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Citations de Henry Miller (1056)


« Nos lois et nos coutumes sont liées à la vie sociale, à notre vie en commun, qui est l’aspect le moins important de l’existence. La vraie vie commence quand nous sommes seuls, face à notre moi inconnu »,
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Henry Miller est l'homme aux mille visages. Ce qui l'intéresse avant tout, ce n'est pas la réalité de la vie, mais son image, son reflet sur le miroir de l'esprit. Rien d'étonnant alors si l'art le passionne autant ! Et si la peinture est bien une vision personnelle du monde. Miller a forcément quelque chose à en dire. D'ailleurs lui-même fait de l'aquarelle. Ce violon d'Ingres revêt à ses yeux une grande importance, car c'est son présent " mode d'expression", avant même l'écriture, qu'il apprivoise seulement après son départ pour Paris, en 1930.
Carine Chichereau, traductrice
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Publication Gallimard 1954, Le Cauchemar climatisé, Henri Miller. Traduit de l'américain par Jean Rosenthal.

"C'est à Paris, voici quelques années que l'idée m'est venue d'écrire un livre sur l'Amérique. A cette époque la possibilité de réaliser mon projet semblait fort lointaine, car pour écrire ce livre visiter les Etats-Unis en flâneur, avoir le portefeuille bien garni. Je ne savais absolument pas quand ce jour viendrait.

Faute d'avoir les moyens d'entreprendre ce voyage, la meilleure solution me parut être de le faire en imagination, et je m'attelai à cette tâche à mes moments perdus. Ce périple imaginaire, je m'en souviens, débuta par l'héritage que je fis d'un gros carnet de notes qui avait appartenu à Walter Lowenfelds : la veille de mon départ, celui-ci m'avait demandé de l'aider à brûler une énorme pile de manuscrits, qui représentaient des années de travail.

Souvent quand vers minuit je regagnais mon studio, je m'installais devant ma table et j'inscrivais dans cette sorte de registre céleste les innombrables menus détails qui constituent la comptabilité d'un écrivain : rêves, plans d'attaque et de défense, souvenirs, titres de livres que je me proposais d'écrire, noms et adresses de créanciers éventuels, éditeurs à harceler, moins de champs de bataille, de monuments, de retraites monastiques et je ne sais qui encore, Je me rappelle également fort bien avec quelle émotion je coucjais sur le papier des mots comme Mobile, Swance River, Navajos, le Désert Peint, lynchage, chaise électrique.

Comme je regrette aujourd'hui de ne pas avoir écrit une relation de ce voyage imaginaire qui commença à Paris. Cela aurait fait un tout autre livre ! .."

Ah que j'aime les entrées en matière de Henry Miller : on entre dans son univers, on l'écoute dans son récit, sorte de monologue intérieur ..

Ce qu'il dira à ce sujet, ce qui n'est d'ailleurs pas contradictoire, dans le premier manuscrit du Tropique du Capricorne, est édifiant :
"Le plus difficile pour moi est d'écrire cette première ligne -absence sincère de sincérité, indice de ma personnalité profonde et de tout ce qui va suivre. Le plus ardu pour moi c'est de commencer, parce que je n'ai jamais connu ni début ni fin. Et si ces pages, qui ne sont ni roman, ni nouvelle, ni tranche de vie, ni fantasme, si ces pages qu'il me plaît tant d'appeler Tropique du Capricorne sont si difficiles à commencer, c'est parce qu'elles n'ont pas d'origine précise, ni dans le temps ni dans l'espace. Ce récit, donc, qui coule dans mes veines, que je m'apprête à raconter que cela vous plaise ou non, ou plus grave encore, que cela me plaise ou non, débute à un moment où les protagonistes ne se connaissent pas encore, avant même qu'ils existent, en quelque sorte. Mais cela ne saurait me troubler plus que cela ; problème insoluble que je laisse irrésolu.."



C'est la guerre, 1940, qui va le faire rentrer aux Etats-Unis et lui permettre incidemment de réaliser son projet ..
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« Je pense en ce moment à l'absence de ces éléments essentiels de vie qui permettent à une société d'êtres humains d'exister réellement.

La grande carence fondamentale, partout évidente dans·notre monde civilisé, c'est l'absence totale de tout ce qui ressemblerait de près ou de loin à une forme d'existence communautaire.

Nous sommes devenus des nomades de l'âme. Tout ce qui ressortit à l'âme s'en va à vau-l' eau, ballotté par les vents, comme autant d'épaves. Le village de Hagia Triada, de n'importe quel point du temps qu'on le regarde, se détache comme un joyau de pure logique, d'intégrité, de sens. »

(p. 135)
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« La civilisation dont il était l'épitomé s’est écroulée quinze siècles avant la venue du Sauveur, en léguant au monde occidental un héritage unique, le plus grandiose qu'ait connu l'homme jusqu'ici : l'alphabet.

