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Critiques de Henryk Sienkiewicz (113)
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Le Déluge, tome 1

*** Merci à Babelio et aux éditions Trakt pour m’avoir adressé cet ouvrage dans le cadre d’une opération « Masse critique Littératures » ***

Les lecteurs français connaissent bien Henryk Sienkiewicz pour son roman des temps néroniens Quo vadis?, un livre magnifique qui a valu à son auteur le Prix Nobel de littérature en 1905. Le reste de l’œuvre abondante de l’écrivain polonais est en revanche beaucoup moins bien connu chez nous. Et pour cause : une grande partie de sa production n’a été publiée en France qu’au tout début du XXe siècle et était indisponible depuis. Au sein de cette production, la Trilogie, cycle de trois romans se déroulant en Pologne au XVIIe siècle, faisait un peu figure d’exception puisque le premier volume au moins, Par le fer et par le feu, avait été republié, dans une traduction revue et complétée, par les éditions Phébus en 1992. Les deux autres volumes de la Trilogie, Le Déluge et Messire Wołodyjowski, étaient en revanche introuvables depuis longtemps.

Il existe bien, pour qui voudrait chercher un peu, une édition récente en français du Déluge, d’un éditeur peu scrupuleux, un éditeur qui prétend pourtant « œuvrer pour la sauvegarde de la littérature catholique », et qui propose, sans la moindre précision, une version expurgée du Déluge, taillé à merci, réécrit, résumé ici et là, amputé des deux tiers, défiguré : 593 pages pour un roman qui en compte plus de 2 000 !

Il aura donc fallu plus d’un siècle pour que parvienne jusqu’à nous, dans son texte authentique, l’un des grands classiques du roman historique ! On peut en effet espérer qu’après Le Déluge les éditions Trakt auront l’heureuse idée de proposer l’ultime volume du cycle, Messire Wołodyjowski. Mais on peut d’ores et déjà les remercier de nous en offrir le deuxième, et ce dans une traduction nouvelle, dont je suis incapable de juger de la fidélité au texte mais que j’ai trouvée particulièrement soignée. Les notes de bas de page qui mettent en perspective le texte sont bien choisies et très éclairantes, sans jamais alourdir la lecture. L’édition est également très soignée, la pagination suffisante pour aérer le texte, ce qui est très agréable. Il y a même une carte pour nous aider à situer l’action.

Mais revenons à l’histoire ! La Pologne de l’époque n’avait pas grand-chose à voir avec ce qu’elle est devenue aujourd’hui. Alliée avec la Lituanie sous la dynastie des Jagellons, la Pologne formait aux XVe et XVIe siècles un immense ensemble catholique et était alors à son apogée. L’« âge d’or » polonais se prolonge pendant la première moitié du XVIIe siècle. Cas unique à l’époque, une sorte de fédération avant la lettre réunissait officiellement, depuis 1569, le royaume de Pologne proprement dit et le Grand-duché de Lituanie sous le nom de « République des deux nations », un bien curieux nom pour une monarchie, bien qu’elle fût élective. C’était alors le plus vaste État d’Europe. Il couvrait le territoire polonais actuel, moins la Poméranie et la Silésie, à quoi il fallait ajouter les terres baltes, biélorusses et une grande partie de l’Ukraine jusqu’au Dniepr. Depuis la mer Baltique jusqu’à la mer Noire, c’est toute l’Europe orientale qui était alors sous domination polono-lituanienne.

Ce trop grand État suscitait naturellement la convoitise de ses voisins. Les Polono-lituaniens devaient lutter contre les protestants de Suède ou d’Allemagne, les orthodoxes de Russie et les « infidèles » ottomans et tatars. Une série de plusieurs grands conflits militaires débute en 1648, l’année même où les puissances de l’Europe occidentale mettaient un terme à la guerre de Trente Ans par les traités de Westphalie. Ces trois guerres qui ont ravagé la Pologne au XVIIe siècle et affaibli progressivement la République constituent la toile de fond de la Trilogie. Bien que je sois féru d’histoire, j’avoue que je ne connaissais strictement rien de ces guerres, pas même leur nom. Le premier conflit est une guerre civile : le soulèvement des Cosaques d’Ukraine, qui marque le début de l’ingérence russe dans les affaires polonaises, traité dans Par le fer et par le feu. La guerre polono-turque est le sujet de Messire Wołodyjowski. Elle voit le roi de Pologne, venu au secours des Habsbourg et de la chrétienté, écraser les Turcs sous les murs de Vienne en 1683.

Le Déluge a pour thème la Première guerre du Nord (1655-1660) qui débute par l’invasion suédoise de 1655, avec le soutien initial de la Prusse. Comme ce billet, Le Déluge est long, très long ! Après ce premier volume, le deuxième tome doit paraître au printemps, puis le troisième à l’automne. On ne lit donc ici qu’un neuvième de la Trilogie !! Malgré cela, j’ai beaucoup apprécié ce premier tome. Si vous aimez les romans historiques, vous allez adorer celui-ci. Il raconte l’histoire de la Pologne comme si vous y étiez, avec la participation de personnages historiques réels et d’autres inventés. Si on n’est pas polonais, cela permet de s’intéresser à ce pays et à son histoire.

Il est vrai qu’il aurait mieux valu lire d’abord Par le fer et par le feu, puis enchaîner avec celui-ci, mais ce qui est fait est fait. J’ai cru comprendre que chaque volume était relativement indépendant. Bien sûr, il faut savoir apprécier le style d’écriture, qui peut paraître désuet par moment, mais c’est mon cas ! La prose est riche, les pensées et les sentiments des personnages sont bien rendus. Les intrigues amoureuses sont tissées dans l’histoire des batailles et des intrigues politiques de l’époque. C’est de la littérature divertissante comportant de nombreux rebondissements, on se croirait chez Dumas parfois. L’auteur crée des personnages hauts en couleur et donne vie à l’époque et aux événements historiques réels. La seule difficulté est qu’il faut s’adapter aux noms propres polonais qui sont bien difficiles à mémoriser.
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Le Déluge, tome 1

Bon..Voici pour moi une rencontre ratée...Je pensais pourtant avoir quelques atouts pour apprécier ce roman.

D'abord, j'avais été enthousiasmée par le célébrissime "Quo Vadis ?" du même Henryk Sienkiewicz et j'ai toujours aimé les romans de cape et d'épée d' Alexandre Dumas, auquel la quatrième de couverture fait référence.

