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EAN : 9782818507131
400 pages
Fayard (17/05/2023)
3.79/5   12 notes
Résumé :
Comment construire un ordre international commun dans un monde marqué par des perspectives historiques divergentes, des conflits violents, la prolifération des technologies et l’extrémisme idéologique ? C’est le défi ultime du xxie siècle, auquel Henry Kissinger tente ici de répondre.
Son constat de départ est qu’il n’a jamais existé de véritable « ordre mondial ». Tout au long de l’histoire, chaque civilisation, se considérant comme le centre du monde et reg... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
On repose le dernier livre de Henry Kissinger avec deux sentiments contradictoires : l'admiration respectueuse et la gêne persistante.

D'un côté, cette brillante fresque de trois siècles et demi d'histoire diplomatique et les analyses visionnaires de l'actualité internationale qui la prolongent ne peuvent que susciter l'admiration. A quatre-vingt dix ans passés, Henry Kissinger est un monstre sacré des relations internationales : il en fut l'un des acteurs les plus influents aux temps de l'administration Nixon et Ford et en reste l'un des commentateurs les plus autorisés. Son livre, typiquement anglo-saxon, est sans équivalent dans l'édition française : c'est ni plus ni moins l'histoire du monde qu'il nous raconte. En ouvrant « L'ordre du monde », on se sent bien modestes face à tant d'érudition ; puis on se sent un peu plus intelligents en le refermant.
A travers le temps et à travers l'espace, Kissinger raconte l'ordre mondial, produit toujours fragile de la combinaison de la force et de la légitimité, au prisme d'une théorie : la théorie réaliste des relations internationales dont il est l'un des pères fondateurs . Ses principes en sont simples : l'histoire des relations internationales est celle des États qui la composent et qui s'opposent au nom de la défense de leurs intérêts égoïstes. Ils ont été posés en 1648 par les traités de Westphalie qui mirent fin à la guerre de Trente ans. Ils furent réaffirmés à Vienne en 1815 au lendemain de la Révolution française et des guerres napoléoniennes. le vingtième siècle les a trahis à deux reprises : en 1919 à Versailles en excluant l'Allemagne de la table de négociation, en 1945 à San Francisco en rêvant à une communauté internationale fondée sur des valeurs partagées.
D'inspiration européenne, ces principes westphaliens ont essaimé à travers la planète : dans le monde musulman où l'Islam aspire à étendre le califat à la terre entière, en Asie où la Chine s'est longtemps vécue comme le « centre du monde » appelé à gouverner « tout ce qui est sous le Ciel ». Par une paradoxale pirouette de l'Histoire, l'ordre westphalien a abandonné les terres qui l'a vu naître pour trouver une nouvelle vitalité dans des régions qui lui étaient étrangères : l'Europe, bercée par le rêve d'une construction fédérale qui a toujours inspiré et inspire encore à Henry Kissinger le plus grand scepticisme, est devenue post-westphalienne alors que l'Asie et, derrière l'image fallacieuse que donne la croyance en une même foi, le Moyen-Orient, sont devenus des espaces westphaliens où des États s'affrontent au nom de leurs intérêts nationaux.

De l'autre côté, le respect que suscite une si brillante analyse n'empêche pas une gêne persistante. Vingt ans après Diplomacy (1994), son oeuvre maîtresse, il livre une analyse qui repose encore et toujours sur les mêmes paradigmes. Témoignage d'une admirable cohérence dans son oeuvre ? ou incapacité à tenir compte de l'évolution du monde ? Henry Kissinger reste fidèle aux principes qui structurent sa pensée depuis la thèse qu'il avait consacrée à Harvard en 1954 à la paix de Vienne. Pour lui, seuls les États et leurs intérêts égoïstes importent. Kissinger reste aveugle au rôle grandissant des acteurs non-étatiques – et aux réflexions de ceux qui, de James Rosenau à Stephen Krasner en passant par Richard Rosecrance ou Susan Strange, n'ont cessé de prophétiser l'avènement d'un monde postnational. Sans doute sensible à cette critique, Kissinger consacre-t-il l'ultime chapitre de son dernier livre aux questions technologiques. Mais, il y est surtout question de l'arme nucléaire – analysée en des termes identiques depuis cinquante ans. Si Internet y est évoqué, c'est plus pour son impact sur notre vie quotidienne que son influence sur la conduite des relations internationales.
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Un principe de géopolitique / géostratégie par un de ceux qui y ont participé de manière active au XXème Siècle.