Dans une autre partie de l'île, à Gortyne, cette découverte est immortalisée dans d’énormes blocs de pierre qui courent à travers la campagne comme une muraille de Chine en miniature.

De nos jours, la magie s'est envolée de l'alphabet. C'est une forme morte, exprimant des pensées mortes. »

(p. 134 et 135)
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« On assure que d'un bout à l'autre de sa longue histoire, toutes les formes de gouvernement connues de l'homme y ont été éprouvées; à bien des .égards, Cnossos est beaucoup plus proche de l'esprit des temps modernes - du vingtième siècle, dirais-je - que certaines autres époques plus tardives du monde hellénique.

On y sent l'influence de l'Égypte, le caractère immédiat de simplicité, d'humanité du monde étrusque, la sagesse, le génie d'organisation communautaire de l'époque inca.

Sans prétendre à la certitude, j'ai senti, comme cela m'est rarement arrivé .devant des ruines du passé, que durant de longs· siècles ces lieux durent connaître une ère de paix. Cnossos a quelque chose de très terre à terre : cette sorte d’atmosphère qu’évoquent les mots de « chinois », ou de « français ». Comme si l'on avait mis une pédale sourde, exquise, à la note religieuse.

Les femmes ont joué un rôle important dans les affaires de ce peuple, en toute égalité. Le génie du jeu y est aussi très remarquable. Bref, la note dominante, c'est la joie. On sent que l'homme de Cnossos vivait pour vivre, sans se laisser étouffer ni contraindre par un respect indu pour les mânes des ancêtres; religieux, mais de la seule façon qui soit seyante à l'homme : en tirant le maximum de ce qui lui tombe sous la main, en extrayant de chaque instant qui passe la quintessence de la vie. Cnossos était mondain, au meilleur sens du terme. »

(p. 134)
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« Il faudrait être crapaud, un escargot ou une limace, pour rester insensible à ce rayonnement du cœur humain autant que des cieux. Où que l'on aille en Grèce, les gens s'ouvrent comme des fleurs. Les cyniques diront que c'est parce que la Grèce est un petit pays, parce que les Grecs sont avides de capter les visiteurs, etc.

Je n'en crois rien. Je connais d'autres petits pays qui m'ont laissé l'impression exactement contraire. Et d'ailleurs, je l'ai déjà dit, la Grèce n'est pas un petit pays. Elle est d'une formidable immensité.

Aucun pays que j'aie visité ne m'a donné pareil sentiment de grandeur. La dimension d'un pays ne se mesure pas forcément en kilomètres. »

