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Critiques de Henry Kissinger (15)
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L'ordre du monde

On repose le dernier livre de Henry Kissinger avec deux sentiments contradictoires : l’admiration respectueuse et la gêne persistante.



D’un côté, cette brillante fresque de trois siècles et demi d’histoire diplomatique et les analyses visionnaires de l’actualité internationale qui la prolongent ne peuvent que susciter l’admiration. A quatre-vingt dix ans passés, Henry Kissinger est un monstre sacré des relations internationales : il en fut l’un des acteurs les plus influents aux temps de l’administration Nixon et Ford et en reste l’un des commentateurs les plus autorisés. Son livre, typiquement anglo-saxon, est sans équivalent dans l’édition française : c’est ni plus ni moins l’histoire du monde qu’il nous raconte. En ouvrant « L’ordre du monde », on se sent bien modestes face à tant d’érudition ; puis on se sent un peu plus intelligents en le refermant.

A travers le temps et à travers l’espace, Kissinger raconte l’ordre mondial, produit toujours fragile de la combinaison de la force et de la légitimité, au prisme d’une théorie : la théorie réaliste des relations internationales dont il est l’un des pères fondateurs . Ses principes en sont simples : l’histoire des relations internationales est celle des États qui la composent et qui s’opposent au nom de la défense de leurs intérêts égoïstes. Ils ont été posés en 1648 par les traités de Westphalie qui mirent fin à la guerre de Trente ans. Ils furent réaffirmés à Vienne en 1815 au lendemain de la Révolution française et des guerres napoléoniennes. Le vingtième siècle les a trahis à deux reprises : en 1919 à Versailles en excluant l’Allemagne de la table de négociation, en 1945 à San Francisco en rêvant à une communauté internationale fondée sur des valeurs partagées.

D’inspiration européenne, ces principes westphaliens ont essaimé à travers la planète : dans le monde musulman où l’Islam aspire à étendre le califat à la terre entière, en Asie où la Chine s’est longtemps vécue comme le « centre du monde » appelé à gouverner « tout ce qui est sous le Ciel ». Par une paradoxale pirouette de l’Histoire, l’ordre westphalien a abandonné les terres qui l’a vu naître pour trouver une nouvelle vitalité dans des régions qui lui étaient étrangères : l’Europe, bercée par le rêve d’une construction fédérale qui a toujours inspiré et inspire encore à Henry Kissinger le plus grand scepticisme, est devenue post-westphalienne alors que l’Asie et, derrière l’image fallacieuse que donne la croyance en une même foi, le Moyen-Orient, sont devenus des espaces westphaliens où des États s’affrontent au nom de leurs intérêts nationaux.



De l’autre côté, le respect que suscite une si brillante analyse n’empêche pas une gêne persistante. Vingt ans après Diplomacy (1994), son œuvre maîtresse, il livre une analyse qui repose encore et toujours sur les mêmes paradigmes. Témoignage d’une admirable cohérence dans son œuvre ? ou incapacité à tenir compte de l’évolution du monde ? Henry Kissinger reste fidèle aux principes qui structurent sa pensée depuis la thèse qu’il avait consacrée à Harvard en 1954 à la paix de Vienne. Pour lui, seuls les États et leurs intérêts égoïstes importent. Kissinger reste aveugle au rôle grandissant des acteurs non-étatiques – et aux réflexions de ceux qui, de James Rosenau à Stephen Krasner en passant par Richard Rosecrance ou Susan Strange, n’ont cessé de prophétiser l’avènement d’un monde postnational. Sans doute sensible à cette critique, Kissinger consacre-t-il l’ultime chapitre de son dernier livre aux questions technologiques. Mais, il y est surtout question de l’arme nucléaire – analysée en des termes identiques depuis cinquante ans. Si Internet y est évoqué, c’est plus pour son impact sur notre vie quotidienne que son influence sur la conduite des relations internationales.
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Diplomatie

Je ne sais pas ajouter un livre,

a

je parle ici d'un livres de Kissinger que j'ai lu il y a peu en Anglais: Six Studies in World Strategy.