Ecrit en 2013, ce livre donne un panorama du monde et des courant qui s'y manifestent. Il est suffisamment ancien pour ne pas coller aux évènements actuels et en même temps être crédible parce que nombre de ses intuitions se sont réalisées.

L'odre du monde suppose que les Etats et non-Etats susceptibles de peser y aient intérêt ou au moins envie de ne pas le bousculer. Ce qu'il en ressort, c'est que c'est loin d'être gagné !

L'Europe a été longtemps régie par un système issu du traité de Westphalie (1648, fin de la guerre de 30 ans) où la sécurité était assurée par une équilibre avec des principes comme la souveraineté de chaque état, la liberté de décisions au sein de celui-ci, et des échanges diplomatiques pour régler les conflits. Quand un équilibre était rompu et qu'un pays était trop puissant (Allemagne) ou avait d'autres idées (La France à la révolution française), la guerre était là. Si l'Union Européenne utilise toujours ces règles, son environnement extérieur n'a pas les mêmes règles du jeu.

La Russie n'a pas le même schéma. La taille du pays fait que les dirigeants successifs pensent que seul un pouvoir fort peut gouverner un tel pays. Cet expansionnisme est le fait aussi d'un sentiment de vulnérabilité. l'URSS se voulait en plus le porteur d'une doctrine mondiale. La doctrine a peut-être disparue, mais l'expansionnisme est toujours là.

Pour le Moyen Orient, l'auteur rappelle que les arabes distinguent le dar el islam, les terres où l'Islam est dominateur et le dar el harb, les terres des infidèles. Tous les moyens sont bons (militaires, propagande, ...) pour faire triompher l'Islam, l'Europe en première ligne. Dans le dar el islam, les luttes internes sont des luttes classiques de pouvoirs et en aucun cas une recherche de la démocratie, sauf pour une minorité. Un univers toujours en ébullition, tant à l'intérieur du dar el islam que vers l'extérieur avec de nombreux groupes islamiques qui se sentent investis d'un mission divine. Cela ne devrait pas s‘arranger, les accords signés n'étant que temporaires et pouvant toujours être refusés.

En Asie, les pays dynamiques (Inde, Japon, Pakistan...) mêlent dynamisme et expansionnisme économique. Une zone en plein mouvement où de nouvelles puissances veulent se faire reconnaître et exister en tant que telles.

La Chine joue un rôle un peu à part de par sa taille et sa puissance économique. Son opposition pour le 1er rôle avec les USA est compliqué par le fait que tout les oppose : l'approche des USA se veut pragmatique, orientée solution et à la recherche de résultats immédiats quand la Chine a une approche conceptuelle, progressive et une analyse pour apprécier les problèmes derrière chaque solution possible. le temps joue un rôle comme on le voit avec Taïwan.

Enfin les USA, longtemps gendarmes du monde, grâce à leur dynamisme, leur sentiment d'avoir une mission et leur universalisme se retrouvent avec une doctrine généreuse mais sont de plus en déconnectée de la réalité, face à des adversaires qui veulent s'affirmer, refusent les solutions proposées, voire jouent avec d'autres règles. ON le mesure bien dans les instances internationales.

Au final, un tableau qui aide à comprendre nombre d'évènements de nos jours.

Il y manque l'impact du réchauffement climatique avec ses conséquences tant économiques qu'en termes de déplacement de population.

Un bel ouvrage, pas très rassurant.