Ensuite, j'ai beaucoup d'intérêt par ces pays du Nord et leur histoire tumultueuse. J'ai lu, avec passion, le pavé "Pologne" de James Michener et Je me suis rendue dans ce pays. J'ai aussi visité l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie , dits "Pays baltes" même s'ils sont très différents par leur mentalité, leur religion, leur histoire.

En revanche, j'ai éprouvé vraiment des moments de solitude, d'ennui et de désintérêt devant ce livre dés le début et je n'ai ensuite que rarement éprouvé du plaisir à sa lecture.J'en ai été navrée car j'aime lire et en tirer de la satisfaction et j'ai beaucoup d'empathie pour le contexte de ce roman

J'ai trouvé le style (la traduction ?) sans envolée, les personnages assez ridicules , voire grotesques, les péripéties inintéressantes, la construction du livre ( avec la présentation successive de nos héros) mal bâtie.Et pour moi, la grande Histoire malheureusement compliquée et les noms bien difficiles à enregistrer.

Toutefois, je ne voudrais pas décourager d'autres lecteurs. Je dois avoir l'humilité de reconnaitre que si ce livre est un monument de littérature dans les pays concernés, c'est que je suis passée à côté.Les meilleurs best sellers ont leur lot de détracteurs...Faites vous votre propre jugement..
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Le Déluge, tome 1

Ouvrage reçu dans le cadre d'une "Masse critique Littératures" (épreuve non corrigée)

Merci, donc, à Babelio et à Trakt Editions.



"Le Déluge" est un roman historique, un roman d'aventures de Henryk Sienkiewicz, auteur classique Polonais.



Le lieu : la république des Deux Nations (Pologne/Lituanie), vaste pays européen.

L’époque : 1655. Le début de l’invasion suédoise. Le Déluge.



Époque troublée s’il en est, puisque la république fait déjà face à un soulèvement cosaque en Ukraine (soulèvement de Khmelnytsky), ainsi qu’à une attaque Russe.

Elle doit en plus prendre garde aux trahisons en son sein de la part de puissants personnages, revanchards, jaloux, ou simplement ambitieux. (Opalinski, Radziwiłł, Radziejowski,etc…)

Pour la petite histoire, il faut dire que la Roi Jean II Casimir Vasa a fait plus que courir le guilledou avec la femme de ce dernier, donc il est un peu irrité quand même.)

Et là, bim ! Les suédois débaroulent !



Les protagonistes :

Andrzej Kmicic, banneret d’Orsza, jeune homme fougueux, qui malgré sa bonne foi et son grand cœur, n'est pas le dernier à faire n'importe quoi, juste parce qu'il en a envie. N’est pas d’une fiabilité à toute épreuve. C’est un fan d’action plutôt que de réflexion approfondie. Il est raide dingue de la belle Aleksandra.

Aleksandra Billewicz, en pince aussi pour ce grand écervelé d’Andrzej, mais sait conserver ses principes moraux et ne succombe pas si facilement aux avances de cet hurluberlu aux yeux gris et malicieux.

Michal Wolodyjowski, Colonel, fin bretteur, défenseur inconditionnel de la république. Est plus heureux dans ses combats militaires que sur le front amoureux.

On trouve aussi les amis de Wołyjowski, Zagłoba vieux roublard et les Skrzetuski, ainsi que son ennemi Janusz Radziwiłł, l'Hetman du Grand duché de Lituanie, auquel s’est lié Kmicic.

Les routes de Michal et Andrezj vont forcément être amenées à se croiser tout au long de ce 1er tome.

On enchaîne donc actions, évènements historiques, romance pendant 500 pages.



Je ne suis pas forcément fan de ce genre de livre, mais j’ai appris pas mal de choses sur cette période et sur cette région (en faisant des incursions sur le net). J’avoue mon inculture sur cette période charnière et sur l’histoire de la Pologne, ainsi que sur celle de la république des Deux Nations. C’est donc avec plaisir que je me suis plongé dans cette histoire.



A qui s’adresse ce livre ? Aux lectrices et lecteurs aimant les classiques étrangers peu connus en France, aux amoureux des romans d’aventures, aux romantiques à l’ancienne, à ceux qui aiment les pavés (il y a 3 tomes).

Attention, il ne faut pas lire ce bouquin avec les yeux de quelqu’un du 21ème siècle, ça date quand même de 1886.

Les lecteurs qui ne sont pas familiers avec la géographie de ces régions, Pologne, Lituanie, Ruthénie, Biélorussie, etc...pourront être un peu perdus avec les noms des divers lieux.



Challenge « A travers l’histoire 2024 »
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Par le fer et par le feu

Premier tome d'une vaste trilogie visant à insuffler une ardeur nationaliste aux polonais par l'évocation des grandes heures de leur histoire, Par le fer et par le feu, est publié en 1884, alors que la Russie, la Prusse et l'Autriche se sont partagés depuis plus d'un siècle les dépouilles opimes de cette nation.



Les quatorze années de paix qui suivent le Traité de Polanów en 1634 constituent la période la plus prospère de l'histoire de la République des Deux Nations, formée par l'union du royaume de Pologne et du grand-duché de Lituanie. Son territoire comprend en outre l'actuel Ukraine, l'Estonie, la Lettonie et la Biélorussie. Le roman s'ouvre en 1647, alors que Bogdan Khmelnitski, noble ukrainien au service des Deux Nations, s'estimant avoir été lésé dans un conflit de longue haleine qui l'a opposé au staroste Daniel Tchaplinski, fait acte de félonie en attisant les rancœurs des Cosaques zaporogues - à l'origine, des serfs fuyant dans les steppes le joug de la république des Deux Nations, dont il devient hetman, s'alliant avec les Tatars de Crimée. Sous l'impulsion de ces hordes terribles, la plèbe de l'Ukraine se soulève, massacrant les nobles, les bourgeois et les régisseurs juifs, et c'est finalement une armée disparate, mais bien supérieure en nombre qui s'avance résolument vers les marches de la Pologne, défiant le génie militaire de ses troupes avec à sa tête le non moins terrible Yarema Wisniowiecki.