Henry Kissinger a été un jour qualifié de « formidable menteur doté d'une mémoire remarquable ». Laissant de côté le jugement sur la première partie de cette description, à 99 ans, Kissinger semble déterminé à prouver que l'on a raison sur la seconde.

Alors que de nombreuses personnes qui atteignent cet âge ont du mal à se souvenir de leur propre nom, le grand vieil homme de la realpolitik a produit une étude sur six dirigeants nationaux – Konrad Adenauer, Charles de Gaulle, Richard Nixon, Anwar Sadat, Lee Kuan Yew et Margaret Thatcher. – intitulé Leadership. Le gourou de la géopolitique, s'intéresse davantage à la manière dont les dirigeants agissent sur la scène mondiale plutôt qu'à savoir s'ils mentent à leurs parlements ou transgressent leurs propres lois.

En tant que tel, son portrait de Nixon est, comme on pouvait s'y attendre, sympathique, tout en ne cachant pas certains des défauts de caractère de l'homme. Sans surprise, il salue ses efforts en politique étrangère, qui étaient pratiquement indissociables de ceux de Kissinger. Le couple était réputé proche, dans un sens opérationnel, et tous deux appréciaient vivement les avantages du secret. Une grande partie de son étude de Nixon est consacrée à deux politiques : l'effort prolongé pour extraire les États-Unis de la guerre du Vietnam et la tentative audacieuse de construire de nouvelles relations avec la Chine, en partie comme un moyen de saper l'Union soviétique.

Le traitement de Kissinger envers Thatcher, qu'il appelle une chère amie, n'est pas compliqué par les tensions sociétales qui sont son héritage. Le type de politique de marché libre qu'elle a introduit annonçait un individualisme asocial qui reste une contradiction pour les conservateurs à l'ancienne, ce qu'elle était à bien des égards. Au lieu de cela, il se concentre sur les Malouines, sa position de guerre froide et sa gestion de l'IRA, dont aucune n'est originale dans sa présentation.

Le portrait le plus finement dessiné des six est celui de De Gaulle. Si un aspect essentiel du leadership est la confiance en soi, alors peu de dirigeants en ont fait preuve davantage dans des circonstances moins propices. Lorsqu'il se proclama chef de la France libre, de Gaulle n'avait eu que très peu d'expérience politique en tant que vice-ministre de la Défense. Il était à peine connu à Londres, où il entreprit d'établir un gouvernement en exil. Il agace tous les alliés qu'il rencontre – en particulier Franklin Roosevelt mais aussi son hôte, Winston Churchill – et pourtant, à force de détermination et de refus d'accepter la faiblesse de sa position, il s'impose comme la figure de proue de la libération française. Après le débarquement du jour J, il a prononcé un discours sur la place de Bayeux s'adressant à la foule comme sI tous ceux qui étaient là étaient des résistants, célébrant l'effort de guerre français et ne mentionnant même pas les troupes britanniques et américaines qui avaient subi de terribles pertes. Héros de la Première Guerre mondiale, De Gaulle a permis aux Français de se considérer comme de fervents résistants aux nazis, enlevant pratiquement la tache de Vichy de l'imaginaire français. Il a créé une réalité politique, écrit Kissinger, « par pure force de la volonté ».

Vous sentez que Kissinger, qui ne s'est jamais sous-estimé, admire le culot de De Gaulle, mais c'est son art de gouverner qui commande le plus son respect : Gaulle a bien jugé.

Mais il sera toujours l'homme qui a dit au dictateur chilien Augusto Pinochet qu'il lui était sympathique.

Dommage qu'il n'ait pas écrit un chapitre sur ce dictateur d'une extrême et imbécile brutalité.


Lien : http://holophernes.over-blog..
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Leadership : Six études de stratégie mondiale

Est-ce totalement par hasard qu'en cette même année 2022, deux spécialistes majeurs de l'histoire contemporaine (Ian Kershaw) et des relations internationales (Henry Kissinger) publient un recueil de biographies de quelques-unes des très grandes figures des soixante-dix dernières années ?



