des rives à travers « ce vaste paysage de forêts, de champs et de rivières jusqu’aux lointaines montagnes enneigées. » Il se dégage de cette lecture une lumière diffuse, une ample et libre respiration, des images qui (r)éveillent les sens en douceur, si évocatrices qu’elles rappellent des moments, des émotions; ces pas intimes de promeneur. D.H.Thoreau nous raconte la « robuste innocence » et la « muette sobriété » de la nature, parsemant ce chemin de figures mythologiques et antiques, de poèmes, de références géographiques et historiques.
Dans Couleurs d’automne, c’est bien de rayonnement qu’il s’agit tant l’auteur donne à voir l’intensité des teintes pouvant rivaliser « avec toutes les couleurs de la palette du peintre « . Le propos est précis, botanique, un herbier en mots. Les descriptions y sont lyriques sans grandiloquence ni théorie, des tableaux en chronologie saisonnière du vif et du chatoyant tout en nuances et contrastes « dans lesquels plongent l’œil et la pensée« .
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