Animé par un superbe souffle épique et porté par une belle ferveur patriotique, Par le fer et par le feu est un chef-d'œuvre du roman historique, étudié encore de nos jours par les écoliers polonais. Il a non seulement atteint le but que son auteur s'était fixé, réveiller la conscience d'une identité nationale polonaise, par la célébration de l'héroïsme et la noblesse de cœur de personnages hauts en couleur, mais il continue et continuera, à n'en pas douter, à enchanter des générations de lecteurs, happés par son style enlevé, séduits par l'emploi heureux d'archaïsmes savoureux et la truculence de ses dialogues. Un incontournable, et pas que pour les amateurs de romans historiques, n'ayant absolument rien à envier aux meilleurs productions d'Alexandre Dumas.

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Quo vadis ? (Intégrale)

Si vous voulez de l’érudition sur Rome, lisez Mommsen.

Si vous souhaitez plutôt un roman historique haut de gamme, lisez Sienkiewicz.

De l’érudition il y en a aussi, dans Quo vadis : nous sommes sous le règne de Néron, on est plongé dans les intrigues de palais et on se promène à loisir dans les quartiers de la ville.

Une intrigue imaginaire est intimement mêlée aux évènements historiques réels : Vinicius, un jeune aristocrate, tombe amoureux de Lygie mais au lieu de chercher à l’épouser, il la fait enlever pour se la faire livrer. Et ça tourne mal : car la jeune fille fait partie des premiers chrétiens. Et à la suite de l’incendie de Rome, les persécutions contre eux commencent…

Tout le cadre historique est splendidement reconstitué, que ce soit la vie mondaine des patriciens ou la vie clandestine des chrétiens, les décors, l’atmosphère. La description de l’incendie de Rome est un véritable morceau de bravoure.

De nombreux personnages émaillent le récit, mais ils sont suffisamment incarnés pour prendre corps sous nos yeux : Sienkiewicz n’est pas tendre avec Néron et Poppée, il est bien plus indulgent avec le poète Pétrone, et parmi les chrétiens il boutonne Pierre avec Paul.

Les personnages imaginaires sont tout aussi intéressants, notamment le retors Chilon, particulièrement réussi dans son rôle de traître : "Il y a beaucoup de méchantes gens de par le monde, seigneur, qui sont incapables d’apprécier les bienfaits de votre clémente domination, et de ces justes lois en vertu desquelles vous prenez tout à tous pour vous l’approprier !"

J’ai pourtant regretté la faiblesse de l’intrigue "amoureuse". Vinicius est particulièrement imbuvable : "Je vais te faire donner trois cents coups de verge dans mon ergastule (…) L’ordre qu’il venait de donner l’avait excité et ranimé."

On se demande ce que Lygie peut bien lui trouver d’aimable. De même, à part le fait d’être belle, Lygie n’a rien pour elle - elle ouvre à peine la bouche durant tout le roman.

Et puis ces revirements religieux, ces conversions miraculeuses, ces apôtres charismatiques, c’est un peu trop didactique pour appuyer solidement le récit : "L’habileté de ces gens à gagner des adeptes est stupéfiante. Et comme cette secte se répand !"

Finalement, c’est l’humanité et l’humour de Pétrone, "spirituel, éloquent, fécond en pensées subtiles" qui m’ont semblé les plus sympathiques.



Traduction de B. Kozakiewicz et J.L de Janasz.



Challenge Nobel

LC thématique septembre 2023 : "Première rencontre"
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Quo vadis ? (Intégrale)

Quo Vadis / Henryk Sienkiewicz (Prix Nobel 1905)

Le récit débute au réveil de Pétrone, écrivain et esthète nonchalant, grand manipulateur, après une nuit agitée faisant suite à une soirée au cours de laquelle il a festoyé notamment avec Néron son ami, son compagnon, son confident, avec Lucain et Sénèque avec qui il a pu ratiociner à l’envi sur la question de savoir si la femme possède vraiment une âme.

Ne fréquentant les bains publics que si un rhéteur vient animer la conversation, il se prélasse chez lui dans son bain assisté de deux esclaves herculéens qui vont le masser afin de dissiper la fatigue accumulée au cours de cette soirée mémorable. Pétrone prend soin de son corps car les femmes romaines n’admirent pas seulement son esprit affiné et son goût, mais aussi son corps.

Il a la visite du jeune patricien Marcus Vinicius, son neveu qui rentre d’Asie Mineure où il est allé guerroyer. Pétrone a toujours ressenti une affection particulière pour Marcus, un beau jeune homme au corps d’athlète sachant même dans la débauche conserver de l’allure. Pétrone qui a été jadis proconsul en Bithynie (nord-est de l’Asie mineure) où il a gouverné avec énergie et justice a conservé une soif de luxe avec des goûts plutôt efféminés. Il demande à Marcus des nouvelles de la guerre contre les Parthes (aujourd’hui en Iran) qui semble mal tourner. Puis Marcus s’enquiert de la santé de son oncle qui selon lui n’est pas brillante. La discussion ensuite s’oriente vers le domaine de prédilection de Pétrone, auteur du Satiricon, à savoir la réflexion philosophique avant que Marcus avoue à son oncle que même s’il est resté invulnérable aux flèches des Parthes, il a été frappé récemment par un trait de l’Amour de façon imprévue et il vient lui demander conseil.

Après un bon bain et une séance aux mains des épilateurs, les deux parents reçoivent le lecteur avec ses rouleaux de papyrus pour une séance studieuse d’écoute. C’est au frigidariumn au sein de deux niches tapissées d’étoffe de soie avec leur jet d’eau teinté en rose clair d’où s’exhale un parfum de violette que Pétrone et Marcus viennent chercher quelque fraîcheur avant que de belles esclaves les rejoignent dans l’unctuarium aux murs recouverts de marbres multicolores resplendissant sous les rayons du soleil, pour une séance d’onction aux doux parfums d’Arabie. Pendant ce temps se déroulent dans les thermes de douces saturnales sur lesquelles Pétrone ferme les yeux.

Marcus révèle à Pétrone le nom de la belle qui lui a fait tourner la tête : Lygie pour la famille, appelée aussi Callina. Il l’a revue et depuis son âme ne connaît plus le repos, il languit et la désire jour et nuit. Il sait qu’elle n’est pas esclave, donc il ne peut l’acheter. Elle est la fille du chef des Lygiens, un peuple asservi par Rome. Ayant perdu ses parents, elle fut confiée d’abord au gouverneur de Germanie avant d’être recueillie par la famille Plautius, Pomponia étant la sœur de la femme du gouverneur. Aulus et Pomponia Plautius se sont attachés à Lygie comme à leur propre enfant depuis la mort de leur petite Julia. Pomponia qui croit en un dieu unique, juste et tout puissant après avoir entendu la parole d’un certain Chrestos, enseigne la nouvelle croyance à la jeune Lygie.