L'historien britannique en a sélectionné douze, le diplomate américain six. Parmi celles-ci, trois seulement sont citées dans les deux ouvrages : De Gaulle, Adenauer et Margaret Thatcher. Et parmi les trois autres rares élus d'Henry Kissinger : Nixon, Sadate et Lee Kuan Yew – fondateur de l'Etat de Singapour.



La question fondamentale posée par Kershaw est : l'histoire aurait-elle suivi un cours différent sans ces figures-là ? Pour Kissinger, la focale est portée sur les talents de stratèges de ces personnages qu'il a lui-même rencontrés et avec certains desquels il a noué une véritable amitié.



Stratégie de l'humilité après la défaite de l'Allemagne hitlérienne pour Konrad Adenauer, de la volonté chez le leader de la France libre, stratégie de recherche d'équilibre dans un monde mouvant pour le président Nixon, de la transcendance pour Anouar El Sadate dans sa recherche de la paix avec Israël, de l'excellence pour le singapourien, de la conviction chez la Dame de Fer.



Henry Kissinger est mort à l'âge de 100 ans et c'est ici son dernier ouvrage. C'est donc naturellement un livre de mémoires, un plaidoyer pro domo qui évite d'évoquer certaines situations moins flamboyantes dans lesquelles ses éminentes responsabilités l'ont conduit à agir. Son témoignage des moments cruciaux des crises internationales est passionnant. Naturellement aussi, c'est une vision des rapports de forces à partir de la focale américaine et plus spécialement la menace nucléaire.



Des évolutions remarquables ont été introduites par ces leaders exceptionnels : la décision de Richard Nixon d'introduire la Chine dans le système westphalien - en la considérant comme un contrepoids et non comme un complément du bloc soviétique - a bouleversé le grand jeu diplomatique mondial.



Déjà en 1957, Adenauer mettait en doute la solidité de la garantie américaine de la défense en Europe. Pour de Gaulle, la politique n'est pas l'art du possible mais l'art du voulu : il refusait toute vision de l'OTAN qui placerait les forces françaises sous commandement international et toute vision de l'Europe qui dissoudrait l'identité française dans des institutions supranationales. Il doutait que l'Amérique puisse ou veuille garantir indéfiniment un engagement total vis-à-vis de la France, surtout au siècle des armes nucléaires. le rappel des conflits du Proche-Orient est particulièrement utile à la compréhension des développements actuels …



Les lecteurs français seront fiers de voir en quelle haute estime fut considéré le fondateur de la Cinquième république et comment De Gaulle était cité par Lee Kwan Yew comme l'un des rares hommes d'Etat – avec Churchill – qui ait dominé cette période troublée.



L'itinéraire de Margaret Thatcher est particulièrement bien décrit, sa fortitude devant l'adversité, son action de redressement de son pays comme la façon dont elle fut désavouée par son propre parti.



En guise de conclusion, Henry Kissinger déplore l'abandon du système des relations internationales datant du traité de Westphalie en 1648, qui consistait à attribuer à la souveraineté de chaque nation une valeur essentielle pour préserver la stabilité de leurs relations. Un cadre de référence qui a volé en éclats avec le développement des armes nucléaires puis des technologies plus récentes, encore plus dangereuses parce que plus faciles à manipuler et moins chères.



La question fondamentale est donc désormais : où sont les leaders d'aujourd'hui qui sachent transcender la conjoncture par la vision à long terme et le dévouement, des leaders sages qui anticipent les défis avant qu'ils ne se transforment en crises ?



Pas vraiment une vision optimiste …
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Diplomatie

Cet imposant ouvrage d'histoire diplomatique m'a donné pour la première fois une idée assez claire de la réalité du travail du diplomate, ainsi que des enjeux principaux de la diplomatie mondiale depuis le Congrès de Vienne. Il permet aussi de revoir l'idée reçue du cynisme de son auteur, tout en ayant un échantillon de la pensée "réaliste" qui anime toujours les relations internationales (et leur enseignement universitaire des deux côtés de l'Atlantique).