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Le début de l'ouvrage est une vision historique sur la géopolitique mondiale et la mise en place de solutions d'équilibre entre les nations suite à des guerres ravageuses en Europe: le traité d'Utrecht en 1713 et le congrès de Vienne en 1818, équilibres qui seront rompus définitivement en 1914 et non rétablis par un traité de Versailles qui objectivement ne pouvait pas fonctionner. Ensuite, il analyse successivement le Moyen-Orient et l'islamisme, l'Iran et enfin l'Asie, donc la Chine. À partir de 1918 l'auteur prend une posture totalement Américano-centriste où les USA se voient et seraient vus comme le pôle de liberté et de démocratie du monde avec une mission divine de prosélytisme. Les guerres des USA en Corée, au Vietnam ou en Afghanistan ne sont pas considérés comme des échecs politico militaires, mais comme le résultat d'une faiblesse dans l'engagement, autrement dit : »on aurait gagné facilement si on avait voulu, mais on n'a pas voulu ». Encore plus étonnant quand il aborde la deuxième guerre d'Iraq qu'il trouve vraiment justifiée par la nécessité de se débarrasser d'un dictateur et par le besoin de rétablir une démocratie libérale au coeur du Moyen-Orient. Pas un mot sur le mensonge grossier des armes de destruction massive, mais pire, pas un mot pour expliquer que cette guerre a mis tout le Moyen-Orient dans un désordre meurtrier dont on voit encore les effets trente ans après et la montée en puissance de l'Iran et de la Russie dans cette zone, ce qu'il fallait à tout prix éviter, enfin il n'évoque jamais les intérêts économiques des USA dans leurs engagements internationaux. Rétrospectivement il n'explique pas non plus pourquoi les USA, bouclier du monde libre, ont par deux fois eu une politique isolationniste qui les a empêchés d'intervenir à temps dans les deux guerres mondiales, ce qui aurait dans les deux cas pu empêcher le pire.
Les chapitres sur la dissuasion nucléaire et sur les défis posés par les nouvelles technologies sont très pertinents, mais la conclusion de l'ouvrage reste dans la vision d'un monde post-soviétique avec l'espoir de retrouver grâce à la politique américaine un équilibre des puissances proches du traité d'Utrecht ce que la guerre russe en Ukraine et les menaces chinoises dans les mers du Sud rendent totalement illusoire. Les Etats Unis ne sont plus la grande puissance mondiale, mais une grande puissance mondiale et cela l'auteur ne le voit pas.
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Dans cet essai HK, le légendaire acteur de la diplomatie américaine des années 60-70, tente de définir l'ordre mondiale et son évolution.
Il débute par un rappel historique des différents conflits qui ont marqué l'Histoire sur chaque continent. Il revient l'émergence et le déclin des empires et consacre une grande partie à l'Europe et à l'ordre issue des traités de Westphalie.
Ce dernier dernier présenté comme le premier ordre international prônant la souveraineté, la pluralité et l'équilibre des forces, il favorisera l'émergence des États-nation.
La suite de l'ouvrage porte sur les idéologies qui ont édifié les États-Unis comme superpuissance hégémonique et les débats qui l'ont traversé pendant cette période cruciale. Oscillant entre idéalisme et réalisme, ce pays se voyait comme « le moteur d'un plan divin et la quintessence de l'ordre mondial ». Persuadé d'être porteurs de valeurs universelles, les différents dirigeants américains malgré leurs divergences pensaient leur pays investi d'une mission envers l'humanité.
Sans grande surprise l'auteur cherche à légitimer et justifier les ingérences, les conflits et les guerres menés par son pays au nom de la liberté et la démocratie. Il passe sous silence les ravages, et les conséquences dramatiques de la politique américain sur de nombreux pays.
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Il faut reconnaître à l'auteur une connaissance du monde et de ses tensions partagée par peu de nos contemporains, permise par une implication dans nombre de conflits… Il présente ici les grandes nations ou ensemble de nations et montre comment à travers les siècles, ils ont conservé les mêmes aspirations et modes de fonctionnement. C'est donc une vision un peu figée qu'il expose.
En lisant ce livre peu après sa publication, j'avais en tête une rencontre faite en 1984 dans la salle d'embarquement de l'aéroport de Ho Chi Minh ville : un Français, technicien, (pas un de ces vieux qui vous ressassent que les Vietnamiens étaient plus heureux du temps de la France et le regrettent), qui allait au moins deux fois par an pour des raisons professionnelles qui lui valaient des autorisations exceptionnelles dans des campagnes reculées du Vietnam et m'a dit y voir des zones immenses incultivables à cause des cratères de bombes.
Autre point : comme souvent dans les livres américains, l'épaisseur est trompeuse.
Lien : https://www.edilivre.com/app..
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