Pétrone, ami de Aulus et aimé pour sa générosité, rassure Marcus : il va aller lui parler et Marcus fou de joie promet de placer la statue de Pétrone au milieu de ses lares selon la coutume romaine.

C’est en litière portée par des colosses nègres que les amis se rendent chez Aulus. Bien qu’elle ait déjà vu Marcus quand autrefois il séjourna dans la famille Plautus et c’est alors qu’il avait découvert cette jeune fille aux formes tanagréennes, la jeune Lygie s’enfuit telle une hamadryade quand il lui adresse la parole. Mais plus tard elle revient et écoute Marcus se confier… Mais Néron, homme tiraillé par ses passions et grand amateur de festins et d’orgies, a entendu parler par Pétrone de la beauté de Lygie…Il la veut pour lui…La rage de Marcus est alors indescriptible et il est prêt à tout pour retrouver Lygie quand il apprend qu’elle a été enlevée…

Ainsi commence ce grand roman historique de plus de 700 pages, publié en 1896 nous offrant une belle intrigue et de magnifiques descriptions de la vie dans la Rome antique à l’époque de Néron, avec ses monuments, ses personnages mythiques et sa foule parcourant les marchés. Sans oublier ses festins en l’honneur et à la table de Néron animés par des poètes, des athlètes et des acteurs, puis des jeunes filles se livrant à des danses bachiques encouragées par des corybantes tandis que pleuvent des plafonds des milliers de roses pour le plus grand plaisir des convives au regard brouillé par les vins, et que peu à peu le festin tourne à l’orgie dans un vacarme discordant de cithares et de cymbales et une atmosphère saturée de parfums envoûtants.

C’est aussi le roman des amours contrariées d’un jeune patricien romain, Vinicius et d’une jeune fille chrétienne Lygie, amours encouragées par Pétrone l’oncle de Vinicius. Un récit relatant également les persécutions subies par les chrétiens dans le cadre des jeux de cirque décrits avec un réalisme saisissant, sous le règne de Néron qui les accusent d’être à l’origine du grand incendie de Rome. En apothéose survient la fin de Pierre considéré comme le premier pape, puis de Pétrone avec Eunice sa femme dans ses bras.

En résumé un roman captivant, une véritable épopée chrétienne, qui a connu un immense succès largement justifié. Conjuguant apologie du christianisme et érotisme diffus, cette fresque grandiose nous plonge dans une Rome cruelle et sanglante.

« Une ville immense , vorace et féroce , licencieuse , pourrie jusqu’à la moelle et en même temps inébranlable dans sa force extraordinaire , ce César , assassin de son frère , de sa mère et de sa femme , traînant derrière lui toute une chaîne de crimes , chaîne aussi longue que celle de ses courtisans , ce débauché et ce bouffon , maître de trente légions et , par elles , de l’univers , ces courtisans couverts d’or et de pourpre , incertains du lendemain et quand même plus puissants que des rois , tout cela apparut à l’apôtre Pierre comme le royaume infernal du mal et de l’iniquité . »

À lire absolument.





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Quo vadis ? (Intégrale)

L'amour rend chrétien.

L'amour fou de soi rend incendiaire.

L'amour se sacrifie.

Cherchez le ou les intrus.



Je ne crierai pas au chef-d'oeuvre, je ne suis pas tombé amoureux de ce livre. Je pense qu'en termes de descriptions et de capacité à rendre vivant des tableaux-villes-époques un Victor Hugo est largement supérieur.



Néanmoins, quand on lit ce livre, on ne peut que constater qu'il a pu en inspirer beaucoup.

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Quo vadis ? (Intégrale)

Un livre puissant où on retrouve tous les ingrédients pour passer un bon moment, l'amour, la haine, l'histoire dans l'Histoire. Un livre qu'on lit presque comme on regarde un documentaire. Les premiers temps du christianisme avec toute l'horreur des persécutions et des massacres.
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Quo vadis ? (Intégrale)

Lecteur des écrits chrétiens des premiers siècles, j'ai lu ce très beau livre il y a bien longtemps, et me souviens des frissons et des émotions ressentis. Notre ami Tiptop 92 en a fait une remarquable critique que je reprends volontiers à mon compte en le remerciant. Si je redécouvre cet ouvrage maintenant, c'est que je mets de l'ordre dans ma bibliothèque. Pat
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Janko le musicien

Ma recette pour m'aerer d'un livre exigeant: l'entrecouper d'une courte nouvelle. Surtout ne pas se lancer dans un recueil de nouvelles, cela peut devenir envahissant. Non, non, une seule et unique nouvelle, de celles que nous offre en ligne La Bibliotheque Russe et Slave. Vous m'objecterez qu'on ne peut pas s'attaquer au genre de nouvelles que ce site propose sans preparation. Vous avez raison. Avant d'entamer ce Ianko musikant de Sienkiewicz je me suis donc arme d'un petit verre de Luksusowa, cette populaire vodka polonaise a base de pommes de terre.





Triste destin que celui de Ianko! Pourtant, bien qu'on l'ait baptise a peine sorti du ventre de sa mere, si peu de chances on lui donnait de survivre, il a reussi a atteindre ses dix ans. Maigre et tristounet il est vrai, a force de faim et de froid. Mais plein d'espoir de jouer un jour du violon, pour ajouter sa musique a celles des oiseaux, du vent sur les arbres , des grenouilles dans la mare, des gouttes de pluie, de l’orgue a l'eglise, des pieds dansant a l'auberge.



Mais si l'espoir fait vivre, l'espoir peut aussi faire mourir. Pauvre Ianko! D'autres chanteront: Nous mangerons, et nous boirons, et nous nous amuserons ! Et un autre violon, de sa voix grele et gaie: Nous mangerons, et nous boirons, et nous nous amuserons ! Et la basse repondra, de sa voix grave: Nous mangerons, et nous boirons, et nous nous amuserons ! Mais pas lui. Pauvre Ianko!