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Diplomatie

L'une des bibles des relations internationales, écrite par un adepte de la realpolitik. Kissinger a quand même un gros tort, celui d'avoir travaillé dans une administration mêlant sans arrêt affaires politiques et affaires économiques. Dans ces circonstances, la diplomatie arrête d'être un outil de service public et devient un lobby.
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De la Chine

Livre passionnant pour comprendre la Chine. Kissinger a vécu de l'intérieur bon nombre des épisodes relatés ici et il met brillamment en perspective l'histoire contemporaine de la Chine avec la mentalité de ce pays et son histoire séculaire.
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Leadership : Six études de stratégie mondiale

A travers 6 biographies de grands leaders du 20ème siècle qu'il a fréquenté, Kissinger met en regard des caractères de grand hommes avec des stratégies géopolitiques.



Outre la puissance des synthèses, convaincantes en 75 pages, j'ai été bluffé par le Kissinger historien. Contrairement à l'idée d'un homme d'appareil, éminence grise de la maison blanche, son point de vue adopte l'humilité de l'historien et s'attarde finalement assez peu sur l'idéologie pour se concentrer sur la trempes de ces leaders. Les références qu'il a sélectionnées sont souvent loin du téléologisme américain:

- Konrad Adenauer

- Charles De Gaulle

- Anwar Sadat

- Richard Nixon

- Lee Kuan Yew

- Margaret Thatcher



Le fait que Kissinger ait fréquenté ces personnes n'est pas le moindre charme de l'ouvrage, l'admiration de Kissinger est patente ; troublante même, car Kissinger n'était pas vraiment un "petit" de ce monde : un témoignage de premier ordre.
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L'ordre du monde

Il faut reconnaître à l'auteur une connaissance du monde et de ses tensions partagée par peu de nos contemporains, permise par une implication dans nombre de conflits… Il présente ici les grandes nations ou ensemble de nations et montre comment à travers les siècles, ils ont conservé les mêmes aspirations et modes de fonctionnement. C'est donc une vision un peu figée qu'il expose.

En lisant ce livre peu après sa publication, j'avais en tête une rencontre faite en 1984 dans la salle d'embarquement de l'aéroport de Ho Chi Minh ville : un Français, technicien, (pas un de ces vieux qui vous ressassent que les Vietnamiens étaient plus heureux du temps de la France et le regrettent), qui allait au moins deux fois par an pour des raisons professionnelles qui lui valaient des autorisations exceptionnelles dans des campagnes reculées du Vietnam et m'a dit y voir des zones immenses incultivables à cause des cratères de bombes.

Autre point : comme souvent dans les livres américains, l'épaisseur est trompeuse.
Lien : https://www.edilivre.com/app..
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L'ordre du monde

Le début de l’ouvrage est une vision historique sur la géopolitique mondiale et la mise en place de solutions d’équilibre entre les nations suite à des guerres ravageuses en Europe: le traité d’Utrecht en 1713 et le congrès de Vienne en 1818, équilibres qui seront rompus définitivement en 1914 et non rétablis par un traité de Versailles qui objectivement ne pouvait pas fonctionner. Ensuite, il analyse successivement le Moyen-Orient et l’islamisme, l’Iran et enfin l’Asie, donc la Chine. À partir de 1918 l’auteur prend une posture totalement Américano-centriste où les USA se voient et seraient vus comme le pôle de liberté et de démocratie du monde avec une mission divine de prosélytisme. Les guerres des USA en Corée, au Vietnam ou en Afghanistan ne sont pas considérés comme des échecs politico militaires, mais comme le résultat d’une faiblesse dans l’engagement, autrement dit : »on aurait gagné facilement si on avait voulu, mais on n’a pas voulu ». Encore plus étonnant quand il aborde la deuxième guerre d’Iraq qu’il trouve vraiment justifiée par la nécessité de se débarrasser d’un dictateur et par le besoin de rétablir une démocratie libérale au cœur du Moyen-Orient. Pas un mot sur le mensonge grossier des armes de destruction massive, mais pire, pas un mot pour expliquer que cette guerre a mis tout le Moyen-Orient dans un désordre meurtrier dont on voit encore les effets trente ans après et la montée en puissance de l’Iran et de la Russie dans cette zone, ce qu’il fallait à tout prix éviter, enfin il n’évoque jamais les intérêts économiques des USA dans leurs engagements internationaux. Rétrospectivement il n’explique pas non plus pourquoi les USA, bouclier du monde libre, ont par deux fois eu une politique isolationniste qui les a empêchés d’intervenir à temps dans les deux guerres mondiales, ce qui aurait dans les deux cas pu empêcher le pire.