(p.53)
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Sans doute la meilleure description que l'on puisse donner de lui en ce début de nos relations est celle d'un stoïque traînant partout sa tombe avec lui. Pourtant je devais graduellement découvrir que cet homme avait des visages multiples.
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Dans les volumes moisis de toute grande bibliothèque sont enterrés des articles écrits par des individus obscurs ou inconnus, sur des sujets apparemment sans importance, mais saturés d'éléments d'information, d'idées, d'imagination, d'états d'esprits, de lubies, de présages menaçants, le tout d'un tel calibre qu'on ne peut les comparer , par leur effet, qu'à des drogues rares.
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Des heures d'affilée, je restais étendu au soleil à ne rien faire, à ne penser à rien. Entretenir le vide dans l'esprit, c'est un exploit, et un exploit rudement salubre. Ne pas dire un mot de toute une journée, ne pas voir de journal, ne pas entendre de radio, ne pas écouter de commérages, s'abandonner absolument, complètement, à la paresse, être absolument, complètement indifférent au sort du monde, c'est la plus belle médecine qu'on puisse s'administrer. (...) Le corps se change en un instrument tout neuf, merveilleux ; on regarde les plantes, les pierres, les poissons, avec d'autres yeux ; on se demande où veulent en venir les gens en ce démenant au milieu de leurs activités frénétiques (...). Si seulement on pouvait éliminer la presse - quel grand pas en avant nous ferions, j'en suis sûr ! La presse engendre le mensonge, la haine, la cupidité, l'envie, la suspicion, la peur, la malice. Qu'avons-nous à faire de la vérité, telle que nous la servent les quotidiens ? Ce qu'il nous faut, c'est la paix, la solitude, le loisir. Si nous pouvions tous nous mettre en grève et renier sincèrement tout intérêt pour ce que fait le voisin, peut-être arriverions nous à signer un nouveau bail de vie, à apprendre à nous passer de téléphone, de radio et de journaux, de machines de toutes sortes, d'usines, de fabriques, de mines, d'explosifs, de cuirassés, de politiciens, d'hommes de loi, de conserves, de trucs et de machins, même de lames de rasoir, ou de cellophane, ou de cigarettes, ou d'argent. Rêve fumée, bien-sûr. Quand les gens se mettent en grève, ce n'est que pour réclamer de meilleurs conditions de travail, de meilleurs salaires, de meilleures chances de devenir autre choses que ce qu'ils sont.
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Quand un certain endroit a été témoin de nos souffrances, nous avons tendance à croire que la rue garde gravé le souvenir de nos peines. Mais un peu d’attention nous suffit pour nous apercevoir que les rues restent remarquablement indifférentes aux souffrances des individus. S’il vous est arrivé de sortir un soir, pleurant la mort d’un grand ami, vous avez dû remarquer que la rue se tient vraiment très à l’écart de votre deuil. Si le dehors se mettait à ressembler à l’intérieur de l’être, la vie ne serait plus tenable. Les rues sons des lieux où l’on respire et reprend haleine.
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Au bout d'un moment, je m'aperçus que je n'étais pas seul. Il y avait quelqu'un à côté de moi, comme une ombre, qui se déplaçait avec la même assurance que moi. Mon ange gardien, très probablement. Je ne rencontrais rien qui ressemblât à des créatures terrestres, et pourtant je devisais, toujours sans effort, avec tout ce qui se présentait sur mon chemin. Si c'était un animal, je lui parlais dans sa langue; si c'était un arbre, je parlais le langage des arbres; si c'était une pierre, je parlais le dialecte des pierres. J'attribuai ce don des langues à la présence de cette créature qui m'accompagnait.
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Les nuits où je ne pouvais la voir - quand elle était en mains - je me promenais tout seul, m'arrêtant dans les bistrots des petites rues, les boîtes mal famées, où d'autres filles pratiquaient leur commerce d'une façon sotte et absurde. Parfois, par pure lassitude, je m'en envoyais une, même si cela ne me laissait qu'un goût de cendres.
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Tant que nous n'aurons pas appris à reconnaître humblement l'existence d'une vision qui dépasse la nôtre, tant que nous n'aurons pas appris à nous fier, à nous confier à des puissances supérieures, les aveugles seront rois au royaume des aveugles.
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Quand vient le jour d'aller en classe, c'en est fait de l'enfant, il sent autour du cou qu'on lui pose un licol. Le pain n'a plus de gout; la vie de même. Gagner son pain est plus important que de le manger. tout n'est plus que calcul, on, met un prix sur tout.
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Cote à cote avec la race humaine , coule une autre race d'individus, les inhumains, la race des artistes qui aiguillonnés par des impulsions inconnues prennent la masse amorphe de l'humanité et par le fièvre et le ferment qu'ils lui infusent, changent cette pâte détrempée en pain et le pain en vin et le vin en chanson.
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On est ce que l’on pense. Si quelque chose ne va pas en vous, c’est parce que vous pensez mal. Est-ce que vous comprenez cela ?
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Ill y avait de la musique dans le lointain, et
cela réveilla en moi des souvenirs d’enfance – rêves refoulés, nostalgies, regrets.
Un vent lourd et brûlant de révolte passionnée se leva dans mes veines. Je
pensais à certaines grandes figures du passé et à tout ce qu’elles avaient
accompli à mon âge. Toutes mes vieilles ambitions étaient mortes [...]
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Comment faire pour amener un
autre être à comprendre ce qui se passe en dedans de vous ? Si par hasard
je m’étais rompu la jambe, il n’y eut que cela qui eut compté. Mais qu’on ait
le cœur qui se rompe de joie – non, vraiment, entre nous, ce genre d’histoire, ça
ne te donne pas un peu envie de bâiller ? On s’arrange mieux des larmes
que de la joie. La joie est destructive : on ne se sent pas à l’aise avec
elle. Solitaire, la douleur ? Quel mensonge ! La douleur trouvera toujours un bon million de crocodiles pour verser un pleur en sa compagnie. Le
monde est en larmes pour l’éternité. Le monde est baigné de larmes. Le rire, c’est un instant qui passe. Mais la joie, la joie est une sorte de saignée extatique, une infamie de supercontentement qui déborde par tous les pores de l’être. On ne rend pas les gens joyeux du seul fait que l’on est joyeux soi-même. La joie trouve sa source dans l’être : elle est ou n’est pas. Elle se fonde sur des raisons trop profondes pour être comprises ou pour se communiquer. Être joyeux, c’est être un fou en liberté dans un monde de tristesse et de fantômes...
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Vous êtes toujours d’un certain secours, indirectement. Vous ne pouvez vous
empêcher de dégager de l’énergie, et c’est déjà quelque chose. Les gens s’appuient
sur vous, sans que vous sachiez pourquoi. Vous leur en voulez même terriblement
de cela, bien que vous agissiez comme si vous étiez bon et plein de vraie sympathie.
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