Ianko repose sous les bouleaux blancs qui bruissent au vent. Heureusement que j'ai laisse la bouteille de Luksusowa a portee de main. Encore un verre pour pleurer Ianko. Allez, un autre pour chanter Ianko!

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Quo vadis ? (Intégrale)

Quo Vadis est une épopée chrétienne qui se situe en 64 après J.C à Rome sous le règne sanguinaire de Néron, elle a été publiée en France en 1900, puis dans le monde en plusieurs exemplaires ! Prix Nobel de littérature en 1905 !

Henry Sienkiewicz retrace les débuts de cette "secte" qui deviendra avec les Apôtres Pierre et et Paul de Tarse et, au fil des exterminations des chrétiens une religion faite d'amour, de tolérance et de pardon...

Marcus Vinicius est un brillant prétorien qui va rencontrer chez Aulus et Pomponia, leur jeune fille adoptive Lygie et, il va en devenir amoureux ! Mais c'est la fille du roi des lygiens : elle est en quelque sorte l'otage de Néron, et Pétrone l'ami et oncle de Marcus en voulant la soustraire au tyran va mettre sa vie en péril ! de plus elle est croit en un Dieu unique et n'accepte pas de devenir la concubine de ce cynique soldat, de profiter des richesses de cet "augustan" car pour elle : c'est l'âme et l'amour qui doivent celer les êtres humains...

C'est à cette époque : alors que Néron est passionné de musiques, de chants, de fêtes et que les romains de toutes nationalités, races ont faim de blé mais aussi de jeux, de vins que : Rome va être incendiée ! Néron et son préfet Tigellin vont décider d'accuser les chrétiens des ravages occasionnés par les flammes et commencer à les exterminer dans les arènes avec des chiens, puis des lions, et autres bêtes sauvages, mais aussi en des combats singuliers mortels. La foule est assoiffée de sang, de vengeance comme Néron qui hait le peuple et s'en sert pour ce qu'il croit être sa gloire !

Un roman historique, chrétien qui me rappelle les péplums des années 1950/1960 qui ont fait la gloire du cinéma Hollywoodien avec des scènes atroces sur la persécution des chrétiens mais, aussi des tableaux somptueux de l'époque néronienne, les orgies, les rivalités, les folies de César : maître absolu entouré de ses courtisans, de ses traitres !

C'est aussi : une histoire d'amour simpliste entre Marcus qui se convertira et la douce Lygie qui, défendue par le géant Urus va rencontrer tous les dangers....

Enfin, une mention pour Pétrone auteur du Satyricon , cet arbitre des élégances, malin, cultivé, épicurien qui mettra fin à ses jours avant que Néron l'y oblige !

L.C thématique de novembre 2022 : vider la PAL ( 3 ).

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Quo vadis ? (Intégrale)

Quo Vadis ? est une imposante fresque historique qui a pour théâtre la Rome de Néron, où le christianisme a déjà commencé à se propager. Lorsque Vinicius rencontre la belle Lygie, il est prêt à tout pour la posséder, mais une mauvaise stratégie de son oncle fait basculer tant la situation que les convictions du jeune homme.



Eh bien, quel pavé ! Qui, par sa taille et son contenu, n’est pas sans m’avoir rappelé Crime et châtiment, ce qui, de ma part, est loin d’être un compliment.



Exactement comme Dostoïevski, Henryk Sienkiewicz a écrit une œuvre que je qualifierai d’inutilement bavarde. Autant les tirades pleines d’emphase passent dans une pièce de Racine, autant dans un roman, je bloque. Les personnages discourent, discourent, et ça n’avance pas.



D’ailleurs, j’ai eu du mal à reconnaître le Néron que je connaissais de réputation. Il faut attendre la dernière partie du livre pour le voir en tyran fou et sanguinaire, mais avant cela, il me donnait juste l’impression d’être un politicien incompétent doublé d’un « artiste » imbu de lui-même, et bon vivant dans l’ensemble.



Quant aux autres protagonistes, je n’ai pas réussi à les apprécier, à part peut-être un peu Pétrone. Vinicius est, à son apparition, encore plus détestable que Néron, et par la suite, le roman bascule dans le manichéisme le plus profond.



Car oui, être chrétien, c’est merveilleux ! Ils sont tous si gentils, si altruistes, si bienveillants, ils ne sont qu’amour ! (À lire avec la voix du scribe Otis, sinon ce n’est pas drôle.)



Il n’y a que Crispus pour nuancer un peu le propos. Il est le Savonarola de ce récit, le religieux austère qui fonde ses discours sur la peur, le péché et la promesse de l’Enfer. Et bien qu’il soit plus crédible que tous les autres, à la vue des dérives que connaîtra la chrétienté au cours des siècles suivants, il reste très en retrait, et ne manque pas d’être remis à sa place à chacune de ses interventions.



Même Le Monde de Narnia est beaucoup plus subtil, c’est dire… M’enfin, si vous êtes en quête d’un panégyrique chrétien, ce livre est fait pour vous, surtout si les interminables bavardages des protagonistes et les tout aussi longues descriptions de la faste romaine ne vous effrayent pas.



Pour ma part, c’était davantage l’aspect historique qui m’attirait, et même s’il est bien au rendez-vous, mon intérêt s’est trouvé très émoussé par les « Gloire à Jésus » et « Vive la chrétienté » que semblait me hurler le roman à chaque page…
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Les Chevaliers teutoniques I

Henryk Sienkiewicz (1846-1916), prix Nobel de littérature en 1905, est un écrivain polonais connu universellement pour « Quo vadis ? » (1896) … et c’est à peu près tout. Pourtant, dans le domaine du roman historique, il est l’auteur de deux œuvres marquantes qui méritent notre attention : « Les Chevaliers Teutoniques (1900) (en deux parties : « Les Chevaliers Teutoniques » et sa suite « Les Remparts de Cracovie ») et « Par le fer et le feu » [une trilogie composée de « Par le fer et le feu » (1883), « Le Déluge » (1886) et « Messire Wolodyjowski » (1888)].