Les chapitres sur la dissuasion nucléaire et sur les défis posés par les nouvelles technologies sont très pertinents, mais la conclusion de l’ouvrage reste dans la vision d’un monde post-soviétique avec l’espoir de retrouver grâce à la politique américaine un équilibre des puissances proches du traité d’Utrecht ce que la guerre russe en Ukraine et les menaces chinoises dans les mers du Sud rendent totalement illusoire. Les Etats Unis ne sont plus la grande puissance mondiale, mais une grande puissance mondiale et cela l’auteur ne le voit pas.
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L'ordre du monde

Dans cet essai HK, le légendaire acteur de la diplomatie américaine des années 60-70, tente de définir l’ordre mondiale et son évolution.

Il débute par un rappel historique des différents conflits qui ont marqué l’Histoire sur chaque continent. Il revient l’émergence et le déclin des empires et consacre une grande partie à l’Europe et à l’ordre issue des traités de Westphalie.

Ce dernier dernier présenté comme le premier ordre international prônant la souveraineté, la pluralité et l’équilibre des forces, il favorisera l’émergence des États-nation.

La suite de l’ouvrage porte sur les idéologies qui ont édifié les États-Unis comme superpuissance hégémonique et les débats qui l’ont traversé pendant cette période cruciale. Oscillant entre idéalisme et réalisme, ce pays se voyait comme « le moteur d’un plan divin et la quintessence de l’ordre mondial ». Persuadé d’être porteurs de valeurs universelles, les différents dirigeants américains malgré leurs divergences pensaient leur pays investi d’une mission envers l’humanité.

Sans grande surprise l’auteur cherche à légitimer et justifier les ingérences, les conflits et les guerres menés par son pays au nom de la liberté et la démocratie. Il passe sous silence les ravages, et les conséquences dramatiques de la politique américain sur de nombreux pays.

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A la Maison Blanche, tome 1 : 1968-1973

J'ai fini la première partie de ce livre, intitulée "Les débuts", qui traite de la phase de prise de contact, de mesure, déjà, des rapports de force, de l'organisation et de la mise en place de l'administration Nixon dans la période entre l'élection et la prestation de serment du Président-élu. Kissinger, bien sûr, s'attache à dépeindre tout ce qui découle ou aura une influence sur les relations internationales. Certains problèmes sont toujours sur la table aujourd'hui, ou y sont revenus - mais à l'époque, tout était à considérer sous l'angle de la Guerre Froide, dont on mesure ainsi qu'elle est bel et bien terminée, malgré toutes les tensions qui peuvent exister aujourd'hui entre USA et Russie, qui sont en fait d'une toute autre nature.

La deuxième partie ("1969 : le voyage commence") s'ouvre sur le départ de Nixon en Europe le 23 février 1969.
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L'ordre du monde

Un principe de géopolitique / géostratégie par un de ceux qui y ont participé de manière active au XXème Siècle.



Ecrit en 2013, ce livre donne un panorama du monde et des courant qui s’y manifestent. Il est suffisamment ancien pour ne pas coller aux évènements actuels et en même temps être crédible parce que nombre de ses intuitions se sont réalisées.



L’odre du monde suppose que les Etats et non-Etats susceptibles de peser y aient intérêt ou au moins envie de ne pas le bousculer. Ce qu’il en ressort, c’est que c’est loin d’être gagné !