Nous sommes en Pologne, à la fin du XIVème siècle et au début du XVème. Le royaume de Pologne et son voisin le Grand-Duché de Lituanie font face aux velléités hégémoniques des Chevaliers Teutoniques qui occupent le nord des deux pays. Zbyszko (45 points un scrabble, qui dit mieux, zut, c’est un nom propre !) et son oncle Mathieu, deux chevaliers polonais, rencontrent la belle Danusia, fille du terrible Jurand, terrible pourfendeur de Teutoniques. Et c’est le début des embêtements. Parce que notre ami joli cœur fait à sa belle le serment pour le moins téméraire de lui ramener les plumes qui ornent les casques ennemis (un peu comme Obélix qui ramenait les casques, avec ou sans plumes). Vous pensez que les Teutoniques peu comiques renâclent un tantinet à accéder à sa demande, l’emprisonnent et s’apprêtent même à l’exécuter. Il est sauvé in extremis par Danusia qui invoque une vieille coutume polonaise qui tombe, ma foi, fort à propos. Ce pourrait être la fin, mais non, ce n’est que le début. Une autre jeune fille, Jagienka, tombe amoureuse de Zbysko. Jurand continue à combattre les Teutoniques qui par représailles, enlèvent Danusia. A partir de là nous sommes emportés dans un maelström de scènes épiques pour l’époque, de guerres et de combats (dont la fameuse bataille de Grunwald (ou Tannenberg) en 1410), alternant avec de touchantes scènes d’intimité, mais aussi de coups de théâtre, de complots et de trahisons, dans la plus pure tradition du roman historique classique.

Sienkiewicz est un conteur-né. A la manière d’Alexandre Dumas il tisse une toile immense, celle de l’émergence de la Pologne qui cherche son indépendance face à un envahisseur potentiel (c’est aussi le cas de la Pologne du XIXème siècle) au travers de personnages qui, s’ils ne sont pas historiques, ont une dimension et une épaisseur romanesque incontestable. Pas tellement du point de vue psychologique (ils se caractérisent essentiellement par leur amour ou leur haine, avec très peu de nuances) mais par leur présence, et l’enchaînement de leurs actions, héroïques pour les uns, pathétiques pour les autres, et terribles de cruauté pour les Teutoniques. Le lecteur, ou la lectrice, ne peut se détacher de cette histoire d’amour et de sang, très romantique dans le sujet, mais assez réaliste dans la description, en tous cas très attachante. On se prend à aimer ces jeunes gens touchants dans leur naïveté et leur amour, à ces adultes figés presque malgré eux dans la haine de l’occupant, on s’émeut quand les tragédies arrivent (car il y en a, ce n’est pas un roman à l’eau de rose), et le style de l’auteur reste fluide (l’intrigue n’est jamais embrouillée), et fort agréable.

J’ai découvert le roman après avoir vu le magnifique film réalisé par Alexander Ford en 1960. Que le nom du réalisateur ne vous trompe pas, c’est un Polonais. Le film, bien qu’un peu long, est fidèle au roman, et en constitue une belle illustration.

Edition conseillée : pour les deux romans (« Les Chevaliers Teutoniques » et « Les Remparts de Cracovie ») : Presses-Pocket, Collection « Les Grands Romans historiques », cette édition bénéficie d’une introduction très pertinente et d’un dossier complet en fin de volume (repères historiques, notices historiques, cartes, vie et œuvre de Sienkiewicz, filmographie, bibliographie et index des personnages) (N.B. Cette collection, malheureusement interrompue après une quinzaine d’ouvrages, est incontournable, pour tout amateur de roman historique).



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Quo vadis ? (Intégrale)

Le roman historique, et particulièrement le roman historique antique, a toujours été une de mes marottes (les amis babélionautes qui me font l’amitié de lire mes chroniques le savent bien). De « Sinouhé l’Egyptien » de Mika Waltari à « La dernière légion » de Valerio Manfredi, en passant entre autres par « Ben-Hur » de Lewis Wallace et les deux « Spartacus », celui d’Arthur Koestler et celui d’Howard Fast, l’éventail est large pour qui aime à la fois l’Histoire et la littérature.

« Quo vadis ?» occupe une place de choix dans cet éventail. Certes c’est un roman historique de premier plan, mais il présente aussi d’autres qualités, ou caractéristiques, que l’on connaît peu, et qui, quand on en a appris l’existence, vous font voir le roman d’un autre œil.

L’auteur, d’abord, n’est pas n’importe qui. Henryk Sienkiewicz (1846-1916) est le Victor Hugo polonais. Icône nationale, il est unanimement reconnu à l’étranger, ce qui lui a valu le Prix Nobel de Littérature en 1905. Son œuvre immense est essentiellement romanesque (romans et nouvelles), on lui doit aussi un nombre impressionnant d’articles sur ses œuvres, sur la littérature en général (y compris sur la littérature française) et sur des thèmes universels comme l’Histoire (surtout celle de la Pologne), la Paix, ou les tumultes de la politique contemporaine (en particulier les prétentions hégémoniques de l’Allemagne sur son pays).

« Quo vadis ? » paru en 1895 en feuilleton et dès 1896 en livre de librairie, raconte l’histoire, sous le règne de Néron, de Marcus Vinicius, un patricien romain, neveu de l’écrivain Pétrone (qui est un familier de Néron). Il tombe amoureux de Lygie, une jeune chrétienne. Néron, monstre de cruauté, met le feu à Rome et accuse les chrétiens, Lygie est arrêtée et condamnée à mourir dans l’arène, attachée à un aurochs, elle est sauvée in extremis par Ursus son serviteur. Vinicius, devenu adepte de la foi chrétienne, épouse Lygie.

Mais, me direz-vous, avec votre sagacité coutumière, quo vadis ? qu’ès aco ? Eh bien, la légende figure dans les « Actes de Pierre », un écrit apocryphe (parmi tant d’autres) que l’Eglise n’a pas jugé bon de conserver dans le canon du « Nouveau Testament » : on y voit l’apôtre Pierre fuir Rome et les persécutions. En chemin il rencontre Jésus, et surpris, il lui demande « Quo vadis, Domine ? » (« Où vas-tu, Seigneur ? »). Ce à quoi Jésus répond : « J’entre dans Rome pour y être crucifié à nouveau ». Pierre, honteux et confus, ne jura pas, mais fit demi-tour.

« Quo vadis , » est un excellent roman, plein de rythme et de vivacité, peuplé de personnages parfaitement décrits (en particulier Néron et Pétrone, qui sont au moins aussi importants dans l’histoire que notre couple d’amoureux), inoubliables, comme le gigantesque Ursus, ou l’ambigu Chilon Chilonidès…

On a souvent mis en avant, loué par les uns, décrié par les autres, l’aspect chrétien de l’ouvrage, il suffit de se rappeler que Sienkiewicz était polonais et que le catholicisme faisait (et fait encore) partie en Pologne, des bases de l’état et de la nation. Et ce qu’il faut savoir également, c’est que « Quo vadis ? » est de façon plus subtile un roman à clé, un roman politique :

« Car, derrière la Rome de Néron, c’est la Pologne de Sienkiewicz qu’il faut voir. Un pays déchiré, dépecé entre Prusse et Russie, dont le nouveau tsar, Alexandre II, se mit en 1878 à poursuivre les catholiques uniates, qui obéissaient à la papauté, pour les convertir de force à l’orthodoxie. Et l’on vit partout fleurir des brochures qui dénonçaient ces nouvelles persécutions et, parfois, les comparaient explicitement à celles attribuées à Néron » (Claude Aziza : « Roman historique et Antiquité »)

Cette incursion de l’actualité contemporaine dans le roman historique est un aspect de l’œuvre de Sienkiewicz que l’on retrouve, de façon encore plus explicite dans d’autres romans « Les chevaliers teutoniques » (1900) ou la trilogie « Par le fer et par le feu » (1884)

Au cinéma, la référence est bien évidemment le film éponyme de Mervyn Le Roy en 1951, avec Robert Taylor et Deborah Kerr dans les rôles principaux, et surtout un extraordinaire Peter Ustinov qui campe un Néron plus vrai que nature.

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Quo vadis ? (Intégrale)

QUO VADIS ? Où VAS-TU

A la suite de Sienkiewicz, se laisser entraîner en des époques troubles, terribles au vu de leurs éléments de vies relatés et relevant de la cruauté la plus extrême et raffinée La ROME antique, ses fastes excès orgies et fêtes débridées avoisinant les pires crimes

voici sous un éclairage ultra lucide et visionnaire, les faits qu'il nous évoque avec un talent qui lui est propre, éblouissant, des éléments ayant traversé bien des lustres jusqu'à nos jours pour nous confondre, nous amener à ne pas en " recalquer" les effets pervers, en tout cas à en constater encore de nos jours les atrocités

QUO VADIS? Où vas-tu, ET Où aller !

suivre déjà l'auteur inspiré qui excelle à dépeindre tant de déviances ou d'errances manifestes qui faisaient autorité, ont pu faire figure de vérités en leur temps ;

sous nos yeux, avec lui, l'énonciation fondamentale de tableaux vu sous un angle magistralement édifiant faisant toucher du doigt l'intrigue universelle de l'humanité .. en question un auteur hautement averti qui nous offre-là le panel le plus "cru" des réalités éternelles leur déroulement permanent

il nous met ainsi face aux actualités qui resurgissent des fanatismes en tous genres, passés certes, mais couvant sous la braise

des formulations qui changent mais qui recouvrent tout autant de visages semblablement atrocement destructeurs

vanité gloire tout lui sacrifier !l'Amour crucifié

voué aux flammes

en face l'énoncé si simple de la bienveillance prônant tolérance bonté valeur de pardon

la chrétienté la barbarie

comme un rappel de cultures en présence

que l'on y adhère ou non force est de constater :où aller ?

où vas-tu maître où nous mènes tu où nous mèneras tu ?

déjà se laisser emmener avec l'auteur en verve prolixe, aller avec lui afin de se dépasser

comme une LEGENDE des SIECLES revisitée sous sa plume et qui se doit de se renouveler, renaître des cendres voulant tout consumer

un fil directeur à suivre pas à pas dans ses pas à chercher, même infime afin qu'il puisse éclairer le dédale inextricable de nos parts sombres, d'ombre ou de lumière

où vas tu ? mettre les pas dans les siens une démarche enlevée, une résonnance puissamment actuelle de Sienkiewicz érudit et lettré qui illustre parfaitement le fait que lui peut se voir comme un maître à penser

ne pas l'oublier le retrouver dans un semblable splendide autre chef-d'oeuvre Les Chevaliers Teutoniques

une HISTOIRE comme ici

où il nous conte pour notre bonheur à le lire et découvrir fastes comme misère humaines

par exemple, ne pas se laisser aveugler


Lien : https://www.0673921266@orang..
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Par le fer et par le feu

Quel vent, quelle verve, quelle violence, quelle histoire !

En l’an terrible 1648, la République des deux Nations polonaise est en danger : excédés par les abus des seigneurs locaux qui détournent à leur profit leurs privilèges pourtant accordés par le Roi, les Cosaques d’Ukraine grondent et s’agitent. L’un deux, plus excédé, plus féroce et plus rusé que les autres, parvient à les unir et met sur pied, à l’aide des Tatars de Crimée et en s’alliant à l’éternel ennemi ottoman, une armée de cinq cent mille hommes qui marchent contre le pouvoir central.

Fort heureusement ce dernier peut compter sur l’alliance insolite de quatre valeureux serviteurs, auxquels nos quatre mousquetaires nationaux n’ont rien à envier en matière de bravoure et d’amitié et dont les fines lames feraient bien pâle figure face aux armes et stratégies de combat fourbis par les rebelles : masses, sabres, mises à sac, pillages, décapitations par centaines, les insurgés ne font pas dans la dentelle tout au long de ces sept cent pages trépidantes pour arriver à leurs fins.

Mais ils trouvent en face d’eux Jean Kretuski le fidèle messager soldat, Wolodowski à la taille inversement proportionnelle à l’ardeur au combat, Podbipieta le géant ayant fait vœu de chasteté tant qu’il n’aura pas tranché trois têtes d’un coup de sabre et enfin Zagloba, mon préféré, rusé compagnon et merveilleux hâbleur dont la langue bien pendue dissimule à merveille la couardise congénitale. Ces quatre-là feront tout pour sauver la couronne, et plus encore pour arracher la princesse Hélène aux griffes du redoutable Bohun et la rendre à son Jean bien-aimé.

Je ne suis pas grande amatrice du genre, et pourtant ce roman d’aventures m’a tenue en haleine sans une seconde d’ennui et fait vibrer d’effroi, de rire et d’enthousiasme, et éclaire pour moi une nouvelle page de l’histoire polonaise, après « Les livres de Jacob » d’Olga Tokarczuk qui se déroule deux générations plus tard.