L’Europe a été longtemps régie par un système issu du traité de Westphalie (1648, fin de la guerre de 30 ans) où la sécurité était assurée par une équilibre avec des principes comme la souveraineté de chaque état, la liberté de décisions au sein de celui-ci, et des échanges diplomatiques pour régler les conflits. Quand un équilibre était rompu et qu’un pays était trop puissant (Allemagne) ou avait d’autres idées (La France à la révolution française), la guerre était là. Si l’Union Européenne utilise toujours ces règles, son environnement extérieur n’a pas les mêmes règles du jeu.



La Russie n’a pas le même schéma. La taille du pays fait que les dirigeants successifs pensent que seul un pouvoir fort peut gouverner un tel pays. Cet expansionnisme est le fait aussi d’un sentiment de vulnérabilité. l’URSS se voulait en plus le porteur d’une doctrine mondiale. La doctrine a peut-être disparue, mais l’expansionnisme est toujours là.



Pour le Moyen Orient, l’auteur rappelle que les arabes distinguent le dar el islam, les terres où l’Islam est dominateur et le dar el harb, les terres des infidèles. Tous les moyens sont bons (militaires, propagande, ...) pour faire triompher l’Islam, l’Europe en première ligne. Dans le dar el islam, les luttes internes sont des luttes classiques de pouvoirs et en aucun cas une recherche de la démocratie, sauf pour une minorité. Un univers toujours en ébullition, tant à l’intérieur du dar el islam que vers l’extérieur avec de nombreux groupes islamiques qui se sentent investis d’un mission divine. Cela ne devrait pas s‘arranger, les accords signés n’étant que temporaires et pouvant toujours être refusés.



En Asie, les pays dynamiques (Inde, Japon, Pakistan...) mêlent dynamisme et expansionnisme économique. Une zone en plein mouvement où de nouvelles puissances veulent se faire reconnaître et exister en tant que telles.



La Chine joue un rôle un peu à part de par sa taille et sa puissance économique. Son opposition pour le 1er rôle avec les USA est compliqué par le fait que tout les oppose : l’approche des USA se veut pragmatique, orientée solution et à la recherche de résultats immédiats quand la Chine a une approche conceptuelle, progressive et une analyse pour apprécier les problèmes derrière chaque solution possible. Le temps joue un rôle comme on le voit avec Taïwan.



Enfin les USA, longtemps gendarmes du monde, grâce à leur dynamisme, leur sentiment d’avoir une mission et leur universalisme se retrouvent avec une doctrine généreuse mais sont de plus en déconnectée de la réalité, face à des adversaires qui veulent s’affirmer, refusent les solutions proposées, voire jouent avec d’autres règles. ON le mesure bien dans les instances internationales.



Au final, un tableau qui aide à comprendre nombre d’évènements de nos jours.



Il y manque l’impact du réchauffement climatique avec ses conséquences tant économiques qu’en termes de déplacement de population.



Un bel ouvrage, pas très rassurant.





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Sortie de crise : Kippour 1973, Vietnam 1975

Qu'est ce que j'ai aimé ce livre.

2 chroniques des ballets diplomatiques en période de crise internationale...concilier enjeux domestiques, intérêts, influence et orgueil...

Le cynisme n'est jamais loin. La période pas si lointaine des blocs est et ouest...récemment réveillée. Sur certains points, lire la biographie de Primakov permet de jauger de la véracité ou de l'objectivité de certaines positions défendues par le camp occidental.

La plume de Kissinger est savoureuse.
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Sortie de crise : Kippour 1973, Vietnam 1975

Théorie de la sortie de crise vue par l'un des experts de la realpolitik. Une compilation des appels téléphoniques passés entre Kissinger et les protagonistes des affaires de Kippour (73) et du Vietnam (75). Assez souvent drôle, toujours dur, on en vient à s'inquiéter sur la manière dont une poignée d'individus dirigent encore aujourd'hui le destin des relations internationales.
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De la Chine

Le livre, publié en 2011 aux Etats-Unis, est un "testament" du Kissinger connaisseur du géant asiatique, à la fois acteur et spectateur attentif qui ne se prive pas de prodiguer encore ses conseils.
Lien : http://www.lemonde.fr/livres..
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