Une épopée grandiose qui mérite autant d’être découverte que le fameux « Quo vadis ? » qui a fait la renommée de son auteur nobelisé.

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Par le fer et par le feu

Comment, à l'heure où l'Ukraine subit le martyre que l'on sait, où des évènements tragiques entrainent un torrent de commentaires plus ou moins éclairés sur la nature et l'histoire de ce pays, ne pas conseiller la lecture de ce très beau roman qui plonge le lecteur au XVII° siècle, dans les révoltes des cosaques du Dniepr contre la domination polono-lithuanienne?

L’auteur mondialement connu de ″ Quo vadis ″, prix Nobel 1905 de littérature, met en scène le chef des cosaques, Khmielnicki, qui, humilié par un noble de haut rang polonais, et ne parvenant pas à obtenir justice des autorités de Varsovie, suscite, profitant des frustrations multiples des paysans et des cosaques, la révolte la plus meurtrière depuis des siècles.

Les polonais, les prêtres catholiques, et, surtout, bien que cela n'apparaisse pratiquement pas dans le roman, les juifs, pour qui cette révolte a été une shoah avant la shoah, et Khmielnicki un précurseur d'Hitler, sont torturés, massacrés par dizaines de milliers et doivent s'enfuir massivement pour tenter d'échapper aux pires tourments. Les Tatars de Crimée, pour une fois alliés avec ces cosaques qui protègent d'habitude les contrées catholiques contre leurs fréquentes razzias, en profitent pour enlever par milliers juifs et paysans comme esclaves à revendre sur les marchés d'Istanbul et d'ailleurs.

Sienkiewicz est, dans son pays, la Pologne, plus réputé encore pour ses romans historiques qui reflètent la mémoire collective de grands moments fondateurs de l’histoire du pays, que pour "Quo vadis" qui le fit connaître chez nous, et particulièrement pour ″ par le fer et par le feu ″ .

Ce récit prenant retrace les aventures mouvementées d’un jeune, brillant fier et courageux officier Polonais, à l’époque des guerres suscitées par la révolte des cosaques. Kmielnicki, leur chef, est l’un des principaux personnages du roman.

L’intrigue tient en haleine, avec des descriptions très prenantes de camps cosaques, de batailles, de combats singuliers ou d'escarmouches. Les relations entre les chefs cosaques, comme les profondes inimitiés à l’intérieur du commandement polonais sont très bien rendues.

Mais les personnages manquent un peu de profondeur psychologique, et sont un peu trop tout d’une pièce, à l’exception remarquable de Khmielnicki lui même, dont on perçoit les nombreuses faiblesses, les failles de caractère, derrière le génie militaire et diplomatiques.

Khmielnicki est un personnage abhorré des uns, porté aux nues par les autres. Son visage illustre des billets de banque ukrainiens, et une statue immense orne une place centrale de Kiev ; étrange paradoxe, alors que c'est lui qui, sentant le vent de ses victoires tourner, et en recherche d'alliés contre les Polonais qui avaient repris du poil de la bête, a conclu avec la Russie le traité qui fera pendant 350 ans de l'Ukraine une région intégrée à l'Empire Russe, puis soviétique..

Bref, un roman à lire de toute urgence quand la guerre ravage à nouveau ces riches contrées.

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Quo vadis ? (Intégrale)

Sorte de péplum mélangeant l'histoire de la Rome impériale à celle des premiers massacres chrétiens. Historiquement, il me semble que le roman laisse à désirer, cependant, en termes de narration, il est très prenant, la romance et l'aventure de ces premiers fidèles de la nouvelle religion dans un empire tout puissant font le lit d'un récit passionnant.
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Quo vadis ? (Intégrale)

Challenge Solidaire2021 Gwen21# lecture 29



Henryk Sienkiewicz est un écrivain polonais du dix neuvième siècle que je ne connaissais pas. Je le découvre avec ‘Quo Vadis', un roman historique publié en 1896. Un roman qui lui vaudra la notoriété et le prix Nobel de littérature en 1905.

L'histoire se déroule dans la Rome antique, une époque de l'histoire qui a toujours fasciné et qui fascinera toujours l'imaginaire des gens. Rome est alors sous la domination de Néron, un empereur tyrannique, porté sur les excès, l'immoralité et le crime.

Marcus Vinicius, un patricien romain, de retour d'une guerre, tombe amoureux de Callina, une jeune femme belle et mystérieuse. Mais gagner son coeur s'avère être une tâche ardue. Callina est croyante, elle fait partie de la communauté chrétienne naissante dévouée à l'apôtre Pierre. Une communauté chrétienne très persécutée par la Rome païenne. Une communauté chrétienne pour laquelle Néron aura des desseins funestes.

Callina, surnommée Lygie, est la fille d'un roi mort au combat. Elle est retenue prisonnière par Rome. Elle s'est convertie secrètement au christianisme, une religion que Marcus Vinicius essaye de comprendre avant de l'embrasser.

Pétrone, un personnage raffiné, rusé, très introduit dans la cour de Néron, tente d'aider son neveu Marcus Vinicius. Croyant bien faire, il attire l'attention et la convoitise de Néron pour Lygie.

Ce roman est une occasion pour revisiter l'histoire, constater le contraste saisissant entre 2 sociétés. Celle de Rome sur le déclin, adepte de la flagornerie, de l'esclavage, de la folie des grandeurs. Celle des premiers chrétiens, adepte de la spiritualité, de l'humilité, de la compassion, de l'austérité.

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Quo vadis ? (Intégrale)

Avec ce roman, Henryck Sienkiewicz nous emmène dans une fresque historique avec pour décor Rome.

Pétrone est un personnage intéressant car il est sage et a toujours du recul par rapport aux événements. C'est dans cet état d'esprit qu'il tentera d'apporter son aide à Vinicius amoureux de Lygie.

Néron apparaît comme un tyran qui a tous les droits. Rome à cette époque est remplie de superstitions où les chrétiens sont montrés comme des monstres responsables des pires fléaux.

Dans sa quête pour tenter de retrouver Lygie dont il est éperdument amoureux, Vinicius va prendre une voie plus spirituelle.

Que dire sinon que la rencontre n'a pas vraiment eu lieu entre ce roman et moi dont j'ai abandonné la lecture à la moi

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